Par marieL
Fascinée par les paysages du Cap Vert, j'ai fait un rêve éveillé en cheminant dans 4 îles montagneuses de l'archipel : à Santiago l'africaine, à Sao Antao, à Mindelo, puis sur le volcan Pico de Fogo.
Février 2017
30 jours
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Le Cap Vert est un archipel de 10 îles volcaniques, situé au large du Sénégal, qui comprend les îles de SOTAVENTO et de BARLAVENTO. Ancienne colonie portugaise, il est indépendant depuis le 5 juillet 1975, et a servi de tête de pont au COMMERCE TRIANGULAIRE. On y parle un pidgin portugais.

Le pays est en voie de "sahélisation" : novembre et février à avril sont les bonnes périodes pour visiter  !
Mélange d'influences africaines, sud-américaines et européennes, le Cap-Vert, pays de métissage, offre mille visages et paysages.

La monnaie est l' ESCUDOS (CVE) 1000 $ = 9 € en 2017 - La population était en 2014 de 538 535 cap-verdiens, et autant d'expatriés aux USA, Portugal , Espagne ou Pays-Bas/Luxembourg. La capitale est Praia, sur l'île de Santiago.

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Ma première impression de la capitale, Praia, est très mitigée mais le centre, appelé le PLATEAU, est propret et animé : maisons colorées, bâtiments anciens, édifices publics et son musée-vitrine. Aux alentours, s'alignent des quartiers bétonnés en chantier, aux rues défoncées, sur fond de paysage aride et poussiéreux, où de chétifs acacias s'arrachent à un sol d'herbes jaunies et clairsemées.

Praia : c'est dans cette mégapole de 130 000 habitants que vit la majorité de la population du Cap Vert.  

En cherchant un cyber-café pour acheter un billet d'avion pour Sao Vicente, je rencontre un guide free lance, SILVIO, qui me convainc de passer une journée avec lui dans le nord.

 Petits métiers de la rue - La couture est l'apanage des hommes : ce jeune est Sénégalais et parle bien français.
Nuit au Praidise hostel à Praia - 15 € backpak confortable et coy, bon staff 
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Depuis le marché de SUCUPINO, Silvio et moi prenons le bus vers RUI VAZ pour 45 min de trajet superbe, ballottés dans un minibus où sont entrées 14 personnes : des roches basaltiques noires et arrondies se dressent comme des sentinelles de part et d'autre de la route sinueuse, sous une végétation semi-tropicale : des bananiers, des manguiers, beaucoup de canne à sucre !

Le COLLECTIVOS quitte la route goudronnée pour se hisser le long d'une route pavée jusqu'au village perché de RUI VAZ  .

On monte à pied sur la route pavée et raide vers le mont San Antonio, base militaire qui présente une vue *** sur les vallées en direction de Praia, et sur le point culminant de l'île, le Pico da Antonia,1394 m.

Ferme traditionnelle au-dessus de la vallée de Principal, côté nord de Santiago 
Ça rappelle les Fidji  de Viti Levu , cette végétation semi-tropicale et ce basalte foncé !

J'insiste pour redescendre en boucle vers la VALLEE DE SAN JORGE, par un sentier muletier qui coupe les champs et passe devant des fermes isolées; sur les toits sèchent du maïs. On arrive au JARDIN BOTANIQUE, oasis de fraîcheur ! Silvio me propose de retourner chez lui dans sa famille : j'accepte, voulant profiter de dormir chez l'habitant, et on s'accorde sur le prix pour une seconde journée le lendemain ! Son domicile se trouve dans un quartier populaire au nord de de Praia,ambiance Beyrouth :

Une cuisine bien équipée, une machine à laver ; on se douche au broc avec l'eau stockée dans un bidon de 100 l rempli chaque jour 

Une rue défoncée avec une ou deux épaves, aucun immeuble achevé ni même crépi, de la grisaille mais au rez de chaussée d'un immeuble de 3 étages, un appartement propret et bien aménagé de 5 ou 6 pièces, sans eau courante, ce qui est le lot de la majorité de la ville semble-t-il. Il y a l'électricité, un salon coquet avec canapé simili cuir et TV, des meubles vernis avec des Bibles, car la famille est évangéliste. Sa femme Lydia a une fille de 20 ans superbe, et ils ont eu ensemble 2 beaux garçons de 6 et 10 ans, Isaac et Joël ! On respecte le partage des tâches dans cette famille et les garçons comme les filles passent le balai.

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2 randonnées : 4h de marche environ (dont 2h30 de descente sur Principal)

Nous commençons par marcher vers le fond du canyon adossé à Assomada, la grande ville du centre de l'île de Santiago.

Assomada , ville du centre juchée sur un plateau escarpé de basalte.
Un faubourg d 'Assomada - le linge est lavé en bas de la falaise au grand bassin 
Bananier et papayer à droite. Les autres arbres sont de chétifs acacias. 
Une ville de plateau où démarrent de nombreuses randonnées.

Le panneau indique BOA GRANDE et l'intérêt de cette balade de 2 h en boucle est d'admirer le FROMAGER GEANT, arbre immense aux puissants contreforts de 50 m de circonférence !

Le fromager ou  Ceiba pentandra, Kapokier ou Arbre à kapok "bois coton", est  un arbre originaire du Mexique  

Il se trouve au fond d'une oasis merveilleuse et fertile où poussent des bananiers, manguiers, de la canne à sucre et des plantes à tubercules, maniocs et taros d'eau.

On descend à travers des plants de haricots aux fleurs jaunes pour atteindre l'immense bassin alimenté par une source puissante qui jaillit de la falaise ! Nous croisons de nombreuses personnes venues chercher de l'eau à la fontaine ; les femmes y lavent leur linges; les familles descendent avec des ânes bâtés et remontent avec des bouteilles à la main ou sur la tête.

Au fond du canyon, une oasis verdoyante, fraîche et fertile ! 

Déjeuner au marché, très animé et coloré par les boubous des femmes : assiette garnie copieuse avec poulet ou poisson et fajas (fèves - haricots), notamment les "combos", ronds et petits qui sont très appréciés (prix 150 CVE le plat, le meilleur coût possible)

Marché d'Assomada  - centre de l'île de Santiago - les faja, les fèves/ haricots sont la base de l'alimentation.

Nous reprenons un minibus pour le Parque Natural de la sierra de MALAGUETA à une demi-heure de route plus au nord ; la route grimpe un col jusqu'à un balcon au-dessus de 900 m; on doit payer un écot car c'est une réserve (200 CVE par pers) qui abrite 19 espèces d'oiseaux, dont huit endémiques - Une impressionnante falaise de basalte domine le village de PRINCIPAL, lové dans un cirque quasiment au niveau de la mer !

Les villages de la vallée de Principal  ne sont accessible qu'à pied -  On y cultive la canne à sucre pour préparer le "grogue"

On descend en compagnie d'un jeune garçon qui rapporte du poisson à sa tante sur la sente abrupte vers la localité de Principale, ou Chao d'Horta : superbe sentier étroit bordé de plantes grasses et aloès aux hampes dressées vers le ciel qui dénivelle de 700 m. En contrebas un canyon verdoyant où s'étage des maisonnettes en pierre et toits colorés, entre un dédale de sentiers car il n'y a pas de route – tout est transporté à dos d'hommes, ou sur la tête des femmes, à l'africaine!

Petite remontée entre les villages et les vergers, une pause dégustation de papaye proposée par une vieille femme qui écosse des faja /haricots, et nous apporte de l'eau fraîche! Au village, nous allons boire un verre dans un hôtel-bar-épicerie et boulangerie du hameau, chez Macolina et Luis ; je demande l'hospitalité pour la nuit et je suis accueillie à bras ouverts par ce couple de Cap-verdiens francophones qui a passé 30 ans en France à Monaco et Nice.

Pas de route avant le village en bas, direction Tarrafal à gauche - Luis arrachant son manioc à l'élégant feuillage découpé ! 

C'est là que je quitte Silvio; je repars de suite vers le fond du vallon pour aller nourrir la vache avec Luis; dans la ferme abandonnée des parents. La structure est conçue en U autour d'une courette, je remarque les petites ouvertures (peu de lumière mais on se protégeait du froid et du chaud), les toits en faible pente recouverts de tuiles rouge (paille à l'origine) sans débordement de toiture (l'eau s'évacue via un tuyau qui traverse le mur)

La vache de Luis  et la maison traditionnelle de ses aïeux,  désertée il y a 30 ans - vallées de Santiago

Ces vallées sont encore très habitées, malgré l'exode rural massif des années 1970 lié à l'enrôlement forcé pour la guerre en Angola, autre colonie portugais ! Je réalise ici que TOUTES les maisons achevées et crépies appartiennent à des expatriés qui rénovent pour leurs vacances la propriété familiale,,, D'où l'aspect désolé et hideux des bétons bruts qui défigurent les villes et villages des locaux,,, lesquels ont peu pour vivre - la nourriture est chère en particulier- et pâtissent de ces transferts d'argent d'Europe vers le Cap Vert.

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Il fait grand beau et je prends le petit-déjeuner avec Macolina sur la terrasse : elle me prépare un délicieux jus de goyaves/papayes/bananes/oranges accompagné du pain de la boulangerie et de 2 oeufs - Bien sustentée je remonte la vallée en rive droite par un superbe sentier puis je traverse le ruisseau en rive gauche. Parce que je suis "harcelée" par un jeune qui souhaite me servir de guide et me siffle sans cesse je renonce à aller en fond de vallée et décide de refaire la moitié de la montée vers la Sierra de Malagueta pour le plaisir de la montée raide et la vue ! En retraversant le ruisseau je rencontre Alvaro, un sympathique capverdien qui travaille à Rungis et anime une équipe de jeunes qui rénovent le bassin de rétention d 'eau : il me guide au fond de la vallée et me propose de rester manger avec sa famille : ils ont un repas de retrouvailles entre expatriés et famille restée au pays; les marmites distillent un excellent fumet mais je décline l'invitation, car je suis attendue par Macolina. J''apprécie de passer 20 minutes avec cette famille très typée africaine et chaleureuse, francophone de surcroît : femmes en boubou coloré avec un turban sur la tête pour porter des paniers de fruits, enfant sur la hanche emmailloté dans un tissu bigarré acheté sur les marchés aux africains de Dakar. Santiogo est la plus africaine des îles du Cap Vert ! On voit débarquer le jeune siffleur, qui se fait tancer vertement par Alvaro pour m'avoir importunée.

