Carnet de voyage

Trek au coeur de l'Himalaya

11 étapes
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Voyage inoubliable a travers le parc national Sagarmatha dans la région de l'Everest.
Novembre 2016
11 jours
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Katmandou (1400m) - Lukla (2860m) - Phakding (2610m)

Distance 7.8km

Dénivelé Positif 0m

Dénivelé Negatif -250m

Il est 6h du matin et je me réveille à l’hotel Address Kathmandu, dans le quartier touristique de Thamel. Cela fait 5 jours que je suis au Népal et j’ai pris le rythme de me lever tôt, comme les Népalais.

Mon guide m'attend dans le lobby de l’hôtel et je suis ravie de faire sa connaissance. Il s’appelle Ramchandra mais il me dit de l’appeler Ram. Nous avons le même âge.

Notre trek commence dans le petit village de Lukla qui est situé a 130km de Katmandou cependant il n'y a pas de route et le seul moyen de s'y rendre est par avion ou hélicoptère.

Sur le trajet de l’aéroport, je profite de mes derniers instants a Katmandou. Je stresse aussi: le climat, l’altitude, la nourriture, les conditions d’hygiène, le confort seront bien différents de ce à quoi je suis habituée.

La circulation est plutôt chaotique et rythmée par le bruit des klaxonnes. Il n'y a aucun feu de circulation dans le pays et le code de la route n'est pas vraiment la priorité.

Nous arrivons à l’aéroport au bout d'une vingtaine de minutes et nous nous rendons au terminal des vols domestiques. Drôle d’expérience !

Chaque compagnie aérienne a son guichet et il faut trouver le bon. Je n’ai qu’à suivre Ram. La foule s’agglutine sur le comptoir car même si tous les passagers ont un billet avec une heure de départ, c’est le premier enregistré qui prend le premier vol. Les mêmes avions effectuent des allers/retours toute la matinée.

L’enregistrement prends du temps car il n’y a pas d’ordinateur et tout se fait manuellement (comme partout au Népal). Je me tiens en retrait car la scène est assez marrante à observer. Les passagers agitent leurs passeports en l’air pour être enregistrés en premier. Il y a même un chien errant qui se promène dans le hall et aboie après toutes les valises qu’il croise.

Il n’y a pas de tapis roulant pour acheminer les valises. Les employés de l’aéroport entassent les sacs sur des brouettes. La carte d’embarquement en main, nous devons passer le contrôle de sécurité. Plus qu’a patienter avant l’embarquement. J’essaie de lancer la conversation avec Ram pour faire un peu plus connaissance. Dernier vrai Expresso et c’est à notre tour d’embarquer.

Nous montons dans un vieux bus conduit par un homme au moins aussi âgé que le bus. Nos bagages sont dans une remorque attachée à l’arrière. En nous dirigeant vers notre avion, je vois un chien noir se promener sur la piste, c’est le même chien que tout a l’heure. Un employé de l’aéroport lui cours après.

Ram me dit d’essayer de m’asseoir sur la gauche de l’avion afin d’avoir la plus belle vue. Il y a un peu de confusion pour faire monter les passagers dans l’appareil, mais nous réussissons à passer en tête du groupe et je suis la première à monter dans ce petit avion. Une hôtesse de l’air très bien apprêtée nous accueille a bord de ce vieil avion d’une douzaine de places.

Notre avion 



Je choisis la meilleure place, juste derrière le cockpit, sur la gauche de l’avion. Je peu voir tout ce qui se passe dans le cockpit : la check-list avant le décollage, les boutons qui clignotent et les deux pilotes habillés de veste en cuire et lunette Ray-Ban.



Nous voila sur la piste de décollage, je prends quelque photos et nous sommes déjà dans les airs, au dessus de Katmandou. La ville est immense. Il y a des maisons partout. La partie Est de la ville a été très endommagée par le tremblement de terre d'Avril 2015 et beaucoup de maisons sont au sol.

Katmandou, vue depuis l'avion. 

Nous apercevons les montagnes derrière le nuage de pollution qui surplombe la ville. Elles me paraissent toutes plus hautes les unes que les autres et je ne perds pas une miette des 30 minutes de vol. Ram me pointe une montagne mais je n’entends pas ce qu’il me dit. Les moteurs à hélice de l’avion sont très bruyants. Il fait un V inversé avec ses mains et je comprends qu’il me montre l’Everest.

La piste de Lukla est déjà en vue. Cet aéroport est l’un des plus dangereux au monde car la piste est très courte: a une extrémité de la piste, un ravin de 1 000 mètres, à l’autre, le flanc de la montagne. Les pilotes doivent passer une licence spéciale pour pouvoir s'y rendre.

La piste d’atterrissage de Lukla 

Je peu voir la piste depuis la fenetre du cockpit et elle me semble minuscule mais l’avion se pose en à peine quelques secondes. Même pas eu le temps d’avoir peur.

L'aéroport fut construit dans les années 60 a la demande de Sir Edmund Hilary (premier homme a voir gravi l'Everest en 1953) dans le but d'acheminer des vivres et materiaux de contruction pour les villages de la vallée (la premiere route étant a 10 jours de marche).

Notre avion posé a Lukla (2860m) 

Nous voilà a Lukla, 2 860m, et il fait plutôt frais. Pendant que nous attendons nos bagages, il y a tout un groupe de porteurs qui offrent leur service aux touristes et aux guides. Ram en choisis un. Il a l’air jeune (j'ai appris plus tard qu’il a 17 ans…).

Les porteurs sont plutôt minces et petits pourtant certains entassent deux a trois sacs sur une sorte de panier en bambou. Ils attachent alors une corde autour du panier et placent l’autre extrémité sur leur front. Je me demande comment leur cervicales peuvent résister a ces charges. Les porteurs portent en général une trentaine de kilos. Par chance mon porteur ne porte que mon sac (une quinzaine de kilos tout de même). Je suis tres impressionnée par leur courage.

J’observe les looks et équipements des autres trekkers afin de voir ou je me situe. Il y a des jeunes, des vieux, filles, garçons, couples et ça vient du monde entier. La plupart des touristes sont équipés de grandes marques et je me demande si mes vêtements Quechua vont tenir le coup. Il vaut mieux oublier l'apparence et n'emporter que l'essentiel. Le poids de mon sac en soute doit être inférieur a 15kg et comporter des vêtements adaptés au climat de haute montagne (les écarts de température entre le jour et la nuit sont tres importants).

Après mon premier petit déjeuner d’altitude nous voila parti. Le trek commence enfin !

