Gare routière de la Serena. Le bus de nuit nous dépose à 7h sur un parking coincé entre un mall et une université aux allures de casino désaffecté. Nous échangeons quelques cordialités avec Léa; étant tout deux de la meilleure des humeurs après cette nuit reposante en bus...
Le jour se lève mais les nuages restent ce qui n'améliore pas notre humeur. Nous dénichons heureusement un charmant petit café italien nous permettant de retrouver goût à la vie aux saveurs d'un cappucino machine, jus de pastèque et omelettes. Le lieu nous permet également de profiter du Wi-Fi pour tenter de trouver un volontariat pour la suite du voyage...
Le temps n'étant pas propice au tourisme, nous décidons après une brève ballade dans le marché de la recova (qui n'a d'intérêt que les murs de l'édifice et les échoppes pour y déjeuner... Le reste n'étant qu'un amas de babioles chinoperunomarocinotombéducamion) de monter dans l'un des "buses sol de Elqui" qui à n'en pas douter réchauffera nos cœurs en nous amenant dans la "métropole" de la vallée ensoleillé de l'Elqui : Vicuña!
Et en effet les nuages se dégagent le long de notre parcours, ce qui semble motiver, chaque km un peu plus, notre chauffeur qui semble presser de toute ses forces le seul champignon de la région.
Sous nos yeux se dessine une vallée fertile en son centre aux abords du Rio Elqui, donnant son nom à la vallée et signifiant écho, mais aride sur ses coteaux où les cactus font honneur à Jacques Dutronc. Un imposant barrage à l'origine de "l'embalse pulclaro" coupe la vallée en deux au bout d'une trentaine de km, nous offrant une magnifique vue sur la retenue d'eau bleue turquoise.
Le bus nous dépose dans Vicuña avant que Léa n'ai eu le temps de deglutirl son petit déjeuner. Lieu de naissance de la célèbre Gabriela Mistral, premier prix Nobel de littérature d'Amérique latine ! Et la ville vous fait savoir que l'écrivaine est née ici; entre les rues, les routes, les musées, expositions, pisco et autres restaurants/hôtels à son effigie, nul doute sur la fierté locale.
Des sonorités de basses nous orientent vers la place centrale. Un défilé en l'honneur des pompiers composé de plusieurs brigades musicales (allant de 7 à 77 ans) ainsi que desdits bomberos parcourent l'une des rues faisant l'angle de la place carré boisée en son centre. Le soleil et la musique nous réchauffe. On se sent bien mieux ici qu'à la Serena !
L'heure du déjeuner approchant, nous commençons à chercher un endroit pour nous restaurer avant notre rencard prévu avec Marcela à 16h dans le prochain bled, Diaguita. Nous tombons, suite aux recommandations un peu douteuse d'une piétonne, nous ayant aperçu hésitant devant les diverses échoppes, sur un magnifique restaurant bar doté d'un jardin intérieur et d'un menu du jour plus qu'abordable ! Que demander de plus ? Et surtout, honte à nous d'avoir douté de la piétonne ! On nous informe de plus qu'un groupe local s'y produira samedi soir : le rdv est pris !
Nous terminons notre repas à la hâte, l'heure du rdv approchant et souhaitant nous y rendre en stop au vu de la courte distance...
Expérience qui fut un semi-echec : pas de stop, mais le bus qui s'arrête pour nous récupérer, conduit par un chauffeur avide de partager ses connaissances sur la vallée ainsi qu'un jeune homme posé en début de rangée jouant une musique traditionnelle péruvienne (?!) au moyen d'une petite guitare à 12 cordes et d'une flûte de pan. Parfait. Le bus nous dépose à 5min de marche de Diaguitas. Après une petite attente, Marcela et Renso, nos Hôtes, en compagnie du dernier née, Lucas, 5 mois passe nous récupérer avec un pick-up. Ils ne sont pas très bavards, et ne le seront pas plus par la suite. Ils nous embarquent sur la route à flanc de montagne qui mène à leur camping en cours de construction. Il nous présente leur maison d'été dans laquelle nous allons séjourner et nous partons faire le tour des emplacements pour voir l'étendue du travail à réaliser.
