Séville, Cordoue, Ronda...
Novembre 2021
7 jours
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6
nov

De Séville il faut quarante-cinq minutes en TGV pour rejoindre Cordoue au nord-est. Le long du trajet des dizaines d’hectares plantés d’orangers, de mandariniers, avec les fruits bientôt à maturation. En ce début de matinée la température est un peu fraîche mais le ciel est d’un bleu immaculé. Journée de marche urbaine pour arpenter le centre cordouan avec ses étroites venelles blanches et les nombreux édifices religieux.

Je suis venu ici il y a plus de vingt-cinq ans...

L’architecture religieuse et la blancheur des façades des maisons me rappelle à la fois l’Andalousie et les villes coloniales d’Amérique latine.

Palais, églises et façades  

Balade au-dessus du Guadalquivir le fleuve qui coule jusqu’à Séville avant de rejoindre l’Atlantique au nord de Cadix. Je traverse via le pont romain. Sur l’autre rive une tour carrée. Mais le spectacle est derrière sur la rive droite avec la perspective sur la Mezquita cathédrale et sa tour.

Le Guadalquivir et le pont romain  

L’entrée vers la mosquée cathédrale se fait par l’adorable jardin des orangers. La tour clocher minaret se dresse impériale. Le lieu est très fréquenté, les touristes sont nombreux. Dès les premiers pas à l’intérieur malgré la foule l’émotion de la beauté architecturale du lieu est intacte. Les courbes sensuelles et régulières des arches bicolores sont émouvantes. Le syncrétisme entre islam et catholicisme est épatant. Les colonnes de marbre forment une forêt épaisse. Les voûtes sublimes jouxtent les chapelles dévotes. Les toiles de passions christiques côtoient la dentelle de pierre des moucharabiehs. Les rares vitraux resplendissent à côté des détails architecturaux musulmans. L’endroit est magnifique et magique.

L’extérieur de la Mezquita 
Quelques vues intérieures de l’entrelacs de colonnes et de voûtes  

Je poursuis ma déambulation pédestre dans le vieux centre avec la visite d’une ancienne synagogue, des patios et des ruelles où se croisent les promeneurs sous un doux soleil d’automne.

La façade de l’Alcazar de los reyes catolicos, un joli chat noir et un patio fleuri  
7
nov

Je suis venu pour la première fois à Séville il y a presque trente ans, au siècle dernier. C’était en 1992 pour l’exposition universelle qui célébrait les 500 ans de la découverte de l’Amérique. Aujourd’hui je reviens sur le site partiellement abandonné et désaffecté de la Cartuja. Tristesse de ces monuments (les pavillons) décrépis et sans utilité. Une partie du lieu a été réhabilitée avec des écoles et des entreprises mais même si de nombreux d’édifices ont été démontés il reste des traces et des stigmates. Je me souviens de la prouesse technologique pour rafraîchir la température avec les brumisateurs le long des allées. Entre les deux bras du Guadalquivir les friches sont une sorte de no man’s land avec détritus et capotes usagées dans les bas-côtés.

Quelques vestiges de l’exposition de 1992 (fusée, pavillon du Maroc et du futur) 

Cette balade dans le temps dans cette jungle urbaine des bords du Guadalquivir est un peu désespérante. Je me souviens qu’ici comme à Lisbonne j’étais enthousiaste lors de l’Expo avec ce rassemblement mondial mêlant tradition et modernité architecturales.

Je traverse sur le pont de la Barqueta et je suis la rive gauche pour remonter vers la tour de Colón et plus loin le site de l’exposition ibéro-américaine de 1929. Le ciel est à peine voilé de rares cirrus. En face le quartier de Triana.

Le long du Guadalquivir  

Le parc Maria Luisa est très joli. La végétation est prospère, les familles se promènent, des musiciens jouent en plein air. Sur le site des bâtiments de 1929 ont été convertis en musées. L’endroit arboré est beaucoup plus attirant que la Cartuja. De nombreux murets et façades sont couverts d’azulejos polychromes. La place d’Espagne est croquignolette et monumentale avec les deux tours carrées aux extrémités. Toutes les provinces sont représentées sur les mosaïques.

