Durant les précédentes étapes, nous sommes allés à la découverte des civilisations du Nord du Pérou, avant de nous rendre dans la Cordillère Blanche où nous avons notamment visité le site de Chavin de Huantar. Notre périple nous a ensuite conduits à Nazca puis dans le désert péruvien. Nous avons maintenant posé nos valises à Aréquipa, ville bâtie en sillar : cette roche blanche crachée par le volcan Misti tout proche.
Selon la légende, la ville doit son nom à l'inca Mayta Capac, qui devant la splendeur de la région aurait dit à ses troupes : "Ari Quipay" : oui, restons ici en Quechua.
Avec ses façades à double colonnades, ses fontaines et ses palmiers, la place d'armes est sans conteste l'une des plus belles du Pérou.
En ce début de matinée, nous avons décidé de visiter le monastère de Santa Catalina.
Ouvert au public en 1970, le monastère fut fondé par Dona Maria de Guzman, riche veuve qui prit le voile.
Le parloir et son atmosphère rappelle la vie recluse que menèrent ici les moniales. Pourtant filles d'aristocrates, femmes créoles ou filles de curacas (chefs indiens), ces riches novices continuèrent à mener grand train et ne se départirent ni de leur confort, ni de leurs servantes, allant même jusqu'à donner des réceptions. Le serment de pauvreté semble être resté un voeu pieux. Les novices prenaient leur repas dans de la vaisselle de porcelaine, avec des couverts en argent.
Chaque année, le vendredi saint, les nonnes revivaient la passion du Christ au pied de ces trois croix alignées dans le cloître des orangers.
Les cellules paraissent d'un confort limité mais les bâtiments ne manquent pas de couleur.
De nos jours, une vingtaine de nonnes vivent encore entre ces murs, traversant les vastes patios, les cuisines, les quartiers des domestiques, les ruelles étroites qui rappellent les origines des pensionnaires : Cordoba avec ses murs chaulés et ses géraniums rouges vifs, Sévilla avec ses arcades et ses escaliers...
C'est une profusion de couleurs où les bleus lumineux concurrencent les oranges les plus vifs.
L'eau du vieux lavoir s'écoulait du canal central dans 20 demies jarres en terre cuite qui servaient de bacs.
La calle sevilla avec ses murs ocres et ses fleurs aux couleurs éclatantes laisse deviner derrière ses arcs boutants la vieille église santa catalina, convertie plus tard en cuisine.
La tore del Campanario correspond au clocher bâti en 1748 et qui compte aujourd'hui 4 cloches.
Au centre de la plaza Zocodober trône une belle fontaine en granit.
Du haut des terrasses du couvent, on distingue distinctement les volcans et les sommets enneigés qui entourent la ville.
Retour au claustro mayor, qui comme son nom l'indique, est le plus grand cloître du monastère. Construit entre 1715 et 1723, il est décoré de 32 fresques dont 26 scènes de la vie de Marie et 9 de la vie de Jesus.
Le monastère contient également une pinacothèque d'art religieux assez réputée, où le portrait de Saint Jérôme tient une place de choix. 400 des oeuvres exposées sont tenues pour les plus remarquables du continent. Elles avaient été cachées par les nonnes et retrouvées par les ouvriers lors de travaux en 1971.
La visite terminée, nous continuons notre petit tour dans Arequipa.
Les multiples tremblements de terre qui émaillent la région située sur une ligne de faille appelée la cadena del fuego n'ont pas ébranlé la plupart des bâtiments coloniaux qui bénéficient de la farouche détermination des habitants de les préserver et de protéger leur héritage . La ville blanche, comme on la surnomme en raison des nombreuses constructions en sillar, est incontournable pour tous les amateurs d'architecture coloniale, avec ses nombreuses demeures du XVIIIème siècle organisées autour d'un patio et avec de belles portes monumentales en bois. La ville doit en partie sa richesse au commerce de la laine, dont elle fut un des points névralgiques. La plazza des armas reste un lieu central où les habitants ont plaisir à se retrouver pour flâner, organiser des fêtes ou parler politique.
Nous poursuivons la visite par l'église des jésuites et le cloître attenant. Ses colonnes sculptées témoignent des talents des artisans du XVIIème siècle. Aujourd'hui, de petites boutiques se sont installées sous les arcades.
Nous enchaînons par le marché local. Quelque magasins affichent en vitrine des gâteaux très colorés à l'américaine. Il ne faut cependant pas y regarder de trop près, on distingue en effet clairement quelques mouches collées dans la crème. Les fleurs font également partie de la culture locale et rehaussent le marché de leurs couleurs.
Les étals de fruits et légumes ne sont pas en reste.
C'est une nouvelle fois l'occasion de découvrir la richesse des terroirs péruviens, avec leurs centaines d'espèces de pommes de terre, la multitude de fruits ou encore les dizaines d'espèces de maïs allant du noir au blanc.
Au milieu de ce marché, on trouve des étals sur lesquels on peut choisir des fruits qui sont ensuite pressés sur place pour donner des merveilleux jus de fruits pleins de vitamines.
Nous continuons nos pérégrinations dans la ville et nous dirigeons vers un quartier en hauteur de la ville.
Nous avons traversé le rio chili pour atteindre le couvent franciscain : le covento de la Recolta, au pied duquel s'étend une petite place ombragée par des palmiers et qui se révèle fort agréable. Là, une sorte de belvédère à arcade offre une belle perspective sur la chaîne des volcans.
Ce lieu est devenu un incontournable pour les touriste pour prendre quelques photos du Misti, du Picchu Picchu ou du Chachani sous les rayons du soleil, avec la ville étendue à leurs pieds.
Nous terminons l'après-midi à l'université catholique de Santa Maria.
C'est ici qu'est exposée la momie Juanita. Elle fut dédiée aux apus ou aux dieux de la montagne. Le don de sa vie permettait à la personne sacrifiée d'accéder aux côtés des Dieux. Cette enfant de 12 ans avait été conduite au sommet de la montagne par un cortège de prêtres, où on lui a donné à mâcher des feuilles de coca. On lui a ensuite donné de la chicha à boire, puis le prêtre lui a assené un coup derrière la tête et l'enfant fut inhumé sur place avec différentes offrandes que l'on a également retrouvées. Le climat froid a permis une excellente conservation du corps qui a pu être étudié par l'université d'Arequipa. Juanita a ainsi été enterrée avec des objets en bois et en or, enveloppés dans des tissus et censés faciliter sa vie dans l'au-delà. Ce sacrifice était typique de ceux pratiqués par les incas.
A la sortie du musée, une femme a installé son métier à tisser et réalise des étoffes avec des motifs traditionnels. Le soleil commence à décliner sur Arequipa, donnant à la ville des couleurs d'or.