Quiétude septentrionale : les Lofoten

Sans doute l'un de nos plus beaux voyage. Ce séjour dans l'archipel des Lofoten nous a laissé un souvenir inoubliable fait de quiétude et de paysages inoubliables.
Juillet 2013
7 jours
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Juillet 2013. Je réalise un de mes rêves de jeunesse : aller visiter l'archipel des Lofoten en Norvège. J'avais vu un jour un reportage à la TV sur ces îles et leurs paysages inoubliables. Depuis lors, je rêvais de pouvoir me rendre en ce lieu un jour. Nous partons en famille et ce sera la première fois que mon fils prend l'avion. Quel baptême de l'air ! Nous prenons un premier vol Paris-Oslo, puis un second vol Oslo-Bodo et enfin un dernier vol Bodo-Svolvaer. A Oslo : nous perdons notre porte bébé qui n'arrive pas sur le tapis des bagages. Résultat, nous ratons notre correspondance pour Bodo et devons prendre un autre vol un peu plus tard. A Svolvaer : nouvelle perte du porte bagage. Il nous sera rendu le lendemain et déposé dans notre location. Nous arrivons à Svolvaer en soirée, vers 20 h 45. Notre loueur de voiture n'est pas là ! Je lui téléphone : il avait compris que l'on arrivait à 7 H du matin et a donc donné notre voiture à quelqu'un d'autre ! Après avoir une peu discuté avec lui, il accepte de venir à l'aéroport avec une autre voiture, mais il a plus de 45 minutes de trajet à faire. Problème : l'aéroport doit fermer à 21 H. Je me renseigne auprès du personnel présent. Ils acceptent de fermer plus tard, le temps que notre loueur arrive... !!! Cela ma paraît complètement incroyable. Ils nous installent dans la salle d'attente et vont jusqu'à aller acheter des gâteaux pour mon fils histoire de patienter et de combler un peu la faim qui se fait sentir. C'est ça l'accueil aux Lofoten ! Des gens hyper accueillants sous des aspects parfois un peu froids. Ici, quasiment tout le mode se connaît, cela donne une ambiance famille où chacun aide son prochain.

On a mis du temps à l'avoir notre voiture, mais finalement mon loueur arrive et nous remet à l'aéroport les clés d'une petite peugeot toute neuve. Nous achetons des sandwichs dans une station service (vu l'heure, c'est tout ce que nous trouvons et nous devrons nous en contenter pour ce premier dîner). Nous nous dirigeons ensuite vers notre hôtel. Ce dernier est fermé quand nous arrivons ! Là encore, je me renseigne auprès d'un passant qui me dit qu'en général, quand ils sont fermés, ils déposent les clés des chambres dans le restaurant voisin. C'est effectivement ce qu'ils ont fait en laissant un message à notre attention. Nous faisons encore quelques centaines de mètres en voiture et nous nous garons sous les séchoirs à poisson, juste en face de notre rorbu rouge : ce sont les anciennes maisons de pêcheurs qui étaient construites tout près du quai et qui permettaient de décharger rapidement les produits de la pêche.

Le lendemain matin, direction la salle commune de restauration de l'hôtel pour prendre le petit déjeuner. L'ambiance et la décoration sont très cosy et le buffet du petit déjeuner excellent. Par contre, comme dans tous les pays scandinaves, ce n'est pas donné ! Pour les jours suivants nous ferons quelques courses et prendrons nos repas dans notre rorbu qui est équipé pour...

Il y a un côté un peu marin dans cette décoration. Le tout, fait en bois brut est également très chaleureux. Cela doit être très agréable les jours d'hiver où la météo se fait mordante...

Le hall de notre hôtel est installé dans une ancienne épicerie et le décor a été conservé à l'identique. C'est une excellente idée. Cela lui donne un cachet incomparable.

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Nous quittons Svolvaer sous un ciel bas et des gouttes de pluie ne tardent pas à se faire sentir.

Nous prenons la route en direction de l'Ouest et ne tardons pas à sortir de Svolvaer : principale ville de l'archipel. Nous dépassons ensuite Osan et nous attardons quelque peu le long de la route pour admirer les paysages. Même sous un ciel couvert, ces derniers sont splendides.

