11 étapes
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Notre voyage se poursuit dans l'ancien royaume du million d'éléphants, il n'en resterait aujourd'hui que quelques centaines à l'état sauvage.
Novembre 2019
30 jours
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Initialement, notre projet ne prévoyait pas de passer par le Laos, seulement de traverser le Vietnam de Hanoï à Saïgon (Ho Chi Minh Ville) avant de rejoindre le Cambodge. En étudiant les trajets possibles et le guide du Vietnam, nous nous sommes rendus compte qu'il y avait une longue portion sans grand intérêt entre Tam Coc et Hué. De plus, beaucoup de personnes nous avaient chaudement recommandé de visiter le Laos.

Mais ce qui nous refroidissait c'était la chaîne de montagne qui sépare le Vietnam du Laos (gentiment appelée Chaine ou Cordillère Annamitique) à franchir après seulement quelques jours de vélo! On a estimé mettre 2 semaines au bas mot pour rejoindre Luang Prabang depuis la frontière, ce qui faisait beaucoup par rapport au visa de 30 jours. Nous avons trouvé une solution : prendre un bus de nuit!

En bref, ce fut très très très long, 24 heures couchés sur des fauteuils inclinés, sans possibilité de s'assoir, avec nos sacoches dans le couloir et les vélos sur le toit (la soute était remplie de marchandises qu'ils livraient en cours de route!), sans toilettes (dès que le chauffeur faisait une pause pipi/changement de conducteur, nous étions plusieurs à nous ruer hors du bus pour faire de même), avec seulement 2 pauses repas, le soir dans un routier glauque et le lendemain vers 10h30 pour le déjeuner, et des virages à n'en plus finir. Heureusement nous avions fait des provisions et nous nous sommes résignés à manger semi-couchés. Nous croyions naïvement qu'il y aurait une pause pour le petit-déjeuner (on rêvait de notre thermos de café, de nos tartines de peanut butter et de notre muesli), et comme c'était au moment de passer la frontière, on avait tout mis dans un sac plastique en pensant le manger en attendant l'ouverture du poste-frontière à 7h. Finalement ils ont ouvert à 6h, et nous avons passé 1h pour les formalités, nous étions 8 occidentaux sur une vingtaine de passagers. Notre petit-déjeuner a donc passé la frontière dans son sac plastique, nous sommes remontés aussi sec dans le bus et avons dû attendre leur pause déjeuner de 10h30 pour pouvoir enfin l'attaquer!

Quand nous avons fini par arriver, la nuit était tombée depuis 3h déjà. Nous étions complètement déphasés, il nous restait à rejoindre notre guesthouse en pédalant. Nous pensions avoir vécu avec le train de nuit pour le Nord Vietnam notre pire expérience de transport et bien c'était sans compter celle du bus de nuit qui la surpasse allègrement!!

Ils essayent d'égayer la situation avec des lumières arc-en-ciel!  Mais ça donne une impression encore plus bizarre!
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Suite à notre périple de 24h en bus, nous voici donc arrivés à Luang Prabang, ancienne capitale du royaume du Lan Xang. Le cœur historique de la ville, classé au patrimoine mondial en 1995 par l'UNESCO, est situé dans une vallée, sur une petite bande de terre à la confluence du Mékong et de la Nam Khan. Ca nous paraît incroyable de se retrouver face à ce fleuve mythique!

Malgré des grosses chaleurs (nous avons l'impression qu'il fait encore plus chaud qu'au Vietnam), nous profitons de cette agréable petite ville très touristique en nous promenant dans ses charmantes rues et le long du Mékong.

Maison typique de l'époque du protectorat français
Nous devons emprunter un "bamboo bridge" pour aller déjeuner sur l'autre rive de la Nam Khan
Bateau parti pour une petite croisière sur le Mékong au coucher de soleil 
La plupart des maisons coloniales ont été rénovées en restaurants ou hôtels haut de gamme

Nous sommes très surpris par les prix pratiqués, venant du Vietnam nous pensions trouver au Laos un coût de la vie moins élevé mais ce n'est pas du tout le cas ici! A la guesthouse on nous explique que Luang Prabang ("LP" pour les intimes) est devenu chère à cause de l'afflux de touristes qui a fait monter les prix de 25% en moyenne. Nous pouvons aussi le calculer en comparant avec les prix inscrits dans notre guide. On s'est vite rendu compte qu'on nous a vendu un guide avec la promesse qu'il soit entièrement mis à jour… avec les prix d'il y a 4 ans! De surcroit, pleins d'adresses n'existent plus… merci Lonely Planet!!! On leur enverra notre mise à jour et nos bonnes adresses accompagnées d'une facture 😛

Vat Sensoukaram, Vat veut dire temple en Lao
Vat Xieng Thong, le monastère le plus connu de LP, il date de 1560

Il n'y a principalement que des temples à visiter et pour la plupart l'accès est payant. Nous devons faire des choix, tant pis pour la "sunset cruise" sur le Mékong pourtant bien tentante, nous ne ferons que le mont Phu Sy et son temple et pour les autres nous nous contenterons de prendre des photos de l'extérieur.

