Lviv, Kharkiv, Donetsk, Kyiv, du 18.03 au 23.03.2012
Quatrième et dernier voyage de cette série. Cette fois, c'est pour une tournée des quatre villes hôtes ukrainiennes de l'EURO 2012. Un séminaire d'une journée par ville, du lundi au jeudi. Avec le challenge des trajets inter-villes en soirée, aux quatre coins d'un pays grand comme deux fois l'Italie. Un enchaînement sans marge pour d'éventuels retards ou imprévus. Au vu des expériences vécues lors des trois voyages précédents, ce programme a tout d'une aventure qui peut réserver quelques surprises...
Dimanche matin, départ de Genève pour Lviv. Escale à Vienne et vol sans histoire. Retrouvailles avec mon collègue, et nous profitons des premiers jours de météo printanière pour nous balader dans cette ville au riche patrimoine historique. Une perle classée au patrimoine mondial de l'Unesco, qui mériterait d'être mieux connue - un peu comme Cracovie 30 ans plus tôt, que les occidentaux découvraient dès la chute du rideau de fer - mais qui aurait besoin d'un grand rattrapage de rénovations pour retrouver toute sa splendeur, tant laissée à l'abandon durant la période soviétique. Lviv et Cracovie partagent la même appartenance à la région historique de Galicie, ancienne principauté moyenâgeuse puis province de l'empire d'Autriche. Lviv n'est qu'à 70 kilomètres de la frontière polonaise, et a aussi fait partie de la Pologne du 14e au 18e siècles puis durant l'entre-deux-guerres.
En 2012, c'est une région dynamique de 730'000 habitants qui se projette dans un avenir radieux grâce à une relance du tourisme - en ville et dans les montagnes des Carpates, plus loin au sud vers la frontière roumaine. Le pays envisage même sérieusement de présenter la candidature de Lviv pour les Jeux Olympiques d'hiver de 2022.
Après cette agréable petite entrée en matière touristique du dimanche, nous voilà fin prêts lundi matin pour le premier séminaire. L'EURO 2012 commence dans moins de trois mois, les villes-hôtes sont dans la dernière ligne droite des préparatifs, et elles doivent démontrer comment elles maîtriseront une situation qu'elles n'ont jamais connue avant: accueillir entre 30 et 60'000 supporters étrangers qui vont débarquer presque tous en même temps, dans des aéroports qui ne comptent d'habitude que 1'500 passagers par jour. Grandes discussions en vue donc pour les aider à peaufiner leurs plans. Et les huit heures imparties seront dépassées. Ce qui devait arriver arriva, quand nous pouvons enfin boucler la réunion, notre vol pour la suite du séjour est déjà parti. Problème: comment être à Kharkiv, tout à l'est, pour le rendez-vous du lendemain matin?
Qu'à cela ne tienne, l'UEFA nous affrète un taxi pour Kyiv. Le chauffeur reçoit la mission de nous poser à l'aéroport de Kyiv avant le décollage du dernier vol pour Kharkiv à 21h35. Sauf que Lviv-Kyiv, c'est presque la moitié de l'Ukraine. Près de 600 kilomètres sur des routes avec de nombreuses sections qui ne sont pas encore à deux voie par sens. Un parcours qui prend plus de huit heures en conduite normale. Mais nous n'en avons que cinq pour y arriver. Le challenge semble plaire à notre chauffeur. Pas vraiment à nous. Et nous voilà installés pour un rallye interminable à travers les vastes plaines du pays. Vitesse de pointe à 180 km/h, dépassements téméraires, coups de freins brutaux à chaque radar. Une vraie folie. La vue de véhicules accidentés abandonnés en bordure de route augmente notre stress. On se demande même si quelqu'un se soucie de savoir si les occupants sont encore à l'intérieur. Les mornes paysages défilent devant les kilomètres qui s'additionnent. Mais à l'impossible nul n'est tenu. A mi-chemin nous savons que nous n'aurons pas le vol de Kharkiv. Pas si grave en fait, puisqu'il y en a un tôt le lendemain. Donc changement de programme, le taxi nous posera à l'hôtel à Kyiv. Mais il ne ralenti pas pour autant, la course folle se poursuit jusqu'à la capitale. C'est que lui, il veut encore rentrer à Lviv après ça, sans passer toute la nuit sur la route…
Arrivés aux portes de Kyiv, il est fier comme un conquérant: pas un radar n'a flashé en route! Mais il se réjouit trop vite et son relâchement lui joue un tour. Il "oublie" de ralentir, et c'est la peine directe: une voiture de police le somme de se mettre de côté. Petite discussion, il sort quelques billets, et on redémarre. Sa course aura été un peu moins lucrative que ce à quoi il aspirait. Et nous sommes heureux de pouvoir enfin sortir de son bolide. Ouf. C'était complètement insensé.
Une nuit en escale à Kyiv, et nous voilà repartis le lendemain matin pour la deuxième moitié du parcours. Mais en avion cette fois, destination Kharkiv, la deuxième plus grande ville du pays avec près de 1.5 millions d'habitants.
Peu de temps pour voir quelque chose de la ville cette fois-ci puisque nous passons directement de l'aéroport au Palace Hotel qui nous accueille pour le séminaire du jour. Deux curiosités quand même. Tout d'abord le style architectural plutôt inhabituel du terminal de l'aéroport, en décalage temporel avec l'ère de l'aviation moderne (un nouveau terminal est en voie d'inauguration en vue de l'EURO 2012). Et en ville, la place de la Liberté (Plochtcha Svobody) qui est l'une des plus grandes places d'Europe, avec son énorme statue du "monument à Lénine".
Le soir même, nous embarquons dans un minibus en compagnie d'une sympathique délégation ukrainienne, direction Donetsk. Cinq heure trente de route nocturne pour 350 kilomètres dans des conditions bien plus tranquilles que le rodéo de la veille.
Nous revoilà donc à Donetsk, près d'une année après ma première visite. Toujours face à ce gigantesque stade, la Donbass Arena aux couleurs orange et noir du Shakhtar. Les préparatifs de l'EURO 2012 vont bon train. Deux nuits sur place, et le jeudi au petit matin, embarquement pour le dernier jour de séminaire, à Kyiv la capitale.
Dernière étape donc. Vol sans histoire depuis Donetsk, pour enchaîner directement une quatrième journée constructive de séminaire à Kyiv pour clore cette tournée des villes-hôtes. Avec une vue plongeante sur le stade flambant neuf NSC Olimpiski et ses 70'000 spectateurs qui accueilleront la finale de l'EURO 2012. Le rallye aéro-routier à travers l'Ukraine prend fin de manière plus sereine que son début!
Mission accomplie, pour nous mais aussi pour les autorités des quatre villes qui ont pu nous rassurer sur l'avancement de leur organisation. Alors que mon collègue passera tout le prochain mois de juin sur place, durant l'événement, en tant que coordinateur des activités de transport pour l'UEFA, en ce qui me concerne je fais mes adieux à l'Ukraine. Un pays qu'il m'a plu de découvrir au fil de ces quatre voyages, pimentés d'histoires un peu rocambolesques, et agrémenté de belles rencontres professionnelles avec des gens accueillants, sérieux et motivés par l'enjeu qui les attend avec ce championnat de foot qui s'approche.
En guise de clap de fin, j'ai encore un petit bout de journée, le lendemain, pour visiter Kyiv sous le soleil - enfin un peu de répit pour une balade dans cette métropole de 2.8 millions d'habitants - avant de dire au revoir Ukraine / до побачення україно (do pobachennya ukrayino).