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Après un mois passé à traverser le Laos, nous revoici au Vietnam à la découverte du centre et du Sud. Delta du Mékong nous voici! Explication de titre : https://www.youtube.com/watch?v=uJ-t9PM4nbs
Du 5 décembre 2019 au 16 janvier 2020
43 jours
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Nous voici de retour au Vietnam! Nous rentrons au niveau de Lao Bao, c'est notre premier passage de frontière à vélo! Ca se passe plutôt bien, c'est toujours un peu stressant ces moments là! Surtout que les douaniers vietnamiens ne sont pas là pour détendre l'atmosphère, les bâtiments non plus, très froids et austères.

Dès que nous passons la frontière, le temps change, un petit crachin s'installe, il ne va pas nous quitter jusqu'à la côte où nous faisons une halte dans la ville de Dong Ha chez un warmshower.

En partant de chez notre warmshower Huang Tao

Nous repartons le lendemain vers notre prochaine étape, Hué l'ancienne cité impériale où nous prévoyons de rester une journée et deux nuits. Pour changer un peu des guesthouses, nous nous offrons un sympathique hôtel en centre-ville avec de bonnes prestations : verre de bienvenue, hall propre et lumineux, décorations de Noël, petite musique jazzy, chambre irréprochable avec un vrai lit (dans les guesthouses il y a uniquement un drap housse voire un simple protège-matelas en plastique et une fine couverture, on utilise à chaque fois nos sacs à viande), des murs propres, des tables de chevet, bref une chambre d'hôtel aux normes occidentales! Et ça fait un bien fou, ne serait-ce que de prendre une douche dans une vraie douche avec des parois!!! Pour 22€ la nuit avec un petit-déjeuner buffet (une grande première!), on ne boude pas notre plaisir.

Comme nous sommes arrivés dans l'après-midi, nous avons le temps de nous balader dans le centre-ville. C'est très animé, beaucoup de bars et resto branchés, quelques rues sont piétonnisées en soirée, quel bonheur de déambuler sans être gênés par les scooters!!

Le lendemain, nous partons à la découverte de la citadelle et sa cité impériale, de l'autre côté de la rivière des Parfums. La cité impériale est très impressionnante, c'est grandiose et surtout immense! On y passe 3 bonnes heures et encore on a fait vite et on n'a pas tout vu.

La cité Impériale et...
la cité Interdite

Notre longue visite de la cité impériale et de la cité interdite se finit au crépuscule, il est temps d'aller manger! Nous nous dirigeons vers une adresse conseillée par la réceptionniste de l'hôtel.

Et le lendemain matin patatra! Lise ne se sent pas bien, elle a mal au ventre… Nous devons nous rendre à l'évidence, elle ne peut pas remonter sur le vélo dans cet état et nous prenons la décision de prolonger notre séjour à Hué d'une journée. Pendant que Lise reste alitée presque toute la journée, je sors en exploration pour faire quelques courses. Le soir, c'est riz vapeur pour Lise, ça à l'air de passer!

Après une nuit acceptable, Lise ne peut apprécier le buffet petit-déj autant qu'elle l'aurait souhaité mais c'est reparti! Direction Hoi An. Nous avons prévu d'y arriver en 3 jours, une première petite étape d'approche qui se termine au pied du col des Nuages puis la grimpette et la descente sur Da Nang et enfin une toute petite étape de 30 bornes pour arriver tôt à Hoi An et en profiter. Sur le papier, mis à part le col, c'est relativement tranquille, mais ça ne va pas se passer comme prévu! Lise n'est en fait pas encore remise de son indigestion, elle est épuisée, nous devons écourter notre première étape et échouons dans un hôtel miteux... A peine arrivés (vers 16h) et Lise s'endort pendant 3 bonnes heures. Le lendemain matin, Lise ne va toujours pas mieux, mais courageuse elle repart pour une journée galère… Après quelques kilomètres et la traversée de notre premier tunnel à vélo (seulement 350m mais ça suffit pour être stressant!), Lise se sent mal et doit faire une pause. Elle s'allonge et fait un petite sieste. De retour en selle, ce n'est toujours pas ça… c'est alors que j'ai une idée pour la soulager et lui éviter le mouvement de pédalage qui n'arrange pas son mal au ventre, je propose de la tracter. Et ça marche! Sur la trentaine de kilomètres tout plats qui nous emmènent au pied du col des Nuages, Lise a pu se reposer et elle se sent mieux.

