Vienne : L'empire assoupi

Découverte de Vienne, autrefois capitale d'un vaste et puissant Empire, aujourd'hui assoupie sur son passé.
Octobre 2009
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Octobre 2009, nous débarquons à Vienne. L'idée nous était venue de visiter cette ville dont l'image reste attachée à une forme de romantisme et à la grandeur de l'Empire des Habsbourg. Nous logeons au Best Western Harmony, en plein centre ville. Nous avons bénéficié d'une grosse réduction sur le séjour à l'hôtel.

Nous sommes arrivés en soirée. Du coup, nous sortons faire une petite visite de nuit. Nous passons ainsi devant l'hôtel de ville, au pied duquel les cabanes pour le marché de Noël sont déjà en place.

Face à la mairie, le théâtre paraît majestueux également.

Dans le même quartier, se trouve le palais Kinsky. Ce dernier n'a pas été construit par les Kinsky, famille de Bohème, mais par le comte Wirich Philipp von Daun. Ce n'est que quelques années plus tard qu'il fut vendu à la famille Kinsky. Le palais est aujourd'hui connu pour son architecture baroque, son intérieur richement décoré, ses escaliers et ses plafonds couverts de fresques.

Nous poursuivons cette balade nocturne, à la découverte des palais baroques et découvrons ainsi le palais Ferstel ainsi que la fontaine de la Freyung.

Notre repas pour ce premier soir n'aura rien de traditionnel puisque nous trouvons une pizzeria ouverte qui fera l'affaire.

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Le lendemain, nous nous faisons discrets et nous fondons dans le paysage en enfilant des tenues locales pour aller faire une petite promenade...

Quoi de plus passe partout que ces petites tenues qui nous vont si bien ? Nous n'avons pas besoin d'emprunter les moyens de transport locaux, Vienne est une ville à taille humaine où tout peut se faire à pied.

C'est sur le Ring : ce grand boulevard circulaire de Vienne que nous découvrons VotivKirche : l'église votive. Elle fut édifiée par l'archiduc Ferdinand Emilien pour commémorer l'attentat manqué contre son frère François Joseph en 1853. L'histoire de l'Empire n'allait pas tarder à se répéter avec de funestes conséquences quelques années plus tard...

Un peu plus loin : Schottenkirche. On pourrait se dire qu'ils aiment vraiment le kirsch ces autrichiens, mais en fait cela n'a rien à voir. Ils 'agit bien de notre dame des Ecossais ! De même que viennent faire ces écossais en plein territoire Habsbourgeois ? L'église doit en fait son nom à la communauté qui s'y établit au XIIème siécle. Sa façade est aujourd'hui colorée d'un très joli jaune canari. Dans les faits, pas grand chose à voir avec les écossais non plus. Ces derniers étaient en fait des irlandais établis à l'abbaye de Ratisbonne et venus fonder une communauté ici.

Retour du côté de la Freyung connue pour ses galeries marchandes avec ses boutiques de luxe.

Le palais Kinsky vu de jour ce n'est pas mal non plus. Le quartier de la Freyung était prisé des aristocrates venus s'installer non loin de la Hofburg. Les palais y étaient ainsi nombreux. Aujourd'hui, le quartier abrite des cafés, des commerces, des banques et des administrations.

Sur la place de la Freyung, on concédait au Moyen Age un droit d'asile aux truands, notamment au sein du couvent bénédictin des écossais. La fontaine au centre de la place symbolise l'Empire d'Autriche. On y voit en effet l'Autriche sous les traits d'une jeune femme en haut et à l'étage du dessous 4 fleuves.

Le passage couvert de la Freyung a quelque chose d'intemporel avec ses escaliers en marbre et sa fontaine centrale qui ajoute à la magie des lieux.

La commode est un autre bâtiment typique du quartier qui doit son nom à sa forme caractéristique.

La place Am Hof est la plus grande place de la vieille ville. son nom signifie "A la cour". En 1156, la dynastie de Babenberg y construisit en effet son palais. C'est cette dynastie qui ouvrit l'Autriche sur les territoires extérieurs et qui commença à édifier l'Empire. Au centre de la place se dresse une colonne avec une vierge à l'Enfant.

Sur cette même place a été édifiée une église dédiée aux 9 choeurs des anges.

Nous rejoignons ensuite la Graben : le principal axe de Vienne. Cette rue a été construite par les Babenberg avec une partie de la rançon touchée pour la libération de Richard Coeur de Lion...

Nous nous dirigeons ensuite vers le palais impérial : la Hofburg. Depuis la place Michaelplatz, une porte appelée Michaeltor donne accès au palais.

Face à la porte, l'Eglise dédiée à Saint Michel est connue pour sa remarquable "chute des anges" au dessus du maître autel.

