Carnet de voyage

Lyli de la Louisiane au Colorado...

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Par lyli
Après la découverte de la Louisiane, cap à moto vers le nord jusqu'au Colorado par des voies historiques du 19e siècle: la route du blues et la route des pionniers. Mai 2023
Mai 2023
22 jours
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itinéraire qui nous fait voyager dans la Louisiane des origines quand elle appartenait à la France

Cet itinéraire, qui devrait nous faire traverser 10 états en un peu moins de 4 semaines, peut paraître curieux: il est né de deux envies.

Nous voulions depuis longtemps découvrir la Nouvelle-Orléans notamment pendant le festival de jazz qui a lieu tous les ans fin avril/début mai. Une fois à la Nouvelle-Orléans, il aurait été dommage de ne pas aller découvrir la Louisiane! Donc après 3 jours en ville, nous parcourrons la Louisiane avec une moto de location (une Yamaha Super Ténéré) entre les bayous, le pays Cajun et les plantations. Nous remonterons jusqu'à Memphis en suivant une route historique, la Highway 61, qui suit le Mississippi: la route du blues.

Notre deuxième envie -qui peut faire sourire- nous fera quitter la route du blues à Memphis pour aller sur les traces de Laura Ingalls Wilder, qui, contrairement à la série télévisée "La petite maison dans la prairie", n'a pas seulement vécu à Walnut Grove, mais, au contraire, dans énormément de lieux et d'états différents comme le montrent ses romans autobiographiques et la très intéressante biographie "Prairie fires" de Caroline Fraser. Nous visiterons trois des lieux où elle a vécu dans trois états différents: Missouri, Minnesota et Dakota du Sud. Et au-delà de ce personnage bien réel, nous prendrons une partie de la route des pionniers américains, qui, au 19e siècle, ont parcouru, en chariots, en famille, des milliers de kilomètres pour rejoindre l'Ouest américain.

Après le Dakota du Sud, nous descendrons dans le Colorado pour laisser la moto et reprendre l'avion à Denver.

Cet itinéraire contient évidemment des points de passage obligés, mais, à plusieurs endroits, notamment entre le Missouri et le Minnesota, nous n'avons pas encore déterminé la route que nous prendrons, le but étant de partir de Mansfield et d'arriver à Walnut Grove.

Nous prendrons l'avion de St Martin le 28 avril 2023 et devrions arriver, si tout se passe bien entre les "US Customs" de Miami et mon pilote(!), à la Nouvelle-Orléans à minuit! Le retour, de Denver, devrait se faire le 25 mai.

27
avr

Les préparatifs ou comment faire rentrer toutes nos affaires pour presque un mois dans de petits bagages moto? Nous l'avons déjà fait pour un voyage de 3 mois en Amérique du Sud en 2019

(https://www.myatlas.com/lylimotoameriquesud/lyli-en-amerique-du-sud), cela devrait donc être plus facile cette fois!

L'heure est arrivée de préparer les bagages qui doivent tenir sur la Super Ténéré. Nous aurons deux valises latérales (une pour chacun) et un sac étanche sur le dessus. Nous devons prévoir des vêtements légers pour la Louisiane où il fait actuellement environ 25°C, mais également des vêtements plus chauds pour les états plus au nord. Actuellement il fait entre 0° le matin et 12°C dans la journée dans le Dakota du Sud. C'est pour cette raison que nous avons attendu le mois de mai pour découvrir ces états plus au nord. Nous devrions avoir des températures entre 10° et 20°, sans doute moins quand nous serons plus en altitude, en espérant de pas avoir trop de pluie!

29
avr

Nous voilà bien arrivés à la Nouvelle-Orléans peu après minuit! Les Douaniers de Miami ont été toujours aussi sympathiques que d'habitude, nous demandant cette fois-ci si nous avions assez d'argent pour rester un mois aux États-Unis.

A peine levés, nous nous sommes rendus pour le petit déjeuner au "Café du monde", une institution ici. Leur spécialité: le café au lait et les beignets et, cela, sur un air de jazz. Le premier "Café du monde" s'est établi en 1862. Il est maintenant ouvert 24h sur 24.

Café du monde à la Nouvelle-Orléans

Ce coffee shop se trouve dans le Vieux Carré français (French Quarter), le quartier historique de la ville fondée en 1718 par Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville, explorateur français de Montréal. Le nom de la ville est choisi en l’honneur du régent Philippe, duc d’Orléans. Devenue capitale de la Louisiane en 1722, elle est vendue en 1803, comme la Louisiane, par Napoléon Bonaparte aux États-Unis. La ville est ainsi marquée par son héritage colonial français. Nous retrouvons de nombreux bistrots "à la française" avec nappes blanches et serveurs avec nœuds papillons.

la cathédrale St Louis fondée en 1718 
les belles demeures du Quartier français 

Nous sommes à deux pas du Mississippi!

les bateaux à vapeur 
29
avr

Première soirée et, comme beaucoup (de touristes), nous sommes allés à Bourbon street pour écouter du jazz, mais, à part quelques lieux, c'est surtout des musiques actuelles, du gros son, des montreurs de serpents, d'iguanes et de perroquets et une rue où défilent des centaines de gens, un verre à la main (la Nouvelle-Orléans est une des villes des États-Unis où l'on peut boire dans la rue). Je dois dire que nous avons été déçus car nous imaginions du jazz un peu partout surtout que nous sommes en plein festival de jazz! Il s'agit plutôt d'une attraction pour touristes!

Lafitte's Blackksmith shop, un des plus anciens bars du pays, ouvert vers1770
Maison Bourbon où l'on peut écouter du jazz
Huîtres du bayou qui ne valent en rien nos huîtres bretonnes qu'on propose d'agrémenter d'une sorte de raifort et de sauce tomate 

Ce soir, nous allons tester une autre rue a priori plus authentique que des amis américains nous ont indiquée.

30
avr

Le second jour de visite de la Nouvelle-Orléans -un dimanche- commence par un brunch pour être d'attaque avant les nombreux kilomètres à pied pour parcourir le centre historique. Ici tout peut se faire à pied, nous n'avons pas encore récupéré la moto.

 balade matinale sur le riverwalk le long du Mississippi 

Demain, 1er mai, nous sommes heureux de récupérer notre moto de location! En attendant, nous rejoignons en fin de journée le "Frenchmen street", pour tenter d'écouter du jazz. Cette fois-ci, dans ce quartier, dans différents bars et restaurants, il y a vraiment de bons groupes de jazz!

Frenchmen street très colorée 

Demain, une fois la moto récupérée, nous devrions descendre, pour l'après-midi, dans le sud, sans doute vers Delacroix, le vrai départ étant le lendemain, le 2 mai, où nous allons faire un "swamp tour" (visite des bayous) en bateau près de Houma et quitter la Nouvelle-Orléans.

