Sud Pérou : les sentiers de sable

Après les civilisations du Nord et la Cordillère blanche, nous voici au Sud du Pérou, entre paysages maritimes, désert et lignes de Nazca.
Juillet 2018
4 semaines
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Après avoir visité le Nord du Pérou et découvert les civilisations Mochica, Lambayeque et Chimu, puis avoir fait une halte dans la cordillère blanche pour visiter Chavin de Huantar, nous voici revenus en bord de mer à Paracas.

Arrivées en fin de matinée, nous profitons des transats de l'hôtel installés en bord de mer pour prendre notre pique-nique tout en regardant le vol des pélicans.

Nous profitons du fait d'être arrivés relativement tôt pour aller visiter le centre ville de cette petite cité balnéaire avec ses commerces de bord de mer et ses nombreux restaurants.

L'hôtel est moderne et confortable. Après la visite, nous rentrons à notre hôtel.

Nous nous étions installés en terrasse pour déguster notre citronnade de bienvenue tout en contemplant le large, mais tout à coup, le vent s'est levé et l'horizon s'est couvert d'une sorte de brume. Vue de plus près, cette dernière est de couleur jaune-orange. Il s'agit en fait d'une tempête de sable. Ces tempêtes sont fréquentes et s'appellent justement les Paracas. Nous rentrons donc nous mettre rapidement à l'abri à l'intérieur.

Nos projets de promenade tournant court, nous rejoignons notre chambre d'où nous observons l'évolution de la tempête.

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Le lendemain matin, le temps est plus calme et c'est tant mieux. Nous avons rendez-vous de bonne heure sur le port pour partir à la découverte des îles Ballestas.

Nous partons en bateau rapide vers l'archipel. Le long de la côté, nous passons devant le candélabre gravé sur une falaise et dont on ignore la signification. Certains y voient une représentation de la croix du Sud, d'autres une représentation du cactus utilisé dans les cultes de Chavin, qui rayonnèrent jusqu'ici, d'autres encore le plus éloigné des géoglyphes de Nazca, ou encore un amer pour les navigateurs. Ici, le désert rejoint la mer et le sable adopte une couleur tirant sur le rouge.

Les îles sont appelées les Galapagos du Pérou. Elles sont situées au coeur d'une réserve naturelle.

La réserve compte plus de 1800 espèces animales et végétales. On y trouve des oiseaux de mer en abondance comme les pélicans, mais aussi des charognards comme celui de la photo en haut à droite, qui viennent chercher de la nourriture.

Albatros, fous, cormorans, goëlands, sternes, bécasseaux sanderling, mais également pingouins de Humboldt peuvent être observés sur ces rochers. Les courants froids qui remontent des pôles donnent une mer très poissonneuse dans laquelle ces oiseaux trouvent une nourriture très abondante.

De tout temps, la récolte de guano fut une activité rentable sur ces îles.

Lions de mer, phoques, voire même des tortues viennent également s'y reposer.

Le tout donne une belle image de la biodiversité et modifie un peu l'image d'Epinal du Pérou avec ses forêts luxuriantes, ses ruines incas et ses montagnes vertigineuses.

Les condors de temps en temps descendent de leurs hauteurs et viennent jusqu'ici pour se repaître des carcasses de mammifères marins et des placentas des phoques au moment des naissances.

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A peine arrivés sur le quai, nous reprenons nos valises à l'hôtel et partons en minibus. Notre chauffeur nous emmène pour une visite qui n'était pas prévue au programme. Dans une oasis entourée d'un désert aride, nous arrivons à Ica : la capitale viticole la plus prospère du pays. Nous visitons la distillerie de Pisco Bodega El Carmelo, qui possède un très vieux pressoir taillé dans un tronc d'arbre. Le précieux breuvage ne vieillit pas dans des tonneaux, mais dans des amphores en terre cuite, elles mêmes appelées piskos. L'alcool est issue de la distillation du jus de raisin.

Les premiers cépages ont été importés par les espagnols. Aujourd'hui, le Pérou produit son propre alcool, assez sucré et aromatisé puisque les grappes murissent en climat chaud. Les vendanges ont lieu en avril. On produit ensuite un vin de muscat qui est distillé. L'alcool produit, qui titre 60° est ensuite coupé avec de l'eau distillée pour abaisser le degré alcoolique à 40°. La spécialité péruvienne reste le pisco sour : mélange de pisco, jus de citron et blanc d'oeuf, le tout mélangé au shaker avec de la glace pilée. C'est très rafraîchissant en apéritif. Lors de la visite, nous goûtons une dizaine de breuvages.

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L'étape suivante nous mène dans une autre oasis : encore quelques kilomètres en bus et nous voilà à Huacachina.

Il s'agit d'un petit village (115 habitants en 1999), fondé autour d'un lac vert dont les eaux sont riches en souffre et qui attirent les touristes souffrant de rhumatismes ou de problèmes dermatologiques. La légende veut que l'oasis aurait été fondée par un princesse venue se réfugier ici alors qu'elle était poursuivie par un chasseur. La végétation serait apparue dès qu'elle serait entrée dans le lac, les dunes constituant les plis de son manteau. Selon cette même légende, cette princesse serait devenue une sirène, d'où la statue au bord du lac...

