Jour 3 - 10h
Nous y voilà, le Louvre, je trépigne d'impatience à l'idée de découvrir cet endroit.
Nous récupérons nos badges VIP (et oui, les élèves de Patrimoine ont accès à TOUT le Louvre...ça ne rigole pas !) et nous nous rendons au Centre d'interprétation du musée du Louvre (situé au Pavillon de l'Horloge). Grâce à des recherches personnelles, je connaissais déjà un peu le lieu. J'ai donc découvert les vestiges du Louvre, ainsi que son passé, son présent, et son futur. Un espace qui invite le visiteur à retourner en quelques siècles en arrière : le Louvre était auparavant un château, l'intérieur a été mis en scène de manière à donner une impression de grandeur.
Centre d'interprétation du Musée du Louvre Pour que le visiteur comprenne les origines de cet espace, un panneau explique à qui le Centre d'interprétation est dédié.
Un retour dans le passé permet au visiteur de comprendre l'histoire du Louvre de manière simple : la médiation utilisée propose des textes courts et des maquettes montrant l'évolution du Louvre.
Médiation du "Centre d'interprétation" du Musée du LouvreAfin de permettre au visiteur de pleinement s'imaginer le Louvre d'autrefois, des amas de pierres anciennes sont disposés dans la salle. En déambulant le long du chemin, le public a l'impression de se trouver au pied des murs du château : cet endroit représente le début de la visite du musée, c'est pourquoi il reprend son histoire.
Les vestiges de l'ancien Louvre Le visiteur peut se repérer grâce aux panneaux explicatifs des plans du château et ses différents éléments. La médiation utilisée permet aux malvoyants de comprendre comment était fait le château grâce aux formes en relief sur le support, ainsi que le texte retranscris en braille.
De gauche à droite : Restes du château / support explicatif du lieuAprès avoir parcouru les vestiges de l'ancien Louvre, le visiteur arrive dans une salle regroupant l'histoire du Louvre jusqu'à nos jours.
Centre d'interprétation du Louvre Dans cette pièce, les moyens de médiation sont nombreux : des morceaux de l'ancienne architecture sont présentés au public (afin qu'il imagine à quoi pouvait ressembler le Louvre), des tableaux sont montrés, une maquette 3D reconstitue le Louvre actuel et des tablettes numériques proposent des numérisations de l'architecture du Louvre. Le public jeune est ciblé grâce aux dispositifs modernes et numériques.
Aujourd'hui, la place du numérique dans les musées n'est pas négligeable. André Malraux l'avait pressenti : «J’appelle Musée Imaginaire la totalité de ce que les gens peuvent connaître aujourd’hui même en n’étant pas dans un musée, c’est-à-dire ce qu’ils connaissent par la reproduction, par les bibliothèques.», le Musée Imaginaire est représenté par Internet. La médiation numérique permet aujourd'hui de mieux valoriser la richesse des collections et d’attiser la curiosité des visiteurs.
Médiation du Centre d'interprétation du Louvre Les dispositifs sont étudiés afin que les malvoyants puissent comprendre et imaginer le Louvre d'avant. Ils peuvent toucher les formes de l'ancienne architecture du musée ainsi que comprendre les écritures (grâce au braille). Ce dispositif est très pertinent, puisqu'il permet de toucher un large public tout en restant discret (au niveau de l'utilisation de l'espace géographique).
Médiation pour les malvoyants - Centre d'interprétation du LouvreLa salle Saint-Louis propose des éléments retrouvés lors de fouilles archéologiques en montrant le Louvre comme un lieu de pouvoir et de création. Peu à peu, le visiteur trouve des objets exposés en vitrine, livrant l'histoire du Louvre depuis le commencement. Le visiteur progresse, les éléments exposés également : au départ, nous observions surtout les restes de l'ancien château, et le résumé de l'historique à travers les pancartes. Dans cette salle, les murs de pierre sont toujours présents, mais une impression de réalité se fait ressentir lorsque le public découvre les trouvailles archéologiques.
