Blancheurs lapones

Séjour d'une semaine en Laponie finlandaise, à la découverte du pays blanc
Février 2016
7 jours
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Tout d'abord, un voyage en Laponie en plein hiver, cela se prépare. En effet, c'est la première fois que nous allons dans un pays où la température peut descendre assez bas. Avant de partir, nous avons donc investi dans quelques équipements adaptés en termes de sous-pulls chauds mais respirants, d'anoraks ou de chaussures.

Nous voyageons avec la compagnie nationale finlandaise en faisant escale à Helsinki avant de prendre un avion plus petit pour Rovaniemi.

A l'aéroport de Rovaniemi, le ton est donné au travers de la décoration du tapis à bagages.

Je suis passé par l'entreprise Safartica pour organiser cette semaine. Ils sont venus nous chercher à l'aéroport pour nous mener à notre location à peu de distance de Rovaniemi. Le chalet est hyper confortable et équipé d'un sauna. Le fait de passer par Safartica fait que je n'ai pas eu à me soucier des déplacements et notamment je n'ai pas eu à louer de voiture et à conduire sur des routes verglacées.

Nos bagages à peine déposés, nous retournons profiter de la neige à l'extérieur et notre fils fait ses premières expériences de sport de glisse sur le tapis neigeux avec la luge/pelle que nous avions achetée en France. Ce ne sont pas les flocons qui tombent ou la nuit précoce sous ces latitudes qui calment notre enthousiasme. Tout le monde s'amuse beaucoup.

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Le lendemain matin, après le petit déjeuner, nous découvrons le paysage de carte postale dans lequel nous allons évoluer durant une semaine.

Ayant trouvé une luge un peu plus grande dans la remise qui jouxte le chalet, nous partons en promenade dans les forêts qui entourent notre location située sur les hauteur de Rovaniemi. Les pistes de ski de fond croisent les espaces couverts de poudreuse.

Assez rapidement, les sentiers deviennent plus étroits et nous voici en pleine nature. Ici ou là, une petite cabane de bois couverte d'un épais manteau de neige nous rappelle que malgré l'impression d'isolement, nous ne sommes pas tout à fait seuls.

L'heure du déjeuner approchant, ma petite famille s'en retourne vers la chaleur du chalet et je poursuis un peu seul, en direction d'une tour d'observation d'où on peut avoir un point de vue plongeant sur Rovaniemi située à 10 km au nord du cercle polaire et sur sa rivière gelée : la Ounasjoki.

Au pied de la tour d'observation, un petit abri a été aménagé avec en son centre, un espace pour faire un feu de camp. Les promeneurs peuvent ainsi venir se réchauffer ou faire cuire leur repas.

Après déjeuner, nous nous rendons au Sky hotel où l'équipe de Safartica doit venir nous prendre en voiture pour nous conduire sur le lieu de notre première activité.

L'hôtel est situé à 400 mètres de notre chalet et c'est aussi le lieu de départ de nombreuses pistes de ski. Après un passage par les locaux de Safartica à Ravoniemi où nous allons revêtir les combinaisons de protection, on nous conduit en petit bus vers une ferme à quelques kilomètres de là.

Cette ferme est spécialisée dans l'élevage de rennes et propose en hiver des promenades en traîneau façon père Noël.

De suite, on nous explique comment va se dérouler notre promenade et on nous présente l'animal qui va être chargé de nous tracter. Un seul renne par traineau : la bête est robuste et endurante. Nous nous installons ensuite dans un traineau à raison de deux personnes par véhicule (trois si on a un jeune enfant).

Chacun ayant trouvé sa place, nous partons pour une heure de balade, guidés par les éleveurs Sames au milieu des bois.

Notre renne prend un malin plaisir à marcher à côté du traineau qui nous devance, ce qui lui permet de souffler sur ses occupants avec ses naseaux. De temps en temps, il mange de la neige sur les bas-côtés pour se désaltérer.

Nous sortons ensuite de la zone boisée pour arriver en terrain plus découvert

Nous faisons ensuite une petite boucle pour entamer notre retour vers la ferme.

Un peu plus loin, nous faisons une petite halte qui permet au troupeau de se reposer un peu et nous permet en même temps d'échanger avec les éleveurs sur les animaux et leur mode de vie.

L'animal peut peser jusqu'à 180 kg pour les mâles et 100 kg pour les femelles. Son pelage est creux et le protège du froid.

Les mâles et les femelles portent des bois. Les vaisseaux sanguins leur donnent une couleur orangée. C'est un animal particulièrement robuste et adaptable. Il ne faut pas oublier que l'espèce existait déjà à l'époque des mammouths. Dans cette région de la Finlande, tous les rennes sont domestiqués et vivent en larges troupeaux, ce qui les protègent des moustiques mais aussi des prédateurs que sont les ours bruns ou les loups.