Nous traversons Lukla, il y a de nombreux magasins de nourritures, vêtements de trek, lodges et même un Irish Pub. Avant de quitter le village, il faut s’enregistrer auprès de la police grâce son permis de Trek et donner le modèle de son téléphone/appareil photo ce qui permettrait de faire marcher l’assurance en cas de perte. Pendant que Ram s’occupe des papiers, je m’assois a coté d’une jeune fille qui est elle aussi seule avec son guide. J’essaie d’engager la conversation mais elle n’est pas très bavarde. Tant pis.

Permis de Trek 

Papiers réglés, nous commençons à marcher en direction de Phakding. Ram me dit que c’est une petite marche de 2h30 et que nous descendons de 250m. Très bien pour la mise en jambe.

Nous marchons plutôt vite et dépassons d’autres groupes. Les effets de l'altitude ne se sentent pas encore. C’est aujourd’hui le dernier jour du festival hindou Diwali et il y a beaucoup d’enfants sur le chemin qui chantent et dansent. Ils se jettent sur mon guide, qui leur donne quelques billets. Curieusement, ils n’approchent pas les touristes.

Je prends des photos de tout ce qui est nouveau pour moi, les yaks, les sherpas, les ponts suspendus et les moulins à prières tibétains. Après 11 jours de trek, je n’y prêterai certainement plus attention.

J'apprends d'ailleurs qu'il faut toujours contourner les Stuppas Bouddhiste par la gauche, dans le sens des aiguilles d'une montre et il en est de même pour les moulins a prière.

Au Népal, 80% de la population est hindoue mais la région de l'Everest est habitée par le peuple Sherpas qui est de religion Bouddhiste. Les Sherpas ont quitté le Tibet il y a 500 ans pour s'installer dans la vallée de Khumbu (ou nous sommes). Ils vivent principalement de l'élevage, de l'agriculture et du trekking. Leur langue et écriture n'a rien a voir avec le népalais. Ram qui est du centre du pays et de culture hindoue m'explique que la plupart des Sherpas parlent très bien l'anglais et le népalais.

Mur Mani

Nous croisons les premiers murs Mani. Ce sont de grosses pierres recouvertes de prières gravées ou peintes. Pour un Sherpa, contourner un mur Mani équivaut à réciter toutes les prières gravées.

Premier pont suspendu 

Les ponts suspendus sont en bon état. C’est une sorte de passerelle en ferraille qui grince et ondule sous nos pas. On se croirait sur un bateau et je perds parfois l’équilibre. Il nous arrive de croiser des porteurs lors de la traversée et il faut bien sûr leur laisser la priorité en se serrant d’un coté tout en agrippant le câble qui sert de rambarde. Il vaut sans doute mieux ne pas s'engager sur un pont suspendu lorsqu'une caravane de yaks est en train de le franchir en sens inverse!

Nous arrivons déjà à Phakding, 2 610m. J’ai hâte de découvrir le lodge et ma chambre. Nous dormirons au Beer Garden. Ma chambre est au premier étage et mon sac est déjà la. J’ai deux lits jumeaux et une salle de bain. C’est rustique et humide mais je m’attendais à pire. Je retrouve Ram dans la salle commune pour le déjeuner. J’ai tenté de lui parler a plusieurs reprise pendant la journée mais je le trouve plutôt silencieux alors je décide d’aller me promener seule dans le village.

Il y a beaucoup d’enfants et je les regarde jouer au foot. Quelques uns sont venus me parler et je suis surprise par leur très bon niveau d’anglais.

Village de Phakding 

De retour au lodge, je retrouve mon guide et essaie de lancer la conversation. C’est l’heure du dîner et je commande une soupe à l’ail. Il parait que c’est bon pour l’acclimatation. Je sens que Ram commence à se décoincer et j’en profite pour lui poser plein de questions sur le Népal, la culture, la nourriture etc.

Je suis tres surprise de voir a quel point le Népal est avancé. Ram m'explique que les femmes ont le droit de divorcer et ont accès a la contraception. L'IVG est légal depuis plusieurs années. Il m'explique que les mariages arrangés étaient fréquents mais que depuis une dizaine d'années, dans la plupart des familles, les jeunes ont le droit de choisir leur partenaire.

Nous discutons pendant plusieurs heures dans le réfectoire car c’est la seule pièce chauffée du bâtiment.

Il est l’heure d’aller se coucher. Il fait 3 degrés dans ma chambre.

Ma chambre 
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Phakding (2610m) - Namche Bazaar (3440m)

Distance 10.4km

Dénivelé Positif 830m

Dénivelé Negatif 0m


Très bonne nuit. Je me réveille vers 6h. Il fait toujours très froid et mon tube de dentifrice a gelé tout comme le tuyau d’arrivée d’eau. Je dois rejoindre mon guide à 7h dans la salle commune. J’essaie d’ouvrir la porte de ma chambre mais elle est bloquée. Quelqu’un a fermé le loquet de l’extérieur et je suis donc coincée. Je frappe à la porte une dizaine de minutes avant qu’un porteur ne m’entende et vienne m’ouvrir. Je n’ai jamais su qui m’avait enfermé…

Je retrouve Ram dans le réfectoire. Il m’explique que le porteur récupère notre sac le plus tôt possible et qu’il commence à marcher bien avant nous. Mon guide lui donne une somme d’argent pour couvrir ses repas et son logement et le porteur s’organise tout seul. Tous les porteurs se connaissent et ils marchent en groupe. Ils arrivent en général à l’étape suivante avant leurs clients.

La plupart des porteurs ne sont pas Sherpas. Ce sont souvent des jeunes issuent de famille tres pauvres qui habitent le reste du pays et qui viennent travailler dans la région. Je ne suis pas très a l'aise a l'idée d'avoir un porteur a mon service mais je me conforte en me disant que l'argent qu’il gagne grâce au trek et le pourboire que je lui laisserai lui rendrons surement service.

Je commande un pain tibétain pour mon petit déjeuner, c’est une sorte de pancake épais servis avec du miel. Nous commençons à marcher vers 7h45. Cette journée est censée être la plus difficile du trek. Ram confirme. Les deux premières heures de marche sont relativement faciles car nous suivons le cours de la rivière Dudh Kosi (= rivière de lait en Tibétain, a cause des remous). Il y a de nombreuses cascades et les dégâts du tremblement de terre sont parfois visibles. Quelques maisons sont détruites et certains ponts ont été reconstruits à la hâte avec des palettes en bois.

Porteurs 

Nous traversons de nombreux villages sur le chemin. Je ne m’attendais pas à ce que la vallée soit aussi peuplée. Il doit y avoir un village toutes les 30 minutes de marche. Il y a de nombreuses cultures de céréales, de choux et de pomme de terre. Les habitations ne sont pas minables même si elles restent modestes. J'ai l'impression de voyager dans le temps en traversant ces villages qui n'ont pas du changer depuis des centaines d'années.

