3 étapes
8 commentaires
Dans ce carnet, nous partons à la rencontre des ethnies du Nord dans la région de Sapa. Paysages de rizières, de plantations de thé et de forêts de bambou.
Du 25 au 29 octobre 2019
5 jours
Partager ce carnet de voyage
1

Nous partons en train de nuit depuis la "Ga" de Hanoi. Il y a beaucoup de mots écrits en phonétique en vietnamien, héritage légué par Alexandre de Rhodes au 17e siècle, un missionnaire catholique qui a transcrit la langue locale en alphabet latin. On retrouve par exemple Cà phê pour café ou encore bia qui se prononce bi-è pour bière.

Pour organiser notre virée dans le nord et à la baie de Lan Ha, nous avons fait appel à une agence de voyage, la compagnie Bourlingue. Nous n'avons pas beaucoup de jours pour découvrir le nord car notre planning est serré. Avant d'aller au Laos, nous aimerions passer par la "baie d'Halong terrestre" qui n'est pas vraiment sur la route, bref il ne faut pas trainer!

Le rendez-vous est fixé à 20h vendredi soir (25/10) avec Trang ("Tr" se prononce "Tch") de l'agence de voyage avec qui nous avons préparé un séjour à la carte: nous avons un guide et un chauffeur rien que pour nous deux!

Nous allons rapidement diner dans une gargotte près de la gare, Trang nous donne une technique pour savoir où nous pouvons manger sans crainte: si nous voyons une grosse marmite qui fume, c'est bon, on peut y aller! Ça veut dire que la viande a mijoté pendant de longues heures et qu'elle est bien cuite.

Au menu du soir: une sorte de "phở" (à prononcer à la limite entre le "o" et le "e" en faisant trainer). C'est un bouillon de légumes et de viande, ici tomates, ananas et du bœuf avec des noodles. Le bouillon est relevé avec BEAUCOUP de ciboulette, d'ail et de gingembre le tout accompagné d'une sauce au piment! Un régal! Trang nous apprend que la recette est tenue secrète et transmise de génération en génération. Souvent les restaurants ne servent qu'une seule spécialité.

Nous retournons à la gare et patientons dans la salle d'attente où il y a beaucoup d'Occidentaux. Il est 21h, ça y est on peut monter dans le train, on doit traverser les voies pour y accéder, nous ne comprenons pas tout de suite comment fonctionne la numérotation des wagons mais nous finissons par trouver le nôtre.

Nous partageons la petite cabine avec un couple de...Français qui ont l'air d'être fraichement retraités! Il y a tout juste la place pour 4 couchettes et une petite table avec un plateau de bienvenue, petites bouteilles d'eau et barres chocolatées. Il y a 2 lavabos à l'entrée du wagon et des toilettes. C'est propre et il n'y a plus qu'à se brosser les dents, à déplier la couette, Lise en bas et Simon en haut, et c'est parti pour 7h30 de train couchette pour faire 290 km…!

Il est 22h, le train s'ébranle enfin, quelle ponctualité! Nous frôlons les maisons, c'est comme si la voie ferrée se cherchait un chemin à travers la ville. A quelques centimètre des gargottes et des cafés, nous pouvons presque lire les menus sur les cartes! Très impressionnant!

Photo prise quelques jours plus tôt en nous baladant

Puis le train emprunte le pont "Eiffel" Long Bien enjambant le fleuve Rouge. C'est le pont par lequel les Français se sont retirés d'Hanoi en 1954. Seuls les "motobikes" (et le train) peuvent maintenant y passer et elles nous doublent! C'est dire à quelle "vitesse" nous roulons...

Nous quittons finalement la banlieue et commençons à nous installer pour notre nuit. Très rapidement nous réalisons qu'elle sera TRÈS mouvementée, dans le 1er sens du terme! Les couchettes ne font pas plus d' 1,80m, Simon peut en témoigner:

En effet, les pieds à la verticale, la tête sur le côté contre la paroi, impossible de rentrer mon 1,82m même dans la (petite) diagonale… J'opte pour la position du fœtus sur un côté puis l'autre. Et le matelas! On ne peut pas vraiment parler de matelas mais plutôt de tatami… sur ressort! On est secoué dans tous les sens, par moment, on avait l'impression de faire des bonds de 2 m! Puis ça se calmait, le train s'arrêtait dans une des nombreuses gares du parcours, puis c'était reparti pour un tour, le parc Astérix n'a qu'à bien se tenir! Bref, imaginez la nuit que j'ai passée… Et Lise qui me dit en sortant du train: "Ah?!, et bien moi, j'ai plutôt bien dormi!" Elle avoue tout de même ne pas savoir comment elle a fait pour s'endormir en étant brassée en permanence...