1
mai

Le grand jour est arrivé où nous récupérons notre moto de location! Après un café au lait et les fameux beignets au "Café du monde" pour la seconde fois, nous partons chez le loueur récupérer notre Yamaha Super Ténéré flambant neuve.

notre moto perdue parmi les Harley Davidson 

Pour la prise en main, avant le départ demain, petit tour dans le sud de la Nouvelle-Orléans jusqu'à Delacroix, village fondé à l'époque de la Louisiane française, à une cinquantaine de kilomètres de la Nouvelle-Orléans.

Jusque dans les années 1930, Delacroix n'était accessible au monde extérieur que par bateau. Depuis, une route a été construite pour «l'île Delacroix» (en réalité une zone intérieure entourée de marais et de bayous). Plus qu'un village, c'est un centre de pêche actif, nous n'y avons trouvé, à notre grand désarroi, aucun commerce, bar ou restaurant. En 2005, comme une grande partie de la région, Delacroix a été dévastée par l'ouragan Katrina. Toute la zone a été inondée, et la majorité des bâtiments complètement détruits. En 2010 une grande partie du village a été reconstruit, la plupart des nouvelles constructions surélevées sur pilotis.

Delacroix semble perdue au sud est de la Nouvelle-Orléans 

En regardant la carte, on comprend la fragilité de la Nouvelle-Orléans et de ses alentours face à des événements climatiques. La ville a été fondée au-dessous du niveau de la mer (pour certains quartiers jusqu'à 6 mètres!). En 2005, la catastrophe humaine causée par Katrina vient essentiellement des digues censées protéger la ville qui ont rompu et inondé une grande partie de la ville. On compte plus de 1500 victimes en Louisiane. Le roman saisissant de Laurent Gaudé, "Ouragan" nous plonge dans cette catastrophe.

les maisons reconstruites sur pilotis de Delacroix 
les derniers mètres du village 

Demain, départ pour Houma...

2
mai

Ce matin départ pour Houma, petite ville située à un peu plus d'une heure de la Nouvelle-Orléans où nous avons rendez-vous avec Mark pour un "swamp tour", un tour de bayous pour voir la flore et la faune locales.

balade dans les bayous 

C'est surtout un tour pour approcher les alligators et ils approchent! Mark les appelle par leur nom en leur donnant une petite récompense... comme le faisait, avant lui, sa célèbre grand-mère, Annie Miller.

ils arrivent... 
 Et hop! un petit pilon de poulet vite englouti...

Tour très intéressant, Mark aime ses bayous et donne beaucoup d'explications, notamment sur la vulnérabilité de ces milieux.

Arrêt pour la nuit à Lockport, un tout petit village à une demi-heure de Houma où nous avons réservé une chambre dans une maison datant de 1860: Bouverans. L'arrière-arrière grand-père de René, le propriétaire, originaire de Bouverans en Bourgogne, est arrivé aux États-Unis à 25 ans et a construit cette demeure!

Bouverans était une plantation
3
mai

Soirée du 2 mai dans un diner près de notre logement, où nous avons réussi à trouver une salade. Ici beaucoup de plats frits avec ... des frites!

Ce matin, après un petit-déjeuner délicieux et copieux (salade de fruits, œufs brouillés, saucisses/boudins et pains perdus (French toasts) maison, nous quittons René, notre hôte très accueillant, pour suivre le Mississippi et ses plantations.

Bouverans

Vu le nombre important de plantations ouvertes au public, il nous faut faire un choix. Nous avons opté pour trois plantations dont une avec visite guidée. Nous avons donc rendez-vous pour une visite guidée en français (c'est un plus) à "Laura plantation", une plantation dite créole de 1804. A cette époque, "créole" veut dire d'origine française et catholique.

Laura plantation 

C'est une visite très intéressante qui est centrée sur la vie des différents propriétaires et les conditions de vie des esclaves. Laura Locoul, qui a vécu de 1861 à 1963 a écrit ses mémoires qui sont loin du clichés "d'Autant en emporte le vent" (qui se passe d'ailleurs en Géorgie)!

la plantation 
le quartier des esclaves 

La beauté des lieux ne doit pas faire oublier l'envers du décor: l'esclavage. Nous avons choisi la visite de cette plantation en particulier parce qu'il semblait qu'elle privilégiait cette part sombre et insistait un peu moins que pour d'autres plantations sur la beauté de la propriété. Après l'émancipation, les esclaves devenus libres sont restés, pour la grande majorité, travailler dans leur plantation (où auraient-ils pu aller?), s'occuper des mêmes tâches: si le statut avait changé, leurs conditions de vie non. Dans ce domaine, les cabanes d'esclaves ont été occupées par des descendants jusque dans les années 1970!

Sur la route qui longe le Mississippi (mais qu'on ne voit pas du fait de l'existence d'une digue pour empêcher des inondations), nous pouvons apercevoir plusieurs plantations. Au 19e siècle, on dénombrait plus de 250 plantations le long du fleuve. Il y a, par exemple, Evergreen, où ont été tournées quelques scènes de "Django unchained" de Quentin Tarantino.

plantations de long du Mississippi 

L'après-midi nous nous rendons à la plantation Oak Alley, une des plus photogéniques avec sa majestueuse allée de chênes.

arrivée à la plantation Oak Alley 


La propriété date de 1837 
l'allée majestueuse de chênes

Les plantations se trouvent des deux côtés du Mississippi.

 Au-dessus du Mississippi...

Cette nuit nous dormons dans une plantation où ont été aménagés de petits cottages, Houmas, qui date de 1807 et avons la chance de profiter de ses jardins et d'admirer les lieux durant la nuit!

la plantation Houmas 
magnifique jardin de Houmas 

Demain départ pour le centre du pays cajun/cadien.

4
mai

Après la visite du musée attenant à la plantation Houmas et dédié à la vie de l'époque, la guerre de Sécession, nous partons, le 4 mai, vers Lafayette, plus à l'ouest, à environ trois heures de route, en plein cœur du pays cajun/cadien.

Les ancêtres des Cadiens (ou Cajuns en anglais) ont été déportés aux 18e et 19e siècles en Louisiane et se sont installés dans le sud. A Houma, nous étions déjà en pays cajun, avec sa gastronomie particulière.

Saintmartinville sous plus de 30° et pas d'ombre... 

Nous nous arrêtons pour déjeuner à Breaux-Bridge, par hasard, chez une Française, Jacqueline, installée en Louisiane depuis plus de 20 ans et, qui, à 78 ans, est toujours derrière les fourneaux. Sur les murs, des tableaux de Paris! Nous y dégustons un gumbo de fruits de mer (un bouillon épicé) et une étouffée de crayfish (écrevisses) à la bisque. Nous nous régalons.

