Chypre : l'île Janus

Petit séjour d'une semaine sur l'île de Chypre, seul territoire européen encore coupé en deux de nos jours. L'île offre donc un double visage : à la fois grec et Turc.
Octobre 2017
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Fin octobre 2017, nous débarquons à Chypre. Nous sommes arrivés la veille par avion, sous l'orage. A Paris, on nous a fait changer 3 fois de porte d'embarquement avant de nous ramener à la première. Notre avion a décollé avec presque une heure de retard, mais nous sommes bien arrivés à destination. Notre voiture de location retirée, nous nous sommes dirigés vers notre hôtel en bord de mer à Lanarca. Le personnel est à peine aimable, mais la chambre est correcte et bénéficie d'une vue sur mer. En ce premier matin, nous faisons un tour de plage avant de prendre la route.

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Nous nous sommes dirigés vers le sud Ouest. Limassol passée, nous faisons halte à Kourion pour visiter le site archéologique. En 365, la ville est dévastée par un séisme. Un notable de Kourion : Eustolios, décide d'offrir à ses concitoyens un établissement de bains qu'il fait édifier au dessus des ruines de son palais. Le tout comprend les thermes à proprement dit et des dépendances d'une trentaine de pièces.

On entrait par une cour rectangulaire, bordée de pièces de service. Sur le perron, une inscription souhaite la bienvenue. Une seconde cour lui fait suite, bordée à l'origine par un portique, dont les restes de colonnes sont visibles. Le portique était pavé de mosaïques et la présence de poissons dans la décoration rappelle qu'Eustolios était chrétien. Ensuite s'ouvre une vaste salle rectangulaire : sans doute, une salle de banquet. Les bains sont sur la gauche. Des canalisations sont encore visibles.

La salle froide était ornée de panneaux de mosaïques. Sur l'un d'eux, on distingue le buste d'une femme : Ktisi : personnification de l'art de construire, qui tient dans sa main un instrument de mesure : un pied romain.

Un peu plus loin se trouve le théâtre.

Ce dernier date du IIème siècle après JC, date à laquelle la mode n'était plus aux tragédies ou aux comédies, mais aux combats de gladiateurs. Les deux premières travées de sièges furent retirées et remplacées par des grilles pour accueillir des fauves.


L'agora représentait le coeur de la ville : un immense espace ouvert bordé d'un portique sur tous les côtés. On y venait pour rencontrer ses amis, bavarder. On y venait aussi pour y faire ses courses. Sur le côté droit du portique, où ont été relevées des colonnes, subsistent des soubassements de boutiques.

Le site comprend aussi les restes d'une basilique édifiée avec des matériaux importés d'Egypte.

La promenade en bord de mer, au milieu de ces ruines antiques prend des allures très romantiques, même si de temps en temps, nous devons trouver un abri contre les quelques gouttes de pluie d'orage.

L'agora était ornée d'une fontaine monumentale. Le sol était couvert de pavages de marbres colorés et de mosaïques.

Il reste ici où là des ruines d'une salle hypocauste, traduisant l'attrait des anciens habitants pour le confort et notamment le chauffage par le sol !

Un peu plus loin, en suivant le sentier qui mène à la mer, nous accédons à la maison des gladiateurs qui doit son nom à une mosaïque représentant un combat de gladiateurs : thème assez rare en méditerranée orientale. On y voit un certain Lytras, retenu dans sa fureur par un personnage en civil : l'arbitre.

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Du haut de la falaise, nous avons repéré une taverne au bord de l'eau où nous nous sommes arrêtés pour déjeuner. Le poulpe grillé était délicieux avec son filet de citron et d'huile d'olive. Nous reprenons ensuite la route en direction de Petra tou Romiou.

Selon la légende, c'est ici que serait née Aphrodite : la Vénus des romains. Gaia : la terre, voulait se débarrasser de son mari : Ouranos, le ciel. Elle chargea son fils, Chronos, de cette besogne. Ce dernier trancha le sexe de son père avec une épée. De la semence transformée en écume naquit la déesse. Pour les turcs, c'est aussi le rocher du roumi (un infidèle), qui ne serait autre que Digenis Akritas, le célèbre héros byzantin auquel les légendes locales attribuent de formidables exploits, dont celui d'avoir jeté des rochers contre les pirates musulmans qui menaçaient Chypre.

