Pérou : du canyon au lac

Après avoir excursionné la côté péruvienne et la cordillère Blanche, nous arrivons au canyon de la Colca puis dans le bassin du lac Titicaca : zone d'influence des civilisations Huari et Tiwanaku.
Juillet 2018
4 semaines
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Durant les précédentes étapes, nous sommes allés à la découverte des civilisations du Nord du Pérou, avant de nous rendre dans la Cordillère Blanche où nous avons notamment visité le site de Chavin de Huantar. Notre périple nous a ensuite conduits à Nazca puis dans le désert péruvien. Nous avons maintenant posé nos valises à Aréquipa, ville bâtie en sillar : cette roche blanche crachée par le volcan Misti tout proche.

Selon la légende, la ville doit son nom à l'inca Mayta Capac, qui devant la splendeur de la région aurait dit à ses troupes : "Ari Quipay" : oui, restons ici en Quechua.

Avec ses façades à double colonnades, ses fontaines et ses palmiers, la place d'armes est sans conteste l'une des plus belles du Pérou.

En ce début de matinée, nous avons décidé de visiter le monastère de Santa Catalina.

Ouvert au public en 1970, le monastère fut fondé par Dona Maria de Guzman, riche veuve qui prit le voile.

Le parloir et son atmosphère rappelle la vie recluse que menèrent ici les moniales. Pourtant filles d'aristocrates, femmes créoles ou filles de curacas (chefs indiens), ces riches novices continuèrent à mener grand train et ne se départirent ni de leur confort, ni de leurs servantes, allant même jusqu'à donner des réceptions. Le serment de pauvreté semble être resté un voeu pieux. Les novices prenaient leur repas dans de la vaisselle de porcelaine, avec des couverts en argent.

Chaque année, le vendredi saint, les nonnes revivaient la passion du Christ au pied de ces trois croix alignées dans le cloître des orangers.

Les cellules paraissent d'un confort limité mais les bâtiments ne manquent pas de couleur.

De nos jours, une vingtaine de nonnes vivent encore entre ces murs, traversant les vastes patios, les cuisines, les quartiers des domestiques, les ruelles étroites qui rappellent les origines des pensionnaires : Cordoba avec ses murs chaulés et ses géraniums rouges vifs, Sévilla avec ses arcades et ses escaliers...

C'est une profusion de couleurs où les bleus lumineux concurrencent les oranges les plus vifs.

L'eau du vieux lavoir s'écoulait du canal central dans 20 demies jarres en terre cuite qui servaient de bacs.

La calle sevilla avec ses murs ocres et ses fleurs aux couleurs éclatantes laisse deviner derrière ses arcs boutants la vieille église santa catalina, convertie plus tard en cuisine.

La tore del Campanario correspond au clocher bâti en 1748 et qui compte aujourd'hui 4 cloches.

Au centre de la plaza Zocodober trône une belle fontaine en granit.

Du haut des terrasses du couvent, on distingue distinctement les volcans et les sommets enneigés qui entourent la ville.

Retour au claustro mayor, qui comme son nom l'indique, est le plus grand cloître du monastère. Construit entre 1715 et 1723, il est décoré de 32 fresques dont 26 scènes de la vie de Marie et 9 de la vie de Jesus.

Le monastère contient également une pinacothèque d'art religieux assez réputée, où le portrait de Saint Jérôme tient une place de choix. 400 des oeuvres exposées sont tenues pour les plus remarquables du continent. Elles avaient été cachées par les nonnes et retrouvées par les ouvriers lors de travaux en 1971.

La visite terminée, nous continuons notre petit tour dans Arequipa.

Les multiples tremblements de terre qui émaillent la région située sur une ligne de faille appelée la cadena del fuego n'ont pas ébranlé la plupart des bâtiments coloniaux qui bénéficient de la farouche détermination des habitants de les préserver et de protéger leur héritage . La ville blanche, comme on la surnomme en raison des nombreuses constructions en sillar, est incontournable pour tous les amateurs d'architecture coloniale, avec ses nombreuses demeures du XVIIIème siècle organisées autour d'un patio et avec de belles portes monumentales en bois. La ville doit en partie sa richesse au commerce de la laine, dont elle fut un des points névralgiques. La plazza des armas reste un lieu central où les habitants ont plaisir à se retrouver pour flâner, organiser des fêtes ou parler politique.