La spécialité de la vallée est la fabrication du GROGUE/GROG, eau de vie de canne à sucre très alcoolisé, qui va commencer début mars : on commence à couper des cannes mûres , elles seront broyées dans un engin traditionnel, le "trapiche" auparavant actionné par des boeufs, maintenant électriquement ; les hommes sont très friands de cet alcool très fort, plus goûteux en apéritif avec des fruits ! Luis en a un tonneau plein sur la terrasse, qu'il vend aux villageois qui ont épuisé leurs réserves ! Il m'a proposé de remplir mon thermos, mais je le préfère rempli de thé chaud! Le grogue la boisson nationale, dont elle constitue l'un des symboles culturels, au même titre que la cachupa (plat à base de haricots et viande/poissons/légumes) ou la morna( chant). Associé à la mélasse, le grogue entre dans la composition du ponche.

Retour à Principal après 4h de marche et quelques échanges en anglais ou français avec des jeunes dans les hameaux, je partage le repas avec Macolina : des délicieux "congos", du manioc bouilli, une patate douce et des abats de porc. Luis tient absolument à ce que j'emmène le manioc et la canne à sucre que l'on a déterrés la veille; cela me fera mon pique-nique du lendemain et je le cuisine à l'hôtel Praia d'où je repars très facilement dans un aluger, une camionnette bâchée colorée et personnalisé ("PSG" peint en haut du pare-brise) avec bancs en bois à l'arrière.

Sur la route du retour vers Praia  


Je passe par la côte, trajet long vers Praia car on attend 1 h que le minibus se remplisse,,, et décevant car les villages sont laids, la mer agitée et sombre, bordée de rochers noirs menaçantes où se fracassent les vagues! Je passe une soirée tranquille et sympathique avec les pensionnaires du backpackers, donc beaucoup ne quittent pas Praia !

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55 min d'avion de Praia à Mindelo, puis 1 h de traversée en bateau vers Santo Antao pour 780 CVE (la mer est souvent démontée et les capverdiens n'ont pas le pied marins => distribution de sachets au départ!) - Balade : 4 h

Vol vers São Vicente, à Mindelo, la seconde île la plus peuplée, dans le groupe des îles de Barlavento, au N-E de l'archipel. 


Mindelo, riche île  semi-désertique, très occidentale, où la population se concentre autour du port de Sao Vicente.

Nous sommes accueillis à Santo Antao par des cohortes d'"alugers" flambant neufs dont les chauffeurs courtisent les nombreux touristes sur cette île dédiée à la randonnée.

 Je me fais déposer à CURRAL DAS VACAS, hameau proche de RIBEIRAS DAS PATATAS, devant le panneau de CINQUE COCHETE 
La table d'hôtes CINQUE COCHETE est un lieu idyllique, très moderne, à vocation de développement socio-économique  

Dominique et Jacques, un couple de Suisse retraités soucieux d'aider durablement les populations locales vient d'achever ce superbe bâtiment. Ils emploient une partie des villageois en les formant. Je reçois un accueil très chaleureux et j'occupe un studio annexe.

Vue superbe depuis l'immense terrasse sur des pics de basalte très effilés et originaux qui émaillent la colline en face.

L'appartement de la maison  annexe. 
Le défi à relever est d'irriguer grâce à des levadas et des réservoirs qui permettent d'acheminer l'eau depuis la montagne. 

La propriété de plusieurs hectares, au cœur d'un cirque immense, est très bien orientée, tournant le dos à une immense falaise de plusieurs centaines de mètres. Dîner dans la vaste salle à manger ultra "design" : une table en béton d'une seule pièce de plusieurs mètres de long trône au milieu d'un espace épuré gris clair. Jacques aime jardiner (oh les bonnes fraises !) et coordonne les équipes d'ouvriers et de jardiniers.

Après une pause de 3h je fais le tour de la vallée pour remonter les LEVADAS, canaux d'irrigation qui desservent les zones de culture, dans un cadre merveilleux de bananeraies, champs de manioc, de taros et fajas.

Quel travail admirable qui nécessite un entretien permanent dans cette région très aride mais où les pluies diluviennes lessivent les sols et emporte les routes et sols ! Ainsi on croise en matinée des groupes de villageois qui réparent la route en posant des pavés et en créant des rigoles pour canaliser l'eau . Ce travail constitue une petite source de revenus car ils sont payés par la commune ; hommes et femmes peuvent participer. Le paie est autour de 2000 CVE pour la matinée de travail. Dominique négocie avec un jeune du village de me servir de guide et je prévois de partir une ou deux nuits en autonomie avec mon sac à dos après l'ascension du sommet.

c'est le printemps, après la saison des pluies qui ravine tout.
La toiture traditionnelle  en chaume
Une levada, canal d'irrigation cultiver en terrasses.
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Au-dessus de curral das Vacas se trouve le plateau de Norte et le sommet de l'île, le Tope de Coroa, qui sera le but de ma première étape de 3 jours de randonnée en autonomie. Accompagné d' un jeune du village, je gravis les 700 mètres de falaise le long d'un sentier parmi les plus spectaculaires du Cap-vert, indécelable depuis le bas, en balcon au-dessus de Ribeiras de Patatas.

On met 1h15 pour arriver au plateau de Norte par le sentier muletier en rénovation

Nous poursuivons un faux plat descendant vers le petit village de CHAL DE FEJOAL atteint en 40 minutes où que je dépose mon gros sac pour ne prendre que le pique-nique. Nous continuons en direction du sommet non visible parmi les croupes de collines!

Le départ se fait derrière la coopérative épicerie et pendant une demi-heure environ nous cheminons dans le lit de la rivière pour rejoindre une sente bien marquée.

Boucle par un itinéraire hors sentier, dans la pouzzolane : poussière de lave à gros grains où nous enfonçons jusqu'aux chevilles 

Le paysage devient époustouflant : aridité et intensité des couleurs par ce jour de plein soleil mais venté

Il ferait rarement beau  en ce lieu de collines douces et de vallons successifs , réputé brumeux et "paumatoire"
Au second  sommet le  vent souffle à 120 km ! Je tiens à peine debout, courbée pour la photo !! 

Le pique-nique va donc se faire au fond du cratère rempli d'une belle herbe vert tendre; l'ensemble du paysage est sublime avec des camaïeux de vert, rose, bordeaux, beige et jaune.

à droite, vers Norte - La mer et le ciel se confondent 
Une véritable palette de peintre se déploie sous nos yeux. Un buisson endémique d'euphorbe géante !
Partis à 7 h, nous avons atteint le premier sommet à 11h15 , le second à midi .
A la redescente , la beauté du paysage s'impose , notamment avec un superbe volcan circulaire de couleur rose 

Comme le "prétendu guide", qui a découvert le sommet avec moi, s'accroche à moi, je refais mon sac, achète des sardines et du pain à l'épicerie pour repartir en direction du COL DE MARTIENNE, à 15h. C'est un peu une gageure car il est tard, mais j'ai encore envie de marcher et la météo est optimale.

Hameau de CHAL DE FEJOAL : Il y a une épicerie et une maison avec une chambre au confort rudimentaire . J'ai continué mon chemin.
   Ma seule rencontre : un âne - J'ai adoré cette solitude bienfaisante qui donne confiance en soi et apaise. Liberté totale !

J'ai eu du mal à trouver le bon chemin entre 3 sentes possibles, ai tenté de descendre dans un canyon pour rejoindre un hameau aperçu en contrebas : hélas une chute d'eau de 10 mètres dans le canyon m'a empêchée de passer : J'ai joué ; j'ai perdu ! Et gagné une remontée de 200 mètres de dénivelée très raide ! La fin du parcours s'effectue dans une vire de falaise spectaculaire qui domine de 700 mètres le village de Martienne.

Lorsque la lune paraît, ronde et dorée, il n'y a aucun endroit pour bivouaquer sur la vire très étroite encombrée de pierres  

Je bénéficie d'un clair de lune sublime qui va m'éclairer toute la nuit et projette une ombre sur la falaise en face en forme de visage. Je suis soulagée d'arriver à un col étroit et herbeux pour un bivouac étoilé.

 J'ai un bon duvet en plumes dans mon sac, une bâche et un matelas pour m'isoler du froid...Moins de 9 kg sur le dos et ça suffit 
Je m'installe le long du mur d'une ancienne cabane en ruines, pour ne pas rouler dans le vide !   Encore un âne !

Ce jour-là, j'ai marché 6h30 pour faire le TOPE puis 4h pour rejoindre mon bivouac, ce qui fait 10h30 de marche intense mais sublime. Le col où je dors se trouve à 1100 m et la nuit est douce et étoilée.

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Le matin, petit-déjeuner très frugal de pain et eau froide, je descends le sentier très scabreux qui me conduit du col à 1100 m au village de JORGE LUIS : effondré à trois endroits, ce sentier DANGEREUX est constitué de vires étroites au-dessus de plusieurs centaines de mètres.

La fin est plutôt aisée, serpentant entre des terrasses superbes et des cheminements d'eau bien entretenus. 

Comme je demande un endroit où prendre un "pequeno almosso" une jeune dame me répond que c'est à 10 km mais elle a pitié de moi quand je lui montre mon itinéraire de descente,,, plus personne ne l'emprunte seul suite aux effondrements. Elle m'invite donc à rentrer chez elle et me prépare ma première Cachupa, accompagnée de pain, d’œufs brouillés, d'une papaye et de l'eau chaude.

