Roches Corses

Les roches ancrent la Corse dans son terroir et dessinent son paysage. Ce sont elles qui font de l'île une des plus belles gemmes de la Méditerranée. Une semaine printanière dans le Sud de la Corse.
Avril 2017
7 jours
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15 avril 2017 : nous nous apprêtons à partir en vacances. Notre fils fait sa valise. Cela fait quelques années que nous avons pour projet d'aller sur l'île de beauté. Nous voila donc en route pour cette destination prometteuse.

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Le vol est relativement court et nous débarquons à Ajaccio où notre voiture de location nous attend : une peugeot 2008. Nous prenons ensuite la route du Sud (qui serpente pas mal) pour nous rendre à Propriano où se situe notre location.

Notre fils nous fait une poussée de fièvre dans la nuit et le lendemain, c'est Pâques. Nous avions mis les chocolats dans la valise pour organiser le traditionnel ramassage qui cette année se fait sur la terrasse.

On n'est pas à la maison, mais la récolte n'est pas mauvaise...

La location est plutôt sympa avec sa piscine, sa terrasse, ses chaises longues et ses poufs. Les espaces verts sont assez nombreux et spacieux. Ils sont délimités en petits espaces individualisés où on peut aussi s'isoler en petits groupes familiaux puisque notre propriétaire loue plusieurs appartements qui se partagent ces espaces communs.

Le bord de la piscine est particulièrement plaisant et notre fils s'y est reposé tous les matins après avoir fait ses exercices de lecture.

En cette première journée, nous faisons route vers le Sud. Le long de notre itinéraire, nous nous arrêtons pour faire une petite photo du lion de Roccapina. Les roches ont la forme spécifique de ce félin. Nous sommes un peu loin pour bien nous en rendre compte.

Nous poursuivons ensuite notre route jusqu'à Bonifacio.

Nous déambulons sur le port en attendant de prendre notre bateau. Nous avons en effet pour projet de nous rendre sur les îles Lavezzi. Nous pique niquons sur un banc à proximité des bateaux, face à la citadelle.

Voilà, nous sommes enfin prêts à prendre la mer.

La sortie du goulet et la traversée vers les Lavezzi nous permettent d 'admirer les contrastes entre le blanc des falaises et le bleu de la mer.

Nous ne tardons pas à accéder à l'archipel aux eaux turquoises.

Nous sommes quelque part entre Bretagne et Polynésie.

Il y a peu de choses sur les îles Lavezzi, dont la moitié appartient à l'Italie. On trouve comme édifices une chapelle, des bergeries abandonnées et un monument dédié aux marins de la Sémillante, coulée suite à une tempête en 1855. C'est à ce jour le naufrage qui fit le plus de victimes en Méditerranée. Aucun des soldats à bord ne pu rejoindre la Crimée où ils devaient participer aux combats. Les îles portent également des traces d'occupation datant du néolithique ainsi que celles d'un port romain.

L'île principale nous offre un merveilleux cadre où prendre le goûter.

Notre petite pause sur les rochers fut fort agréable. Nous avons d'ailleurs pris pas mal de couleurs lors de cette sortie.

La palette de couleurs enchante l'oeil. Les Lavezzi sont aujourd'hui une réserve naturelle. Il est en effet primordial de préserver cet écosystème.

En quittant les Lavezzi, notre petit bateau nous emmène au large de l'île de Cavallo, sur laquelle de nombreux milliardaires se sont fait construire des villas de luxe. La première que nous croisons est celle d'Agnelli, célèbre entrepreneur italien, propriétaire des marques automobile Fiat et Ferrari. Celle avec arcades appartient à la famille princière de Monaco.

Certains de ces villas ont une architecture résolument moderne. Une fois cette étape passée, notre bateau nous emmène vers une magnifique baie, où le calcaire accumulé dans l'eau et issu des falaises donne aux eaux une magnifique teinte turquoise.

Dans les bouches de Bonifacio, le vent est souvent violent et la mer déchaînée, même si le soleil est présent. Lors de cette petite sortie en mer, nous avons eu l'occasion d'expérimenter le tangage et le roulis.

