Pérou Nord : terre Mochica

Durant une séjour d'un mois au Pérou, nous avons passé quelques jours dans le Nord du Pays, à la découverte des cultures Mochica, Lambayeque et Chimou.
Juillet 2018
7 jours
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En ce mois de juillet 2018, c'est un peu un rêve d'enfant qui se réalise. Nous partons au Pérou et pour la première fois de notre vie, nous partons avec une agence de voyage, mais pas un gros tour operator, nous partons avec une petite agence locale qui construit des séjours à la carte. En ce 9 juillet, nous nous sommes donc levés à 1 H 45 du matin pour partir vers l'aéroport. Forcément les yeux piquent un peu mais nous sommes contents de partir. Nous avons pris un premier vol pour Madrid où nous avons changé de terminal en prenant le bus puis le tramway. Arrivés vers 12 H 30 à Madrid, nous redécollons à 19 H pour Lima, où nous arrivons après 11 heures de vol le lendemain à 17 heures (heure locale). Le ciel est gris au dessus de la ville. De suite, un guide et un chauffeur de l'agence nous mènent à notre hôtel. Nous sommes ravis de na pas avoir à conduire dans cette ville à la circulation aussi infernale que bruyante.

L'agence s'est aperçue que c'est le jour de mon anniversaire et m'offre en cadeau un petit taureau traditionnel en céramique du village de Pucara, symbolisant la force, le travail et l'abondance.

Nous passons ensuite un nuit bien méritée à l'hotel faraona. Le lendemain, nous avons une matinée libre à Lima. Nous partons donc en balade dès le petit déjeuner avalé.

La décoration de notre quartier (le très touristique Miraflores) reprend l'élément traditionnel du taureau mais laisse aussi une large place à la coupe du monde de football que la France gagnera d'ailleurs quelques jours plus tard après avoir éliminé le Pérou en poule. On nous parlera beaucoup de la victoire des bleus durant ce voyage : le sport ça rapproche ! Nous ne sommes pas allés au centre ville. Lima est une ville très étendue et nous reprenons l'avion en début d'après-midi. Il nous faut donc rester dans le quartier.

Avec ses commerces, ses théâtres et ses restaurants, Miraflores est l'un des quartiers les plus prospères de la ville, qui attire aussi pour ses espaces verts comme le parc Kennedy. Ici la vie semble colorée et les péruviens ne sont apparemment pas dépourvus d'humour.

Au coeur de cette ville moderne, avec ses gratte-ciels, nous découvrons notre premier lama, ou presque ! La ville est au bord du Pacifique. Il n'y pleut jamais, mais le temps est constamment couvert en cette saison. L'écharpe grise est liée à l'humidité créée par l'évaporation que les contreforts de la Cordillère empêchent d'aller plus loin et qui stagne au dessus de la ville.

Dans un jardin, nous retrouvons Paddington : l'ours à lunettes originaire du Pérou dans les histoires de Michael bond. La statue a été offerte par l'ambassade d'Angleterre.

Nous longeons la côté et accédons au jardin de l'amour. Le nom de ce parc tient à une vieille coutume péruvienne de faire sa déclaration d'amour dans un jardin public. Au centre du parc, trône la statue du sculpteur Victor Delfin : El Beso ; le baiser. C'est toujours un peu étonnant de voir les habitants des Andes perdu dans la grande ville. Le temps d'une photo, nous nous prenons pour le dieu soleil : Inti.

Retour au parc Kennedy, quartier général des chats errants qui ont élu domicile dans les creux des arbres.

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Dans l'après-midi, nous reprenons un avion en direction du Nord et de la ville de Chiclayo. Nous y arrivons en début de soirée et une fois nos bagages déposés à l'hôtel, nous repartons pour le centre ville.

Nous tentons de trouver un endroit où diner. La ville de Chiclayos a peu d'attraits touristiques hormis le mercado de Brujos : le marché aux sorciers où l'on trouve toute sortes d'herbes médicinales, mais aussi du cactus San Pédro dont on tire une substance hallucinogène utilisée par les chamans.

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Le lendemain matin, notre guide : Secundo : un ancien militaire de l'armée de l'air qui a appris le français au contact des militaires venus aider les péruviens dans l'utilisation des mirages 2000, nous emmène sur le site de Sipan : site de sépulture des seigneurs Mochicas (100 à 700 après JC). Les tombes trouvées à Sipan font partie des plus grands trésors archéologiques du monde.