Repue et propre je continue ma route vers Altamira sur un superbe sentier facile qui chemine le long de superbes terrasses sur les flancs d'une vallée hérissée de sommets pointus et secs, qui rappellent les Dolomites.

Canne à sucre en terrasse - Vue vers Alta Mira 2 

Comme je passe à côté d'une ferme, la mamie m'offre de l'eau dans son salon, au frais, et me propose de déjeuner chez elle. Je décline puisque je sors du repas; elle me dit qu'elle priera pour moi car je suis seule et que c'est dangereux . Plus loin, au col,une bourrasque de vent violent m'a même jetée au sol !

Sentiers muletiers  vers la côte nord de Santo Antao

Arrivée à Altamira 2 : c'est le terminus de la route carrossable ; je m'adresse à une famille pour un hébergement. Leur fille me conduit jusqu'à un magasin qui sert de discothèque : c'est là que je dormirai pour mille escudos, sur le carrelage de la salle de danse !

J'ai dormi sur le sol, mais il y a des chambres pour les voyageurs...( portes blanches) 
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6h50 : Le jour pointe à peine; je mets 45 minutes pour rejoindre l'attaque du sentier qui part d'Altamira II et rejoindre le Salto Preto au nord, un vaste plateau accessible après avoir gravi 700 mètres de falaise abrupte. Je mets 1h15 pour monter en talonnant 3 garçons qui ont un panier à provisions, car j'ai grand faim !

Le sentier grimpe en zigzag, plein sud, partir tôt ;  bien tracé, le sentier est exposé à la descente, sans garde-corps !
Dans une bergerie, on me sert un "cachcabra" et des biscuits sec étouffe-chrétien mais nourrissants, de l'eau chaude et du sucre.
Jeux d'ombres le matin vers le nord et la mer ! Oui, il y a bien des chèvres qui paissent ici  et une famille qui y vit !
La vue y est panoramique***. Le second sommet de l'île n'est pas loin, à droite de la photo, c'est le Gudo de Cavaleiro, 1 810m. 
Croupes désertiques sans village à l'horizon !                 Des lavandes locales et la vue vers Alta Mira II

Je repars vaillamment vers le plateau au Nord-Est pour faire une boucle d'1h 30 en direction d'une antenne que l'on voit depuis Altamira. 45 minutes de descente et on m'offre la comida à l'épicerie : "tu paieras la prochaine fois" dit la propriétaire ! Une étrangère seule en montagne, ça impressionne !

Parmi les plus belles terrasses du Cap Vert  - Vers la mer, on circule à pied ou en âne, il n'y a plus de route carrossable.
Levadas en balcon, entretenues en permanent par les villageois  qui se relayent. L'eau, c'est la vie !
Paroi vers le plateau - devinez où ça passe !   L'eau coule à flot à Alta Mira II 
Contrastes :  crêtes désertiques, sommets pelés et oasis avec terrasses !

Je pars vers 16h sur la route magnifiquement pavée pour monter à un col étroit qui permet de changer de vallée .

De nombreux touristes français pratiquent la randonnée itinérante en dilettantes, sac à dos léger et logistique d'une agence.  

Le superbe sentier muletier est encadré de pics de basalte pointus spectaculaires qui portent des ombres menaçantes sur la riante vallée d'Altamira en contrebas. Le matin, j'étais en face !

Sentinelles noires et dernier coup d’œil  en fin d' après-midi depuis le col /brèche en U  qui bascule vers  Ribeiras de Patatas 

J'espérais trouver au col un coin de bivouac vers Joao de Bento pour bénéficier du soleil tôt le matin, mais le sol est tellement rocailleux et pentu que je dois descendre en direction de Cha de Morte : toutes les terrasses sont occupées par des cultures et je m'installe dans un champ .

Au centre gauche, on devine le col en U , brèche entre des pointes hérissées de basalte

Ce sera ma deuxième nuit de bivouac; elle est douce mais au matin, je suis complètement trempée dans mon "lit" d'herbes sèches. balade : 7h30 de marche plus 2h30 au village après le retour

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Samedi 14 janvier : retour à CURRAL DAS VACAS après le trek de 3 jours.

Traversée du canyon sec vers Curral das Vacas , entre les "picos" et les murailles de roches

A 8h, je suis debout, mes affaires trempées de rosée, émerveillée du sublime lever de soleil : jaune orangé avec en ombres chinoises des pics noirs acérés comme des crocs ! 1h30 de descente, le long d'un joli canyon, et j'achève mon périple de 3 jours en autonomie : retour au village de CHA DE MORTE, étiré le long de la grand route.

On m'envoie "Chez Lyzzie" pour un "pequeno almosso" : une charmante jeune femme de 27 ans, très entreprenante, qui a appris le français avec les touristes ici et gère de façon très professionnelle ses chambres et table d'hôtes. Sa maman me prépare une cachoupa avec de l' œuf, et je déguste un bon gâteau accompagné d'une papaye, mais aussi du fromage de chèvre et du pain. C'est très copieux et pas cher du tout (200 CVE), un record pour la qualité de ce vrai repas !

On prend les repas dehors sur une terrasse sous la treille de vigne ou dans un grand salon qui semble réservée aux invités ! 

C'est une excellente adresse pour un hébergement bon marché : chambres modernes avec une salle de bains privée - la demi-pension pour 2016 CVE - pique-nique pour 500.

Je retrouve avec plaisir Dominique et Jacques à Cinque cocheta, au hameau de CURRAL DAS VACAS:

 Ultra "design" : une table en béton d'une seule pièce de plusieurs mètres de long trône au milieu d'un espace épuré gris clair 

Je profite pour me reposer, faire ma lessive qui sèche express sur la grande terrasse de béton puis je suis invitée pour le repas de midi, avec un marocain et un cap-verdien qui vivent en Hollande; le soir également avec un couple de Hollandais randonneurs. Avec Dominique, on va ramasser des fraises et nourrir vaches les chèvres. J'apprends que de nombreux candidats à l'immigration sont partis au Luxembourg ,en Belgique ou en Hollande. Balade : 2h, petit journée !

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Balade 3 h : Jacques et Dominique ayant exprimé le souhait de monter un jour vers l'aiguille creuse de basalte qui domine le cirque, je décide d'y monter et de repérer un itinéraire.

Pour atteindre l'aiguille, le seul obstacle possible est un petit pas d'escalade facile 

J'y parviens au terme d'une ascension d'une heure qui me conduit en 40 min à une petite selle sur l'arête, puis au pied de l'aiguille,,, et de 45 minutes de descente plutôt aisée finalement. Une plante rupicole très spécifique recouvre les rochers alentours : formant des phalanges, elle étend ses tentacules vertes sur plusieurs mètres et contient un suc blanc qui tâche,,,

Petite rallonge ensuite sur les crêtes en face du collet; j 'espère trouver un passage aisé pour faire une boucle, mais tout est pourri, déversant et je préfère ne pas insister,,, Farniente et jardinage avec désherbage des fraisiers, qui en ont bien besoin, et lecture ensuite : une après-midi tranquille dans un cadre idyllique.

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Je repars le matin en 4x4 pour Porto Novo, puis un aluguer me monte à COVA DE PAUL (bus rempli de touristes car c'est la zone la plus fréquentée en arrivant sur l'île de Sao Antao !). On remet des épaisseurs au fur et à mesure des lacets du col de l'ancienne route qui grimpe sur 1000 m (la nouvelle route contourne la montagne le long de la mer grâce au perçage d'un tunnel !)

Conformément à la réputation du lieu, changement de climat : brouillard et froid vif !   Descente sur Cha de Manuel dos Santos.

Beaux coups d’œil néanmoins sur la COVA DE PAUL, un "cratère" ourlé de pins sombres enturbannés de nuées, qui forme un vaste doline cultivée, très verte. Une ou 2 maisons seulement car les villages sont un peu plus loin,,, La descente raide du chemin pavé vers le hameau de CHA DE MANUEL DOS SANTOS ne se prête guère aux photos car l'atmosphère est laiteuse, chargée d'embruns, et pour certains touristes âgés c'est une torture pour les genoux, pavés et dénivelé obligent !

1 h de descente et 20 min sur la route pour rejoindre le restaurant, c'est durant cette descente que l'esprit a changé. Je me retrouve dans un lieu hyper-touristique, donc le regard des gens est différent : certaines personnes ont mendié, les "bonjour" ne trouvent pas d'écho,,, Nous sommes des nantis qui passons nos journée à marcher de façon gratuite, entre 2 bons repas; eux le font pour aller biner et irriguer les champs pour assurer leur subsistance; on croise des gens qui cassent des cailloux sur la route pour manger; cela génère un certain malaise forcément !

La couleur sur les habitations égaie le paysage vert et marron .  Césaria Evora, Mandela et  Bob Marley  en super vedettes  !

J'entends parler d'un restaurant réputé et pas cher, et je fais un petit détour, car le restaurant français a sa cuisinière en maladie! Bon choix, car le cadre traditionnel du Curral (" l'étable") regorge d'objets et outils anciens; la cuisine au feu de bois s'avère en effet excellente de variée : de petits plats à 250 escudos qui permettent de goûter aux spécialités locales.

Au restaurant El Curral , la responsable est allemande, les clients sont des touriste , et des locaux gèrent les fourneaux! 

Rassasiée et avec des réserves d'eau, je reprends le sentier (raidillon -1h) vers le col de Pico d'Antonio qui remonte vers SANTA ISABEL, zone très isolée accessible uniquement à pied ; pause de 30 min dans une maison/débit de boissons pour boire un coca : vue imprenable sur les 2 vallées de part de d'autre d'un fil d'arête s'alignent un chapelet de maisons blanches ... magnifique !

Montée vers Santa Isabel

Encore 1 h vers le hameau aux maisons disséminées derrière le col de Santa Isabel

Non, ce n'est pas Machu Pichu en bas...