Nous atteignons Kabelvag quelques kilomètres plus loin. Cette commune d'environ 2000 habitants possède une vaste église qui fut la cathédrale des Lofoten. Elle fut construite au XIXème siècle et peut accueillir 1200 fidèles.

Nous continuons tranquillement notre route et quittons la E10 pour prendre l'embranchement sur la route 816.

Nous atteignons une jolie plage : Rorvikstranda. Là, une jolie maison en bois rouge fait face à la baie. C'est la première maison à toit végétalisé que nous voyons. Cette toiture est à la fois respectueuse de l'environnement et permet d'obtenir une excellente étanchéité ainsi qu'une isolation thermique optimale. La plage, comme tous les espaces naturels en Norvège est totalement ouverte au public. Un barbecue fixe est même installé afin que les passants puissent faire cuire leur casse-croûte.

Nous continuons en direction du Sud et passons d'île en île par l'intermédiaire de ponts jusqu'à atteindre le village de Henningsvaer.

Ce village est appelé la Venise des Lofoten. Il n'est relié à la terre ferme par un pont que depuis 1983. Le site est devenu très touristique. Il faut dire que la balade le long des pontons est très agréable. Nous profitons d'une petit restaurant avec terrasse sur le port pour faire la pause du midi.

Henningsvaer est le miroir de la vie portuaire avec ses chalutiers, ses séchoirs à poissons, ses maisons de pêcheurs sur pilotis.

Après le repas qui fut fort agréable, nous faisons une petite visite de ce charmant village de 500 maisons. Le temps se lève peu à peu. Tout au moins un rayon de soleil perce les nuages.

Nous nous attarderions volontiers un peu plus dans ce village, mais en même temps, nous sommes pressés de découvrir d'autres paysages. Nous reprenons la route en sens inverse. Ici où là, perdue au milieu d'un vaste paysage, perchée sur ses pilotis au bord d'une vaste crique dans laquelle les montagnes viennent se jeter, une habitation vient nous rappeler combien les norvégiens sont attachés à cette proximité avec la nature aussi rude soit elle.

Nous quittons l'île d'Austvagoya et passons sur celle de Gymsoymyrene grâce au pont de Goddraget. Par beau temps, la vue sur la baie doit être splendide. Nous aurons l'occasion d'y revenir...

La route jusqu'à Stamsund nous offre une succession de lacs, d'étangs et de montagnes le long du Vestfjord. Le temps s'est malheureusement à nouveau couvert et ce n'est donc pas la peine de gravir le Justadtinden qui culmine à 738 mètres au dessus de la ville portuaire, d'où dit-on, la vue est waouhhhh !

Stamsund reste une ville portuaire un peu moins touristique que les autres villages des Lofoten à notre goût, mais la petite halte pour le goûter et la tasse de café a été appréciée.

Nous rejoignons ensuite Leknes avant de prendre la route retour en direction de Svolvaer.

De ce côté, les paysages sont plus verdoyants. Sur notre route, nous passons devant une petite chapelle blanche entourée de ses tombes, qui font face au fjord comme un dernier défi lancé par les hommes aux éléments.

En soirée, le soleil fait une apparition plus marquée au travers des nuages. J'en profite pour aller découvrir Svolvaer et sa baie d'un peu plus près. Sous cette douce lumière, c'est toute la magie des Lofoten qui se révèle à moi.

C'est dans ces paysages majestueux et changeants que le Hurtigruten : l'express côtier fait son entrée dans le port.

Sur les langues de rochers qui entourent le port, s'étalent les séchoirs à poissons. Certes, aucune prise ne sèche, mais l'odeur est encore très présente...

Tout au bout de la jetée, a été édifiée une statue représentant une femme de pêcheur guidant le navire de son mari vers le port. C'est tout un pan de l'histoire des Lofoten qui se trouve représenté ici : ces femmes qui attendent que les hommes rentrent de la pêche et qui s'aperçoivent parfois que la mer a pris l'un d'entre eux à jamais.

Le photographe en moi se régale. Quelle agréable soirée sous le soleil de minuit.

