Une Aventure Hors du Temps ... Une expérience inoubliable qui changea notre façon de voyager ...
Du 7 au 14 janvier 2007
8 jours
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Chiens de traîneaux, waouh, j'en rêve depuis toujours, depuis mes plongeons dans les livres de Jack London...

Et ça y est nous avons réservé ! On ne peut plus reculer !

Que dire de ce que nous ressentons ? Nous passons par tous les états d'âmes. Euphorie, doutes...

Un flot de questions nous envahit. Il est écrit dans la brochure de l'agence de voyage que les refuges sont sommaires mais sommaires ? ça veut dire quoi ? Sans eau, sans électricité, sans toilettes.... ????

C'est l'inconnu, c'est un Défi, un challenge ...

Nous nous entrainons toutes les fins de semaines, un peu de muscu et beaucoup de marche pour avoir la forme !

Nous prévoyons un sac à dos chacun. Des sacs de congélation propres serviront à emballer nos vêtements afin de pouvoir les sortir plus facilement dans le noir, car là bas, ce sera la nuit polaire. Il faut prévoir des lampes rechargeables, nous achetons des lingettes pour se nettoyer les mains car nous portons des lentilles....

Nous essayons de penser à tout ....

La vie est un fleuve qu'il faut suivre comme une œuvre par laquelle on est ivre, la vie est un feu qui brûle....

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2007 - Début Janvier

L'avion se pose sur la piste à Kittilä, nous sommes à une trentaine de km de Muonio. Il fait -8 degrés. Nous sommes dans le bus. J'ai mal au ventre, nous regardons autour de nous. Il est 15 heures, il fait nuit. Nous sommes début Janvier et c'est encore la nuit polaire.

Dans le bus, la guide commence à nous expliquer comment va s'organiser le séjour. Elle commence par les safaris. Les safaris à chiens de traîneaux ! C'est nous ! J'ai de plus en plus mal au ventre. Elle donne nos prénoms et le numéro de nos chambres respectives. Nous sommes 5, seulement 5 !!

Je commence à rêver, je me perds dans ses paroles, quelle idée de venir en Finlande ? En plein hiver ?

Pourquoi la Finlande ? Pourquoi la Laponie ?

Parce qu'il s'agit encore de l'un des rares endroits épargnés par le tourisme de masse. Les paysages y sont magiques, telle une carte postale !

19 heures. Muonio. Nous rencontrons les autres personnes de notre groupe au resto de l'hôtel. Nous sommes bien que 5 !

Nous attendons notre guide qui ne viendra pas ce soir. Nous commençons à parler de nos voyages passés et surtout de celui là, à venir ! Stéphanie est comme moi, elle flippe. Nous sommes tous dans l'expectative, vivre une telle expérience n'est pas commune !

Comment décrire un voyage qu'on ne peut pas décrire ? Qui se vit plus qu'il ne se raconte !

Allez on va essayer au mieux de vous transporter dans cette ambiance de magie ...

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Nous faisons donc connaissance de notre guide qui s'appelle Pétri.

Pantalons, vestes, bottes pour le grand froid, une cagoule, un chapeau en fourrure, une paire de gants, très grands les gants et un sac de couchage pour affronter les moins 18 degrés. Ensuite nous allons voir un petit film sur la conduite d'un attelage de chiens de traîneaux, puis on part tous dehors afin de voir les explications de vives voix avec un vrai traîneau sous nos yeux.

Je regarde la neige tomber et là, je me dis que je n'ai plus le choix. Je ne peux plus reculer.

C’est parti !

Pétri, notre guide donne un traîneau à chacun d'entre nous. Je découvre que j'ai un attelage de 4 chiens. Stéphanie est devant moi et Hub derrière avec 5 "tites mémères". Au total, 30 chiens pour 6 humains ! Je place mon sac à dos dans le traîneau parmi le tas de bois pour les cheminées des refuges.

De loin, j'entends Hub qui apparemment a un problème mais ne pouvant rien faire... J'ai beau me retourner je ne le vois pas. Mais pas le temps de réfléchir que voilà une belle descente... Waouh !!! 🙂 Quelques souvenirs me revient de la vidéo : "Penchez votre corps à droite si vous voulez tourner à droite, la main levée signifie stop et utilisez le frein dans les descentes !" ça glisse sous les patins, l'adrénaline monte !

