Le lendemain, le temps est couvert et nous décidons de retourner sur Henningsvear pour déjeuner. Sur la route, nous croisons quelques highland cattles : ces ruminants très bien adaptés aux conditions climatiques rigoureuses et à la pauvreté des sols des zones humides.
Nous faisons tout d'abord un petit détour par le site de Kalle : tout petit hameau perdu au fond d'une crique.
Un ancien entrepôt a été transformé en café. L'orage qui menace couvre le fjord de couleurs intéressantes pour la photo...
Nous essuyons un grain et reprenons ensuite la route vers nos îles de bout d'archipel. En route, nous croisons les plages arpentées lors de notre premier jour sur place.
Quelques kilomètres plus loin, le soleil est revenu et brille sur Henningsvaer.
Les pontons du village sont décidément bien accueillants et sous le soleil, c'est un vrai bonheur.
Nous profitons de ce début d'après-midi pour faire une petite promenade au coeur du village.
L'après-midi, nous avons opté pour une visite culturelle : la ferme de Borg qui reconstitue un habitat traditionnel viking.
Nous arrivons sur le site au moment où le temps à nouveau changeant a viré à la pluie. Ce qui frappe d'abord en arrivant, c'est cette grande halle qui servait d'habitation collective aux seigneurs de Borg.
Voici des mannequins représentant les occupants des lieux en costume d'époque.
Les éléments de parure trouvés sur place lors de fouilles traduisent la richesse de la famille qui a vécu en cet endroit ainsi que le goût pour les bijoux avec ces perles et ses broches notamment, mais aussi des amulettes en or destinées à offrir une protection à ceux qui les portent.
Des ustensiles utilisés dans la vie courante sont également exposés comme des pierres de meules, des racloirs utilisés dans le travail du cuir ou encore des fers de haches.
Quelques armes sont présentes, mais il ne faut pas oublier qu'avant d'être les guerriers sanguinaires décrits dans les textes médiévaux, les vikings étaient avant tout des commerçants avides de profits.
Nous poursuivons notre visite par le reste de la grande halle où l'on peut voir à quoi les habitants des lieux occupaient leurs journées : tissage des tissus, préparation de la nourriture, utilisation des ressources procurées par la natures par le biais des peaux d'animaux ou encore de la vannerie. On ne dédaignait pas non plus quelques occupations plus ludiques comme en témoigne cet échiquier et ces jetons.
La viande, le poissons et les produits laitiers occupaient une grande place dans la consommation de l'époque.
Le mobilier comportait en général peu de lits. La grande halle abritait une famille élargie et seuls les plus riches pouvaient disposer de ce mobilier. En général, le centre de la halle était équipé d'une fosse à feu servant à cuire la nourriture et à chauffer les lieux. Autour étaient disposés des bans. La place que l'on pouvait occuper sur ces bans dépendait du statut social. Le soir, après le repas, on transformait ces bans en couchettes. Les coffres en bois étaient par contre assez fréquent dans le mobilier. Ceux exposés ici montrent la dextérité dans le travail du bois atteinte par les artisans de l'époque.
Le cuir était aussi une matière travaillée par les artisans pour produire de nombreux artefacts comme ces chaussures.
La décoration d'intérieure était faite grâce aux tentures ou au travail du bois.
Le mobilier exposé contient aussi des statues de divinités nordiques dont les plus connues restent Thor, Odin ou Freya. Le corpus de textes mythologiques du nord est riche des aventures de ces dieux.
C'est bien dans cet univers mythologique qu'on cherche à nous plonger. En témoigne cette tête de Jörmungandr : le fabuleux serpent de mer, évoqué par Snorri dans ces Eddas et dans la poésie scaldique. Selon la légende, ce serpent serait le fils du Dieu Loki et de la géante Angrboda. A ce titre, il est également le frère du loup Fenrir et de la déesse du monde des morts : Hel. Peu après sa naissance, Odin jette Jörmungandr dans les eaux qui entourent Midgard. Ce dernier grandit tellement qu'il finit par entourer les monde et se mordre la queue, d'où son autre nom : Midgardsom : le serpent de Midgard. Dans les textes, il apparaît souvent comme le rival du dieu Thor, qu'il rencontre lors d'un partie de pêche racontée sur 6 pierres runiques. A la fin des temps, lors du Ragnarök, ce serpent provoquera un raz de marée en surgissant des flots pour venir combattre les dieux aux côtés des géants. Il sera finalement tué par Thor lors de cet affrontement final, mais ce dieu ne pourra faire que 9 pas avant de mourir à son tour, empoisonné par le venin du serpent.
Là encore, tout le travail des artisans du bois se donne à voir telles des oeuvres d'art.
Quand aux tapisseries, telles des bandes dessinées modernes, elle nous racontent des épisodes historiques, dans un style très proche de notre très célèbre tapisserie de Bayeux. Faut-il s'en étonner puisque cette pièce de toile a été produite dans des territoires conquis par les vikings.
La pèche reste un moyen à la fois de survie et un bon moyen de commercialisation des produits de la mer. Pour ce faire, les habitants de la région chassaient au harpon les gros mammifères marins.
Il va de soi que ce que l'on nous donne à voir est une reconstitution, mais sans doute très proche d'une réalité historique et sur le site même où les fouilles se sont déroulées.
On peut d'ailleurs encore observer au sol les emplacements des structures datant de l'époque viking.
Sortis de la grande halle, nous allons voir les bâtiments environnant comme cette forge à ciel ouvert ou ce fumoir à poisson.
Sur le linteau de la porte du fumoir, des runes ont été gravées.
Un peu plus loin, sur le plan d'eau, des embarcations vikings naviguent.
Vous pourrez ainsi vous exercer à ramer en rythme avec les autres visiteurs pour manoeuvrer votre drakkar. Rassurez vous, il y a un moteur en cas de panne de rameurs...
La aussi, les bateaux avec leur fond plats étaient taillés pour la vitesse et pour remonter les fleuves avec un faible tirant d'eau. Le soir, on dressait la tente sur le pont. Les animaux comme les chevaux étaient aussi transportés par bateau.
Je recommande vivement cette visite qui permet une véritable immersion dans le monde du Haut Moyen age avec des démonstrations par des gens en costume d'époque des techniques artisanales.
Le lendemain, nous reprenons notre petit avion sur l'aéroport de Svolvaer. L'hôtesse semble connaître quasiment tous les voyageurs par leur prénom et demande des nouvelles de la famille. Dans ces contrées reculées et isolées, on prend l'avion comme ici on prend le bus... Le survol nous offre une dernière vue de nos îles de rêves.
Nous avons passé une semaine magnifique aux Lofoten : joyau dans un écrin turquoise bercé d'une douceur septentrionale sans pareille.