On voit sur cette photo l'escalier du roi d'Aragon : saignée dans la falaise, qui dit-on fut taillée lors du siège de la citadelle par l'Espagne. Cet escalier permettait d'accéder à une source d'eau douce. Le siège fut levé lorsque Gênes envoya une escadre délivrer sa colonie.

Le retour sur Bonifacio est magnifique et nous donne l'occasion d'observer depuis la mer ces bâtiments accrochés aux falaises qui ont fait la réputation du lieu. Gardée par sa citadelle, Bonifacio est une des merveilles de la Corse. Fondée par le marquis de Toscane Boniface en 828, elle doit sa réputation au magnifique site marin qui constitue son écrin. Certains pensent que l'épisode de l'Odyssée mettant aux prises Ulysse et les Lestrygons : peuple de géants anthropophages aurait été inspiré par ce lieu. Le site a été occupé dès la préhistoire comme en témoigne la dame de Bonifacio, qui date de plus de 8500 ans.

A la sortie du bateau, on identifie assez rapidement à leur coiffure ceux qui étaient installés sur le pont supérieur pour faire quelques photos...

Après cette journée vivifiante, nous rentrons à notre location.

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Le lendemain, nous prenons la route de l'intérieur de l'île. Nous passons dans quelques petits villages typiques, accrochés sur leurs promontoires et blottis autour de leur église, tels que Sainte Lucie de Tallano. Nous sommes ici dans l'Alta Roca qui recèle tant de sites archéologiques. Les Della Roca sont à l'origine de la résistance contre les génois. Leur château a été transformé en monastère dédié à Saint François.

En poursuivant notre route, nous parvenons à Levie : petit village qui abrite un musée de la préhistoire où l'on peut justement admirer la dame de Bonifacio. Levie a un nom israélite qui vient de la vague d'immigration juive de l'an 800 en provenance d'Egypte. C'est dans ce village que nous voyons nos premiers ânes qui servirent longtemps de moyen d'acheminement des marchandises.

Notre destination est atteinte un tout petit peu plus tard : les aiguilles de Bavella. Nous peinons un peu à trouver une place de parking, mais nous finissons par nous garer et enfiler nos chaussures de randonnée. Nous sommes prêts pour la grande aventure sur les sentiers escarpés.

Nous croisons d'autres randonneurs : des corses avec qui nous discutons un peu et qui ne sont pas avares sur les coins à voir. L'accueil fut extrêmement bon en Corse. Notre pique nique se déroula un peu plus loin, alors que le plafond assez bas envahissait peu à peu le sommet de la montagne. Les coupe-vents furent les bienvenus.

C'est finalement en redescendant que la vue sur les pics déchiquetés : les 7 tours d'Asinau se dévoile au regard. Ici tout n'est que muraille rocheuses et pins tordus par le vent. Au bout de la descente, nous entrons dans la vallée de la Solenzara.

En corse, les bords de rivière sont tout aussi splendides que les côtes. Ici, nous découvrons une eau de couleur émeraude dans laquelle les familles viennent volontiers se rafraîchir durant les étés les plus chauds.

Il n'y a pas qu'à Copenhague que la petite sirène peut être admirée.

Ce qui fait la beauté de ces lieux, c'est avant tout le contraste entre le vert de la rivière et les teintes tantôt blanches, tantôt roses des rochers, le tout dans un cadre verdoyant avec les cimes des montagnes en arrière plan.

La promenade le long de la rivière est des plus agréables, même si par endroit, la traversée à pied sec, en passant sur des rochers peut être un peu aventureuse.

Nous avons pris grand plaisir à nous attarder le long de la rivière, bercés par le bruit de l'eau.

Passés ces quelques moments de repos et la collecte de galets, nous reprenons la route en sens inverse. Cette dernière est réputée comme l'un des plus belles de Corse.

En chemin, nous nous arrêtons sur un petit parking d'où une grimpette nous permet d'avoir une vue panoramique sur le paysage alentour et notamment sur la chaîne des aiguilles. Cet endroit n'est fréquenté que par des troupeaux. Le massif de Bavella offre de multiples possibilités d'activités entre canyoning et escalade au milieu de sa magnifique forêt de pins et ses pics déchiquetés.

