Le lendemain, une fois la photo des kayaks sur le Guadalquivir prise, nous reprenons notre itinéraire de la veille. Nous avons pour objectif de visiter le Real Alcazar.
Nous nous retrouvons donc au pied de la muraille, où en attendant l'ouverture, les visiteurs commencent à faire la queue. Rapidement, la file s'allonge... L'alcazar fut édifié par les Omeyyades d'Espagne, à partir de 844, sous le règne d'Abd-Al-Rahman II. Le bâtiment fut modifié plusieurs fois sous les Almohades. Au XIIème siècle, Alphonse XII entreprit la construction d'un premier palais gothique sur le site de l'Alcazar.
Passée la puerta del Leon, nous accédons à l'ancienne cour de garnison, puis au patio de la Monteria : patio de la chasse.
C'est ici que la cour se réunissait avant d'aller chasser. Se dresse face à nous, le palais Mudejar, parfaite association entre l'architecture ibérique et musulmane puisque suite à une alliance, Mohammed V avait envoyé ses meilleurs artisans à Pierre Ier pour construire et décorer l'Alcazar.
Nous pénétrons ensuite dans la casa de la contratacion, fondée par les rois catholiques en 1503 pour contrôler les activités de négoce. A cette époque, l'Espagne avait le monopole du transport de l'or entre l'Amérique et l'Europe. Dans ce bâtiment, on peut aujourd'hui visiter le salon de l'amiral où sont exposées les toiles représentant les événements ou personnages importants ayant un rapport avec Séville. On peut également visiter la salle des audiences.
Nous pénétrons ensuite dans le palais Mudéjar et suivons une enfilade de salles dans lesquelles nous entrons par des portes aux stucs ouvragés. Les murs sont couverts d'Azulejos et les plafonds offrent des cloisonnés en bois peint.
Nous accédons au jardin des demoiselles (patio de la Doncellas) qui tire son nom de la légende selon laquelle les maures exigeaient 100 jeunes filles vierges par an comme hommage des chrétiens. Le niveau inférieur a été édifié par Pierre Ier et le niveau supérieur par Charles Quint.
Les murs de la cour sont couverts de mosaïques de 5 couleurs différentes : l'ocre représentant le sable du désert, le bleu l'eau, le vert la végétation et le blanc et le noir respectivement le bien et le mal. A l'étage du bas, les inscriptions décrivent Pierre Ier comme un musulman.
De nombreuses salles de réception somptueuses se situent sur les côtés du patio. Au coeur de ce dernier se situe un grand bassin rectangulaire éclatant, bordé en contrebas par des jardins. C'est en fait depuis l'étage supérieur que les jeunes femmes de la cour pouvaient observer les invités d'honneur des réceptions. C'est en ce lieu que se déroulait la vie officielle de cour. Le patio fut construit entre la cour des Ambajadores (le salon des ambassadeurs) et l'ancienne salle du trône du palais abbaside. Dans le mur mitoyen du palais gothique, on a taillé des divans mauresques dans la pierre, pour pouvoir contempler à loisir le patio.
Nous entrons dans le salon des ambassadeurs, décoré d'Azulejos et de plâtre ciselé. Il présente trois arcatures symétriques, chacune composée de trois fers à cheval. C'était autrefois la salle du trône du palais abbaside d'Al Murwarak. C'est dans cette salle que Charles Quint a célébré ses noces avec Isabelle du Portugal. Sur les murs, des inscriptions dans le style coufique fleuri (calligraphie coufique dans laquelle viennent s'insérer de petits motifs de fleurs) viennent trahir la présence d'artisan de Grenade sur le chantier, puisque ce style est également utilisé dans l'Alhambra.
Ce salon était aussi appelé salle de la moitié d'orange. Il suffit de lever les yeux pour comprendre : le plafond est composé d'une superbe coupole en cèdre doré représentant des constellations d'étoiles symbolisant l'univers. Au dessus des voûtes, des moucharabiés décoratifs permettaient d'aérer la salle. En haut des murs, on trouve des balcons en ferronnerie ajoutés à la Renaissance, soutenus par des consoles en forme de dragons. Au dessus des balcons, nous avons des arcades aux voûtes en ogives gothiques dans lesquelles ont été représentés des rois espagnols de Recewinthe (roi wisigoth) à Philippe III. Au dessus d'eux, les 32 femmes sont les allégories des attributs de chacun des monarques.
Voici enfin le patio de las Munecas : le patio des poupées qui doit son nom aux petits visages sculptés sur l'une de ses colonnes. Il constituait le cœur domestique du palais et était réservé aux dames.
Nous ressortons pour nous diriger vers le palais gothique et le patio del Crucero, installé au dessus des anciens bains.
Les salones de Carlos V contiennent de superbes tapisseries et des azulejos du XVIème siècle. Nous sommes ici dans les appartements de Charles Quint. C'est à partit de ces bâtiments que nous avons accès aux jardins.
Les jardins occupent 80% de la surface de l'Alcazar. On y trouve une profusion de fleurs, arbres fruitiers et de fontaines. C'est sans doute de la fontaine de Mercure et de la galerie du grotesque qui suit le tracé de la muraille que la vue sur les jardins prend toute son ampleur.
La promenade des jardins de l'Alcazar est l'une des plus agréables de Séville alors que s'y unissent les styles arabe, renaissance et moderne. Ils sont disposés en terrasses de végétation verdoyante et présentent une multitude d'orangers et palmiers avec des fontaines, des pavillons aux alentours desquels on respire la fraîcheur et l'on goûte la quiétude.
Maël a adoré les petits labyrinthes végétaux. Il a bien fait courir son papa dans les petites allées. Heureusement que la fraîcheur apportée par les fontaines et les ombrages était au rendez vous.
Sous la lumière du soleil d'octobre, ces jardins sont un enchantement.
Au sein du jardin du Cenador, se trouve un pavillon où Charles Quint aimait venir dîner en été.
Les bassins sont peuplés de poissons qui donnent envie aux plus jeunes de faire quelques photos.
Sous la fontaine, se trouve le jardin de la danse, qui donne sur le jardin de Troie, menant lui même à celui de la galère. Ce sont ensuite la jardin des fleurs et celui du prince qui se profilent en enfilade.
Avant de quitter les lieux, nous retournons admirer le patio de demoiselles et ses splendides arabesques.
Dernier petit tour également par les jardins, où nous déjeunons dans un petit salon de thé. Ce Real Alcazar nous aura fait forte impression et constitue sans doute une bonne introduction à l'Alhambra.