2

Il est environ 5h30 quand nous émergeons de nos "couchettes" et retrouvons notre guide à la sortie de la gare. Il nous attend avec un panneau à notre nom. Il s'appelle "Su", prononcez "Sou", il a l'air jeune et sympathique. Nous apprendrons plus tard qu'il a 25 ans et qu'il est né dans la vallée de Lao Chai (que nous allons visiter les 2 jours suivants). C'est un Hmong Noir, une des 25 ethnies qui composent le Nord Vietnam (sur les 54 que compte le Vietnam dans sa totalité).

Un petit déjeuner et une douche nous attendent de l'autre côté de la rue, juste en face de la gare, au Terminus Restaurant. Café vietnamien: une sorte de filtre en inox qui contient de l'eau chaude et du café moulu est placé au dessus de nos tasses en verre et le café s'écoule lentement, pain-beurre-œufs (au bacon pour Sim et brouillé pour Lise). On aurait pu prendre un phô ou des nouilles sautées mais on a fait nos petit joueurs… La douche prise, le chauffeur nous attend déjà pour aller à Can Cau, à 2h30 de route. On décolle à 7h30, on fait un petit crochet par la frontière avec la Chine, nous n'avions pas fait attention que Lao Cai est une ville frontalière!!

A la frontière chinoise, le long du Fleuve Rouge 

Ça parait complètement improbable de se retrouver là! Clic-clac, les photos sont dans la boite et on repart, la route commence à s'élever, à se rétrécir et à tournicoter de plus en plus, on est bien à la montage. Une montagne escarpée en pleine jungle! C'est un enchainement de pics recouverts d'une végétation luxuriante: forêt de bambous, bananiers, papayers, on aperçoit les premiers terrassements et les plantations de thé vert! Dans la vallée, entre les champs de cannes à sucre, nous découvrons les rizières à perte de vue.

Malgré la succession de virages nous nous assoupissons. Nous sommes réveillés par un gros nid de poule juste à l'entrée de Can Cau, aujourd'hui c'est jour de marché! Vous connaissez Lise, nous ne sommes pas là par hasard!

Notre guide nous précise que nous sommes en pays Hmong (qui se dit "mongue"), mais ici, ce sont les Hmong-Colorés ou Flower-Hmong en anglais. Il faut passer les parkings à scooters avant d'accéder au marché, c'est évidement haut en couleur! La population locale vient ici pour s'approvisionner en tissus et en habits traditionnels de fêtes. La richesse des matières est impressionnante, le succès est tel auprès des touristes que beaucoup d'objets sont maintenant fabriqués à une échelle industrielle, le plus souvent en Chine. On retrouve les mêmes sacs, les mêmes chapeaux et les mêmes babioles dans tous les stands. Il y a même des bols en noix de coco qui ne sont pas du tout traditionnels, et pour cause il n'y a pas de cocotiers dans les montagnes! Grâce à notre guide nous repérons ce qui est fait main et nous craquons pour 4 magnifiques taies d'oreiller en bakit, teinture à base d'indigo avec des motifs dessinés à la cire d'abeille et des broderies.

La plupart des femmes portent encore les tenues traditionnelles
Les montagnes qui entourent Can Cau, avec les nuages accrochés à leur sommet, comme un petit air des Andes! 

Le marché n'est pas très grand, nous en faisons assez vite le tour. Nous retrouvons notre 4x4 pour rejoindre Bac Ha (se dit "Ba Ha") la grande ville de la région pour déjeuner et ensuite retrouver notre "Home-stay".

En chemin nous visitons le vieux Bac-Ha situé sur les hauteurs. Grace à notre guide nous pouvons découvrir le quotidien des habitants. Une gentille dame accepte de nous faire renter chez elle et Su nous explique qu'elle est en train de préparer de l'alcool à base de maïs.