Entrée du Parc National Sagarmatha 

Nous nous arrêtons à Jorsalle pour s’enregistrer auprès de l’armée. C’est l’entrée officielle du Parc National Sagarmatha. Coïncidence, je retrouve cette fille qui voyage seule rencontrée la veille à Lukla. Elle est légèrement plus loquace aujourd’hui. C’est une hollandaise de 22 ans qui est partie pour voyager 4 mois en Asie, dont 1 mois au Népal.

Nous redescendons, traversons la rivière Dudh Kosi a plusieurs reprises grâce aux ponts suspendus et nous nous arrêtons pour déjeuner au Tibet Guest House, a 2740m. Il doit être à peine 10h mais c’est le dernier endroit ou se restaurer avant l’ascension vers Namche. Nous déjeunons en terrasse au soleil. Je discute avec deux espagnols bien sympa, je retrouve également un couple de Gallois croisé la veille ainsi que l’étudiante hollandaise.

Les gourdes et les ventres sont remplis, nous continuons. Toujours en longeant la Dudh Kosi. Nous passons quelques ponts suspendus et croisons plusieurs caravanes de yak. Il doit être midi et le chemin est très fréquenté. Nous nous arrêtons sur un gros rocher plat au bord de la rivière pour laisser passer la foule. Le temps est parfait, Ram discute bien. Il me dit que si il n’y a pas de nuage, nous pourrons apercevoir l’Everest pendant la montée. J’ai très hâte.

Vue panoramique depuis le plus haut pont suspendu.

Après notre longue pose au soleil nous repartons. La balade tranquille le long de la rivière est finie et nous allons commencer à grimper pour atteindre le plus au pont suspendu du coin puis nous continuons l’ascension (690m de dénivelé).

Traversée du pont suspendu. 

Sous un soleile de plomb nous passons le cap des 3000m. La pente est raide et très poussiéreuse. Je ne sais pas trop comment faire avec l’altitude. Je suis très essoufflée. Il faut marcher très lentement avec l'altitude, ce que j'ai du mal a faire et je peine a trouver mon rythme. Les premiers symptômes du mal d'altitude peuvent apparaitre lors de la montée sur Namche Bazar. Le gain d'altitude est assez important durant cette journée : 800 mètres dont 600 dans cette seule montée.

Plus haut pont suspendu & première vue sur l'Everest 

Namche Bazaar n’est plus très loin. Dernier check point et nous voila arrivés dans ce fameux village à 3440m d’altitude. C’est de loin le plus grand village de la région. Nous sommes à deux jours de marche de l’aéroport et 12 jours de la première route. On y trouve de tout: restaurant, pubs, bureau de poste, dentiste, distributeur et même un coiffeur. On peut aussi y faire sa lessive.

Namche Bazaar, 3440m 

Je m’attendais à ce que la journée de marche soit plus dure et je suis contente d’être arrivée sans trop de difficulté. Ma chambre est confortable, il y fait chaud. Je prends une douche avant que le soleil ne disparaisse car tout fonctionne à l’énergie solaire. L’eau est soit glacée soit bouillante, ce n’est pas évident de doser mais je me lave les cheveux tant bien que mal.

Plus tard je retrouve l’étudiante hollandaise mais ce n’est toujours pas évident de lancer une conversation.

Mon guide me propose d’aller boire un verre dans l’hôtel de son ami. Pendant qu’ils se retrouvent, je discute avec un groupe de trekker. Il y a un roumain, un russe et un indien. Le roumain est un peu grande gueule mais ce qu’il raconte est assez intéressant. Ils sont la pour monter l’Island Peak a 6189m. Il me raconte son expérience, il a déjà fait le Mont Blanc plusieurs fois et s’entraine pour faire l’Everest sans oxygène. Il m’explique qu’il doit monter un certain nombre de sommet sans oxygène afin d’obtenir son permis pour l’Everest. Il doit d’ailleurs prochainement faire le K2 au Pakistan (deuxième plus haut sommet du monde – 8611m). Rien que pour l’Everest, le permis coûte 30,000$, il fait donc sponsoriser ses expéditions par Green Peace, WWF et autres. Il me demande de les rejoindre apres le diner pour jouer aux cartes mais je le trouve un peu trop pot de colle alors je préfère décliner l’invitation.

Nous rentrons à l’hôtel pour le dîner et je suis assise a coté d’un Américain. Il montre à son porteur de magnifiques photos. Je lance la conversation. Le type travaille pour Facebook en Californie et il revient tout juste de l’Island Peak, 6189m. Il devait faire les 3 cols mais il a préféré redescendre car trop fatigué. Ses photos sont incroyables.

Je n’ai aucune expérience en alpinisme et très peu en rando et je me retrouve a discuter avec des grimpeurs expérimentés. Le décalage est assez marrant.

Ram qui ne parlait presque pas hier et bien plus bavard aujourd’hui. Je crois qu’ils sont comme ça les népalais. Très timide, jusqu'à ce qu’ils aient confiance.

3

Namche (3340m) - Hotel Everest View (3880m) - Namche (3440m)

Distance 3.2km

Dénivelé Positif 440m

Dénivelé Negatif -440m


Je suis réveillée le matin au son des cloches de yaks qui stationnent en face de ma fenêtre. Je suis au rez de chaussée. Le temps est magnifique. Aujourd’hui, c’est une journée d’acclimatation. Nous montons haut, puis redescendons pour passer la nuit, ce qui a pour but d'aider l’organisme a s’acclimater a l’altitude.

Nous partons relativement tard, 8h30, car il n’y a pas besoin de se dépêcher. La plupart des touristes sont partis tôt et je n'ai pas vraiment envie de les suivre. Ram m’emmène d’abord voir l’Everest depuis un magnifique point de vue. Il faut monter une série d’escalier et je ressens bien les effets de l’altitude. Mon cœur bat très vite. Il y a une statue du Sherpa Tenzing Norgay (premier sherpa à avoir gravi l’Everest avec Sir Hilary). Les sherpas le vénèrent et déposent des étoles blanches sur sa statue.

Tenzing Norgay, premier Sherpa à gravir l'Everest (a la droite de sa main)

La vue est incroyable. On y voit au sud la vallée d’où nous venons et au nord l’Everest, Lhotse et Lhotse Shar.

Point de vue 360* 
Everest (8880m) & Lhotse (8516m)



Il y a un petit musée sur la faune et la flore, très intéressant. Puis nous allons visiter un autre musée sur la culture sherpa. Il y a beaucoup de français dont un monsieur de plus de 70 ans qui en est a son 24eme trek au Népal. Il râle car son fils est plus intéressé par ses études que par les treks.