La cuisine cadienne, épicée, a des origines françaises, africaines, amérindiennes: on peut manger de l'alligator frit ou en sauce, de la soupe de tortue (nous n'essaierons pas ces 2 plats), des huîtres du bayou (que j'ai déjà essayé de manger), des gumbos, des écrevisses à l'étouffée, du boudin, du jambalaya (une sorte de riz sauté avec viande ou poisson), différents poissons grillés (j'ai goûté le "catfish" délicieux, ayant la texture du mérou)

ce week end, à Bréaux-Bridge, c'est la fête de la crayfish! Election de miss Crayfish! 

Nous arrivons pour la nuit à Lafayette, ville fondée en 1821 par un Cadien et qui a pris le nom, en 1884, du marquis de Lafayette en son honneur pour son rôle décisif dans la guerre d'indépendance des États-Unis contre la Grande-Bretagne pendant laquelle il avait été nommé général à l'âge de 19 ans par George Washington. Nous logeons à la maison Mouton construite en 1820 par Charles Mouton, le fils du fondateur de la ville et qui faisait partie d'une plantation.

Maison Mouton de 1820

Demain nous quittons la Louisiane pour l'état du Mississippi en espérant échapper à la pluie: après les plus de 30° depuis plusieurs jours, le temps est orageux.

notre périple en Louisiane 
5
mai

Après un petit-déjeuner cajun (œufs brouillés recouverts de bisque de crevettes), nous reprenons la route pour l'état du Mississippi.

Départ de la Maison Mouton 

Nous rattrapons à Bâton Rouge la highway 61, c'est-à-dire la route du blues, que nous allons suivre jusqu'à Memphis.

Au nord de Bâton Rouge, sur des dizaines de kilomètres, des routes suspendues au-dessus des bayous 
pause café à Myrtles Plantation à St Francisville datant de 1796 qu'on dit hantée
des anciennes plantations le long de cette route 
pause déjeuner 

Nous nous arrêtons pour la nuit à Vicksburg. Le nom de cette petite ville est tristement lié à la guerre de Sécession. Elle a été le lieu d'un des épisodes majeurs du conflit: les soldats confédérés, s'étant retranchés dans la ville, se rendirent au bout de 47 jours de siège, la victoire de Grant permit à l'Union de prendre le contrôle de l'ensemble du fleuve Mississippi.

Nous logeons dans la maison Duff Green qui date de 1856: les propriétaires n'en n'ont pas beaucoup profité du fait du siège de 1863. Cette demeure s'est transformée en hôpital. Nous apprenons, en nous installant dans notre chambre, qui se trouve dans les caves initialement occupées pendant la guerre, que notre chambre était en fait la chambre d'amputation et qu'elle est hantée!! Ce n'était pas noté sur le site au moment de réserver la chambre! Elle serait hantée par un soldat confédéré amputé et, comme un fantôme ne suffit pas, par la petite Annie, fille des propriétaires, décédée à 6 ans de la fièvre jaune.

Duff Green datant de 1856 

Vicksburg est connue également comme étant le lieu de naissance de Joseph Biedenhaum qui a eu l'idée d'embouteiller le coca cola livré depuis 1866 dans des fûts.

Coucher de soleil sur le Mississippi 

Nous reprenons la Highway 61 le lendemain, le 6 mai, jusqu'à Memphis.

Environ une heure au nord de Vicksburg, nous nous arrêtons dans un café sans savoir que nous sommes en fait sur un lieu "anecdotiquement historique" qui a donné naissance à la peluche teddy bear que nous connaissons tous, en référence au Président Théodore Roosevelt. A la suite d'une journée où il n'a rien chassé, on propose au président de tuer un ours qui était en captivité, ce que refuse Roosevelt et c'est devenu "Teddy's bear"!

l'origine de Teddy's bear 
la Highway  61

Il faut souvent quitter la nouvelle Highway 61pour retrouver l'ancien tronçon et traverser les villes du tracé d'origine. C'est comme cela que nous traversons la petite ville de Leland, qui est le lieu de "naissance" de Kermit la grenouille du Muppet show du nom d'un ami du créateur originaire du coin. Au centre-ville nous tombons sur un petit musée du blues, accueillis par le fils de James "Son" Thomas, lui aussi bluesman. Pendant la visite, nous l'écoutons jouer et chanter.

musée du blues à Leland 

Deuxième arrêt à Clarsdale pour visiter le "Delta Blues museum".

 Clarsdale où de nombreux bâtiments sont abandonnés: la Highway 61 ne passe plus par son centre
7
mai

Nous quittons le Mississippi et arrivons à Memphis dans le Tennessee.

nouveau coucher de soleil sur le Mississippi, cette fois-ci de Memphis 
dans un club de blues sur Beale street

Aujourd'hui, 7 mai, après un petit-déjeuner à l'Arcade, le plus vieux restaurant de Memphis, nous partons visiter la propriété d'Elvis Presley, Graceland, à moins de vingt minutes de la ville.

petit-déjeuner à l'Arcade café datant de 1919 

Le site est énorme, nous nous en rendons vraiment compte après la visite de la maison en elle-même où se trouvent différentes expositions sur sa vie, sa carrière, ses voitures, ses avions, ses costumes,...

Elvis Presley a acheté Graceland en 1957 
l'intérieur de la demeure 

Nous avons finalement passé près de 4h entre visite de la maison et de toutes les expositions.

En revenant à Memphis, nous ne pouvions pas de pas nous arrêter sur les lieux tragiques où Martin Luther King a été assassiné en 1968: le Lorraine motel au cœur de la ville. C'est avec émotion que nous nous y sommes rendus. C'est à cet endroit, symboliquement, qu'a été créé le National Civil Rights museum.

Le 4 avril 1968, Martin Luther King est assassiné au balcon de la chambre 306 du Lorraine motel à Memphis

Demain nous quittons le Tennessee pour le Missouri.

9
mai

Le matin du 8 mai nous quittons Memphis et traversons l'Arkansas pour rejoindre le Missouri.

nous quittons Memphis 
pause déjeuner à Hardy dans l'Arkansas 

Nous arrivons vers 16h à Mansfield et, impatients -surtout moi!- nous nous rendons immédiatement à Rocky Ridge, la dernière maison de Laura Ingalls Wilder. Eh oui! Elle n'a pas vécu, comme beaucoup le croient d'après la série télévisée "La petite maison dans la prairie", qu'à Walnut Grove -d'ailleurs beaucoup ne savaient pas qu'elle avait vraiment existé et souriaient de mon projet! Elle a énormément voyagé avec sa "pioneer family". En fait, nous commençons par la fin: Laura, Almanzo et leur fille Rose se sont installés à Mansfield (Missouri) en 1894. Ils ont quitté la famille de Laura à De Smet (Dakota du Sud) après le décès de leur fils âgé de quelques semaines et l'incendie de leur maison. Ils achètent un terrain de 16 hectares. Laura y restera jusqu'à sa mort, en 1957, à l'âge de 90 ans! Almanzo, lui, est décédé en 1949 à 92 ans. C'est là qu'on se rend compte véritablement de tout ce qu'elle a vécu (elle est née en 1867), presque un siècle de l'histoire américaine. Nous commençons peut-être par la fin, mais nous commençons où tout a commencé: l'écriture de ses romans autobiographiques!