Le dispositif de "tractage"
Lise au pied du col des Nuages puis au sommet

Nous faisons un break pour manger, le riz vapeur passe bien, elle reprend des couleurs! Un coca plus tard, nous décidons de nous attaquer au col: 10 kilomètres d'ascension, 500 mètres de dénivelé positif à une moyenne de 5-6%, largement dans nos cordes en temps normal. Je me sens en super forme et capable de remettre en marche si nécessaire la technique de tractage expérimentée le matin. Lise grimpe bien la première partie du col mais elle arrive à court d'énergie, le riz vapeur ça ne suffit pas, panne d'essence! On finira le col en pseudo-tandem. Ouf! On est enfin en haut mais il ne faut pas trainer, la nuit arrive! Après une légère collation (toujours du riz vapeur pour Lise) on entame la descente vers Da Nang. En bas, Lise va vraiment mieux, elle semble tirée d'affaire. Malgré la nuit qui tombe nous décidons de poursuivre aidés par l'éclairage public. Pour fêter cette grosse journée, nous nous accordons une nuit dans un super hôtel sur le front de mer de Da Nang, troisième plus grande ville du Vietnam. Il reste tout de même à parcourir 20km en ville pour pouvoir enfin se reposer et profiter de l'hôtel!

Le front de mer de Da Nang
Lise apprécie la piscine et notre petite vue depuis notre chambre au 16e étage!

Le lendemain est une journée que l'on surnomme journée demi-off. Grasse matinée jusqu'à 8h puis petit déjeuner-buffet de dingue que Lise peut enfin apprécier, baignade pour Lise dans la piscine de l'hôtel, puis petite balade sur la plage et on part pour seulement 30 bornes tout plat jusqu'à Hoi An!

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Nous avons prévu de séjourner deux jours à Hoi An, une journée pour se balader en ville et une autre pour aller visiter le sanctuaire Cham à une quarantaine de kilomètres de là.

Malheureusement, le matin où nous commençons notre tour en ville il bruine ...mais ça a le mérite de retenir pour un moment les groupes de touristes. Le déferlement de touristes asiatiques (majoritairement Chinois) arrivera tout de même vers 17h pour admirer l'illumination de Hoi An et repartira tout aussi vite après 18h30.

Hoi An sous une fine pluie, les anciennes échoppes des commerçants sont toutes reconverties en boutiques de souvenirs
 ou en cafés, bars et restaurants
Hoi An fut un carrefour commercial où Chinois, Japonais et Européens (Hollandais, Anglais, Français et Portugais)
commerçaient jusqu'à la fin du 18ème siècle. Maintenant, les quais sont encombrés par une file presque continue de pousse-pousse…
Le Pont-pagode japonais
L'intérieur du pont construit par les Japonais recouvert d'une pagode par les Chinois.
A la nuit tombée, Hoi An s'illumine! 


L'ancien quartier français avec ses maisons à colonnades
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Le lendemain de notre visite de Hoi An le temps vire au beau, c'est cool car nous avons prévu de partir en excursion! Le sanctuaire Cham se situe à 45 Km à l'ouest de Hoi An dans les terres, pour nous y rendre nous avons décidé de louer un scooter à notre hôtel, c'est une grande première! La circulation ça va, maintenant on gère mais il va falloir appréhender le pilotage de cet engin, j'ai dû en faire au maximum 2 fois dans ma vie et c'était il y a plus de 15 ans! Après un petit tour de chauffe j'embarque Lise qui a du mal à garder son sérieux. Elle éclate de rire à chaque accélération et à chaque coup de klaxon! D'autant qu'on a l'air ridicule avec nos casques au bol!!

Le sanctuaire My Son fut le centre religieux du royaume des Chams, des dizaines de temples y furent bâtis entre le 4e et le 12e siècle.