Namche Bazaar (3440m)

Nous commençons ensuite une belle petite ascension pour aller jusqu'à l’Everest View Hotel à 3880m. A mi chemin nous nous arrêtons pour admirer la vue. Nous dominons Namche, il y a tellement de choses à regarder. Les enfants jouent dans la cour d’école, les militaires s’entrainent dans leur camp, et les hélicoptères passent a toute allure dans la vallée. Je pourrai rester la des heures mais il faut continuer de grimper. Je rencontre le groupe de la veille et le roumain m’invite à les joindre pour le dîner. Je décline l’offre à nouveau. Nous nous arrêtons près de la «piste » de Syangboche, 3780m. Cette piste en terre n’est presque plus utilisée. Elle a été construite par des japonais qui souhaitaient faire de belles photos de l’Everest sans avoir à marcher. Cependant, se poser directement a cette altitude peut entre dangereux car l’organisme n’a pas le temps de s’acclimater. Le temps est magnifique et nous nous faisons bronzer une trentaine de minutes sur un rocher.

Drapeaux de prière Tibétain 
Everest et Lhotse 

Nous continuons jusqu'à l’Everest Hotel, l’hôtel le plus haut au monde (3 880m). Avec toutes nos pauses, nous avons laissé passer la foule et nous sommes maintenant les seuls sur le sentier. C’est juste parfait. Je remarque que les touristes commencent à marcher tôt et rentrent tôt au lodge. Ils ne prennent pas vraiment le temps de profiter de la vue.

Nous voila arrivés à l’Everest Hotel. Les nuages se sont levés au sommet de l’Everest et Lhotse. Nous prenons un Masala thé (thé local aux épices) avant de rentrer a Namche. La descente est relativement longue et mes jambes tremblent. Cette fois la douche marche et je profite d’une douche bien chaude pour me laver les cheveux car après Namche, il n’y a plus de douche !

Menu 

Le dîner est bon, je commande un chicken sizzler car c'est la dernière fois que je peu manger de viande pendant les six prochains jours. La viande est acheminée par avion depuis Katmandou puis a dos d’homme ou de yak et il est déconseillé d’en manger après Namche.

4

Namche (3340m) - Dole (4038m)

Distance 11.2km

Dénivelé Positif 893m

Dénivelé Negatif -295m


Réveil matinal aux environs de 6h. Petit déjeuner standard avec des toasts et un œuf. Ram m’a prévenu que la journée était longue mais avec du recul c’était de loin la journée la plus dure.

Les mêmes escaliers que la veille sont bien plus faciles a monter aujourd’hui. Mon corps a du s’acclimater a l’altitude. Pendant 1h30, la marche est simple, le sentier est relativement plat. Il y a beaucoup de Stupas sur le chemin. Et beaucoup de touristes aussi. Nous sommes sur le même sentier que le Camp de Base. Mon guide qui a de bons yeux repère un groupe d’Himalayan Tahr. C’est un cousin du chamois.

Stupa, Everest (8880m) & Lhotse (8516m)

Nous nous arrêtons sur le chemin pour boire un thé, manger un bout et se tartiner de crème solaire. A la sortie du village, le sentier se divise en deux. Ceux qui vont au Camp de Base de l'Everest tournent à droite, traversent la rivière et continuent vers l’autre vallée. Ceux qui vont à Gokyo tournent a gauche et suivent la Dudh Kosi. C'est la derniere fois que nous appercevons l'Everest avant notre ascension finale.

Phortse village (3800m) a gauche, Everest et Lhotse 

Il y a maintenant bien moins de monde et c’est très agréable. Le sentier est aussi bien moins large et commence à monter en direction de Mong La, 3 981m. Nous croisons de nombreux yaks et il faut vite se dégager du chemin quand ils arrivent car leurs cornes prennent toute la largeur du sentier. En fait a cette altitude ce ne sont pas de vrais yaks mais des Dzos. C'est un croisement entre un Yak et un Zébu. Les Dzos sont plus gros et plus dociles que les Yaks. Les véritables Yaks vivent entre 3200m et 5400m.

Dzos 


Nous nous arrêtons pour déjeuner à Mong La, juste sous la barre des 4000m. Il fait beau mais le vent est glacial. Il n’y a pas assez de table alors nous devons partager notre table avec un jeune couple d’allemand. Je les reconnais, ils étaient dans notre avion. Ils ne parlent pas. Très curieux.

Mong La est au sommet d’un pic (La = Pic en tibétain). Nous devons ensuite redescendre jusqu'à Phortse Tenga, 3 680m. 300m de descente, c’est long, surtout que nous devrons les grimper au retour !

De Phortse Tenga, c’est reparti, mais cette fois en montant. On passe de 3680m a 4084m une fois arrivés a Dole. Nous marchons déjà depuis 3h et mes jambes sont fatiguées. Le sentier est chouette, nous traversons la foret, on se croirait dans les Alpes. Il n’y a personne sur le chemin. Nous traversons plusieurs cascades gelées et nous croisons le chemin d’un bébé cerf. J’apprécie le coté sauvage du paysage. Il n’y a pas un bruit.

Comme nous nous rapprochons de Dole, le chemin est de moins en moins raide. Le nom "dole" signifie endroit rocheux en Tibétain. Je suis excitée à l’idée de passer la barre des 4000m ! C’est une grande première pour moi !

Cette journée m’a épuisé : 893m de dénivelé positif et 295m de dénivelé négatif.

Vue sur Phortse (3840m) de l'autre coté de la vallée. 

Nous dormirons au Dole Resort (4084m). Par chance, ce lodge à une douche. L'eau est chauffée au gaz. Même si la pression est plus que faible, l'eau est à 37 degrés et c'est un vrai luxe à plus de 4000 mètres d'altitude.

Alors que je suis sous la douche, un homme ouvre la porte en grand. Ram qui attendait dans le couloir lui a dit que la douche était occupée mais le type a voulu vérifier par lui même...

Nous montons à l’étage pour le dîner. J’ai très faim alors je commande une soupe, des rouleaux de printemps frit, une tarte aux pommes et 1L de thé vert (heureusement que les toilettes sont en face de ma chambre !). Avec l’altitude il faut boire au moins 4L d’eau par jour malheureusement l’eau du robinet n’est pas potable et il faut la traiter avec des pastilles de chlore ce qui lui donne mauvais gout. Je suis donc ravie de pouvoir boire autre chose.

Un type d’une soixantaine d’année assis près de nous commence à me parler. Il est mexicain mais il vit à Brno en République Tchèque. Il est sur le chemin du retour. Je le trouve bien sympa jusqu'à ce qu’il me dise que nous nous sommes vus tout à l’heure lorsque j’étais sous la douche. Pas très classe le type…

Je suis crevée et je vais me coucher vers 21h. On m'a dit que c'est difficile de dormir à plus de 4000m mais je dors très bien.