Maison traditionnelle, paysage luxuriant et alambic Hmong 

Notre gîte est situé face à des rizières à l'écart de la ville. C'est une très jolie maison en bois assez récente avec un balcon terrasse tout le long de l'étage et une vue dégagée sur un paysage très paisible.

Nous arrivons les premiers et nous avons droit à la seule vraie chambre de l'étage, c'est-à-dire qu'il y a un mur en planches de bois et une porte; les autres "chambres" sont simplement séparées par des rideaux. C'est très cosy, simple et propre. Après une sieste bien méritée, nous partons faire une balade dans les rizières et les potagers, c'est très bucolique et apaisant, ça change de Hanoï! Juste avant la tombée du jour nous revenons au gîte et faisons connaissance avec les autres touristes, tous Français! En tout nous sommes 10 adultes et 2 enfants, c'est très convivial. Le dîner est servi sur la terrasse couverte, c'est une profusion de spécialités vietnamiennes, au son des coassements des grenouilles et crapauds qui peuplent les mares alentours. A la fin du repas, l'ambiance monte d'un cran avec la dégustation de shots d'alcool de riz, appelé "Happy water"! Nous apprenons la formule pour trinquer: "Môt hai ba dô!" (qui se prononce Mo - Haï avec un h aspiré - Baa - Zooooo!!), ce qui veut dire 1, 2, 3 santé! La tradition veut qu'on se sert la main après avoir bu cul sec. Et bien sûr chaque tablée joue à qui scandera la formule le plus fort. Puis un guide amène un micro combiné avec une enceinte blutooth, c'est l'heure du karaoké!! On a la totale, on est aux anges. La soirée se poursuit en enchaînant les standards francophones et vietnamiens, l'occasion de savoir ce qui est connu par ici et même de faire de belles découvertes! Je vous laisse en juger: https://www.youtube.com/watch?v=K5axIRMntLw

Il est 22h30 et la soirée se termine doucement, il est temps d'aller se coucher après cette riche et longue journée!

Une petite dernière pour la route: https://www.youtube.com/watch?v=eXF6hDCsPuU

Vue depuis la terrasse des chambres et balade au milieu des rizières 

3

Le lendemain petit-déjeuner à 7h, nous ne sommes pas très frais, nous avons peut-être un peu abusé de l'happy water… La nuit fut calme, on est entouré par le silence, c'est très apaisant. Un bon café soluble accompagné de crèpes au miel et de bananes nous remet d'aplomb, et nous quittons à regret ce petit havre de paix. Direction le marché de Bac Ha: celui-ci est énorme! En arrivant sur la gauche, un marché aux bestiaux avec des buffles pas commodes par dizaines, et sur la droite un marché aux chiots, autant je ne suis pas trop fan des chiens, autant là j'ai envie d'adopter toute une fratrie!!

Il y a tellement de monde que nous pouvons difficilement nous frayer un chemin pour voir les petits chiens de plus près, il n'y a que des locaux. Pour le moment nous n'avons pas vu de chiens errants, ils ont l'air d'avoir de la valeur, sont souvent attachés devant les maisons et quand ils sont en liberté ils sont tout cools et ne s'approchent pas de nous, c'est très agréable.

D'ailleurs dans les villages ça grouille d'animaux domestiqués, pleins de sortes de poules différentes avec à chaque fois ou presque une ribambelle de poussins (je dois me retenir pour ne pas prendre trop de photos!), des chats, des chiens, des cochons (en liberté ou dans leur enclos en terre cuite et au toit en feuilles de bananier), des buffles (en liberté uniquement dans les rizières, dans les villages ils sont dans leur enclos), des coqs qui ont plus peur de nous que les poules (!), des canards.... Bref c'est très vivant!

Le marché est encore plus impressionnant, sous des tentures il y a profusion de légumes, de fruits, de plantes médicinales, et même du tabac en vrac!

A l'écart il y a aussi des halles en dur avec des stands de viande en plein air, pas de vitrines réfrigérées ici!

Et toujours et encore ces tissus magnifiques, cette fois-ci nous craquons pour une sorte de chemin de table qui peut aussi servir de décoration murale. Pas sure d'avoir fait une bonne affaire, je ne suis pas encore suffisamment aguerrie pour négocier les prix...