Après seulement quelques kilomètres, tout signe de civilisation a disparu et seuls le bruit du glissement des patins et les gémissements des chiens nous accompagnent. Nous commençons à apprécier chaque instant.

L'horizon semblent sans fin. Le jour ressemble à du coton, nous voilà hors du temps dans la nuit polaire de la Laponie. Après les lacs gelés, nous pénétrons dans la forêt et là, nous écoutons le silence feutré. C'est magique ! Il neige un peu et nous avons de la chance car il ne fait pas trop froid. Moins 6 seulement.

Après deux heures de rando à chiens, nous nous arrêtons pour le déjeuner dans un petit refuge ou plutôt dans un petit kota, chalet traditionnel Same. Les Sames sont des Lapons qui vivent en Laponie, soit en Norvège, en Suède, en Finlande ou en Russie.

Nous arrêtons nos chiens au bord du chemin et pendant que nous prenons quelques photos et allons à la rencontre de ces derniers, Pétri s'active à préparer à manger. Il prépare le feu afin de nous confectionner quelques galettes au saumon. Un vrai régal ! Nous apprendrons plus tard que la graisse de saumon ou plutôt des poissons gras est très bonne pour contrer les grands froids.

Bon eh bien maintenant que je suis dans la neige avec mon caméscope, il va falloir se relever et harnachée avec tous nos vêtements, eh bien je peux vous dire que je suis lourde ce n'est pas si facile ! Maintenant j'essaie de me souvenir de la vidéo qu'on a pu voir avant de partir :

"Si vous tombez, remettez le traîneau debout". Impossible ! trop lourd !

Et voilà mes chiens qui s'en vont et qui continuent à courir, je ne risque pas de les rattraper 😩 ! En plus de la honte, me voilà sans traîneau. Et sans traîneau... on a l'air bien bête !!! ha ha ha ! 😆 Pendant ce laps de temps, où j'essaie de me relever, Pétri hurle après mes chiens en Finlandais. Je repars donc avec lui, sur un patin de son traîneau et une fois à la hauteur de mes chiens, vite je cours sauter sur le mien. Après plusieurs tentatives, ouf ! 🤪 nous reprenons le chemin. Maintenant je fais bien attention à ce que je fais, et ne filme plus.Vers 15 h à la tombée de la nuit, nous arrivons à notre premier refuge où nous passerons notre première nuit. Nous détachons les chiens des traîneaux et les rattachons à une longue laisse.

Pendant ce temps Pétri s'active à faire un feu au refuge. Tout cela prend pas mal de temps car au total nous avons une trentaine de chiens. Une fois terminé nous rentrons nous réchauffer autour du feu. Nous nous racontons notre première journée, tout le monde se moque de moi et rigole de ma gamelle 🙃, mais nous sommes tous heureux d'avoir réussi notre première journée. Ensuite, Pétri revient en nous disant que c'est OK pour la bouffe des chiens. Nous partons donc tous avec nos lampes torches donner à manger aux chiens.

Dans une grande cuve se trouve la pâtée, avec la louche nous remplissons les gamelles pour tous les chiens. Ensuite vient le temps de la viande, surgelée, que Pétri a cassé à la hache pour chaque chien.

Vers 18 h c'est le moment, le grand moment du sauna 🤗Comme le dit le proverbe finlandais, construit d'abord ton sauna, ensuite ta maison. Il faut savoir que le sauna était autrefois l'élément fondamental du foyer, un coin de chaleur dans ces contrées glacées. On s'y lavait et l'on y venait au monde. Tous les Finlandais en possède un à la campagne. Il s'agit d'une petite maison en bois construite près d'un lac. La température monte à 75 degrés.

Ce premier soir, nous ne sommes pas restés longtemps au sauna car ce fut la découverte. Des bacs d'eau chaude et froide venant du lac y sont entreposés. Nous faisons notre mélange à l'aide de louches, ainsi nous mettons l'eau dans les bassines afin de nous rincer. Puis nous retournons au refuge où Pétri nous a préparé des encas avec du saumon à l'aneth ainsi que des tomates coupées en rondelles. A son tour d'aller au sauna pendant que nous nous régalons de ses petits toasts. A son retour nous préparons le diner.