Vue sur le village de Dole (4084m). Mon lodge est en bas sur la photo - "Dole Resort" .
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Dole (4038m) - Machhermo (4470m)

Distance 5.3km

Dénivelé Positif 432m

Dénivelé Negatif 0m

Je me réveille tranquillement aujourd’hui. Ram m’explique que c’est une petite journée. A cause de l’altitude, nous ne pouvons monter que par pallier. Il serait possible de sauter cette étape et de continuer jusqu'à Gokyo cependant l’organisme n’aurait pas le temps de s’acclimater et cela pourrait être dangereux. Au dela de 3000m d'altitude il ne faut pas monter plus de 400m par jour et il faut une journée d'acclimatation tous les 1000m de gain.

Nous franchirons aujourd'hui une nouvelle étape: nous arrivons dans le haut Himalaya.

Vue sur l'autre coté de la vallée. 

La journée commence par une montée assez raide. Le sentier démarre juste derrière le lodge. C’est assez dur de grimper juste après le petit déjeuner, le ventre plein. L’oxygène est toujours rare. Mon guide m’offre des pastilles pour la gorge. Je suis sceptique mais il à raison, ça aide à mieux respirer.

Groupe de Trekkeur en route pour Gokyo 

Au bout de 30min de grimpe, nous arrivons sur une sorte de plateau. Il n’y a plus de végétation à cette altitude et la vue est magnifique. Nous sommes en face de Cho Oyu, cette montagne géante (8188m, 6eme plus haut sommet au monde) à cheval entre le Népal et le Tibet. Je prends beaucoup de photos. Nous nous arrêtons à Luza, 4340m, pour boire un Masala thé. Il fait frais à cause de l’altitude mais le temps est superbe. Macchermo n’est plus très loin.

Vue sur Cho Oyu (8188m, 6eme plus haut sommet au monde) à cheval entre le Népal et le Tibet. 

Depuis deux jours, nous commençons à voir de véritables yaks.

Véritables Yaks 
Famille sherpa et leurs yaks 

Le sentier traverse de nombreux pâturages cerclés de murets de pierres. L’été les sherpas pratiquent la transhumance et font paitre leurs troupeaux de yacks en altitude.

Vue sur Machhermo (44470m) 

Nous arrivons à notre lodge en début d’après midi. Nous dormirons au Yeti Lodge de Macchermo, 4410m. En 1974, le Yeti aurait attaqué une jeune sherpa et tué ses yaks dans ce village de Macchermo, d’où le nom de notre lodge. Je ne saurai pas dire pourquoi, mais j’ai adoré ce petit hameau. Ma chambre est confortable. Au bout du couloir il y a une porte avec un écriteau «douche». Je suis ravie mais en ouvrant la porte je vois que ce n’est pas une douche mais un seau d’eau… il doit faire 7 ou 8 degrés… la douche attendra !

Déjeuner au soleil 

Je rejoins Ram pour un déjeuner au soleil. Nous avons du rester 3h dehors, les pieds sur une chaise à profiter du soleil. J’ai du mal à croire que nous sommes à plus de 4000m d’altitude car je suis en T-shirt. A 15h, il y a une réunion d’information sur les dangers du Mal Aigu des Montagnes (MAM). La réunion est tenue dans un petit dispensaire situé à une centaine de mètres de notre lodge. Ram me dit d’y aller mais il n’a pas l’air bien convaincu. Il me dit que c’est d’avantage fait pour faire peur aux touristes et les pousser à consulter le docteur (50$ la consultation).

En route pour le dispensaire (a droite). 

La petite salle du dispensaire est remplie. Il y a toutes les nationalités. Le dispensaire est tenu par un jeune couple de docteur Écossais. Ils font cela pendant 3 mois, puis seront remplacés. Ils fournissent également des consultations pour les locaux et les porteurs au tarif de 1$.

En altitude, la quantité d’oxygène diminue. À 3000m, la quantité d'oxygène est équivalente à 65% de celle du niveau de la mer. À 5000m, elle ne se situe plus qu'à 50%, et au sommet de l'Everest à 30%. L'organisme produit alors d'avantage de globules rouges pour acheminer l'oxygène plus facilement. Il faut donc laisser du temps a l'organisme pour qu'il s'adapte, d'ou les journées d'acclimatation.

La forme la plus sévère du mal des montagnes peut entraîner un œdème cérébral ou pulmonaire qui peut entrainer la mort rapidement. Les symptômes sont tres variés et le Docteur explique que l'envie de réussir son trek peut conduire certains à refuser d'admettre qu'ils éprouvent des symptômes du MAM.

Des les premiers symptômes (mal de tête, troubles de l'équilibre, perte d'appétit, nausée ou fatigue anormale), il faut descendre de 1000m. La vallée de Gokyo ou nous sommes est appelée vallée de la mort car le gain d’altitude est tres fort. Il faut donc planifier plusieurs étapes afin de laisser le temps a l’organisme de s’adapter.

Ce que je retiens, c’est qu’avec l’altitude, le sang se concentre, ce qui produit d’avantage d’urine. Je comprends mieux pourquoi je dois aller aux toilettes toutes les demi-heures.

Retour au lodge, qui s’est rempli de français. Je mange une pizza avec Ram car je n’ai pas trop envie de me mélanger aux français. La pizza est faite avec des ingrédients locaux et n’a pas du tout le gout de pizza mais c’est plutôt bon. La nuit est longue et bonne. L’altitude n’a aucun effet sur mon sommeil et c’est tant mieux !!

6

Machhermo (4470m) - Gokyo (4800m) - 4eme Lac - Gokyo

Distance 9.8km

Dénivelé Positif 330m

Dénivelé Negatif 0m


Dernière ligne droite avant Gokyo ! On commence la journée par une belle grimpette. J’ai enfin trouvé mon rythme avec l’altitude et je ne suis plus essoufflée comme auparavant. Le chemin devient relativement plat comme nous retrouvons la riviere Dudh Kosi. Le paysage est splendide.

Nous longeons la rivière Dudh Kosi qui prend sa source dans le glacier Ngozumpa et Cho Oyu a la frontière avec le Tibet. 

Nous arrivons au premier lac de la vallée (cinq au total). C'est comme un oasis dans le désert. Il est tout petit mais je suis tellement contente d’être la que je prends plein de photos. Les deux autres lacs ne sont plus loin. Il y a des canards sauvages. Ils sont énormes on dirait des oies.

Deuxieme lac et Cho Oyu en arriere plan

Le deuxième lac est enfin la. Quelques ricochets plus tard, nous continuons vers le troisième lac et enfin le village de Gokyo (4800m) est en vue. C’est un joli petit hameau au bord du troisième lac. La couleur bleue turquoise de l’eau est juste magnifique. On dirait que quelqu’un à versé du colorant dans l’eau tellement la couleur est intense.

