Aujourd'hui, c'est repos ! Le petit-déjeuner puis la sieste au soleil. Prendre le temps de récupérer des jours précédents. Au programme, une séance massage. Premier essai, échec : nous nous trouvions dans un établissement de soins consacrés aux personnes âgées, des cures pour les papis mamis et donc, comment vous dire qu'on faisait tâche dans cet endroit qui tombait presque en ruine ! Deuxième tentative : ah, tiens, c'est fermé... Troisième tentative : un cabinet... Mais quel massage... !
À l'étage d'une bâtisse, montant l'escalier de bois, trois énormes pancartes affichant des massages aux pierres chaudes, aux sacs de sable chaud, autrement dit vendant un moment de relaxation dont on avait vraiment besoin après le trekking.
Pénétrant timidement dans l'espace, cherchant du regard la salle consacrée aux massages, nous trouvons là, à droite, une porte sur laquelle était misérablement écrit "массажа" (massage). De là sortit une petite dame mongole, au visage rond, au teint mat, la frange noire tombant sur les yeux, le regard doux. N'ayant trouvé que cet endroit là, nous décidâmes d'y aller. 700 roubles. Mon tour en premier.
Petite salle carrée, une petite ouverture dans le mur laissant filtrer la lumière du jour, un lavabo de plastique dans le coin, un tabouret pour déposer les habits et au fond, une table recouverte d'un drap aux dessins enfantins. Un peu mal à l'aise, j'ôtai mes vêtements et je m'allongeai sur la table contre le mur. Alors, la vieille dame étala allègrement de l'huile sans senteur particulière sur mon dos. Brusquement, ses mains s'effondrèrent sur ma peau. Ses mains si rêches et épaisses écrasèrent et pétrirent ma peau d'une force et d'une violence indescriptibles. Chaque mouvement réveillant les douleurs. Je la vois encore prendre de l'élan pour étirer ma peau du bassin jusqu'aux épaules. Tirer la peau jusqu'au pincement. Tirer la peau jusqu'au rictus de douleur sur le visage.
Ses bras lourds et puissants tombant sur moi toujours plus fort, toujours plus vite. Ses ongles griffant. Mon corps tapant contre le mur au rythme des mouvements bruts de la dame. La peau qui brûle, la peau qui se tord, la peau qui rougit. Douleurs, douleurs, douleurs. Horrible. Que ça s'arrête. 30 minutes. Ce qu'elles peuvent paraître longues en cet instant. Interminable. Pitié, que ça s'arrête. Subissant encore et encore les gestes lourds, insupportables et inadaptés de la femme, le corps crispé, la tête vissée contre la table, l'impression que ceci est une blague. Qui prend la caméra cachée ? C'était très drôle, vous pouvez stopper la scène maintenant ! J'en ai eu ma dose.
Massage fini, le corps en vrac, l'esprit encore tout perturbé. Tenez madame, 700 roubles, merci madame, merci, au revoir madame. Anaïs attendant son tour, Anaïs je suis désolée de te laisser entrer dans cette pièce. Anaïs, bon courage.
Sorties après une heure d'enfer du massage, les visages interloqués, le fou rire, l'incompréhension, les douleurs dans le dos. Qu'avons nous loupé ou mal interprété ? Est-ce la version d'un massage "normal" en Russie ou Mongolie ? Sommes-nous seulement habituées à un autre confort dans notre petite Europe réglementée ? Cette dame tout à fait bienveillante, souriante et d'une grande gentillesse mais étant d'une telle violence. L'incompréhension, vraiment.
À moitié remises de nos émotions, l'achat de chocolats pour nous réconforter. Plus tard, dans l'auberge, nous échangions encore à ce propos afin d'essayer de comprendre ce comportement nous paraissant si opposé à ce que l'on peut trouver en Europe. Et là.. Anaïs : "punaise Lucie! Lucie, tu vas pas le croire ! J'ai un bleu ! J'ai un bleu en bas du dos !" s'exclama t'elle en éclatant de rire. Effectivement, la femme lui avait fait un bleu pendant le massage. Quel fou rire ! Quelle histoire incongrue ! Gravée dans la tête. Si vous saviez combien de temps on a passé et combien de temps on passera à en reparler...
Sur ce, le corps détendu et TOUT à fait relaxé, il est temps de s'endormir paisiblement ! En vérité, on est encore sous le choc !
ANECDOTES
Nos deux acolytes de la veille nous ayant promis les sources d'eau chaudes d'Arshan... comment dire, c'est loupé ! Les malheureux avaient oublié leurs clés dans la voiture, bien joué les russes !
La grosse dinde qui nous observe encore du coin de l’œil pendant notre sieste matinale au soleil. Et quelle sieste ! Une sieste sur la couverture du chien ! On s'en souviendra aussi de celle là.
Pour la troisième fois du séjour à Arshan, pâtes penne au menu ! Attention, une légère variante : pâtes au kiri. Ahahaaa tu t'y attendais pas à celle-là Anaïs !
Pour le clos du spectacle - pensée toute particulière à Anaïs - on se souviendra également de notre bon vieux russe Nikolaï transpirant de tout son corps au fond du salon : "PING PONG????". Éclats de rire encore et encore.