Sous les rayons du soleil en soirée, le massif prend des couleurs allant du doré à l'ocre. après une matinée assez brumeuse, nous sommes enchantés de pouvoir contempler les sommets qui culminent à plus de 1600 mètres. Il paraît que de temps en temps, on peut observer des mouflons dans ces montagnes. Pour notre part, nous n'avons pas fait une telle rencontre. C'est aussi un lieu traversé par le célèbre GR 20.

Nous repassons par le col de Bavella où se dresse notre dame des neiges avec ses nombreux ex-voto. Ici, le Vierge serait apparue à quelques personnes. Depuis les années 50, des pèlerins affluent pour lui rendre hommage.

Les arbres penchés nous rappellent qu'ici, le climat peut être un peu rude, voire hostile. Nous sommes en montagne dans un des paysages les plus typiques de ce que peut nous offrir la Corse.

C'est également sous les rayons du soleil couchant que nous repassons pas les petits villages accrochés à la montagne. Nous rentrons vers Propriano, en faisant une petite halte sur le territoire de la commune de Sartène, où à l'aller, un vieux pont avait attiré notre regard.

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Ce pont enjambe le Rizzaneze. Il est pisan et non génois, comme la majorité de ceux que l'on peut voir en Corse. Il daterait du XIIIème siècle, ce qui en fait l'un des plus vieux de l'ïle. La hauteur de l'arche avoisine les 8 mètres et la solidité de sa construction lui a permis de résister à toutes les crues de la rivière.

Cette construction est très élégante. Le paysage dans lequel elle s'insère en fait un cadre idyllique sous les rayons du soleil couchant.

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Le lendemain, nous partons en direction de Roccapina. Ce site situé entre Propriano et Bonifacio présente quelques curiosités géologiques comme ce rocher érodé, en forme de lion que les gens du cru appellent le lion de Roccapina, visible depuis la nationale. A partir de cette dernière route, nous prenons un sentier en direction de la plage. Le sentier est tellement raviné que même en crossover, nous préférons ne pas prendre de risque et préférons continuer à pied.

Nous parvenons finalement sur une superbe plage de sable blanc qui servira de cadre à notre pique nique.

Là, la tête du lion est bien visible...

Après le repas, nous empruntons le sentier escarpé qui conduit à la tour génoise.

Les randonnées en Corse sont rarement des promenades de tout repos et celle-ci ne déroge pas à la règle. Le sentier grimpe dur et il reste escarpé, mais la vue sur la plage de Roccapina est magnifique.

C'est tout juste un sentier de chèvre qui mène au sommet de l'escarpement rocheux sur lequel se dresse la tour.

De là nous avons également une vue imprenable sur la plage d'Erbaju. Des oiseaux de proie nichent dans les pierres qui constituent la crinière du lion.

Derrière la plage d'Erbaju, les pointes de Mutoli et de Zivia s'avancent dans la mer. De l'autre côté, le cap Fenu masque Bonifacio.

Nous prenons un peu de repos, adossés aux rochers. Là encore, les couleurs sont magnifiques. La roche ocre, creusée et polie contraste avec la blancheur des plages, le vert du maquis, le bleu des flots et le rouge des orpins.

La tour date du XVIIème siècle. Elle fait écho à une autre ancienne construction de même nature, dont un pan de mur subsiste sur la tête du lion.

En fois reposés, nous prenons le sentier en sens inverse.

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En fin de journée, nous retournons sur Bonifacio, que nous n'avons pas eu le temps de visiter lors de notre premier passage. Nous commençons par déguster une excellente glace traditionnelle sur le port avant d'aller visiter la vieille ville et sa citadelle.

La citadelle a été construite par les génois. L'église Sainte Marie Majeure est le plus ancien édifice de la vieille ville. Elle fut construite par les pisans, face à la citerne de la ville. Elle a conservé ses arcades sous lesquelles se réunissaient autrefois les notables de la ville.

Les bastions de la citadelle offrent de magnifiques points de vue sur les falaises de calcaire. Nous prenons grand plaisir à déambuler dans les petites rues.

On trouve à Bonifacio quelques boutiques qui vendent des spécialités de la Corse : ces bijoux en corail rouge qui ont fait la réputation de l'île. Aujourd'hui, la cueillette de corail est très réglementée.

