J’ai plutôt mal dormi, entre le karaoké (eh oui, les Chinois sont fous du karaoké) jusqu’à pas d’heure dans l’auberge, et ma "coloc" chinoise qui s’est levée à 6h pour prendre une douche interminable, qui s’est séchée les cheveux pendant environ 1h, et qui a enfin fini de se préparer à 9h. En sortant (avec son parapluie bien sûr), elle m’a dit : "I love you Lucie". Euh, ok. Je suis retournée me baigner et faire une petite bronzette, avant de rentrer prendre une douche et faire mon (tout petit) sac. Ma "coloc" russe a une valise plus grosse que celle que j’ai emmené pour déménager en Chine. Elle est là une semaine. WTF ? Oui, quand je dors mal, je suis frustrée.
J’ai oublié de vous donner des nouvelles de mon auberge… Donc, samedi soir, je suis visiblement tombée sur le seul membre du personnel qui parle Anglais. Hier matin, j’ai voulu prendre le fameux petit déjeuner à 20 RMB, mais la femme à l’accueil ne comprenait rien. Après avoir sorti son smartphone pour traduire "breakfast", elle me dit "mei you, mei you" (ce qui veut dire : nous n’avons pas de petit déj). Grrr. Bon, je suis allée me chercher un café et une viennoiserie ailleurs. Plus tard dans la journée, je re-croise celui qui parle Anglais, et il me dit "sorry for this morning, we do have breakfast, but she didn’t know". Grrrr bis. Autrement, l’auberge propose plein d’activités, comme des leçons de surf, de la plongée, des repas, etc. J’aurais bien voulu en essayer quelques-unes, mais j’ai abandonné à cause de la barrière de la langue. J’étais beaucoup plus aventurière l’année dernière mais, de le vivre tous les jours, j’en ai marre… Je suis en vacances, bordel !
Vous avez dit frustrée ? Bref. L’unique English speaker de l’auberge me demande où je vais, je réponds Wuzhishan. Et là, il m’apprend que je ne peux pas y aller. Euh, comment ça ? Il me dit que c’est une zone militaire, et que c’est interdit aux étrangers. Mais, j’ai lu des blogs en français et en anglais de touristes qui y sont allés… C’est quoi ce bordel… Et j’ai réservé un hôtel… Ils me l’auraient dit… Non ? Je décide d’appeler l’hôtel. "Ni hao, ni shuo ying yu ma ?" ("Bonjour, parlez-vous Anglais ?") "Bu shi, blablablablabla" (monologue en chinois incompréhensible). Bon, Lake mon ami, tu peux appeler l'hôtel ? Lake appelle. Apparemment, les étrangers ne peuvent pas escalader la montagne, mais peuvent quand même dormir à l’hôtel et se promener sur le "sentier sécurisé, avec un panneau". J’imagine que le panneau sera écrit en Chinois.
Je prends le bus depuis mon auberge pour la gare routière (j’avais regardé auparavant sur Google maps). Arrivée devant la gare, je ne vois… pas de bus, ni de gare, mais un supermarché. Hmm, c’est un poisson d’avril ? En marchant un peu plus loin, et en regardant à l’intérieur, je trouve quelque chose qui pourrait ressembler à une gare. La vendeuse m’annonce (en Chinois, bien sûr) que le prochain car pour Wuzhishan est à 13h05 (je regarde l’heure, 12h50, bien) et que le billet coûte 23 RMB. C'est parti mon kiki.
Au bout de 2h30, nous arrivons dans une ville. J'imagine donc que c'est Wuzhishan. Ou plutôt, je l'espère, car ma carte sim ne marche plus. Oui, quand je me lève du pied gauche, je continue dans la mauvaise direction... Je trouve une sorte de supermarché avec du Wi-Fi, je contacte Lake, mon sauveur ! Il m'annonce que je n'ai plus de crédit, et fait une recharge à distance. Ouf. Bon, il reste... 40 kilomètres pour mon hôtel. Pas de bus selon Google maps, pas de bus selon Baidu maps. Pas de problème, je vais prendre un taxi ! Ah... Pas de Didi sur Hainan apparemment... Ça se complique... Et aucun taxi à l'horizon... J'attends, quelques minutes, quelques dizaines de minutes, et je me décide à marcher, quelques mètres, quelques centaines de mètres... Dans toutes les autres villes, j'aurais déjà croisé pleins de taxis !
Pas de taxis, il faut croire. Je commence à désespérer sérieusement. Que des Chinois dans cette ville, personne ne parlant un mot d'Anglais. Je regarde sur ma carte, et je vois un village à côté de mon hôtel. Village qui s'appelle Shuimanxiang. Je vois un minibus à l'arrêt. Je décide de tenter ma chance : "Shuimanxiang ?". Le chauffeur me regarde bizarrement. Je prends mon courage à deux mains et, avec mon plus bel accent (lol), répète : "Shuei mane chiangue". Il me fait signe de monter. Victoire ! 10 RMB, pas de souci mon gars. Après une heure de route dans la jungle et dans la montagne, nous arrivons au terminus. Shuimanxiang, donc. Tout le monde descend. Il me reste 5 kilomètres, bon, je vais finir à pieds.
Et là, mon chauffeur vient me parler (en Chinois bien sûr) puis, devant mon incompréhension et mon "wo bu shuo zhong wen" ("je ne parle pas Chinois"), il me fait signe "dodo". Je lui montre le nom et l'adresse de mon hôtel (en caractères chinois, sinon, je sais que c'est inutile). Il me parle encore, en vain, et me fait signe de ne pas bouger. D'accord, je ne bouge pas. Il cherche quelque chose, ou quelqu'un peut-être. Je me dis qu'il cherche quelqu'un pour m'emmener là-haut. Après quelques conversations et un coup de fil, il me dit que c'est bon, et il attend avec moi. Il me dit 20 RMB, je dis OK. On attend, et une voiture arrive. Je remercie mon sauveur, et monte. Mes aventures (mésaventures ?) de la journée ne sont pas encore finies, mais j'ai la flemme de continuer à raconter... En gros, encore des Chinois qui ne parlent pas Anglais. 😉
Demain sera un autre jour ! PS : un orage dans la jungle, c'est impressionnant.