Troisième lac et Gokyo Ri (a gauche)

Ram me montre une montagne arrondie avec un sentier qui monte droit vers le sommet. Voici Gokyo Ri, le pic que nous grimperons demain. Ca a l’air très abrupt !



Nous déjeunons au lodge en attendant que nos chambres soient prêtes. Je commande un plat au nom chinois et je découvre des morceaux de viandes. Ram me dit que c’est OK de les manger alors je tente. Même pas malade ! La chambre est bien, magnifique vue sur Cho Oyu (8201m) depuis mon lit.




Village de Gokyo (4800m) a gauche.

Nous décidons de marcher jusqu’au 4eme lac aujourd’hui (2h aller/retour). Il n'y a plus d'habitations, que des montagnes barrant l’horizon jusqu’au Tibet.

Nous ne restons pas longtemps au quatrième lac car la nuit tombe en quelques minutes et la température chute d'une quinzaine de degrés.

Vue sur Cho Oyu (8201m) depuis le quatrieme lac. 

En rentrant je commande un seau d’eau chaude… c’est une première. Challenge relevé, même si ce n’est pas évident de se laver les cheveux. J’ai quand même eu très froid car il ne doit pas faire plus de 5 degrés dans la chambre et j’ai mis du temps à me réchauffer après ça!

La salle commune est chauffée à la bouse de Yak car il n’y a plus d’arbre à cette altitude. Le lodge doit avoir un problème avec l’évacuation de la fumée de la cheminée. Le réfectoire est très enfumé et mes vêtements et cheveux sont imprégnés.

Je commande un Dal Bhatt (plat local a base de lentille) et prend une deuxième assiette de légumes au curry.

La nuit est très froide, je me réveille plusieurs fois, mais je me suis quand même bien reposée.

 Village de Gokyo - Meme altitude que le Mont Blanc.

7

Gokyo (4800m) - Gokyo Ri (5364m) - Gokyo (4800m)

Distance 4km

Dénivelé Positif 564m

Dénivelé Negatif -564m

Aujourd’hui c’est l’ascension du Gokyo Ri. Je suis déjà contente d’être arrivée jusque la mais je sais que le plus dur est devant. Comme d’habitude, tout est gelé et mon déodorant à bille a explosé avec l’altitude. Je dois gratter la glace sur l’intérieur de ma fenêtre.

Au petit déjeuner, je commande un pancake aux pommes. Mauvaise idée, ça ne passe pas. Je le laisse car je n’ai pas envie de grimper en ayant mal au ventre. Ram me prête sa doudoune North Face. Il dit qu’il n’en a pas besoin. C’est évidement une copie mais elle a l’air très chaude alors ça me va.

Gokyo Ri (5364m) 

Pour rejoindre le Gokyo Ri, il faut traverser une partie du lac sur de grosses pierres. Il fait froid, l’eau est gelée par endroit et j’ai peur de tomber.

Traversée du lac de Gokyo 

Nous commençons à monter, très lentement. Je fais attention de ne pas aller trop vite. Nous montons une vingtaine de minutes sans pause. La pente est raide et tres caillouteuse.

Vue sur le village de Gokyo et Cholatse (6440m) 

Première pause, la vue est magnifique mais on ne voit toujours pas le sommet. Je me dis que je suis trop lente mais le groupe devant nous et celui derrière monte à la même vitesse. Malgré cette lenteur, mon cœur bat vite et chaque pas me demande beaucoup d'énergie.

Le manque d’oxygène se fait sentir de plus en plus. Même la bouche grande ouverte je ne peu pas faire rentrer suffisamment d’air dans mes poumons. C’est assez angoissant, j’ai l’impression d’étouffer. Je dois m’arrêter de plus en plus fréquemment pour reprendre mon souffle mais se remettre en mouvement est à chaque fois plus dur.

Mon guide est très positif. Il me dit de ne pas regarder vers le haut, mais uniquement vers la bas, car ça me motivera de voir ce que nous avons déjà grimpé.

  Sentier très abrupt jusqu'au sommet. 13 degrés a 5065m.

On commence à apercevoir l’Everest sur notre droite. On croise un couple de français qui redescend. Ils ne savent pas que je suis française. Le vent porte et je me rends compte qu’ils parlent de mon guide et moi. Ils pensent que nous sommes un couple. Je raconte ça à Ram et ça nous fait rigoler. Petit à petit on se rapproche du sommet. Du moins on l’aperçoit. C’est toujours loin. Nous montons depuis 1h45min et ça tire dans les mollets. 100 pas, pause, 100 pas, pause. C’est long et c'est de loin le plus gros effort physique que j'ai jamais fait.

Il n'y a maintenant plus de sentier. Juste de grosses roches qu'il faut enjamber.

Première vue sur le glacier Ngozumpa 

Puis je lève la tête et le sommet n’est plus qu’a quelques mètres. Cette fois je m’arrêterai au sommet. C'est l'assaut final et enfin nous y voila enfin à 5364m !

Vue depuis Gokyo Ri (5364m)  
Glacier Ngozumpa, Lac et village de Gokyo et sommet du Gokyo Ri 

La vue est incroyable. On s’assoit sur un rocher face à l’Everest. A bout de souffle et sans voix. La sensation est incroyable - j'ai tout donné pour arriver au sommet et je veux profiter de chaque seconde.

Everest (8880m) 

Nous sommes une dizaine arrivés au sommet. Avec nous, il y a un groupe de Mexicains. Ils ne resteront pas plus de 30min et c'est tant mieux.

Je fais des centaines de photos. La vue est incroyable sur 360 degrés. Ram me nomme tous les sommets. Il y en a 4 au dessus de 8000m : Cho Oyu 8201m, Everest 8848m, Lhotse 8516m et Makalu 8481m.

4 sommets a plus de 8000m. De gauche a droite: Cho Oyu 8201m, Everest 8848m, Lhotse 8516m, Makalu 8481m
Vue panoramique. 
Video Gokyo Ri 360 degrés
Avec Ram 

A ma grande surprise, il y a des corbeaux de partout, j’ai même vue une sorte de rouge gorge. Il y a également des aigles, ce qui est d’avantage commun a cette altitude.

Corbeau & Everest 
Cho Oyu (8201m) 

Nous sommes restés là haut à peu près 4h. Dont au moins 2h ou nous étions seuls. C’était une expérience incroyable.

Pause méritée. 

Il doit faire une dizaine de degrés au sommet mais le vent est très frais.