Nous poursuivons la visite par l'église des jésuites et le cloître attenant. Ses colonnes sculptées témoignent des talents des artisans du XVIIème siècle. Aujourd'hui, de petites boutiques se sont installées sous les arcades.

Nous enchaînons par le marché local. Quelque magasins affichent en vitrine des gâteaux très colorés à l'américaine. Il ne faut cependant pas y regarder de trop près, on distingue en effet clairement quelques mouches collées dans la crème. Les fleurs font également partie de la culture locale et rehaussent le marché de leurs couleurs.

Les étals de fruits et légumes ne sont pas en reste.

C'est une nouvelle fois l'occasion de découvrir la richesse des terroirs péruviens, avec leurs centaines d'espèces de pommes de terre, la multitude de fruits ou encore les dizaines d'espèces de maïs allant du noir au blanc.

Au milieu de ce marché, on trouve des étals sur lesquels on peut choisir des fruits qui sont ensuite pressés sur place pour donner des merveilleux jus de fruits pleins de vitamines.

Nous continuons nos pérégrinations dans la ville et nous dirigeons vers un quartier en hauteur de la ville.

Nous avons traversé le rio chili pour atteindre le couvent franciscain : le covento de la Recolta, au pied duquel s'étend une petite place ombragée par des palmiers et qui se révèle fort agréable. Là, une sorte de belvédère à arcade offre une belle perspective sur la chaîne des volcans.

Ce lieu est devenu un incontournable pour les touriste pour prendre quelques photos du Misti, du Picchu Picchu ou du Chachani sous les rayons du soleil, avec la ville étendue à leurs pieds.

Nous terminons l'après-midi à l'université catholique de Santa Maria.

C'est ici qu'est exposée la momie Juanita. Elle fut dédiée aux apus ou aux dieux de la montagne. Le don de sa vie permettait à la personne sacrifiée d'accéder aux côtés des Dieux. Cette enfant de 12 ans avait été conduite au sommet de la montagne par un cortège de prêtres, où on lui a donné à mâcher des feuilles de coca. On lui a ensuite donné de la chicha à boire, puis le prêtre lui a assené un coup derrière la tête et l'enfant fut inhumé sur place avec différentes offrandes que l'on a également retrouvées. Le climat froid a permis une excellente conservation du corps qui a pu être étudié par l'université d'Arequipa. Juanita a ainsi été enterrée avec des objets en bois et en or, enveloppés dans des tissus et censés faciliter sa vie dans l'au-delà. Ce sacrifice était typique de ceux pratiqués par les incas.

A la sortie du musée, une femme a installé son métier à tisser et réalise des étoffes avec des motifs traditionnels. Le soleil commence à décliner sur Arequipa, donnant à la ville des couleurs d'or.

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Après une bonne nuit de repos à Arequipa, nous reprenons la route le lendemain, en minibus et en compagnie d'une espagnole, d'un couple de français, d'un homme seul et d'une mère et sa fille, tous français également. Notre chauffeur prend un virage d'une manière un peu sèche et heurte le trottoir. Nous crevons de la roue arrière droite. Ce dernier sort heureusement une roue de secours.... complètement lisse. Nous pouvons donc reprendre notre route en toute tranquillité.

Nous traversons des zones de culture avant d'arriver sur un terrain plus sec et nous dirigeons vers la réserve nationale de Salinas Aguada Blanca.

Sur ces terres arides, nous ne tardons pas à croiser quelques alpagas qui paissent paisiblement le long des routes ou de la voir ferrée. Le paysage est magnifique avec les montagnes enneigées en arrière plan. Nous passons justement devant l'Ampato où Juanita fut sacrifiée et qui culmine à plus de 6000 mètres.

Ici, les routes se perdent dans des horizons lointains, barrés par des chaînes de montagnes.

Ce monde paraît très minéral avec des grandes étendues parcourues par les vents. Aux alentour de Vizachany, la route bifurque et nous quittons la direction de Cusco pour prendre celle de Chivay. Nous nous arrêtons dans une petite boutique pour prendre un maté de coca : nous sommes en altitude et cela va continuer à grimper. Quelques touristes achètent des feuilles de coca à mâcher, l'alcaloïde contre le mal des montagnes n'en est que plus puissant.