Huacachina est devenue aujourd'hui un lieu de villégiature pour les habitants d'Ica où les touristes, venus pratiquer le surf des sables.

Aujourd'hui, le petit village est très animé. C'est aussi le point de départ des promenades en buggy dans les dunes. On peut y observer des scènes assez insolites comme ces péruviens fartant des surfs avec en arrière plan ce paysage constitué par les dunes et le lac.

Nous ne restons pas en reste et nous embarquons dans un buggy avec un autre couple de français.

Le bolide fonce à toute vitesse le long des flancs des collines de sable et nous offre des sensations dignes des meilleurs grands huit. Nous avons ri de bon coeur.

Une nouvelle fois, le Pérou nous livre une nouvelle facette de sa personnalité. Quand on pense à ce pays, ce ne sont pas les images des déserts de sable blanc qui nous viennent à l'esprit, et pourtant, une partie du pays est constituée d'un désert très aride.

Arrivés en haut d'une dune, notre pilote s'arrête et sort d'un coffre du buggy un surf pour chacun d'entre nous. Il n'y a plus qu'à essayer... Personne dans le groupe n'a fait de surf ou de snowboard. Plutôt que de tenter la descente debout, nous la tentons donc à plat ventre.

Maël, un peu effrayé choisit de ne pas faire cette activité, mais le chauffeur lui propose de faire une descente accroché à mon dos. Dès lors, ce n'est que du plaisir et on ne peut plus l'arrêter : l'envie de faire des descentes est grande.

C'est ravis de notre expédition que nous rentrons à Huacachina.

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Il ne nous reste plus qu'à reprendre la route et c'est en fin de soirée que nous arrivons sur Nazca.

Le lendemain, nous nous rendons à l'aérodrome local où nous avons rendez-vous pour survole les fameuses lignes. Après la pesée des voyageurs, le visa souvenir de Nazca et la distribution des plans de vol, nous voilà au pied de l'avion.

Nous embarquons dans le petit monomoteur avec trois autres françaises qui voyagent en famille et nous ne tardons pas à décoller, puis à enchaîner les virages sur les ailes pour mieux voir les lignes.

Maria Reiche a consacré 50 ans de sa vie aux géoglyphes de ce site. Son interprétation était qu'il s'agissait de dessins de constellations. Elle évolua ensuite vers une autre hypothèse qui faisait de Nazca un calendrier astronomique parcouru par les shamans pour envoyer des messages aux dieux. Elle a arpenté ce désert sans fin afin de de restaurer ces tracés faits de sentiers dans le sable et vieux de plusieurs centaine d'années. Les tracés dateraient d'une période allant de 500 avant JC à 500 après JC. Les habitants du lieu avaient surnommé Maria Reiche la folle du désert. Elle est morte à Nazca en 1998, à l'âge de 95 ans.

Parmi les interprétations les plus récentes, certains pensent aujourd'hui que les tracés représentent les emblèmes des grandes familles de la civilisations Nazca, l'enjeu ayant été de faire le géoglyphe le plus grand pour montrer sa puissance.


Toutes ces interprétation peuvent parfois paraître assez farfelues. Il faut cependant sans doute signaler que la figure qui ressemble à un chien est en fait un jaguar, divinité des peuples andins. De la même manière, l'araignée et le colibri étaient des divinités de certains peuples (on a vu des araignées sur les représentations Mochica). Le singe quant à lui était une divinité des Nazcas. Pour les Nazcas, les colibris permettaient aux hommes de communiquer avec les condors, eux mêmes considérés comme des Dieux.

Les lignes ont été réalisées en retirant la couche supérieure du sol à l'aide d'une sorte de spatule en bois, mettant ainsi à jour la couche inférieure plus claire. La signification de ces lignes qui pour la plupart n'étaient visibles que du ciel reste encore assez énigmatique.

Retour sur la terre ferme pour les apprentis pilotes qui se voient remettre une sorte de diplôme. Certains ont un peu souffert des virages de l'avion et redescendent avec le visage verdatre.

Nous revenons ensuite à notre hôtel pour prendre un peu de repos.

Il a fallu se lever tôt pour aller voir les lignes sous les rayons du soleil levant.

Nous partons ensuite faire un petit tour en ville.

Le marché n'est sans doute pas tout à fait aux normes européennes, mais ses couleurs valent la visite.

Le midi, nous nous arrêtons dans un petit restaurant appelé la maison blanche. Nous prenons un délicieux jus de fraises. Comme partout au Pérou, les jus de fruits sont pressés à la demande.

Dans l'après-midi, nous prenons un nouveau bus. Celui-ci devait partir à 14 H30. Il aura finalement une heure de retard au départ. Notre destination est Arequipa où nous devions arriver à 23 heures. Nous y serons finalement à 1 H 45 du matin, mais heureusement notre chauffeur nous attendait bien à la gare routière. Nous arrivons à notre hôtel à 2 H 30 et la nuit fut courte puisque notre RDV le lendemain était à 8 H 30 pour de nouvelles aventures.