Le site est en tout cas très prisé des éditeurs de cartes postales, avec ses successions de criques rocheuses, où des gros galets blancs bien lisses roulent au milieu d'une mer bleu électrique.

La plage est devenue un lieu de rassemblement des romantiques.

Après avoir profité de la sérénité de l'endroit, nous filons vers Paphos où nous attend notre location.

L'appartement, situé dans une petite résidence est sympa et confortable. Il est à proximité d'un grand site touristique. Il y a donc un peu de bruit la nuit. En effet, Paphos fait un peu penser à la Californie chypriote avec ses loueurs de quads, de buggies et ses bars où l'on fait la fête et ses sports nautiques à sensation. Notre location comporte 2 chambres dont l'une en mezzanine.

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Le lendemain, nous partons vers le Nord Ouest, où nous allons voir les bains d'Aphrodite : une cascade qui coule en rideau dans une sorte de grotte.

Nous partons ensuite pour une petite randonnée sur le sentier d'Adonis, au travers de la péninsule de l'Akamas. Ici, le souvenir du culte d'Aphrodite semble avoir marqué le paysage. C'est en effet ce sentier qu'aurait emprunté Adonis : fils du roi de Chypre pour retrouver la déesse. Le culte d'Aphrodite, originaire de l'Orient a connu un bel essor à Chypre.

Les deux premiers kilomètres grimpent à travers le maquis jusqu'à Pyrgos Rigainis.

Nous profitons des odeurs de pins maritimes, de genévriers, arbousiers, térébinthes, myrtes... Ces senteurs sont enchanteresses.

Les paysages le sont tout autant.

Nous profitons des bains d'Aphrodite pour pique niquer.

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En soirée, nous passons de l'autre côté de la péninsule pour aller voir la plage de Lara. Rapidement, l'asphalte laisse place à un sentier de terre. Ici, la côte est sauvage.

De ce côté de la péninsule, les longues plages de sable se succèdent. sur celle de Lara, on peut parfois observer des tortues qui ont fait de cette plage leur lieu de ponte.

Pour ce qui nous concerne, nous n'avons vu aucune tortue, ce qui ne nous a pas empêchés de profiter du lieu.

Nous avons construit des châteaux de galets que la marée est venue emporter.

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En fin de soirée, nous nous rendons au monastère d'Ayios Néophytos. C'est ici que Néophytos, un ermite du XIIIème siècle s'est installé, dans une grotte face au bâtiment monastique actuel.

Nous arrivons au moment de l'office et profitons des chants orthodoxes dans l'abbatiale. Le pope en soutane noire avec sa longue barbe ne rassure cependant pas Maël qui est pressé de quitter l'édifice. Le complexe monastique dans son état actuel date du XVème siècle. Le lever de lune au dessus du clocher donne au monastère un caractère mystique. A côté du monastère se dressent de petits commerces qui vendent des produits locaux. Nous achetons des loukoumes à la rose , ainsi que de la mangue confite et des fleurs d'hibiscus séchées.

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Le lendemain : changement de décor total : nous visitons la vallée des cèdres. Le décor boisé et les petites routes sinueuses ont quelque chose de dépaysant par rapport aux décors pelés que nous avons vus jusqu'ici. Les quelques 13 000 cèdres de la vallée délivrent un parfum capiteux très agréable.

Nous atteignons le monastère orthodoxe de Kykko.

Le monastère est niché au coeur de la forêt, à 1140 mètres d'altitude. Depuis sa fondation au XIème siècle, l'établissement a enduré tous les bouleversements que l'île a connus. Les princes russes, les tsars, les monarques d'Orient ont toujours soutenu le monastère, fervent partisan de l'indépendance.

Le musée du monastère est très riche. Il possède l'une des collections les plus précieuses du monde orthodoxe avec ses pièces archéologiques et d'art religieux.