Sur ces hauts plateaux, les Andes révèlent toute leur beauté. On se rapproche des espaces infinis.

La réserve nationale est perchée à 3900 mètres d'altitude. Cette zone aux eaux saumâtres est composée de tourbières, écosystèmes fragiles où se montrent volontiers des troupeaux de vigognes, mais aussi différentes espèces de flamants ou de taruca : les cervidés andins.

L'arrêt pour nourrir quelques animaux est un incontournable des promenades touristiques.

Pas de doute, l'endroit a quelque chose de magique.

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Lorsque nous reprenons la route, celle s'élève peu à peu.

La neige fait aussi son apparition. Nous passons un col à 5 000 mètres d'altitude sous un temps un peu bouché. Quelques feuilles de coca aident à faire passer les éventuels maux de tête.

Peu à peu, la végétation réapparaît. Nous redescendons en direction du village de Chivay.

Sur la route, nous nous arrêtons sur un belvédère, avant de traverser les zones de culture et d'atteindre le village.

A chivay, nous logeons à l'hôtel Pozo del Cielo, en périphérie du village. De là, nous avons une belle vue et la chambre est plutôt confortable.

Après avoir déposé nos valises à l'hôtel, notre guide nous emmène aux bains thermaux de la ville. L'eau sort d'une source chaude, riche en fer et en soufre et reste réputée pour le traitement des rhumatismes et de l'arthrite. Cette eau, dans les piscines a été refroidie, mais elle est encore à 38 °. Quelle étrange impression que de contempler les montagnes escarpées tout en étant plongé dans un bain chaud.

Au bord de la piscine, des arbres en fleur attirent les colibris qui viennent butiner le nectar. Les casiers des baigneurs sont ornés de dessins un peu naïfs mais fort agréables et peints aux couleurs locales.

En soirée, pour rentrer à l'hôtel, nous prenons un touk touk. Ce dernier nous laisse en bas de la côté qui mène au bâtiment. son moteur crachotant n'aurait sans doute pas supporté l'effort.

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La nuit tombe sur le pozo del Cielo . Le lendemain matin, après un petit déjeuner pris dans la salle de restaurant où la vue sur la vallée est superbe, nous quittons les jardins fleuris de notre hôtel pour une excursion dans la canyon del Colca.

En route, nous nous arrêtons au village de Yanque, où des jeunes filles en costumes traditionnels nous font une démonstration des danses traditionnelles locales qui ont été classées au patrimoine immatériel de l'UNESCO.. Avec leurs robes tourbillonnantes, c'est un festival de couleurs.

Une fois encore, nous sommes invités à nous plonger dans un monde multicolore. Les costumes sont splendides.

L'église du village vaut également le détour. A l'intérieur, les autels sont nombreux. On y voit même une croix processionnelle en argent datant du XVIème siècle.

Elle reflète la richesse de la vallée que les espagnols ont exploitée. Le canyon était en effet connu pour ses mines d'or, d'argent, de plomb et de cuivre. On y trouve aussi du quartz en abondance.

Au petit marché, nous achetons de quoi transformer Maël en véritable petit péruvien.

Un peu plus loin, d'un belvédère, la vue s'ouvre sur le canyon del Colca au fond duquel coulent les eaux du rio Colca. Le canyon est l'un des plus profonds du monde. Ici, les traces de civilisation sont anciennes (8 000 ans avant JC). Le paysage est encore marqué par les terrasses édifiées par les collaguas, qui leur ont permis de développer l'agriculture en recueillant les eaux de la fonte des neiges. Les colcas sont des greniers qui servent à stocker le grain.

On croise ici ou là des femmes accompagnées de vigognes qui ont vraiment de bonnes têtes et se montrent très affectueuses.

La vue depuis les hauteurs du canyon est saisissante. Les femmes collagas continuent à porter les jupons inspirés des tenues des femme espagnoles et les embellissent avec des broderies colorées. Elles portent deux ou trois épaisseurs de jupes, ainsi qu'un chapeau orné de rubans.