Un tout petit peu plus loin, une toute petite boutique d'horlogerie installée au pied d'une église a quelque chose de croquignolesque...

A quelques rues de distance, nous pénétrons dans le quartier juif de l'époque médiévale, dont le coeur était la Judenplatz.

Nous poursuivons notre promenade et parvenons à la fontaine des noces, qui côtoie une belle horloge appelée l'Ankeruhr, qui s'anime toutes les heures avec des personnages célèbres.

Cette dernière horloge se situe au Hoher Markt, où se tenait au Moyen Age le marché des tissus et des poissons. Des vestiges de l'ancien camp romain de Vindobona, à l'origine de la ville de Vienne ont également été mis au jour en cet endroit.

Il est temps pour nous d'aller admirer la cathédrale.

Voici donc Stephansdom, c'est à dire la cathédrale Saint Etienne. C'est ici que Mozart s'est marié. Sa toiture en tuiles vernissées et décorées est caractéristique de l'édifice. Cette cathédrale est située sur une place aux dimensions réduites, la Stephansplatz, ce qui accentue le caractère imposant de l'édifice. La place est assez animée et des personnes tentent de vendre aux touristes de passage des places pour assister à des concerts de musique classique le soir en différents lieux de la capitale.

Elle se reflète par ailleurs dans les vitres du bâtiment moderne Hass-Haus.

Nous quittons l'édifice religieux, mais restons dans les pas de Mozart.

Nous voici en effet devant ce qui fut sa maison entre les années 1784 et 1787. La demeure a aujourd'hui été transformée en musée.

Nous reprenons ensuite nos pérégrinations en direction de l'église des dominicains.

Cette dernière date des années 1630, même si l'ordre est présent à Vienne depuis beaucoup plus longtemps. Les premiers dominicains sont en effet arrivés au XIIIème siècle.

Comme nous commençons à nous en rendre compte depuis le début de notre séjour, Vienne ne manquent pas d'églises, comme en témoignent également les édifices ci-dessous croisés sur notre chemin de retour vers la cathédrale.

C'est devant la plus grande d'entre elles que s'achève la journée.

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Le lendemain, nous repartons à peu près du même endroit et commençons par explorer plus en profondeur l'artère piétonne et commerçante de Graben.

L'un des principaux monuments de la place reste la colonne de la peste, porteuse d'un message politique. Elle se divise en trois parties : à son sommet, on trouve la sainte trinité assise sur des nuages. Elle irradie sur la partie centrale décorée d'anges, d'hommes habillés en costumes traditionnels des différentes régions de l'Empire et des emblèmes représentant les régions et les royaumes de l'empire autrichien. Sur la base du piédestal, on voit un homme agenouillé sur un coussin qui soutient la colonne. C'est l'Empereur Léopold. Sous ce dernier, une jeune femme, croix à la main, terrasse une femme hideuse. C'est une représentation classique de la foi terrassant le mal. C'est donc grâce à se foi que Léopold soutient son peuple et vient à bout des fléaux qui ont affligé ce dernier : la peste et les turcs. C'est aussi à la même époque (vers 1683) que la paix est faite avec la France de Louis XIV.


Nous passons dans des quartiers déjà visités : Neuermarkt, Kärtner Strasse, avant d'arriver au célèbre Sacher Café. Cet établissement est devenu une institution, notamment grâce au Sacher tochte, ce dessert au chocolat aromatisé avec une pointe d'abricot qui a conquis le monde.

Un peu plus loin, nous voici devant l'opéra : l'un des plus grands du monde avec une programmation qui a fait sa réputation.

En face se trouve la Karlsplatz avec ses stations de métro aux pavillons "art nouveau".

C'est sur cette même place que se dresse l'église Saint Charles Borromée, commandée par l'empereur Charles après une épidémie de peste. C'est un bel exemple d'architecture baroque du XVIIIème siècle.

Le quartier est dédié à la musique. Outre l'Opéra, on y trouve également le Musikverein : grande salle de concert considérée comme l'une des trois meilleures au monde pour son acoustique et qui est aussi le siège du philharmonique de Vienne.

Les statues témoignent aussi de la réputation des compositeurs qui ont vécu à Vienne comme celle ci-dessous dédiée à Brahms.

Un peu plus loin, nous entrons sur la Schwartzenberg Platz, où l'ambassade de France fait face à la statue équestre du Prince Schwartzenberg, vainqueur de Napoléon à la bataille de Leipzig...

C'est également sur cette place que se dresse un monument dédié à la mémoire des soldats russes tombés durant la seconde guerre mondiale. Ce dernier a des allures très soviétiques...

Laissons ces souvenirs guerriers derrière nous pour entrer dans une sphère plus bucolique : celle des jardins du Belvédère.

