Katmandou (1400m) - Lukla (2860m) - Phakding (2610m)
Distance 7.8km
Dénivelé Positif 0m
Dénivelé Negatif -250m
Il est 6h du matin et je me réveille à l’hotel Address Kathmandu, dans le quartier touristique de Thamel. Cela fait 5 jours que je suis au Népal et j’ai pris le rythme de me lever tôt, comme les Népalais.
Mon guide m'attend dans le lobby de l’hôtel et je suis ravie de faire sa connaissance. Il s’appelle Ramchandra mais il me dit de l’appeler Ram. Nous avons le même âge.
Notre trek commence dans le petit village de Lukla qui est situé a 130km de Katmandou cependant il n'y a pas de route et le seul moyen de s'y rendre est par avion ou hélicoptère.
Sur le trajet de l’aéroport, je profite de mes derniers instants a Katmandou. Je stresse aussi: le climat, l’altitude, la nourriture, les conditions d’hygiène, le confort seront bien différents de ce à quoi je suis habituée.
La circulation est plutôt chaotique et rythmée par le bruit des klaxonnes. Il n'y a aucun feu de circulation dans le pays et le code de la route n'est pas vraiment la priorité.
Nous arrivons à l’aéroport au bout d'une vingtaine de minutes et nous nous rendons au terminal des vols domestiques. Drôle d’expérience !
Chaque compagnie aérienne a son guichet et il faut trouver le bon. Je n’ai qu’à suivre Ram. La foule s’agglutine sur le comptoir car même si tous les passagers ont un billet avec une heure de départ, c’est le premier enregistré qui prend le premier vol. Les mêmes avions effectuent des allers/retours toute la matinée.
L’enregistrement prends du temps car il n’y a pas d’ordinateur et tout se fait manuellement (comme partout au Népal). Je me tiens en retrait car la scène est assez marrante à observer. Les passagers agitent leurs passeports en l’air pour être enregistrés en premier. Il y a même un chien errant qui se promène dans le hall et aboie après toutes les valises qu’il croise.
Il n’y a pas de tapis roulant pour acheminer les valises. Les employés de l’aéroport entassent les sacs sur des brouettes. La carte d’embarquement en main, nous devons passer le contrôle de sécurité. Plus qu’a patienter avant l’embarquement. J’essaie de lancer la conversation avec Ram pour faire un peu plus connaissance. Dernier vrai Expresso et c’est à notre tour d’embarquer.
Nous montons dans un vieux bus conduit par un homme au moins aussi âgé que le bus. Nos bagages sont dans une remorque attachée à l’arrière. En nous dirigeant vers notre avion, je vois un chien noir se promener sur la piste, c’est le même chien que tout a l’heure. Un employé de l’aéroport lui cours après.
Ram me dit d’essayer de m’asseoir sur la gauche de l’avion afin d’avoir la plus belle vue. Il y a un peu de confusion pour faire monter les passagers dans l’appareil, mais nous réussissons à passer en tête du groupe et je suis la première à monter dans ce petit avion. Une hôtesse de l’air très bien apprêtée nous accueille a bord de ce vieil avion d’une douzaine de places.
Je choisis la meilleure place, juste derrière le cockpit, sur la gauche de l’avion. Je peu voir tout ce qui se passe dans le cockpit : la check-list avant le décollage, les boutons qui clignotent et les deux pilotes habillés de veste en cuire et lunette Ray-Ban.
Nous voila sur la piste de décollage, je prends quelque photos et nous sommes déjà dans les airs, au dessus de Katmandou. La ville est immense. Il y a des maisons partout. La partie Est de la ville a été très endommagée par le tremblement de terre d'Avril 2015 et beaucoup de maisons sont au sol.
Nous apercevons les montagnes derrière le nuage de pollution qui surplombe la ville. Elles me paraissent toutes plus hautes les unes que les autres et je ne perds pas une miette des 30 minutes de vol. Ram me pointe une montagne mais je n’entends pas ce qu’il me dit. Les moteurs à hélice de l’avion sont très bruyants. Il fait un V inversé avec ses mains et je comprends qu’il me montre l’Everest.
La piste de Lukla est déjà en vue. Cet aéroport est l’un des plus dangereux au monde car la piste est très courte: a une extrémité de la piste, un ravin de 1 000 mètres, à l’autre, le flanc de la montagne. Les pilotes doivent passer une licence spéciale pour pouvoir s'y rendre.
Je peu voir la piste depuis la fenetre du cockpit et elle me semble minuscule mais l’avion se pose en à peine quelques secondes. Même pas eu le temps d’avoir peur.
L'aéroport fut construit dans les années 60 a la demande de Sir Edmund Hilary (premier homme a voir gravi l'Everest en 1953) dans le but d'acheminer des vivres et materiaux de contruction pour les villages de la vallée (la premiere route étant a 10 jours de marche).
Nous voilà a Lukla, 2 860m, et il fait plutôt frais. Pendant que nous attendons nos bagages, il y a tout un groupe de porteurs qui offrent leur service aux touristes et aux guides. Ram en choisis un. Il a l’air jeune (j'ai appris plus tard qu’il a 17 ans…).
