Première immersion égyptienne à la découverte des plus beaux sites antiques...
Du 22 décembre 2018 au 4 janvier 2019
2 semaines
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Ah, l'Egypte ! Si la destination me faisait de l'oeil depuis des siècles, je ne me sentais pas du tout prête à y aller seule, avec mon sac à dos pour tout rempart. La langue, la culture très différente, les difficultés à se déplacer d'un site à l'autre sans voiture (ou de conduire, tout simplement !)... pour Noël et Nouvel An, c'était une optique trop complexe et épuisante d'avance. Alors, pour la première fois de ma vie, j'ai testé le voyage organisé ! Après avoir erré pendant des semaines en zieutant diverses agences, je me suis décidée à réserver un tour avec G Adventure qui présentait deux avantages non-négligeables : passer par Alexandrie et être entièrement en anglais (langue que j'étais ravie de pouvoir un peu réentraîner).

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Arrivée au Caire en fin de journée, je n'ai pas tellement pu profiter des merveilles que la ville a à offrir : le temps de trouver récupérer les bagages, trouver l'hôtel, m'installer et souffler un coup, il faisait déjà nuit. Deux semaines, ce n'est pas suffisant pour découvrir un territoire aussi vaste et riche que l'Egypte et, enseignement oblige, il m'était impossible de prolonger mon séjour ne serait-ce que d'une journée. J'ai donc choisi de laisser la découverte de la capitale à un prochain voyage, à une exception près : le musée égyptien du Caire où je me suis rendue dès le lendemain matin.

Musée égyptien du Caire 

Ce musée abrite le plus grand nombre d'oeuvres égyptiennes au monde : soixante mille objets divers et variés, le tout entassé dans un joyeux désordre. Si cela n'enlève en rien sa valeur, je ne peux que déplorer un manque flagrant d'organisation qui rend le lieu difficile à appréhender. Je ne peux que déplorer le manque d'informations (les panneaux sont rares), les petites pièces où la foule s'entasse sans pouvoir respirer et la décrépitude de certains espaces laissés quasi à l'abandon, probablement parce que bientôt, tous les objets seront déplacés. En effet, depuis plusieurs années, un nouveau bâtiment est en construction ; son ouverture est prévue pour 2021 (une autre bonne raison pour retourner au Caire).

De gauche à droite : buste d'Akhenaton, tablette représentant Néfertiti, statue d'un scribe assis.

Parmi les must to see, il y a la salle consacrée à Akhenaton et à son épouse, Néfertiti. La statue du scribe assis est elle aussi très célèbre et témoigne du rôle primordial de ce métier dans l'Egypte antique, au point qu'on la retrouve encore à l'heure actuelle sur les billets de 200.

Dans une autre salle, bien cachée, se trouve la statuette de Khéops, seule représentation de ce pharaon à qui on doit la grande pyramide de Gizeh. Il ne faut pas la louper : elle est n'atteint même pas les 10 cm ! À l'étage suivant, parmi les nombreux papyri, on découvre un extrait du livre des Morts et plusieurs portraits du Fayoum, uniques peintures antiques sur bois conservées. Et ce n'est là qu'une minuscule parcelle de ce qu'on peut découvrir !

De gauche à droite : statuette de Khéops, extrait du Livre des Morts, portrait du Fayoum. 

Les salles les plus impressionnantes sont sans doute celle contenant les trésors de Toutankhamon (mais quand j'y étais, les trésors étaient en balade en Europe) et celle où se trouvent les momies de plusieurs pharaons (un supplément est demandé pour y avoir accès). Ces deux pièces du musée sont extrêmement intéressantes. Pourtant, la foule oppressive a clairement gâché mon plaisir. Les gens se poussent pour photographier les objets sans même jeter un oeil aux panneaux avant de passer au suivant. Dans la salle des momies, les appareils photos ont beau être interdits, les gens filment gaiement, prennent des selfies et enregistrent le moindre mètre cube sous l'oeil désintéressé des gardiens.

De gauche à droite : sarcophage de Toutankhamon, statue provenant de sa tombe et momie de Ramsès II.

Après plusieurs heures, je sors épuisée. La foule s'amasse aux mêmes endroits, se piétine et semble en pleine course de vitesse. Il faudrait deux jours pour visiter entièrement ce musée, car, pour citer Cyrano : "On pouvait dire... oh ! Dieu !... bien des choses en somme..." Mais la matinée touche à sa fin, les ventres se réveillent et il est tant d'aller découvrir les pyramides avant de quitter la ville pour le gros du périple !

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Après avoir englouti deux tournées de falafels, direction Gizeh où les pyramides se dévoilent enfin. L'Egypte, pour moi, c'était ça. Des constructions majestueuses aux mille passages secrets, sur lesquelles ne temps n'a aucune emprise. Mais très vite, une autre évidence fait son chemin : les pyramides sont devenues une monstrueuse machine à sous. Les cars arrivent de tous les côtés et déversent leur flot continu de touristes. Je ne peux pas les juger, j'en fais moi-même partie, mais cela casse un peu l'image idyllique du lieu que j'avais. De plus, le Caire étouffe et depuis des années, la ville s'approche inexorablement du site archéologique. Les spécialistes ne cessent de tirer la sonnette d'alarme, car la pollution fragilise ces construction ; mais que faire ? La capitale n'est plus qu'à quelques kilomètres.

Entre désert et pollution, les pyramides résistent ! 