Au bord du sentier, une bicoque en paille et terre, avec des annexes en roseau, et une femme qui balaie à côté : Paula s'adresse à moi pour me demander où je vais, et me fait comprendre que c'est loin, qu'il fait mauvais ( la bruine n'est pas loin de se transformer en pluie) – il est 15 h et plus, elle me montre une chambre proprette avec un lit et 2 ou 3 meubles dans sa case, je suis ravie de l'opportunité de dormir chez l'habitant d'un des coins les plus reculés de l'est de Sao Antao !

Chez Paula , un accueil simple et attentionné...

L'habitation-ferme de montagne est composée de 2 cases en dur, probablement en terre recouverte de chaux blanche surmontée d'un toit-terrasse ; on y trouve les chambres : un lit et une table avec (au mieux) une seule chaise et un meuble à 2 ou 3 étagères pour disposer les bibelots, photos et les fleurs synthétiques. Un fait qui m'a frappée, c'était que c'était très propre à l'intérieur et l'extérieur des maisons ! On utilise en pot de chambre et une bassine pour se laver; la cuisine se trouve entre les deux autres cases ; c'est une paillote en pierres au toit pointu de paille.

Pause toilette : Paula insiste pour me faire chauffer de l'eau, placée dans la bassine de la chambre, puis je repars vers un village en contrebas, où je vois des ânes et des personnes chargeant de l'eau à une source maçonnée au jet puissant!

Les maisons accrochées aux flancs de la montagne, la source en bas ! 

Dénivelée de plus : - 100 m et + 100 m et idem au retour de chez Danina, jeune femme (institutrice?) à qui j'ai "donné la main" pour porter l'eau : elle avait 10 l sur la tête, et j'ai porté les bidons de sa petit fille,,, au moins ici l'eau coule en abondance. En revanche, pour la corvée de bois, c'est plus compliqué, et la fille de Paula va loin pour rapporter le précieux combustible avec lequel on se chauffe et cuisine !

Corvée d'eau 

On passe la soirée dans la case en paille où brûle un bon feu. Paula mitonne un pot au feu de légumes et fèves que l'on déguste ensemble, Paula, ses 3 enfants et moi . Balade : 4h10 puis 1h15 le soir

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Balade : 2 h en ville

Le lendemain matin le soleil brille .... par son absence! Et une fine bruine m'oblige à sortir ma cape. J'emprunte un sentier étroit qui ondule, monte et descend entre les croupes d'herbes jaunies et de terre latéritique glissante, croisant des habitations aussi « pauvres » que celle où j'ai dormi. Toutes sont aussi bien tenues et esthétiquement agréables.

Le fils de Paula 

Je traverse une gorge très profonde sur une sente étroite où je croise un père, son fils et leur énorme vache ! Le gosse d'une dizaine d'années n'est pas à l'école mais il faut dire que le parcours est particulièrement sportif pour rejoindre l'école où j'étais hier soir ; le temps est probablement de 1h minimum aller !

J'ai passé une excellente nuit Chez Paula, sans bruit ni souris , dans un lit confortable. Le petit-déjeuner a été identique que celui du soir et je repars vers 8h30 pour Janela, où je vais arriver à 13h30 au terme d'un dénivelé cumulé important, car ce sont de vraies montagnes russes ! Durant 1h, je perds la trace et me retrouve en équilibre dans des pentes mouillées très raides et herbeuses. Une erreur que de ne pas revenir sur ses pas dès que l'on sent que ce n'est pas le bon chemin!

Je croise quelques paysans qui travaillent leurs champs et me font des saluts cordiaux. Je découvre Janela, coincée dans une vallée étroite sur une bande de territoire noir et austère battu par une mer déchaînée. Et loin... tout en bas, la nouvelle route ! Au fur et à mesure que je descends dans le village très étalée, le comportement des personnes rencontrées change de nouveau : enfants et adultes, habitués aux touristes de passage, ont tendance à mendier et notamment les enfants sont particulièrement désagréables et insistants."Bonjour ! Monnaie " "Comment tu t'appelles ? "bonbon"leur semblent des sésames pour glaner piécettes ou sucreries.

Le haut du village n'est pas accessible en voiture et sur les 200 derniers mètres je descends le long d'un superbe sentier muletier bordé d'un mur en pierres sèches bien entretenu qui me mène jusqu'à la route Porto Novo - Ribeira Grande.

L'association française Vert d'Espérance a crée dans les village des jardins d'enfants car la maternelle n'existe pas. 

De là je prends un minibus qui me conduit à un restaurant pour les touristes . Encore une bonne adresse : repas à 350 $ .Le même chauffeur propose de me ramener sur Ribeira Grande où je vais passer la nuit. La ville me semble beaucoup plus jolie et colorée que Janela. J' assiste à une course de chevaux où toute la ville s'est donné rendez-vous pour déguster des sucreries, des bières, des crêpes, en tenue du dimanche.

Un bord de mer peu attrayant ...

Je m'installe pour la nuit dans le « residencial Ribeira-Grande » (2100 $ ) ce qui est très peu cher par rapport aux prestations offertes : une chambre individuelle avec balcon plutôt luxueuse, douche privative…

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Randonnée en boucle de 6 h, de Espongero à LOSNA => prononcer « LOCHNA »

En minibus, je remonte vers ESPONGERO par la route mythique de Corda : elle se tortille sur 1000 m de dénivelé à travers nuées et frimas. Le trajet obéit à un prix fixe de 250 $ : l'île de Santo Antao est celle qui respecte le plus le prix fixé pour les touristes ; c'est très appréciable.

Visite avec Alain de la chambre d'hôte où je pose mon sac. Installé ici depuis des années avec sa femme cap-verdienne et leurs deux enfants, il a construit de ses mains son gîte style maison du facteur Cheval (côté hétéroclite des matériaux). La grosse villa avec terrasse panoramique bénéficie d'une situation très privilégiée avec une jolie vue sur une plaine arborée et le soleil couchant.

Je vais occuper une chambre dites du Routard pour 18 €; les autres chambres sont autour de 25 à 30 € .

vers le N-est 

Les pins sombres en bosquets sur la plaine ondulée convoquent le souvenir du Jura ! L'atmosphère y est aussi frileuse dès 17h quand le soleil baisse ! On aurait apprécié la chaleur d'un poêle le soir !

Vers le Sud- Ouest : un petit air de jura ?? 

Je projette de descendre au village de LOSNA : un long déroulé de sentier pavé avec des escaliers ... où les marches sont plutôt hautes pour les petites jambes. L'itinéraire est un peu compliqué malgré le plan d'Alain, et je perds une heure environ pour remonter après la traversée du béal et trouver le passage clé pour rejoindre le hameau de RABO COURTO.

La sente est devenue très étroite suite à des effondrements. Je ne trouve personne pour me servir à manger au village. une femme me poursuit en criant "photo, photo" avec son enfant dans les bras, je fuis ! Je me décide à sortir mon frugal pique-nique sur un escalier tout en haut de l'unique ruelle du village. En face, se trouve une épicerie et Olympe, le propriétaire, m'invite à m'asseoir à l'intérieur pour manger devant une table à la belle nappe rouge à carreaux.

Je lui achète un paquet de gâteaux et une boisson chaude. Sur ses étals un peu de lait des biscuits secs, des oignons des boîtes de sardines, du papier WC … somme toute plus d'espace vide que de denrées !

Le hameau  isolé de RABO COURTO, accessible à pied.
 Des superbes vues aux contrastes saisissants - début de la descente vers Losna, avant le village décrit ci-dessus !

J'ai mis un peu plus de 5 heures pour faire cette boucle et il faut compter 1h45 pour remonter jusqu'au col au-dessus du hameau puis 40 minutes de route pour rejoindre ESPONGERO et boucler la belle boucle.

Une des plus belles randonnées de l'île. Incontournable !
Des terrasses parfaites, et des canaux d'irrigation efficaces, au prix d'un labeur acharné, avec une pelle et une pioche !

Derniers rayons du soleil sur la terrasse puis nous partageons, avec la dizaine de touristes allemands et français présents- un excellent repas à 10 €. Alain et Lucie nous servent un excellent apéritif de grog amélioré parfum « maracuyas » ( fruits de la passion) ou goyaves.

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Balade : 3 h plus 1 h de route - 1h30 en ville -TOTAL 5h30

Après un très copieux petit-déjeuner de confitures locales et pain maison, je quitte la casa ESPONGERO d'Alain à 8h00 : descente de 1000 m vers la vallée de Joao Alfonso, en direction du nord de l'île. Le temps est beau mais le vent fort, il fait bien frais pour marcher et je mets 3 heures par le bon sentier dont la trace est cependant difficile à suivre au début, une fois dépassé le grand bassin de rétention d'eau et la vaste plaine.

Beauté sauvage de la nature et âpreté d'une vie isolée pour les humains. 

J'arrive alors au grand village de MANUEL RIBEIRA où je déjeune à la Casa de Mimi pour 500 CVE, car il n'y a pas de minibus...Le repas, servi sur une terrasse, est impressionnant par la qualité et la quantité des mets mais aussi par le service impeccable digne d'une table d'hôtes : petites assiettes bien présentées, serviettes colorées, eau minérale, une entrée, un copieux plat de poisson et légumes variés, patates douces, puis desserts au choix, le tout préparé avec soin par Mimi, ancienne fonctionnaire que son fils a placée aux fourneaux quand il a monté son activité freelance de guide : Sergio parle très bien français, même s' il propose ses services essentiellement à des randonneurs anglophones.

Village de MANUEL RIBEIRA où je déjeune, à la Casa de Mimi  ! 
Les fameuses terrasses du Cap Vert 

Au moment où je descends dans la route principale pour une heure de marche je rencontre Adélino, un militaire atypique qui joue de la flûte à bec ! Lui avec son gros barda de 20 kg, et moi mon sac de 8 à peine, nous marchons ensemble sur la route jusqu'au hameau suivant (1 h) pour monter dans un 4 x4 bâché: la carriole sautille sur les pavés et il faut s'accrocher aux barres de fer, mais j'apprécie le paysage car on est en balcon sur la large vallée, que l'on remonte par le fond vers Ribeira Grande à l'est.