Nous nous accordons tout de même quelques moments bien-être: cours de yoga au petit matin à l'Utopia, bar branché qui surplombe la Nam Khan, premier cours tous les 2!! Malgré ma grande expérience, Simon est bien plus à l'aise que moi, c'est très vexant 😉 ; Massage de pieds au centre de la Croix Rouge laotienne (mais c'était uniquement pour la bonne cause); Excursion en "Tuk-Tuk" aux chutes d'eau de Kuang Si. C'est encore une fois méga touristique mais que c'est magnifique et surtout que c'est agréable de se baigner! Pique-nique, balade jusqu'au sommet des chutes et visite du sanctuaire des ours bruns (https://freethebears.org/)

Le dernier matin nous assistons au petit jour au "Tak Bat", la procession des moines pour collecter les aumônes: du riz gluant

Nous passons une dernière soirée tranquille, les sacoches faites, nous sortons pour manger une dernière fois au "night food market": poisson grillé fraichement pêché dans le Mékong, farci aux herbes accompagné de riz gluant et d'une petite sauce soja au piment, un vrai délice! Nous en profitons car nous ne savons pas ce qui nous attend sur la route les 3 prochains jours avant de rejoindre Vang Vieng, notre prochaine ville étape.

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Nos 3 jours à Luang Prabang furent très sympathiques, relaxants et charmants mais il est temps de reprendre nos vélos, nous avons hâte de passer aux choses sérieuses!! Nous sommes tout de même un peu nostalgiques de quitter cet endroit où nous nous sentions bien, surtout dans notre Guesthouse. Nous avions déjà pris nos petites habitudes et repéré nos adresses préférées dans ce centre ville de poche.

Dans un premier temps, nous mettons le cap vers le sud direction Vang Vieng, la prochaine ville où nous nous accorderons une journée de repos. Nous espérons l'atteindre en 3 étapes d'une bonne soixantaine de kilomètres chacune. Seulement, en étudiant la carte nous savons que ça va être un sacré défi. En effet, dès la deuxième étape un gros obstacle se dresse devant nous, un col à environ 2000 mètres d'altitude! Pour les cyclistes, la montée finale en chiffres: 30km de montée, 1700 mètres de dénivelé positif cumulé, des passages à 15%… Les chiffres ne sont pas très engageants! Cette difficulté est malheureusement inévitable, comme nous l'avions déjà précisé dans l'article précédent, Luang Prabang est dans une vallée et pour rejoindre Vang Vieng qui est dans la vallée voisine, on n'a pas le choix, il faut traverser ce massif montagneux. Nous allons essayer de passer mais nous n'excluons pas la possibilité de nous faire aider par n'importe quel véhicule motorisé.

La première journée est une étape d'approche, 65 Km et 800m de dénivelé positif, du gâteau en théorie! On est impatients, on est frais et tout se passe bien jusqu'à la 1er rampe... On arrive à la passer difficilement, la pente s'élève déjà à plus de 10% voire 15%, on comprend vite qu'au Laos, ils ne s'embêtent pas trop avec les virages! Ils vont droit dans le pentu, comme disent les VTTistes. On devra marcher en poussant nos vélos par moment, idem pour les 2 ou 3 autres côtes qui nous mèneront au pied de la vrai ascension…, une belle entrée en matière!

Il est 15h45 - 16h, nous commençons à nous inquiéter de l'endroit où nous pourrions dormir. Nous nous arrêtons dans un village et mimons: "où est-ce que l'on pourrait dormir par ici?" On arrive à se faire comprendre et ils nous dessinent un plan par terre: il faut aller un peu plus loin et tourner à gauche où l'on devrait trouver un hébergement. On doit se contenter de ces indications et c'est reparti. On finit par arriver à une intersection, et sur notre gauche on tombe effectivement sur une sorte de relais routier qui n'est indiqué sur aucune carte! C'est très spartiate, le sol est en béton brut, le lit est recouvert d'une natte plastique et la salle de bain est infestée de gros moustiques, mais nous sommes tellement soulagés d'avoir trouver un endroit pour la nuit que nous ne négocions même pas le prix. C'est tenu par une famille chinoise très sympathique. Nous ne sommes pas les premiers cyclo-voyageurs à passer par là, le père de famille tient absolument à ce qu'on remplisse son livre d'or! Le plat de riz sauté aux œufs et à la tomate englouti nous partons nous coucher à l'abri dans nos moustiquaires.

Nous nous réveillons à 5h pour partir à la fraîche à l'attaque de ce mastodonte.

Le jour se lève doucement sur le relais routier, la brume est tenace, c'est la montagne!

Ça commence sévère avec des pentes pas plus faibles que 10% qui nous mènent à un village où nous faisons halte pour le petit déjeuner. Alors que nous nous apprêtons à repartir, un collègue cyclo arrive à notre rencontre! Il s'appelle Manuel, vient de Madrid et voyage seul depuis 6 mois. Il nous explique qu'il a dormi un peu plus bas dans la vallée et va dans la même direction que nous. Nous discutons un peu et échangeons nos coordonnées pour essayer de se voir plus tard à Vang Vieng.

Nous repartons ragaillardis, les 5 premiers kilomètres après le village montent gentiment (5-6%) et au détour d'un virage à gauche c'est parti! La route s'élève franchement à nouveau. On met en pratique illico le conseil de Manuel: faire des lacets sur la largeur de la route, ce qui marche très bien mais ne nous fait pas avancer plus vite qu'un marcheur. C'est toujours mieux que de pousser les vélos. Pour ne rien gâcher, nous devons faire avec un flux incessant de camions chinois qui empruntent cette route pour le chantier de la future ligne à grande vitesse qui reliera la province du Yunnan à Singapour, surnommée nouvelle route de la soie.

Les rampes s'enchainent avec quelques moments de répit et même quelques courtes descentes. Au bout de 3h de montée et à peine 11Km au compteur nous devons nous rendre à l'évidence: nous ne serons pas en haut avant la fin de la journée… Lise arrive au bout de ses limites, nos réserves d'eau sont bien entamées, la chaleur monte… On s'arrête sur le bas côté, on interpelle le premier pick-up qui passe (les Laotiens sont fan de ce type de voiture), il s'arrête! Il veut bien nous prendre et nous emmener jusqu'au sommet, génial!