Pour une somme assez conséquente, il est possible d'acheter des billets permettant de visiter l'intérieur de la grande pyramide de Gizeh. Tant qu'à être là..., me suis-je dit. La déception fut à la hauteur de mes attentes : il n'y a rien. Rien du tout. Rien que des marches, en file indienne les uns après les autres, un plafond très bas, de la sueur, et on monte, on monte, en se disant que forcément, au bout, on découvrira une salle extraordinaire ; mais non. Au bout de ces longues marches, il y a une pièce noire, vide, dépourvue de tout intérêt. Fin de la visite, merci au revoir. À fuir !

Par contre, une très belle surprise est à découvrir à côté de la pyramide suivante : dans un microscopique musée qui ne paie pas de mine se trouve une barque datant de plus de 4'500 ans et mesurant 18 mètres. Tout en bois, elle fut découverte enfouie dans le sol en 1954, dans la nécropole de Gizeh. On estime qu'elle date du règne de Khéops ; autant dire que ce n'est pas tout récent ! Les cars de touristes sautent tous cette étape et mon guide lui-même s'est contenté de mentionner l'existence de cette barque sans encourage qui que ce soit à la visiter. Tant mieux : le lieu est beaucoup plus agréable sans la foule.

La barque solaire de Khéops

Enfin, la journée se termine en prenant un peu de recul pour admirer les pyramides de loin : un paysage de carte postale que rien ne peut gâcher (pas même les nombreux autres touristes). Je n'ai malheureusement pas pu visiter les autres pyramides dans les alentours du Caire, ce qui est un grand regret. Moins touristiques, elles gagnent en authenticité et sont, semble-t-il, plus belles à voir de l'intérieur, notamment les pyramides de Saqqarah.

On se croirait (presque) seul au monde... 

Pour terminer la journée en beauté, place au Sphinx ! Cette statue que j'imaginais aussi grande qu'une pyramide, paraît en réalité bien petite à côté de ses deux géantes voisines. Mais il est là, enfin, ce sphinx sans nez, et il est très photogénique !

Et comme promis, une photo avec mon t-shirt "Merry Catmas" de saison !

C'est dans une joyeuse cacophonie qu'on quitte Gizeh. Le trafic est dense, aux voitures se mêlent les ânes, les chevaux et les dromadaires ; je ne sais pas comment les gens font pour conduire. Le gros du voyage commence : direction Assouan en train de nuit. Je ne peux que conseiller de tester les wagons-couchettes qui semblent tout droit sortis d'un roman d'Agatha Christie (la nourriture y est infecte, mais avec un peu de vin, tout est plus beau).

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Au réveil, le monde changé. La ville a disparu, les routes ont laissé place au Nil et à une verdure luxuriante. L'arrivée à Assouan, ville bien plus au sud, à la frontière avec la Nubie, nous projette dans une Egypte bien différente que je soupçonnais à peine. Mais à peine le temps de poser nos sacs qu'on reprend la route : au programme, la visite du temple d'Isis à Philae.

Sur le Nil, près au port près de Philae

En réalité, l'île Philae qui a donné son nom au complexe archéologique n'existe plus. Lors de la construction du barrage d'Assouan, il est apparu clairement qu'elle allait être submergée par la montée des eaux, constatation fort problématique. Que faire alors du sanctuaire ? Mais le déplacer, voyons ! Pierre par pierre, sur une autre île, les archéologues ont reconstruit les temples qu'il est désormais possible d'atteindre en felouque (c'est d'ailleurs le seul moyen de s'y rendre, mais pas besoin de réservation : les bateaux sont là dès le matin et font des allers-retours toute la journée).

Sur le Nil, près du temple de Philae 

Le temple d'Isis à Philae est l'un des sanctuaires majeurs consacrés à cette divinité. Sa construction débute au IVème siècle av. J.-C. et perdure jusqu'à l'époque romaine où des monuments sont rénovés, d'autres ajoutés (comme le portique d'Hadrien, empereur très favorable à Isis). À l'intérieur de ce complexe, des milliers d'années, de pharaons, de rois et d'empereurs, se côtoient. En effet, le temple ne sera fermé que sous Justinien, donc au VIème siècle apr. J.-C. ! Peu de sanctuaires ont rivalisé avec une telle popularité...

L'entrée du temple de Philae 

Isis, c'est la déesse qui voyage, c'est la mère, l'épouse, la guérisseuse, la protectrice des marins. D'Egypte, où la légende raconte qu'elle récupère chaque partie du corps de son époux dépecé aux quatre coins du pays, elle arrive en Grèce où son culte se propage rapidement, d'abord dans les ports, puis sur les routes commerciales. Plus tard, elle part à la conquête de Rome où son culte sera parfois condamné (comme sous Auguste car le souvenir de Cléopâtre ensorcelant Marc Antoine est encore trop présent), mais le plus souvent très apprécié (on trouve d'ailleurs un temple dédié à Isis à Pompéi).

C'est pour moi une des visites les plus extraordinaires de mon séjour en Egypte. Probablement parce que je suis sensible à l'influence gréco-romaine, après avoir passé sept ans sur les bancs universitaires à étudier l'Antiquité. Mais aussi parce que le cadre est incroyable, la conservation extraordinaire et qu'il s'en dégage une ambiance impossible à transcrire.

Temple de Philae 

S'il ne fallait donc retenir qu'une déesse égyptienne, c'est Isis et s'il y a bien un lieu à ne pas louper lors d'un voyage en Egypte, c'est le temple de Philae !

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La fin de la journée est consacrée à une petite croisière sur le Nil, jusqu'à rejoindre un village nubien proche d'Assouan. L'occasion de goûter enfin à une ambiance de Mort sur le Nil (le meurtre en moins), à cette Egypte très éloignée de l'agitation du Caire. Sur l'eau, tout devient reposant, surtout avec le soleil couchant. Chaque coin de paysage est époustouflant, et on peut d'ailleurs admirer l'hôtel où Agatha Christie trouva l'inspiration pour son célèbre roman !