Et toujours ces sacs, chapeaux et bibelots à profusion...

Parfois on oublie même de négocier, on a carrément payé une petite bouteille d'eau 20k, soit presque 1€, ça nous a tellement vexés qu'on n'achète plus que des gros bidons d'eau de 6L au supermarché pour à peu près le même prix!

Encore une parenthèse, l'eau n'est pas potable au Vietnam, même à la capitale, il faut la faire bouillir ou l'acheter en bouteilles plastique, on ne trouve pas de marques vietnamiennes, on a le choix entre The Coca-Cola company, Nestlé ou Pepsi!!! Des marques qu'on boycotte d'habitude, sympa!

On reprend la route, direction Sapa, à une centaine de km. Nous arrivons pour le déjeuner dans un restaurant tenu par des Daos Rouges (ça se prononce Zao), tout est bien organisé, notre menu est déjà prévu, c'est encore une profusion de plats, c'est beaucoup trop! Porc, poulet, poisson, légumes, riz... Pour aller à notre home-stay, le chauffeur nous dépose à la sortie de Sapa, sur une route quasi impraticable, à moitié en travaux et pleine de trous, mais très fréquentée! Nous quittons la route et partons à pied avec Su à travers la campagne, il faut marcher sur 4km pour arriver au village de Ta Van.

Au début de la vallée de Lao Chai 
Nous marchons en direction de Ta Van

Le home-stay n'est pas du tout à la hauteur, la famille nous accueille à peine, on ne se sent pas les bienvenus, la terrasse est en bitume avec un toit en tôle, il y a déjà un groupe d'une quinzaine de Slovènes qui nous ignorent totalement, c'est la douche froide! La chambre est affreuse dans une sorte de prolongation de la maison en briques avec des portes en aluminium et un papier peint en fausses briques blanches en relief! La déception doit se lire sur nos visages puisque Su nous propose de changer de Home-stay. Nous n'osons pas mais il insiste. En un coup de fil c'est réglé et nous filons sans même dire au revoir. Nous arrivons dans une petite home-stay à taille humaine, la famille nous accueille très chaleureusement, la chambre est toute petite mais cosy avec des murs en bois, c'est simple et charmant. Nous faisons la connaissance d'un couple d'Australiens de Perth et d'un couple d'Anglais qui vit à New-York, on a tous la trentaine, on passe une soirée très sympa, c'est beaucoup plus pour ce genre d'ambiance qu'on est venus ici! Et tout ça c'est grâce à Su, il est aux petits soins avec nous, ça nous touche.

Le lendemain c'est le grand moment tant attendu: la randonnée dans les rizières de carte postale et les forêts de bambou.

Nous comprenons mieux comment ils font pour faire des terrasses: le sol est en glaise, ce qui permet de creuser et de retenir l'eau. Pratique! Un peu moins pour randonner, c'est très glissant et escarpé, ce qui n'empêche pas tous les Occidentaux de se donner rdv ici, dans ce paysage typique et grandiose.

Nous déjeunons au même endroit que tous les autres touristes, il n'y a plus de riz gluant (!), Su se débrouille pour qu'on ait des phô et des nems. Puis nous retrouvons le chauffeur qui nous dépose dans un café de Sapa. Su nous quitte ici, on a à peine le temps de le remercier, il a l'air pressé de rentrer chez lui et il pleut des cordes. Le chauffeur nous récupère après cette pause café wifi et nous filons à Lao Cai où nous retournons au Terminus pour dîner et attendre le train de nuit. Départ à 21h40, cette fois-ci nous sommes moins secoués, les couchettes sont un peu plus grandes, mais les matelas sont encore moins confortables et le bruit de la ventilation est assourdissant, autant dire que la nuit ne fut pas réparatrice!

A Hanoï, un monsieur nous attend devant notre wagon et nous amène d'un pas rapide (on a failli le perdre) à un hôtel où nous pouvons nous reposer et prendre une douche. Il est 6h, le petit-déjeuner est à 7h et nous partons en mini-bus à 7h30 pour rejoindre la Baie de Lan Ha. Un peu trop speed comme programme!