Svolveaer en norvégien signifie "la chèvre". La ville tient son nom du rocher qui surplombe sa baie et dont les deux petites cornes de pierre rappellent ceux des capridés.

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Le lendemain j'ai encore en mémoire les magnifiques images de la veille, mais le temps est encore humide comme en témoigne cet arc en ciel. Qu'à cela ne tienne, nous avons décidé de bouger et ce ne sont pas quelques gouttes de pluie qui vont nous freiner. Le midi, nous nous arrêtons à Ramberg, dans un charmant petit café dont le serveur parle remarquablement bien le français. Les lasagnes végétariennes faites maison sont un régal et les gaufres en dessert sont très appréciées. La décoration y est très cosy, comme dans la plupart des intérieurs norvégiens. Le café met à disposition de ses clients de nombreux livres pour une nourriture autant intellectuelle que corporelle.

Nous nous dirigeons ensuite vers l'île de Moskenesoy, au sud de l'archipel. C'est à 130 km de notre location, mais à une vitesse de 60 km/h, il faut un peu de temps. Qu'importe ; dans les Lofoten, il faut prendre le temps d'admirer les paysages et d'apprécier ce rythme peut être un peu plus lent qu'ailleurs.

Sur les petits ponts, nous passons d'île en île....

En poursuivant notre route en direction de Reine, nous apercevons un séchoir à poisson, qui lui, est bien chargé. Le séchage du poisson est la plus ancienne méthode de conservation de ce dernier. Le poisson est d'abord vidé, puis étendu sur le séchoir pendant 2 à 3 mois pour obtenir le stockfish, consommé dans ces îles à tout instant de la journée. Le foie du cabillaud est bien entendu utilisé pour faire de l'huile et les joues et la langue sont également des mets très prisés.

Nous arrivons bientôt à Reine...

C'est pour beaucoup de monde, la perle des Lofoten. Il est certain que le village est dans tous les dépliants touristiques.

Certes, le site est enchanteur et a des atouts pour marquer les esprits, mais pour l'instant, nous choisissons de différer l''étape et de continuer plein Sud.

Nous arrivons enfin au village de A (prononcez "ô" en français), village dont l'activité traditionnelle était là aussi la pêche à la morue et qui s'est aujourd'hui tourné vers le tourisme.

Le village de A a des airs de bout du monde. On imagine assez bien l'isolement des habitants en hiver quand la neige s'accumule. Du coup, le stockage du poisson est effectivement une activité essentielle à la survie.

Une partie du village a été transformée en musée de la pêche. On peut ainsi admirer quelques belles embarcations dans les bâtiments en bois qui ont plus de deux siècles.

Nous avons atteint le point le plus méridional de notre étape. Le village n'est pas très grand et la visite n'est donc pas longue. Nous reprenons la route et revenons un peu en arrière.

Nous repassons devant Sorvagen et Moskenes.

Nous revenons finalement à Reine, où nous nous attardons un peu. Nous prenons tout d'abord un goûter dans un café au centre du village : excellent comme d'habitude. Le café fait aussi un peu jardinerie et magasin de déco d'intérieur.

Le centre du village est charmant, mais ce n'est pas l'endroit qui nous a le plus enchantés aux Lofoten. En fait, mieux vaut escalader les collines autour de Reine pour se laisser impressionner par le panorama plutôt que de s'attarder plus que de raison en son centre. Nous concernant, le temps se couvre à nouveau, nous avons un enfant en bas âge et la journée est déjà bien avancée. Que de raisons pour ne pas entamer d'ascension...

Nous rebroussons donc chemin sous un ciel assez bas.

Nous longeons des fjords où les parcs à poissons nous rappellent que la Norvège reste l'un des principaux exportateurs de saumon d'élevage au monde.

Nous parvenons ensuite aux ponts reliant l'île de Moskesenoy à celle de Flakstadoy

Nous faisons ensuite un détour pour aller voir la plage de sable blanc de Hamnoy.

Nous revenons tranquillement vers Svolvaer, notre port d'attache.

Le soir venu, je réitère ma promenade de la veille et m'émerveille à nouveau devant les paysages baignés d'une lumière changeante.