Après le repas, nous restons un peu à discuter ensemble et faire plus amples connaissances, mais à vrai dire, nous avons l'impression de nous connaître déjà, car nous sommes tous venus dans un seul but, conduire un attelage de chiens et découvrir une multitudes de paysages au moment de la nuit polaire.

Après un dernier tour à ce que nous appelons notre : "safari pipi caca" (dans une cabane en bois à l'extérieur) nous allons nous coucher et faire de beaux rêves ....


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C'est par l'odeur alléchante du café que nous nous réveillons ce matin.

Nous prenons tranquillement notre petit déjeuner au coin du feu, puis rangeons nos affaires dans notre sac à dos, on remet aussi le duvet dans sa poche, puis vers 9h30, nous commençons à nous habiller, et allons harnacher nos chiens pour le départ. Les 35 prochains kilomètres, nous mèneront vers le Nord, au plus vieux parc naturel du nord de la Finlande, Pallas Ounastunturi. Nous traverserons également des lacs gelés de Vuontisjarvï.

10h30, c'est le départ. On est tous debout sur notre traîneau. Les chiens aboient et sont tous fous prêts à s'élancer. C'est là que le désordre et la cohue se fait sentir. Pétri est prêt à partir. Nous le suivons dans une cacophonie terrible. Il faut s'y prendre à deux fois, car tout le monde s'emmêle. Les chiens sont tellement impatients de partir que nous avons dû mal à les retenir. Les miens en premier ... Oh là là ... C'est la panique, je sens que je vais me prendre un arbre 🌲... Mais au final tout se passe bien. Ouf !

Une fois qu'on est partis, après c'est plus facile. Les chiens suivent la trace du traîneau de Pétri.

Hubert est toujours loin derrière car ses chiennes ne sont pas rapides. A un moment, il se retrouve tout seul à une intersection ? Gauche, droite ? Heureusement que les chiens savent par où passer !

Nous traversons des lacs, et comme il ne fait pas très froid, Steph commence à s'inquiéter, aurait elle peur de faire un plongeon dans le lac ? ça fait floc floc ... 😉

Et toute cette neige ! Le paysage est blanc, que du blanc, partout du blanc ! Sauf le ciel, lui est ... difficile à décrire... Bleu, bleu nuit, rose... et puis d'un seul coup, le soleil se déchire à l'horizon, très bas. C'est époustouflant ! Je filme, n'arrête pas de filmer.

Magique ! 

Le soleil met le feu à l'horizon...

C'est aujourd'hui le 9 Janvier que le soleil sort de l’horizon. Le soleil se lève pour la première fois de l'hiver... C'est la fin de la nuit polaire, enfin, presque. Et aujourd'hui c'est aussi l'anniversaire de l'un d'entre nous !


Nous continuons notre chemin, dans le silence de la nature...

Pouvoir écouter le silence, le silence du bonheur, c'est le goût de la liberté...

Nous avons fait l'expérience du premier soir sans électricité, nous avons dîner et pris le petit déjeuner comme si de rien n'était et le coup des toilettes, le fait qu'il faille aller dehors dans une toute petite cabane où Pétri y accroche une lampe à huile était tout naturel. En fait cette cabane garde la chaleur et il n'y fait pas froid.

Il est midi et demi et nous nous arrêtons au bord d'un chemin pour manger. Pétri sort le petit bois de mon traîneau et commence à préparer le feu, pendant ce temps nous prenons quelques photos.

 13 heures, fait presque nuit, arrêt déjeuner

Le paysage est splendide, que de neige recouvre toute cette campagne, le ciel prend des couleurs mordoré, orange, il n'y a pas assez de mots pour traduire ce que je ressens. Ce que nous ressentons tous. Pétri sort la poêle, la même que la veille, et la pose sur le feu.

