Un trek à la croisée des cultures Tamang, du côté des vallées encaissées du Langtang, et de la culture Sherpa côté Helambu. Du 6 au 13 décembre 2018, les températures sont restées négatives dans cette région refroidie par les vents du Tibet très proche ! J'ai de suite rejoint le balcon ensoleillé qui passe par Khangjim (2280 m) plutôt que la gorge sombre depuis Shyabrubesi, village assez sinistre à 1500 m.
L'accès reste long et pénible, 8h de bus sur 100 km KTM vers Syabrubesi (via Dunche, pour ceux qui vont directement à gosainkunda)"Doudoutchéché - Tashidélé "; on est presque au Tibet ! J'ai eu le privilège d'être conviée à une cérémonie de levée de deuil : 49 jours après un décès, famille et amis se regroupent la nuit pour danser et chanter :
Les lamas prient, psalmodient et jouent du tambour dans la gompa - Dehors, on forme des cercles en chantant et dansant sans arrêtTout le village est là : femmes d'un côté du cercle, hommes de l'autre, tournant en rythme et chantant des Tsétsétsé ou des incantations, toute la nuit ! Les pas varient parfois; accélèrent. On nous distribue une Khata, écharpe découpée dans un drap, symbole de compassion et bienveillance, du thé chaud; une bouteille circule, avec de l'alcool de riz. Les moines en orange distribuent à chacun un sac avec gâteaux salés, une pomme, une brique de jus, une sorte de massepain délicieux sucré.
Poursuite de ma route vers Sherpagaon, joli village, en balcon au-dessus de la vallée très encaissée, puis Rimche, jonction avec la voie classique, qui suit le ruisseau, sous les frondaisons où il fait bien frais !
Après Rimche et Lama, on accélère, car le soleil se fait rare, car on remonte le ruisseau encastré entre des reliefs escarpés !2ème nuit à la lisière de la forêt (env.2900 m), puis, étant en forme, je passerai Langtang Village (3430 m) pour dormir directement à Kyangjing gompa, dernier village à 3830 m :
Le village de Langtang a été totalement soufflé par le glissement de terrain du 15-04-2015 - Il est reconstruit 300 m après Je suis rattrapée par un vent glacial à Khanjing Gompa village, accueillie par un yack bien menaçant... et déçue par les verrues d'immeubles qui ont été édifiées après le séisme, entre des accumulations de matériaux, déchets et gravats !
Sur fond de Lirung- 7246 m, Khyanjing hors saison - Je n'ai croisé que quelques trekkers et le lieu m'a paru aussi triste que laidCompensation, deux fantastiques randonnées m'attendent depuis ce village : Le Kyanjin ri, avec deux sommets successifs à 4400 m - piton rocheux couvert de drapeaux avec vue sur les glaciers - et 4770m, séparés par un raidillon sur une crête ensoleillée qui tutoie les sommets :
Langtang Lirung à 7227m. Yala glacier et le ladies pass 5609m, près du Yangsa tsenji à 6567m. Je suis seule devant tout ça !Je domine toute la vallée, très lumineuse ce 9 décembre : + 1100 m à 1200 m estimés avec le cumulé et j'ai envie de marcher encore 45 min après Khanjing ri, à travers des pentes herbeuses mais sur une sente marquée, je suis encore seule au Phujung ri, puis sur 2 autres sommets - La redescente sera une variante (plutôt exposée à la fin) car je me laisse tenter par le sentier du côté du Tserko Ri, tellement majestueux en face (4984 ou 5000m?)
A gauche, le Tserko Ri, 5000 m - Je rejoins ici l'itinéraire de la montée de demain, la descente se faisant en boucle par derrièreAprès les éboulis, le sol instable et l'entonnoir gelé, la traversée de rivière demande un peu d'acrobatie puis tout paraît facile jusqu'au village; je repars visiter le monastère, sous les dernières lueurs du jour.
