Après 15 jours de vadrouille dans le Nord de la Thaïlande, je commence à comprendre son fonctionnement, son rythme et ses habitants. C'est donc avec enthousiasme que je me dirige vers le Sud du pays, et ses îles paradisiaques. Oui, mais lesquelles ? Avec plus de 5.000 îles, toutes plus belles les unes que les autres, il est difficile de faire un choix. Je décide de passer mon tour pour Phuket, Ko Phi Phi et Ko Phangan, qui vivent au rythme de la fête et du tourisme de masse, un peu trop éloignées de mon état d'esprit actuel. C'est donc sur Ko Lanta que je mets le cap.
A mon arrivée sur l'île, malgré les paysages magnifiques, une plage de sable blanc qui s'étend à perte de vue, un horizon parsemé de structures karstiques, quelque chose me dérange. Ce n'est qu'après avoir marché plusieurs heures sur l'île que je remarque l'absence de population locale, au profit de resorts, de restaurants et de salons de massage, s'étalant d'un bout à l'autre de l'île. Pour la première fois depuis mon arrivée en Thaïlande, je suis déçue.
Je me dirige tout de même de l'autre côté de l'île afin de découvrir la vieille ville. Ici, tout est sur pilotis, l'architecture a beaucoup de charme, et il y a possibilité de se perdre dans les petites rues afin de découvrir les habitations locales. Quel contraste avec l'autre côté de l'île. Tout paraît plus authentique, plus naturel. J'y passe la soirée, et planifie la fin de mon périple thaïlandais.
Le lendemain, je prends le bateau pour Ko Ngai, une petite île de seulement 3,6 km², qui me semble idéale pour prendre le temps de me reposer. Dès mon arrivée sur l'île les pieds dans l'eau (littéralement, étant donné qu'il n'y a pas de route donc pas de véhicule terrestres, les taxis sont des petits bateaux qui longent la plage afin de déposer les usagers), je me sens apaisée. Une eau turquoise, claire, aucun bruit de klaxon, ni de scooter, seulement le bruit des vagues s'écrasant sur les rochers et le ronronnement des moteurs de bateau.
Je passe la soirée les pieds dans le sable, profitant du coucher de soleil dans ce cadre digne d'une carte postale.
C'est dans un bungalow que je passe la nuit. Après deux semaines en auberge de jeunesse, je suis heureuse de retrouver un peu de confort, de calme (ainsi qu'une salle de bain pour moi toute seule!). Je ne ressens pas le besoin de sociabiliser, mais au contraire celui de me retrouver et de profiter pleinement de l'instant présent.
Je me réveille à l'aube le lendemain matin pour admirer le soleil se lever, observer les couleurs changer, le ciel s'éclaircir petit à petit, et entendre doucement l'île se réveiller. D'abord ses animaux, puis ses habitants.
C'est ensuite sur l'île de Ko Muk que mon voyage me mène. De prime abord, pas de grande plage de sable fin, pas d'eau turquoise, mais une atmosphère chaleureuse, accueillante et tranquille. Cette petite île dont les habitants vivent essentiellement de la pêche et de la culture d'arbres à latex, semble avoir échappée au tourisme de masse, ayant gardée toute son authenticité et sa simplicité.
L'île se compose de deux parties: le village à l'Est, la jungle à l'Ouest. La traversée de cette jungle par un sentier méticuleusement fléché et tracé par les habitants permet de découvrir des plages très peu fréquentées, et à priori magnifiques, selon Kurt, un jeune retraité allemand que j'avais rencontré la veille. Je décide donc de m'y aventurer.
Après quelques heures de marche dans une chaleur humide et une végétation dense... se dresse devant moi un paysage sublime, un véritable tableau, un chef d'oeuvre de la Nature. Une eau si transparente qu'on peut y voir les poissons depuis la plage.
C'est après une journée riche en découvertes et la tête remplie de belles images que je rejoins ma tente, dans laquelle j'ai prévu de rester deux nuits. Le lieu est tenu par Yai, un homme thaïlandais d'une gentillesse et d'une générosité sans limite. Nous passons la soirée à discuter de tout et de rien, puis il me raconte l'histoire de son île, son histoire. A ce moment précis, je me dis une chose: si je voyage jusque l'autre bout du monde, c'est exactement pour avoir la chance de passer des moments comme celui-là.
Mon séjour dans le Sud m'a fait du bien, m'a permis de prendre le temps. C'est sur cette note que je quitte la Thaïlande, direction le Vietnam.