Rocky Ridge à Mansfield

Rocky Ridge est une jolie maison, coquette et chaleureuse, que nous avons préférée à Rock House, maison construite par leur fille Rose et que nous avons trouvée plus froide.

l'intérieur de Rocky Ridge 

Leur fille Rose, journaliste et romancière, a fait construire pour ses parents une autre maison plus moderne, avec électricité, Rock House, dans le style d'un cottage anglais sur le même terrain. Laura et Almanzo y ont vécu de 1928 à 1936 puis sont retournés vivre à Rocky Ridge.

Rock House 

En 1911, poussée par sa fille Rose, Laura commence une carrière de journaliste, écrivant dans des journaux locaux. Entre 1932 et 1943 elle publie, poussée à nouveau et aidée par Rose, la plupart des tomes de "La petite maison dans la prairie"

les tomes de "La petite maison dans la prairie" ont été écrits ici
l'intérieur de Rock House 

Nous logeons au centre de Mansfield, dans le guest house "Weaver Inn", bâtiment datant de 1885-1886: c'est le plus vieux bâtiment de Mansfield. Nous sommes chaleureusement accueillis par la famille qui tient cet hôtel et le coffee shop au rez-de chaussée.

la ville de Mansfield 
Le fameux violon de Charles Ingalls 

N'ayant pas eu le temps de visiter la totalité du musée, nous revenons le lendemain matin, chaleureusement accueillis par le personnel qui nous laisse même entrer avant l'ouverture! C'est un petit musée très intéressant qui repend la vie de Laura et expose différents objets lui ayant appartenu.

le certificat d'enseignement qu'a obtenu Laura à 16 ans, sa photo de mariage, Laura et ses sœurs 

Après la visite du musée, nous quittons Mansfield et continuons notre route vers le nord avec un arrêt pour la nuit à Chillicothe. Nous avons quitté des paysages plats de Louisiane, du Mississippi et du Tenessee sous une chaleur ardente pour des prairies verdoyantes sous un climat agréable et printanier, en ayant, pour l'instant, échappé à la pluie.

10
mai

Nous continuons notre remontée vers le nord: après le Missouri, nous sommes à présent dans l'Iowa et demain nous arriverons dans le Minnesota. Nous sommes en plein cœur du Midwest. Nous savions que nous devions remonter sur trois jours en ne nous faisant pas d'illusion sur le paysage et nos villes étapes. D'ailleurs, lorsque nous en parlions à des Américains, ils nous demandaient ce que nous allions y faire et étaient sceptiques sur notre trajet parlant de longues lignes droites et de champs à perte de vue de maïs! De quoi faire douter mon pilote. Mais nous savions qu'il fallait passer par là pour rejoindre le Minnesota. Nous avons décidé de ne pas prendre de voies rapides et de privilégier des routes de campagne et nous avons bien fait! Nous passons par de beaux paysages champêtres, devant des fermes plus ou moins imposantes et des prairies, que ce soit dans le Missouri ou l'Iowa.

à Glasgow dans le Missouri; le "Lewis et Clark trail"

Le hasard fait que nous suivons -en version moderne- le "Lewis et Clark trail", un chemin historique. Le président Jefferson avait convaincu le congrès de lancer une exploration (la première) de l'ouest américain: ce sera Lewis et Clark, les chefs d'expédition, qui la mèneront entre 1804 et 1806. Expédition importante pour les familles de pionniers qui se dirigeront vers l'ouest, notamment vers l'Oregon et la Californie.

Le MIssouri, l'état des Quakers  

A plusieurs reprises, dans le Missouri, nous apercevons un panneau avec une carriole. Nous avons en effet rencontré des Quakers dans un supermarché venus faire leur courses en carriole et en tenue du 19e siècle - soit la tenue des Ingalls 😉

nous passons dans la ville où est née la célèbre Calamity Jane et par la suite le village où est né John Wayne. Que de célébrités!
Paysages du Missouri 


ils peuvent rouler avec de très grosses voitures, l'essence est à 0,80$ le litre!  Ça ne pousse pas à limiter l'empreinte carbone!

Nous faisons un arrêt pour la nuit à Carroll dans l'Iowa. Demain, en fin de journée, nous arriverons à côté de Walnut Grove dans le Minnesota.

11
mai

Nous continuons notre traversée de l'Iowa: cette fois-ci les paysages sont plus monotones. Après les champs de vaches et de chevaux du Missouri, place aux cultures, notamment de maïs, qui défilent sous nos yeux. Les routes, elles aussi, sont monotones, en lignes droites nord-sud et ouest-est, il n'y a pas de transversales, nous roulons donc par exemple une dizaine de kilomètres sur une ligne sud-nord et après une autre dizaine de kilomètres est-ouest et ainsi de suite jusqu'à arriver dans le Minnesota où ça continue de la même façon. A part ces champs, il n'y avait rien et nous avons eu beaucoup de mal à trouver un endroit pour boire un café! Dans le seul bar trouvé sur notre route, nous avons été très bien accueillis par la serveuse et les deux clients, dont un avait un père G.I. et une mère française qui s'étaient rencontrés à la fin de la seconde guerre mondiale en France. Il nous a d'ailleurs offert nos cafés! C'est la deuxième fois qu'on nous offre nos cafés!

un bar perdu au milieu de l'Iowa; notre arrivée à Walnut Grove dans le Minnesota 

Nous arrivons enfin à Walnut Grove, nom emblématique pour ceux qui regardaient la série télévisée "La petite maison dans la prairie". Et notre premier arrêt se fait, pour déjeuner, au Nellie's café! Nellie a vraiment existé mais s'appelait Nellie Owens, Laura la détestait en effet. Elle a vécu jusqu'en 1949, mais est partie avec sa famille en Oregon, comme beaucoup de pionniers à cette époque. Les romans passionnants de A.B. Guthrie, notamment "La route de l'Ouest" sont très instructifs sur ce sujet.

arrêt obligé au Nellie's café à Walnut Grove 

Walnut Grove est un tout petit village fondé en 1879. Les Ingalls s'y installent en 1894, après avoir quitté le Wisconsin, le Missouri et le Kansas où Charles s'était installé -illégalement- sur les terres des Amérindiens Osages et retour dans le Wisconsin. C'est dire qu'ils ont déjà beaucoup voyagé -en carriole- alors que les filles étaient très jeunes. Ils resteront 2 ans à Walnut Grove, partiront dans l'Iowa et reviendront jusqu'en 1879, année où Charles, travaillant comme comptable pour la compagnie qui construit les chemins de fer, suivra les équipes finalement jusqu'à De Smet dans le Dakota du sud.