Malgré les destructions dues à la guerre contre les Américains, le sanctuaire est impressionnant et touchant. 
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En quittant Hoi An, nous longeons la côte pendant 5 jours et 340 km pour rejoindre Life's a beach, une guesthouse située en bord de plage, pour une journée de repos les pieds dans le sable. Sur la route nous longeons énormément de "Resorts & Spa" qui nous bouchent la vue sur la mer, c'est une mode très envahissante! Beaucoup sont totalement à l'abandon… Puis nous passons près des fermes d'élevage de crevettes sur des kilomètres et des kilomètres, nous ne voyons plus les rouleaux de printemps de la même manière!

Bassin d'élevage de crevette. A droite : de nombreuses tombes sont disséminées dans les dunes...

Il reste trop peu de portions de côtes sauvages à notre goût mais nous arrivons tout de même à trouver des chemins côtiers.

Ce que nous apprécions le plus c'est quand nous prenons de la hauteur, quand ça devient escarpé, alors la vue est époustouflante et récompense largement nos efforts.

Les petites baies se succèdent avec de magnifiques plages désertes!

Dès que le relief le permet, nous traversons des plaines cultivées. Nous avons alors tendance à oublier que le Vietnam est un pays très peuplé quand nous sommes tout seuls au milieu des rizières. Et d'un coup nous débarquons à Quang Ngai, bourgade totalement inconnue de… 300 000 habitants!

Le lendemain nous faisons la connaissance d'un couple de cyclo, Aurélie et Marco qui voyagent depuis bientôt 2 ans (www.421adventure.wordpress.com). On fait un bout de route ensemble et on dort dans la même homestay, c'est sympa de partager nos expériences!

Petit pont qui permet d'admirer ce port de poche fort charmant.

Nous arrivons enfin à Life's a beach, niché au fond d'un village de pêcheurs, au creux d'une petite baie. Cet endroit est vraiment magique, ça pourrait être parfait si notre chambre n'était pas juste à côté du bar avec des murs en bambou! C'est sympa le bambou, c'est charmant et exotique, mais ce n'est pas du tout isolant, on entend absolument tout! Bref nous dormons très peu, le lendemain nous hésitons à partir, le patron vient nous voir, il nous offre la première nuit et nous propose de changer de chambre pour être à l'opposé du bar. Nous acceptons le deal et nous apprécions enfin le calme, seulement troublé par le bruit des vagues…

Après une bonne nuit de sommeil (enfin!) nous réenfourchons nos "bécannes" pour 4 jours afin d'arriver à Nha Trang le 23 décembre dans l'après-midi. Nous continuons de suivre au plus près la côte. Le paysage alterne entre grandes plaines désertiques, dunes et rizières.

On peut voir dans le fond le pont en bois que nous allons prendre, le plus long pont en bois du Vietnam!
A gauche une grande baie tranquille avec un village flottant de pêcheurs.
Petite halte à Doc Let, on y arrive en début d'après-midi et on peut profiter de la plage 😀
Doc Let
Juste avant la descente sur Nha Trang, petite pause en hauteur!
Comme un air de Méditerranée

Arrivée sans encombre à Nha Trang, grande ville connue pour son immense baie (7km de plage en plein centre!!) et ses touristes russes! On nous l'avait déconseillée pour son côté très urbanisé et très touristique, mais l'avantage c'est que la plage est magnifique et il y a tellement d'hôtels que c'est possible de trouver une super chambre pour environ 20€, petit-déjeuner inclus!

Nous passons un réveillon de Noël fort sympathique, entourés de touristes asiatiques et russes. Nous n'avons pas entendu parler français une seule fois, par contre absolument tout est traduit en russe! Parfois même le menu est écrit en vietnamien, chinois et russe, mais pas en anglais…! Avec les décorations et les musiquettes de Noël omniprésentes et les températures avoisinant les 30°C, nous nous demandons un peu où nous sommes! Les soirées sont fraîches, parfois un peu venteuses, ce qui rend la balade sur le front de mer très agréable.


Ici pas de scooters sur la plage et une large promenade plantée isole du bruit du boulevard qui longe la baie.
Apéro le jour de notre arrivée au Louisiane Brewhouse qui donne directement sur la plage.

Afin d'arriver à temps à Saïgon pour fêter le nouvel an, nos vélos repartent de Nha Trang en train le 25 et nous le 26 pour rejoindre la gare de Binh Thuan, à une quarantaine de kilomètres de Mui Né, notre prochaine destination.