Le camping est situé en bordure du Rio Elqui, qui en ce point s'apparente à une rivière large de 5m tout au plus. Les emplacements, assez mignons bien que petits, sont situés au milieu des "cañas", semblables à des cannes de Provence, qui occuperons nos esprits pendant la semaine... C'est un petit camping. En cours de construction. Il semble avoir du potentiel, bien que le fleuve soit bruyant et malgré la proximité de la route.
Nous nous retrouvons rapidement seuls dans la maison au milieu d'une nature qui nous est inconnue. La maison n'est pas des plus accueillantes la nuit, c'est une maison typique d'été qui garde la fraîcheur (le jour comme la nuit...) avec une cuisine et une salle de bain exterieures séparée des pièces de vie. Nous apprenons à nous accommoder des bruits et sensations qui nous entourent.
Dès le lendemain nous attaquons le nettoyage du site. Il y a notamment un emplacement ayant pour vocation de devenir une plage qui a bien besoin d'un rafraîchissement. Plusieurs cañas se sont affalée les unes sur les autres et la nature à peu à peu repris ses droits en tentant d'exploiter les moindres espaces fertiles disponibles en terme de terres et de lumières. Plus on extraits de cannes, plus il y a besoin d'en extraire pour permettre à la vie de se redeveloper mais également de donner un sens au lieu : accueillant tout en restant intimiste pour les campeurs. Nous abbatons un boulot de dingue, pour paraphraser notre cher président... Et Renso, présent le jour suivant pour évacuer les végétaux, semble un peu abbatu par la quantité. N'ayant pas reçu d'explications précises, nous n'osons pas trop défricher de peur de défigurer le lieu mais nos hôtes ne semblent également pas avoir d'idées précises. Nous n'arrivons pas aux travers de nos échanges à savoir comment notre travail est perçu ayant pour effet de nous faire douter.
Des artisans sont également attendus en fin de semaine pour démarrer la construction d'un préau (quincho). Afin de l'embellir, Marcela et Renso souhaitent que nous l'agrémentions de canes, entre la charpente et le toit. Nous dedions donc une journée entière à couper des canas dans la propriété du père de Marcela non loin.
Cette session fut précédé d'une rencontre avec les artisans originaires du village de Pisco Elqui, renommé semble-t-il par l'ancien président chilien, Gabriel Gonzales Videla, en vue d'attacher l'origine de la boisson au Chili (le Pérou se battant également pour l'origine du breuvage, étant également producteur de Pisco, dans la vallée du même nom au sud de Lima). Claudio, le chef, nous vante les attraits de son village et nous offre dès 10h du matin une dégustation de pisco vieillit en fut de chêne. Très bon malgré l'heure. Nous repartons avec notre échantillon dans un pot de mayonnaise accompagné d'un encouragement à le déguster en amoureux sous un ciel étoilé.
Mais revenons à nos cañas !
Suite à la session découpage, nous séparons notre équipe de choc en deux. Léa préférant se focaliser sur le nettoyage des cannes avant traitement. Je continue pour ma part à préparer le lieu préalablement défrechi en nettoyant tel une fourmis les moindres interstices. Ces moments de solitudes nous permettent de réfléchir pour mieux partager nos conclusions lors de nos retrouvailles. Léa réfléchi à son futur. J'ai pour ma part pu me délecter d'un travail visible et bien fait malgré la fatigue. Nous admettons cependant que la présence de chiens, quasi-permanente jusqu'à ce jour, nous manque pour égayer nos journées.
Les soirées ne sont pas des plus folles. Nous profitons de bonnes nuits lorsque nous sommes seuls mais le partage des repas avec nos hôtes lorsqu'ils sont présents ne sont pas très enjoués malgré nos tentatives. Les seuls divertissement provenant des deux filles aînées Emma, 6 ans et Alina, 3 ans, qui me régalera d'un "Simone, te quiero mucho" à tomber par terre !