L'élevage de rennes a longtemps été la seule ressource pour les Same. Elle l'est restée pour un certain nombre d'éleveurs qui l'utilisent comme, animal de trait, mais également comme source de viande ou pour la production d'instruments en cuir comme les harnais .

Notre fils s'aperçoit aussi que dès que l'on quitte la piste, la neige est dense et que l'on s'y enfonce rapidement...

Après cette petite pause fort agréable, nous remontons en traineau pour achever notre balade.

Sur les derniers kilomètres, nos guides désolidarisent les traineaux entre eux pour que les rennes puissent piquer une petite pointe de vitesse. L'animal peut courir jusqu'à 70 km par heure. Dans leur galop, ils soulèvent de la neige qui nous éclabousse dans le traineau. Nous nous sommes énormément amusés.

Arrivés à la ferme, c'est un éleveur en habits traditionnel Same qui prend en charge les animaux.

Face à la taille des bois, notre fils est quand même impressionné.

Nous remercions chaleureusement notre bestiole pour la promenade qu'elle nous a offerte.

Les éleveurs nous invitent à entrer dans une cabane au sein de laquelle brûle un bon feu.

C'est à l'intérieur de la goathe : l'habitat traditionnel léger des Sames, sorte de tente ou de cabane selon les occasions que la discussion avec ces derniers va se poursuivre. Ils nous apprennent comment faire du feu. Pour ce faire, ils font friser le bois en râclant l'écorce avec leur couteau. Ils frottent ensuite la lame du couteau sur une tige de manganèse qu'ils portent toujours sur eux afin de produire des étincelles et d'enflammer les copeaux. Chacun sera invité à tenter l'expérience.

Nos hôtes nous invitent également à prendre une boisson chaude et une pâtisserie à la cannelle et la discussion de poursuit, comme lors des veillées dans le grand Nord sur l'élevage et leur mode de vie dans un milieu qui peut nous paraître relativement hostile.

Une fois restaurés, nous allons donner leur collation aux rennes. Ces derniers mangent du lichen. Les éleveurs le ramassent en été et le laissent se déshydrater au soleil. Ils le distribuent aux animaux en hiver après l'avoir réhydrater afin que le lichen n'irrite pas leur estomac. Il faut en moyenne 3 kg par bête et par jour, ce qui doit constituer une récolte assez considérable.

Les larges sabots robustes des rennes leur permettent non seulement de courir avec beaucoup de stabilité sur la couche neigeuse, mais aussi de gratter cette dernière pour trouver leur nourriture.

On trouve encore des troupeaux sauvages dans le sud de la Finlande. A Rovaniemi, toutes les bêtes ont des marques aux oreilles permettant de connaître leur propriétaire. L'animal qui nous a tractés s'est quant à lui échappé l'an dernier et a erré pendant 6 mois avant d'être retrouvé dans une autre ferme à 25 km de là.

Après cette visite fort distrayante et intéressante, nous rentrons à Rovaniemi en ayant rempli notre contrat puisque nous rentrons avec quelques touffes de poils de rennes pour l'institutrice de notre fils qui nous avait demandé avant de partir de ramener quelques photos pour discuter des rennes avec les enfants.

En soirée, je sors faire quelques photos de nuit, en espérant si je suis chanceux capter une aurore boréale. Malheureusement pas d'aurore ce soir là; mais les paysages restent très beaux.

Du haut de la tour d'observation, Rovaniemi brille de mille feux.

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Le lendemain matin, dans notre chalet, toutes les fenêtres prennent l'allure de cartes postales sous le soleil matinal.

Pour cette journée, nous n'avons pas prévu d'activité. Après le petite déjeuner, nous commandons un taxi pour qu'il nous emmène à 8 km de Rovaniemi. Nous allons visiter le village du père Noël qu'ici on appelle Jöulupukin. C'est certes touristique, mais c'est un incontournable, surtout quand vous avez des enfants qui y croient encore comme dans notre cas.

Nous avons de la chance, il ne fait pas très froid. Dans le coin, ils ont l'air de savoir faire les gros bonhommes de neige !

En ce début de matinée, il n'y a pas encore grand monde nous décidons d'en profiter pour aller visiter l'attraction principale : la maison du père Noël.

Avant de rencontrer le grand homme, nous passons devant une sorte de petite exposition qui nous explique comment il ralentit le temps pour distribuer tous les cadeaux en une seule nuit.

Pendant la visite, nous sommes pris en main par les lutins qui sont très sympathiques.