Nous faisons une bonne pause déjeuner au col et profitons de la vue. Lise fait même une petite sieste.

Plus bas dans la descente

Dès le premier virage de la descente on comprend qu'elle ne sera pas de tout repos. La pente est encore plus raide de ce côté-ci et sans replat, il y a des trous partout et par endroit le bitume a totalement disparu!

On descendra les mains constamment sur les freins. Après 1O Km de descente à pic nous arrivons enfin à Kasi pour un repos bien mérité!

Le lendemain nous partons dans la brume épaisse pour une étape tranquille, 58 Km, très peu de dénivelé, jusqu'à Vang Vieng.

Pause petit-déjeuner à une dizaine de km après Kasi.
Rizières encore non récoltées et massifs karstiques qui émergent de la brume.

Pour voir notre trajet cliquez ICI

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Nous voici arrivés à Vang Vieng, ville-rue, ancienne base arrière de la CIA pendant la guerre du Vietnam ou guerre des Américains, tout dépend du point de vue duquel on se place (bah oui on y avait jamais pensé mais les Vietnamiens ne disent pas "Guerre du Vietnam"!!). Cette ville n'a en soit pas vraiment d'intérêt mais elle a pour elle l'environnement tout autour. Située au bout d'une vallée, Vang Vieng fait face à de gigantesques karsts et la rivière Nam Song s'écoule à leurs pieds (on a fini par comprendre que "Nam" veut dire rivière en Lao).

Écolodges à la pelle pour loger les touristes
Depuis le pont suspendu, on peut voir que la rivière est basse.
On est bluffé par les reliefs karstiques

Comme prévu, le premier soir de notre arrivée, nous retrouvons Manuel pour un café et une petite balade. On se dit à bientôt à Vientiane car il ne souhaite pas rester, il doit aller au plus vite à la capitale pour régler des histoires de visa pour la suite de son voyage.

Vang Vieng est LA ville "aventure" du Laos où des centaines de Backpackers, majoritairement des jeunes Européens, Australiens ou Américains avec de gros sacs à dos et des tongs qui se baladent de ville en ville en mini-van ou bus de nuit "VIP", viennent faire la fête et chercher l'adrénaline en faisant de la tyrolienne, en visitant des grottes, en faisant du canoë, du VTT, du "buggy" et même du "tubbing"! La ville ressemble à un parc d'attractions pour grands adolescents, les buggy et le tubbing nous ont laissés songeurs!

Scène de vie ordinaire. Avec les canoës sur le toit du tuk tuk, on s'est dit qu'ils devraient faire un stage en Dordogne!!
On a hésité à faire une petite virée avec frissons garantis. 

L'activité tubbing consiste à s'assoir sur des grosses chambres à air et à se laisser porter par le courant. Des arrêts dans des paillotes installées sur la berge tout au long du parcours sont prévus avec bières et cocktails qui coulent à flot… Comme c'est la saison sèche, il y a peu de courant, la plupart des jeunes touristes (il n'y a que les jeunes pour avoir une idée pareille!) se reportent sur le canoë. Mais ce n'est pas pour autant que les paillottes sont fermées! Dans la plupart des tours proposés, les haltes sont prévues avec des "buckets" de whisky et des "buy one beer get one free". On s'est dit que ce n'était pas très stratégique de faire boire des Anglais (au hasard) à 10h du matin. Et ça n'a pas loupé, nous sommes passés à côté d'un groupe et au premier rapide 2 Anglais se sont retrouvés à l'eau! Le guide a dû galérer à récupérer le canoë d'un côté, les pagaies de l'autre, pendant que les Anglais flottaient dans leur gilet de sauvetage l'air ahuri. Ça a eu le mérite de bien nous faire rigoler!!

De notre côté nous sommes là pour de la récupération active, nous avons donc choisi de faire du canoë combiné avec la visite d'une grotte le long du parcours d'une dizaine de kilomètres sur la matinée. Nous sommes un petit groupe, nos jeunes guides sont hyper sympas et rigolos, ils n'en manquent pas une pour nous arroser, surtout Lise, ils ont vu qu'elle était bon public! Nous nous arrêtons en chemin pour visiter une grotte semi-immergée à l'aide des fameuses chambres à air puis nous avons la chance de continuer à pied à travers les stalactites et stalagmites avant de ressortir presque 500 mètres plus loin au pied de la falaise. Impressionnant!

Nous passons une dernière nuit dans notre guesthouse assez sympathique et plutôt calme tenue par des Vietnamiens. Prochaine ville-étape: Vientiane, la capitale! Nous prévoyons de l'atteindre en trois jours.

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Fin de la journée de repos, nous remontons en selle en direction de la capitale, Vientiane. Environ 160 kilomètres séparent Vang Vieng de Vientiane par la route la plus directe. Cette route est malheureusement toujours encombrée par les camions chinois du chantier de la ligne de chemin de fer qui est doublé à partir de Vang Vieng du chantier de l'autoroute! (toujours les Chinois!!) Pédaler dans ces conditions n'est pas plaisant DU TOUT!

La route et le paysage totalement défoncés, mais c'est le progrès ma bonne dame!!

Nous envisageons un itinéraire alternatif mais cela n'est possible que vers le milieu de la deuxième étape. Nous sommes dépités par tout ce chamboulement, nous vivons en direct la transformation rapide et radicale de toute une partie du Laos, nous nous demandons encore une fois depuis combien d'années l'auteur du Lonely Planet n'a pas mis les pieds dans ce pays…. On nous promettait calme, sérénité et nature immaculée, mais ça c'était avant!!!