Le Belvédère, c'est avant tout un palais baroque, dans lequel fut signé le traité d'indépendance de l'Autriche après la seconde guerre mondiale et qui abrite aujourd'hui un musée dans lequel on trouve notamment la collection Klimt. Le Belvédère est divisé en deux bâtiments; Le belvédère supérieur a des allures orientales. Il devait servir de cadre aux fêtes éblouissantes organisées par son propriétaire : le prince Eugène.

L'ordonnancement des jardins développe des allusions ésotériques : le jardin le plus bas évoque les quatre éléments, celui du milieu le Parnasse (la montagne des muses) et le plus haut le séjour des Dieux : l'Olympe.

Les bâtiments constituant le Belvédère inférieur sont à l'origine une orangerie et des écuries. Ils abritent aujourd'hui des musées.

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Nous quittons le Belvédère et nous dirigeons vers Albertinaplatz, connue elle aussi pour son monument antifasciste et son musée qui abrite de nombreuses toiles connues.

Nous pénétrons ensuite dans le périmètre du palais de la Hofburg. Arrêtons nous un moment sur Josefsplatz, considérée comme l'un des plus élégante de Vienne avec sa statue équestre de l'Empereur Josef II, fortement inspirée de celle de Marc Aurèle sur le capitole. La place est bordée de bâtiments sur trois côtés, dont l'un d'entre eux abrite la bibliothèque nationale d'Autriche.

Voici ensuite la stallburg, qui abritait le corps de la cavalerie impériale. Aujourd'hui, c'est l'école de dressage espagnole qui occupe les lieux.

Nous repassons par la Michaelerplatz où nous nous arrêtons pour contempler le dôme de la Michaelertrakt.

Nous entrons ensuite dans l'Amalienburg : cette aile a été édifiée en 1575 par l'empereur Rodolphe II. C'est une des ailes les plus élégante de la Hofburg.

Juste à côté se trouve la porte des suisses, construite en 1522 et qui doit son nom aux militaires qui étaient chargés de garder les lieux. La porte qui est en fait une sorte d'arc de triomphe est reconnaissable à sa couleur pourpre. Les suisses, eux ne sont arrivés qu'au XVIIIème siècle. La construction de cette porte précède d'environ une dizaine d'année le transfert de la capitale de l'Empire de Prague à Vienne. C'est dans ce cadre que de nouvelles constructions ont été effectuées au palais, afin de rendre ce dernier plus fastueux et digne d'accueillir les souverains d'un Empire comme celui des Habsbourg.

Nous accédons ensuite à la Heldenplatz : la place des héros, conçue à l'origine pour relier la Hofburg au Ring. Cette place gigantesque devait comporter deux bâtiments en hémicycle. Un seul fut achevé puisqu'en 1918, la monarchie autrichienne n'est plus et ce sera également la date de la fin des travaux. La place devait être aménagée comme un vaste espace impérial et les bâtiments devaient comporter des baies pour abriter des niches où devaient être posées les statues représentant les peuples de l'Empire : magyars, tyroliens, polonais... en costumes traditionnels. Ce projet architectural qui se voulait le signe de l'unité ne fut jamais achevé. Il se disloqua sous l'effet du réveil des nationalismes. C'est aussi de cet endroit qu'Adolphe Hitler proclama l'Anschluss en 1938.

La Burgtorg marque aujourd'hui la séparation entre la Hofburg et le Ring.

Au sein de la Rechkanzleitrakt se trouvent les appartements des Empereurs. Ici vécurent entre autre François Joseph, l'Impératrice Elisabeth (Sissi). C'est aussi dans ce bâtiment que logea l'empereur Alexandre Ier de Russie durant le congrès de Vienne.

Notre passage à la cour s'arrête là. Nous rentrons ensuite à notre hôtel en passant devant le célèbre café central qu fut fréquenté en son temps par de célèbres artistes et dont les pâtisseries sont toujours aussi renommées.

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Le lendemain, nous prenons les transports en commun pour nous rendre à la périphérie de Vienne, au château de Schönbrunn.

Le château est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Nous commençons la visite par l'orangerie.

Le nom de la résidence vient d'une source découverte lors d'une promenade : en allemand : la "Schöner Brunnen" : la belle fontaine. Les empereurs utilisèrent la propriété comme résidence d'été jusqu'à sa quasi destruction par les invasions turques. Après la défaite ottomane, l'Empereur demande à ce qu'on lui construise un Versailles Autrichien. François Joseph et Sissi vécurent en ce palais qui fut leur résidence d'été.

Les jardins à la française du parc furent dessinés par un élève de Le Notre.

Le sommet du parc est dominé par la gloriette d'où la vue sur le palais et la ville vaut le détour.

De là, le palais s'étale sur toute sa longueur...

