Pour cette excursion à Cordoue, nous partons de Séville en direction de la vallée du Guadalquivir, puis de la sierra Morena et nous arrivons enfin à destination. Cette ville était un municipe romain, comme en témoigne le puente romano (le pont romain). L'âge d'or de Cordoue date cependant de la période islamique. Au Xème siècle, elle était la capitale occidentale de l'Empire arabe, rivalisant avec Bagdad.
Le pont romain est l'un des ponts édifiés sur le Guadalquivir après la victoire de Munda en 45 avant JC. Il relie les quartiers de Campo de la Verdad et du Barrioa de la catedral. Le pont possède 13 arches et furtpartie intégrante de la via Augusta. A l'une de ses extrêmités de dresse la tour de la calahorra, porte fortifiée du XIIème siècle. Sur l'autre, se dressait une ancienne porte romaine, puis maure, remplacée enfin à la Renaissance par l'actuelle Porte du pont. Au centre, se dresse le mémorial dédié à l'archange Raphaël du XVIIème siècle. Deux arches (la 14ème et la 15ème) sont d'origine.
Ici où là, se dresse non loin du fleuve un vestige d'époque médiévale comme cette vieille roue à aube qui marque l'emplacement d'un ancien moulin.
Passée la puerte del puente, avec son arc de triomphe, nous pénétrons sur une place où les bâtiments arborent de belles façades colorées, à côté de laquelle de dresse le triumpho de San Rafaël, saint patron de la ville.
nous longeons ensuite les murs de la Mesquila : la grande mosquée, en remontant la calle de Torrijos sur laquelle s'ouvrent plusieurs patios ombragés.
Face aux portails monumentaux de l'édifice religieux se dresse le palacio episcopal, qui abrite aujourd'hui l'office du tourisme et son salon de thé.
Le coeur de Cordoue est cependant la Juderia, l'ancien quartier juif proche de la mosquée. Le temps s'y est arrêté à l'an 1000...
Pour notre part, nous nous y arrêtons pour un délicieux repas de tapas gastronomiques composé de bouchées de jambon, à la queue de taureau, d'aubergines grillées et caramélisées, de tortillas et en dessert, on nous sert une sorte de flan tiède réalisé à partir de farine et de lait et nappé de caramel. Le tout est accompagné d'un jus d'oranges fraîchement pressées.
Nous commençons notre après-midi par la visite de la grande mosquée devenue cathédrale.
La grande mosquée, bâtie par Abd El Rahman Ier entre 785 et 787 est le symbole de la domination musulmane en Espagne. Elle fut réaménagée au cours des siècles, notamment par Al-Akham II au Xème siècle. De la cour des orangers (Patio de los naranjos, où les fidèles faisaient leurs ablutions, on a une vue magnifique sur la torre del Maniar, qui renferme l'ancien minaret. Au XIIIème siècle, il n'y avait que des palmiers dans la cour. Ce n'est qu'au XVème siècle que les orangers, les cyprès et les oliviers ont été plantés. En arrière plan de la fontaine, se dresse la cathédrale.
Le toit de la cathédrale repose sur plus de 850 colonnes de granit, de marbre et de jaspe. L'effet visuel est extraordinaire au milieu de cette forêt de pierre.
Lorsque Cordoue fut reprise par le roi Ferdinand III de Castille en 1236, l'église repris ses fonctions initiales. Le roi fit détruire quelques colonnes pour dégager la place de la chapelle royale, décorée de stucs Mudéjars, où furent enterrés Alphonse XI de Castille et Ferdinand IV de Castille en 1371.
Au XVIème siècle, les chanoines du chapitre décident de doter leur cité d'un édifice beaucoup plus somptueux et dans le goût du jour. Ils firent démolir une partie importante du centre de l'édifice pour y édifier une cathédrale qui apparaît comme incrustée dans la mosquée, rompant les perspectives de la forêt de colonnes. ce monument allie les styles gothique, baroque et Renaissance et est magnifiquement décoré. Par la suite, Charles Quint regretta la transformation de cet édifice en disant : "Vous avez détruit ce que l'on ne voyait nulle part pour construire ce que l'on voit partout".
Les cultes qui se sont succédé ont tous laissé leurs traces décoratives, donnant à l'ensemble un caractère grandiose.
Le chef d'oeuvre du bâtiment est cependant la coupole précédent le mirhab et le mirhab en lui même.
Cette construction formée d'arcs polybés et entrecroisés est impressionnante par les mosaïques d'or qui ornent sa façade. Les revêtements de marbres décorés d'arabesques sont les plus beaux reliefs et les plus précieux de l'époque califale. On peut y admirer aussi les versets du Coran dorés sur fond bleu.
La coupole de la Maqsûra est l'endroit réservé au calife à l'intérieur de la mosquée. Au moyen âge, la mosquée n'était pas uniquement un lieu de prière réservé aux musulmans, on y allait aussi à l'école, on y jouait aux échecs, on y accueillait les nécessiteux, on y discutait de l'actualité, on y échangeait des idées, y compris avec les non musulmans et on y écoutait de la poésie. Cette mosquée était resplendissante et on venait de partout pour la voir.
La capilla de Villaviciosa est première chapelle chrétienne construite dans la mosquée en 1371. On peut là aussi y admirer de très beaux arcs polybés.
Dans la mosquée, il y avait aussi 800 lampes à huile parfumée, éclairant les cristaux des mosaïques. Comme dans tous les édifices religieux musulmans, on ne trouvait aucune représentation humaine ou divine. La décoration est donc essentiellement géométrique et calligraphique.
a travers une excavation dans le sol, on peut admirer des mosaïques datant de l'époque wisigothique. Les Wisigoths avaient édifié une église sur l'emplacement d'un temple païen dédié à Janus.
A la sortie de la cathédrale, nous nous enfonçons dans les petites ruelles qui font de Cordoue une ville au charme incomparable.
La cité a sans douté été fondée par les carthaginois et son nom pourrait dériver de Kartuba qui signifie "cité riche et précieuse" en phénicien. Elle devint ensuite un municipe romain où naquit le philosophe Sénèque. Son âge d'or remonte au Xème siècle et au règne d'Abd El Rahman III, avec la création d'un califat indépendant dont elle était la capitale. Empire économique et culturel où musulmans, juifs et chrétiens cohabitaient pacifiquement, son influence s'étendit sur tout le monde occidental. Une guerre civile mit fin au califat et la cité déclina après avoir été conquise en 1236 par Ferdinand III de Castille.
La vie andalouse s'articule autour des patios des maisons qui font entrer le fraîcheur et la lumière. Les plantes font de ces lieux des retraites paisibles. A Cordoue, un festival des patios est organisé tous les ans en mai. Cordoue, avec ses étroites ruelles pavées, ses recoins secrets et ses minuscules ateliers d'orfèvrerie offre une charme indéniable.
Au dessus des bâtiments colorés surgit la torre del Calminar. Cette tour de 93 mètres de haut offre une belle vue sur la ville dont nous n'avons pu profiter puisqu'au moment de notre visite, elle était en réfection.
Au détour d'une place, nous pénétrons dans une cour qui abrite les bâtiments de l'université.
En retournant vers le fleuve, nous passons devant l'Alcazar de los Reyes. Ce palais forteresse est dû à Alphonse XI de Castille. Ferdinand II d'Aragon et Isabelle Ière de Castille y ont séjourné durant la guerre de reconquista contre les maures de Grenade. L'Alcazar devint ensuite siège de l'Inquisition, puis une prison.
Il est temps pour nous de quitter Cordoue et de nous diriger vers notre seconde étape.