Le lendemain, je continue de dormir toute la matinée que dure le trajet entre Louxor et Alexandrie. L'appétit, très peu pour moi. Même le café ne passe pas. Les autres ne sont pas en meilleur état, on ne ressemble vraiment à rien et je n'ai jamais autant béni les longs trajets qui me permettent d'agoniser en paix. Cela dit, une fois arrivée à Alexandrie, ça commence à aller un peu mieux. La fièvre redescend doucement et je n'ai plus envie de mourir à chaque pas, ce qui est un énorme progrès. Je me sens tellement en forme que je tente même une balade sous la pluie pour découvrir les environs de l'hôtel.
Alexandrie, j'en rêvais ! Assouan a été une jolie surprise, Louxor un échec complet, mais Alexandrie...! J'ai adoré cet endroit. Immédiatement, on s'y sent bien. Les touristes sont bien moins nombreux, ce qui fait qu'on n'a pas l'impression d'être dans une de ces villes-musées montées de toute pièce dans le but d'exhorter le plus d'argent à ces riches et imbéciles européens qui s'y aventurent et ne comprennent rien. Au contraire, Alexandrie est une ville moderne, ouverte sur le monde et très estudiantine.
Après un réveil tranquille, on a commencé la visite de la ville par les catacombes. Malheureusement, aucune photo n'est autorisée à l'intérieur, et c'est bien dommage...
À Alexandrie, on trouve des jus d'orange à tous les coins de rue. Les gens sont souriants, je n'ai aucun problème à me balader seule dans la rue, ce qui n'était pas le cas au Caire ou même à Louxor, où tout le monde me dévisageait et tentait de me vendre mille objets plus inutiles les uns que les autres. Ici, c'est la paix royale. On trouve même de l'alcool, ce qui nous arrange bien : pour Nouvel An, nous serons au milieu de nulle part, dans un désert. Il faut donc faire le plein avant !
On continue la visite de la ville avec la colonne de Pompée qui n'a donc strictement rien à voir avec Pompée, le fameux général romain qui s'opposa à César (et ce fit tuer en arrivant en Egypte, d'ailleurs). Cette colonne se trouve dans une zone archéologique et a été nommée à tort lors des Croisades. En effet, les Croisés pensaient qu'elle était construite là où César avait enterré Pompée. On a creusé ; il n'y a rien. Par contre, le site est très intéressant. On y trouve notamment cette statue du taureau Apris (qui est une reproduction, l'original se trouvant au musée gréco-romain) et qui rappelle que ce lieu était un Sérapeum, c'est-à-dire un sanctuaire dédié à Sérapis.
Le musée national est d'ailleurs la prochaine étape. Situé dans un ancien palais, on y trouve de très belles pièces. Ce n'est bien sûr pas à la hauteur du musée du Caire, mais tout de même, il est bien fait, les panneaux sont détaillés et on avance en suivant les différentes périodes historiques.
De passage à Alexandrie, il ne faut pas non plus manquer de visiter la citadelle de Qaitbay, située sur le site de l'ancien et ô combien regretté phare d'Alexandrie. Cette construction, à but défensif, date du XVème siècle apr. J.-C. et, outre son intérêt historique, offre une vue à couper le souffle sur la mer.
Le port d'Alexandrie a gardé un charme d'une autre époque ; les pécheurs sont toujours là, les barques sont colorées, et l'odeur du poisson fait monter l'eau à la bouche. Différents restaurants, dans ce coin, proposent du poisson et des fruits de mer. Nous y sommes donc revenus le soir pour manger, et c'est extrêmement plaisant de pouvoir se pencher, désigner son poisson et attendre qu'il soit prêt. Le rapport qualité-prix est en plus imbattable par rapport à la Suisse !
En fin de journée, je me suis rendue faire une visite qui me tenait particulièrement à coeur celle du théâtre romain. C'est le plus petit qu'il m'ait été donné à voir jusqu'à présent (et pourtant, il pouvait contenir 800 spectateurs !), et c'est aussi le seul du pays. Datant de l'époque ptolémaïque, tout le site est encore en fouille. Plus loin, on y découvre des bains et des restes de maisons où l'on peut encore apercevoir quelques mosaïques.
Avant de rentrer, un petit tour par la flamboyante nouvelle bibliothèque d'Alexandrie s'impose. L'après-midi étant laissée libre, le groupe s'est éparpillé et plusieurs personnes sont allés visiter ce bâtiment, faisant l'impasse sur le site archéologique gréco-romain. J'ai choisi de zapper la visite de la bibliothèque, parce que bon, entre un bâtiment tout neuf et des ruines, je n'hésite pas. Mais tout de même, c'est une visite qui doit valoir la peine. Inaugurée en 2002, cette nouvelle bibliothèque dispose de la plus grande salle de lecture au monde et peut accueillir dans les huit millions d'ouvrages.
Voilà, j'ai adoré Alexandrie, et j'espère vraiment pouvoir y retourner bientôt, sans passer par un voyage organisé, pour vraiment prendre le temps de me balader et de m'imprégner mieux de cette ville où, même en temps que jeune fille seule, on se sent parfaitement en sécurité. Dernière étape avant que le voyage ne touche à sa fin : l'oasis de Siwa !