Sur le Nil... 

Une fois de retour sur la terre ferme, une promenade dans un village nubien est programmé. Cela me met déjà un peu mal à l'aise : que sommes-nous censés voir ? J'ai horreur de ces visites qui se veulent "proches des locaux" alors qu'en réalité, c'est presque comme aller au zoo. Ces villages sont tous très colorés et les portes ont beaucoup de charme, mais l'endroit respire la pauvreté. Il faut dire que la Nubie a souffert : avec la construction du barrage d'Assouan, de nombreux villages se sont retrouvés sous l'eau. Il a donc fallu relocaliser la population et on ne peut pas dire qu'elle ait touché le jackpot... Impossible d'en tirer plus du guide, qui met un point d'honneur à ne surtout pas critiquer le gouvernement en place.

Village nubien 

Le soir, un dîner traditionnel chez une famille nubienne est au programme, et ce sera un des meilleurs repas du séjour ! La famille qui nous héberge pour la soirée (qui plus est, soir de Noël) est au petit soin pour nous, mais je reste quand même sur ma faim : j'aurais aimé découvrir peut-être d'autres villages, ou du moins pouvoir parler plus librement avec les locaux qui restent somme toute assez distants.

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Réveil fort matinal pour ce troisième jour : le départ pour Abou Simbel est prévu à 04h00 tapante, autant dire que c'est compliqué, même avec du café. Le site se trouve à trois heures de route d'Assouan et les excursions ne manquent pas, alors, pour donner l'illusion qu'on a une chance d'éviter les touristes, tous les cars font la course à qui arrivera le premier. Conclusion : tous les groupes partent aux aurores et nous arrivons en pleine heure de pointe. Cela dit, alors que la plupart des gens n'ont finalement que peu de temps sur place, nous avons eu plusieurs heures à disposition et à midi, d'un coup, tous les groupes ont disparu ! Abu Simbel presque désert, ça vaut de l'or !

Les temples d'Abou Simbel 

Quand on arrive et qu'on découvre les deux temples creusés à même la roche, on réalise que les pyramides, c'était de la petite rigolade en fait. Datant du Nouvel Empire (-1'250, grosso modo), ces temples sont érigés en l'honneur de Ramsès II et de son épouse, Néfertari. Leur construction durera plus de vingt ans (!), mais c'est alors l'âge d'or de l'architecture et Ramsès II veut marquer sa puissance dès le début de son règne. Ça fonctionnera parfaitement, puisque s'il y a bien un pharaon dont l'histoire a retenu le nom, c'est lui ! Le plus grand et somptueux temple est bien entendu celui le sien ; y est commémorée notamment sa victoire lors de la bataille de Qadesh contre le royaume hittite (l'une des plus grandes puissances de l'époque), ainsi que d'autres batailles et bien entendu, les divinités principales sont mises à l'honneur.

Le temple de Ramsès II 

Tout est parfaitement calculé, notamment l'emplacement des statues représentant, de gauche à droite, Ptah, Rê, Ramsès II et Amon-Ré assis. En effet, tous les 20-22 octobre et 20-22 février, une lumière rouge pénètre dans le temple et éclaire le visage du pharaon ainsi que des autres dieux, excepté Ptah qui se doit d'être toujours dans l'obscurité. C'est un phénomène valant le détour, paraît-il, et il est possible de prendre des billets pour y assister (mais je n'ose pas imaginer la foule qui doit être présente à ces dates !).

Un peu plus petit, aux côtés du temple de Ramsès II, se trouve le temple de son épouse, Néfertari, qui est défié sous les traits d'Hathor, déesse de la maternité et de l'amour entre-autre. Son culte est extrêmement populaire dans l'Egypte pharaonique, puisque c'est elle qui, symboliquement, est la nourrice des pharaons (mais peu à peu, elle cèdera la place à Isis).

Le temple de Néfertari 

Soit-dit en passant, ces deux sanctuaires ont également été menacés par la construction du barrage d'Assouan dans les années 60. Il a fallu les déplacer entièrement, bloc par bloc, et les reconstruire plus haut sur les bords du lac Nasser. Cependant, les montagnes dans lesquelles les temples avaient été creusés n'ont pas été amenées (les Egyptiens sont forts pour déplacer des temples, mais ils ne sont pas des surhommes !) ; on les a remplacées par deux fausses montagnes en béton, avant de déposer tout autour, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur, les roches d'origine.

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Une après-midi pour visiter Assouan est bien bien entendu un peu optimiste, mais après Abou Simbel, on ne disposait pas de plus de temps. Finalement, en quelques heures, on a quand même pu faire un joli tour pour goûter à l'atmosphère. Les rues sont animés, les marchés vendent absolument tout et les prix sont bien évidement faramineux quand vous les demandez en anglais (on a acheté les bananes les plus chères de tout l'univers). Evidemment. Ce qui choque tout de même, c'est l'état des rues et surtout le nombre de détritus en tout genre qui s'accumulent. On s'est à plusieurs reprises perdus à force de déambuler et on a fini par littéralement escalader une montagne de déchets. Grâce à une échelle trouvée sur la montagne même. Malgré tout, j'ai été très séduite par l'authenticité qui se dégageait de cette ville et c'est une balade que j'ai beaucoup appréciée.