Avec Steph une petite envie pressente se fait sentir. Nous nous engageons dans la forêt mais que dire ... Oups ... me voilà enfoncée dans la neige, tellement enfoncée que j'ai de la peine à en sortir 🤣🤣 tellement la neige est abondante. La température doit avoisiner les moins 8 degrés et habillés comme nous sommes, nous n'avons pas froid. L'odeur de la nourriture nous fait rapprocher du feu. Hub donne un coup de main à Pétri en mélangeant ce qu'il y a dans la poêle. Aujourd'hui, nous ne ferons pas la même erreur qu'hier, nous boirons moins pour alléger nos vessies. Tant pis pour le chocolat chaud ! Hahaha !! 😆

Nous reprenons le chemin, en admirant à l'infini ce paysage si ressemblant et pourtant si contrastant. La magie opère toujours. C'est grandiose !

Et c'est reparti ! 

Nous arrivons à notre 2ème refuge toujours au bord d'un lac et environné de sapins

...... et demande à Pétri d'en avoir un autre.

Mais nous sommes bien loin maintenant du centre ..... Christophe, bien gentil lui propose d'alléger son traîneau en prenant son sac dans le sien demain. Michel, lui, nous dit qu'il n'a aucun problème avec ses chiens parce qu'il les caresse tout le temps. Ce soir c'est le grand luxe, même le refuge à l'air tout neuf. Des lits sont séparés par une grande table de ferme. Vers 18 heures nous allons tous au sauna, le moment tant attendu !! Maintenant on y reste plus de 10 min ! 😆 Celui là est très luxueux, il possède même un vestiaire. Nous prenons tout notre temps.

De retour au refuge, nous voyons Pétri qui s'affaire à la cuisine. Deux gros saumon sont en train d'être découpés. Quelques heures après nous dégustons le meilleur saumon que nous n'avions jamais mangé. Puis, nous restons à discuter autour du feu.

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Ce matin, il neige. AOUHHHHHH...... Ce chant de loup nous est maintenant familier. Hubert me dit qu'il ne sent pas bien ses chiens. Les miens ont l'air toujours rapides, jamais ils ne sont fatigués. J'ai toujours du mal à les arrêter. Même toute debout sur le frein. Nous les harnachons comme à l'habitude. Le départ se fait dans un couac pas possible. Pétri se fâche.

Et nous crions tous pour démarrer : "GO GO !!!"

Il fait maintenant plus froid et les flocons de neige grossissent. J'ai du mal à regarder droit devant. Je profite d'un moment où nous sommes sur un lac pour sortir tant bien que mal mon caméscope trop bien rangé dans sa sacoche. Je suis même obligée d'y mettre les dents pour l'ouvrir tant nos gros gants nous gênent.

Nous nous arrêtons vers midi pour manger. Je dis midi mais en fait, nous n'avons plus la notion du temps. De plus, nous ne pouvons jamais regarder nos montres tant nous sommes engoncés.

Il neige. Pétri s'active à faire un feu. Il faut toujours faire un feu si nous voulons manger chaud. Nous regardons avec quelle dextérité, tous les jours il allume ce feu et sans gants même par ce froid. Et nous comprenons que c'est lui qui a raison, il sait communier avec la nature. Nous, non. Pétri est dans son univers. Un univers où il faut savoir respecter la nature, vivre avec elle. Jamais nous ne le voyons courir, se précipiter. Faire des choses inutiles. Jamais il ne parle fort, il est serein, à l'écoute des murmures de cette nature. C'est dans mes moments de réflexion, que d'un seul coup, je me dis que cette vie là, c'est la vraie !

Il neige. Pétri coupe des branches d'arbre avec son couteau lapon, en fait des pics, y enfile les saucisses de renne et les pose sur le feu. Nous rions tous de bon cœur, aurions nous été capables d'y penser ? Michel, plus malin que les autres prend une branche d'arbre à 3 pics et nous rions de plus belle.

Je vois passer un oiseau tout blanc.

Saucisses grillées - barbecue en plein hiver  

Nous savons maintenant qu'il commence à faire jour vers 10 h, 10 heures et demi et qu'il fait nuit vers 15 h, mais nous savons aussi que la clarté du jour avance près de 15 minutes par jour. Nous pouvons déjà observer la différence par rapport à notre premier jour.

Nous vivons donc au gré de la nature, tranquille, partir quand il commence à faire jour et s'arrêter lorsqu'il commence à faire nuit. Nous sommes hors du temps. Les heures et les minutes se sont arrêtées... Le Temps s’est arrêté ! nous ne savons même plus quel jour on est...