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Le lendemain matin, le temps est plus clair. Les couleurs n'en sont que plus resplendissantes. Nous reprenons la voiture et nous dirigeons à peu près dans la même direction que la veille.

Les montagnes projettent leur reflet dans les eaux du fjord.

Sous le soleil, les paysages au niveau du pont de Goddraget prennent une nouvelle ampleur. On ne se lasse pas de les contempler.

Ici, les eaux de pluie ruissellent sur les montagnes et finissent leur course dans le fjord. Durant ce trajet, elles entraînent avec elles de nombreux minéraux. Lorsque vous avez la lumière dans le dos et que le fond de l'eau est sableux, cela donne des couleurs vertes magnifiques. démonstration :

Qui croirait que l'on est au nord du cercle arctique ?

C'est magnifique. On en prend les yeux, mais on ne peut pas trop s'attarder, non pas parce que le bus nous rattrape, mais parce que d'autres trésors nous attendent. En avant donc, direction Leknes, mais par la route du Nord cette fois.

Tout de suite après Leknes, la route monte et nous offre une vue plongeante sur les lacs et le fjord situés juste après la ville.

La route le long du fjord nous laissera quelques souvenirs impérissables. Il suffit parfois de descendre un talus pour accéder à une plage où une petite barque attend nonchalamment de futurs occupants.

Nous prenons ensuite une petite bifurcation le long de la route principale, en direction de notre destination de la journée : le Nusfjord.

Tout au fond du fjord, là où se termine la route, un petit village s'est blotti contre les blocs de rochers.

Le village, classé à l'UNESCO est installé autour d'un quai et a donc pris la forme d'un fer à cheval. On se croirait dans un décor de carte postale.

Là encore, ce sont les activités de la pêche qui sont mises à l'honneur dans ce village transformé en musée à ciel ouvert. Les hangars à bateaux sont ouverts au public et dans les maisons sont projetés des films sur la vie des pêcheurs, confinés des mois durant en hiver dans ces habitations coupées du monde et exposées aux rigueurs du climat.

Le village devait être auto-suffisant. Il disposait pour ce faire de sa propre forge et d'une scierie. Les premières traces d'occupation humaine en ce lieu datent de l'an 400 environ. Le village a ensuite été une propriété de la couronne avant d'être vendu en deux étapes à la famille Dahl qui en fit un important port de pêche dans les années 1800. C'est aujourd'hui l'un des villages les plus anciens et les mieux préservés de Norvège.

Les fumoirs semblent attendre les dernières prises alors qu'une tête de morue (sans jeu de mot) annonce la couleur locale. Ce fumoir à poisson peut être vu sur des photos des années 30.

De retour au bord du quai, un café a installé une agréable terrasse où il fait bon flâner.

Non, le grand métier n'est pas mort. On pêche encore à Nusfjord et on lève même les filets sur le port.

On imagine bien à quel point, au fond de ces fjords, l'arrivée de la radio et de la TSF ont dû changer les modes de vie. C'est un lien avec l'extérieur enfin devenu possible qui faisait son apparition dans la vie quotidienne.

Au moment de notre visite, une célèbre école d'architecture de Norvège était en train d'installer une sorte de grand amphithéâtre en bois à Njusford, à l'image des bancs qui meublent déjà le quai du village.

Il suffit de grimper sur les rochers autour du village pour prendre un peu de hauteur et avoir une vue plongeante sur ce qui restera un de nos coups de coeur des Lofoten.

Nusfjord n'est pas qu'un village musée. Il continue à vivre, du tourisme notamment avec ces sorties en kayak de mer qui sont organisées à partir d'ici et qui doivent être bien agréables avec un temps aussi ensoleillé.

Dernière petite promenade avant de reprendre la route en sens inverse et de parcourir à nouveau les quelques kilomètres du fjord.

Non loin de l'embranchement de la route du fjord avec l'axe central des Lofoten, nous nous arrêtons devant un lac aux eaux tourbées dont le brun a quelque de chose de très attirant pour l'oeil.

La palette de couleur s'étend du brun pour aller vers le bleu au loin en passant par le turquoise...