Dans les rues d'Assouan 

La première halte s'est faite à l'obélisque inachevé, l'un des grands incontournables de la ville (et pourtant, aucun touriste en vue !) Cet obélisque a été abandonné là, encore dans la roche au milieu d'une carrière de granit rose, probablement à cause d'une fêlure qui est encore nettement visible. La région d'Assouan était réputée pour son granit rose, qu'on ne trouve nulle part ailleurs ; ici, on a un parfait exemple de ce qui s'y faisait, et c'est un gros bébé : 41 mètres pour 1200 tonnes...!

L'obélisque inachevé

La seconde halte a eu lieu à la cathédrale copte Saint-Georges. Le bâtiment est très impressionnant ; on le voit de loin et je m'attendais à autre chose en y entrant. Tout est très sobre, très récent aussi. Quand on est habitué aux vieilles églises européennes, c'est déroutant, mais cette visite permet d'appréhender une autre face de l'Egypte. À l'entrée, des bénévoles font visiter le lieu sans demander la moindre compensation financière, ce qui est aussi exceptionnel qu'agréable dans un tel pays où tout, absolument tout, se négocie. Notre guide a d'ailleurs refusé le pourboire qu'on lui tendait, nous proposant plutôt de le déposer dans une boîte à l'entrée – pour la cathédrale.

La cathédrale copte Saint-Georges

On a terminé avec la visite du musée de la Nubie qui vaut vraiment la peine. Ce petit musée extrêmement bien pensé retrace l'histoire d'une civilisation souvent oubliée et qui pourtant est toujours présente. Si elle a été extrêmement influencée par les Egyptiens, puis par les Arabes, elle n'en a pas moins gardé ses spécificités, en témoignent les objets très variés qu'on peut admirer (et j'en profite pour attirer l'attention sur l'image de l'Isis lactans qui n'est pas sans rappeler celle de la Vierge Marie à l'enfant qu'on verra apparaître bien des siècles plus tard).

Le musée de la Nubie avec de gauche à droite : Isis lactans et un babouin. 

Assouan est donc une très belle surprise et j'aurais aimé pouvoir y passer encore une petite matinée. C'est une ville au charme indéniable, qui demande à être découverte.

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Pour cette quatrième journée de voyage, on quitte Assouan sur une felouque, petit bateau à voile typique de la région et dont la particularité réside dans la forme trapézoïdale et non triangulaire de ladite voile. Au programme : sieste, lecture, baignade et vin. Le soleil tape fort, il n'y a pas grand chose à faire, mais c'est justement ce dont on a besoin après la journée passée à visiter Abou Simbel et Assouan. De quoi se reposer et recharger les batteries.

Sur le Nil en quittant Assouan

C'est aussi l'occasion d'admirer les paysages du bord du Nil, de voir au loin les buffles et les dromadaires s'abreuver, et de discuter de manière plus intime avec les gens du groupe. On voit vraiment cette Egypte de la campagne, pauvre ; c'est une plongée dans un autre monde, mais qui n'a pas disparu, lui.

Le but du voyage est de rejoindre, à l'aube, le temple de Kôm Ombo. Le trajet durera donc toute la journée et toute la nuit, avec des pauses pour manger. Les repas seront en effet préparés sur un autre bateau qui nous suit de près, où sont aussi disposées les tables et les chaises. Une felouque, c'est très beau, mais il n'y a pas énormément de place quand quinze personnes s'y sont déjà installés !

Sur le Nil...

Le bateau est pour moi l'un des moyens de transports les plus agréables, comme j'avais déjà pu m'en apercevoir aux Galapagos. Mais malgré le soleil éclatant auquel on a droit toute la journée, il est primordial de prévoir une laine : le vent souffle et on ne tarde pas à grelotter lorsqu'on est à l'ombre ! Surtout qu'on y dort à la belle étoile... après (beaucoup) de verres de vin.

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Après une nuit en felouque un peu trop arrosée, le réveil très matinal est difficile. Mais au bord du Nil se dresse le temple de Kôm Ombo dédié aux dieux Sobek et Haroëris, alors on met de côté la petite gueule de bois qui pointe et frappe la tête pour vaillamment visiter cette petite merveille. Sa construction est lancée par Ptolémée VI, au IIème siècle av. J.-C. et sera poursuivie par les Ptolémée suivants, il est donc beaucoup plus récent que bien d'autres temples égyptiens. Mais lorsque l'Egypte deviendra une province romaine, c'est un lieu qui gardera toute son importance, à l'image du temple d'Isis à Philae, et finalement, sa construction ne sera achevée qu'au IIIème siècle apr. J.-C.

Le temple de Kôm Ombo 

Fait rare, ce temple est consacré à deux divinités qui sont mises sur un pied d'égalité. En effet, si c'est courant d'avoir différents dieux honorés dans les sanctuaires, en général, il y a toujours un dieu principal. Ici, la séparation est très claire : on a d'un côté Sobek, dieu de la fertilité, et de l'autre Haroëris (probablement la plus anciee forme d'Horus), dieu bienfaisant.

Détails du temple de Kôm Ombo 

Deux reliefs ont particulièrement attiré mon attention : le calendrier à l'entrée du temple, qui est l'un des premiers calendriers solaires au monde, et un bas-relief représentant l'empereur romain Trajan agenouillé. Il s'agit là probablement d'une dédicace suite à une guérison et elle est particulièrement intéressante parce qu'y sont représentés sur la droite des instruments chirurgicaux, preuve s'il en fallait encore des opérations et surtout des objets dont disposaient les Egyptiens, mais aussi les Romains, à cette époque.

