Après un copieux petit déjeuner sur la terrasse face aux mogotes, nous sommes partis avec Noël, qui est venu nous chercher à cheval !
Les mogotes, ce sont ces étranges collines parsemées sur la vallée de Viñales.
Viñales est une zone très fertile et humide, avec une terre rouge chargée de fer, qui donne, selon les habitants, le meilleur tabac du monde. C'est ici qu'est cultivé le tabac pour la fabrication des cigares.
Après les gros orages de la veille, nous étions bien contents de découvrir la région à cheval car les chemins sont devenus très boueux.
Nous avions un peu peur de nous retrouver avec des chevaux inadaptés, la plupart de ceux que nous croisons sur la route sont faméliques ou blessés au niveau du harnachement...
Heureusement, notre guide est un propriétaire consciencieux qui s'occupe bien de ses animaux et les chevaux étaient en très bon état.
Il faut dire aussi que les personnes qui travaillent dans le tourisme sont payées en CUC la monnaie spéciale des touristes (équivalent à l'euro). Alors que les autres reçoivent la monnaie nationale qui vaut beaucoup moins. C'est la monnaie qui permet de payer dans les "supermarchés", sortes de petites épiceries rationnées où les gens font la queue. Pour vous donner un ordre d'idée, le salaire moyen mensuel est aux alentours de 28 CUC/€, une nuit chez l'habitant en casa particular, c'est entre 15 et 30 CUC par jour. La balade à cheval, en l'occurrence, c'était 5 CUC de l'heure par personne.
Nous sommes donc partis à cheval à travers les champs, entre les mogotes, les cultures sont très, très artisanales. L'agriculture n'est pas motorisée, les rares tracteurs servent à transporter des citernes d'eau potable. Les fermiers labourent avec des bœufs. Les chevaux servent plutôt comme moyen de transport.
Ici on cultive du tabac (mais nous n'en verrons pas dans les champs car ce n'est pas la bonne saison), du manioc, du maïs, du riz et bien sûr, des fruits : bananes, goyaves, mangues...
Nous nous arrêtons dans une petite ferme où un cow boy, rasé de près, sombrero sur la tête, mode beau gosse, nous explique comment se fait un cigare.
En gros on fait germer les plants de tabac, on repique, ça pousse, on récolte. Ensuite on fait sécher et macérer/fermenter les feuilles pour leur donner du goût. Le cow boy nous explique qu'ici, ils utilisent uniquement des ingrédients naturels : miel, jus de fruits, alors que dans les usines de l'état c'est un procédé à base de produits chimiques. En gros pour faire un cigare, on fait tremper le tabac dans un cocktail proche du punch.
Au sujet des usines de l'état, les fermes doivent vendre 90% de leur production à l'état. Ils sont autorisés à fabriquer eux-mêmes leurs cigares à condition de les vendre en direct sur leur exploitation, sans aucune marque distinctive. Une marque pourrait entraîner la reconnaissance d'un bon cigare et induire de la concurrence entre les fermes... Un vil péché capitaliste.
Après nous avoir servi un délicieux Pina colada glacé, le cow boy nous a montré comment rouler un cigare.
Nous avons ensuite repris notre chemin à cheval. Leurs selles western sont un cauchemar, on devait bien marcher comme de véritables gaucho cubains après ces 3h en selle !
Le ciel est nuageux mais ne vous y trompez pas, la chaleur était bien au rendez-vous ! Je pense que les photos sont un peu sombres car il ya eu de la condensation dans la boîte étanche de la gopro... (photos avec les dates)
Voici les photos de la fabrication des cigares, séchage des feuilles de tabac puis roulage
Parce que même les cow boy en Sombrero aiment boire leur petit verre de lait