Afin de travailler samedi et dimanche en présence de Renso, nous profitons d'un vendredi de repos pour aller explorer un ancien chemin indigène longeant la montagne durant la matinée et nous extraire jusqu'à la ville voisine de Vicuña en vélo, l'après midi. Le trajet est jouissif, pas de vent, température douce, et dénivelé modéré. Nous visitons sur notre route une communauté, dérivé de l'hindouisme, qui malgré ses propos religieux révèle un site magnifique à flanc de montagne composés de différentes constructions en terre et bois. Le passage à Vicuña nous permet de mieux cibler notre recherche de volontariat. Nous souhaitons passer plus de temps dans des lieux enrichissants sur les points de vue technique et humains. Et cela se révèle payant ! (mais chaque chose en son temps, je ne vais pas vous révéler la fin du voyage avant de l'avoir entamé !). La soirée se termine en beauté dans le café précédemment visité lors de notre arrivé où le concert originellement prévu le samedi à lieu en compagnie d'un groupe de musique tout autant local que la bonne bouteille de vin que nous degustons. Le retour à vélo, de nuit, sur la route de campagne, sera compté à un public restreint, par Léa qui a su dévoiler une fois de plus l'entièreté de sa palette émotionnelle.
Le samedi se déroule dans une solitude imprévue, nous avions accepté de travailler le week-end pour arranger nos hôtes, mais nous sommes restés seuls dans nos tâches de decorticages et fin de nettoyage de site jusqu'en milieu d'après midi. Le repas du soir nous marquera de sa glaucitude (mot créé) tant nous ne comprenions pas ce que nos hôtes attendait de nous ni n'avions d'échanges. La découverte de l'autre reste quand même le second objectif d'un volontariat à nos yeux...
Le dimanche marquant notre dernière journée de travail, nous puisons dans notre réserve de bonne humeur pour faire de cette dernière journée une réussite. Ce ne sera pas le cas pour Léa bloqué avec ses cañas. Pour ma part, le malheur de renso, voulant décharger, à l'aide de son pick-up, devant notre maison des déchets végétaux, en vue de nous permettre d'allumer un feu de joie au cours de la nuit, l'amena à bloquer l'amortisseur de sa roue arrière gauche sur un rocher. Nous tentons bien évidemment toutes les techniques, maintes fois apprises devant les images du Paris-Dakar, mais rien n'y fait, pas même les 4 roues motrices. Pire encore, la situations s'aggrave, et les tentives de surélévation de l'engin, au moyen d'un cric n'y changerons rien. Une seule solution : non pas la manifestation mais bien le tracteur du grand-père !
Suite à la mise en place de pierres de calage et le sanglage du pick-up au tracteur, Renso, me regarde à défaut d'autres protagonistes afin de choisir ma monture. J'indique, avec joie, le tracteur, non sans compléter, après un petit silence, que c'est une première. Après quelques explications et la prises de postes de chacun, je me retourne et cherche du regard, à travers la vitre du pick-up, Renso en vue de lui indiquer que je suis prêt. J'aperçois son approbation manuel avant la mise en marche conjointe de nos engins. La sangle grince mais l'exercice fonctionne ! Ne reste plus qu'à ramener le tracteur chez le père, tâche que j'effectue avec le plus grand des plaisirs, en affichant un sourire jusqu'au oreilles !
Nos hôtes quittent à la hâte Diaguitas afin d'aller récupérer la première fille de Marcela, en week-end chez son père.
Notre dernier jour étant un jour de repos, nous en profitons pour aller visiter le fameux village de Pisco-Elqui, berceau de la production de... Pisco! Malheureusement, du fait de la météo, nous passerons à côté de la sortie observatoire astral... Le village n'est pas très animé, vous me direz normal pour un lundi en dehors de la saison touristique et je vous répondrais en effet ! Nous nous balladons néanmoins et assistons à la visite d'une Pisqueria où le processus de distillation nous est expliqué. Rien de bien extraordinaire si ce n'est que la production des raisins est faite de façon biologique et la distillation de manière artisanale.
Apres un magnifique coucher de soleil, nous courrons attraper le bus qui doit sûrement être l'un des derniers de la journée. Après une incompréhension, celui-ci nous dépose finalement à quelques km de notre maison au lieu de quelques centaines de mètres. Un nouveau retour de nuit au milieu de la végétation, cette fois ci à pied, nous ramène chez nous.
Le retour du soleil, mardi, marque la fin de notre étape. Nous nous rendons à Vicuña pour déjeuner dans le resto vegan de la communauté boudiste et profiter d'internet. Papi Turbo, surnom donné au père de Marcela après le trajet durant lequel il nous ramène, du haut de ses 70 ans bien passé à 130km sur une route de montage jusqu'à la Serena. Retour au point de départ. Le soleil n'embellit pas plus le centre commercial que lors de notre arrivée. Un heure de pause nous attend avant un "petit" trajet pour une direction inchangé : le nord !