Vous l'aurez compris, c'est une visite que j'ai particulièrement appréciée, peut-être parce que le temple est à taille humaine et qu'on peut plus facilement se représenter les évènements qui s'y déroulaient. Cerise sur le gâteau, un tout petit mais ô combien joli musée clôt la visite. Les photos y sont interdites, mais on y trouve de nombreux crocodiles momifiés. À ne pas louper !

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Après Kom Ombo, on a pris la route jusqu'à Louxor, l'ancienne Thèbes, et trois heures plus tard, après avoir déposé les bagages à l'hôtel, on a pris la direction de l'un des plus célèbres sites d'Egypte : le complexe religieux de Karnak. On l'attendait, celui-là ! Classé au patrimoine mondiale de l'UNESCO, c'est le complexe religieux le plus étendu de l'Egypte antique : plus de deux mille ans de constructions, remaniements, destructions, modifications, etc. ! Tous les pharaons y sont allés de leur touche personnelle.

L'entrée de Karnak 

Le temple est consacré à la triade thébaine (à savoir Amon, Mout et Khonsou). Dès l'entrée, on est accueilli par une allée de sphinx qui guide nos pas. Karnak se découpe en différentes enceintes, dont une seule est accessible aux visiteurs : l'enceinte d'Amon-Rê, qui est aussi la plus grande. Parmi les parties les plus impressionnantes, il y a cette salle hypostyle où se trouve plus d'une centaine de colonnes recouvertes d'hiéroglyphes. Parfois, en levant la tête, des traces de peintures sont encore visibles. À l'époque, ces colonnes soutenaient un plafond qui filtrait la lumière ; dorénavant, c'est le ciel qui s'ouvre.

Sur les murs, de nombreuses scènes représentent des batailles ; Hatchepsout est elle-même passée par là, en faisant ériger deux grands obélisques dont un seul est toujours debout, ainsi qu'en restaurant différents temples. Mais suite à son décès, son nom et ses représentations ont a plusieurs reprises été effacés.

Le temple de Karnak 

Au bout de la partie visible du complexe de Karnak, on aperçoit une nouvelle allée de sphinx, bien moins conservés que ceux qui accueillent les visiteurs. Cette allée a pourtant une particularité de taille : elle mène droit à Louxor et s'étend donc sur près de 3 km.

Le temple de Karnak 

À Karnak, rien n'a été fait dans la demi-mesure. Et peut-être est-ce que pour ça que, même si le lieu m'a éblouie, ce n'est pas la visite qui m'a le plus touchée durant ces deux semaines en Egypte. Je m'explique : n'étant pas égyptologue et n'ayant que quelques bases concernant l'histoire de l'Egypte antique, j'avais du mal à me repérer malgré les explications du guide. Le trop-plein d'informations, aussi intéressantes puissent-elles être, fait que je mélange les histoires et les dates, que je ne relie à aucune connaissance personnelle. Malgré tout, c'est évidemment une visite absolument magnifique à ne manquer sous aucun prétexte !

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Après une longue nuit de sommeil, je me suis réveillée nauséeuse. Depuis qu'on est arrivé à Louxor, Susan, qui partage la chambre avec moi et est dorénavant devenue ma grande amie du voyage, se sent fiévreuse, comme une bonne partie du groupe. Ça s'annonce mal, surtout que la journée n'est pas peu chargée : la première halte du matin est prévue auprès des colosses de Memnon, seuls vestiges du temple des millions d'années d'Amenhotep aujourd'hui disparu. À l'inverse de ma visite à Karnak, ici, je suis dans mon élément puisque ces statues étaient très célèbres déjà dans l'Antiquité gréco-romaine : Strabon est le premier historien à les mentionner au Ier siècle av. J.-C.

Les colosses de Memnon 

La légende, rapportée également par Pline l'Ancien, Pausanias et Tacite veut que ces colosses "chantaient" au levée du soleil. Autant dire que, dès l'Antiquité, ce phénomène a attiré une foule de riches touristes grecs et romains. Julia Balbilla, poétesse grecque durant le Ier siècle apr. J.-C., y a d'ailleurs laissé une trace de son passage : sur la jambe du colosse de droite (le seul à être d'origine), elle y a gravé un épigramme qui commémore cet effet sonore. En réalité, ce dernier serait dû à la dilatation du quartzite, roche dans laquelle les statues sont taillées, sous le coup des premières chaleurs de la journée. Moins glamour.

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Après avoir pu admirer les colosses, direction le temple d'Hatchepsout qui se trouve dans le complexe funéraire de Deir el-Bahari. Le temple est composé de trois terrasses qui se superposent et a été extrêmement bien conservé, malgré l'animosité du pharaon régnant à la mort d'Hatchepsout.

Aux portes du temple...

Fille et épouse de pharaon, elle monte sur le trône en tant que régente de son beau-fils, Thoutmôsis III, à la mort de son époux. En effet, à ce moment, Thoutmôsis III n'est qu'un enfant de cinq ans et il paraît donc évident qu'il ne peut régner seul. Mais, et c'est là que réside sans doute le génie d'Hatchepsout, elle sait ensuite se maintenir au pouvoir durant près de vingt ans ! Vingt ans durant lesquels Thoutmôsis a le temps développer une animosité conséquente vis-à-vis de sa belle-mère, au point que, à la mort de celle-ci, il ordonne de marteler son nom, ce qui sera fait aussi bien à Karnak que dans son temple funéraire.