Des effondrements de la route témoignent des crues destructrices qui ravinent chaque année le paysage  

La zone semble assez fertile et les maisons sont pimpantes, mais le sol sec : le Cap Vert est un pays tari par la "Sahélisation" depuis 15 ans, et de surcroît soumis à un lessivage des sols dès qu'il pleut sur les terres trop desséchées.

On change de bus à Ribeira Grande et 45 min plus tard Adelino me trouve une Pensão (pension)/zimmer (« chez Dedey » ) bon marché à Ponto del Sol: tenue par une dame âgée qui vit avec ses petits enfants dans une immense maison ancienne aux meubles 19° ; la chambre est spacieuse, bien ventilée avec une salle de bains et je bénéficie d'une courette fleurie à l'entrée, protégée du vent pour lire au soleil ! C'est à deux pas du centre-ville, en face de la caserne des pompiers ; le tarif est de 2000 escudos avec le petit-déjeuner (servi avec napperons dans un salon meublé de vieux meubles foncés et brillants).

Une ville en pleine expansion  touristique - Adelino le militaire musicien 

J'apprécie bien cette petite ville de Ponto do Sol : colorée par ses maisons neuves, elle devient très touristique grâce au bord de me et au retour au pays de nombreux expatriés; la plupart des immeubles et "residencials" ( hôtels) sont neufs! Le seul inconvénient reste le vent qui est très décoiffant et permanent.

bateaux colorés, petites barques peintes en vert jaune ou rouge, estampillées aux prénoms féminins. 

Le centre-ville est coquet, autour d'une place avec de grands bâtiments blancs et des cocotiers. Un mignon petit port égaye le bord de mer avec ses bateaux colorés, petites barques peintes en vert jaune ou rouge, estampillées aux prénoms féminins. Néanmoins le rivage n'est guère propice à la baignade à cause des roches noires et des forts courants... Sur l'ancien terrain d'aviation désaffecté (suite à un crash très meurtrier) on observe beaucoup de capverdiens occidentalisés qui font leur jogging et utilisent les agrès de musculation flambant neufs.


Je repère avec Adélino le départ de ma randonnée du lendemain; je le quitte en lui laissant un petit pourboire.

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Balade : 8h30 AR- environ 30 km- AR Ponto do sol vers Cruizinha (côte nord-est)

Aujourd'hui, c'est jour férié, jour des héros de la Nation. Pas de transports donc et les magasins fermés! De 8h à 9h je suis la route -piste qui monte à FONTAINHAS , magnifique village coloré accroché aux falaises et passage obligé pour les randonneurs à San Antao .

piste qui monte à FONTAINHAS 

L'image des villages des Cinq Terres en Italie s'impose, par l'aspect pittoresque des échelonnement de maisons ; cependant c'est plus austère à cause de l'aridité des sols et du bord de mer noir (200 m en contrebas la plage de galets est battue par les vagues)

Maisons colorées; un écrin de terrasses gagnées sur des pentes abruptes, hérissé de pics bruns et pointus. SAUVAGE ! 

Je chemine avec un groupe de cap-verdiens habitant le Luxembourg qui se sont mis à la randonnée, devisant en marchant tranquillement avec des bâtons neufs ! Les premiers que je vois marcher pour le plaisir, car souvent les expatriés de retour en vacances ou retraités n'ont pas plus d'habitudes de tourisme que les locaux ...

Je sympathise avec Carmen, une dame de 55 ou 60 ans qui a connu le village quand elle avait 10 ans. A l'époque, les cascades alentours étaient alimentées et elle se souvient de ce cirque comme d'une oasis de verdure ! Actuellement, il n'y a quasiment plus d'eau et le village niche dans un écrin assez désertique comme l'ensemble du Cap-Vert, en sursis grâce au tourisme ! On peut y loger, il y a des logements et chambres.

Le sentier est très spectaculaire puisqu'il est taillé dans la roche et se trouve la plupart du temps en balcon dans les falaises 

Je rencontre Vitoun, un jeune français d'origine asiatique qui profite de son chômage pour voyager et randonner : nous marchons très très vite en papotant le long de cette côte déchiquetée aux hautes falaises de roche détritique, parfois de conglomérat. ; la zone est peu habitée mais on trouve quelques hameaux accessibles à pied, où manger et boire un "tcha" ou un café.

Le vent forcit, il fait beau mais frais; je fais une pause pique-nique juste avant le village de Cruzinha, au niveau d'un hôtel neuf et alambiqué construit sans respecter le style local et que j'ai pris pour un phare : la piscine ne doit pas servir souvent vu le vent !

Personnellement, je m'arrête là et préfère faire demi-tour par le même chemin : j'ai peur de ne pas trouver de navette (jour férié = aléas!) pour rentrer à Ponto do Sol où j'ai choisi de repasser la nuit et c'est le seul jour où je marche en bord de mer ! Vitoune continue.

Je vais mettre 4h pour rentrer (de 13h à 17h) et je serai cette fois-ci encore en bonne compagnie puisque je rencontre dans un débit de boissons un couple de Saint-Égrève qui marche très bien et aime discuter.

Ce fut une journée de 8h30 de marche pour 30 km voir davantage aller-retour avec 500 m de dénivelé et 500 mètres de descente à l'aller et au retour/ Soirée tranquille au village à me promener le long du port avec mon appareil photo.

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Balade : 4h30 Je quitte la pension Dedey si calme et plaisante à 7h30 pour prendre un aluguer qui me ramène par la route côtière, via Janela, au bateau à 9h. Je repars sur l'île de Sao Vicente

Logement chez chez Ana, dans une maison décatie au charme antique mais qui a l'avantage d'être quasiment au centre-ville, en haut de la rue du Palais-Royal tout rose et flambant neuf. J'aime beaucoup la convivialité et l'esprit familiale qui règne dans la maisonnée.

Je décide donc de visiter la baie de Gatas un peu plus au nord de l'île, du reste toute petite. Je hèle un bus que je pensais être un "collectivos" et qui s'avère être un taxi à 10 € pour la course en solo ! Je descends donc et me dirige vers les collines au-delà de la route.

Un paysage minéral et semi-désertique dès que l'on quitte La ville 

Je fais une très jolie randonnée de 3h vers un sommet tout pelé où culmine une antenne, sous le mont Verde à 2 encablures de là. C'est lui le sommet de l'île! De là, j'ai une vue panoramique sur quasiment toute l'île, qui est la fois plane et montagneuse par ses sommets pointus volcaniques situés de toutes parts.

Pique-nique à l'abri du vent derrière le mur qui domine la falaise car le vent est vraiment très fort, une spécialité de MINDELO. 

La marche est facile car le sol est semi-désertique, un peu hérissé de plantes piquantes que je dois éviter et de cailloux acérés. Mais au moins, c'est l'aventure et je suis en pleine nature, avec des vues sur la ville époustouflantes au fur et à mesure que je grimpe !

Retour par un quartier populaire du centre-ville, en traversant des zones de semis bidonvilles .

L'île de Sao Vicente (24 sur 16 km) est certainement la plus riche de toutes et celle où le mode de vie des habitants ressemble plus à celles du monde occidental. Les gens sont bien habillés, style citadins et les maisons pimpantes aux façades très colorées étagées derrière un port très animé rappellent les petits villages d'Italie. C'est néanmoins suffisant d'y passer deux ou trois jours car tout apparaît un peu surfé et superficiel au final et il n'y a pas grand-chose à y faire à part du shopping et aller au restaurant. Même la tradition musicale qui est mise en avant semble avant tout destinée aux touristes.

Je fais un petit crochet par la plage de Lagingha au sable blanc !

Mer d'huile, des touristes en doudoune pour le bain de soleil et deux ou trois courageux dans l'eau pour une courte trempette !

L'Alliance française est très sympathique : une riche demeure ancienne entièrement rénovée, du wifi gratuit, une bibliothèque bien pourvue, et le restaurant confirme cette bonne impression.

L'Alliance française : L' accueil est cordial, wifi -  le repas au restaurant à midi et le soir est délicieux (pour 500 $).
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Balade : 4 h (sans la ville) - Je fais environ une demi-heure de bus pour l'extrémité nord-est de l'île vers le village de Calhaut, un tout petit un village de pêcheurs où les expatriés de retour au pays ont construit de grosses villas bien cossues enfermées dans des murs !

Au-dessus des quelques maisons trônent deux volcans pelés de 140 mètres, cônes parfaits d'un beau gris anthracite. Je les gravis tour à tour en compagnie d'un retraité des ambassades en Italie.

Nous faisons une boucle pour rentrer par le bord de mer : la fin s'avère un peu délicate car il y a eu l'an dernier un gros effondrement de centaines de mètres cubes qui a laissé une immense excavation circulaire dans la pente du volcan côté mer. L'accès au village nécessite un petit pas d'escalade facile, après une cinquantaine de mètres dans des éboulis noir et de la lave ... au-dessus d'une mer houleuse !

Un petit pas d'escalade après une cinquantaine de mètres dans des éboulis noir et de la lave, au-dessus d'une mer bien houleuse ..

Mon compagnon est entré dans un jardin en pensant que c'était un bar; les gens faisaient des grillades et on nous a proposé de manger un petit bout de bœuf grillé, délicieux . On lui a même proposé une bière. Avant de repartir nous discutons encore avec un couple - qui nous propose aussi de manger ! Lui est italien de Naples, elle cap-verdienne vivant en l'Italie. Ils ont rénové la maisonnette familiale pour leurs vacances. Ces invitations à boire ou à manger sont une constante chez les Capverdiens aisés et cette convivialité naturelle et désintéressée est fort appréciable.