A voir les immeubles, l'argent a afflué après le séisme, détourné ou mal réparti : Les moins bien "connectés" n'ont rien touché !Je retrouve au lodge de la gompa - très confortable - un des 3 savoyards rencontrés à Tilitcho Lake puis au Khumbu - Petit monde !Bien entraînée, je repars le lendemain pour + 1200 voire 1400 m avec les extras, vers le Tserko Ri. (env. 5000m ) - 8 h de marche : 3 de montée pour le sommet, puis 2h30 de crapahute sous le Yala, dont 45 min au moins de descente sur pierrier géant instable. 2h30 retour par les balcons au-dessus de la rivière.
Le froid mordant invite à marcher vite - il doit faire -15 ici; doudoune de mise, bientôt le collant. Le chien attend ses maîtresLe sommet est admirable par ces drapeaux de prières gonflés sur 30 m de long, sous un ciel bleu intense. Panorama inoubliable de sommets immaculés, cachés depuis la vallée, aux pointes entre 6000 et 7000m .
Une araignée géante ? Un couple m'invite à disposer de nouveaux khatas sur les filins qui agitent mille drapeauxOn sera 7 au sommet , et je rencontre Olliver, et Pramod, son aimable guide, avec lesquels je passerai 4 journées vers GosainkundaLes 2 groupes avec guide redescendent, je reste seule sur le large plateau qui me permet de voir le Shishapangma au loin : le petit dôme blanc (haut-gauche), et les vallées dérobées au pied de 7000.
En bas, le Tserko ri, plus débonnaire que le redoutable col du GANGA LA, qui se pratique sous tentes et avec guide expérimentéChemin du retour vers la vallée en contrebas :
Dernier coup d’œil sur cette vallée perdue, moins fréquentée que les Annapurna, plus sauvage et austère, surtout en décembre !Après une nuit à Lama, j'hésite à poursuivre sur Gosaingkunda, mais Pramod retrouvé en route me convainc de monter avec Olliver et lui, car mon rythme le stimule - Je passe donc devant !
Au Lama lodge, chez Lakpa, bon accueil : elle a perdu son gîte à Langtang et n'a pas été indemnisée - elle loue celui-ci à LamaIl fait glacial le long du torrent, où le soleil ne perce qu'1 h par jour parfois - un singe tranquille, mais pas vu de panda rouxDe Lama, 4h de descente et 1h30 de montée vers Thulo Syabru. 2210 m, un village tamang hérissé de constructions modernes (pour le pèlerinage d'août qui draine des milliers de personnes vers les lacs...). J'apprécie la belle forêt de bambous et rhododendrons .
Passablement d'escaliers et des vallonnements pour éviter des éboulements qui ont emporté quelques maisons au passage... 4h de marche vers Chyolangpati, 1er refuge de la crête, dans une belle forêt de conifères. 4 jeunes étudiantes de 19 et 21 ans arrivent équipées de baskets et mini-chaussettes. Il s'est mis à neiger ! Soirée chantée, repas chanterelles, coucher tard, à 21h, au lieu de 19h30... et "sorbet" au gingembre le matin !
Chacun entonne un chant. La consonne finale appelle un autre chant... 2 h après, le répertoire n'est pas épuisé - Revigorant Cadeau du matin : réveil sous le dais blanc de la neige. Un paysage givré, piqué d'une froidure revigorante
50 min pour rejoindre le refuge de Laurebinia, à 3900 m, et 1 h pour une pause dans la cabane en fer.
Le gîte, tenu par une famille avec un petit très dégourdi, est ouvert aux vents de la la crête, . Thé avec vue panoramique. Les nuages montent. Une brume blanche qui se déchire parfois pour laisser passer un soleil bienfaisant. Pas de vent heureusement. Un Sadhu méditant ?