Nous sommes d'autant plus dépités que tous ces projets se font à marche forcée et au détriment des populations locales et de l'environnement: destruction de temples, expulsion des habitants sur le tracé de la voie de chemin de fer, destruction de paysages sublimes, rachat de parcelles agricoles par des Chinois pour faire de l'intensif à base de pesticides…. Bref à contre-courant des préoccupations environnementales et sociétales par chez nous! Pour en savoir plus sur les projets gigantesques qui se trament en Asie du Sud-Est : http://www.gavroche-thailande.com/actualites/ailleurs-en-asie/108751-laos-un-train-dans-la-jungle

Et pour celles et ceux qui sont abonnés au Monde : https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/08/07/le-laos-nouvelle-frontiere-chinoise_5169555_3216.html

Après une première journée pas rigolote, nous trouvons refuge dans une guesthouse sur les hauteurs constituée de petits bungalows aux murs de bambou tressé, dans un village traversé par les chantiers. On nous annonce 100 000 kip la nuit, on négocie fermement (on est au milieu d'un nulle part sinistre) et on se met d'accord pour 65 000 kip, on commence à être plus à l'aise en négo.

Le lendemain on arrive à bifurquer vers une autre route, on respire enfin! Il n'y a plus ni camion, ni chantier, ni bus, la route est belle et le paysage avenant. Arrive le moment de trouver un toit pour la nuit, on s'arrête dans une guesthouse paumée (la région est plus isolée, on ne traverse que des petits villages), c'est 50 000 sans eau chaude et 80 000 avec! On n'en croit pas nos oreilles, on négocie, l'endroit est totalement vide, mais rien à faire, la patronne reste inflexible. Nous allons à celle d'en face (assez improbable) et c'est le même cirque. On se dit, tant qu'à ne pas prendre de douche, autant trouver un endroit pour poser nos hamacs. On reprend la route malgré la fatigue et la chaleur, on s'arrête au premier temple venu pour demander l'hospitalité. Et ça marche! Le boss n'a pas l'air enchanté mais il nous indique un petit abri où nous pouvons passer la nuit. C'est le pied!!

On installe seulement la moustiquaire de la tente!

Le lendemain, courte étape jusqu'à Vientiane (petite cinquantaine de km), on se met d'abord en quête d'un endroit pour prendre un bon petit-déjeuner, on a besoin d'un grand café!! Simon repère un stand qui a l'air de vendre des boissons chaudes, on espère que ce ne sera pas du soluble. Bonne pioche, la dame soulève son torchon et apparition de rêve, dévoile une véritable cafetière laotienne! Sorte de pichet avec un gros filtre dans lequel elle fait passer de l'eau brûlante. On leur demande si on peut s'installer derrière le stand, ils acceptent et on se retrouve à partager la table du père de famille qui nous regarde d'un air amusé en sirotant son café. On discute et on se comprend bien, on arrive à commander un grand café noir sans lait ni sucre (comme quoi avec un peu de bonne volonté et de bienveillance on peut très bien communiquer). Il est servi avec une pointe de sel, c'est épais, parfumé et légèrement amer, un vrai délice.

Revigorés, on arrive vite dans les faubourgs de Vientiane, quelques passages un peu pénibles (tiens! De la piste bien sablonneuse et caillouteuse à souhait avec des gros trous dedans sinon c'est pas drôle!) et inattendus (il est bizarre ce bitume! C'est normal c'est pas du bitume. Bah c'est quoi alors?! Des plaques de béton!!), heureusement peu de circulation dans l'ensemble. On ne sait pas où on va dormir, on vise un café français en plein centre (le Café Vanille) pour déjeuner et profiter du wifi pour chercher une guesthouse potable.

De la baguette fraîche, des œufs durs, des olives noires, des tomates séchées….. Le grand luxe!!! 

Ça nous prendra 2 bonnes heures et nous finissons par jeter notre dévolu sur le Backpackers Garden Hostel, rien de très charmant, plutôt vieillot et pas entretenu, mais c'est le meilleur rapport qualité-prix que nous ayons trouvé!! Ce n'est pas une ville où les touristes s'arrêtent, les propositions d'hébergement sont donc assez pauvres. Ça fera l'affaire pour 3 nuits. Nous sommes très contents d'être arrivés, première grosse pause depuis Luang Prabang!

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Nous voici donc arrivés à Vientiane sous une chaleur étouffante! Nous prévoyons d'y rester deux jours histoire de souffler, faire des lessives et des provisions, pour cela nous devons trouver un hébergement et la tâche s'avère compliquée… Nous n'avons pas eu de nouvelles des gens contactés via Warmshower, un réseau de cyclotouristes à travers le monde grâce auquel on peut trouver un hébergement gratuit et une douche chaude.

Nous passons 2h au charmant Café Vanille, café-boulangerie d'inspiration française, à éplucher le net et notre guide (qui encore une fois ne nous sera pas d'un grand secours) pour essayer de dénicher une chambre correcte qui rentre dans notre budget. En comparaison avec Luang Prabang, l'offre est de moins bonne qualité pour presque aussi cher! On se contente d'une petite chambre très moyenne dans une guesthouse décrépie un peu à l'écart du centre… Notre première impression de Vientiane s'en retrouve affectée.

La ville se fait pardonner avec sa longue promenade le long du Mékong que nous retrouvons pour la première fois depuis Luang Prabang, nous offrant une magnifique vue au coucher du soleil.

Le marché pas vraiment artisanal en contre-bas et le Mékhong à l'horizon
Nous savourons une BeerLao sur cette terrasse particulièrement chouette 
Pour le diner: brochettes de porc et de poulet avec une salade de papaye mais que c'est pimenté!!!! Lise en pleure encore!