La citadelle et la vieille ville de Bonifacio sont construites sur un cap entouré d'un côté et de l'autre par le goulet : fjord qui entre dans la terre sur 1.5 km. Les ports de la ville sont nichés au fond de ce goulet qui offre au navire un abri face aux vents violents qui soufflent dans les bouches.

Lorsque les génois occupèrent la ville, ils en chassèrent les habitants. La citadelle fit l'objet d'un long conflit entre Gênes et Pise. Ce fut cependant la peste qui fit le plus de victimes en 1528 (4 300 morts sur les 5 000 habitants). A la fin de ce fléau, la chapelle Saint Roch fut édifiée au pied de la citadelle.

Nous avons encore passé une belle journée. Nous redescendons de la citadelle après avoir jeté un coup d'oeil aux moulins.

Sur la route du retour, nous nous arrêtons dans une auberge pour goûter un peu de cuisine traditionnelle.

Au menu : gratin d'aubergines et de délicieux canelloni au brocciu relevés aux herbes aromatiques du maquis. Un régal !

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Le lendemain, nous partons en direction du centre de l'île.

Nous nous arrêtons un peu au sud de Vivario, pour pique niquer au bord d'un torrent de montagne . Nous avons en arrière plan un décor de pics enneigés.

La rivière est pure et limpide.

Un peu plus loin, près de Tattone, une tour en ruine sise au sommet d'un escarpement ressemble à l'ancienne demeure d'un seigneur terrien.

Passée la ville de Corte, nous nous engageons sur une toute petite route en direction de la vallée de la Restonica.

Cette vallée est l'un des perles de la Corse. Le torrent vert de gris bondit entre les montagnes. Il a creusé sur son passage de magnifiques vasques naturelles propices à la baignade.

Nous entamons une petite randonnée sur un sentier qui longe la rivière. On ne trouve pas grand nombre de constructions, à part une auberge, quelques bergeries à l'abandon et une petite chapelle.

L'été, la vallée est parcourue par de nombreux touristes. Sur la petite route qui se fait de plus en plus étroite, la circulation ne doit pas être facile.

La chapelle ressemble plus à une cabane en pierres qu'à un édifice religieux.

La promenade nous aura permis de prendre un bon bol d'air.

Au retour, nous passons par Corte. La ville, entourée de montagnes fut édifiée en 1419 par le vice roi de Corse Vincentello d'Istria. Le fortin sur le promontoire rocheux fut le premier édifice construit. Corte fut le théâtre de toutes les batailles contre les Génois. Elle constitue le fief de l'identité insulaire. La ville vit toujours dans le souvenir exalté de Pascal Paoli, le héros corse. Corte est aussi une ville dynamique, avec la seule université de l'île.

Retour en soirée par la même route, qui nous permet de longer la magnifique vallée du Manganellu. L'intérieur de la Corse a décidément de bien beaux atouts de séduction à mettre en avant pour ceux qui aiment la randonnée et les paysages grandioses.

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Le lendemain, la météo a prévu de la pluie, nous partons donc visiter Sartène. Paul Valéry écrivait au sujet de cette ville qu'elle respire la guerre et la vengeance.

La visite de l'église nous montre qu'au moment des fêtes de Pâques, les pénitents avec leurs longues robes et leurs cagoules peuvent parfois s'adonner à des pénitences physiques très dures. Sartène est le bastion des grandes familles de notables corses qui n'aimaient guère que l'on s'intéresse à leurs affaires. C'était aussi un des hauts lieux de la vendetta dont la littérature a gardé le souvenir au travers du personnage de Colomba.

Durant le XIXème siècle, les rivalités entre les familles du quartier de Borgo et celles de Santa Anna aboutirent à une véritable guerre civile. Le calme ne revint qu'après la signature d'un traité de paix.

La vieille ville est un dédale de ruelles et d'escaliers dont certaines sont si étroites qu'un homme y passe à peine. Les venelles offrent un peu d'ombre durant les étés les plus chauds. Sous la ville, court également tout un réseau de souterrains que les habitants connaissent tous.

Toute la journée, nous jouons avec la pluie en essayant de l'éviter. Nous avons certes essuyé quelques gouttes, mais le gros de l'averse passe au loin.