En passant sur la Fleisveien, un pont nous permet de franchir un fjord et nous offre une fois encore un beau panorama.

Par ici, la végétation est typique des tourbières et des zones humides. On trouve notamment le lin des marais dont les fleurs ressemblent à du coton et qui était filé autrefois pour confectionner des vêtements, mais également des baies multiples, y compris de myrtilles qui poussent à l'état sauvage.

Nous continuons à remonter plein nord...

Nous voici face à une magnifique plage de sable blanc baignée par des eaux turquoises : un paysage de tropiques sous les latitudes septentrionales. Cette plage est celle d'Hauckland. Bien entendu, rien à voir avec la Nouvelle Zélande...

Un peu plus loin, une autre plage vaut le détour : celle d'Utakleiv.

C'est l'endroit rêvé pour se livrer à la contemplation et prendre le goûter.

Nous prenons ensuite la route pour un retour à la maison...

A Lyngvaer, les rayons du soleil percent les nuages et nous offrent une fois de plus un spectacle de toute beauté.

Le retour à Svolvaer se fait sous un grand soleil.

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Ce matin, nous quittons notre robur de location avec une franche envie d'en découdre avec ces magnifiques paysages au travers d'une petite randonnée.

Nous laissons donc derrière nous notre petite cabane rouge sur pilotis et le port de Svolvaer pour nous diriger vers le mont Hoven sur lequel nous avons jeté notre dévolu. Nous n'avons pas choisi une montagne trop abrupte : avec un petit très jeune, cela ne serait pas raisonnable, d'autant que la fin de la promenade se fera sans doute avec le porte bébé sur le dos...

Arrivés au mont Hoven (point culminant de l'île de Gilmsoy) , nous chaussons les chaussures de randonnée et c'est parti...

Nous prenons progressivement un peu de hauteur, mais ce n'est pas trop violent. Nous nous sommes garés au club house du golf et nous nous faisons doubler par des familles venues cueillir des myrtilles sur les hauteurs.

Le mont surplombe un étang en forme de coeur...

Progressivement, nous avons pris de la hauteur et le sentier devient de moins en moins praticable. Avec un porte bébé sur le dos, on risque de glisser à tout moment sur de la terre ou des roches humides. Nous préférons donc arrêter notre ascension avant d'avoir atteint le sommet.

Nous profitons longuement de ces magnifiques paysages et avant d'entamer la descente, nous laissons notre petite pierre à l'édifice : cet empilement constitué au détour d'un virage.

Nous faisons une halte au club house du golf pour nous restaurer. Comme d'habitude, la nourriture est fraîche et savoureuse.

Après le déjeuner, nous arpentons un peu l'île de Gimsoy.

Nous nous dirigeons tranquillement vers Unstad.

Nous passons sous un tunnel et de l'autre côté s'ouvre une sorte de vallée complètement coupée du reste des Lofoten par ce tunnel routier. Nous avons l'impression d'être passés dans un autre monde. Nichée au coeur de la vallée, une petite église toute blanche semble complètement perdue dans le paysage.

Unstad est une autre plage réputée de l'archipel. Les quelques surfeurs que nous y avons vus à l'oeuvre ne semblaient pas avoir très froid dans une eau qui à nous, nous aurait parue glaciale. Une petite ferme produit également du fromage de chèvre bio.

Nous reprenons la route en sens inverse, puisqu'une seule route mène à Unstad...

Nous suivons le serpentin de bitume qui caresse le fjord jusqu'à Eggum : village qui finalement ne vaut guère le détour, hormis sans doute pour des campeurs qui veulent trouver un terrain loin de tout ou pour les randonneurs, qui une fois passées les zones à-pic du sentier entre Eggum et Unstad, profiteront le la promenade.

Nous nous éloignons progressivement du mont Hoven et revenons vers notre location.

Sur le coup de 17 heures, il commence à faire faim et nous faisons un petit détour vers Storvagan pour prendre un goûter.

Nous sommes complètement tombés sous le charme de ce charmant hameau où un hôtel a dressé des pontons de bois qui servent de terrasse.