Sur le site où sont reconstituées les sépultures retrouvées par les archéologues entre la fin des années 80 et le début des années 2000, les chouettes Pacapaca semblent garder ces trésors.

Les Mochicas avaient inventé les joints de dilatation qu'ils avaient inclus dans leurs constructions en Adobe.

14 tombes ont été fouillées ici, mais il en reste encore de nombreuses. Sur la photo du centre, on voit celle d'un prêtre guerrier avec ses bijoux : pectoral, colliers, protège-hanches.

En haut à droite : on voit la tombe d'un guerrier avec un autre corps beaucoup plus abimé. Les archéologues savent qu'ils ont trouvé une tombe importante lorsqu'ils trouvent des poutres en caroubier pour soutenir le toit et des sarcophages en roseaux pour préserver les corps.

Le nombre de poteries trouvées dans le chambre de dépôts est également un bon indice puisqu'elles contenaient les offrandes. On trouve aussi dans les sépultures importantes des squelettes de lamas entiers ou simplement des crânes de ces animaux.

La photo de gauche représente la reconstitution de la tombe d'une femme qui était accompagnée par le corps d'un guerrier dont les pieds ont été coupés. Il s'agit d'un gardien et la mutilation visait à s'assurer qu'il ne quitterait pas son poste.

Nous voici maintenant face à la tombe du seigneur de Sipan.

Ce seigneur Mochica a été enterré avec sa femme, deux concubines, son porte étendard qui repose avec un chien, un guerrier et un squelette d'enfant qui était probablement son fils. Au dessus de ces sépultures, on a retrouvé là aussi le corps d'un gardien sans pieds. Cette tombe fut découverte en 1987.

Cette tombe est celle d'un prêtre enterré avec deux femmes, deux hommes et un enfant. On a également trouvé les restes d'un chien, d'un lama et d'un serpent dans la sépulture. Depuis, les découvertes se sont multipliées sur ce site et dans d'autres en territoire Mochica, qui nous ont permis de mieux connaître cette civilisation. La sépulture de la dame de Cao montre que les femmes pouvaient aussi occuper des fonctions dirigeantes ou religieuses. Son corps comportait encore les tatouages rituels des chamans sur les avant-bras.

Voici enfin la sépulture du vieux seigneur de Sipan, séparée de son successeur par une période d'environ 400 ans. Il est mort aux alentours de 45 -55 ans et a été enterré avec une multitude de bijoux. La sépulture comporte également le corps d'une jeune femme et d'un lama. Cet animal jouait le rôle de psychopompe dans les civilisations andines. On comprend assez vite que cette civilisation était arrivée à un haut degré de raffinement dans le domaine de l'orfèvrerie. Ils avaient allier sur une même pièce l'argent et l'or, ce que les européens ne savaient pas faire à l'époque, comme en témoignent les protège-hanches bicolores qui symbolisent également la dualité du monde.

Sur ces lieux de sépulture, les vautours sont omniprésents, ce qui contribue aussi à l'ambiance. Nous sommes surpris par contre par le très faible nombre de touristes. Nous devions être 5 à Sipan, nous compris. Notre guide nous explique que le Nord du pays est en fait très peu touristique.

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La suite de la visite se déroule au musée de Huaca Rajada, juste à côté du site. Devant le musée nous attend la statue d'un impressionnant homme hibou. C'est l'occasion pour nous d'approfondir nos connaissances sur cette civilisation Mochica qui a étendu son emprise sur les vallées du Nord du Pérou entre 100 et 750 de notre ère.

Les Mochicas ou Moche (les deux peuvent se dire) étaient de merveilleux hydrauliciens. Ils ont ainsi créé des canaux d'irrigation pour exploiter l'eau des pluies ou de la fonte des neiges qui descendaient des Andes sous forme de torrent. Ils ont ainsi pu donner vie au désert et ils ont développé une agriculture variée.

Leur céramique montre la diversité de leur alimentation. Les parures funéraires comportent quant à elles des trésors inimaginables : masques en or, bijoux en turquoise et lapis-lazulli, coiffures en cuivre... Les Mochicas prévoyaient l'arrivée du phénomène El Nino en observant les poissons chats et les spondylus : coquillages qui descendent des côtes de l'Equateur lorsque les eaux se réchauffent. On ne sait pas pour quelle raison cette civilisation finit par s'éteindre : perturbations climatiques, mouvements sociaux internes à la population ? Regroupés à Patapampa, les derniers Mochicas ont fusionné avec d'autres populations.