Le sanctuaire est dédié à Shiva, des milliers de pèlerins bouddhistes et hindouistes affluent et campent sous la lune d'aoûtA deux pas, entre les trouées de brume, une statue de Bouddha figée sous des drapeaux fanés : Irréel Pramod nous prépare un nescafé
sucré excellent avant le passage du col de Lauribinia, 100 m plus haut , à 4610 m Le spectacle merveilleux continue au col : une conduite s'est percée, produisant des sculptures de glace improbables En décembre, il est aléatoire de trekker au Langtang, plus froid que le sud des Annapurna par ex, qui bénéficie d'un micro-climatDu col, un balcon nous ouvre le passage vers une vallée suspendue baignée de ces lacs sacrés où sadhus d'Inde et du Népal viennent sa baigner et méditer durant 9 jours, à la pleine lune d'août.
Contrairement aux apparences, la marche est facile, le sentier excellent - certains lacs sont gelés, les plus grands sont libresMiss Népal y a fait une promotion efficace en novembre 2018, ce qui explique la venue de jeunes filles !
Heureusement que la météo se maintient, et que la neige n'est que de surface, le col suivant étant à 4620 m au fond du vallon Au refuge, on retrouve nos filles, méritantes et bien fatiguées ! La baie vitrée permet de profiter du soleil sporadiqueShiva aurait creusé ce lac de son trident après avoir bu du
poisson, alors qu'il cherchait de l'eau froide pour étancher sa soif Grosse journée de 6h45 vers le second col à 4620 m, par un temps radieux, avec 10 cm de neige max
Départ en déjeunant a minima sur mes réserves car le gardien est désagréable; les fontaines coulent pour remplir la gourdeLe chemin a disparu sous la neige mais reste matérialisé par les rebords en pierres qui se devinent. Point haut venté et glacial, qui donne sur un immense vallon pierreux très abrupt en V, style Oisans !
Il fait glacial au col, mon appareil photo fait du flou ! Refuge de Phédi, pour un repas merveilleux de légumes - nuit à GhopteNuit dans un lodge perdu à 3h de marche d'une route, tenu à l'année par un jeune couple avec bébé
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La vue s'ouvre vers la vallée et Ktm où continueront Olliver et Pramod - Notre long trajet "alpin" depuis le col vers la crêteJe décide de ne pas continuer vers Helambu/Ktm mais de réduire à 2 nuits mon retour
Un beau cadre pour se quitter : je pars à gauche, eux à droite - un dernier momo, au chocolat pour fêter cette belle aventureJe retrouve la forêt des rhododendrons d'ici à Malamchighyiang, 2600 m :
On se sent en sécurité dans les paisibles forêts de rhodos - en mars, cela doit être superbe avec les fleurs. Personne en routeJe choisi un gîte confortable, avec douche, à Malamchighyiang, et repars me promener dans le village
Ce gros bourg a souffert du séisme, et un gros collège construit par les suisse sort de terre, avec 2 internats filles et garçonsJoli trajet apprécié au début, puis ça se gâte à cause du manque de balisage et des éboulements
Descendre de la vallée de Timbu s'avère fort long, sans balisage - La forêt cède place aux terrasses cultivées sur un sol plus sec4h45 de marche sur un parcours long parfois éboulé, 1000 m de descente, c'est plus éreintant qu'un 5000
Un jeune père de famille m'aide à trouver le chemin ; on arrive à un gigantesque chantier de captage d'eau pour KtmJ'arrive affamée à la ville dortoir, demande à un papy de me préparer du riz car il n'y a aucun endroit pour manger; un vieux bus me mène en 2h vers Malamchighyian, où je paye cher un minable hôtel crasseux.
Le Népal c'est aussi des villes poussiéreuses et défoncées où peut régner une certaine insécurité, un ciel plombé sans soleilLe lendemain, nouveau bus éprouvant en 4h30 pour Bakhtapur, puis le dernier en 10 min pour Nagarkot