Walnut Grove hier et aujourd'hui; réplique de la petite maison dans la prairie 

Le site de Walnut Grove est constitué d'un musée avec différentes reconstitutions et, en dehors de la ville, de ruines de l'emplacement de la cabane des Ingalls. Au départ, lorsqu'ils se sont installés, ils ont vécu, comme beaucoup de familles de pionniers, dans des cabanes "enterrées". Ce sont des pionniers du nord de l'Europe qui avaient l'habitude de bâtir les cabanes ainsi. Nous visitons le musée qui, avouons-le, est beaucoup moins intéressant que celui de Mansfield qui, lui, présentait de véritables objets ayant appartenu à Laura Ingalls. Pour l'instant nous n'avons pas visité l'emplacement de la cabane des Ingalls, les différentes personnes rencontrées (dont une famille française!) ne semblaient pas emballées par la visite. Même si c'est moins passionnant que Mansfield, je suis contente d'être venue ici où ont vécu, pendant quelques années, les Ingalls.

la cabane en terre reconstituée des Ingalls et une photo de cabanes similaires que construisaient les familles de pionniers

Arrivée au musée, une surprise m'attendait! Nous avions rencontré à Mansfield un couple d'Américains de Géorgie en camping-car, qui, comme nous, allaient visiter les mêmes trois villes liées à la vie de Laura Ingalls. Étant arrivés ici avant nous, ils ont laissé pour moi un petit cadeau! C'est très touchant!

reconstitution d'une petite école comme celle où Laura était élève et a enseigné 

Nous rejoignons notre motel -notre premier motel!- pour la nuit à Lamberton, une dizaine de kilomètres de Walnut Grove. Demain nous partons pour le Dakota du Sud! Nous avons bien avancé : 3000kms parcourus depuis la Nouvelle-Orléans !

Le site du musée et notre motel 
12
mai

Le matin du 12 mai, nous reprenons la route sous un petit crachin qui se transformera en forte pluie, nous obligeant à nous arrêter pour nous équiper.

Nous quittons Walnut Grove; arrêt rapide à Tracy où Charles Ingalls a travaillé en 1879 pour la compagnie des chemins de fer 

Difficile de trouver un abri quand il n'y a que des champs à perte de vue! Par chance, nous tombons sur une ferme abandonnée! La température est tombée à 16°C.

Nous nous réfugions dans une ferme abandonnée digne des personnages "Des raisins de la colère" de Steinbeck! 

Nous arrivons enfin, bien mouillés, à De Smet, dans le Dakota du sud! Le temps de ranger notre équipement, de déjeuner au chaud, nous sommes prêts pour visiter différents lieux habités par la famille Ingalls qui s'est installée ici en 1880: elle a suivi la compagnie de construction des chemins de fer pour laquelle Charles travaillait. Elle sera d'ailleurs la première famille à s'installer ici dans ce qui deviendra la ville de De Smet! Pendant le premier hiver, la famille reste ici pour garder la maison des contremaîtres de la compagnie des trains qui sont partis avec tous les travailleurs. Les Ingalls se retrouvent seuls dans la prairie. Très vite, ils hébergeront différentes personnes venues chercher une terre. Charles va chercher lui-même un terrain. Si de nombreuses personnes arrivent ici, c'est que le gouvernement "donne" des terres si vous réussissez à les cultiver au bout de 5 ans. Voilà pourquoi beaucoup ont quitté l'est du pays pour s'installer dans ces états du midwest, mais qui faisaient partie à l'époque de l'ouest américain, le but du gouvernement américain étant que les familles s'installent de plus en plus à l'ouest. Charles, d'ailleurs, aurait voulu aller jusqu'en Oregon, mais Caroline a refusé de repartir à nouveau.

la maison des contremaîtres datant de 1879 près du Silver Lake déplacée en ville en 1884, là où nous pouvons la voir à présent

Une fois installés, l'hiver 1880 a été terrible: les blizzards se sont enchainés d'octobre à avril et plus aucun train n'a pu passer de janvier à avril. Les familles n'avaient plus rien à manger et un certain Almanzo Wilder (tiens! tiens!) , avec un camarade, est devenu un héros en allant chercher du blé dans une ferme éloignée avec le risque qu'à tout moment un nouveau blizzard arrive.

la véritable école de Laura et de sa sœur Carrie à De Smet: la table de Laura était sur la droite
une véritable carriole de famille de pionniers datant du début du 19e siècle 

Laura Ingalls, mariée au héros de la ville, Almanzo Wilder, quittera en 1889, après l'incendie de leur maison, De Smet. Par contre, ses parents, Charles et Caroline, et leur fille Marie, aveugle, resteront ici jusqu'à leur mort.

maison construite par Charles Ingalls en 1887  

Nous sommes allés voir les tombes de Charles, Caroline, Marie, Carrie Ingalls et du bébé de Laura et Almanzo mort peu de temps après sa naissance.

les tombes des Ingalls au cimetière de De Smet 

Pour connaître davantage la vie de Laura Ingalls et de sa famille de pionniers américains, en plus de lire ses romans autobiographiques de "La petite maison dans la prairie" destinés à la jeunesse mais tout à fait lisibles par les adultes, on peut lire son autobiographie "Pioneer girl" écrite en 1930, refusée par les éditeurs mais éditée finalement en 2014 (pour l'instant non traduite en français) et la très intéressante biographie de Caroline Fraser, "Prairie fires" qui a eu un prix Pulitzer (non traduite en français). Je ne remercierai jamais assez nos amis américains Charles et Lynn de m'en avoir parlé!

l'autobiographie de Laura Ingalls et la biographie de Caroline Fraser 

Nous restons pour la nuit à De Smet, au "Heritage guest house", bâtiment construit en 1888, qui était à l'origine une banque.

"Heritage  guest house", à l'origine une banque construite en 1888 et son coffre fort

Pour l'instant, nous ne savons pas ce que nous ferons demain: nous devions partir vers l'ouest mais tout dépendra de la météo! Nous serons peut-être obligés de rester une deuxième nuit ici.