Nous prenons ensuite la route de Lambayeque et longeons des champs de canne à sucre. Cette plante a été introduite par les espagnols dans leurs grandes haciendas. Ici, on cultive aussi le riz. Le cactus San Pedro dont les populations andines tiraient un puissant hallucinogène pousse également dans la région.

Dans l'entrée du musée, une femme s'est installée avec son métier à tisser. Elle reproduit des motifs traditionnels.

Le musée est consacré aux civilisations pré-incas de la région. La fusion des Mochicas avec d'autres peuples a donné naissance à la culture Sican ou Lambayeque (750 - 1300). Les poteries Mochicas comportaient une anse en étrier avec un seul bec verseur au dessus d'une panse globulaire. Les lambayeques ont deux becs verseurs reliés par une anse en pont. Les poteries Chimu dont la domination s'est imposée aux Sican reprennent le modèle de l'anse en étrier avec un petit singe sur cette dernière.

Le peuple de Lambayeque croyait en la figure légendaire de Naymlap, le roi fondateur arrivé du Pacifique avec sa suite de 40 guerriers, de nombreux serviteurs et des femmes. La légende dit qu'il s'empara ensuite du pouvoir.

Le musée comporte également des maquettes des lieux de culte ou décrivant des cérémonies. On y découvre l'importance du chamanisme depuis les temps ancestraux jusqu'à nos jours.

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L'étape suivante nous mène à Tucume, haut lieu de la civilisation Sican puis de celle des Chimus. Le site fut fouillé en 1987. La vallée abrite 26 pyramides en adobe.

Temple de la pierre sacrée, temple de l'oiseau mythique, pyramide de huaca larga : autant de noms associés à ce site de grande ampleur. Tucume fut la plus grande cité en adobes du monde.

Le site constitue l'apogée de l'architecture Lambayeque correspondant essentiellement à la fusion des Mochicas et des Huaris. Chaque pyramide était désacralisée et abandonnée après une catastrophe naturelle. Elles étaient en effet considérées comme le moyen d'entrer en contact avec les Dieux, et ces derniers n'avaient vraisemblablement pas répondu aux attentes de la population. Le site fut abandonné au moment de l'arrivée des espagnols. Difficile aujourd'hui d'imaginer des terres irriguées et fertiles dans ces vallées où règne le sable. En 2005, 119 corps de personnes droguées et décapitées pour être données en offrande au Dieu de la montagne ont été retrouvées.

On a également trouvé des adobes en relief, autrefois colorés et rappelant l'origine mythique ultra-marine de cette civilisation, comme en témoignent ci contre les représentations d'embarcations et d'oiseaux marins.

Nous reprenons ensuite notre navette en direction de l'un des plus beaux musées d'Amérique du Sud : celui de Tumba Reales : les tombes royales.

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Le bâtiment du musée qui est récent rappelle un peu l'architecture des pyramides. Là encore très peu de touristes sur ce site unique. Nous ferons même la fermeture avec notre guide. Le musée expose les plus beaux objets trouvés dans les sépultures des alentours. Masques en or à dents de félin, boucles d'oreilles serties de turquoises, couteaux sacrificiels, pectoraux en perles de coquillages... On ne sait plus où donner de la tête.

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Le lendemain, un trajet en bus de 3 H 30 nous mène à la ville de Trujillo.

La ville fondée en 1535 a très vite acquis le titre de cité la plus noble en raison de ses bâtiments coloniaux. Elle a aussi un passé rebelle...

Elle fut le siège du gouvernement de Bolivar et la première cité à proclamer son indépendance en 1820.

Elle a abrité un parti révolutionnaire dans les années 30. Aujourd'hui, rien ne subsiste de ces années troublées et Trujillo offre l'image d'une ville plein du charme typique de l'époque coloniale avec ses rues colorées. On la surnomme de nos jours la Ciudad de la eterna primavera : la cité de l'éternel printemps.

Seule la statue de bronze de la plaza de armas dédiée aux héros des guerres d'indépendance rappelle le caractère bien trempé des habitants. Cette place centrale est la plus grande du Pérou.

Venir à Trujillo, c'est un peu comme voyager dans le temps. On y voit de très nombreuses coccinelles encore en très bon état, qu'ici les gens appellent des escargots. Les péruviens sont accueillants, à l'image de cet homme, croisé dans une rue, qui nous entendant parler français vient entamer une discussion. Il nous parle de manière continue pendant plus de 10 minutes. Nous ne sommes malheureusement pas hispanophones, mais nous comprenons qu'il a des liens sentimentaux avec la France.