Au sein du parc trône la fontaine de Neptune. Pas de doute, Versailles a inspiré l'architecte...

Les allées du parc offrent un espace de promenade agréable sous les couleurs d'automne.

Le zoo de Schönbrunn est très ancien. Il date des années 1550 et certains empereurs y ont prêté beaucoup d'attention, tout comme aux plantations du parc.

Des serres ont été installées pour accueillir les plantes tropicales. On appelle la serre principale la Palmenhaus.

Certains espaces ont été aménagés pour offrir des touches plus exotiques comme un petit jardin japonais.

D'autres offrent des perspectives plus traditionnelles entre plan d'eau et roseraie.

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Après notre visite à Schönbrunn, nous décidons de consacrer notre journée suivante à la découverte de l'architecture et des musées. Nous commençons par aller voir les appartements dessinés par Otto Wagner.

Ces derniers sont caractéristiques du style de l'architecte et de la période art nouveau.

Nous passons ensuite à Nachmarkt où se tient un petit marché très sympa, où les passants peuvent à loisir s'asseoir pour manger un morceau en passant.

Nous passons ensuite devant le palais de la sécession, conçu en 1897 par quelques architectes viennois comme une révolte par rapport aux critères traditionnels de l'art. Devant ce dernier trône la statue d'un autre empereur : Marc Antoine.

Non loin de l'opéra, un pâtisserie baptisée Aïda expose quelques spécialités viennoises sucrées.

Un Schiller de pierre nous accueille devant l'académie des beaux arts.

Nous abordons le quartier des musées avec pêle mêle : le musée d'histoire naturelle et celui de l'histoire de l'art.

Nous sommes en fait revenus devant la Burgtor, sur la place Marie-Thérèse.

Nous quittons le quartier des musées et passons devant le théâtre du peuple.

Nous arrivons enfin dans un petit quartier très sympa, ou les petites habitations bordent des rues étroites. Ce quartier du Spitteberg est composé de ruelles romantiques et des maisons Bidermeier qui attirent les promeneurs en été avec leurs jardins ombragés. Le quartier regorge de lieux de distraction et de restaurants. La jeune scène locale anime ces petites ruelles.

Les maisons restent fidèles à, un style baroque cher à la Vienne autrichienne.

Nous passons enfin devant quelques églises sur notre chemin de retour à notre hôtel.

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Pour notre dernier jour à Vienne, nous choisissons de faire un dernier tour de Ring. Nous passons tout d'abord devant les locaux de l'université. C'est la seconde plus vieille université du monde germanique derrière celle de Prague. Près de 80 000 étudiants s'inscrivent à ses cours chaque année.

De là, même pas besoin de prendre le tramway pour rejoindre l'hôtel de ville. C'est juste à côté.

Les colonnes publicitaires qui longent le Ring vantent les mérites d'expositions historiques face au Burgtheatre.

Plus loin, l'impressionnant bâtiment du parlement nous rappelle la volonté des dirigeants du pays d'en imposer y compris par l'architecture.

L'Autriche ne cultive pas uniquement son passé impérial et rend hommage aux grands fondateurs de la République au travers du monument ci-dessous.

Nous continuons notre balade et passons devant le palais de justice.

La Hofburg est visible un peu plus loin.

Nous souhaitions en ce dernier jour, aller donner un coup d'oeil à Minoritenkirche, on encore l'église des minimes en français. Cette dernière date de 1224. Elle fut fondée au retour de croisades du duc Leopold de Babenberg, qui s'était arrêté à Assise pour demander aux franciscains de s'installer sur ses terres.


La place sur laquelle est installée cette église ne manque pas d'allure non plus.

Nous repassons devant quelques commerces très connus de Vienne, comme le café central que nous avons déjà vu ou encore un magasin baptisé le schwartz camel (le chameau noir) dans lequel la pâte d'amande est très à l'honneur. On peut même acheter des copies de saucisses en pâte d'amande...!

Un peu plus loin, une autre échoppe a placé en devanture de belles icônes. C'est pour nous autres, occidentaux, très dépaysant...

Dernier petit tour par la cathédrale...

avant de nous rendre dans les passages couverts pour une petite séance de lèche vitrine.

Le soir, nous dînons dans une auberge afin de goûter quelques spécialités locales. Nous commandons des Schnitzels : sorte d'escalopes de porc pânées. Ce n'est pas mauvais, mais ce n'est pas non plus d'un goût à se rouler par terre.

Nous quittons Vienne le lendemain. Cette capitale est agréable à visiter, à une période où les touristes sont globalement peu nombreux. Elle n'a cependant pas l'énergie d'autres capitales européennes plus vivantes. Vienne s'est un peu assoupie sur les souvenirs de son empire passé.