Le temple d'Hatchepsout  

On trouve de nombreuses statues représentant Hatchepsout sous les traits d'un pharaon, une manière d'imposer officiellement son pouvoir, de montrer qu'elle règne au même titre qu'un homme. Cela dit, on trouve de nombreuses représentations de déesses, notamment d'Hathor et de Ouadjet. Les peintures sont sublimes, bien conservées, et, sachant qu'on ne passera pas par la vallée des Reines, c'est un plaisir de découvrir ce lieu consacré à l'une des seules "pharaonnes" égyptiennes.

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L'après-midi de cette longue journée est consacrée à la visite des tombeaux de la vallée des Rois. Un endroit incroyable qui plonge définitivement tout visiteur des milliers d'années en arrière. Pour autant, mon état physique allait en se dégradant (et à plusieurs reprises, je me suis dit que "ce tombeau allait être mon tombeau" parce que j'ai des grandes références dans la vie).

Entrée de la vallée des Rois 

Le ticket d'entrée à la vallée des Rois comprend la visite de trois tombeaux ; il faut compter un supplément si l'on veut pouvoir prendre des photos à l'intérieur, ce qui vaut clairement la peine tant les couleurs sont éblouissantes. Enfin, écoutant sagement le guide, on a visité les tombes de Ramsès VI, Ramsès IX et Ramsès IV. Il y en a bien plus, mais toutes ne sont pas ouvertes au public, et en tout cas, ces trois sont des incontournables, particulièrement le tombeaux de Ramsès VI !

Tombe de Ramsès VI

On a la chance, par un miracle que je ne m'explique toujours pas à l'heure actuelle, d'être seuls dans ce premier tombeaux qui, à l'origine, avait été prévu pour Ramsès V. Mais, lorsque Ramsès VI devient pharaon, il décide de se l'approprier parce que bon, le moins qu'on puisse, c'est qu'elle a de la gueule !

La tombe de Ramsès IX est plus petite. Dès l'Antiquité, elle a été violée, comme en témoignent quelques graffiti grecs et latins. Elle n'en reste pas moins belle !

Tombe de Ramsès IX 

Enfin, la tombe de Ramsès IV est elle aussi splendide. C'est l'une des plus visitées ; elle se trouve d'ailleurs à l'entrée du site, peut-être aussi parce qu'elle contient encore le sarcophage du pharaon, ce qui n'est pas le cas des deux autres tombeaux.

 Tombe de Ramsès IV

Sans hésitation, j'ai décidé de ne pas visiter la tombe de Toutankhamon, et ce pour deux raisons : d'abord le prix, absolument démesuré, et ensuite, le contenu. Pour avoir déjà vu une reproduction à l'identique, je sais qu'il n'y a presque rien à voir si ce n'est une pièce avec, certes, une très belle peinture, mais qui ne mérite pas que je vende un rein.

En rentrant à l'hôtel, je suis à bout. Je ne peux même pas m'imaginer faire un pas de plus, et visiter le temple de Louxor est au-dessus de mes forces. Je suis brûlante de fièvre, je ne sens plus mes jambes, ni mes bras, ni aucune partie de mon corps ; je ne peux que m'écrouler dans mon lit et dormir d'une traite de 16h à 8h le lendemain. Une manière radicale de se soigner.

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Le lendemain, je continue de dormir toute la matinée que dure le trajet entre Louxor et Alexandrie. L'appétit, très peu pour moi. Même le café ne passe pas. Les autres ne sont pas en meilleur état, on ne ressemble vraiment à rien et je n'ai jamais autant béni les longs trajets qui me permettent d'agoniser en paix. Cela dit, une fois arrivée à Alexandrie, ça commence à aller un peu mieux. La fièvre redescend doucement et je n'ai plus envie de mourir à chaque pas, ce qui est un énorme progrès. Je me sens tellement en forme que je tente même une balade sous la pluie pour découvrir les environs de l'hôtel.

En bord de mer sous la pluie

Alexandrie, j'en rêvais ! Assouan a été une jolie surprise, Louxor un échec complet, mais Alexandrie...! J'ai adoré cet endroit. Immédiatement, on s'y sent bien. Les touristes sont bien moins nombreux, ce qui fait qu'on n'a pas l'impression d'être dans une de ces villes-musées montées de toute pièce dans le but d'exhorter le plus d'argent à ces riches et imbéciles européens qui s'y aventurent et ne comprennent rien. Au contraire, Alexandrie est une ville moderne, ouverte sur le monde et très estudiantine.

Après un réveil tranquille, on a commencé la visite de la ville par les catacombes. Malheureusement, aucune photo n'est autorisée à l'intérieur, et c'est bien dommage...

L'entrée des catacombes 

À Alexandrie, on trouve des jus d'orange à tous les coins de rue. Les gens sont souriants, je n'ai aucun problème à me balader seule dans la rue, ce qui n'était pas le cas au Caire ou même à Louxor, où tout le monde me dévisageait et tentait de me vendre mille objets plus inutiles les uns que les autres. Ici, c'est la paix royale. On trouve même de l'alcool, ce qui nous arrange bien : pour Nouvel An, nous serons au milieu de nulle part, dans un désert. Il faut donc faire le plein avant !

Dans les rues d'Alexandrie 

On continue la visite de la ville avec la colonne de Pompée qui n'a donc strictement rien à voir avec Pompée, le fameux général romain qui s'opposa à César (et ce fit tuer en arrivant en Egypte, d'ailleurs). Cette colonne se trouve dans une zone archéologique et a été nommée à tort lors des Croisades. En effet, les Croisés pensaient qu'elle était construite là où César avait enterré Pompée. On a creusé ; il n'y a rien. Par contre, le site est très intéressant. On y trouve notamment cette statue du taureau Apris (qui est une reproduction, l'original se trouvant au musée gréco-romain) et qui rappelle que ce lieu était un Sérapeum, c'est-à-dire un sanctuaire dédié à Sérapis.