14
mai

Nous avons finalement dû rester une seconde nuit à De Smet à cause de la pluie. Et nous avons bien fait vu toute la pluie qui est tombée ce jour-là à De Smet, mais surtout sur la route que nous devions prendre. Ce samedi 13 mai est devenu une journée de repos imposé mais qui ne nous a pas fait de mal après les nombreux kilomètres enchainés rapidement pour remonter dans le Minnesota et le Dakota du Sud. De l’été dans le sud et du printemps dans le centre du Midwest, nous sommes passés à présent à un temps d’automne pluvieux et glacé. Il n’y a d’ailleurs pas un chat dehors en ce samedi après-midi (même la supérette ferme à midi!) Cet arrêt prolongé m’a permis de me rendre compte que notre chambre donnait sur une des premières maisons qu’avait construite Charles Ingalls (eh ! oui ! une autre) et dans laquelle toute la famille logeait pendant les mois de blizzard mourant de froid et de faim car aucun train ne pouvait passer !

De Smet au 19e siècle et aujourd'hui... 

Départ tôt, sous la pluie, le dimanche, direction l’ouest : les Badlands. Au bout de 3h30 de route, nous changeons de fuseau horaire alors que nous sommes toujours dans le Dakota du sud ! Cela nous fait gagner une heure. La route traverse de grandes prairies et nous n’avons pas de mal à nous imaginer ces grandes plaines en plein 19e siècle remplies de milliers de bisons !

le plus grand faisan du monde datant de 1959 à Huron; à nouveau le Mississippi; nous longeons l'ancienne route menant à Deadwood 
Quand, parfois, suivre le GPS en évitant les autoroutes, n'est pas toujours une bonne idée...

Nous arrivons, frigorifiés, dans le parc national des Badlands où nous logeons pour deux nuits, dimanche et lundi, dans un lodge à l’entrée du parc. Le soleil réapparait en fin de journée et c’est avec cette belle lumière que nous faisons un petit tour de découverte du parc. Balade que nous approfondirons le lendemain, prenant tout notre temps pour admirer ces paysages magnifiques et majestueux ainsi que sa faune cette fois-ci sous un beau soleil ! Nous avons dû gagner pratiquement 10°C en une journée !

les Badlands 
Les Badlands en fin de journée
notre cabane pour 2 nuits (Cedar Pass Lodge) 

Ce parc de 980km2, qui est moins connu (en Europe) que les grands parcs du grand ouest américain, vaut vraiment le détour. Il est situé sur un plateau érodé dont la formation remonte à environ 75 millions d'années. Nous sommes en territoire sioux. Lorsque les premiers colons ont investi le Dakota du Sud, au 19ème siècle, le gouvernement américain a annexé aux Amérindiens une majeure partie de leur territoire et les a installés dans des réserves. La lutte entre Amérindiens et le gouvernement a atteint son apogée à la fin de 1890, quand un groupe sioux dirigé par le chef Big Foot a affronté des militaires américains. Cet événement, connu sous le nom de massacre de Wounded Knee a marqué le dernier affrontement majeur entre les Amérindiens et l’armée américaine.

Magnifiques paysages
les chiens de prairie et leur centaines de terriers que l'on peut voir de très loin
différents animaux du parc 

Le mardi matin, nous reprenons la route et continuons vers l’ouest : direction Deadwood avec un arrêt à Sturgis.

16
mai

Nous quittons les Badlands le mardi 16 mai et roulons sur une très belle route longeant le parc. Et quelle joie de voir nos premiers bisons! Au milieu du 19e siècle, ils étaient plus de cinquante millions dans les grandes plaines et étaient la subsistance des Amérindiens. Les trappeurs (beaucoup de Français d'ailleurs) les ont chassés pour leur fourrure et aussi par" jeu" au point qu'en 1890 il en restait moins de 800! Ils ont été réintroduits (grâce au zoo du Bronx notamment) au milieu du 20e siècle.

nos premiers bisons! 

Comme nous ne voulons toujours pas prendre l'autoroute, nous avons quelques (belles) surprises: les routes bitumées continuent en routes en terre sur de nombreux kilomètres! Nous sommes seuls au milieu des plaines.

des lignes droites sur bitume et sur routes en terre 

Nous arrivons en fin de matinée à Sturgis, petite ville agréable fondée en 1878 de 7000 habitants en temps normal et qui passe à 500 000 en plein mois d'août pour la concentration de Bikers! On voit que la ville vit et attend cet événement: de grandes structures, de nombreux bars sont fermés actuellement.

Sturgis  

Après avoir visité le musée de motos à Sturgis, nous reprenons la route pour Deadwood à une petite demi-heure de là. Deadwood a été fondée illégalement en 1868 sur un territoire amérindien. La découverte de gisements d'or provoque une ruée vers l'or et la fondation de Deadwood qui est devenue en 1876 une ville réputée pour ses bandits, ses maisons closes. C'est ici qu'est enterrée la célèbre Calamity Jane (qui semble d'ailleurs plus célèbre en France qu'aux États-Unis car à chaque fois que j'ai parlé d'elle à des Américains avant notre voyage, ils ne la connaissaient pas). Elle accompagne Wild Bill Hickok jusqu'à Deadwood où il se fait tuer. Sa dernière volonté est d'être enterrée près de son ami à Deadwood. Nous sommes donc allés voir sa tombe. Après avoir lu ses émouvantes "Lettres à ma fille", il ne pouvait en être autrement!

la tombe de Calamity Jane à Deadwood 
Son ami Wild Bill Hickok est enterré à ses côtés 

Après cette visite du cimetière, nous nous rendons en ville qui est entièrement historiquement classée. Nous logeons au cœur du centre historique.

notre hôtel a été le premier hôtel de Deadwood construit en 1895 par le premier shériff, Bullock 
la ville de Deadwood hier et aujourd'hui 

En 1876, Wild Bill Hickok se fait tuer lors d'une partie de cartes dans le saloon 10. La veille, il avait gagné contre un certain Mc Call et lui avait laissé un peu d'argent, mais ce dernier, vexé, est revenu le lendemain lui tirer une balle dans la nuque. On peut d'ailleurs voir encore aujourd'hui la chaise sur laquelle il se trouvait au moment de sa mort! C'est après ce meurtre, qui venait après tant d'autres que le premier shériff de la ville, Bullock, a été choisi pour faire régner l'ordre.

le saloon  où Hickcok s'est fait tuer et sa chaise 

Ce matin, 17 mai, nous quittons Deadwood pour sillonner les Black Hills. Nous avons quitté les grandes plaines pour de belles forêts!