Les porteurs sont plutôt minces et petits pourtant certains entassent deux a trois sacs sur une sorte de panier en bambou. Ils attachent alors une corde autour du panier et placent l’autre extrémité sur leur front. Je me demande comment leur cervicales peuvent résister a ces charges. Les porteurs portent en général une trentaine de kilos. Par chance mon porteur ne porte que mon sac (une quinzaine de kilos tout de même). Je suis tres impressionnée par leur courage.
J’observe les looks et équipements des autres trekkers afin de voir ou je me situe. Il y a des jeunes, des vieux, filles, garçons, couples et ça vient du monde entier. La plupart des touristes sont équipés de grandes marques et je me demande si mes vêtements Quechua vont tenir le coup. Il vaut mieux oublier l'apparence et n'emporter que l'essentiel. Le poids de mon sac en soute doit être inférieur a 15kg et comporter des vêtements adaptés au climat de haute montagne (les écarts de température entre le jour et la nuit sont tres importants).
Après mon premier petit déjeuner d’altitude nous voila parti. Le trek commence enfin !
Nous traversons Lukla, il y a de nombreux magasins de nourritures, vêtements de trek, lodges et même un Irish Pub. Avant de quitter le village, il faut s’enregistrer auprès de la police grâce son permis de Trek et donner le modèle de son téléphone/appareil photo ce qui permettrait de faire marcher l’assurance en cas de perte. Pendant que Ram s’occupe des papiers, je m’assois a coté d’une jeune fille qui est elle aussi seule avec son guide. J’essaie d’engager la conversation mais elle n’est pas très bavarde. Tant pis.
Papiers réglés, nous commençons à marcher en direction de Phakding. Ram me dit que c’est une petite marche de 2h30 et que nous descendons de 250m. Très bien pour la mise en jambe.
Nous marchons plutôt vite et dépassons d’autres groupes. Les effets de l'altitude ne se sentent pas encore. C’est aujourd’hui le dernier jour du festival hindou Diwali et il y a beaucoup d’enfants sur le chemin qui chantent et dansent. Ils se jettent sur mon guide, qui leur donne quelques billets. Curieusement, ils n’approchent pas les touristes.
Je prends des photos de tout ce qui est nouveau pour moi, les yaks, les sherpas, les ponts suspendus et les moulins à prières tibétains. Après 11 jours de trek, je n’y prêterai certainement plus attention.
J'apprends d'ailleurs qu'il faut toujours contourner les Stuppas Bouddhiste par la gauche, dans le sens des aiguilles d'une montre et il en est de même pour les moulins a prière.
Au Népal, 80% de la population est hindoue mais la région de l'Everest est habitée par le peuple Sherpas qui est de religion Bouddhiste. Les Sherpas ont quitté le Tibet il y a 500 ans pour s'installer dans la vallée de Khumbu (ou nous sommes). Ils vivent principalement de l'élevage, de l'agriculture et du trekking. Leur langue et écriture n'a rien a voir avec le népalais. Ram qui est du centre du pays et de culture hindoue m'explique que la plupart des Sherpas parlent très bien l'anglais et le népalais.
Nous croisons les premiers murs Mani. Ce sont de grosses pierres recouvertes de prières gravées ou peintes. Pour un Sherpa, contourner un mur Mani équivaut à réciter toutes les prières gravées.
Les ponts suspendus sont en bon état. C’est une sorte de passerelle en ferraille qui grince et ondule sous nos pas. On se croirait sur un bateau et je perds parfois l’équilibre. Il nous arrive de croiser des porteurs lors de la traversée et il faut bien sûr leur laisser la priorité en se serrant d’un coté tout en agrippant le câble qui sert de rambarde. Il vaut sans doute mieux ne pas s'engager sur un pont suspendu lorsqu'une caravane de yaks est en train de le franchir en sens inverse!
Nous arrivons déjà à Phakding, 2 610m. J’ai hâte de découvrir le lodge et ma chambre. Nous dormirons au Beer Garden. Ma chambre est au premier étage et mon sac est déjà la. J’ai deux lits jumeaux et une salle de bain. C’est rustique et humide mais je m’attendais à pire. Je retrouve Ram dans la salle commune pour le déjeuner. J’ai tenté de lui parler a plusieurs reprise pendant la journée mais je le trouve plutôt silencieux alors je décide d’aller me promener seule dans le village.
Il y a beaucoup d’enfants et je les regarde jouer au foot. Quelques uns sont venus me parler et je suis surprise par leur très bon niveau d’anglais.
De retour au lodge, je retrouve mon guide et essaie de lancer la conversation. C’est l’heure du dîner et je commande une soupe à l’ail. Il parait que c’est bon pour l’acclimatation. Je sens que Ram commence à se décoincer et j’en profite pour lui poser plein de questions sur le Népal, la culture, la nourriture etc.
Je suis tres surprise de voir a quel point le Népal est avancé. Ram m'explique que les femmes ont le droit de divorcer et ont accès a la contraception. L'IVG est légal depuis plusieurs années. Il m'explique que les mariages arrangés étaient fréquents mais que depuis une dizaine d'années, dans la plupart des familles, les jeunes ont le droit de choisir leur partenaire.
Nous discutons pendant plusieurs heures dans le réfectoire car c’est la seule pièce chauffée du bâtiment.
Il est l’heure d’aller se coucher. Il fait 3 degrés dans ma chambre.