Everest 8848m, Lhotse 8516m et Makalu 8481m
Everest Selfie 

Il faut maintenant redescendre. Et c’est long. Le chemin est couvert de sable, alors je dérape, je glisse. Je me suis retrouvée sur les fesses quelque fois. Nous croisons quelques trekkeurs qui montent pour le coucher du soleil. Ils ont l’air de trouver ça difficile eux aussi.

Nous retrouvons le village de Gokyo vers 15h et nous commandons notre déjeuner.

Je vais faire une sieste puis c’est l’heure du dîner. Et enfin d’aller se coucher. Il fait toujours aussi froid !

8

Gokyo (4800m) - Dole (4038m)

Distance 12.2km

Dénivelé Positif 0m

Dénivelé Negatif -762m

Encore une nuit glaciale. Dernier petit déjeuner a Gokyo, je suis un peu triste de quitter cet endroit mais j’ai aussi très hâte de retrouver la civilisation. Le confort me manque et j’ai hâte de pouvoir manger autre chose. Le menu des lodges est très varié et je ne m’attendais pas à avoir autant de choix mais j’ai quand même une grosse envie de poisson et de légume. Les prix sont tres bas, environ 3$ ou 4$ pour un plat alors qu'a cette altitude, tout est acheminé par helicoptere.

La salle commune est toujours aussi enfumée et j’ai l’impression que cette odeur me suit partout depuis deux jours. Ça me donne un peu la nausée.

Ram m’annonce que la journée est longue. Nous marcherons de Gokyo 4 750m a Dole 4 084m.

Gokyo Ri a gauche, Cho Oyu (8200m) et Gokyo village.
Col Renjo La (5340m) et troisieme lac.
Deuxieme Lac 
Dernière vue sur Cho Oyu 
Retour vers Dole. 

Nous revenons sur nos pas mais le paysage a l’air bien différent. La pente est relativement faible car nous suivons la rivière. Tout va bien physiquement.

Je veux m’arrêter à Macchermo pour boire un thé. Nous y avions passé la nuit à l’aller et ce hameau m’avait bien plus. Nous restons une trentaine de minutes en terrasse.

Bouses de yak en train de sécher a Machhermo. 

Nous continuons ensuite notre marche puis nous nous arrêtons au bout d’1 heure pour grignoter. Nous sommes assis à quelques mètres du sentier. Deux hommes passent, et l’un d’entre eux s’arrête et s’approche de nous. Il commence alors à défaire son pantalon. Le type ne nous a pas vus et il était prêt à nous pisser sur les pieds. J’en rigole encore !

Fin de journée et retour a Dole. Nous dormons dans le même lodge qu’a l’aller, le Dole Resort. J’ai une chambre a l’étage cette fois, avec une très jolie vue. La nuit tombe, il doit faire 0 degré. Je commande une pizza. Pas mauvais.

Menu du Dole Resort 
9

Dole (4038m) - Namche Bazaar (3440m)

Distance 11.2km

Dénivelé Positif 295m

Dénivelé Negatif -893m


Je redoute cette journée de marche car je l’avais trouvé éprouvante à l’aller avec l’interminable descente entre Mong La et Phortse Tanga. Et il va falloir grimper cette fois ci.

Je commande une omelette ail et oignon au petit déjeuner. Mauvaise idée, l’ail m’a suivi toute la journée.

Nous commençons la descente entre Dole 4084m et Phortse Tanga 3680m. Jolie balade en foret, nous retrouvons les cascades gelées. Je me rappelle alors que c’est le jour des élections aux états unis. Ca doit faire 4 jours que nous n’avons pas de réseau mais de la ou nous sommes, mon téléphone capte enfin. Trump est en tête, quelle surprise. Une fois arrivés à Phorste Tanga, nous nous arrêtons pour boire. Il y a un porteur assis a coté de nous qui transporte une grosse pièce de viande. On dirait une moitié de mouton. Je me demande depuis combien de temps cette pièce de viande est à l’air libre.

Yaks 

Nous commençons la montée vers Mong La. Il fait chaud. Je me motive en me disant que c’est la dernière montée du trek. Et nous grimpons plutôt vite. Nous faisons une pause. Ram appelle Indira. C’est la personne qui s’était occupée de ma réservation à l’agence de Trek. C’est aussi la tante de Ram. Elle veut me rencontrer quand je serai de retour à Katmandou.

Phorste (3800m) 

Nous arrivons enfin a Mong La 3980m. Il y a beaucoup de monde. Nous nous arrêtons pour boire un verre. Un groupe de français me voit avec mon téléphone et me demande le résultat des élections. Nous commençons à discuter.

Pause ensoleillée 

Nous continuons ensuite notre descente vers Namche. Le chemin est assez agréable. Nous croisons un groupe d’Himalayan Thar. Un male et une dizaine de femelles. Le mal est très impressionnant. Il est très gros et a une crinière comme un lion.

Groupe d'Himalayan Thars 

Nous nous arrêtons pour déjeuner à Luza. La terrasse est remplie donc nous mangeons à l’intérieur. Il fait très chaud et je n’ai pas vraiment faim, alors je propose a Ram de partager une assiette de Chow Mein.

Je rêve d’une douche pour enlever toute la sueur, la crème solaire et la poussière. La patronne de ce restaurant est très marrante. C’est vraiment un personnage. Comme dans tous les autres lodges, il y a des photos du Dalai Lama au mur mais elle, elle a sa photo prise avec lui.

Ram me dit que Namche n’est plus qu’a 1h30 de marche. J’en ai plein les pattes alors je décide de marcher vite pour arriver a Namche le plus tôt possible. L’air est bien plus respirable et je me sens pousser des ailes. Nous doublons tout le monde. Pour une fois je me retrouve a marcher devant Ram.

Nous arrivons à Namche après 45min au lieu d’1h30 comme prévu. Nous dormirons au lodge «Camp de Base». Ma chambre est très spacieuse et la vue est magnifique. A peine arrivée, je prends une douche. L’eau est jaune à cause du sable que j’ai sur moi. Je me repose quelques heures.

Stuppa endommagée par le tremblement de terre a Namche Bazaar. 

Nous dînons assez tôt puis allons nous promener dans le village. Nous allons boire un chocolat chaud dans un café. Il fait nuit.

10

Namche Bazaar (3440m) - Lukla (2880m)

Distance 18.2km

Dénivelé Positif 250m

Dénivelé Negatif -830m

Aujourd’hui, c’est le dernier jour du trek. Et c'est aussi la journée la plus longue en nombre de kilomètre. Nous commencerons par une belle descente, puis du plat, et enfin une belle montée.

Petit déjeuner assez sympa – œuf, pomme de terre et toast. Je ne me fais toujours pas à la confiture locale. C’est très sucré et très chimique. Mais ca se mange.