17
mai

Le matin du 17 mai, nous quittons Deadwood pour descendre dans le sud, direction le Mont Rushmore à un peu plus d'une heure de route. Nous sommes en plein cœur des Black hills, cela n'a plus rien à voir avec les grandes plaines qui ne sont pas si loin.

beaux paysages de forêts; pause café à Keystone

Vous pensiez ne plus entendre parler des Ingalls! Pourtant ils sont encore là! Carrie, la sœur de Laura, s'est installée à Keystone avec son mari, David Swanzey. C'est d'ailleurs là que Marie, venue la rejoindre après la mort de leur mère, est décédée.

la ville de Keystone 

Nous arrivons enfin au célèbre Mont Rushmore immortalisé par Hitchcock dans son film "La mort aux trousses". Nous le voyons de la route, déjà très impressionnant.

le Mont Rushmore de la route 

Ces sculptures hautes de 18 mètres ont été réalisées par Gutzon Borglum entre 1927 et 1941 et retracent 150 ans de l'histoire des États-Unis avec la représentation des figures de quatre présidents emblématiques: George Washington représente la naissance de la nation en tant que premier président, Thomas Jefferson symbolise l'expansion de la nation à la suite de l'achat de la Louisiane à la France en 1803, Abraham Lincoln incarne la préservation de la nation pour son rôle dans la Guerre de Sécession et l'abolition de l'esclavage, et Théodore Roosevelt le développement économique du pays. Et là, a priori, aucun lien avec les ingalls! Eh bien! C'est tout le contraire car le nom de ce mont, Rushmore, a été trouvé par le beau-frère de Laura Ingalls, le mari de Carrie, David Swanzey!

le Mont Rushmore sous un ciel d'orage
le Mont Rushmore hier et aujourd'hui 

Ce ciel d'orage, qui nous a permis de prendre de belles photos, se transforme en pluie qui nous oblige à nous équiper pour repartir. Nous nous dirigeons à une demi-heure de là sur un autre site imposant, celui de Crazy Horse! Cette sculpture réalisée par le Polonais Korczak Ziolkowski représente Crazy Horse, le célèbre chef sioux, et le projet, dans sa totalité, est de le représenter monté sur un cheval et pointant le doigt vers l'horizon. Ce monument a débuté en 1948 et est loin d'être terminé.

Crazy Horse 

En 1939, Ziółkowski a reçu une lettre du chef amérindien Henry Standing Bear, disant entre autres : « Mes camarades chefs et moi-même aimerions que l'Homme Blanc sache que l'Homme Rouge a de grands héros, lui aussi. » En tant qu'œuvre à but non commercial, le mémorial ne reçoit aucune subvention de la part du Dakota du Sud ou du gouvernement fédéral américain. A la mort de Ziółkowski et de son épouse, ses enfants et petits-enfants ont repris le flambeau.

l'avancée des travaux, le projet colossal 

Sur le même site, on peut voir des œuvres d'art, des objets, des photographies sur le peuple sioux.

objets datant de 1880; modèles du monument; les chefs de la bataille de Little Big Horn où Crazy Horse a triomphé face à Custer

Pendant la visite, à nouveau la pluie et surtout une importante averse de grêle. Heureusement nous sommes à l'abri! Nous restons deux nuits dans les parages, près de la ville de Custer.

18
mai

Le matin du 18 mai, nous reprenons la moto et nous réalisons seulement à ce moment que nous sommes à plus de 1600 mètres d'altitude. Nous avons hâte -surtout moi- d'aller au Custer Park voir les bisons (il y en a environ 1500).

la ville de Custer près de Custer Park

Nous profitons de rouler sur une "scenic byway', une route panoramique avant d'entrer dans le parc. C'est le plus grand parc du Dakota du Sud où, en plus des bisons, vit une faune variée. Nous y sommes enfin et parcourons la "wildlife loop road" qui longe les prairies et, grande déception, à part 5 bisons au loin, nous n'en voyons pas d'autres! Où sont les 1495 autres? Nous repartons penauds et très déçus!

route près du Custer Park 

Le ciel reste couvert toute la journée, nous apercevons le soleil au-dessus qui n'arrive pas à percer. Un des serveurs du restaurant, le soir, nous explique que ce serait à cause des vastes incendies au Canada!

nous empruntons des"pigtail bridges", ponts en spirale

Du coup, l'après-midi nous décidons de retenter notre chance!

Heureusement car cela nous permet de découvrir d'autres "scenic byways' (la "Needles" et "Iron mountain" highway), de magnifiques routes, idéales pour des motards, qui nous font passer sous des tunnels en pierre, sur des ponts originaux et dans un paysage de montagne et de forêt.

Silvan Lake 
Iron mountain road 

Nous entrons à nouveau dans le Custer park, pleins d'espérance!

nous avons pu voir des pronghorns (antilopes), des ânes sauvages (burros) pas si sauvages et des chiens de prairie

Et là, enfin, nous apercevons des bisons! Une première fois, un petit groupe qui, d'ailleurs, traverse la route juste derrière nous!

premier groupe de bisons 

Et, une seconde fois, nous voyons un groupe plus imposant composé de petits, nés il y a 6 semaines (comme nous avait dit un des gardiens à l'entrée du parc). Nous les avons enfin vus! Je n'y croyais plus!

second groupe de bisons plus imposant dont des petits de 6 semaines! 


plusieurs se lèvent 
les petits ont 6 semaines 

Nous n'y croyions plus... comme trouver un bon restaurant! Je dois avouer que, pour nous Français, nous sommes malheureux depuis que nous sommes dans le Midwest car, à part des burgers, des sandwiches, des salades (avec pas grand chose dedans) et des pommes de terre, il n'y a pas vraiment d'autres alternatives au point que parfois nous ne dînions pas! Nous avons pu manger de bonnes pièces de bœuf, notamment dans le Missouri, mais nous n'allions pas manger du bœuf tous les jours! Et, là, à Custer, toute petite ville de 2000 habitants, en plein milieu des Black Hills, nous avons trouvé un très bon restaurant, n'ayant pas de burgers ou de frites sur son menu, mais proposant du poisson, d'autres viandes et des plats végétariens! Nous y sommes même retournés deux soirs de rang!

Le lendemain, le 19 mai, nous allons descendre dans le sud pour nous diriger vers Denver. La météo restant orageuse et froide, nous n'irons pas dans les montagnes, les Rocky mountains, au-dessus de Denver, pour nos derniers jours. Nous repartirons donc un tout petit plus tôt que prévu à saint Martin.