De gauche à droite : Salle Saint-Louis / pièces royales et princières découvertes dans le puits du DonjonUn écran vidéo, disposé au cœur des vestiges muraux du château, mêlant les pierres anciennes et la technologie moderne, diffuse un reportage d'une dizaine de minutes résumant l'histoire du Louvre. L'impression créée incite le visiteur à s'asseoir sur les sièges mis à sa disposition : on a l'impression d'être dans un château...moderne. Ce ressenti "décalé" permet au public de découvrir le passé du Louvre, par le biais des restes du château, mais aussi le présent de notre monde par le biais de l'écran (le numérique).
La dernière salle du Centre d'interprétation propose au public la vocation du Louvre du 21ème siècle, et évoque le Louvre du futur (notamment avec l'implantation du Louvre à Abu Dhabi). La médiation immisce le visiteur dans les objectifs du Louvre : Conserver, Étudier et Acquérir, entre autres. Mais également une volonté de la part du musée d'influencer à grande échelle et de se développer à l'étranger. Les murs en briques ont disparu, l'ambiance est très pure, le style est moderne, comme pour rappeler au visiteur que le thème abordé est le futur. Des maquettes sont proposées, leur simplicité permet de faire passer un message clair : une volonté de la part du musée de se moderniser.
Le Louvre d'aujourd'hui et de demain Pour conclure, la médiation du Centre d'interprétation touche un large public.Premièrement, le public handicapé, qui est visé grâce aux supports écrits en braille et aux formes en relief. Deuxièmement, le public jeune, qui sera intéressé par la médiation numérique : les maquettes du Louvre, réalisées par AVE Culture. L'espace géographique est défini de manière à accueillir avec aise des fauteuils roulants, et la hauteur des dispositifs de médiation reste accessible à un large public.
En créant ce Centre d'interprétation, le Louvre a souhaité valoriser son passé (en immisçant le visiteur dans les vestiges du château) mettre en lumière son présent (en utilisant la médiation numérique) et attiser la curiosité du visiteur pour découvrir son futur (en proposant une médiation simple, avec des couleurs pures, et quelques mots-clés).
Marina-Pia Vitali, sous-directrice de la médiation dans les salles du Musée du Louvre, indique dans un entretien pour Com'en histoire que 67% des visiteurs du Louvre souhaitent découvrir le Palais, qui abrite les vestiges du château. Plus de la moitié du public du Louvre vient pour découvrir le patrimoine du lieu, et pas nécessairement pour les célèbres œuvres qu'il abrite. Dans cet entretien datant de 2015, la sous-directrice de la médiation du musée du Louvre souhaite repenser la médiation écrite (fond et forme) : comme je l'ai exprimé précédemment, je considère que certains départements du musée auraient besoin de changements.Un autre souhait du musée consiste à permettre au public de visiter en autonomie grâce aux outils de médiation numérique in situ (dispositifs de contextualisation -maquettes- et audioguides). Pour terminer, Maria-Pia Vitali souhaite travailler sur la médiation humaine : les intervenants et conférenciers permettent de toucher un large public (groupes scolaires, familles, personnes en situation de handicap, adultes en découverte).
Les trois grands axes évoqués par la Marina-Pia Vitali me paraissent pertinents, puisqu'ils permettent de viser un public très large, tout en proposant des dispositifs de médiation très diversifiés.
Après ce début de visite, je pars à la découverte de la prestigieuse Vénus de Milo. Le musée étant très grand, je n'ai pas le temps de tout observer, mais le nombre de statues est impressionnant, et l'architecture du musée est majestueuse. La médiation dans cette salle n'est pas très présente, ce que l'on peut comprendre : l'architecture et les sculptures ne seraient pas aussi impressionnantes si on insérait de la médiation technique. Les plaquettes informatives sont présentes, mais on doit réellement s'approcher de l’œuvre pour découvrir de qui il s'agit. J'ai trouvé cela un peu dommage, puisqu'il y a beaucoup d’œuvres, peut-être aurait-il été judicieux de proposer des pancartes à l'entrée des différentes salles, permettant au visiteur de choisir les œuvres qu'il allait découvrir : cela lui permettrait de gagner du temps.