Dans le parc et la place d’Espagne 

Retour vers le quartier central avec l’imposante cathédrale et la Giralda. Je déambule au milieu de la foule endimanchée, les terrasses ensoleillées sont bondées.

La cathédrale de Séville et la Giralda 
8
nov

Voiture de location pour quatre jours afin d’être autonome et de découvrir l’Andalousie des villages blancs, des montagnes et des parcs naturels. Je quitte Séville par l’autoroute, une zone industrielle hideuse et polluante puis les routes nationales. Le paysage est d’abord agricole puis aride avec des collines brunes. Les premières montagnes apparaissent et le paysage devient forestier. Je quitte la route d’Antequera à droite vers le village de Zahara. Il se détache à neuf kilomètres au loin avec les maisons blanches adossées au piton où est construit un château médiéval. En contrebas un lac, au fond d’autres montagnes et des villages. Le cadre est superbe.

Zahara de la Sierra 

Je grimpe jusqu’à la tour d’où j’admire le panorama. L’endroit est très joli, je repère un chemin au milieu des oliviers d’où la vue sur la tour et le village sera sublime. Belle balade dans les ruelles de Zahara, toutes les façades sont blanchies à la chaux et les toits de tuiles d’un orange éclatant resplendissent.

Le cimetière et le village de Zahara  

Jolie route étroite pour rejoindre la direction de Ronda. J’arrive dans la ville en début d’après-midi. Je me gare et commence à marcher. Au premier abord rien d’exceptionnel. Et pourtant ! Ronda est construite de part et d’autre d’un étroit canyon. Le pont neuf haut de 98 mètres l’enjambe et permet de rejoindre la partie historique sur l’autre rive également construite sur le sommet du plateau. Je débute ma promenade en prenant le sentier qui descend vers le pied du pont. Vue époustouflante.

Le pont neuf à Ronda  

Dans la partie la plus ancienne de la ville plusieurs églises et des palais aux portes et façades richement décorées ainsi qu’un couvent. Plus bas des vestiges de bains arabes. Quelle que soit la perspective la vue sur les arches du pont est impressionnante.

D’autres vues sur Ronda  
9
nov

Je prends la voiture peu après le lever du soleil la température est de 5° le ciel est d’un bleu profond. Je traverse la campagne plantée d’oliviers pour rejoindre la route principale. Direction le nord est puis bifurcation vers le sud sur la route de Malaga avant de tourner à gauche sur le trajet vers la région du Caminito del Rey. Je fais plusieurs arrêts pour profiter du paysage.

Barrages, lacs, pinèdes et montagnes  

Sur la route avant El Chorro vue sur la fin du chemin avec un pont vertigineux à hauteur d’une impressionnante cascade. Sur les passerelles des randonneurs casqués descendent vers le village.

Vues prises depuis la route sur la fin du chemin et le pont suspendu  

Je prends le bus jusqu’au point de départ au nord à 10 kilomètres. Le parcours du Caminito est tranquille et sans difficulté avec très peu de dénivelé. Cependant il vaut mieux ne pas être sujet au vertige. Le cadre est enchanteur et idyllique. Heureusement la foule n’est pas trop dense.

La carte du trajet  

Les parois rocheuses sont presque verticales, la sensation d’enclavement est forte au début. Dans les gorges étroites et sombres le bruit des flots rugissant est assourdissant. Les longs passages sur les passerelles collées aux murs sont ébouriffants, le chemin a été rénové récemment.

Le long du Caminito del Rey avec les ébouriffantes passerelles suspendues à la paroi rocheuse 

La balade terminée je reprends la route vers Antequera. Beaucoup de virages successifs à gauche et à droite dans un paysage semi-désertique malgré l’omniprésence des oliviers. Antequera ne se devine pas à l’avance, elle se révèle au dernier moment avec le majestueux alcazar et ses deux tours juchés sur une colline. Je visite le lieu tranquille avec le jardin et les vues panoramiques sur la ville blanche. De nombreuses églises se dressent dans le centre d’Antequera. L’architecture est magnifique avec des rues bordées de somptueux bâtiments.