Quelques femmes s'adonnent au tissage. De tout temps, les textiles ont été des richesses du monde pré-colombien. En bas du canyon, vit une autre ethnie : les cabanas. Ces deux peuples pratiquaient la déformation crânienne sur les nouveaux nés, mais des déformations différentes : plutôt en pointe pour les uns, plutôt en forme aplatie pour les autres. Ces déformations copiaient les formes des montagnes qu'ils adoraient comme des Dieux. Aujourd'hui, la déformation crânienne a été remplacée par les chapeaux qui copient ces canons stylistiques.

L'inca Mayta Capac s'était emparé de cette vallée en se mariant avec la fille d'un chef local pour laquelle, selon la légende, il aurait fait construire un palais de cuivre. Aujourd'hui, le canyon est fréquenté par les alpinistes et les adeptes du canyoning.

Nous poursuivons notre route et parvenons à la Cruz del Concor : la croix du Condor. De ce belvédère, on peut paraît-il observer ces oiseaux s'envoler dans les colonnes d'air chaud ascendant du matin. On a toujours un doute face aux promesses des agences touristiques.

Pourtant, là je dois dire que des condors, nous en avons vus, par dizaines. A tel point que nous nous sommes demandé s'il n'y avait pas un dresseur plus bas qui lâchait les volatiles.

Moment magique que celui où l'on peut observer ces oiseaux devenus rares évoluer dans leur milieu.

Pour les moins chanceux, un péruvien en costume de condor se tient prêt pour les photos. Le vol des oiseaux ne peut en effet être assuré tous les jours. Pour notre part, l'oiseau sacré des Andes nous a offert un spectacle grandiose.

Les sortes de lapins à grande queue que l'on appelle des viscaches ont intérêt à bien se cacher face au danger venu des airs.

Retour par le même itinéraire, en longeant le canyon et en nous arrêtant sur différents belvédères pour admirer le point de vue et l'artisanat local.

Les terrasses ancestrales, toujours entretenues font la beauté de ces paysages.

Nous faisons halte dans le village de Maca, où nous visitons l'église coloniale baroque, en pierres blanches, dont l'intérieur est assez chargé avec ses autels dorés à l'or fin.

Sur la place du marché, un lama s'intéresse de prêt aux cheveux de Maël : pas trop l'habitude de voir des petits blonds ou ressemblance avec son fourrage ?

La place du village est belle. Après cette petite étape, nous reprenons la route des hauts sommets.

Au col près de Patapampa, nous sommes à plus de 4 900 mètres. Ici, c'est le royaume des neiges.

La descente se fait dans les paysages typiques de l'altiplano andin.

Ces grands espaces dignes du Far West nous mènent à la ville de Puno, conservatoire du folklore péruvien.

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La ville de Puno est située au bord du lac Titicaca (Il faut prononcer titirara), ce qui signifie à peu près en Quechua : le lac du puma de la montagne grise. Nous sommes partis de bon matin sur le lac, en compagnie d'un guide.

Le lac est situé à 3800 mètres d'altitude, c'est le second plus vaste d'Amérique du Sud. Les habitants des nombreuses îles ont conservé un mode de vie traditionnel, fondé sur la pêche, l'agriculture et le tissage. Nous sommes ici sur le territoire du peuple Uros, qui lors de l'apogée de la civilisation de Tiwanaku étaient considéré comme les classes sociales les moins évoluées de la société.

Nous débarquons sur l'île Kontiki. Le peuple des Uros vit sur des îles édifiées en roseaux. On en compte une quarantaine sur le lac. Les Uros disent qu'ils vivent entre l'eau et le paradis. Ils ont quelques animaux domestique comme ce cormoran que l'on peut voir sur la photo du haut à gauche. Un femme nous explique comment les îles sont faites : les Uros commencent par découper un socle dans la vase avec des racines aquatiques. Ils croisent ensuite des épaisseurs de roseaux souples. Il faut en ajouter tous les 15 jours pour compenser la dégradation naturelle de ce matériau. C'est sur ce sol meuble et un peu surélevé que sont construite les maisons pour les préserver de l'humidité.