Le lendemain nous partons à la découverte du centre historique qui se limite à quelques rues mais le charme n'opère pas… En ayant Luang Prabang en tête, ici ce n'est pas très agréable de se promener dans les rues. Il ne subsiste que trop peu de maisons coloniales ou elles sont en très mauvais état ou complétement cachées derrière les installations électriques laotiennes.

Dans l'hyper centre, à deux pas du Mékhong

Nous visitons le temple Sisaket édifié en 1819, le seul bâtiment à être resté debout après que la ville ait été rasée en 1828 par les troupes siamoises en guerre contre le Roi Chao Anou.

Il y a environ 2000 petits Bouddhas dans les niches et 300 statues de Bouddhas de différents styles et époques.

C'est assis le long de la "waterfront" tout en appréciant le coucher de soleil que nous retrouvons Manuel (le cyclo Madrilène rencontré sur la route quelques jours auparavant) pour une Beerlao à la pression bien fraiche un peu plus loin sur la superbe terrasse du café "Khop Chai Deu". Trop cher pour y diner, après avoir laissé Manuel, nous décidons d'aller tester le resto "Lao kitchen".

Le dernier jour nous partons tôt le matin pour une petite boucle à vélo, 20 Km tout de même histoire de faire tourner un peu les jambes mais surtout de visiter des monuments un peu excentrés.

Patuxai, l'arc de triomphe laotien qui a vraiment besoin d'un rafraichissement!
 Monument national, le Pha That Luang ou "Stupa suprême"
Vat Si Muang, temple considéré comme le siège de l'esprit protecteur de la ville

Après-midi blog et prépa itinéraire pour Sim et massage laotien pour Lise aie aie aie! Il ne s'agit pas d'un massage détente du tout, c'est très vigoureux et même carrément douloureux par moment!! Lise décide de faire l'impasse dorénavant sur les massages laotiens.

Nous passons une très agréable soirée d'adieu en compagnie de Manuel et d'Emeline et Hugo (http://www.lasie-en-soie.com), un charmant couple de Français qui voyage en 4x4 Land-rover depuis plus de 2 ans, rencontré par Manuel dans sa guesthouse. On se recroisera peut être sur la route, qui sait?!

Prochaine étape: la grotte de Konglor!

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Nous poursuivons notre voyage vers le sud du Laos, notre prochaine étape va nous mener à Konglor au centre du pays.

Notre visa court depuis le 5 et il nous reste plus que 17 jours pour rejoindre la frontière du Vietnam. Nous voulons passer la région entre Vientiane et Konglor le plus rapidement possible car elle n'a pas grand intérêt. Nous allons essayer d'y arriver en 4 longues étapes autour de 70 et 90 Km, avec un relief quasi inexistant, c'est dans nos cordes!

La sortie de Vientiane se passe très bien sans trop de circulation, nous rejoignons les berges du Mékong au bout d'une trentaine de kilomètres et nous le longeons pendant une bonne vingtaine sur une route lisse comme un billard! Cela doit être la seule du Laos! Et pour ne rien gâcher ,la circulation diminue peu à peu au fil des Km, c'est vraiment très agréable mais étrange tout de même!? La réponse est toute bête, notre superbe route se transforme soudainement en piste!

Et c'est parti pour notre première piste! Cela ne va pas durer trop longtemps, une petite dizaine de Km et nous rejoignons l'axe principal qui relie Vientiane au sud du Laos. Au bout d'une soixantaine de kilomètres nous commençons à chercher un endroit où dormir. Lise et son œil de lynx déniche un "resort" (ici les resorts sont une sorte de motel amélioré) tout vide, il ne semble pas être ouvert mais des personnes (des ouvriers?) nous accueillent et acceptent de nous laisser dormir dans une chambre négociée à 80 000 Kips.

Le jour suivant, nous visons Paksane, presque 100Km! C'est notre plus grande étape jusqu'à maintenant. Cette étape n'a rien de passionnant elle est simplement longue et ennuyeuse sur la fin. Paksane n'a strictement aucun intérêt mais étonnamment la guesthouse est top! C'est d'ailleurs une des meilleures jusqu'à présent, on a été très bien accueillis par une charmante dame qui parle parfaitement anglais (une grande première).

Lise a besoin d'un remontant pour digérer tous ces kilomètres, on le trouvera dans des "crêpes" à la mode indienne : pâte de riz frite fourrée d'un œuf battu et de banane, nappée de chocolat et de lait concentré sucré!!!

Avant de bifurquer sur la route de Konglor, nous devons rejoindre Vieng Kham, une ville carrefour elle aussi sans intérêt. Après 90Km nous y sommes, épuisés mais contents d'être arrivés car l'étape du lendemain promet d'être enfin intéressante.

Konglor se trouve de l'autre côté d'un massif karstique qu'il va falloir escalader. Une première petite ascension de 3Km puis une grande de 7Km (pour un total de 650 mètres de dénivelé) vont nous y emmener. Nous sommes confiants, ça va passer! Effectivement ça passe, mais que c'est dur!!! Fidèle à son habitude la route s'élève lentement mais sûrement pour encore une fois atteindre des pentes à 15-20%! Ouf! Et pour ne rien gâcher nous grimpons sous un soleil de plomb.

Le col atteint nous avons droit à une vue à couper le souffle sur les flancs et sommets des karsts tout érodés.

Après un bon repas englouti au pied de la descente nous voilà repartis pour 40Km sur une route toute plate qui mène au petit village de Konglor, situé au fond de la vallée se finissant par la grotte du même nom.

