Carnet de voyage

PCT 2023

44 étapes
167 commentaires
Suivez-nous sur le chemin mythique du Pacific Crest Trail!
Du 23 mars au 28 août 2023
159 jours
Ce carnet de voyage est privé, ne le partagez pas sans l'autorisation de l'auteur.
23
nov

Amateurs de grands espaces, nous avons déjà quelques aventures dans le rétroviseur. A pied, à ski, à vélo, à deux ou en solo, c'est avec plaisir que nous préparons le sac à dos pour déconnecter et prendre un peu l'air. Un rêve en commun: parcourir le Pacific Crest Trail, itinéraire américain mythique, qui nous fera partir de la frontière mexicaine pour nous mener jusqu'à la frontière canadienne le long de 4260km de sentiers. Suivez-nous dans nos préparatifs et notre aventure qui débutera le 27 mars 2023!

Nico et Laura

8
janv

Notre projet en quelques mots : traverser les Etats-Unis du sud au nord, à pied et en autonomie. 4260 kilomètres de sentiers à travers trois différents états, la Californie, l’Oregon et Washington, dans un périple qui nous permettra de relier le Mexique au Canada.

Yosemite, Sequoia National Park, Crater Lake… pas moins de sept parcs nationaux seront traversés pour lesquels nous avons dû demander un "permis longue distance". 50 permis sont délivrés par jour de départ afin d’éviter la surfréquentation et la dégradation des sentiers.

Le départ se fera pour nous le 27 mars ! Un choix de date dicté par plusieurs critères : un départ au printemps pour trouver des températures encore "fraîches" dans le sud de la Californie et pour laisser le temps à la neige de la Sierra Nevada de fondre avant notre arrivée, et l’obligation pour nous de rentrer avant fin août pour reprendre le travail.

Le stress commence à monter : si la neige tarde à arriver chez nous, elle est belle et bien installée dans l’ouest des Etats-Unis avec des chutes de neige et un froid records. On croise les doigts pour que la tendance tourne pour la suite de l’hiver, sinon nous devrons sans doute avancer au ralenti, adapter notre matériel ou notre itinéraire.

5
fév

Vous vous en doutez, nous allons devoir profiter des dernières semaines avant le départ pour préparer un peu nos muscles à ce qui les attend et pour travailler notre anglais. Rassurez-vous, nous vous donnerons de nos nouvelles en français mais certains mots et certaines expressions perdraient tout leur charme si on s’amusait à les traduire ou à les expliquer. Voici donc un petit article pour vous préparer, vous aussi, au grand départ et vous familiariser avec le vocabulaire du Pacific Crest Trail.

• • •

- PCT:

Commençons par le commencement ! Le PCT : Pacific Crest Trail est, comme son nom l’indique, un chemin de randonnée qui suit le tracé des crêtes du Pacifique. Il chemine parallèlement à la côte ouest nord-américaine, mais en est trop éloigné (environ 200 km) pour qu’on puisse apercevoir l’océan. Il est long de 4260 km avec un dénivelé positif cumulé d’environ 90 000 m. Certains tentent de le parcourir en entier et en une seule fois mais peu y parviennent. En 2021 par exemple, d’après le site officiel du PCT, 3791 personnes ont demandé un permis pour la traversée complète, environ 800 ont déclaré être arrivées au bout. Nous espérons faire partie des quelques « Thru-Hikers » victorieux de l’année 2023 !

- Thru Hiker :

Un Thru-Hiker est un randonneur qui décide d’effectuer le chemin en entier et en une seule fois. Lorsque nous avons demandé notre permis pour emprunter le chemin, nous nous sommes donc déclarés en tant que « Thru-Hikers ».

- Mile :

Les Américains n’utilisent pas les mêmes unités de mesure qu’en France. Nous allons donc devoir nous adapter et utiliser les miles plutôt que les kilomètres quand nous lirons cartes et panneaux. 1 mile = 1,6 km. Sympa pour le calcul mental ! Nous allons donc tenter de parcourir les quelques 2600 miles du PCT.

- Bear Canister:

Nous risquons de croiser quelques ours sur notre chemin et ceux-ci sont dotés d’un odorat très développé. Ces petits gourmands sont attirés non seulement par les odeurs de nourriture, mais aussi par les odeurs de savon, dentifrice ou crème que nous transporterons avec nous. Pour éviter de se faire détrousser par un ours pendant la nuit et de subir un régime forcé nous allons devoir nous munir d’une « Bear Canister ». Un petit tonneau impossible à ouvrir pour un ours dans lequel nous pourrons glisser tous nos effets à l’odeur alléchante et que nous prendrons soin de laisser à distance de notre campement le soir. Voilà un aperçu de l’efficacité de cette petite boîte :

- Hiker Box :

Encore une boîte! Beaucoup de randonneurs n’empruntent le PCT que sur une petite portion. Il arrive qu’à la fin de leur « balade » il leur reste en stock quelques vivres ou objets non utilisés. Ils pourront, s’ils le souhaitent, les laisser dans une « hiker box » mise à disposition à un point de ravitaillement. Ces quelques effets pourront faire le bonheur d’un prochain randonneur de passage à cet endroit.