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A 10h50 nous embarquons dans la bousculade sans trop savoir où l'on doit monter, les numéros des wagons sont mal indiqués et le train stationne sur la voie opposée, il faut donc traverser la première voie ce qui fait que nous n'avions pas compris que c'était le bon train! Et avec nos 9 sacoches c'est d'un pratique…!!

Arrivés à la gare de Binh Than vers 15h30, comme prévu, il nous reste à parcourir les 36 km qui nous séparent de Mui Né. Nous devons finir les derniers km à la tombée de la nuit… Avant d'y arriver, nous longeons la plage que nous ne voyons pas, cachée par les constructions. Selon les dires de notre hôte, Richard, un Marseillais installé à Mui Né depuis une quinzaine d'années et qui a un business de tour-opérateur spécialisé dans le kite-surf (Mui Né est très réputé pour être venteux), "cette route: c'est Disneyland!" En effet, depuis une dizaine d'années, les 7-8 kilomètres qui n'étaient qu'une plage de sable blanc où les pêcheurs se reposaient à l'ombre des cocotiers, n'ont cessé d'être grignotés par l'installation de restaurants, bars, clubs et "resort and spa" où les touristes (russes dans l'écrasante majorité) se pressent.

Heureusement, Mui Né qui est installée au bout d'une petite péninsule, a su garder son charme authentique de village de pêcheurs. La plage de l'autre côté de la péninsule reste encore sauvage mais sans cocotier...

Le port de pêche de Mui Né
Nous profitons en matinée de la plage sauvage à proximité de notre hébergement...
… puis en fin d'après-midi, de la partie congrue qui reste de la plage aux cocotiers de l'autre coté de la péninsule.

Entre temps, nous nous promenons à la fraîche, les pieds dans l'eau de la Rivière des fées, un petit ruisseau s'écoulant depuis les dunes qui creuse les couches de sable accumulées au fil du temps. C'est un spectacle surprenant, plutôt inattendu!

Puis, c'est le moment tant attendu, nous allons au sommet des dunes rouges qui surplombent la ville. C'est la raison pour laquelle nous sommes venus jusqu'ici. Vite, vite, il s'agit de ne pas rater le coucher du soleil!

Ouf! C'est bon! Après un dernier effort à grimper dans le sable nous arrivons au sommet tout essoufflés mais à temps! Nous ne sommes évidemment pas les seuls, mais cela ne gâche pas notre plaisir.

Il y a énormément de vent!
Nous embrassons du regard toute la péninsule
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28 décembre, il est temps de reprendre la route pour rejoindre Saïgon pour y passer le réveillon du 1er de l'An. Nous avons de la chance cette fois-ci, nous avons eu une réponse positive sur le réseau Warmshower! Nous allons être accueillis par Mr Biker Saïgon, une boutique de vélo qui propose des excursions VTT dans les environs, notamment dans le delta du Mékong. Thai, le boss du "bouclar" propose de nous héberger deux nuits dans l'hôtel juste en face de la boutique-atelier, génial!

Seulement, pour y être le 30 décembre et avoir le temps de s'organiser pour le réveillon, nous ne devons pas chômer et parcourir les 260 kilomètres en 3 jours.

La première journée, nous continuons sur la route côtière construite sur la dune. Le paysage est plutôt aride avec une végétation rase, l'océan parait assez "sauvage". Et qu'est-ce qu'il fait chaud! On sent que l'on se rapproche de l'équateur!

A notre grand étonnement, sur ces terres qui nous paraissent inhospitalières (c'est sec, isolé et battu par les vents), nous sommes encore une fois témoins d'une urbanisation de la côte complètement anarchique. Des resorts inachevés se succèdent tandis que des chantiers gigantesques de complexes hôteliers "luxueux" poussent comme des champignons. Les bâches avec les visuels idéalisés des futurs projets se suivent et se ressemblent, la plupart sont blanchies par le soleil. On ne comprend pas cette frénésie de construction car manifestement ça ne fonctionne pas!

Ces squelettes de béton nous désolent

Heureusement, nous arrivons dans un endroit magnifique, le cap de Ké Gà. La route qui y menait n'est plus accessible, un immense hôtel est construit dessus (plus rien ne nous étonne!), nous devons prendre un sentier étroit pour y arriver.