Les œuvres grecques / la Vénus de Milo - Musée du LouvreEnsuite, je me rends au département dédié à l’Égypte Antique. La collection de l’Égypte Antique est très diversifiée, et la médiation utilisée m'a semblé appropriée : des pancartes explicatives à côté des œuvres, et beaucoup de panneaux à l'entrée des salles qui permettent au visiteur de se repérer. Cet espace est encore plus grand que le précédent, et je peine à retrouver mon chemin pour retourner à l'entrée du musée...les indications ne me semblent pas claires et le plan ne m'aide pas beaucoup (surtout que j'ai du mal à m'orienter en temps normal), mais je garde le sourire, consciente que je suis au Musée du Louvre et que j'ai devant moi des œuvres majestueuses. Je parcours avec intérêt les salles, même si le manque de temps m'oblige à accélérer...il est l'heure d'aller manger, et je dois déjà quitter l’Égypte pour revenir au 21ème siècle.
Art de l’Égypte antique - Musée du LouvreAvant d'aller manger, je m'arrête aux appartements du roi de France, passionnée par cette époque.Après avoir fait une pause de vingt minutes, je repars déjà pour tenter de trouver la Joconde (oui, tenter, parce que le musée est tellement grand que trouver quelque chose de précis s'avère être très compliqué, surtout pour moi qui n'y ait jamais mis les pieds).
Des visiteurs nous devançant ont l'air perdus, comme nous, et nous recherchons désespérément cette Joconde qui semble ne pas vouloir qu'on la trouve...
Après une vingtaine de minutes, nous voyons enfin un panneau "Joconde" avec une flèche, cela nous redonne espoir ! Oui, nous l'avons trouvée ! Lorsque je vois l'attroupement devant, je ne me décourage pas, et je me faufile avec plus ou moins de difficulté à travers les visiteurs, qui la mitraillent de photos. Je suis surprise par sa -petite -taille, mais je la trouve très belle. Ah, que d'épreuves pour réussir à la voir, cette Joconde sans sourcils !
Ensuite, nous avons eu l’opportunité de rencontrer Yannick Lintz, la responsable du département des arts de l'Islam du Musée du Louvre. Elle nous a expliqué le choix des moyens de médiation et nous a fait visiter l'ensemble de l'espace. Selon elle, la médiation n'est pas pertinente, certains dispositifs passent inaperçus, d'autres ne sont pas assez bien expliqués et sont incompris du public, et la mise en scène de l'exposition perd le visiteur, qui ne sait pas trop quel chemin emprunter. C'est dommage, puisque le musée possède des œuvres uniques qui mériteraient d'être appréciées à leur juste valeur.Elle préconise de revoir la délimitation du circuit emprunté par le visiteur. En effet, le cheminement qu'il effectue n'est pas assez clair : les indications ne sont pas assez explicites et il comment souvent par la fin au lieu de commencer par le début.
Département des arts de l'Islam - Musée du Louvre Pour conclure, j'ai remarqué que le Louvre était en recherche constante d'innovation : étant le plus grand des musées d'art du monde, il doit fidéliser son public en proposant des expositions diversifiées. Comme dit précédemment, plus de la moitié des visiteurs viennent au Louvre pour découvrir ses vestiges. C'est pourquoi le Pavillon de l'Horloge, qui a ouvert le 6 juillet 2016, propose le Centre d'interprétation du Louvre. Dans cet espace, le public peut découvrir l'histoire du Louvre, de sa construction jusqu'à nos jours. Les dispositifs de médiation employés incluent beaucoup de numérique, ainsi que l'accès aux toutes formes de handicap (le braille pour les malvoyants, le sonore pour les malentendants et les espaces sont pensés de manière à permettre à un fauteuil roulant de profiter pleinement des expositions).
La journée se termine par un petit restaurant avec tout le groupe, le tout dans une ambiance sympathique.
Restaurant "le Brise Miche"