Pour la première étape, nous avons prévu 78km environ. Même si c'est plat c'est tout de même un gros morceau pour un début. Pas le choix, Phu-Ly est la prochaine ville où il y a un hôtel en direction de Ninh Binh. On commence en douceur, pas de bivouac pour le moment, ça serait dommage de se priver d'une douche chaude et d'un lit alors que la chambre coûte 12€, ce qui rentre largement dans notre budget fixé à 30€/jour en moyenne. On espère que ça va tenir!!
L'avant veille, on avait tracé notre trajet à l'aide de notre logiciel de GPS et Google Maps afin de trouver le chemin le plus "agréable" pour sortir d'Hanoï, pas facile! Avec le recul, on ne s'est pas mal débrouillé.
Il faut dire que la pensée de devoir sortir de cette capitale en vélo ne nous réjouissait pas vraiment (dès la sortie de l'aéroport en fait). On se regardait sans rien dire mais on avait la même question qui tournait dans nos têtes : mais comment faire du vélo dans cette ville??? D'autant qu'on ne voyait pas beaucoup de monde pédaler..... Nos deux semaines d'adaptation ont été bénéfiques sur ce point. Elles nous ont permis de nous rassurer, d'observer et comprendre comment la circulation "s'organise" et l'appréhender.
Le temps n'est pas très engageant, il fait gris, pas trop chaud (ça c'est bien!) et il ne pleut pas, contrairement à la veille où il a plu toute la journée. On peut s'estimer chanceux! Le temps de dire au revoir et de remercier chaleureusement la mère de Duong qui nous a hébergés pendant tout notre séjour ici et on se jette dans le grand bain de la circulation hanoïenne, il est 8h15.
Les premiers tour de roues se passent bien, la circulation n'est pas si dense, le fait que l'on soit samedi doit y être pour quelque chose. Premier gros carrefour, on doit tourner à gauche, on met pieds à terre, on fait la technique des petits pas, lentement mais sûrement on passe de l'autre côté et on continue. La circulation se densifie, les carrefours se succèdent, la technique des petits pas fait ses preuves! On mettra 20km et 2h pour sortir de Hanoï.
On s'extirpe par les faubourgs et la route se transforme rapidement, de ruelles en chemins plus ou moins carrossables on passe de village en village.
On rejoint enfin un grand axe qui pourrait s'apparenter à une ancienne nationale de chez nous, 2x2 voies. Camions de toutes les tailles, bus grandes lignes, minibus touristiques, voitures et scooters y circulent. C'est assez impressionnant dit comme ça mais en fait les Vietnamiens ont l'habitude de rouler avec toute une variété de "véhicules lents" sur le côté, scooters surchargés, vélos d'un autre âge, scooters à contre-sens et piétons. Ils s'écartent largement, ne roulent jamais très vite même s'ils ne peuvent s'empêcher de se signaler à grands coups de klaxon, comme si on ne les avait pas déjà vus et entendus! On trace vite sur cette grande ligne droite qui longe une voie de chemin de fer.
Quand nous passons dans les villages, les gens sont curieux et nous lancent de sympathiques "hello" ou des "hey" tonitruants qui nous font sursauter. Lors d'une pause café nous nous retrouvons entourés de pleins d'enfants qui sont allés demander à une grande de nous parler. Elle sait dire 2 phrases en anglais mais ne comprend pas les réponses, c'est mignon. Ça fait beaucoup glousser les petits. Ils n'arrêtent pas de répéter "hello", nous essayons de leur apprendre "bonjour", mais c'est un échec cuisant.
Nos vélos et nos mollets sont couverts de boue quand nous arrivons à Phu Ly, la faute à un chemin proposé par notre ami Google map pour éviter une portion de la grande route, un franc succès. L'hôtel est grand et sobre, la chambre pas terrible (pas de fenêtre, une porte avec une vitre au dessus qui laisse entrer toute la lumière du couloir qui ne s'éteint pas, cloisons très fines, pas de draps ni de couette, on dort dans nos sacs à viande), mais la douche fait un bien fou. Et il y a la télé, on caresse l'espoir de pouvoir regarder la finale de la coupe du monde de rugby, mais ce fut de courte durée: après avoir fait défiler les 64 chaînes, il faut se rendre à l'évidence, aucune ne diffuse LE match!! Pour dîner, il y a une gargotte juste en face. Nous ne passons pas inaperçus, on se fait payer des shots d'alcool de riz par une table de jeunes déjà bien joyeux en plein milieu du repas. On se régale d'une délicieuse viande grillée, accompagnée de noodles et de bouillon. Les gérants sont très sympathiques et nous font un tarif tout à fait acceptable, 8€ pour 2 avec 2 bières. Et maintenant au dodo!