Cap Ké Gà 

La deuxième journée se passe sans accros, toujours dans la chaleur. Nous nous éloignons de la côte et bifurquons dans les terres pour nous rapprocher de la mégalopole. Nous faisons pas mal de pauses "fraicheur" dans l'un des nombreux cafés ombragés qui jalonnent le parcours: "Cà phê đen" pour Simon et "cà phê sũa" pour Lise. Nous avons beaucoup progressé en vietnamien (!), đen signifie noir (donc café sans sucre ni lait) et sũa signifie lait, en réalité il s'agit de lait concentré sucré. Les cafés sont toujours servis dans des grands verres remplis de glaçons. Il faut préciser que pour nous c'est imbuvable en l'état! Le café est très épais et âcre, et avec le lait concentré sucré c'est carrément écœurant!! L'astuce consiste donc à attendre patiemment que les glaçons fondent et là ça devient un nectar délicieux et bien rafraîchissant.

Le petit port de pêche de La Gi

La dernière étape d'une soixantaine de kilomètres est une véritable épreuve! Nous passons toute la journée sous une chaleur étouffante et dans la circulation qui n'arrête pas de s'amplifier… Mais bon an mal an nous finissons par arriver chez Mr Biker tendus comme des cordes à linges! L'accueil chaleureux d'Eli et Anton, les occidentaux de la team fait retomber le stress et nous profitons d'une agréable soirée en leur compagnie.

Comme d'habitude lors des longues pauses nous consacrons la première journée à la logistique (lessives, courses, planification des prochaines étapes) et au repos. Et cette fois-ci, nous profitons de l'atelier de Mr Biker pour nettoyer en profondeur les vélos et effectuer un check-up complet. A bientôt 3000 Km au compteur c'est plus que nécessaire!😀

Nous sommes invités dans la belle-famille de Thai pour le réveillon, à 2 bonnes heures de route au nord de Saïgon. Nous nous y rendons en bus VIP (les mêmes que nous adorons détester quand nous sommes à vélo!!) avec Thai, sa femme et ses deux filles, Eli, sa copine Phoebe et John, un cyclo anglais hébergé par Mr Biker qui fait le même trajet que nous mais en sens inverse! Nous arrivons dans une grande maison au bord d'une grosse route très passante, nous sommes attendus et nous nous mettons à la préparation du barbecue. En réalité c'est un jour comme un autre pour les Vietnamiens, leur fête du Nouvel An (Têt) a lieu entre le 20 janvier et le 21 février en fonction de la première pleine lune au milieu de cette période. Pour Thai c'est l'occasion de faire un repas en famille puisque le 1er janvier est tout de même férié.

L'ambiance est très chaleureuse, nous mangeons assis par terre en cercle devant la maison, la salle à manger est trop petite pour tous nous accueillir. C'est très varié, porridge de riz au poulet, salade de papaye-oignons-poulet, crevettes grillées, poulet et porc marinés grillés. Tout cela accompagné bien sûr de riz vapeur avec un large choix de sauces! Sauce soja pimentée, sauce "sweet & sour", sauce à la citronnelle et sauce à la cacahuète!

Simon au barbecue et Lise le lendemain matin fait des beignets à la banane

Nous passons une très agréable soirée, la communication avec les parents n'est pas aisée et reste succincte. Thai fait la traduction et nous raconte un peu l'histoire de la famille. Il nous parle aussi de son enfance. Nous découvrons qu'il a notre âge! On essaye d'imaginer ce qu'il a vécu et prenons encore plus conscience de notre enfance privilégiée. Le village où il a grandi a été électrifié seulement en 1995. Pendant que nous jouions aux billes lui faisait chauffer des munitions trouvées par-ci par-là pour les faire exploser ou les vidait et allumait la poudre pour faire un feu de joie, tandis que ses parents s'éreintaient dans les rizières...

La soirée continue sur d'autres discussions plus légères jusqu'au décompte: "3, 2, 1 HAPPY NEW YEAR! HAPPY TWEN'Y TWEN'Y!"