La zone sur laquelle sont construits les foyers est elle même isolée de la couche de roseaux par une couche de vase, afin d'éviter que le feu de la cuisine ne se propage accidentellement. Il y a quelques années, 14 îles sont parties en fumée suite un accident domestique. Les Uros pêchent les poissons du lac pour se nourrir.

Ils tissent de très jolis tableaux colorés qui représentent des scènes de vie sur le lac et nous nous laissons tenter par l'un d'eux, d'autant que les recettes de l'artisanat sont mises en commun dans la communauté. Ils font également en roseaux de petits objets comme ces bateaux traditionnels qu'ils vendent aux touristes.

La femme qui nous a accueillis nous fait visiter sa maison : peu de meubles, de jolies étoffes et un panneau solaire qui assure l'alimentation électrique.

Ici, les enfants s'amusent avec trois fois rien. Dès leur plus jeune âge, ils partent seuls en bateau sur l'île où une école a été édifiée. Les instituteurs viennent également tous les matins en bateau depuis Puno.

C'est ainsi que se déroule la vie des Uros, entre l'eau et le paradis. Amarrée à l'île, une embarcation traditionnelle nous attend pour nous emmener vers une autre île. Nous ne résistons pas à une telle invitation.

Avant de partir, quelques femmes nous chantent des chants traditionnels avant d'entamer un "Alouette je te plumerai", en français dans le texte.

C'est sous la conduite de deux femmes qui s'emparent des rames que nous partons à la découverte des autres îles.

La promenade est fort agréable. C'est aussi l'occasion de découvrir le mode de vie traditionnel de ce peuple, pour lequel les roseaux tirés du lac sont des matériaux vraiment indispensables, que ce soit pour construite les îles, les maisons, mais aussi les bateaux.


Sur la petite île où nous débarquons, quelques femmes tiennent un marché traditionnel. Il y a aussi un petit hôtel très rudimentaire fait de cases en roseaux et une petite buvette.

Des hommes de l'île de Taquile y débarquent, avec leur bonnet traditionnel : rouge et blanc pour les célibataires et d'une seule couleur pour les hommes mariés. Nous reprenons ensuite notre navigation sur le lac.

Le lac est un endroit mythique. Selon la légende, la dynastie des incas serait née des eaux du lac. Ce dernier, d'origine probablement glaciaire forme la frontière avec la Bolivie.

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Un peu plus tard, nous débarquons sur l'île de Taquile, qui elle, n'est pas faite en roseaux. Ici, les insulaires gèrent eux mêmes leur industrie touristique tout en veillant à préserver leur culture ancestrale.

Les portiques de pierre sont aussi typique de l'île de Taquile. Un petit chemin empierré longe la côte et conduit au village principal. Sur cette île où tout est tradition, le rouge de la terre se perd dans le bleu cobalt du lac. Nous croisons sur le chemin des femmes vêtues de noir, costume traditionnel de la femme mariée sur l'île. Tout le monde semble se connaître au sein de ce microcosme et notre guide salue et discute avec tous ceux que nous croisons.


Nous arrivons sur la place du village où se tient une fête traditionnelle. Le tout commence par une messe à laquelle participent les notables en costume noir.

Les danses s'enchaînent ensuite dans un festival de couleurs.

Les icônes sacrées ayant été portées en procession et la foule copieusement enfumée à l'encens, le reste de la fête peut se dérouler.

Nous déjeunons sur la place du village. Il n'existe pas de restaurant à proprement parler : ce sont les villageois qui font à manger dans leur cuisine familiale et qui vendent la nourriture. Nous prenons de la truite et notre guide fait une offrande à la pacha mama avant de manger.

Après avoir déjeuner avec le lac en arrière-plan, nous retournons sur le toit du bâtiment municipal pour observer la fin de la fête.

Après les danses, les participants partagent quelques bouteilles de bière et des feuilles de coca. La fête était bien belle.

Une autre belle tradition suit la fête : celle du repas pris en commun. Les habitants apportent des sacs de céréales cuites ainsi que des légumes et les étalent sur des étoffes, sur le toit du bâtiment. Tout le monde est ensuite invité à se servir, y compris les touristes que nous sommes à qui l'on fait de grands gestes de la main.