Cela donne un peu envie de leur ressembler.

Clou de la matinée, le grand homme nous a accordé une audience. Notre fils n'était pas rassuré du tout et répondait aux questions d'une toute petite voix alors que le père Noël s'efforçait de nous parler un peu en Français. Ce fuit un grand souvenir pour notre fils, qui de retour en France, quand les doutes commençaient à être partagés avec ses copains d'école disaient à ces derniers qu'il avait été photographié avec le père Noël et que ce pouvait donc être un mirage...

Après notre rencontre avec le père Noël, nous avons visité son village où nous avons finalement croisé moins d'enfants que d'asiatiques très friands des traditions de Noël méconnues dans leur pays.

Cette belle journée ensoleillée nous offre des températures assez basses, mais aussi une très belle lumière propice aux photos lumineuses. Des stalactites pendent des toits des bâtiments. Nous nous dirigeons vers le bas du village où s'étendent des chalets offerts à la location.

Ici aussi, les promenades en traineau tiré par des rennes sont à la mode. Mieux vaut cependant aller dans une ferme alentour pour faire un circuit plus long et pouvoir discuter avec les éleveurs.

Au nord du village, sont tracées des pistes pour les chiens de traineau, au milieu de champs enneigés.


Nous nous en donnons à coeur joie au milieu de toute cette poudreuse. Dès que l'on s'écarte des sentiers, on s'enfonce jusqu'au genou. Nous trainons notre fils sur une luge que nous avons trouvée abandonnée au croisement de deux sentiers.

Après cette petite promenade, nous nous arrêtons dans un restaurant pour déjeuner. Nous goûtons aux spécialités locales comme cet hamburger de renne, qui servi avec une petite sauce aux airelles s'avère délicieux. Nous allons ensuite visiter le bureau de poste.

Les lutins sont bien occupés. Il faut dire que dans ce bureau de poste, les courriers arrivent du monde entier à raison de plusieurs dizaines de milliers, comme en témoignent les casiers qui occupent les lieux.

Pour notre part, nous rédigeons quelques cartes postales qui pourront partir avec le cachet de la poste du père Noël !

Et zou, c'est expédié !

Après ces travaux d'écriture, retour en pleine nature, où nous laissons nos empreintes dans la neige.

Pour le goûter, nous entrons dans une cabane où brûle un bon feu de bois et nous commandons des chocolats chauds pendant que d'autres déjeunent de pavés de saumon cuits sur le feu.

Nous allons ensuite visiter l'hôtel de glace.

La salle de restaurant de l'hôtel est magnifique avec son dieu Neptune sculpté dans la glace.

Chaque chambre a son propre décor, parfois sponsorisé par des entreprises locales.

Dormir dans une chambre décorée d'un ours polaire doit procurer quelques sensations au réveil. Les entrées des chambres sont étroites, on a vraiment l'impression de pénétrer dans un igloo.

Pour notre part, malgré la beauté du décor et la caractère insolite de l'expérience, nous avons choisi de ne pas passer de nuit sur place. Les matelas reposent sur des blocs de glaces, ce qui promet une literie ferme et froide. Nous préférons le confort de notre chalet.

Derrière l'hôtel a été aménagée une piste de glace sur laquelle on peut s'entraîner à patiner avec des sortes de déambulateurs ou encore faire des ronds en traineau... Il y a également une piste aménagée en descente sur laquelle on peut se laisser glisser sur de gros pneumatiques, que nous avons essayée. Les rebonds du pneu sur la glace secouent un peu...

Au coucher du soleil, nous reprenons un taxi pour rentrer sur notre location, après avoir passé une excellente journée chez Yöulupukin.

Nous repartons du village avec quelques souvenirs. Je dois dire que rétrospectivement, le pâté de renne n'était pas mauvais. Par contre, le pâté d'ours était gustativement assez moyen.

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Le lendemain matin, une navette de safartica vient nous chercher et comme la première fois nous emmène à Rovaniemi pour nous équiper.

Sur le parking nous attendent des motos-neige. Nos guident nous apprennent rapidement à nous servir de l'engin.

Nous partons ensuite en promenade sur la rivière gelée. Nous suivons le guide avec application. Notre fils quant à lui, est installé sur un traîneau attaché à la moto-neige de ce dernier. Il partage ce traineau avec une employée de safartica qui s'assure de son confort et l'enveloppe dans une couverture. Il passera le trajet blotti contre elle.

Après une pause sur la rivière, nous ne tardons pas à nous enfoncer dans les sous-bois.

Nous arrivons ensuite à une cabane perdue au milieu de nulle part, où nous allons déjeuner.