Et là, mais qu'est-ce que je vois, Thai sort une bouteille de XO Rémy Martin, je rêve! J'essaye de leur expliquer comment le déguster mais c'est peine perdue, ils le boivent cul sec! Comme un vulgaire shot de téquila… Par contre, ça les fait bien rigoler de me voir humer et savourer ce nectar qui me ramène immédiatement chez moi au milieu des vignes.

Le surlendemain nous partons à la découverte de Saigon.

La poste principale de la ville, restée dans son jus c'est une attraction touristique!
L'ancien hôtel de ville
Nous apprécions les grands espaces et la verdure, nous trouvons que c'est plus agréable que Hanoï!
A gauche la tour emblématique de Saïgon, la tour Bitexco

Nous avons l'impression de ne pas avoir suffisamment pu profiter de la ville. En effet pendant presque tout notre séjour nous n'étions pas en super forme… Lise a eu de nouveau des soucis d'estomac qui lui ont gâchés son réveillon, et se remet doucement. Dans le même temps nous n'avons pas beaucoup d'énergie, nous sommes un peu fiévreux et même nauséeux! Nous mettons ça sur le compte de la chaleur humide et surtout de l'exposition aux gaz d'échappement et aux feux de bois. Il faut savoir que toutes les gargotes cuisinent au bois et nous respirons la fumée en permanence.

Nous reprenons la route le 4 janvier, nous nous sentons en meilleure forme pour partir à la découverte du delta du Mékong. Nous sommes impatients!

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Nous avons prévu 5 jours de vélo de Saigon jusqu'à Chau Doc, ville frontalière avec le Cambodge. Le delta du Mékong est un endroit qui nous inspire et nous intrigue, nous imaginons des espaces sauvages, des zones marécageuses, de la végétation luxuriante, hors du temps, avec des habitants imprégnés de pratiques millénaires… Nous avons une vision très rurale et paisible alors que c'est une des régions les plus peuplées du Vietnam!!

Nous avions une légère appréhension pour sortir de Saïgon, vite dissipée en apprenant que Mr Biker organisait une sortie dans le delta le jour de notre départ et que l'on pouvait s'y joindre. Il ne fallait pas nous le dire deux fois!

Samedi 4 janvier 2020, 6h30, nous quittons Mr Biker. Rien à voir avec notre arrivée, la sortie de la mégalopole se fait relativement en douceur et assez rapidement grâce au tracé expert de Thai. Nous prenons même des sentiers que nous n'aurions pas eu l'idée ou l'audace de prendre!

Filmé par Eli qui nous guide sur les sentiers de plus en plus étroits!

Il faut dire qu'un passage fut plus que chaud! Ce petit pont de bois a bien craqué sous notre poids et celui des vélos… Il s'en est fallu de peu pour que Lise tombe à l'eau, déséquilibrée par le poids de son vélo! Pour passer le mien, nous avons dû le délester des 2 sacoches avant pour pouvoir le manœuvrer!

Nous prenons ensuite un bac, 1er d'une longue série dans le delta! Nos débuts ressemblent bien à l'image que nous nous étions faite!

Viens ensuite l'heure des séparations, le groupe fait une boucle et rentre vers Saïgon. Un petit selfie avec Eli pour immortaliser cela!

Lors de la suite du voyage, il est inévitable de prendre des grands axes mais dès que possible nous prenons la tangente, le long des canaux d'irrigation. Nous traversons villages et rizières, les sourires et les salutations des habitants du delta nous réjouissent. Cela faisait depuis le Laos que nous n'avions pas été accueillis d'une telle manière!

Port de My Tho au bord d'un des 9 bras originels du Mékong (les 9 dragons dans la légende vietnamienne)

Ca y est! Après plus de deux milles kilomètres, nous retrouvons le Mékong à My Tho que nous avions laissé à Thakhek au Laos! Aujourd'hui le Mékong se divise en 4 bras principaux et en multiples canaux.