Les mosaïques du cloître reprennent des scènes bibliques.

Les russes restent très fidèles à ce monastère. On voit des bus déverser des flots de touristes qui viennent ensuite faire la queue pour baiser les icônes conservées au coeur de l'abbatiale.

Il faut dire qu'avec son mobilier liturgique, dont de magnifiques lampes et encensoirs, ses croix processionnelles, ses manuscrits, le site donne à voir quelques merveilles.

Le lieu est également très reposant, malgré l'affluence touristique.

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Nous prenons la route du Troodos et de ses profondes vallées qui entaillent les flancs de la montagne. Nous nous arrêtons à Kakopétria, dans la vallée de la Soléa. Ce village est la vedette du versant Nord du Troodos.

Dans la partie la plus ancienne de ce petit village, un torrent rafraîchit agréablement l'air en été et attire les chypriotes. De chaque côté de la petite rue pavée piétonne s'étalent des maisons traditionnelles. Devant certaines, les habitants ont dressé de petites tables sur lesquelles sont présentés les produits locaux à la vente comme ces fruits au sirop.

Le rez de chaussée des maisons servait de remise alors que les étages abritaient les pièces d'habitation, souvent précédées d'une loggia en bois.

En soirée, nous faisons un halte à Odomos, petit village chef lieu d'une région viticole qui vaut le détour, autant pour son monastère que pour ses petites rues amoureusement entretenues.

Dans la rue principale bordée de cafés et d'échoppes, des étals proposent des produits locaux : broderies, miel, vin... Au coeur du bourg, trône le monastère de Timiou Stavrou : la sainte Croix, qui selon la tradition existait déjà en 327, au moment de la visite de Saint Hélène. C'est cependant la mère de Constantin qui le dota de ses plus vénérables reliques : un morceau de la corde et de la croix qui servirent lors de la crucifixion.

La maison de Zenon produit un petit vin blanc en exploitant ses propres vignobles issus de cépages locaux et internationaux. La visite et la dégustation sont gratuites, mais il faisait un peu tard et nous avions de la route à faire. Nous avons donc été raisonnables.

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Le lendemain, nous profitons de la matinée pour visiter Paphos avant de quitter la ville. Sur le port, nous découvrons un ancien thonier aux allures de bateau pirate, aux côtés duquel le capitane Némo semble avoir garé son Nautilus.

Le port ouvre sur une large baie où son amarrés les bateaux d'excursion qui emmènent les touristes explorer les fonds marins ou les côtes. Le fort ottoman donne beaucoup de cachet à l'endroit.

A l'époque romaine, Paphos était la capitale politique de l'île. C'est là que se trouvait le palais du proconsul dont on peut visiter les vestiges et qui a livré de magnifiques mosaïques comme celles de la maison d'Aïon réparties en 5 panneaux représentant Dionysos enfant sur les genoux d'Hermès, vêtu en empereur romain ; Léda aux bains ; le concours de beauté qui opposa Cassiopée et les néréides ; Apollon et Marsyas et enfin le cortège de Dionysos.

Autour du palais du proconsul se dressaient les édifices publics typiques des villes antiques : théâtre, Odéon, forum, ainsi que de somptueuses villas. De l'agora : la place du marché, subsiste aujourd'hui une belle colonnade.

Nous découvrons ensuite la maison de Thésée, qui est en fait le palais en question. A l'origine, il faut imaginer une cour intérieure aussi vaste qu'une agora, bordée d'un large portique dallé de mosaïques, plantée de jardins et ornée de fontaines et de statues. Des panneaux sont en restauration au moment de notre visite. sur d'autres, on distingue Thésée et le lion de Némée, une amazone ou encore Orphée et sa lyre entourée d'animaux.