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Nous voilà arrivés dans un bout du monde : Konglor. Nous avons prévu d'y rester 2 jours pour nous reposer de notre première grande session de vélo, presque 340 kilomètres en 4 jours. Nous avons décidé de venir jusqu'ici pour découvrir une des grottes les plus impressionnantes du Laos.

Après une longue nuit, une grasse matinée et un méga petit déjeuner nous faisons : RIEN! Après le déjeuner, nous allons découvrir cette fameuse grotte pendant les heures les plus chaudes.

La grotte est immense, elle a été creusée par une rivière et par des millénaires d'infiltration d'eau de pluie. La rivière a littéralement transpercé la montagne, elle devient souterraine et serpente sur près de 7,5 km de long à travers le karst! La grotte se visite en pirogue à moteur, à deux plus le conducteur.

Nous voici donc transportés dans un monde aquatique, minéral et complètement obscure, c'est carrément "voyage au centre de la terre"! Nous n'avons que la lumière de nos frontales pour découvrir l'immensité de la grotte. Heureusement, nous sommes équipés d'une puissante frontale qui nous permet de déchirer l'obscurité et de deviner le plafond de la grotte qui doit être parfois à plus de 10 mètres au dessus de nos têtes! Après 40 minutes de bateau, le guide nous débarque sur un banc de sable et nous indique un chemin. Lui doit passer un rapide et continuer seul pour nous récupérer un peu plus loin. Nous déambulons au milieu des stalactites et stalagmites pour rejoindre la pirogue.

Juste avant la sortie, nous devons une nouvelle fois descendre du bateau pour passer des rapides peu profonds. 1h 30 plus tard, nous arrivons de l'autre côté, nous débarquons dans un espace aménagé pour les touristes avec buvette et stand de vente d'artisanat local, il est aussi possible de rejoindre le village de Natane à 2 kilomètres de là. Comme nous sommes partis assez tard, nous n'avons pas le loisir de rester trop longtemps, une petite demi-heure plus tard nous repartons dans l'autre sens. 40 minutes moteur à fond, dans le sens du courant et sans débarquement suffiront pour revenir à Konglor. Nous arrivons au coucher du soleil, 17h, l'heure locale pour l'apéro!

Pour notre dernier jour, nous avons comme seul objectif une petite baignade dans la rivière.

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Les infos du Français rencontré quelques jours plus tôt avant d'arriver à Konglor étaient justes, il est bien possible de traverser la grotte avec les vélos (ils font même passer des scooters et des petites motos!). Nous négocions la traversée à 250 000 Kips pour deux au lieu de 300 000 Kips car nous avons déjà payé pour la visiter 2 jours plus tôt.

Notre objectif est de rejoindre Thakhek sans devoir rebrousser chemin: faire demi-tour est une option qui ne plait pas du tout aux cyclistes! D'autant que ça voudrait dire repasser le col puis enchaîner avec une grande route pleine de bus et de camions…

En pointillé, l'itinéraire alternatif qui permet de rejoindre la route bitumée à Nakai depuis Konglor

Le 25/11 nous allons donc à l'embarcadère avec nos vélos chargés: c'est déjà une sacrée mission de leur faire traverser le pont de bambou en contrebas puis la zone sablonneuse et caillouteuse jusqu'à l'entrée de la grotte.

Chacun sa barque, nos vélos posés de biais, nos sacoches entassées, c'est parti pour le trajet à toute vitesse dans les ténèbres! La traversée se passe bien, à deux reprises nous devons débarquer pour pouvoir faire passer la pirogue dans des rapides peu profonds.

Nous prenons ensuite le chemin, 40km de piste jusqu'au village Muang Luang où nous savons qu'il y a une homestay. Ca parait peu en kilométrage mais c'est compliqué de rouler dans ces conditions: il fait déjà chaud, il y a peu d'ombre, on roule à environ 1Okm/heure de moyenne sur la piste cabossée, avec passages dans la gadoue pour passer une rivière à gué. Dès qu'un pick-up passe à vive allure, il soulève un nuage de poussière ocre. Nous arrivons en fin d'après-midi épuisés, couverts de sueur et de sable.

La famille qui nous accueille est adorable, on dîne avec eux assis en rond autour du plat unique posé à même le sol, riz noir, haricot rouge et noix de coco, c'est plutôt bon et de toute façon on meurt de faim. Comme Lise se régale en faisant des mmmmm, la mère de famille éclate de rire et manque de s'étouffer! Il y a aussi du riz gluant fraîchement préparé et encore tiède dont on fait des boules à tremper dans une sauce de poisson pimentée. Le père de famille passe le téléphone à Simon, une personne qui parle français est au bout du fil, elle explique que c'est 50000 kip par personne pour l'hébergement, le dîner et le petit-déjeuner. C'est bien organisé, on se demande s'il y a beaucoup de touristes qui passent par ici, c'est très isolé, on est en immersion totale!

On dort dans une maison sur pilotis à l'arrière qui sert de chambres aux ainés. Le lit est sommaire, tatamis et couvertures, les nuits sont fraîches et la maison est semi-ouverte.

Pour se laver, c'est un grand bac d'eau, forcément froide, avec une petite bassine pour se rincer, à la vue de tous sinon c'est pas drôle! Pour Simon c'est facile, il se met torse nu et en short mais pour moi c'est une autre histoire. C'est impensable de me mettre en maillot de bain, c'est donc en tee-shirt et en short que je me savonne et me rince tant bien que mal. Le soir tombe, la température baisse vite, je commence à avoir froid et une vieille dame me tend un tissus. Je pense que c'est pour me sécher mais en fait c'est pour mettre autour de soi et pouvoir enlever ses habits pour se laver correctement. Comme je ne comprends pas tout, elle commence à me verser des gros baquets d'eau glacée sous le regard amusé des enfants. Je suis bien rincée mais totalement frigorifiée!!!