Vues d’Antequera et de l’alcazar. 
10
nov

Encore un temps splendide, le soleil brille généreusement. Ce matin quand je quitte Antequera la température est de 8 degrés. Direction le parc El Torcal situé à quelques kilomètres dans la montagne aux alentours de 1200 mètres d’altitude. Je suis sur place vers neuf heures le parking est quasiment vide. Au retour de la randonnée une dizaine de bus scolaires et de touristes sont garés. Je n’ai croisé personne pendant la balade juste des oiseaux, des mouflons à moins que ce soient des bouquetins. Randonnée au milieu de la forêt de pierres, les monolithes gigantesques, les pics karstiques et la végétation rase de buissons et épineux. Les rochers sont humides de la rosée du matin et glissants. Le circuit jaune le plus long est sans difficulté.

Paysages caractéristiques d’El Torcal 

Depuis le mirador à la fin du parcours vue dégagée sur la région et jusqu’à la mer vers Malaga. Le village blanc de Villanueva de la Conception est à quelques kilomètres seulement.

Vues panoramiques 

Après deux heures à El Torcal je reprends la voiture. Je prends des petites routes de montagne. Jolis panoramas sur les environs avec ces villages blancs typiques. J’en photographie plusieurs le long du trajet.

Paysages et villages typiques  

Je m’arrête à Alora et visite le château qui surplombe le village construit sur les flancs d’une colline. La vue panoramique sur les environs est réjouissante.

Alora et son château 

Je poursuis la route à travers le parc Sierra de las Nieves. De hauts sommets ponctuent le paysage qui traverse plusieurs villages (Alozaina, Yunqueria, El Burgo), la route tourne, grimpe et vire. Je contourne Ronda et je rejoins ma destination du soir Grazalema. Le soleil décline caché par les parois rocheuses, la température baisse drastiquement. Je suis un sentier vers un calvaire d’où la vue sur les toits et les clochers est sympathique.

Les toits de Grazalema  
11
nov

Aujourd’hui contrairement à tous les autres jours le ciel n’est pas immaculément bleu. Quelques nuages élevés ponctuent l’azur de blanc. Je fais une randonnée dans le parc de la Sierra de Grazalema. Le point de départ est situé pas loin du village sur la route de Zahara. Ce sentier du Pinsapar permet de rejoindre le village de Benamahoma à 11 kilomètres. Comme ce n’est pas une boucle je ne vais pas au bout, 4 kilomètres avant l’arrivée je prends à droite et monte sur un point de vue marqué d’une statue religieuse.

Le trajet jusqu’au point « sagrado corazon » 

Au total je marche 18 kilomètres avec alternance de dénivelé positif et négatif. L’essentiel du sentier est à l’abri dans la forêt. La première traversée est une jolie pinède. Ensuite avec la montée dans la Sierra del Pinar les espèces sont plus variées. Lorsque le chemin étroit est à découvert le point de vue panoramique sur la région est splendide. Au loin le barrage de Zahara (le village est dissimulé derrière la montagne) et la ville blanche d’Algodanales. Le sentier est orienté au nord et à l’ombre. Ce matin du givre recouvre les mousses vertes. La randonnée n’est pas trop difficile mais il fait assez froid et le contraste de température quand le soleil apparaît est fort.

En bas le village de Grazalema  
De près et de loin (trouver la statue au-dessus d’un chemin en face)... 
Des paysages grandioses sous un ciel partiellement couvert  

En début d’après-midi après la randonnée je prends la voiture et rentre à Séville par des chemins buissonniers. L’Andalousie montagneuse est très différente des clichés sur la région avec les villes à la forte identité culturelle et historique. Ici c’est la nature triomphante, le calme et les grands espaces. La route après les montagnes traverse des champs à la terre ocre et blanche. Les pics cèdent la place aux collines douces aux courbes suaves puis à la plaine. Jolie route en zigzag vers Moron de la Frontera ville sans attrait. Je rends la Fiat 500 de location. Il me reste un peu plus de 24 heures à passer à Séville où il fait doux.

Ciel de feu sur la Torre Colón