28 décembre, il est temps de reprendre la route pour rejoindre Saïgon pour y passer le réveillon du 1er de l'An. Nous avons de la chance cette fois-ci, nous avons eu une réponse positive sur le réseau Warmshower! Nous allons être accueillis par Mr Biker Saïgon, une boutique de vélo qui propose des excursions VTT dans les environs, notamment dans le delta du Mékong. Thai, le boss du "bouclar" propose de nous héberger deux nuits dans l'hôtel juste en face de la boutique-atelier, génial!
Seulement, pour y être le 30 décembre et avoir le temps de s'organiser pour le réveillon, nous ne devons pas chômer et parcourir les 260 kilomètres en 3 jours.
La première journée, nous continuons sur la route côtière construite sur la dune. Le paysage est plutôt aride avec une végétation rase, l'océan parait assez "sauvage". Et qu'est-ce qu'il fait chaud! On sent que l'on se rapproche de l'équateur!
A notre grand étonnement, sur ces terres qui nous paraissent inhospitalières (c'est sec, isolé et battu par les vents), nous sommes encore une fois témoins d'une urbanisation de la côte complètement anarchique. Des resorts inachevés se succèdent tandis que des chantiers gigantesques de complexes hôteliers "luxueux" poussent comme des champignons. Les bâches avec les visuels idéalisés des futurs projets se suivent et se ressemblent, la plupart sont blanchies par le soleil. On ne comprend pas cette frénésie de construction car manifestement ça ne fonctionne pas!
Heureusement, nous arrivons dans un endroit magnifique, le cap de Ké Gà. La route qui y menait n'est plus accessible, un immense hôtel est construit dessus (plus rien ne nous étonne!), nous devons prendre un sentier étroit pour y arriver.
La deuxième journée se passe sans accros, toujours dans la chaleur. Nous nous éloignons de la côte et bifurquons dans les terres pour nous rapprocher de la mégalopole. Nous faisons pas mal de pauses "fraicheur" dans l'un des nombreux cafés ombragés qui jalonnent le parcours: "Cà phê đen" pour Simon et "cà phê sũa" pour Lise. Nous avons beaucoup progressé en vietnamien (!), đen signifie noir (donc café sans sucre ni lait) et sũa signifie lait, en réalité il s'agit de lait concentré sucré. Les cafés sont toujours servis dans des grands verres remplis de glaçons. Il faut préciser que pour nous c'est imbuvable en l'état! Le café est très épais et âcre, et avec le lait concentré sucré c'est carrément écœurant!! L'astuce consiste donc à attendre patiemment que les glaçons fondent et là ça devient un nectar délicieux et bien rafraîchissant.
La dernière étape d'une soixantaine de kilomètres est une véritable épreuve! Nous passons toute la journée sous une chaleur étouffante et dans la circulation qui n'arrête pas de s'amplifier… Mais bon an mal an nous finissons par arriver chez Mr Biker tendus comme des cordes à linges! L'accueil chaleureux d'Eli et Anton, les occidentaux de la team fait retomber le stress et nous profitons d'une agréable soirée en leur compagnie.
Comme d'habitude lors des longues pauses nous consacrons la première journée à la logistique (lessives, courses, planification des prochaines étapes) et au repos. Et cette fois-ci, nous profitons de l'atelier de Mr Biker pour nettoyer en profondeur les vélos et effectuer un check-up complet. A bientôt 3000 Km au compteur c'est plus que nécessaire!😀
Nous sommes invités dans la belle-famille de Thai pour le réveillon, à 2 bonnes heures de route au nord de Saïgon. Nous nous y rendons en bus VIP (les mêmes que nous adorons détester quand nous sommes à vélo!!) avec Thai, sa femme et ses deux filles, Eli, sa copine Phoebe et John, un cyclo anglais hébergé par Mr Biker qui fait le même trajet que nous mais en sens inverse! Nous arrivons dans une grande maison au bord d'une grosse route très passante, nous sommes attendus et nous nous mettons à la préparation du barbecue. En réalité c'est un jour comme un autre pour les Vietnamiens, leur fête du Nouvel An (Têt) a lieu entre le 20 janvier et le 21 février en fonction de la première pleine lune au milieu de cette période. Pour Thai c'est l'occasion de faire un repas en famille puisque le 1er janvier est tout de même férié.
L'ambiance est très chaleureuse, nous mangeons assis par terre en cercle devant la maison, la salle à manger est trop petite pour tous nous accueillir. C'est très varié, porridge de riz au poulet, salade de papaye-oignons-poulet, crevettes grillées, poulet et porc marinés grillés. Tout cela accompagné bien sûr de riz vapeur avec un large choix de sauces! Sauce soja pimentée, sauce "sweet & sour", sauce à la citronnelle et sauce à la cacahuète!
Nous passons une très agréable soirée, la communication avec les parents n'est pas aisée et reste succincte. Thai fait la traduction et nous raconte un peu l'histoire de la famille. Il nous parle aussi de son enfance. Nous découvrons qu'il a notre âge! On essaye d'imaginer ce qu'il a vécu et prenons encore plus conscience de notre enfance privilégiée. Le village où il a grandi a été électrifié seulement en 1995. Pendant que nous jouions aux billes lui faisait chauffer des munitions trouvées par-ci par-là pour les faire exploser ou les vidait et allumait la poudre pour faire un feu de joie, tandis que ses parents s'éreintaient dans les rizières...
La soirée continue sur d'autres discussions plus légères jusqu'au décompte: "3, 2, 1 HAPPY NEW YEAR! HAPPY TWEN'Y TWEN'Y!"
Et là, mais qu'est-ce que je vois, Thai sort une bouteille de XO Rémy Martin, je rêve! J'essaye de leur expliquer comment le déguster mais c'est peine perdue, ils le boivent cul sec! Comme un vulgaire shot de téquila… Par contre, ça les fait bien rigoler de me voir humer et savourer ce nectar qui me ramène immédiatement chez moi au milieu des vignes.
Le surlendemain nous partons à la découverte de Saigon.
Nous avons l'impression de ne pas avoir suffisamment pu profiter de la ville. En effet pendant presque tout notre séjour nous n'étions pas en super forme… Lise a eu de nouveau des soucis d'estomac qui lui ont gâchés son réveillon, et se remet doucement. Dans le même temps nous n'avons pas beaucoup d'énergie, nous sommes un peu fiévreux et même nauséeux! Nous mettons ça sur le compte de la chaleur humide et surtout de l'exposition aux gaz d'échappement et aux feux de bois. Il faut savoir que toutes les gargotes cuisinent au bois et nous respirons la fumée en permanence.
Nous reprenons la route le 4 janvier, nous nous sentons en meilleure forme pour partir à la découverte du delta du Mékong. Nous sommes impatients!