Le fait de déguster nos gaufres avec une fine couche de crème ou de confiture de fraises (spécialité locale) tout en savourant notre mug de café face à un tel paysage est un véritable plaisir d'épicurien... Il faut dire que face à un tel cadre, les mots manquent...

L'hôtel met à disposition de ses clients un jacuzzi et ces derniers, après avoir trempé dans l'eau chaude peuvent piquer une tête dans le fjord. C'est également un centre de conférence qui a accueilli Bill Clinton et son équipe lorsque ce dernier était président des Etats Unis.

De l'hôtel, un sentier mène vers le centre du hameau. Ce dernier est entouré de buissons couverts de myrtilles. Notre fils est tombé dedans tête la première en cueillant ces savoureux fruits et ne parvenait plus à se relever !!!

Retour à Svolvaer, où le rocher de la chèvre nous attend.

Il paraît que les aventuriers les plus téméraires grimpent sur ce rocher et sautent d'une corne à l'autre...

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Le lendemain, nous nous rendons sur le port moderne de Svolvaer, où nous embarquons sur un bateau de visite pour aller naviguer à la découverte du Trollfjord. Il paraît que des aigles de mer nichent dans ce fjord. Ces animaux sauvages sont rares et l'on n'est pas certain d'en apercevoir à chaque sortie, aussi faut-il être beau joueur et ne pas râler comme cette touriste italienne qui pensait qu'on pouvait lui promettre de voir l'un des specimen et qui n'a rien vu...

Nous quittons donc Svolvaer, mais par la mer et partons pour une agréable sortie en bateau sur le fjord.

Quoi, ici aussi ils arrivent à faire du grand bleu ?

Le reflet placide des montagnes dans les eaux du fjord a de quoi vous chavirer le coeur.

Les quelques habitations semées au bord du fjord ont une vue magnifique par beau temps et sont aux premières loges des tempêtes. ici aussi, les minéraux parent les eaux d'un très beau vert émeraude.

Au terme d'une agréable navigation, l'embouchure du Trollfjord se présente.

Le Trollfjord en lui même fait deux kilomètres de long. Il est très étroit, mais sa profondeur permet l'entrée de bateau à fort tirant d'eau.

Le fjord fini en cul de sac et le bateau doit donc effectuer un demi-tour pour ressortir.

Je ne sais si le masque de pierre, gardien multiséculaire du lieu à l'entrée a donné son nom à l'endroit, mais nul doute qu'un casque de troll doit ressembler à cela.

En tout cas, nul village n'est venu s'accrocher aux parois vertigineuses de ce fjord. C'est ici le règne absolu de la nature...

Le règne absolu du bleu...

Le trajet du retour se fait au sein des mêmes paysages magnifiques.

ici ou là, le vert s'impose au bleu dans des couleurs d'eau où des parcelles de soleil scintillent.

Les oiseaux marins suivent notre navigation avec attention. Ils ont l'habitude de suivre les bateaux de pêche, à la recherche de leur pitance.

Au final, la promesse est tenue, nous avons même croisé un aigle de mer. Le vol est rapide et la photo est floue, c'est dommage mais il faut dire qu'une dizaine de couples nichent dans cette région. L'animal est donc rare.

Au loin, un sémaphore guide la navigation depuis la côte rocheuse.

Nous croisons en arrivant sur Svolvaer, des bateaux de plaisance et nous ne tardons pas à voir les premières maisons de notre port d'attache.

Nous passons même devant notre location... La seconde maison rouge sur la gauche !

Nous ne tardons pas à accoster dans le port.

Certes, nous n'aurons pas aperçu un aigle d'aussi près que celui représenté sur l'affiche de la compagnie maritime qui nous a emmenés, mais la rencontre était quand même belle et la promenade en bateau en elle même vaut déjà le détour.

Nous accostons à midi et la faim se faisant sentir, nous décidons de déjeuner d'une tartine dans un des cafés du port. En fait de tartine, la garniture est quand même copieuse et faite à base de produits de la mer.

L'après-midi, nous décidons de nous diriger vers Laukvik, point le plus septentrional des Lofoten. En chemin, on suit une étendue d'eau majestueuse sur laquelle repose une petite embarcation.