On quitte Namche. J’ai beaucoup aimé ce village alors je me sens un peu triste mais je me dis que je vais surement revenir. Il y a beaucoup de monde sur le chemin – beaucoup de groupes. Comme a l’aller il faut s’enregistrer auprès de l’armée. Ram me dit d’aller vite car si nous doublons la foule nous éviterons de faire la queue au check point. Nous marchons vite et doublons tout le monde. Comme nous sommes dans les premiers, la queue n’est pas longue.

Une fois enregistrés, nous commençons la descente. C’est assez compliqué car très pentu et il y a du sable partout. C’est très glissant. Nous nous retrouvons a nouveau derrière un groupe et il y a tellement de poussière que nous devons nous arrêter quelques minutes car c’est l'air est irrespirable.

Nous croisons beaucoup de marcheurs et de porteurs qui montent vers Namche. Les charges qu’ils transportent sont impressionnantes. Il fait chaud et nous profitons d'une pause pour admirer l’Everest un dernier instant.

Porteurs en route pour Namche Bazaar avec des caisses de bieres.

Apres 40 minutes de descente, nous voila enfin arrivés au niveau de la rivière. Le terrain est plat à nouveau et nous pouvons marcher vite. Nous nous arrêtons après 1h de marche sur le même gros rocher qu’a l’aller. C’est un bon endroit pour observer les trekkers et les porteurs. On rigole en regardant les touristes japonais qui sont couverts de la tête aux pieds.

C'est l'heure de reprendre notre route. Il y a de longues caravanes de yaks et de mules dans les deux sens et ca bouchonne. Nous nous retrouvons coincés derrière un group d’une dizaine de yaks. Ils prennent toute la place et c’est difficile de les doubler. Nous marchons derrière eux d'un pas lent pendant pres d'une heure. Malheureusement, la vue n’est plus la même car nous sommes maintenant dans le creux de la vallée.

Nous devons nous arrêter au moment de passer un pont suspendu car des mules sont entrain de le traverser. Il doit y en avoir une centaine, ca n'arrete pas. Nous avons du attendre 20min mais c’était marrant. La marche continue et Ram me dit que l’on va croiser son frère qui est aussi guide et qui monte vers Namche avec un client.

Mur Mani 

Nous marchons tres vite, ca me plait. Nous ne sommes plus qu’a 2800m d’altitude et je me sens bien mieux au niveau du souffle. Nous doublons tous les marcheurs que nous croisons.

Nous nous arrêtons à Phakding pour le déjeuner, dans le même endroit ou nous avons dormi la première nuit. Il fait tres chaud et nous commandons une bière que nous nous partageons. J’ai tres faim. Je mange mon Chow Mein en deux minutes.

C’est la dernière ligne droite. Le prochain arrêt sera Lukla, ou nous passerons la nuit. A partir de maintenant le chemin monte. Les jambes sont fatiguées et ce n’est pas facile d’avancer. Il reste 2h de marche.

C’est assez difficile mais nous marchons vite, sans nous arrêter. Même pas pour boire.

Les dernières 20 minutes sont dures. J’ai l’impression que l'arrivée est derrière chaque virage mais c'est a chaque fois de nouvelles marches à gravir. Ca n’en finit pas. Peu importe, nous les montons rapidement.

Je reconnais enfin l’arche a l’entrée du village en haut d’un interminable escalier. Je les monte deux par deux. Une fois passée cette arche, le trek est finit. On se tape dans les mains.

Il ne nous reste plus qu’a traverser le petit village de Lukla pour rejoindre notre lodge. Ram me dit que ce lodge est tenu par un ami à lui. La chambre n’est pas géniale mais son ami a des contacts avec les compagnies aériennes et grâce a lui nous pouvons avoir un vol plus tôt le lendemain matin. Le plus tôt nous partons de Lukla, le plus tôt nous arriverons à Katmandou. Et comme j’ai un programme chargé ca me va bien.

Le soir l’ambiance est sympa. Tout le monde fête la fin du trek. Les porteurs d'habitude tres timides se lachent. Les guides, porteurs, cuisiniers et trekkers se mélangent et tout le monde danse autour du poele alimenté a la bouse de yaks. Apres 10 jours, je commence a connaitre les chansons locales!

Curieusement, nous ne sommes qu’a 2860m d’altitude mais je dors très mal. Première et dernière mauvaise nuit du trek.

11


Je suis réveillée depuis 4h du matin et je tourne un peu en rond. Notre avion décolle à 9h20. Je prends mon dernier petit déjeuner en altitude.

L’aéroport n’est qu’a une centaine de mètre du lodge. Je m’arrête pour regarder les vols atterrir et décoller. C’est très impressionnant. Surtout le bruit des moteurs. Il faut se dépêcher de s’enregistrer. Le hall de l’aéroport est tout aussi chaotique que celui de Katmandou. Ram a mon passeport et il fait la queue pour nous enregistrer. Pendant ce temps je continue de regarder le balai des avions et hélicoptères. Il y a beaucoup de monde, beaucoup de sac a dos, c’est un peu le bordel. C’est agréable d’avoir un guide qui s’occupe de tout.

Aéroport de Lukla 

Une fois enregistrés, il faut passer les «contrôles» de sécurité. Ma fourchette en plastique qui était passée à l’aller se retrouve dans la poubelle. Tant pis !

Notre avion vient de quitter Lukla et nous devons attendre moins d'une heure qu’il face sa rotation Lukla/Katmandou/Lukla. Le spectacle est partout dans l'aéroport, je ne m’ennuie pas !

Ca y est l’avion est la. Ca doit être la chance du débutant mais nous nous retrouvons à nouveau en tete de file. Je suis assise sur la droite cette fois, toujours du coté des montagnes. Je profite de chaque minute du vol. C’est vraiment incroyable. L’avion rase les montagnes puis nous survolons Katmandou.


Katmandou et son nuage de pollution 
Katmandou

Une fois l’avion posé et garé, un technicien vient discuter avec le pilote. Le ton monte et le pilote n’a vraiment pas l’air content. Je demande à Ram d’écouter et de me traduire. Le pilote est en train d’engueuler le technicien car le compas de l’avion ne marche pas. J’éclate de rire et je suis bien contente que l’avion soit posé !

Nous montons dans le bus. Les sacs sont dans la remorque accrochée au bus.

C’est un peu le chaos pour récupérer nos affaires mais nous nous en sortons bien. Notre voiture nous attend. Le trajet jusqu'à l’hôtel dure une vingtaine de minutes. Quel choc de se retrouver dans le trafic, la poussière et le bruit de Katmandou. Mais je suis contente de retrouver la civilisation!


Dénivelé Positif total: 4034m

Dénivelé Négatif total: 4034m

Distance cumulée sur 10 jours: 93.3km


Suite de mon voyage au Népal: https://www.myatlas.com/marion_c/inoubliable-nepal