Pour notre part, nous logeons à Huanchaco, cité balnéaire de la ville, en bord de Pacifique.

Nous profitons de la soirée pour aller nous promener en bord de mer. Le Pacifique ne l'est pas tant que cela et les rouleaux peuvent être assez violents. Du coup, c'est un spot de surf assez réputé. Le long de cette côté, on trouve aussi des caballitos de tortoras : les chevaux de roseaux : ces embarcations traditionnelles utilisées par les pêcheurs depuis les époques pré-colombiennes. Les roseaux finissent par se décomposer au contact de l'eau de mer et chaque embarcation dure environ 3 semaines. Les pêcheurs en ont 3 ou 4 qu'ils utilisent alternativement.

Ce petit coin est très agréable et il a conservé l'ambiance d'un petit village de pêcheur. C'est à Huanchaco qu'il y a quelques années, les archéologues ont cependant trouvé un charnier avec des squelettes d'enfants et de lamas. Les enfants tous tournés vers la mer et les lamas vers l'intérieur des terres. Ils ont probablement été sacrifiés pour conjurer un épisode climatique catastrophique marqué par des violentes pluies. Les lamas jouent dans les cultures précolombiennes du Pérou le rôle de psychopompes. Ils avaient donc probablement pour fonction d'accompagner les âmes des enfants vers l'au-delà.

En fin de journée, nous dînons sur le petit port de poulet à la plancha, frites et riz, ce qui avec trois bouteilles d'eau donne 3.3 € par personne !

Nous rentrons ensuite à l'hôtel pour jouer au ping-pong.

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Le lendemain, nous avons rendez-vous à 9 heures avec Victor, notre guide qui est archéologue. Il nous emmène à la Huaca de la luna et à la Huaca del Sol. Nous avons de la chance : Il a été l'un de ceux qui ont participé aux campagnes de fouilles sur ces sites. Cela donne de la profondeur à la visite.

On retrouve des pyramides en adobes. Le site a été choisi par les Mochicas ou les Moches parce qu'il est proche du Mont Blanc cette montagne au sommet dans les nuages sur la photo en haut à gauche et qui est pour eux un lieu sacré.

Nous passons devant la zone des sacrifices. Les personnes sacrifiées étaient placées dans la pièce de la photo du bas à gauche, pour un temps de purification. Elles y étaient droguées avant d'être sacrifiées sur l'éperon rocheux à l'intérieur de la zone sacrée, symbolisant la présence de la montagne à l'intérieur du temple.

Le nom de Huaca de la Luna est celui donné par les espagnols à cette pyramide qui ne fut en fait jamais dédiée à la lune. Il s'agit d'un lieu sacerdotal dédié au Dieu de la montagne : Ai Apaiec : le Dieu à crocs de félins que l'on voit sur les fresques et dont la chevelure rappelle le poulpe marin. D'autres animaux aquatiques comme des poissons chats (photo du haut à droite) sont représentés sur les fresques. La Huaca de la Luna est une pyramide à 6 terrasses superposées, avec des salles reliées entre elles, des cours intérieures et des frises polychromes.

Les constructions en adobes demandaient une main d'oeuvre considérable. Chaque famille devait produire un certain nombre de briques et devait y apposer sa marque. C'est ainsi que la production pouvait être contrôlées par les fonctionnaires.

Ce travail forcé a dû conduire à des mouvements de protestation, comme tend à le prouver ce graffiti d'un pélican pêchant un poisson. Ce dernier a été fait par un ouvrier du site juste avant de poser l'adobe devant lors d'un réembellissement. C'est de cette manière que le dessin est parvenu jusqu'à nous. Les mochicas ne détruisaient pas les anciennes décorations qui disparaissaient sous les nouvelles constructions.

Ai-Apaiec est présent partout dans la décoration de la Huaca de la Luna.

La Huaca del sol : le quartier administratif est en cours de fouille et n'est doc pas ouvert au public.

Entre les deux, s'étale le quartier des artisans dont nous voyons les fondations.

Le site a évolué au cours des siècles : la pyramide de la lune date des années 100 à 600, alors qu'un nouveau temple a été bâti sur ce site entre 600 et 800, en même temps que la pyramide du soleil. Ces constructions ont peut être été réalisées en parallèle de mouvements sociaux marqués par un déclassement de la classe sacerdotale et de leurs sacrifices humains qui étaient réalisés depuis l'autel central que l'on a retrouvé au sein de la Huaca de la Luna. Ce dernier était le lieu central du culte, visible depuis la place processionnelle.