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balade : 1 h en ville + 2 h => 3 h

Une fois les billets pour Fogo achetés (en agence et surtout pas à la compagnie locale qui surfacture), nouveau départ pour SAO ANTAO. Le bateau pour Sao Antao fonctionne bien lui, et je le reprends à 14h. : visite de la ville de Porto-Novo où je n'ai fait que passer : une bourgade de pêcheurs et de personnes vivants du tourisme, un hôtel pour touristes, plusieurs restaurants mais c'est une « passerelle » où les touristes ne font généralement que transiter, car le réseau d'hébergement est bien étendu sur l'île, où l'idéal est de randonner ou en étoile ou en itinérance.

Ici habitent les paysans des hameaux désertés  ou privés d'eau par la sécheresse; ils montent cultiver les champs en  saison. 
Antonia me loue une chambre sur d'une terrasse :  mignonne et confortable, murs blancs et dentelles, petits bibelots sur commode 

Le chauffeur du minibus me dépose chez Antonia dans le village de LAGEDOS, partie sud-ouest de L'île, à une quinzaine de kilomètres de Ribeiras de Patas. Je paie 1400 escudos pour la nuit, le petit-déjeuner et le repas du soir, pour cette soirée dans un village traditionnel.

croupes râblées, végétation chiche et une temérature idéale pour marcher le matin. 

Il y a une vraie salle de bains avec une baignoire mais il n'y a néanmoins mais pas l'eau courante; Antonia me fait chauffer de l'eau; ensuite je repars pour une promenade de 2 heures dans le lit d'un ruisseau asséché ce qui me permet de remonter un canyon fort joli et peu encaissé. C'est le chemin qui permet de rejoindre CHA DE MORTE au nord.

Je fais une partie de l'itinéraire puis reviens par un autre itinéraire en haut du village de LAGEDOS, à la nuit tombée.  

J'ai reçu un très bon accueil dans cette famille et je me suis félicitée d'être retournée à Santo Antao pour ces 2 jours, les paysages vus étant très différents et tout aussi sauvages qu'ailleurs sur cette belle île.

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Balade : 5h45 -retour sur la route de TARRAFAL - Il fait un temps magnifique mais frais : je remonte à pied vers les villages abandonnés, une zone en voie de désertification.

 Il y a foison de tomates cerises bien rouges qui visiblement ne sont pas ramassées ,,, 

Le sol pulvérulent se désagrège facilement, recouvert de plantes sporadiques et d'arbres maigrichons; les herbes jaunies ressortent magnifiquement entre les murs de lave noire; l'itinéraire, très sauvage, emprunte des sentiers fréquentés par les paysans qui montent récolter le maïs et les "faja" à petites gousses jaunies : ces champs entourés de pierres sèches mettent un peu de couleur dans les landes terreuses marron-brun, ainsi que quelques coulées blanches assez poudreuses (pouzzolane? ) ,,, le sentier serpente agréablement vers des hameaux; je croise des personnes très aimables et souriantes –

 il fait chaud et la désertification est évidente :  les arbres sont de plus en plus rares et rabougris, les pierres abondent !

Au bout de 2 h30 de montées-descentes, j'arrive au point culminant de ma traversée, descente vers le canyon très sec. Quelques maisons regroupées non loin du carrefour routier Tarrafal/ Ribeiras de Patas/ Porto Novo ...Une école très sommaire,,, une dizaine d'enfants qui se partagent la matinée ou l'après-midi selon l'âge.

J'attends 1/2 h un véhicule qui repart vers Porto Novo . Dans la camionnette je rencontre un personnage étonnant qui parle un français châtié : un retraité originaire de Mindelo, professeur de Français, qui a bénéficié de voyages subventionnés tous les 2 ans par l'Alliance française pour aller en France et a étudié à Montpellier dans sa jeunesse ! Extrêmement cultivé, il a entre ses mains une thèse écrite par un capverdien inscrit à la Sorbonne ; on discute des risques du « lepénisme» aux prochaines élections,,,en France !

14h00,... mauvaise heure, entre 2 bateaux,,, Je rejoins la route de la Cova de Paul vers 18h00, et je marche sur la petite route goudronnée qui conduit au village le plus haut de l'île, PICO DE LA CRUZ .

Insolite vers Pico de la Cruz : froid vif -il pleut sous chaque pin à cause de la condensation; le reste de la route est sèche !  

Je passe de la chaleur désertique au froid car la partie NE de l'île est recouverte depuis 2 jours par une énorme couche de brume,,, Contraste !

Plus je me rapproche du village, plus la vue se dégage au-dessus de Porto Novo, je suis en lisière du mauvais temps ! 

Arrivée au soleil mais il fait environ 10 degré(?) et l'impression de froid va se confirmer dans la soirée : on sort la doudoune une fois installée chez Manuela, le seul gîte du village. 2000$ la nuit en 1/2 pension avec des repas très copieux, abondance de pain et gâteaux « maison »


Chez Manuela , ambiance européenne ?  L'hôte est peu chaleureuse mais c'est une excellente adresse !
L'eau est  tari aux sources,  le camion-citerne passe 1 fois par jour à heure fixe pour une distribution rationnée.

Je repars de suite pour le Monte GUDO, un piton rocheux accessible en 1/2 h à travers la magnifique et dense forêt de pins sombres, avec au sommet une vue *** sur les vallées et canyons côté SO et la mer de nuages côté NE .

La balade du soir s'oppose en tout à celle du matin : végétation, paysage et climat ! C'est géant de vivre ces différences ! 

Ambiance aussi chaleureuse qu'il fait froid dehors durant le repas : un couple de belges filme des séances de « philo » avec des enfants (paroles d'enfants.be) qui seront retransmises à la télévision belge

Décor mural de la chambre - les enfants de l'Ecole ; leurs institutrices résident à ... Mindelo !

Nuit sous la couette et les couvertures en plus, dans une coquette chambre décorée de tapis et peluches !

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Marche : 3h 45 (2 balades) Sao Antao – Pico da Cruz ; 1 584 m – tour du Pico de Gudo ( 3 h)

Les brumes restant accrochées et denses versant NE, je décide de faire le tour du Pico da Cruz, 1 584 m où j'étais hier soir afin de rester sous le soleil généreux du Sud ! Départ à 9 h après un déjeuner pantagruélique – Manuela prévoit aussi qu'on emporte des gâteaux pour le midi! Le temps est idéal pour randonner, frais et sec! Ces forêts de pinus sont décidément sublimes, croissant sous un air pur et un horizon ouvert. On est sous le 3ème sommet de l'île. Les autres points élevés sont le Tope da Coroa, 1979 m, le point culminant, et Gudo de Cavaleiro, 1 810 m, au centre de l'île.

on échappe au mauvais temps qui stagne depuis quelques jours au nord  !

Il est facile d'éviter de se perdre avec la carte, car la zone recouvre un dédale de sentes et pistes carrossables ! L'essentiel de l'itinéraire se déploie en forêt ! Je retrouve avec plaisir et surprise le couple de ST Egrève connu sur la rando aérienne et marine de Ponto do Sol .

J'ai plus de chance que la veille : un aluguer va descendre après le repas !

Juste le temps de repartir pour une petite balade de 45 min vers l'énorme église du Pico da Cruz. Sentiers en balcon...

J'arrive au bateau à Porto Novo à 15 h00 pour le bateau de 16h00, . Ensuite c'est l'avion dans la foulée pour PRAIA à 21h30 ! Arrivée tardive au BACKPAKERS PRAIADISE, où je refais mon sac en laissant des affaires et en prenant d'autres pour Fogo !

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Balade : 4h30 - Départ pour FOGO après une nuit à Praia (Santiago)

Parenthèse achat de billets, j'ai acheté 3 billets pour 133 €, ce qui est bien inférieur à ce que j'avais vu à Praia. Je prends finalement un vol aller-retour pour Fogo car la différence de prix est insignifiante et le temps de trajet (30 min au lieu de 3 h) et de confort largement plus intéressant (les gens sont malades en général, et le bateau a des horaires très restreints / à l'avion et cela limite l'accès au volcan le week-end par exemple quand il n'y a pas de minibus).

La nuit est aussi courte que le vol vers le sud de l'Archipel : départ à 8h40, arrivée 9h15 à São Filipe , au sud de FOGO – courses au marché pour faire le plein de fruits et légumes en prévision de 3 nuits et 4 jours au cœur de l'immense caldeira ravagée le 23 novembre 2014 par l'éruption du Petit Fogo, qui en 2 mois a englouti la quasi totalité des maisons des trois hameaux de 1200 habitants, (Bangaeira, Portela et Dje de Lorna,)

Entrée sud du parc depuis la seule route d'accès

Aucun mort mais les pâturages perdus, les plans de vigne engloutis (le bon vin blanc ou rouge de Fogo est « appellation contrôlée), et 2 à 3 m de lave noire ou rougeâtre qui recouvre le sol.

Les autres richesses agricoles locales sont le café de Fogo et le poivre. Privilégier de monter comme moi dès l'arrivée de l'avion sur la Caldeira et y rester 3 nuits puis se reposer au retour, car il n'y a qu'un transport par jour, le matin à 11 h uniquement pour monter, et retour le matin tôt à 6h,,, donc une journée de perdue ! Ou payer un taxi spécial à prix prohibitif pour gagner une journée !!

Je saute à 11 h dans le seul minibus qui monte la journée avec les touristes vers le volcan, gravissant les 1800 de dénivelée en 1h30 environ vers Chã das Caldeiras, hameau en bordure de la falaise de 900 m qui surplombe la caldeira de 9 km de diamètre (l'autre partie, côtés S et E est effondré et les pentes de cendres et pouzzolane plongent directement dans la mer) – montée magique commentée par un guide local qui voyage avec nous!

Le véhicule longe la falaise en bordure de murs de basalte de 3 m  formant des sculptures. 

Le village, tassé contre la falaise, ne regroupe plus que quelques maisons épargnées ou à demi-ensevelies par la lave, est ceinturé à l'Ouest par la BORDEIRA, un rempart montagneux culminant à 2 700 mètres, qui va devenir dans les prochaines années un haut site d'escalade important.

Le village reconstruit sur la lave, son épicerie pour dépannage ! 

