La Saône est le cinquième cours d’eau français avec plus de 400 kilomètres. Elle prend sa source dans un petit village au pied des Vosges du nom de Vioménil, et se jette dans le Rhône après avoir traversé de vastes zones de prairies. Certains esprits diraient que c’est le Rhône qui se jette dans la Saône. En effet, elle est beaucoup plus large que ce dernier, même si par un subterfuge juste avant le confluent il semble s’étaler un peu plus pour se donner de l’importance. Ce qui le caractérise, c’est sa fougue et son côté sauvage et rapide, pressé qu’il est entre des montagnes au nord de Lyon. La Saône, au contraire, s’étale tout en méandres vastes dans un bassin aux courbes arrondies sans dénivelé.Je vais remonter cette magnifique rivière au début du mois d’août 2014, en quatre étapes respectivement de 84, 112,122 et 97 kilomètres. Je vais découvrir une rivière sauvage aux bords souvent non aménagés, ce qui me donnera l’impression d’être dans un pays lointain à rouler entre terre, herbe, boue et fondrières, et toujours avec en arrière-plan immédiat cette eau sombre et terreuse, cependant calme. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Allais-je vite trouver monotone cette campagne plate ? Eh bien non, ce fut tout le contraire. Cette nature paisible a un effet très reposant. La multitude d’aspects que revêt le cheminement, de l’aménagement impeccable de la « voie bleue » au plus oublié des anciens chemins de halage envahi de végétation sauvage faisant un mur de part et d’autre d’une piste ténue, offre une variété surprenante. De plus, il faut bien souvent rester en éveil pour éviter les ornières, les trous, les pierres et autres flaques de boue, tout en négociant par endroits des herbes hautes. Non, cette randonnée que je vais vous narrer, ne m’a absolument pas paru ennuyeuse. Elle m’a procuré un joli moment de vélo et m’a enthousiasmé. Après une traversée de Lyon à partir de chez moi, je me retrouve au confluent du Rhône et de la Saône, prêt pour une nouvelle aventure, seul avec mon vélo chargé de tout ce qui permet l’autonomie du voyageur au long cours. Le Rhône à ma droite et la Saône à ma gauche, ça y est le projet peut commencer à se réaliser.
Comme il est étonnant de constater la rapidité avec laquelle on bascule de notre vie de sédentaire vers l’émoi du voyage. La magie de l’aventure s’enclenche dès le premier tour de roues. L’ensorcellement est tel, que je traverse ma ville natale comme je découvrirais une ville inconnue à l’autre bout du monde après de longues journées de pédalage ! Comme toujours, la même fébrilité me gagne à l’idée de partir, que ce soit pour quelques jours ou quelques mois. L’essence du voyage réside à mon sens dans la non-planification et dans le fait de se laisser mener par le sens général du projet et non par les détails. A Lyon, le confluent ne désigne pas seulement la convergence des deux fleuves, mais aussi l’immense quartier moderne qui s’est établi en ce lieu. C’est la première fois que je m’y aventure. L’architecture est avant-gardiste, l’eau est présente partout, car de grands bassins ont été aménagés, même un petit port exhibe sa kyrielle de bateaux. Je longe des quais un peu encombrés du fait de travaux.
Des activités passées il reste de vieux rails qu’il faut bien négocier pour ne pas tomber. Une fois le quartier de la confluence dépassé, sur ma gauche apparaît le Vieux Lyon. La cathédrale Saint-Jean, l’église Saint-Georges et la basilique de Fourvière sont inondées de la lumière du soleil matinal venant de l’est.
Je passe rive droite par le pont Napoléon et rejoins la piste cyclable. Elle est envahie d’une foule de touristes qui regagnent leur grand bateau après une visite de ce quartier réputé de Lyon, qui a été inscrit au patrimoine de l’UNESCO. Je mets presque pied à terre pour me frayer un chemin dans cette masse humaine. Heureusement, pas une seule personne ne m’a demandé si je venais de loin. Qu’aurais- je répondu ? Lyon se quitte très facilement et j’arrive à l’île Barbe.
Je reste rive droite jusqu’à Collonges, bien évidemment en passant devant « chez Bocuse » je m’arrête faire la photo de ce bâtiment aux couleurs vives.
Je rejoins rive gauche la piste cyclable que je vais suivre jusqu’à Macon. Parfois très praticable, parfois herbeuse parfois pierreuse, je vais découvrir tout le charme de cette belle remontée de la Saône. Les jours derniers pour ne pas dire le mois dernier le temps a été particulièrement mauvais, ce qui fait que tout naturellement la boue est très présente. Je dois négocier avec prudence de nombreuses larges flaques d’eau. Il est toujours plus facile de rouler sur l’herbe que sur la terre détrempée, car cela évite de récupérer des gros paquets de boue qui bloquent les roues.
Je fais un passage par les hauts de Trévoux, petite cité chargée d’histoire, qui très longtemps fut ville frontière. La côte est rude mais le coup d’œil sur la rivière en contre-bas vaut le déplacement.
Puis je me laisse glisser à nouveau vers les berges, et je prends la direction de Macon. Sans difficulté, à part un petit passage scabreux à Jassans.
je rejoins la préfecture de la Saône-et-Loire. A part les trois derniers kilomètres j’ai toujours roulé sur des itinéraires dédiés aux vélos ou des chemins.
Je m'installe au camping au nord de la ville. Il s'agit presque d'une colonie hollandaise.