Le petit marché flottant de Cai Bé 

Depuis Cai Bé nous prévoyons de prendre un bateau pour rallier Vinh Long. Cela permet de découvrir le delta sur l'eau et d'éviter un itinéraire fastidieux pour récupérer un grand pont. Au "Tourist information center" nous croyons trouver des guichets officiels, en fait il n'y a que des rabatteurs!! C'est une grande pièce vide avec une simple carte accrochée au mur, et des touristes avec leurs guides qui discutent avec une dame. Nous ne comprenons pas trop à qui il faut s'adresser, nous posons la question à un gars dans un coin avec un ordi qui nous désigne une autre dame. Nous lui montrons sur la carte où nous voulons aller (12km à vol d'oiseau) et elle nous dit que ça coûte 1 000 000 de VND!!! Comme nous nous étonnons du prix (étonner est un faible mot), elle accepte généreusement de baisser: "for you only 900 000!". Nous devons négocier fermement et partir sans nous retourner pour qu'elle accepte enfin un prix qui nous semble correct: 500 000 VND. Il faut dire que c'est un endroit où les touristes arrivent en minivan par centaines chaque jour, ce qui complique la négociation.

La traversée avec nos vélos se passe sans encombre, nous allons d'un bras du fleuve à un autre à travers une île, où à la fin du 19 siècle, un canal fut creusé à la main!

Nous réalisons l'ampleur du delta une fois sur l'eau!

De Vinh Long, nous continuons tout droit vers le sud-est en direction de Can Tho la plus grande ville du delta, 1,5 millions d'habitant tout de même! Nous venons ici pour découvrir le plus grand marché flottant du delta. Lever 4h15, départ de la guesthouse à 4h50 pour être à l'embarcadère à 5h!! Première surprise, le marché est à une bonne demi-heure de bateau de l'embarcadère, sur les 2h qu'on nous vend ça fait beaucoup. Deuxième surprise, quand nous arrivons sur place il fait…toujours nuit!!! Donc nous ne voyons rien et ce n'est pas du tout éclairé. Mais pourquoi on nous a fait partir à 5h? Troisième surprise et la plus grosse: ce n'est pas du tout comme nous l'avions imaginé. Nous pensions trouver un marché avec des petites barques sur lesquelles les maraîchers viennent vendre leurs productions locales, fruits, légumes, fleurs…

Mais où sont les étals??
Chaque bateau signale sa spécialité par un mât où sont accrochés légumes ou fruits.

Nous nous attendions à une profusion de couleurs et à une ambiance survoltée. En fait c'était comme ça il y a 10 ans!! Aujourd'hui avec le développement du transport routier, ce n'est plus qu'un marché de gros, avec des bateaux décrépis qui vendent chacun une sorte de fruits ou de légumes à des restaurateurs ou des épiciers, donc il n'y a absolument rien d'intéressant à voir! Nous ne comprenons pas pourquoi les gens viennent encore ici alors que le marché comme on nous le vend n'existe plus!

Nous repartons de Can Tho très déçus, c'est très éloigné de ce que nous avions en tête. On nous vend une image d'Epinal…

Nous obliquons ensuite au nord-ouest et filons tout droit vers Chau Doc, ville frontalière avec le Cambodge. Cette dernière étape nous a réconciliés avec le delta!

Nous retrouvons des petits chemins entourés de végétation luxuriante.
C'est ici que l'on peut vérifier le surnom de la région: le grenier à riz!
Des canaux et des ponts partout, un régal pour les yeux!
Maison typique sur pilotis des habitants du delta. Il y a plusieurs minorités, notamment Khmers et Chams.
Le premier temple Khmer que nous croisons 
Ce petit marché était bien plus sympathique que le marché flottant.
Même pas cap' Lise! à droite le gigantesque et très authentique marché de Chau Doc avec pleins de produits inconnus!
Des poissons qui sèchent, et à droite, un village flottant de pêcheurs Chams 

Nous restons 2 nuits à Chau Doc. En premier lieu nous pensions prendre un bateau rapide depuis Chau Doc pour rejoindre Phnom Penh en 4-5h mais nous nous sommes heurtés à un fonctionnement assez trouble et douteux. Nous somme obligés de passer par un intermédiaire pour prendre nos billets, une nouvelle fois pas de guichet! L'intermédiaire prend évidement sa commission et devient agressif quand nous souhaitons comparer les prix et négocier. Bref, cela ne nous a pas plu du tout! Puisque c'est comme ça, nous allons prendre nos vélos! Mais ça, c'est une autre histoire!

Vue depuis le sommet du mont Sam, colline d'environ 270m à 7 km de Chau Doc. En face c'est le Cambodge!