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Après avoir déjeuné à la villa, nous nous dirigeons en début d'après-midi vers Campomoro, le long du golfe de Valinco.

Campomoro était un petit village de pêcheurs. Il reste aujourd'hui à l'abri de l'affluence touristique.

C'est également aujourd'hui une base de départ pour aller faire de la plongée sous-marine dans le golfe.

Un court sentier mène à la tour génoise de Campomoro bâtie en 1586. Le long de ce dernier, des bornes nous en apprennent un peu plus sur le mode de vie des époques passées et sur la végétation du maquis.

La tour est fortifiée et comprend un mur d'enceinte en forme d'étoile. Ce serait l'une des plus importantes de l'île. De son sommet, la vue sur les criques alentour est magnifique, même si les cieux sont menaçants.

Là aussi, les possibilités de promenade sur les sentiers côtiers sont multiples.

A l'intérieur de la tour, restaurée en 1986, se tient une exposition sur la construction des tours génoises qui laisse Maël bien pensif...

Le temps de redescendre, le soleil revient...

Nous profitons donc de cette douce lumière pour prendre le goûter sur la plage. Notre journée n'est cependant pas finie. Nous avons bien l'intention de nous rendre de l'autre côté du golfe maintenant.

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Le soleil est revenu sur le golfe de Valinco.

Nous passons d'abord par le site de Filitosa, dans la vallée du Taravo. Là, un menhir sculpté et une auge de pierre nous accueillent.

La première occupation humaine date du VIème millénaire avant JC... Les hommes vivaient de l'agriculture, de la chasse, de la pêche.

On observe sur le site un oppidum, une allée couverte, des murs cyclopéens, des abris sous roche...

Le site en lui même est installé dans un paysage à la beauté magnétique.

Après un culture néolithique, se développe à Filitosa un culture mégalithique avec ses menhirs qui peu à peu prennent des allures anthropomorphes. On reconnaît sur certaines pierres l'esquisse d'un visage avec une épée au côté. Nous sommes là au IIIème millénaire avant JC et l'on suppose que les hommes de l'époque avaient voulu représenter les envahisseurs toréens qui commençaient à peupler l'île.

Une autre culture semble en effet se mêler aux populations locales, en provenance, pense-t-on de la Méditerranée centrale. Elle semble mieux armée que la population autochtone et elle bâtit de grands monuments circulaires.

Les toréens détruisirent une partie des mégalithes pour les réemployer dans leurs propres édifices. Ils semblaient par ailleurs maîtriser la fabrication du bronze.

Pour visiter le site, il nous faut passer par des pâturages, mais les vaches ne semblent pas dérangées par notre présence.

Certains mégalithes ont été agencés en cercle autour d'un olivier millénaire

Un peu plus loin se situe la carrière de granit dont les blocs ont été extraits. Certains ont été abandonnés alors qu'ils étaient en cours de taille. On trouve ici également des abris sous roche qui ont pu servir d'habitat au néolithique.

En 1 000 avant notre ère, les derniers toréens abandonnèrent Filitosa.

On identifie aujourd'hui les Toréens aux Shardanes dont le nom est phonétiquement proche de celui de la Sardaigne et qui faisaient partie des peuples de la mer, si remuant en Méditerranée entre les XVème et XIIème siècles avant JC.

C'est ce même peuple, qui allié aux Philistins, aux Peleset ou aux Lukkas, est représenté sur les murs du temple de Medinet Habu en Egypte puisqu'ils livrèrent un combat naval contre Ramses III. Ils furent aussi sans doute l'une des causes de l'effondrement du vaste empire Hittite installé en Turquie actuelle.

Nous poursuivons ensuite notre route en direction de Porto Pollo, où nous allons admirer les derniers rayons du soleil avant de revenir vers notre location.

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Le lendemain, nous mettons cap au Nord : direction Piana. Nous nous arrêtons à côté de l'hôtel des roches rouges, qui date du XIXème siècle et est aujourd'hui classé. Il avait été construit pour accueillir l'aristocratie anglaise venue chasser en Corse La vue sur les calenches depuis cet endroit est splendide. La couleur des roches n'est sans doute pas pour rien dans le nom de l'endroit.