Entre plusieurs lodges reconstruits cette année et encore non achevés, je choisis celui de LAETITIA ET ALCINDO, conseillé par Vitoun sur le chemin de Ponto do Sol !

chez LAETITIA ET ALCINDO 

Laetitia une belle française blonde de 30 ans, accent sud-ouest, charmante et aimant bavarder ; elle est arrivée là par amour pour Alcindo,,, leur gîte trône en majesté au-dessus d'une butte de lave ; les 8 chambres ont des plafonds magnifiques (stucs en ciment) et la salle à manger des fresques en béton qui illustrent la vie locale paysanne – on reviendra pour voir le crépi à l'extérieur ! Seul bémol, le repas à 20 h,,, peu adapté au rythme des randonneurs qui partent à 6 h,,,

Ce qui reste du village englouti ... 

Les prix des hébergements sont les mêmes partout, 2500 $, sauf chez Marissa B&B (3500 $) qui a un standing plus élevé et reçoit tous les groupes venant d'Allemage : son mari Mohammed, allemand d'origine turque, est venu ici en 2006 et a équipé les falaises dans le cadre d'un projet de développement - il gère une entreprise en Allemagne de fabrication de prises d'escalade !

chez Marissa :  réserver en saison haute ( à partir de mars tout était complet sur plusieurs mois!!) 

Je suis fort satisfaite d'avoir monté plusieurs kilos de nourriture et du pain en quantité ( pain et fromage local) car la seule épicerie est fermée et ne propose pas de frais – que des conserves ! Je déjeune dans le patio du lodge et de 14h30 à 19h00, à la nuit tombée, j'arpente la caldeira : montée au Petit Pico qui a été l'épicentre des éruptions de 1995 et 2014 (1/2 h de marche mais beaucoup de pauses photo : feuilles de vignes vert tendre qui pointent sur les sarments desséchés, sculptures de lave, sommet parfaitement conique sur fond de ciel limpide,,,)

Une végétation méritante sur la lave... 

Le petit Pico do Fogo duplique en miniature son grand frère (un stratovolcan) qui culmine à 2 829 m, mais lui est plus actif : odeurs de soufre et fumerolles à certains moments, stries au sol où on enflamme un papier dès qu'on l'approche du sol bouillant ; on surplombe le cratère marron et jaune, ocre et orangé


La descente a été merveilleuse : des errances choisies par le champ de lave, un parcours varié car les boues solidifiées de basalte changent de consistance, friables parfois, solides le plus souvent mais sonnant creux, en blocs rugueux et coupants ou en longs déroulés lisses …

Le plus inédit , la «lava corda » : comme si un géant avait déroulé les cordes d'amarrage d'un vaisseau géant, torsadées et emmêlé...

Le 1er soir , j'ai pris le repas collectif (très bon, cuisine en sauce au vin local) mais à 20 h c'est dur ! Surtout quand il fait nuit tôt et froid pour rester dehors,,,

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Ascension du volcan : compter 2h20 de montée (à rythme rapide et tôt le matin !) dont 20 minutes d'approche sur la piste depuis le village - aller-retour environ 4h45 env sans les pauses.

Tôt le matin, je laisse partir les 4 ou 5 groupes avec leurs guides et je démarre une demi-heure après. Le cheminement est facile à suivre : une piste de cendres d'abord puis une sente cairnée qui part en oblique ; ensuite les passages se raidissent et il faut bien suivre la trace stabilisée par les passages quotidiens car on peut faire tomber des pierres en contrebas.


Départ matinal pour le sommet 

On chemine le long d'une sorte d'arête croûtée, dure, colorée de rouge. Je double rapidement tout le monde pour arriver en même temps qu'un Tchèque au passage sécurisé avec une main courante, 5 minutes avant le sommet. Il faut franchir un ressaut rocheux par un pas escalade équipé d'un câble au-dessus du vide !

Un tas de cailloux un peu instable au sommet - 

Je reste 1h au sommet profitant de la vue à 360 °: le cratère est vaste, bordé de hautes falaises et de rochers friables; il semble improbable d'y descendre à l'intérieur, sauf avec des cordes,,, pas de fumerolles, juste un relent de soufre,,,

Traversée intéressante et plus courte dans la pouzzolane  (passage câblé)  - en bas la route d'accès, détruite en 2014

Seul un groupe de 4 personnes avec leur guide vont monter une heure et demie plus tard au sommet, les autres restant au col sur la lèvre du volcan. Je décide de continuer seule le long d'une vague trace que l'on devine sur le flanc extérieur du volcan. J'arrive dans une zone rocheuse de mauvais rochers à désescalader; c'est équipé de câbles sur une dizaine de m, puis sur 200 mètres de dénivelé, il faut descendre pleine pente des centaines de mètres de cendres douces et de pouzzolane !

Un vrai bonheur puisqu'on se croirait dans la neige poudreuse ! Préventivement, j'avais pris des sacs de poubelle dont j'ai entouré mes chevilles, pour éviter d'avoir les chaussures complètement remplies en 3 minutes,,, bonne initiative ! Du sommet au petit Pico, j'ai mis 45 minutes pour arriver au niveau du petit Pico, le plus long étant le début du parcours car la descente de 600 m à 800 m (?) se fait très rapidement en 15 min - un guide rencontré en bas s'étonne de me voir sans guide et de fait, quasi personne ne monte en solo : pour un habitué de la montagne, il n'y a pas de problème, il faut simplement savoir faire une bonne lecture du chemin en repérant les traces de passage. Et ne pas se blesser !

Descente expresse et sans douleur pour les genoux dans la cendre fine , droit sur le Petit Pico, qui a craché le feu en 2014

J'ai pris une collation dans les effluves de soufre au Petit Pico, et photographié la descente des autres, notamment le guide qui faisait des bonds de cabri et « s'éclatait » visiblement. Nous sommes revenus ensemble au gîte en une petite heure environ.

Azurite et soufre en bas de l'itinéraire de descente... 

Petit temps de repos, puis je suis repartie au village voir le magasin (très mal achalandé); j'ai ensuite cherché à contacter Mohamed le grimpeur mais j'ai longuement discuté avec sa femme Marisa. Elle m'a raconté leur rencontre ici et l'épisode du volcan, en 2014, qui a détruit son hôtel, le détournement de l'argent de l'aide internationale par les politiques et la nécessité de faire appel à des fonds privés étrangers. Petit crochet ensuite chez Silinio***, le guide rencontré dans le bus : sa maisonnette verte et violette pour touristes avec deux ou trois chambres est fort pimpante, la terrasse très cosy, agrémentée d'un beau jardin fleuri,,,

Gite de Silino  : cerise sur le gâteau, c'est un des seuls gîtes de la caldeira à avoir l'eau chaude, pour la douche
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La falaise qui surplombe l'immense caldeira et le village ne pouvait échapper à mes explorations de randonneuse. Me voici partie dès 7h00 pour une longue randonnée non balisée et sauvage vers les crêtes.

Départ tôt vers la partie rescapée du village 

Il subsiste des anciens paysages avant 2014 des champs d'herbe jaunie ponctuées d'arbres. Je gravis jusqu'à midi des croupes offrant un paysage fort différent de celui du cœur du désert de lave : en lisière des laves noires, des forêts d'eucalyptus, de pins, des mimosas, des ricins en fleurs, aux larges feuilles rouges étoilées, des grevillea aux fleurs jaunes (arbre australien) ; puis je prends le raide sentier qui monte entre 2 falaises .

Les arbres sont hauts, dispensant une ombre bienfaisante et des teintes incroyablement variées et harmonieuses de verts lumineux.

Changement de décor sur le versant maritime : des cultures de raisin, de maïs, de haricots poussant sur une terre de latérite et de pouzzolane en grains, rouge brique. Un vrai roulement à billes ! Paradoxalement, il y a peu d'eau mais les cultures ont l'air d'apprécier cet endroit.

La vue au matin sur les champs de lave mérite de déplacement - En bas, grevillea, au rince-bouteille 

Je m'éloigne de la crête que j'aurais dû suive, par des vignes accrochées aux pentes raides, pour remonter des vallons successifs chargés en billes de lave ocre... Les pentes sont frangées d'arbustes denses, comme ces euphorbes endémiques en gros bouquets ronds ou des fougères «aigle», rêches sur les jambes nues !

Arbustes et plantations laissent place à une végétation arbustive compacte et rêche

Durant le pique-nique, rencontre avec un jeune berger ... qui se propose comme guide. Je partage avec lui mon frugal repas et je décline sa proposition. J'ai bien fait car la descente est longue et je suis arrivée presque à la nuit tombée au gîte! La vue depuis le haut est magnifique et l'itinéraire direct de descendre le long des crêtes un must ! C'est une "piste" large rouge qui ondule en bord de falaises, agrémentée d'euphorbes buissonnantes, de ricins rouges fleuris, avec en toile de fond le magistral Pico de Fogo et une vue époustouflante sur l'ensemble de la caldeira et les coulées successives vers le N et NE !

Ronde et blanchie à la chaux, la cabane du berger. 
L'isolement est total; rares sont les randonneurs qui montent ici, car ils restent 2 nuits pour ne gravir que le sommet du Pico.

Je met 4h45 pour redescendre et l'heure et demie de piste à plat est vraiment de trop… Au gîte, Alcindo fait une démonstration de torréfaction du café de FOGO: dans une marmite posée sur des boîtes de conserve lestées de pierres sur un bon feu de bois, il ne cesse de tourner le café qui peu à peu passe de couleur crème à brun foncé. Juste avant qu'il ne brûle, quand l'arôme se dégage, il enlève d'un seul coup le récipient et continue de tourner hors du feu. Ensuite, pour l'apéritif, on nous fait découvrir le MALICON un vin maison composée de raisin rouge et de raisins secs - fruité et excellent !

Alcindo fait une démonstration de torréfaction du café de FOGO

Balade : 7h15 de marche journée dans des paysages SUBLIMES.