Le sang des sacrifiés était présenté au prêtre. Celui-ci constituait une offrande aux Dieux et était projeté sur la fresque de la photo du haut à droite. On a en effet trouvé des traces d'ADN humain sur cette dernière qui provient du sang des sacrifiés.

L'autel a connu lui aussi des évolutions dans le temps, retracées sur le panneau en haut.

Les personnes sacrifiées étaient des Mochicas qui s'affrontaient dans un combat rituel, dont le seul but était de déterminer un perdant à sacrifier. Le combat n'aboutissait donc pas à la mort. La perte du casque suffisait en général à désigner le perdant. Le vainqueur attachait les armes du vaincu aux siennes. Ce dernier était ensuite placé dans la salle des sacrifiés pour y être purifié. Ces rites n'ont cependant pas empêché les catastrophes naturelles qu'ils étaient censés prévenir, d'où certainement une lassitude du peuple qui a dû engendrer des changements profonds.

Victor nous mène ensuite devant la façade Nord de la pyramide.

Les frises superposées représentent tout en bas une procession de guerriers avec des vainqueurs qui portent les armes des vaincus, ces derniers étant attachés et nus. Au dessus sont représentés des prêtres se donnant la main comme lors des danses processionnelles. Au dessus sont représentées des araignées à deux têtes, insectes sacrés chez les Mochicas, puis le Dieu Pêcheur. Vient ensuite un animal hybride, mi -reptile, mi-félin. La frise du dessus représente une alternance de guerriers, de lézards, de serpents et du dieu de la montagne avec ses crocs de félins. Enfin, la frise la plus haute représente ce même Dieu tenant dans une main une tête coupée et dans l'autre un Tumi : un couteau de sacrifice à bout arrondi. De ses hanches et de ses épaules sortent des cous terminés par des têtes de condors.

La fresque ci-dessus appelée le mur du mythe contient des éléments essentiels du culte des Mochés.

Après cette visite, notre guide et notre chauffeur nous dépose dans un restaurant plutôt chic de Trujillo pour que nous y déjeunions. La cuisine est bonne mais plutôt copieuse.

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En début d'après-midi, nous allons visiter la cité de Chan Chan, capitale historique du royaume de Chimor.

Les murs sont décorés d'écureuils : animaux qui stockent la nourriture.

Victor nous apprend à décrypter l'univers graphique des Chimus : le premier plan de situe en bas des murs, le plan intermédiaire au milieu et l'arrière plan sur le dessus des murs. Le profondeur est donc représentée à plat. Sur la photo ci-dessus, on voit donc des poissons dans la mer (traits horizontaux) animée de vagues (structure en escalier), avec le ciel au dessus : espace blanc et lisse.

La place processionnelle de la cité est titanesque.

Une bonne partie de la décoration rappelle l'univers marin. Des pélicans et autres animaux marins sont représentés sur les murs qui eux mêmes ont adopté la structure des filets de pêche.

Ailleurs, les sculptures sur les murs rappellent les vagues. La civilisation Chimu tirait une bonne partie de ses richesses et de sa subsistance de la mer toute proche. Nous sommes ici dans la zone des bureaux de la cité où les richesses étaient répertoriées

Le tout était consigné par des fonctionnaires.

Passés les bureaux, nous passons devant un espace couvert d'herbe qui fut autrefois un bassin de retenue d'eau. Les Chimus ont été de remarquables ingénieurs hydrauliques, tout comme les Mochicas. Le phénomène El Nino bien que parfois dévastateur n'était pas totalement perçu comme négatif puisqu'il permettait d'alimenter les nappes phréatiques et de passer les 3 ou 4 années de sècheresse suivantes.

Il ne reste aujourd'hui que les fondations des entrepôts où étaient stockées les récoltes. Les petites marches à l'entrée de ces entrepôts permettait d'éviter que l'eau ne rentre en cas d'inondation.

Victor nous montre des échantillons de grains cultivés par le Chimus sur les terres alentour. Il y en a une ribambelle !

A la fin de la visite, Victor nous pose des devinettes sur ce que l'on a appris et en cas de bonne réponse nous gagnons un exemplaire d'une espèce de haricot très ancienne que cultivaient les Mochicas.

En quittant Chan Chan, nous croisons un chien nu du Pérou : une espèce endémique. C'est sur cette rencontre que s'achève notre séjour au Nord du Pérou, à la découverte des sociétés précolombiennes qui ont peuplé ces terres désertiques.