Une aire de stationnement offre un beau panoramique sur le Raftsund : ce bras de mer qui sépare les Lofoten des Vesteralen.

De ce côté ci, le paysage n'est pas mal non plus avec ses zones humides.

Il est encore assez tôt dans l'après-midi quand nous décidons de revenir sur nos pas. La tentation est trop grande de retourner prendre le goûter sur les pontons de Storvagan ; nous ne saurions y résister. Avant cette étape gastronomique, nous avions repéré l'aquarium des Lofoten à Storvagan, qui permet d'observer la faune marine locale sans avoir à plonger...

Les fonds semblent assez riches, même si on trouve dans cette région, comme quasiment tout le long des côtes de la Norvège, le fameux king crabe qui ravage tout sur son passage et ne laisse derrière lui nulle trace de vie végétale ou animale. Les norvégiens en ont fait une richesse puisqu'il est commercialisé pour l'alimentation et que l'on n'est pas déçu quand on achète une pince de king crabe : il y a à manger. dommage que cela soit si cher !

Tout cela, c'est ce que l'on peut voir sous la surface, mais au dessus, la faune est également présente.

Certes, ce n'est pas le plus grand aquarium que nous ayons jamais visité, mais il n'en vaut pas moins la visite.

Le paysage reste toujours aussi enchanteur.

Et l'hôtel toujours aussi accueillant.

Les myrtilles sont toujours aussi savoureuses...

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Le lendemain, le temps est couvert et nous décidons de retourner sur Henningsvear pour déjeuner. Sur la route, nous croisons quelques highland cattles : ces ruminants très bien adaptés aux conditions climatiques rigoureuses et à la pauvreté des sols des zones humides.

Nous faisons tout d'abord un petit détour par le site de Kalle : tout petit hameau perdu au fond d'une crique.

Un ancien entrepôt a été transformé en café. L'orage qui menace couvre le fjord de couleurs intéressantes pour la photo...

Nous essuyons un grain et reprenons ensuite la route vers nos îles de bout d'archipel. En route, nous croisons les plages arpentées lors de notre premier jour sur place.

Quelques kilomètres plus loin, le soleil est revenu et brille sur Henningsvaer.

Les pontons du village sont décidément bien accueillants et sous le soleil, c'est un vrai bonheur.

Nous profitons de ce début d'après-midi pour faire une petite promenade au coeur du village.

L'après-midi, nous avons opté pour une visite culturelle : la ferme de Borg qui reconstitue un habitat traditionnel viking.

Nous arrivons sur le site au moment où le temps à nouveau changeant a viré à la pluie. Ce qui frappe d'abord en arrivant, c'est cette grande halle qui servait d'habitation collective aux seigneurs de Borg.

Voici des mannequins représentant les occupants des lieux en costume d'époque.

Les éléments de parure trouvés sur place lors de fouilles traduisent la richesse de la famille qui a vécu en cet endroit ainsi que le goût pour les bijoux avec ces perles et ses broches notamment, mais aussi des amulettes en or destinées à offrir une protection à ceux qui les portent.

Des ustensiles utilisés dans la vie courante sont également exposés comme des pierres de meules, des racloirs utilisés dans le travail du cuir ou encore des fers de haches.

Quelques armes sont présentes, mais il ne faut pas oublier qu'avant d'être les guerriers sanguinaires décrits dans les textes médiévaux, les vikings étaient avant tout des commerçants avides de profits.

Nous poursuivons notre visite par le reste de la grande halle où l'on peut voir à quoi les habitants des lieux occupaient leurs journées : tissage des tissus, préparation de la nourriture, utilisation des ressources procurées par la natures par le biais des peaux d'animaux ou encore de la vannerie. On ne dédaignait pas non plus quelques occupations plus ludiques comme en témoigne cet échiquier et ces jetons.

La viande, le poissons et les produits laitiers occupaient une grande place dans la consommation de l'époque.

