Il n'est pas encore 7h à Kompong Phlok et les enfants sont en route pour l’école… en bateau ! Les rues sont remplies de diverses embarcations chargées d’écoliers de 5 à 15 ans en uniforme. Les collégiens partent dans une direction et les plus jeunes dans l’autre. Comme sur le chemin d’une école occidentale on reconnait les plus aisés des plus modestes : certains ont des moteurs, d’autres entassés à 10 dans une trop petite embarcation. Les plus vaillants prennent l’exercice pour une course et rament en cadence à vive allure.
La nuit a été agitée. En plus des habituels cris de geckos présents dans toutes les maisons où nous avons dormi, un couple de chats s’est violemment battu au milieu de notre dortoir commun réveillant tout le groupe dans un bon fou rire. L’immersion du village 6 mois par an impose aux villageois de s’organiser aussi pour préserver leurs animaux de l’eau. Si les chats font leur vie et passent d’une maison à l’autre grâce à leur proximité et certaines passerelles, les poules elles ont un espace aménagé sous le plancher au-dessus de l’eau.
La veille Chey nous donnait plus de précisions sur le fonctionnement de l’agence locale pour laquelle il travaille (les chemins d’Angkor) et les habitants qui nous hébergent. L’entreprise fondée par un français expatrié et marié à une Cambodgienne, a créé une forte proximité avec les villageois. Dans cette famille par exemple, l’agence a financé la construction d’une deuxième salle de bain pour les voyageurs mais aussi pour le confort des familles. Elle veille également à ce que l’argent aille bien directement aux familles sans intermédiaire, évitant ainsi le prélèvement de bakchich en tout genre.
Avant de quitter le village, nous faisons une halte dans la rue émergée du village qui se trouve autour de la pagode bouddhiste. Quand l’eau se retire des rues, elle laisse place à des amats de déchets plastiques en tout genre, les sachets en tête. Chey nous explique que ces solutions, apparues au début des années 2000 avec les imports du Vietnam, ont fortement pollué le village. Les habitants qui jusqu’ici utilisaient principalement des emballages naturels comme les feuilles de bananiers que nous avons eu en début de séjour, n’ont jamais été éduqués aux dangers du plastique et ne savent pas pour la plupart qu’il ne se décompose pas naturellement.
Sur le chemin de Siem Reap, le bus fait une halte au marché de Roluos. Originalité de celui-ci : on y trouve des serpents (pour la consommation), et des gauffres !
Nous poursuivons nos visites de temples avec Phnom Pok. Il nous attend au sommet d’un escalier de 630 marches ! Au sommet, se trouve une vue sur la plaine d’Angkor. L’édifice achevé en 902 est accompagné plus loin d’un ancien lingam cassé.
Le temple suivant a la particularité d’être principalement constitué de grès rose et de latérite, pierre rouge à l’aspect volcanique. Banteay Srei a été achevé en 967. Comme la plupart des temples cambodgiens, le site a été victime de nombreux pillages. Un fait notable est qu'André Malraux a été l’un de ses pilleurs. Il est également reconnaissable à ses magnifiques frontons.
Angkor Vat est le plus spectaculaire temple de l’ancienne capitale d’Angkor. Il est aujourd’hui l’un des monuments les plus visités au monde, incontestablement le plus connu du Cambodge au point qu’il y figure sur son drapeau. Pour cette visite hors du commun, notre guide a vu grand en y dédiant l’intégralité de l’après-midi de cette journée.
Angkor signifie « capitale » et vat signifie « pagode ». L’accès au temple se fait par l’Ouest à l’inverse des temples traditionnels qui sont habituellement orientés vers l’Est. Cette orientation signifie qu’il regarde vers la mort, ce qui indique qu’il a autre fois pu servir de tombeau. Il a été bâti au XIIème siècle. Initialement temple hindouiste, il a été converti en temple bouddhiste au moment du changement de religion d’état. Hormis pendant la période des Khmer rouges entre 1970 et 1980, le temple n’a jamais réellement été abandonné.
Après avoir franchi les deux première enceintes, on découvre dans la troisième de magnifiques galeries de bas reliefs. Au nombre de 8 (2 par coté) elles racontent l’histoire d’Angkor sur une longueur cumulée de près de 800 mètres. Cette particularité du temple est celle qui nous a le plus impressionné. Chey nous raconte longuement les histoires des fresques, parlant de Ravana l’avatar de Vishnu aux 18 bras et 9 têtes, de Garuda, l’homme mi-aigle, mi-dieu, des grades des généraux symbolisés par les parasols cumulés au-dessus d’eux portés par des esclaves, et encore de chasse-mouches et de pare-flèches.
Au centre du temple, on accède par un escalier très raide à une terrasse où la fréquentation est limitée à 100 personnes. De là on surplombe l’ensemble du site.
Nous profitons du coucher de soleil sur le site avant de regagner notre hôtel de Siem Reap, le « Angkor Museum Boutique Hotel and Spa ».
Pour le diner, nous avons encore une fois un programme original : spectacle cabaret typique cambodgien au « Crystal Angkor » . Le lieu est surprenant au regard du reste du programme du séjour : kitsch, cliché, très touristique et plutôt orienté 3ème âge. Nous passons néanmoins une bonne soirée à rire de la situation et à apprendre les signes Apsara du cycle de la vie de la végétation.