La colonne de Pompée 

Le musée national est d'ailleurs la prochaine étape. Situé dans un ancien palais, on y trouve de très belles pièces. Ce n'est bien sûr pas à la hauteur du musée du Caire, mais tout de même, il est bien fait, les panneaux sont détaillés et on avance en suivant les différentes périodes historiques.

De gauche à droite : une mosaïque représentant Bérénice II, un homme et sa femme, et une fausse porte de Shespy.

De passage à Alexandrie, il ne faut pas non plus manquer de visiter la citadelle de Qaitbay, située sur le site de l'ancien et ô combien regretté phare d'Alexandrie. Cette construction, à but défensif, date du XVème siècle apr. J.-C. et, outre son intérêt historique, offre une vue à couper le souffle sur la mer.

La citadelle de Qaitbay 

Le port d'Alexandrie a gardé un charme d'une autre époque ; les pécheurs sont toujours là, les barques sont colorées, et l'odeur du poisson fait monter l'eau à la bouche. Différents restaurants, dans ce coin, proposent du poisson et des fruits de mer. Nous y sommes donc revenus le soir pour manger, et c'est extrêmement plaisant de pouvoir se pencher, désigner son poisson et attendre qu'il soit prêt. Le rapport qualité-prix est en plus imbattable par rapport à la Suisse !

Sur le port d'Alexandrie 

En fin de journée, je me suis rendue faire une visite qui me tenait particulièrement à coeur celle du théâtre romain. C'est le plus petit qu'il m'ait été donné à voir jusqu'à présent (et pourtant, il pouvait contenir 800 spectateurs !), et c'est aussi le seul du pays. Datant de l'époque ptolémaïque, tout le site est encore en fouille. Plus loin, on y découvre des bains et des restes de maisons où l'on peut encore apercevoir quelques mosaïques.

Le site archéologique

Avant de rentrer, un petit tour par la flamboyante nouvelle bibliothèque d'Alexandrie s'impose. L'après-midi étant laissée libre, le groupe s'est éparpillé et plusieurs personnes sont allés visiter ce bâtiment, faisant l'impasse sur le site archéologique gréco-romain. J'ai choisi de zapper la visite de la bibliothèque, parce que bon, entre un bâtiment tout neuf et des ruines, je n'hésite pas. Mais tout de même, c'est une visite qui doit valoir la peine. Inaugurée en 2002, cette nouvelle bibliothèque dispose de la plus grande salle de lecture au monde et peut accueillir dans les huit millions d'ouvrages.

La bibliothèque d'Alexandrie 

Voilà, j'ai adoré Alexandrie, et j'espère vraiment pouvoir y retourner bientôt, sans passer par un voyage organisé, pour vraiment prendre le temps de me balader et de m'imprégner mieux de cette ville où, même en temps que jeune fille seule, on se sent parfaitement en sécurité. Dernière étape avant que le voyage ne touche à sa fin : l'oasis de Siwa !

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La journée de trajet pour rejoindre l'oasis de Siwa s'annonce longue et fastidieuse. Départ à 6h du matin avec un petit-déjeuner sous le bras, nos bouteilles de vin et de champagne bien cachée dans un coin secret de la voiture pour éviter qu'elles ne soient trouvées lors d'un quelconque contrôle militaire, on est paré pour plus de dix heures dans la voiture. Sur le chemin, il n'y a rien ; la route défile, toujours tout droit, rien à l'horizon, rien sur les côtés. Un arrêt seulement est prévu au cimetière militaire El Alamein.

Cimetière El Alamein 

Ce lieu commémore deux importantes batailles qui ont eu lieu dans la ville du même nom durant la Seconde Guerre mondiale, en juillet et en octobre 1942. Bon, autant l'avouer immédiatement : je ne connais strictement rien aux enjeux politiques et économiques qui se sont joués dans le désert de Libye à cette époque et me balader de tombe en tombe n'est pas non plus l'activité qui m'émeut le plus. Mais bon, c'est un prétexte pour se dégourdir les jambes avant de reprendre la route, et on en avait bien besoin !

Sur la route... 

Petit à petit, on s'enfonce définitivement dans le désert ; là où on trouvait encore quelques traces d'habitations, il n'y a plus que du sable. Et soudain, au milieu de rien, une minuscule épicerie. Bien que la route qui mène à l'oasis de Siwa n'ait rien de touristique, c'est une route commerciale. De temps en temps, il est ainsi possible de croiser un énorme bus de marchandise ou des pneus d'une taille démesurée changé à la hâte et jeté dans un coin du paysage. Ce n'est que vers 17h qu'on atteint enfin Siwa, épuisés.

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Petit havre de paix perdu au milieu du désert de Libye, Siwa est un lieu peu connu par les touristes. Il faut dire que c'est difficile d'accès : une journée entière de voyage pour y aller, une journée pour en revenir, ce n'est pas très pratique pour les agences qui préfèrent plutôt miser sur Hurghada, histoire de ne pas perdre trop de temps. Et pourtant... Siwa a été un lieu qui m'a immédiatement plu (malgré l'interdiction formelle d'y vendre de l'alcool).

C'est là qu'on a fêté le réveillon avec Susan : champagne et vodka, un doux mélange, le tout dans des bouteilles en plastique et bien cachées dans notre chambre, histoire de se la jouer secret. Le lendemain, on a vite compris notre malheur. En gueule de bois, j'ai quand même apprécié l'ironie de me retrouver dans un lieu nommé "montagne de la mort" pour débuter la journée.