Un peu plus loin, c'est la maison de Dionysos, vaste demeure organisée autour d'un atrium à ciel ouvert qui ouvrait sur les salles de réception, somptueusement décorées. Le sol des chambres privées, plus éloignées n'était décoré que de petits cailloux insérés dans le mortier. Sur les 2000 m2 de superficie au sol, 556 mosaïques ont été découvertes. Seconde ligne au milieu : le panneau représente Hippolyte lisant une lettre enflammée de Phèdre, pendant que Cupidon tient dans ses mains le flambeau de l'amour. A droite, voici Poséidon poursuivant la belle Amyônê de ses ardeurs. Partout, on voit des scènes de chasses avec des défilés d'animaux dont de nombreux tigres, mais aussi des mouflons chypriotes.

En haut à gauche, le panneau divisé en 9 parties représente une allégorie de la déesse mère entourée des 4 saisons. En dessous, Zeus transformé en aigle enlève Ganymède. Au milieu de la ligne du haut, la mosaïque représente Narcisse. La maison doit son nom à sa plus célèbre mosaïque qui représente Dionysos revenant des Indes avec son cortège. Les scènes de vendanges sont également nombreuses.

Après avoir admiré les mosaïques, nous nous dirigeons vers l'Odéon.

La beauté de ce théâtre ne donne-t-elle pas envie de déclamer quelques vers ?

Nous accédons ensuite aux ruines de Saranta Kolones, château franc construit au XIIIème siècle.

Nous déambulons au milieu des vieilles pierres.

Nous rejoignons ensuite le port. Un peu avant le fort ottoman, qui servit de grenier à sel sous la domination britannique, on découvre des blocs de pierre qui sont les restes du port antique qui fit la grandeur de la ville puisque c'est là que débarquaient les milliers de pèlerins venus rendre un culte à Aphrodite dans son sanctuaire de Kouklia. A une cinquantaine de mètres de la mer, un autre amas de pierre marque l'emplacement de l'une des deux tours construites par les turcs pour garder le port.

Pour déjeuner, nous choisissons de retourner sur Omodos, visité la veille su soir et qui nous avait bien plu. Nous prenons le temps d'admirer l'artisanat local comme ces bijoux en argent travaillés aussi finement que la dentelle ou encore ces broderies qui s'étalent devant les boutiques du village.

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Nous reprenons ensuite la route de la vallée de la Soléa.

Nous ne tardons pas à arriver à l'église Ayios Nikolaos Tis Steyis, anciennement liée à un monastère. Cette dernière se trouve au fond d'une vallée verdoyante. L'édifice religieux ne paye pas de mine de l'extérieur avec ses murs en torchis, mais il recèle un trésor : des peintures byzantines classées à l'UNESCO qui font partie des plus anciennes de l'île avec celles des églises d'Asinou et de Panayia tou Arakou, nichées dans les vallées voisines.

Ces peintures ont été réalisées entre le XIème et le XVIIème siècle. On y voit entre autre une entrée du Christ à Jerusalem, une transfiguration ou encore un Saint Nicolas hiératique, ainsi qu'une scène très rare : une vierge allaitant.

Nous poursuivons notre voyage en direction de l'église suivante : celle de Panayia tou Arakou, construite au XIIème siècle. Cette dernière avec son toit pentu évoque une opulente ferme médiévale. D'après la tradition, c'est un faucon qui aurait désigné le lieu de la construction de l'église, où était cachée une icône de la vierge.

A l'intérieur, c'est une explosion de couleurs. Les peintures datant de 1192 n'ont pourtant jamais été restaurées.

Le soir, nous rejoignons Nicosie, la capitale de l'île, où nous attend notre second logement, très confortable lui aussi.

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Le lendemain, nous faisons une première excursion dans la partie turque de l'île. Sur la route, nous passons devant une base militaire anglaise, puis dans une zone tampon où sont installées de bases de l'ONU. Nous arrivons ensuite au poste frontière du côté turc, où nous achetons une assurance pour notre voiture de location, celle prise en zone grecque ne couvrant pas les accidents de l'autre côté de la frontière. Nous arrivons enfin à Famagouste (Ammochostos pour les grecs et Gazimaguza pour les turcs. Pour les francs, c'était le grand port de leur royaume et pour les vénitiens, le dernier rempart contre les ottomans.