Le temps de vivre, le temps qui te délivre, le temps d'être libre, le temps d'être hors du temps.

Il neige. Nous reprenons le chemin jusqu'au refuge. Le vent se lève, sur les lacs, ça devient difficile, je prends la neige dans les yeux et le vent s'engouffre dans ma chapka. Je me dis que c'est le moment de filmer et je profite du plat. Je rigole toute seule en essayant de me filmer, la courroie est un peu courte, mon visage se trouve un peu près, mais je filme. Je verrais au retour si je le laisse au montage.... Et ah... j’en perds un gant ! 😩 Nous continuons à traverser lacs et forêts et arrivons dans une forêt très jolie, petite descente et montée nous réchauffent, et c'est dans un petit bosquet que nous arrivons à notre chalet. C'est magnifique, il fait encore un peu jour, et les couleurs de roses sont splendides ! ... et je retrouve mon gant ! Yes !

Le bonheur se perd avec la réalité et se confond avec le rêve, mais non ? Je ne rêve pas. Je suis bien là, en Laponie, seule en pleine nature avec les six humanoïdes que nous sommes et notre meute de trente chiens ! Comme tous les soirs maintenant, nous déchargeons nos affaires du traîneau, allons choisir notre lit, étalons notre duvet pour qu'il soit bien chaud, et attendons le moment du sauna avec impatience afin d'éliminer toutes les courbatures de la journée !

Le soir à la lumière des bougies, nous prenons le dîner qui se compose d'un goulache de renne accompagné de purée de pommes de terre et de baies rouges. Pour le dessert du Lapin Leipäjuusto, un délicieux fromage de Laponie.

Pétri nous dit que le vent a tourné et qu'il fera beau demain mais plus froid. Nous allons nous coucher et ce soir nous nous endormons avec le son du crépitement du feu dans la cheminée et ... les ronflements de Michel et de Christophe !!! Hahaha !! 🤣😆

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Le lendemain matin, jeudi, toujours réveillés par l'odeur du café, tranquillement, nous nous levons. Comme tous les matins, chacun part de suite au safari "pipi caca" puis nous dégustons un super petit déjeuner préparé par Pétri, avec bacon et œufs.

Ce matin la neige a cessé de tomber. Les étoiles sont au rendez vous et la température est de moins 27 degrés. Comme tous les matins, nous nous lavons les dents dehors tous alignés, tels les Daltons, avec le peu d'eau qui reste. Nous nous habillons chaudement, remettons les duvets dans leur poche, les sacs à dos dans nos traîneaux et :

Allez GO GO !!!!!

??????

Que se passe t'il ? Nous sommes tous bien avancés sauf Hub. Que se passe t'il ?

Hub s'est trompé dans le placement de ses chiens. Il a placé les chiens de tête derrière ! 🐕 Alors aucun chien ne veut démarrer, il a beau hurler Go Go !!!! ils ne veulent rien savoir. Ha ha ha !!!! Pétri fait demi tour et lui vient en aide, ce Pétri a des yeux dans le dos !!

Comme il a beaucoup neigé hier, nous passons dans la poudreuse. Les chiens ont beaucoup de mal à avancer, nous devons les aider en dégageant la neige collante du frein en tapant dessus. Parfois nous poussons pour les aider à aller plus vite. C'est fatigant mais cela nous réchauffe.

Nous allons constamment de montées en descentes, glissant sur les lacs gelés. Je ne freine même plus dans les descentes. Waouh !!! D'ailleurs nous sommes si bien, que tout se passe à merveille. Nous avons compris comment passer les barrières à animaux (presque !), comment s'arrêter au bord d'un chemin, comment éviter les sapins (enfin, presque !), comment aller à droite, à gauche...

Petite pause dans ce décor de rêve ...

J'apprivoise doucement ma peur des chiens... 😉🙏

Comme à l'habitude, nous nous arrêtons pour déjeuner. Aujourd'hui il fait beau et nous apercevons le bleu du ciel, si limpide et la température est de moins 35 degrés. Si, si !! Le feu que Pétri sait si bien faire nous aide à nous réchauffer les mains. Il nous prépare des galettes finlandaise avec du porc.

