A l’heure où je vous écris (Quentin), nous attendons notre petit déjeuné à l’ombre d’une jolie tente berbère chez nos amis et amies Moustafa, Kya et Hamid. Nous avons très mal dormi car dans l’auberge précédente on s’est fait piqué de ouf par des insectes. On n’arrive pas à savoir si des moustiques ou des punaises de lit. Cette nuit c’était vraiment horrible, ca a gratté vraiment beaucoup, on s’est endormi à 4heure du matin. Enfin l’aventure quoi hihi. C’est dingue comme un groupe de petits insectes pour te rendre la vie un peu (dans mon cas de petit sensible, très) pénible haha.
Alors on s’était arrêté où ? A oui, avec ce magnifique accueil à Tagelft. Le matin du 12 juin, nous partons de bonne heure pour traverser la montagne car nous avons rendez vous avec Hamid pour discuter de l’organisation de notre aventure future avec les nomades. Encore une fois les paysages sont vraiment magnifiques. Ces montagnes sont vraiment étonnantes. Chaque vallée, chaque col, chaque route nous emmènent dans des ambiances très différentes. Et tout ceci s’accompagne aussi d’une architecture au couleur et au matériaux changeant. Bien que le béton arrive en force de gauche à droite encore pas mal de construction sont faite avec les matières que l’ont trouvent sur place. Il n’est pas rare de voir des gens faire des blocs de constructions en argile le long de la route.
Ce qui est touchant c’est quand une maison traditionnelle devient vieille et devient une ruine, elle retourne juste à la terre sans laisser de trace car elle est un mélange de terre, de paille, de bois et de pierre parfois… Les ruines se mêlent aux couleurs des montagnes et nous rappel à des temps de vie différent.
Après une belle Kefta et tajine, j’adore la Kefta avec des frites hihi. Ensuite, nous poursuivons notre route dans la vallée connue de Toghra. Paysage sec et aride, c’est très différent comme montagne que ce que nous connaissons en France. On était déjà passé par ici il y a un mois, et on voit qu’il a pas mal plu à certain endroit car les cultures autour des oueds sont verdoyantes et luxuriantes.
Au détour d’un virage, nous croisons un berger qui nous fait signe et nous demande de l’eau. Vu notre packtage, ce n’est pas toujours facile d’emporter beaucoup de nourriture que nous aimerions partager avec les gens qui semblent en avoir besoin. Nous croisons souvent de très jeunes enfants qui demandent eau, nourriture et dirham au bord de la route. Quand nous pouvons et avons, nous partageons et donnons avec plaisir.
Ca sera le cas ici, car nous avons des bouteilles d’eau en rab. Nous nous arrêtons donc pour donner de l’eau. Le berger, Ahtman, parle un peu francais. Morgane se retrouve rapidement à faire la papote et en quelques minutes, nous nous retrouvons à boire le thé au milieu de la montagne. La vie de Ahtman semble rude et difficile. Malheureusement dans cette partie de la montagne, il n’a pas plu pendant des semaines. Les touffes d’herbes et de buissons sont tout petit. Il manque crucialement de nourriture pour les moutons. Nous passons une heure à papoter avec lui.
Très souvent, lorsqu’on dit qu’on aimerait faire une petite ferme, les personnes nous demandent un contrat de travail pour venir en Belgique. Nous ne nous étendrons pas encore sur cela aujourd’hui, mais ce n’est pas facile à gérer comme situation pour Morgane et moi.
Nous continuons notre chemin vers l’auberge Amazirgh de Tamtatouch. Nous retrouvons nos ami.es, nous installons dans une chouette chambre. En prenant le thé, nous commençons à discuter de nos expéditions avec Hamid. Après quelques papottes, nous décidons de commencer avec une première visite vers une famille nomade qui est à 3h de marche. Nous irons vivre avec eux pendant 4 jours et avec un guide pour l’introduction et la traduction.
Ensuite, nous reviendrons quelques jours à l’auberge, pour ensuite repartir pour une période plus longue vers une autre famille qui est isolé plus loin dans la haute montagne. Nous aurons donc plus de difficulté pour vous donner des nouvelles régulières dans les jours qui viennent ! On écrira le blog quand cela sera possible. On finira la soirée autour d’un bon tajine, de fruits et de thé avec la vue sur les montagnes.