Nos guides font du feu et commencent les préparatifs du repas.

Au menu : soupe traditionnelle same : pour confectionner ce plat, on fait d'abord revenir des oignons puis on ajoute des légumes coupés très fins : courgette et carottes. Ensuite, on ajoute un produit laitier ressemblant un peu à de la crème mais beaucoup plus léger. En fin de cuisson, on ajoute des petits morceaux de saumon et on sert bien chaud. Le tout est accompagné de petits pains ronds et plats revenus sur le feu . En boisson, on nous sert du jus d'airelles chaud. Enfin, on nous sert le café avec des gâteaux à la cannelle. Nous nous sommes bien régalés. Ce jour là, nous sommes deux familles accompagnées de deux guides. Le groupe est donc loin d 'être énorme, ce qui permet de conserver une certaine intimité. Pendant que nous déjeunons, notre guide me demande si nous avons vu les lumières dans le ciel la nuit dernière. Nous avons loupé une aurore boréale... Ce sera le plus grand regret de notre voyage, d'autant que le guide me dit que c'était l'une des plus forte qu'il ai jamais vue.

L'après-midi, retour sur la rivière gelée pour une séance de pêche blanche. Il nous faut d'abord creuser un trou dans la glace qui mesure plus de 60 centimètres d'épaisseur. Mine de rien, c'est quand même assez sportif avec la grosse chignole.

Une fois le trou fait, on évacue la glace sur le pourtour avec une cuillère, puis on équipe la petite canne à pêche et enfin, il n'y a plus qu'à s'armer de patience en imprimant de petits mouvements au poignet.

Les explications données, chacun creuse son trou.

On peut pêcher de nombreux poissons blancs dans cette rivière, dont des brochets..

Notre patience et nos efforts n'auront pas vraiment été récompensés. Voici le seul poisson que nous ayons attrapé...

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Le lendemain, nous avons une nouvelle activité de prévue : course de chiens de traîneau...

On nous emmène donc vers une ferme où l'on pratique l'élevage de chiens.


A l'arrivée, on nous apprend les rudiments pour piloter le traineau et les gestes à faire pour prévenir les autres conducteurs des manoeuvres que nous entreprenons, de la nécessité de ralentir, freiner ou s'arrêter... On nous apprend également comment se pencher dans les virages pour contrebalancer le poids du traineau. Enfin, on nous conduit à notre équipage et nous faisons la connaissance des chiens qui seront nos plus fidèles compagnons durant la balade.

Nous voici donc à la tête d'un équipage de 6 chiens. Ils ont l'air de bien s'entendre, c'est déjà ça. L'un de nous s'installe sur les patins du traineau pour conduire pendant que les autres prennent place dans le traineau. On changera de musher à mi-chemin.

Nous voilà partis pour deux heures de balade. Le chiens adorent courir et dès le départ, ils donnent de vigoureux coups de rein.

Nous nous enfonçons dans les sous-bois enneigés.

Après le sous-bois, nous longeons une rivière gelée. Conduire un attelage est une expérience vraiment grisante. Une véritable interaction s'installe avec les chiens, notamment avec ceux de tête, très à l'écoute du conducteur, qui se retournent souvent, y compris en pleine course en regardant le conducteur avec l'air de dire "ça va comme ça ?"

Le conducteur, quant à lui, doit courir en poussant le traineau dans les côtes ou patiner pour aider les chiens quand ils peinent. On a donc l'impression de former une véritable équipe.

Ce système de transport est à la fois souple et rapide. Les chiens peuvent en effet couvrir jusqu'à 80 kilomètres en un peu plus de 2 heures en compétition.

Le retour au camp de base se fait tranquillement. Arrivés sur place, on nous invite à entrer dans une cabane pour prendre une boisson chaude.

Dernière photo de la journée pour immortaliser notre expérience de musher.

C'est aussi pour nous notre dernière expérience avec Safartica qui nous aura organisé des activités fort distrayantes et toujours en groupe très restreint contrairement à ce que pratiquent d'autres organisateurs d'activités. Les chalets loués par leur intermédiaire sont également très agréables. Etant équipés de saunas, nous avons tenté l'expérience. Je dois dire que je trouve cela assez vite suffocant pour ma part. Je n'apprécie que très moyennement la chaleur et là question chaleur, on est quand même servis.

Retour pour nous En France. L'avion aura plus d'une heure de retard au décollage à Rovaniemi en raison du brouillard. Heureusement, notre second vol à Helsinki nous a attendus. Le dimanche soir, notre fils avant de reprendre l'école nous a dit qu'il voulait aller vivre à Rovaniemi. Il n'était pas le seul à avoir le blues...