Le soleil se lève à l'horizon, c'est l'aurore qui arrive, ici, pendant la nuit polaire c'est l'aurore en continuité dans toute sa splendeur. Le soleil devient la star de la journée et comme il fait beau, les couleurs du ciel sont splendides !!

Nous ne pensons même plus au froid tellement c'est beau. J'avais lu dans un bouquin que le bonheur réside dans ces terres d'infini et de pureté et que le froid accroît la distance entre l'homme et son milieu pour le rendre plus lucide. Il impose l'exigence. Cela force le respect.

Je me sens bien petite dans cet univers. C'est en contemplant cette lumière que l'on ne trouve nulle part ailleurs que dans ces contrés au delà du cercle polaire, que je ne sens même plus le froid. Nous avons voulu voir la nuit polaire, eh bien nous l'avons vu ainsi que le premier jour du lever soleil qui dépasse l'horizon, et comme il se couche très tôt cela donne au ciel des couleurs inimaginables, magiques, féeriques et mystiques.

Trop beau ! 
je les adore !
A peine arrêtés, les chiens se reposent de suite pour mieux repartir !  

Nous reprenons le chemin pour arriver à notre nouveau refuge. Nous prenons un tel plaisir qu'aujourd'hui nous avons parcouru une longue distance.

Je me laisse tellement aller que je ne freine même plus dans les descentes. Mes chiens sont si rapides que je me prends à faire une course de chien de traîneaux. Comme c'est grisant !

Je vis, je m'envole, je ris. Ça doit être ça qu'on appelle adrénaline ! Parfois limite de la chute ! Pétri me ramène à la réalité en faisant signe de la main pour ralentir. Ce que je fais. J'entends un bruit bizarre. Pétri s'arrête. Hub devant moi aussi. Stooooop !!! dis-je à mes chiens. Je m'arrête aussi.

Derrière moi, Michel s'est pris dans les sapins. Pas de problème pour Michel à part un traîneau cassé.

"C'est pas po-ssi-ble !" crie Pétri. Il rafistole tant bien que mal le traîneau de Michel. Quant à Steph, il s'agit de son frein qui a cassé d'un côté...Pétri nous fait un signe de la main. Il regarde. Nous regardons. Droit devant, des rennes s'enfuient.

Nous arrivons au refuge. Notre dernier refuge...

 ça caille !  Mais c’est beau...

Tout se passe comme les autres soirs... Enfin, presque ....En allant donner à manger aux chiens, nous nous apercevons que le traîneau de Michel est comme neuf ! Pétri a réparé les dégâts. Il fait très froid ce soir. Nous ne trainons pas. Hub en voulant aller trop vite en portant 2 gamelles dans les mains, d'un coup s'enfonce dans la poudreuse, les 2 gamelles se répandant sur son blouson..... Hahaha 😩🤣🤣.. Cette foutue nuit polaire, merde fait chier !!!??? Oh qu'il est vulgaire !!!

Puis nous regardons le ciel et contemplons toutes ces étoiles ! Du jamais vu ! Des étoiles partout comme s'il en pleuvait. Oui une pluie d'étoiles s'offre à nous, pour le dernier soir, un spectacle inouï. Malheureusement c'est le dernier soir de notre voyage loin de toute civilisation.

Une aurore boréale se manifeste. Elle n'en est qu'à son début. Il faut rester dehors si nous voulons l'observer mais il fait si froid.... - 40 degrés et nous ne sommes pas habillés, vite nous rentrons au refuge !

Nous restons à discuter à la lueur des bougies et notre cœur est triste. La Laponie est venue me frapper en plein cœur. Mes yeux se brouillent et une larme roule sur ma joue, c'est la 1ère fois (mais ne sera pas la dernière) que je pleure à la fin d'un voyage, un voyage pas comme les autres, car je me sens comme perdue d'avoir senti ce que j'ai vécu. Steph s'en aperçoit et je bafouille que je suis triste de quitter les chiens, mais tout le monde a compris. Nous avons tous la sensation d'avoir vécu quelque chose d'extraordinaire !

Nous allons nous coucher silencieux.

Je regarde par la fenêtre si je vois une aurore boréale mais mes yeux se ferment tous seuls... Nous avons tous retrouver notre âme d'enfant.