On passe une bonne nuit, réveillés vers 4h30 du matin par les chants de dizaines de coqs qui se répondent de village en village à des kilomètres à la ronde. On retrouve la famille pour le petit-déjeuner, le jour se lève à peine, c'est encore tout brumeux. Au menu, riz gluant et sauce au poisson pimentée et rien d'autre!!! On demande quand même de l'eau chaude pour se faire un café soluble, on leur demande ce qu'ils boivent le matin, apparemment rien du tout! Pour une immersion on est servis!

Notre chambre et leur salon
Les chambres des ados où l'on dort
La famille accepte de poser devant sa maison - échoppe

Le goût du poisson persistant en bouche, nous reprenons la piste. Il reste encore une petite vingtaine de km pour retrouver la route bitumée, on peut alors souffler.

La sortie du village 


L'ascension du matin à travers la jungle

Après une nuit dans une guesthouse sans âme et une étape tranquille nous arrivons à Thakhek à l'heure du déjeuner.

En arrivant à Thakhek
On retrouve le Mékong
Petit centre-ville de poche
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Arrivés à Thakhek nous ressentons le besoin de nous reposer un peu avant d'entamer notre traversée d'ouest en est du Laos. Nous décidons de faire une journée OFF dans notre reposante guesthouse, la bien nommée Thakhek Travel Lodge.

Nous sommes tout de suite repérés par une jeune femme qui nous lance : "Hey, we are also cyclists!". Elle s'appelle Eva et voyage avec son amie Mari. (https://www.polarsteps.com/12remblokjes/1500751-cycling-from-amsterdam-to-china) Elles sont Hollandaises et sont parties depuis mars 2019 de chez elles!

Nous passons avec elles notre première soirée à Thakhek. Puis le lendemain nous ne faisons pas grand chose, lecture, écriture, lessives et courses. Nous allons au bureau de l'agence d'écotourisme Green Discovery pour voir s'il serait possible de faire un trek d'un ou deux jours dans un parc national sur notre route, histoire d'essayer d'observer des animaux sauvages. Mais c'est peine perdue, ils n'ont qu'un catalogue avec des excursions toutes faites à nous vendre… Nous fêtons nos premiers 1000 km avec un petit verre sur une terrasse le long du Mékong!

De retour à la guesthouse nous passons une dernière soirée avec les filles et voilà qu'arrive un couple de cyclo français. La soirée continue entre cyclistes, les discussions vont bon train, échange de bons plans, très sympa!

De gauche à droite: Eva, Danielle, Mari, Lise, Sim et Marcel

Le lendemain, nous entamons un périple de 8 jours non-stop jusqu'à Hué, au début il fait très chaud mais le temps change quand nous bifurquons à l'est avant Savannakhet. Il commence à y avoir beaucoup de vent et il fait de plus en plus frais, voire carrément gris et pluvieux au moment de passer la frontière. On affronte des rafales de vent en biais et de face toute la journée, notre carnet de voyage n'a jamais aussi bien porté son nom! On n'a pas le choix, il faut faire avec, prendre un rythme et courber l'échine, accepter qu'on ne peut pas avancer aussi vite qu'on le voudrait et garder le moral!!

Les guesthouses s'enchaînent et ne se ressemblent pas, on a parfois de bonnes surprises (une chambre spacieuse et propre, un lit confortable, du café gratuit), parfois des mauvaises (la pompe de relevage des eaux qui fonctionne toute la nuit juste sous notre fenêtre, la douche sans eau chaude, le karaoké qui débute à 22h). Un soir on s'arrête dans une petite guesthouse, pour le tarif habituel (on oscille entre 50 000 et 60 000 la chambre) il n'y a pas d'eau chaude et le prix n'est pas négociable. On a beau être à bout de forces, on repart, on va à la station essence 200m plus loin pour demander si on peut poser la tente ou les hamacs. Une famille vit là et le père accepte qu'on mette la tente dans un coin! On pense qu'il tient aussi un restaurant, on demande si on peut manger (lao food ça ira très bien!) et on se régale de riz gluant, avec du porc, des œufs au plat et une sauce aux herbes, gingembre, aïl et piment. En fait c'est leur cuisine et il nous offre le repas!

Notre station-essence guesthouse d'un soir avec notre hôte Mr Bet

Nous quittons progressivement le plateau et les petits villages laotiens pour se diriger vers une région beaucoup plus montagneuse et verdoyante formant une frontière avec le Vietnam.

Dernières photographies des maisons sur pilotis...

Nous voyons s'amasser des nuages qui se cramponnent sur le relief… Alors que nous roulons très certainement sur ou aux abords d'une des ramifications de la piste Ho-Chi-Minh on doit sortir du fond de nos sacoches nos coupes-vents.

Peut-être la piste Ho-Chi-Minh???

On bascule le 4/12 du côté vietnamien un jour avant l'expiration du visa, passage de notre première frontière à vélo sans encombre! Juste un peu bizarre de rebrousser chemin une fois franchis les contrôles douaniers pour récupérer nos vélos restés côté laotien 😀

Le temps devient très humide, les températures chutent. Nous descendons gentiment vers la Mer de Chine pour rejoindre Hué, la Cité Impériale que nous atteignons le surlendemain sous le soleil mais avec un "petit" 20° ce qui nous change radicalement des 30° minimum du Laos!

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Pour conclure ce carnet de voyage, nous voulons partager notre quotidien de cyclo-voyageurs nomades sur les routes du Laos.