19
mai

Ce vendredi 19 mai, nous quittons Custer - ville que nous avons beaucoup appréciée- sous le soleil, mais avec des températures basses. Nous roulerons sous 8°C pendant presque deux heures. Et comme nous ne sommes pas équipés comme en Amérique du Sud, ne pensant pas que nous aurions des températures basses en plein mois de mai en journée, la matinée est frigorifiante et j'ai du mal à me réchauffer.

nous quittons la ville de Custer 

Moins d'une heure après notre départ, nous abandonnons les forêts des Black Hills pour de vastes étendues de plaines: le changement rapide de paysage est impressionnant. Et durant toute la matinée et le début d'après-midi défilent ces vastes prairies, avec, de temps en temps des troupeaux de vaches, des antilopes par ci par là et des chiens de prairie dont les terriers sont bien visibles de loin.

de vastes plaines dans le sud du Dakota du sud et dans le nord du Wyoming 

Nous quittons le Dakota du Sud pour le Wyoming où nous ferons notre halte pour la nuit, à Cheyenne.

même sur les fresques on peut voir un magnifique burger! 

Cheyenne, à 1850 mètres d'altitude, est la capitale du Wyoming et sa plus grande ville: moins de 70000 habitants! L'origine de la ville date de 1867 et est liée à la création de la ligne de chemin de fer. Calamity Jane et Wild Bill Hickok sont passés par là! Nous ne sommes pas loin du fort Laramie qui était, au milieu du 19e siècle, un comptoir important pour le commerce de fourrures pour les trappeurs et d'approvisionnement pour les pionniers. C'est là qu'un traité a été signé entre l'armée et les Amérindiens au détriment de ces derniers.

A Cheyenne, petite remise en beauté de la moto! 
la ville de Cheyenne

Comme il fait déjà froid sur ces plaines élevées, nous pouvons imaginer les températures très basses dans les montagnes, c'est pourquoi nous avons décidé de ne pas aller dans les Rocky mountains, dans le Colorado, au-dessus de Denver, surtout que sont annoncés un temps orageux, avec de la pluie, et des températures basses! Nous préférons rester avec le souvenir des Badlands et des Blacks Hills! Ainsi, demain soir, à 23h30, nous prendrons notre avion pour St Martin, via Miami...

20
mai

C'est un peu triste que je remonte sur la moto ce matin du 20 mai! Plus que 2h de moto et nous arriverons chez le loueur de motos à Denver! Et fini notre road trip! Il faut toujours un petit temps d'adaptation pour s'habituer à ces journées à moto, à préparer l'itinéraire du lendemain, à refaire notre (très) léger bagage le matin, à faire notre lessive régulièrement et finir, parfois, de la sécher au sèche-cheveux, mais on s'y fait vite et c'est avec plaisir que, chaque matin, nous reprenions la route et avancions toujours plus loin.

les grandes plaines s'enchaînent à nouveau avec les antilopes au loin 

A peine une demi-heure après le départ de Cheyenne, nous arrivons dans le Colorado avec, toujours, de vastes plaines autour de nous. Mais, cette fois, contrairement à la veille, il y a plusieurs hameaux sur notre route. La veille nous avions parcouru deux heures sans arrêt possible, perdus dans les plaines, sans station service! Ici il faut quitter une ville avec le réservoir plein.

dernière pause café du matin avant Denver

Une dizaine de kilomètres avant Denver, ces plaines quasi désertes se transforment en zones industrielles: nous retournons à la "civilisation" et nous laissons, à regret, derrière nous, la nature et les petits villages. C'est pourquoi nous n'avons pas voulu passer une ou deux nuits à Denver. Après tous ces jours en pleine nature, c'est trop grand pour nous!

arrivée chez le loueur à Denver 

Après un déjeuner, à Denver, dans un restaurant surprenant par le nom de ses plats en français, nous arrivons en début d'après-midi chez le loueur.

Nous avons parcouru en trois semaines plus de 5000 kilomètres et traversé 10 états (Louisiane, Mississippi, Tennessee, Arkansas, Missouri, Iowa, Minnesota, Dakota du Sud, Wyoming et Colorado) !

Easy Rider... 
27
mai

Nous voilà rentrés et nostalgiques de la route, nostalgiques de cette liberté, nostalgiques de cette vie sans attache...

les Badlands dans le Dakota du Sud 

Plus de 5000 kilomètres parcourus et 10 états traversés pour ce road trip nord-américain qui nous a fait prendre un itinéraire original loin des sentiers battus. Cette idée de suivre les traces de Laura Ingalls Wilder et de sa "Petite maison dans la prairie" pouvait paraître légère - beaucoup ont souri, voire ri franchement, à cette idée-, mais, par ce fil conducteur, nous avons suivi un siècle d'histoire des États-Unis, nous avons suivi les traces de tous ces pionniers qui, avec le peu de moyens qu'ils possédaient, ont traversé le pays d'est en ouest, passant dans le labyrinthe des Badlands, passant dans ces grandes plaines fouettées par le vent. Au delà de la beauté des paysages, voir ces lieux avec cet arrière-plan historique nous les rendait encore plus "réels". Quand on est passionné (comme moi) par les films et surtout par les romans "western", c'est émouvant de voir ces petites villes construites au milieu du 19e siècle (et qui n'ont pas beaucoup changé) liées à la ruée vers l'or, liées à la progression du chemin de fer qui avançait toujours plus à l'ouest et qui a modelé le paysage et permis l'installation de ces familles (comme celle de Charles Ingalls, la première installée à De Smet dans le Dakota du Sud), de voir la tombe de Calamity Jane, figure emblématique de cette "conquête de l'ouest", d'avoir suivi ses traces dans différentes villes du Dakota.

les Badlands 

Le début de notre voyage avec la visite des plantations nous a également touchés. C'est un autre aspect des États-Unis auquel l'Europe a été également liée: l'esclavage. Nous avons admiré ces belles demeures sans oublier l'envers du décor, la triste réalité qu'ont vécue ces femmes et ces hommes.

Oak Alley plantation et Houmas plantation 
dans les Black hills  

Deux regrets pour ce voyage.

Nous aurions dû rester une nuit de plus à Memphis pour visiter le musée national des Droits civiques consacrés à l'histoire des droits des Noirs américains, qui se situe dans le motel Lorraine où Martin Luther King a été assassiné le 4 avril 1968.

J'aurais aimé, à la fin du périple, loger dans un ranch. J'avais prévu de le faire dans le Wyoming ou le Colorado, mais les prévisions météo n'étant pas des meilleures, nous y avons renoncé. Avec la moto, patauger dans les routes boueuses pour rejoindre le ranch n'aurait pas été évident. Voyager à moto a ses avantages et ses inconvénients aussi et la météo est un facteur déterminant dans le choix de l'itinéraire. C'est à cause de cela aussi que nous n'avons pas pu aller voir le terrain en dehors de la ville, à De Smet, qui avait appartenu à la famille Ingalls.

10 états traversés dont le Mississippi, Missouri, Minnesota, Wyoming

Nous voilà donc rentrés, pleins de belles images en tête et heureux d'avoir parcouru ces 5000 kilomètres. Vivement notre prochain road trip!

dans les Badlands