7

Debout 6h30. Une grande journée nous attend. 50 km à pattes de chiens. La lune bat sa chamade. Elle est belle. Les étoiles sont toujours aussi nombreuses. Le ciel est si cristallin. Ici pas de pollution. La lune. Nous la regardons tous avec émerveillement que nous en oublions de la filmer. Tant pis ! Cette image restera à jamais graver dans notre mémoire au fond de notre cœur.

Il fait très froid. Le thermomètre affiche moins 30, Pétri nous dit qu'il va encore faire plus froid au lever du jour. Mais pour lui ce n'est rien, tout ce qu'il y a de plus naturel, ici. Pour la dernière fois nous harnachons nos chiens, le cœur serré. Nous quittons le refuge. Il fait nuit. C'est dans la lumière de la lune que nous attaquons la dernière piste. Il est 9h30. Nos yeux maintenant sont familiarisés à la lueur de cette nuit polaire. La blancheur de la neige fait ressortir la lumière.

Il fait froid. C'est la 1ère fois que nous ressentons le froid intense dans notre corps. Peut être parce que c'est le dernier jour. 50 km à travers des paysages fascinants.

Les étoiles lentement fuient, la nuit s'en va disparaître ailleurs, te laissant ce grand mirage, qui prend soudain une belle image. Le ciel mauve dans le lointain dévore ce lac sur lequel nous entamons notre dernière glisse. Dernière pause déjeuner dans un kota traditionnel autour d'un bon feu. J'en profite pour rajouter un pull en laine. Je suis gelée. Ici, rien ne vaut la laine. Nous entendons dans le lointain le bruit d'un moteur ... Mais qu'est-ce donc ? Ah ? Ce sont des motoneiges... On avait oublié ce qu'était le bruit ...

Pour nous réchauffer nous courons derrière le traîneau. Mais c’est fatigant ! Je décide de laisser faire les chiens. Du coup, ils peinent dans les montées. Les derniers kilomètres n'en finissent pas. J'ai du mal à ouvrir les yeux. Mes cils sont gelés. Je ne sens plus mon pouce gauche 🥶 L'air froid que je respire se dépose sur mes poumons. J'ai dû mal à respirer. Par contre je n'ai pas froid aux pieds. Je n'ai jamais eu froid aux pieds. Leurs bottes sont nickel ! Mais je n'ai pas pour autant perdu la sensation de glisse.

Les chiens sentent que nous nous approchons du chenil, et du coup, ils vont de plus en plus vite. Ils veulent doubler le traîneau de Christophe devant moi. Je me surprends à vouloir les doubler, oui, j'aimerais bien, allez ! j'essaie ! Mais la raison me dit de rester à ma place. Que ça doit être super de faire une course de chiens !!

J'aperçois une pancarte, Muonio, 1 km. ça y est, déjà ! Dans l'après-midi, nous sommes de retour au centre des chiens, fatigués par ce froid intense. Il fait moins 40 ⛄️Hub essaie de filmer mais n'a plus de batteries. Les miennes sont encore bonnes, hier je les prenais dans mes mains pour les réchauffer et cela a fonctionné, il en fallait bien quatre. Mais là, j'ai trop froid pour ouvrir mon gros blouson, enlever mes gros gants... Je suis à bout de force. Nous sommes tous fatigués, mais heureux !! Heureux d'avoir vécu une expérience enrichissante, inoubliable ! Quelle aventure ! Maintenant il faut récupérer le sac à dos et remonter jusqu'au centre. Je ne l'ai jamais trouvé aussi loin. J'ai cru que je n'y arriverai jamais. J'ai l'impression de peser plus d'une tonne !! J’ai perdu toute énergie. Mon corps est vide !

De retour au centre par moins 40°  

Je prends une douche et j'apprécie ce que la civilisation appelle la modernité. Juste tourner un robinet et l'eau coule en abondance. Quelle magie ! Ce soir Pétri nous fait la gentillesse de venir manger avec nous, à l'hôtel, pour un dîner d'adieu. Les spécialités finlandaises et lapones, délicieuses sont au menu. Nous nous donnons nos adresses et e-mail respectifs pour s'échanger nos photos. Je promets un film à chacun.