La montagne de la mort 

Quid de ce nom de baptème ? C'est tout simplement que sur cette colline, on a retrouvé un certain nombre de tombes antiques de notables de Siwa. On ne pouvait malheureusement pas photographier l'intérieur des tombes (le surveillant ne nous a pas lâché d'une semelle et prenait bien soin d'être le premier entré, le dernier sorti), mais elles valaient vraiment la visite. Et puis d'en haut, la vue sur l'oasis est incroyable !

En chemin, on s'arrête pour admirer un ancien temple où l'on devine encore quelques hiéroglyphes.

Les ruines d'un temple et un pigeonnier 

Et puis enfin, on arrive au temple d'Amon ou temple de l'Oracle. Je l'attendais tant ! Siwa n'a l'air de rien, et pourtant, cette ville, de par ce temple, jouait un rôle capital durant toute l'Antiquité : c'est en effet là que les pharaons allaient se faire reconnaître comme tels par les prêtres, et, lors sa conquête, c'est là qu'Alexandre le Grand s'est arrêté, lui aussi, pour légitimer son pouvoir. (Voilà, marcher sur les paix d'Alexandre le Grand, c'était un moment très émouvant pour moi, je l'avoue !)

Le temple de l'Oracle 

Le soleil commence à taper sec, le mal de tête aussi ; c'est donc avec plaisir que je découvre le bain de Cléopâtre, qui est en réalité une piscine naturelle. La légende raconte que Cléopâtre s'y serait baignée lorsqu'elle était venue consulter l'oracle. Tout autour, il y a plein de magasins vendant des écharpes, des foulards, des sacs, des tapis pour un prix dérisoire, ainsi qu'un très joli café avec terrasse et jus de fruits frais. Bonheur.

Le bain de Cléopâtre 

J'ai profité d'une partie de l'après-midi et de la soirée pour faire mon shopping. Et pourtant, je n'y croyais plus : à Assouan et Louxor, les vendeurs étaient agressifs, donnaient des prix absurdes et insistaient pour attirer notre attention. C'était, pour la bonne petite Suisse que je suis, une abomination. Je n'ai donc strictement rien acheté pendant deux semaines, et je ne pensais plus du tout ramener quelque chose, jusqu'à ce que je me retrouve à Siwa. Là, les gens offraient du thé et nous laissaient regarder sans tenter de nous convaincre. Les prix étaient si ridiculement bas qu'il n'y avait pas de quoi marchander. Conclusion : je suis rentrée avec quatre écharpes et un tapis.

Pour le coucher de soleil, rien de mieux que de grimper en haut de la forteresse de Shali datant du XIIIème siècle et qui offre une vue magnifique non seulement sur ses ruines, mais sur l'oasis.

Premier coucher de soleil de l'année 

Siwa est donc pour moi un endroit absolument magnifique, très paisible, où les gens sont particulièrement bienveillants et accueillants. Malheureusement, la population souffre vraiment de la chute du tourisme. Située à 40 km de la Libye, les gens ne veulent plus prendre de risques et s'imaginent que c'est un endroit dangereux. C'est tout l'inverse. Je ne me suis à aucun moment sentie en danger, à aucun moment je n'ai senti la moindre tension dans cette ville où j'espère vraiment que les touristes retourneront.

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Ce dernier jour dans l'oasis est consacré à la découverte du désert environnant et encore une fois, on en prend plein les yeux. Il faut dire que, dès qu'on me met dans un désert, je suis de manière générale très heureuse. Si à cela on ajoute des sensations fortes, je suis au paradis. En 4x4, on dévale les dunes avec comme fond sonore de la musique égyptienne jusqu'à atteindre un tout petit oasis où les chauffeurs préparent du thé à la menthe pendant qu'on trempe les pieds dans l'eau.

Ah, les splendeurs du désert ! 

Et c'est reparti, toujours en 4x4, jusqu'à tomber sur... un lac ! Au milieu du désert, un lac glacé, où l'eau est d'une pureté parfaite. L'occasion de faire une photo avec Susan. Partager sa chambre avec une inconnue durant deux semaines est toujours un pari risqué ; avec elle, on s'est parfaitement trouvée.

Et là, un petit lac... 

Enfin, la journée se termine devant une immensité de fossiles. Un renard du désert passe en courant et disparaît aussi vite qu'il est arrivé ; quand même, c'est une chance folle d'être là.

L'étendue de fossiles 

Le coucher de soleil n'est pas vraiment au rendez-vous, mais ce n'est pas grave. C'est un peu ému quand même qu'on retourne à Siwa ; le lendemain, on roule sans s'arrêter jusqu'au Caire où on n'arrive qu'en début de soirée, puis c'est le vol du retour et la vie réelle qui reprend.

Alors, que dire de ces deux semaines en Egypte ? J'en retire beaucoup de choses. D'abord, j'ai été époustouflée par les paysages et par les sites archéologiques. Je crois que là-dessus, on ne peut pas hésiter : l'Egypte offre une multitude de lieux à explorer, et on n'a probablement jamais fini d'en faire le tour. Les tons ocres définissent pour moi ce pays. Pour ce qui est du séjour organisé, il correspondait à ce à quoi je m'attendais, avec ses avantages et ses désavantages : un manque de temps dans certains endroits, la sensation de ne jamais s'arrêter, mais, en même temps, une organisation parfaitement huilée, un guide qui connaissait parfaitement son sujet et qui a toujours veillé à contenter le plus de gens. Et puis, définitivement, je n'aurais pas été à l'aise seule. Maintenant, après avoir pu me faire une première image, j'aimerais beaucoup y retourner de mon côté.