Nous filons ensuite directement sur la cité balnéaire de Porto dominée par sa tour génoise. C'est de là que partent de nombreux bateaux à la découverte des calenches.

Nous pique niquons sur le port en attendant le départ de notre bateau pour notre excursion en mer. Nous profitons des quelques heures qui s'offrent à nous pour déambuler sur le port. La tour était destinée à le protéger des invasions sarrasines.

Nous visitons également la boutique d'un joailler spécialisé dans la cueillette et la taille du corail rouge.

Les falaises classées au patrimoine mondial de l'UNECO dominent de 400 mètres les eaux du golfe. Ce jardin de pierre a été taillé par l'érosion éolienne et l'eau qui s'infiltre dans les anfractuosités.

Par l'action de l'eau et du vent, la roche a acquis au cours des millénaires les formes les plus étranges.

Notre bateau nous emmène à un petit village de pêcheurs inaccessible par la route.

Maupassant disait de ces roches qu'elles "prennent toutes les formes comme un peuple fantastique de contes féériques."

Les guides nous expliquent que des balbuzars viennent nicher à Piana en période de reproduction. Ils nous montrent les nids édifiés sur des pics rocheux.

On nous montre un peu plus loin une fenêtre creusée dans la roche qui prend la forme de la Sardaigne voisine.

Un peu plus loin, nous entendons le cri perçant d'un balbuzar. En nous approchant d'un nid à flanc de falaise, nous constatons que l'oiseau est au nid.

Une autre arche naturelle s'est creusée dans le rocher, sorte de fenêtre ouverte sur une autre crique.

En certains endroits, les eaux prennent une magnifique teinte turquoise.

Après cette bien belle balade au coeur des calenches, côté mer, nous rentrons sur Porto.

Nous reprenons la route pour aller faire une petite randonnée dans le coin.

Dans notre guide, on nous conseille de nous stationner au parking de la tête de chien et de suivre le sentier à partir de cet endroit. Comme d'habitude, ce dernier est assez escarpé. Nous passons devant le rocher appelé l'évêque.

Là aussi, les rochers prennent les formes les plus étranges.

Nous ne tardons pas à arriver sur un plateau rocheux, d'où le paysage est magnifique.

On se pose un peu, histoire de prendre le goûter et de prendre le grand bol d'air qui nous est offert.

Ces paysages de rocailles déchiquetées qui plongent dans le bleu de la mer ont quelque chose d'hypnotique. L'été, la circulation doit être infernale sur la petite route qui passe au milieu des calenches.

Sur le retour, au milieu des calenches, nous surveillons bien les pitons rocheux au détour de chaque virage. En effet, nous savons qu'un coeur creusé dans le rocher se trouve quelque part dans ce paysage grandiose. Nous ne voudrions pas le rater. Nous finissons finalement par trouver ce coeur de Piana...

Nous nous arrêtons dans le village. Ce dernier était sous l'autorité des fougueux seigneurs de Leca, en opposition avec les occupants génois. La population de Piana fut massacrée, à l'exception des femmes et des enfants et le village fut un temps une zone interdite d'habitation. C'est aujourd'hui un des plus beaux villages de France. Nous nous sommes de notre coté arrêtés chez un glacier, histoire de savourer un petit délice en terrasse.

Retour ensuite à la maison en passant par le golfe de Cargèse. Le soir, nous nous arrêtons dans le village d'Olmeto pour dîner dans une auberge qui nous avait été recommandée par notre logeuse. On y trouve effectivement une cuisine familiale. Nous commandons du sanglier à la sauce rouge et nous nous retrouvons chacun devant une assiette avec deux énormes morceaux de sangliers. Les portions sont généreuses...

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Le lendemain, nous quittons notre logement pour nous rendre à Ajaccio.

En chemin, nous nous arrêtons à nouveau à Olmeto, village typique corse accroché à la colline, avec son cimetière dans lequel les tombes sont assez imposantes. Ce village abrite aussi la maison dans laquelle s'éteignit Colomba, héroïne de Prosper Mérimée.

Nous quittons la Corse enchantés par notre voyage et par l'accueil de la population. L'île mérite un second séjour plus au Nord afin de découvrir de nouveau endroits.