Nous sommes tous, tristes de quitter Pétri...Pétri, l'homme aux couteaux avec son gros ceinturon lapon de toutes les couleurs, l'homme indéfinissable, nous a donné une belle leçon de vie.

Le lendemain matin, Samedi ...

nous nous faisons plaisir avec un massage finlandais. Que de plaisir ! Toute la fatigue disparaît d'un seul coup. Nous sommes prêts pour repartir !! Hahaha ! Nous profitons de l'après midi pour visiter les alentours et pour retourner au chenil afin de revoir nos chiens. La nuit est agitée. J'ai enfin eu droit à ma course de chiens !! 😆😆

8

Il est pratiquement l'heure de dire au revoir à la Laponie 😢

Juste un dernier regard.

 Ne fais pas cette tête !!! C'est promis, on reviendra ! 


Dans le bus qui nous emmène à l'aéroport, nous contemplons une dernière fois ce paysage tant admiré. Je regarde longuement par la fenêtre le soleil de Laponie qui se lève. Rouge. Il embrase l'horizon. Christophe devient tout blanc, l'émotion peut être ?



Nous avons le mal du traîneau, le mal de la Laponie. La vie est un fleuve qu'il faut suivre comme une œuvre par laquelle on est ivre, la vie est feu qui brûle comme le soleil à son coucher... Ici toute la notion du temps disparaît.

C'était l'inconnu, c'était un défi.

Je l'ai fait ! Je suis fière de moi ! Je sais aujourd'hui que nous avons plein de ressources en nous.

Je l'ai fait. Nous l'avons fait Hub et moi !! Je sais que je peux me dépasser. Je peux comprendre ce que les grands explorateurs recherchent. Ce besoin d'absolu, dans notre monde un peu surfait. Avons nous besoin de cette société de surconsommation ? Non. Avant de partir, nous nous posions plein de questions. Aujourd'hui nous avons les réponses. Et nous pouvons dire que le retour à la vie dite normale, à la civilisation a été plus dur que de s'en passer.

Juste un dernier regard.

Ce lieu est magique. Il faut l'aborder avec respect, ressentir tout ce qu'il peut nous apporter. Et surtout, ouvrir tout nos sens pour rencontrer cette part de mystère qu'il renferme comme une sorte de sagesse. Il faut rester attentif, à l'écoute...et préserver cette part de sacré...

Juste un dernier regard.

Promis, nous reviendrons. La Laponie est comme une drogue, Hub et moi ne pouvons plus nous en passer.

Juste un dernier regard, juste pour les yeux et faire le plein dans notre cœur.

Désormais je sais que quelque chose a changé en nous.

"Ne vous dépêchez pas. Ne parlez pas. Pas de bruit. Dans la nature, on entend des murmures." Proverbe Sami


La Laponie est irréelle.

SAFARI A CHIENS DE TRAINEAUX Janvier 2007 Pendant la nuit polaire

Fin de l'histoire

Hahaha !!!  

Foi de Lapons

Nous y retournerons !

Nous avons choisi un centre de chiens de traîneaux qui prête les vêtements pour les grands froids : Tout était parfait, les gants, les bottes (les miennes étaient neuves) la doudoune en Goretex, le Pantalon idem, les chaussettes en laine, le bonnet et écharpe en laine (à mettre autour de la bouche)

Nous avions emporté : Pour la tête -> Chapka pour moi, cagoule ODLO pour mettre sous la chapka - Pour les mains -> Sous gants - Pour le haut -> Sous pull en laine Mérinos, petit polaire et pull en laine. Pour le bas -> Collant en laine ou caleçon de cycliste chaud, chaussette fine ODLO pour mettre sous les chaussettes de laine

Une lampe frontale - Caméscope - Appareil photo - Brosse à dents et dentifrice - Shampoing - Lentilles et produit à lentilles - lingettes

Ne pas emporter -> Des chaufferettes : ne servent à rien par moins 30 ! Cache-nez en polaire : la condensation de la respiration fait geler le masque (pas confortable du tout)

Ne pas faire -> Pour les filles ne pas mettre de crème sur le visage le matin car contient de l'eau, sinon vous aurez le visage tout gelé... hahaha ...