Le mobilier comportait en général peu de lits. La grande halle abritait une famille élargie et seuls les plus riches pouvaient disposer de ce mobilier. En général, le centre de la halle était équipé d'une fosse à feu servant à cuire la nourriture et à chauffer les lieux. Autour étaient disposés des bans. La place que l'on pouvait occuper sur ces bans dépendait du statut social. Le soir, après le repas, on transformait ces bans en couchettes. Les coffres en bois étaient par contre assez fréquent dans le mobilier. Ceux exposés ici montrent la dextérité dans le travail du bois atteinte par les artisans de l'époque.

Le cuir était aussi une matière travaillée par les artisans pour produire de nombreux artefacts comme ces chaussures.

La décoration d'intérieure était faite grâce aux tentures ou au travail du bois.

Le mobilier exposé contient aussi des statues de divinités nordiques dont les plus connues restent Thor, Odin ou Freya. Le corpus de textes mythologiques du nord est riche des aventures de ces dieux.

C'est bien dans cet univers mythologique qu'on cherche à nous plonger. En témoigne cette tête de Jörmungandr : le fabuleux serpent de mer, évoqué par Snorri dans ces Eddas et dans la poésie scaldique. Selon la légende, ce serpent serait le fils du Dieu Loki et de la géante Angrboda. A ce titre, il est également le frère du loup Fenrir et de la déesse du monde des morts : Hel. Peu après sa naissance, Odin jette Jörmungandr dans les eaux qui entourent Midgard. Ce dernier grandit tellement qu'il finit par entourer les monde et se mordre la queue, d'où son autre nom : Midgardsom : le serpent de Midgard. Dans les textes, il apparaît souvent comme le rival du dieu Thor, qu'il rencontre lors d'un partie de pêche racontée sur 6 pierres runiques. A la fin des temps, lors du Ragnarök, ce serpent provoquera un raz de marée en surgissant des flots pour venir combattre les dieux aux côtés des géants. Il sera finalement tué par Thor lors de cet affrontement final, mais ce dieu ne pourra faire que 9 pas avant de mourir à son tour, empoisonné par le venin du serpent.

Là encore, tout le travail des artisans du bois se donne à voir telles des oeuvres d'art.

Quand aux tapisseries, telles des bandes dessinées modernes, elle nous racontent des épisodes historiques, dans un style très proche de notre très célèbre tapisserie de Bayeux. Faut-il s'en étonner puisque cette pièce de toile a été produite dans des territoires conquis par les vikings.

La pèche reste un moyen à la fois de survie et un bon moyen de commercialisation des produits de la mer. Pour ce faire, les habitants de la région chassaient au harpon les gros mammifères marins.

Il va de soi que ce que l'on nous donne à voir est une reconstitution, mais sans doute très proche d'une réalité historique et sur le site même où les fouilles se sont déroulées.

On peut d'ailleurs encore observer au sol les emplacements des structures datant de l'époque viking.

Sortis de la grande halle, nous allons voir les bâtiments environnant comme cette forge à ciel ouvert ou ce fumoir à poisson.

Sur le linteau de la porte du fumoir, des runes ont été gravées.

Un peu plus loin, sur le plan d'eau, des embarcations vikings naviguent.

Vous pourrez ainsi vous exercer à ramer en rythme avec les autres visiteurs pour manoeuvrer votre drakkar. Rassurez vous, il y a un moteur en cas de panne de rameurs...

La aussi, les bateaux avec leur fond plats étaient taillés pour la vitesse et pour remonter les fleuves avec un faible tirant d'eau. Le soir, on dressait la tente sur le pont. Les animaux comme les chevaux étaient aussi transportés par bateau.

Je recommande vivement cette visite qui permet une véritable immersion dans le monde du Haut Moyen age avec des démonstrations par des gens en costume d'époque des techniques artisanales.


Le lendemain, nous reprenons notre petit avion sur l'aéroport de Svolvaer. L'hôtesse semble connaître quasiment tous les voyageurs par leur prénom et demande des nouvelles de la famille. Dans ces contrées reculées et isolées, on prend l'avion comme ici on prend le bus... Le survol nous offre une dernière vue de nos îles de rêves.

Nous avons passé une semaine magnifique aux Lofoten : joyau dans un écrin turquoise bercé d'une douceur septentrionale sans pareille.