La cathédrale Saint Nicolas est un morceau de France transporté sous le soleil d'Orient avec son magnifique style gothique. Si les rois de chypre étaient couronnés à Nicosie, c'est à Famagouste qu'ils recevaient la couronne de Jérusalem de manière purement symbolique depuis la perte de la ville sainte en 1187. A gauche de la cathédrale se dressent deux colonnes antiques de Salamine. C'est ici que Bragadino, le gouverneur vénitien fut attaché et écorché vif après la prise de la ville. Sa peau fut ensuite remplie de paille et envoyée au sultan...

L'église fut ensuite transformée en mosquée.

Face à la cathédrale se trouvait le palais du gouverneur vénitien qui fut pulvérisé par des bombardements. Le palais était précédé d'une vaste cour, où le café voisin a poussé sa terrasse parmi les boulets de canon et les restes de décors architecturaux. Une famille propose aussi de presser des grenades pour vendre un jus de fruit aux touristes de passage. Sur la gauche, les bâtiments en pierre ont servi de résidence forcée au XIXème siècle, au poète ottoman Namik Kemal, exilé à Chypre par le sultan.

Nous visitons ensuite l'église Saint Pierre et Saint Paul avant de déambuler dans les petites rues et d'observer les devantures des joailliers qui traduisent l'attrait des populations turques pour l'or.

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Après la visite du centre de la vieille ville de Famagouste, nous nous installons dans un jardin public, au pied de la muraille pour pique niquer. Une fois les sandwichs avalés, direction le château d'Othello. La citadelle franque pris ce nom durant la période d'occupation britannique au XIXème siècle. C'est en effet à Chypre que Shakespeare situe l'intrigue de sa pièce : Othello ou le maure de Venise.

On entre dans la forteresse construite par Amaury de Lusignan en passant sous le lion Vénitien.

La forteresse gardait le port. Au delà de l'entrée, on découvre un quadrilatère médiéval et un escalier qui mène à la terrasse.

De là haut, on a une belle vue sur l'ensemble de la ville. On visite également une vaste salle gothique qui à l'origine servait de salle de réception et comprenait de luxueuses tentures et des tapis.

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Après Famagouste, nous prenons la route pour le célèbre site de Salamine situé à quelques kilomètres de là.

C'est sous un ciel menaçant d'orage que l'on parcourt ce site de légende, capitale de l'île jusqu'au IVème siècle avant JC et qui demeura une ville rayonnante sous l'empire romain. On peut y voir un gymnase bordé de colonnades et attenants à ce gymnase, les thermes dont on devine encore les bassins.

Le théâtre romain est le plus grand de Chypre. Il pouvait accueillir 15 000 spectateurs. Au IIIème siècle, il fut réaménagé pour accueillir les naumachies : les jeux nautiques.

Depuis le théâtre, on peut parcourir les ruines de la vieille ville en empruntant les promenades ombragées sous les eucalyptus et les mimosas. On peut ainsi découvrir les ruines de l'ancienne basilique dont les hautes herbes ont pris possession ou encore le temple de Zeus.

Le site est parsemé d'antiques statues sans tête symbolisant peut-être le passage du temps et l'oubli de la grandeur de Salamine.

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En soirée, nous repassons en zone grecque et nous dirigeons plein Sud Est, vers Ayia Napa pour profiter du bord de mer.

Le magnifique coucher de soleil nous permet de nous transformer en porteurs d'astre.

Dans le port, le black pearl a jeté l'ancre.

Le lever de lune nous a permis de nous transformer en porteurs d'astre...

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Le lendemain, nous partons découvrir la ville de Nicosie. Des barrières séparent la zone grecque de la zone turque en centre ville. C'est à ce jour, la seule ville d'Europe séparée en deux. Nous trouvons le point de passage entre les deux zones et passons en zone turque.

Des sociétés de derviches tourneurs se sont installées à Nicosie, traduisant le dynamisme du soufisme sur l'ïle.

Nous nous dirigeons vers la mosquée Selimiye : l'ancienne cathédrale sainte Sophie des Lusignan.

A l'entrée de la mosquée, on nous fournit un voile afin qu'Isabelle puisse se couvrir la tête et que nous puissions visiter l'édifice.