L'île de Taquilé est aussi connue pour ses traditions paysannes et villageoises. Ici,les femmes tissent et les hommes tricotent. Sur un champ à l'autre bout du village des adultes se sont réunis pour partager cette activité. Elles semblent pouvoir conserver les hommes longtemps, comme nous le prouve ce vieil homme de 87 ans, les aiguilles à la main.

Son visage est parcheminé par le temps et les épreuves de la vie, mais il est très expressif.

Il est temps pour nous de passer les arches de pierre, de prendre notre bateau et de rentrer sur Puno.

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Le lendemain, nous prenons un bus touristique qui va faire différentes étapes jusqu'à Cusco. Nous commençons par nous arrêter à Pukara : village connu pour ses céramiques. Nous visitons un musée exposant des pièces lithiques datant de 600 avant à 500 après J.C. On y voit la figure du Degollador ou Hatun Nakaj : l'égorgeur, qui tient une tête d'homme sacrifié.

On observe dans la cour les restes d'un four de potier.

Pour un petit musée de village, ce dernier possède pas mal d'oeuvres lithiques très anciennes, datant d'avant les incas et qui déjà marquent le culte de la pachamama.

C'est aussi de ce village qu'est issue la tradition des taureaux en céramique, qui protègent les foyers et sont le symbole de la force et de la fertilité. Non loin du village, on aperçoit les ruines d'un site inca.

Après cette visite, nous reprenons notre route sur l'altiplano où les paysans vivent essentiellement de l'élevage.

La route s'élève progressivement et nous retrouvons les sommets enneigés.

Nous passons le col de la Raya à 4335 mètres d'altitude et nous nous arrêtons sur un belvédère.

Les textiles colorés dressent comme une muraille face à la montagne.

Nous nous arrêtons dans un restaurant au bord d'une cascade où deux hommes accompagnent le déjeuner en jouant de la guitare et de la flute de pan. Le déjeuner se fait sous forme de buffet, ce qui permet de goûter à tout et notamment à la viande d'alpaga.

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Nous poursuivons ensuite notre route vers Raqchi. En ce lieu, se dresse un temple de pierre et d'argile dédié au Dieu Viracocha. C'est l'un des rares exemples mêlant l'architecture inca en pierre à celle des autres peuples andin essentiellement basée sur de l'adobe. Le temple possède encore des murs de 12 mètres de haut. Le culte de Viracocha est très ancien et a été intégré au panthéon inca. Il est le Dieu suprême, roi des tempêtes et de la foudre, qui créa la lune. C'est aussi lui qui créa le soleil et lui demanda de se lever derrière l'une des roches noires de l'île du soleil sur le lac Titicaca. Il créa tous les peuples des Andes et leur assigna une langue, un costume et des traditions.

Le temple comprenait une zone sacrée, un quartier d'habitation pour les prêtres et les nobles et des greniers de forme ronde.

Les incas ont édifié des murs de pierre sur les hauteurs autour du temple, ce qui traduit bien les tensions dont la région était parcourue.

Les structures du temple sont encore très impressionnantes et ce site mérite la visite.

Pour les incas, l'eau était un élément déterminant des cultes. Sur le site du temple, on trouve un bassin dont le sol est recouvert de dallages de pierre, ainsi que d'autres bassins appelés les bains de l'inca et qui sont alimentés par des sources dont on ne sait aujourd'hui où elles se situent.

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Après avoir visité le temple de Viracocha, nous poursuivons en direction d'Andahuaylillas et de son église San Pédro. Cette église baroque est appelée la Sixtine des Andes. Elle comporte de belles toiles et fresques murales. L'édifice a été construit sur un ancien lieu de culte inca dont les espagnols ont voulu effacer la mémoire.

La façade de l'église est aussi très jolie.

Le village comprend également un petit musée dédié aux traditions locales. L'exposition dédiée aux différentes espèces de maïs et aux produits dérivés de cette plante est loin d'être inintéressante. On y voit également les offrandes traditionnellement offertes dans les sépultures.

Certaines sont d'ailleurs reconstituée et l'on nous explique la tradition des déformations crâniennes.

A la sortie du musée, un artisan travaille la taille des pierres semi-précieuses et du fameux spondylus.

Nous rejoignons ensuite Cusco, où nous arrivons dans la soirée.