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Descente à pied du volcan vers le nord, sur la ville de Mosteiros (1800 m de dénivelée) : 5 h à 5h30 de rando soutenue, 30 min de plat et forte descente ensuite – passablement de distance ! Puis balade de 1h30 sur la cote de lave anthracite) , soit environ 7 h de marche journée

À 9h, je décolle pour 5h de descente dont 1h30 de piste déjà arpentée la veille,,, J'apprécie à nouveau les alpages qui ont été épargnés par le monstre fumant. Il faut s'acquitter d'un droit de passage de quelques piécettes à une cabane parce que l'on est dans le parc national, puis on emprunte une jolie piste forestière qui descend tranquillement vers l'étroit sentier très raide : un vrai roulement à billes qu'il est déconseillé d'emprunter par temps pluvieux. Les bâtons restent conseillés !

Je longe la bordeira par le même sentier arboré que la veille , le long de la falaise 

J'ai trouvé la descente assez fastidieuse et finalement je crois que j'aurais préféré rester un jour de plus sur la caldeira pour arpenter les coulées de lave ou les grottes que je n'ai pas eu le temps de visiter.

Les deux sommets en face sont sur Santiago. Mimosas et pervenche de Madagascar

J'ai trouvé chez TCHON CAFE un rapport qualité-prix imbattable pour 1600 escudos petit déjeuner compris, avec une douche très chaude.

Je suis seule, il n'y a aucun convives et l'hébergement est remarquablement calme. 
Le tamarin est utilisé en confiserie , après cuisson de laquelle résulte un long filament gluant très blanc.

La ville de Mosteiros est au niveau de la mer, et s'étage sur plusieurs hameaux, mais tous et les hébergements se trouvent en bord de mer.

La lave est arrivée jusque-là plusieurs fois . 
Un village de pêcheurs sur un rivage noir et déchiqueté
Une sculpture de randonneur égaré ? 
Je constate que les villageois récupèrent le sable noir qu'ils mettent en tas pour le vendre.

Côté ambiance, c'est mortellement calme, et je sens une certaine « insécurité » avec les jeunes ; on m'a confirmé par la suite qu'il y a eu quelques incidents de vol avec des touristes.

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Balade : 3h, à Mosteiros puis San filipe

Il y a assez peu de transports en commun. En attendant un minibus, je me balade le long de la côte dans les laves anciennes. 

J'en profite pour faire réparer au marché pour 150 CVE mon sac à dos qui est déchiré par un charmante africain en boubou, équipé d'une vieille machine à coudre.

Il s'en acquitte fort bien, me faisant une solide réparation avec son antique machine de grand-mère! 
Une ville au ralenti, très menacée par les coulées possibles du Pico de Fogo 

Le retour est assez long, fractionné et on met presque 2 heures pour arriver à St-Philippe.Visite de la ville: une demi-journée suffit à mon sens - le musée est intéressant, installé dans une vieille maison de maître traditionnelle, à véranda et sur 2 niveaux.

On peut descendre sur la plage de sable noir. 

J'erre ensuite pour dénicher un cybercafé : on me conduit dans des magasins pour acheter un téléphone portable, et au bout d'1 à 2h je trouve mon bonheur chez un Sénégalais, dans une épicerie.

L'oiseau " Passinharia'  - une ville plutôt agréable aux murs coloré
Maison d'une étrangère musicienne !  

J'étais un peu dépitée par mon expérience du restaurant de poisson à midi, mais je récidive dans un petit restaurant bleu ( mur peint ci-dessus) où je déguste une soupe fort bonne et chaude.

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San Felipe se trouve en bord de mer et au pied de la falaise s'étire une immense plage où il n'y a quasi personne, sauf des ouvriers qui remplissent des camions de sable noir pour la construction

Un  travail  de forçat, car les hommes s'échinent en plein soleil… et il n'y a pas d'air ! 

Je remonte toute la plage jusqu'à un chaos de lave battu par les flots au pied de la haute falaise :

On ne se bouscule pas sur la plage... 

Je me permets le luxe d'un petit bain froid, me laissant asperger par les fortes vagues, car l'endroit est réputé très dangereux pour ses courants, surtout en hiver.

Oups, rhabillage rapide, car arrive un pêcheur qui rentre avec son chargement ... avec un parapluie pour se protéger du soleil ! 

J'admire à un point de la falaise derrière moi une paroi composée de lave en boule très lisse : ce sont de véritables piliers aux formes sculpturales :

Une formation typique de la lave qui se refroidit très rapidement en arrivant dans l'eau.  

En milieu d'après-midi, je rejoins l'aéroport et repart à Praia. 3h de marche le long de la plage

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Je m'étais promis de retourner à Principal (Chao d'Horte) chez Macolina. Un petit stop pour prendre un petit déjeuner au marché d' Assomada et faire quelques courses puis je reprends le bus vers le col.


Je rencontre à la maison du parc de Malagueta Julie et Charlotte (24 et 26 ans) et je marche avec elles sur l'itinéraire de randonnée qui suit les crêtes sommitales de la Sierra de Malagueta jusqu'à Principal.

Une fleur remarquable dans cet univers de rocs et de poussière : l'echium, monté en candélabre 
Des pics,  des vallons encaissés, des maisonnettes perdues dans un paysage grandiose... Liberté et sérénité à travers la marche.
Aucune difficulté pour cet itinéraire qui permet de relier la crête et la mer. 

Arrivée chez mes hôtes à l'hôtel, je me douche et prends un repas au coin du feu dans la courette, avec Macolina et Luis : salade et morue grillée sublime, la spécialité de Macolina qui l'achète en gros aux pêcheurs de Tarrafal. Balade de 3 h environ

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Je déjeune copieusement sur la terrasse avec Macolina, notamment en dégustant leur merveilleux pain. A la boulangerie d'Assomada, le pain était moins bon mais vendu aux touristes et expatriés 10 fois plus cher

Direction TARIFA en collectivos : une ville plutôt attrayante, balnéaire et animée. On m'a indiqué le Tata hôtel; l'accueil est déplorable mais la chambre est très confortable avec un petit balcon et douche individuelle, au centre-ville. Prenez le petit-déjeuner ailleurs !

Un pôle touristique prisé pour sa plage de sable blanc, ses restaurants et un temps sec venté agréablement

Après quelques pas dans la ville où il fait bon déambuler, je longe la plage pour rejoindre le sentier du Monte Graciosa qui va jusqu'au grand PHARE BLANC; le sentier est plutôt escarpé et un moment je me perds. Des cairns au-dessus des barres de rochers permettent de passer un verrou rocheux pour accéder à un vaste plateau herbeux . On descend vers le promontoire rocheux où se love le phare désaffecté ; un joli passage en colimaçon permet de descendre à pic.

En contrebas, une piscine naturelle à l'eau limpide pour audacieux, car il faut désescalader des rochers assez raides pour y accé...

Ma balade se termine au port où j'ai observé une scène magnifiquement colorée et assez bruyante de pêche à la criée ! Ce sont les femmes enturbannées qui mènent la danse, parlent très fort et on a un peu du mal à comprendre l'intérêt de la surenchère car tous les poissons semblent être les mêmes; les pêcheurs débarquent les uns après les autres de leur lourde barque colorées où ils sont à trois ou quatre.

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Dommage, il manque la bande son : les femmes pépient très bruyamment !

Le soir, BATUKA au restaurant le Buzio : des chants locaux adaptés du répertoire africain originel, qui constituent un aspect majeur du folklore cap-verdien de Santiago" l'africaine".

Une chanteuse, un chœur qui lui répond en écho, et des percussions : une poche noire battue énergiquement à la main 
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Le lendemain matin, je marche le long de la plage vers le sud en direction de Chao BOM, village où se trouve l'ancien pénitencier-camp de concentration, que je n'ai pas le courage de visiter.

Des cochons en liberté, et beaucoup de construction inachevées qui nuisent à l'esthétique des bords de mer. 
Je rentre en taxi puis enchaîne sur un retour à Assomada où je prends un repas au marché et achète quelques fruits.  
Le beau marché d Assomada, au centre de l'île, point de passage obligé ! 250 escudos l'assiette copieuse et chaude

Depuis Sucupira, je repars en bus pour la Citadela Vielha. Le seul "patrimoine de l'Unesco" visible au Cap-Vert.,, c'est en fait une supercherie ou plutôt une concession à l'Afrique car cela ne mérite pas ce label. Il n'y a quasiment rien à voir... en plus c 'est très « touristique » !

 Le pilori sur la place et le vieux château sont un peu minables

Temps de balade 2h30 . Fin d'un beau voyage aventureux, d'une immersion dans des paysages insolites et grandioses. Je vais pouvoir soulager mes pieds endoloris par tant de pavés ! Soirée à l'aéroport : départ à 2h00 - 2 heures de vol pour Lisbonne, je suis à Lyon le samedi 4 février, à 11H30.

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Un voyage aventureux , un voyage en liberté, un voyage émaillé de belles rencontres, de paysages variées et uniques, austères parfois, grandioses toujours.

J'ai rarement éprouvé un tel sentiment de liberté durant mes nombreux voyages : liberté de s'habiller légèrement, de sourire ou de parler à tout un chacun, de circuler sans permis ni contrainte, de cheminer aisément sur des sentes qui relient ces vallées improbables, sauvages, ces villages accrochées aux pentes arides, ces terrasses miraculeuses nées de l'eau domptée et de la sueur des hommes.

Liberté de changer de projet selon le temps, l'humeur, les rencontres, liberté de partir le matin presque sans provisions et sans savoir où l'on va dormir le soir...

J'ai éprouvé mille frissons d'admiration devant le labeur d'hommes et femmes, mille frissons devant les palettes de couleurs des champs de pierre, les nuances de bleu du ciel, du rouge de terre, de la lave séchée...Je vais me repaître de tant d'images intenses gravées dans ma rétine.

Pour un prochain séjour, je retournerai(s) volontiers sur chacune de ces îles au caractère très individualisé, incomparables, et j'aimerais découvrir l'île de San Nicolau, aux traditions préservées et à l'écart des voies touristiques....