Mardi 13, nous avons rendez vous au souk (marché hebdomadaire) pour rencontrer un des membres de la famille chez qui nous irons à partir de jeudi. Le feeling passe bien, on fait déjà des courses qu’il reprendra vers les tentes, et Hamid négocie les modalités et les détails. Le monsieur viendra nous chercher avec une mule pour le portage jeudi matin, l’aventure berbère semble prendre place… Chouette ambiance, c’est vraiment un petit souk de village pour les locaux et les nomades qui descendent de la montagne chaque semaine. On discute, on sourit, parfois on tire la tête, on boit le thé, petit moment sympa.
On aura juste un moment un peu compliqué où des personnes nous demandent de l’argent, et on finira par se faire arracher des pièces des mains par 5 dames. Un peu tendu et pas agréable…
En revenant, du souk, j’ai les pieds qui grattent super fort, c’est à partir de ce moment qu’on se rend compte qu’on s’est bien fait piquer. Ne sachant pas si moustiques où autres choses, on lave toutes nos affaires, on met le reste en plein soleil, etc. Un vrai camp de Rom devant notre chambre. Sacrée aventure encore haha mais je m’en serais bien passé de celle-là. Avec sagesse, disons que cela sera l’opportunité de aussi laver tous les habits de motos qui deviennent poisseux, mes bottes qui ferons bientôt des champignons Paris, etc.
Cette après-midi, nous avons rendez-vous avec l'oncle d'Hamid, qui va nous faire visiter son jardin. Très belle visite, jardin luxuriant, diversifié, de légumes et de fruits ! La surface est déjà grande et c’est juste sa femme et une de ses filles qui s’en occupent. A part quelques fruits comme la pêche, l’abricot, les grenades, les cultures sont très proches de ce que l’on fait par chez nous.
Évidemment, on finit par boire le thé avec toute la famille. Nous rencontrons la grand-mère qui à 80 ans et qui est cassé en deux. Son corps est littéralement plié à 90 degrés. Elle s’est mettre ses coudes par terre mais elle ne sait plus se redresser. C’est déjà la deuxième personne que nous rencontrons qui à cela !
La pluie semble peut être pointer le bout de son nez. Nous filons donc vers l’auberge pour replier tous notre barda qui était au soleil. Début de soirée, vers 19heure, nous allons porter du mais à un moulin de village pour faire de la farine afin qu’on puisse faire du pain quand nous montons dans la montagne.
C’est Kya, la femme de Moustafa et les enfants qui nous y emmène. On fera ensuite un tour dans les champs du village pour aller voir l’orge et le blé de l’auberge. Très beau moment de calme, de travail dans le silence des machines absentes et respectant à mon sens le rythme de la montagne et d'une certaine manière de vivre.
Avant d’aller dormir, je discute avec Moustafa qui m’explique qu’il y a pas longtemps il a passé 48heures en prison et que si son oncle n’avait pas été une personne reconnue il aurait pu y passer plus d’une année. Le Kaid du village l’accuse d’avoir voler de la terre pour faire un verger. Il m’explique que tout cela avait été gérer en 2009 avec le chef du village mais que aujourd’hui il faut faire beaucoup plus de papier etc et que ca ne fonctionne plus juste autour de la confiance et d’un thé. A travers les lectures que je fais pour le moment, certain anthropologue mettent en avant la difficulté de cette transition d’une manière de fonctionner plus traditionnel et l’arrivé de la centralisation de l’information, des papiers, de l’état etc. Dans le village de Tamtetoucht, c’est notre guide qui est l’écrivain de tous les papiers obligatoires car la plus part des gens ne savent pas les remplir.
Aller au dodo. Enfin dans mon lit à me gratter sans dormir plutôt. Q
« Vous ne donnez que peu lorsque vous donnez vos biens. C'est lorsque vous donnez de vous-mêmes que vous donnez réellement. » Khalil Gibran - Le prophète