Nous allons ensuite vers le Bandabuliya : l'ancien marché couvert de la ville où se côtoient les petites boutiques de loukoums, d'épices ou encore de services à thé.

Tout autour de la mosquée se déploient de ravissantes ruelles pavées avec des airs d'Orient très marqués.

De manière générale, la partie turque est mieux entretenue que la partie grecque de la ville et nous y avons aussi trouvé les gens plus accueillants : toujours un petit mot en français, toujours une attention pour les enfants comme cet homme qui en sortant de la mosquée a donné des bonbons à Maël. Les terrasses des cafés invitent à flâner et les petites boutiques à faire des emplettes, même si nous sommes ici dans un temple de la contre-façon. Les douaniers grecs interdisent donc tout passage de marchandise.

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Un peu plus loin, une voûte de pierre ouvre sur le Büyük Khan : le splendide caravansérail, au centre duquel se dresse un petit oratoire musulman édifié au dessus de la tombe du bienfaiteur qui fit construire l'édifice.

Tout autour, les petites boutiques d'artisanat ont installé leurs devantures. C'est de l'étage supérieur que l'on a la plus belle vue.

Cet endroit est magnifique et vaut vraiment la visite. A l'étage du Khan, on peut rencontrer le dernier marionnettiste de Chypre : Mehmet Ertug : un passionné qui perpétue la tradition du Karagöz. Peints sur du cuir de chameau tendu sur des baguettes, tous les personnages de la société levantine apparaissent derrière l'écran blanc : Hacivat l'intellectuel pontifiant d'Istanbul, la noble dame turque, le Grec arrogant, le juif... tous trompés par les tours de Karagöz, l'incarnation du peuple et de la roublardise. Mehmet Ertug est le dernier représentant de cette tradition séculaire à Chypre.

Nous revenons ensuite sur nos pas aux alentours de midi. Nous avons en effet repéré une petite rue ombragée de parapluies où une agréable terrasse semble attendre les clients. Le restaurant est vaste et bien aménagé. C'est l'ancienne bibliothèque de la ville, transformée en lieu de restauration, mais les propriétaires semblent avoir voulu conserver l'âme du lieu.

En plus, la cuisine est bonne, à l'image de ce dessert à la citrouille que nous avons commandé. Leur citronnade à la fraise nous laissera également un souvenir ému...

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En début d'après-midi, nous nous dirigeons plein Nord vers Kyrenia : la Girne des Turcs. Un peu avant l'arrivée à destination, nous prenons une petite route menant à la citadelle de Saint Hilarion.

L'impressionnante citadelle date de 1192. Elle fut ensuite modifiée par les vénitiens.

L'entrée passée, nous accédons à la chapelle byzantine, témoin des premiers âges du lieu. La coupole est moderne, mais les colonnes beaucoup plus anciennes.

Derrière la chapelle, des pièces contenant des mannequins passent pour être les prisons de la citadelle.

Des appartements royaux, il ne reste aujourd'hui que des fenêtres et des pans de murs, mais on imagine bien la vue qu'avaient les nobles de ces fenêtres dominant Kyrenia et son port.

Ces ruines sous les rayons du soleil couchant ont quelque chose de très romantique.

Le château était un véritable nid d'aigle dominant toutes les vallées alentour. Il était organisé en 3 niveaux . Le niveau supérieur abritait la cour royale tandis que les deux autres niveaux abritaient les fonctions économiques et les hommes d'armes. C'était un véritable village avec toutes les activités associées qui étaient installées au sein des murailles. La tour du prince Jean située sur un promontoire dominait le tout.

La forteresse s'est installée sur le site choisi à l'origine par un ermite byzantin dont elle tire son nom. Ce sont les byzantins qui ont commencé à fortifier les lieux pour contrer les attaques des pirates arabes. La visite faite, nous redescendons pour aller visiter le centre de Kyrenia. Malheureusement, le temps de trouver le centre ville, la nuit est tombée.

C'est ainsi que s'achève ce voyage à Chypre, île Janus aux double visage à la fois turc et grec et berceau d'Aphrodite.