4h45, le reveil sonne une première fois puis à nouveau à 5h. Lise remue à peine et grogne, Simon se lève pour commencer à se préparer et ranger les sacoches. Lise finit par se lever et fait de même. Selon la forme du moment nos montures sont harnachées vers 5h45-6h au moment où le ciel commence à s'éclaircir.

Deux options s'offrent alors à nous, soit nous sommes autonomes pour prendre un léger petit-déjeuner: café soluble avec l'eau encore chaude de la veille dans les thermos et pain de riz avec miel ou beurre de cacahuète et parfois même muesli!!!

Soit, si nos réserves sont à sec (très rare), nous prenons juste une boissons chaude avant de démarrer, thé ou café. Dans la plupart des guesthouses, nous trouvons de l'eau chaude.

Nos premiers coups de pédales oscillent entre 6h15 et 6h30, le soleil est déjà bien levé.

Le ventre vide, nous cherchons rapidement de quoi nous restaurer : nous espérons croiser une vendeuse de petits pains de riz mais le plus souvent nous tombons sur des boutiques qui vendent un tas de cochonneries suremballées… On y trouve quand même des biscuits acceptables. Il nous est aussi arrivé de manger un phô ou du riz gluant en derniers recours!

Etale d'une boutique comme on en a croisé des centaines
Pause café ++ au bord du Mékong

Rassasiés, nous roulons 10-20 bornes avant de faire une "pause café" qui ressemble plutôt à un deuxième p'tit dej!

Et nous repartons pour une bonne session de roulage, psychologiquement nous aimons bien franchir la moitié de l'objectif journalier avant de nous arrêter pour déjeuner, généralement vers 11h. Soit nous avons prévu un pique-nique, souvent un délicieux sandwich acheté le matin même (pain de riz avec une sorte de pâté ou tofu, du soja fermenté, plein d'herbes et plein de sauce aigre-douce pimenté!), soit nous nous arrêtons dans une gargote ou un marché le long de la route pour manger des grillades de poulet et du riz gluant ou encore un pho.

Pour nos pique-niques Lise fait son marché:

Ou dans les grandes villes, qui se sont limitées à Vientiane et Luang Prabang, Sim fait les courses!

Le riz c'est pour la photo, ici il s'achète uniquement par paquet de 5kg!
Un super spot de pique-nique au bord d'une rivière

Sur la route nous faisons partie d'un joyeux mélange hétéroclite de véhicules, surtout aux abords des villes et dans les centres urbains. Ecoliers à vélo, charrettes tractées par une sorte de motoculteur, scooters en tout genre, du plus pétaradant et fumant au plus clinquant, motos, petits camions-bennes, le plus souvent surchargés qui polluent et puent bien (!), "Sŏrngtăaous", mini van ou pick-up modifiés pour accueillir un maximum de personnes et de marchandises, mini-vans et mini-bus de touristes, bus de nuit, camions…. et des pick-up, toujours des pick-up, sans oublier les tuk-tuk!

Tuk-tuk tricycle. A droite, il existe aussi des tuk-tuk sur une base de pick-up semblable aux Sŏrngtăaous

Lorsque nous traversons des villages nous avons droit à des "Sabaïdi", bonjour en Lao, de toute part. Le plus souvent ce sont les enfants qui nous saluent mais aussi certains adultes. Parfois un petite voix s'exclame "sabaïdiiiiiiii!!!" sans que l'on n'aperçoive son auteur bien caché. Les villages sont de véritables basses-cours, coqs (à chaque maison son coq!), poules et poussins et moults espèces de gallinacés et palmipèdes. Il n'est pas rare de voir traverser à toute allure un petit cochon tout noir. Les chiens sont laissés en liberté mais ils sont élevés à la dure et craignent l'homme, ils ont souvent peur de nous. Des petits troupeaux de chèvres et de vaches broutent les bas côtés et des buffles d'eau paissent dans les rizières.

Généralement, nous mettons à profit les jours off pour établir une sorte de road-book prévisionnel avec les villes-étapes idéales. Le plus souvent nous arrivons à être dans les clous, d'autres fois non... Nous devons nous arrêter avant à cause du soleil. Dans tous les cas, nous essayons de respecter un horaire : vers 16h30-16h45, nous commençons à chercher notre logement du soir, ce qui nous laisse environ 1h avant la tombée de la nuit. Lorsque la guesthouse que nous avions repérée la veille ou le jour même est convenable et dans nos prix, c'est cool! On a le temps de se poser! Sinon, on cherche, on demande aux gens et il est possible que nous continuions à pédaler une bonne dizaine de kilomètres avant de trouver une solution. Nous avons dû "planter" la tente seulement deux fois.

Nous devons négocier le prix des chambres la plupart du temps. Nous devons parlementer car ils veulent systématiquement nous loger dans les chambres les plus chères ! Avec clim, ventilateur et télé… Ils pensent nous faire plaisir en nous montrant la clim mais après une journée d'effort sous des températures de plus de 30° la clim ce n'est pas bon ! Mais ça ils ont du mal à le comprendre. Nous leur disons: "no, no, only fan and hot-water". Et oui, ici ils louent des chambres sans eau chaude et même parfois, sans douche! Avec seulement un tonneau d'eau froide et une écuelle! (on ne parle pas de la fois où on a dormi chez l'habitant mais de vraies guesthouses qui s'apparenteraient à des motels chez nous).

Une fois installés, nous ne faisons pas de vieux os ! Nous cherchons une gargote pour dîner, ou si la guesthouse est vraiment trop paumée nous demandons de l'eau chaude et nous « tapons » dans notre stock de nouilles instantanées!

Puis on lit quelques lignes avant l'extinction des feux vers 21h30-22h dernier carat!