Sûrement beaucoup de choses à dire sur la vie à l'école, les enfants, les gens, infrastructures, paysages, animaux, ... nous y viendront!
Après cette longue pause, je reviens ici pour parler de l'eau, comment elle est actuellement gérée à l'école, ce que je suis en train de faire et ce qu'il faudra que je fasse dans l'idéal.
J'essairai d'être exhaustif mais bref, c'est une partie un peu boulot et moins voyage, il est possible de la zapper. Pour ma part je la trouve intéressante, l'eau étant un des enjeux et source de préoccupation principale de l'école.
Pour commencer, le contexte hydrographique du Paraguay:
Il pleut beaucoup au sud et plus on monte vers le Nord Ouest (vers la Bolivie), moins il pleut. On dit que le Paraguay est coupé en deux avec une partie sèche et une partie humide au sud qui concentre 80% de la population. Une carte des zones humides montre clairement cette séparation:
L'école où je suis dans le Chaco (point rouge au centre) est donc en zone sèche , où il ne pleut quasiment jamais pendant 6 mois (de Mai à Novembre) mais où en revanche en saison des pluies (Novembre à Mai), des pluies d'intensité cyclonique (>140 mm) peuvent tomber. En plus de cela, si la partie orientale dispose d'eau souterraine en abondance et exploitable, la partie où je suis possède un sous-sol salé, en raison de la présence d'un ancien océan. En fait, le taux de sel du sous-sol est jusqu'à 7 fois plus concentré que l'océan, ce qui rend quasi inexploitable son eau, même en essayant de la déssaler. Ce qui nous amène, à devoir récupérer directement l'eau de pluie.
L'école utilise 2 méthodes de récupération de l'eau de pluie. La première est ce qu'ils appellent les "Tajamares", grandes piscines creusées. On peut voir sur la photo caché derrière un arbre un réservoir élevé, qui prend l'eau du tajamare par pompage puis la redistribue par gravité. Elle envoyée vers d'autres réservoirs pour la traiter, et ne sert qu'une fois traitée au lavage (douches, lessive, ...) Elle peut aussi être envoyé directement sans traitement aux wc, potagers et animaux (poules, vaches, cochons, ...). En effet avec la riche vie animale et végétale qui fréquente les lieux l'eau est impropre, même une fois traitée, pour être bue. Surtout en ce moment avec la sécheresse où tout se concentre dans peu d'eau.
La deuxième méthode, pour l'eau à boire, est de récupérer l'eau de pluie qui s'écoule des toits vers de grands réservoirs en sous-sol. Après chlorination pour éliminer les bactéries, elle est aussi pompée vers des réservoirs élevés à proximité puis distribuée par gravité.
J'ai mis potable entre guillemets car malheureusement cette eau ne passerait pas les normes française, avec par exemple la présence de zinc, en raison de l'écoulement des toits, et de la présence de la bactérie E. Colis.
J'ai la chance de dormir avec les hermanos qui dirigent l'école et disposent d'une eau spécialement filtrée qui est la seule réellement potable, les enfants eux ont l'organisme habitué. Ils ne disposent en plus que de 2 fontaines extérieurs (1 côté filles, 1 côté garçons) pour boire.
Donc pour résumé ici un petit schéma du système de distribution de l'école tel qu'il est utilisé actuellement:
Ou en photo pour l'eau traitée:
La floculation est le phénomène qui permet de séparer les matières en suspensions de l'eau. Le sulfate d'alumine agit comme une glue pour les impuretés qui s'aglomèrent autour et tombent par gravité (décantation). L'eau est ainsi séparée de ses saletés. Le filtre à sable vient ensuite retenir les éléments plus fins qui auraient échappés à la floculation/décantation. Enfin le chlore vient éliminer les bactéries.
Les eaux usées (caca, savon, lessive, ...) sont elles récupérées dans plusieurs puits à proximité de chaque bâtiment et sont évacuées par pompage directement dans l'environnement proche, ce qui est moyen compte tenu qu'en cas de pluie, cette eau peut revenir dans les tajamares, sources des eaux de douches et lavages comme on l'a vu.
En somme, l'école se gère mais il y a beaucoup de choses qui peuvent être améliorées et dont le projet auquel je m'inscris se veut de répondre:
- Plus de quantité: il y a un certain stress en ce moment quant aux réserves disponibles à cause de la sécheresse, qui continue et espérons le se terminera avant Novembre.
- Plus de qualité : l'eau doit être mieux traitée, de la meilleure qualité possible à moindre coût.
- Moins de travail: la gestion actuelle demande un travail à plein temps pour l'employé et les enfants qui viennent l'aider, avec des réservoirs répartis un peu partout. L'idée c'est d'avoir une seule station d'épuration centralisée, durable et facile d'entretien.
- Traitement des eaux usées:pour un environnement propre et réduire le risque de maladies.
Il y a aussi la partie pluie et innondations et le bien sûr le projet mais nous les verrons prochainement.