- Trail Name :

Comme la tradition le veut, chaque « PCT-Hiker » doit se voir remettre un surnom par un autre randonneur. C’est souvent après quelques heures de marche commune ou de discussion avec la personne que le « Trail Name » s’impose. Nous avons hâte de savoir quels seront les nôtres !

- Trail Angels :

Mot pour mot : les anges du sentier. Ce sont toutes les personnes, volontaires et bénévoles, qui rendent le chemin plus doux en déposant des packs d’eau sur des sections désertiques, en accueillant les randonneurs au détour d’un chemin avec des boissons fraîches ou un barbecue, en accueillant gratuitement les randonneurs chez eux ou en leur proposant de les conduire au prochain point de ravitaillement.

- Trail Magic :

« The trail provides » (le sentier subvient aux besoins). C’est ce qu’on pourrait appeler la devise du PCT, ou de tout autre chemin de randonnée d’ailleurs. Quand on est habitué à partir plusieurs jours avec sa maison sur le dos on connait bien ce que cette phrase signifie. Elle fait référence à toutes les petites choses qui arrivent pile au moment où l'on en a besoin : un banc à l’horizon alors que tu n’arrives plus à avaler les kilomètres et rêves de t’asseoir, une âme charitable qui propose de t’héberger alors que tu cherches désespérément un endroit où dormir, des fraises des bois alors que tu rêves de sucre… C’est tout cela qu’on peut appeler des « Trail Magics ».

- Nero :

Faire un « Nero » signifie ne pas marcher toute la journée. Un « Nero » sera par exemple un jour où nous marcherons quelques kilomètres jusqu’à la prochaine route pour ensuite se rendre en ville pour se ravitailler.

- Zero :

Un « Zero » est un jour de pause. Un jour où l'on parcourt zéro kilomètre.

5
mars

Le Pacific Crest Trail a été rebaptisé par mes collègues: Petit Chemin Tranquille et je me suis vue remettre un magnifique T-shirt à leur effigie, histoire de ne pas oublier de rentrer pour reprendre le travail!

Un nouvel article pour parler justement de la „tranquillité“ du PCT et du matériel que nous allons devoir emporter avec nous.

On l’a dit plus haut, le début de saison d‘hiver a été particulièrement fourni en neige. Après une belle accalmie, la neige était de retour la semaine dernière et ça ne fait pas rigoler! Nous surveillons particulièrement les courbes de niveau de neige pour la Californie du sud, première étape de notre périple, avec pour référence l’année 2017, année record, que l’on espérait ne pas dépasser. Mais ça y’est, c’est fait! En témoignent les courbes ci-dessous avec en noir, la courbe de la moyenne des chutes entre 2004 et 2022, en bleu l’année record de 2017 et en vert cette année.

www.postholer.com 

L’accès à certains parcs naturels est fermé pour cause de gros risques d’avalanches. Les conditions ont le temps d’évoluer d’ici notre arrivée, mais il y a de fortes chances que nous soyons contraints de modifier notre itinéraire à certains endroits ou de réinventer un peu notre aventure. Nous n'avons pas choisi la bonne année pour la "tranquillité"!

Pour ce qui est du matériel, voici déjà un aperçu en image du matériel que chacun de nous deux devra porter ou se faire suivre par colis et une petite liste plus détaillée pour ceux qui projetteraient de se lancer dans un voyage en itinérance de ce type.

Sac à dos 50L + 5 (Deuter) - Pochettes de rangement étanches (Sea to Summit + Cocoon) - 4 paires de baskets (La Sportiva) - 6 paires de chaussettes (Thyo) - Guêtres (Salomon) - Sandales (Crocs) - T-shirt manches courtes (Icebreaker) - T-shirt manches longues (Icebreaker) - Veste polaire (Cotopaxi) - Pantalon/short (Quechua) - Collants (Odlo) - Sous-vêtements - Doudoune (Marmot) - Coupe vent (Kalenji) - Poncho imperméable (Quechua) - Tour de cou (Buff) - Casquette (Dakine) - Lunettes (Belsun) - Bonnet (fait main) - Moustiquaire pour le visage (Sea to Summit) - Gants (Craft) - Drap de sac (Quechua) - Sac de couchage (Thermarest) - Matelas gonflable (Thermarest) - Oreiller gonflable (Sea to Summit) - Tente + tapis de sol (Big Agnes) - Lampe frontale (Forclaz) - Serviette de toilette (PackTowel) - Nécessaire de toilette - Trousse de premiers secours - Gourde avec filtre à eau intégré (Befree) - Poche à eau 3L (Seeker) - Réchaud (Jetboil) - Couteau (Opinel) - Cuillère (Keith Titanium) - Tasse - Bâtons - Piolet (Camp) - Micro-crampons (Nortec) - Batterie externe - GPS (Garmin) - Petit pelle pour enterrer ses excréments - Carnet pour aquarelle (Le moulin de la Tourne) - Palette d’aquarelle (Schmincke) - Crayon + gomme + pinceau + stylo + carnet de notes.

Nous allons bien sûr nous partager quelques uns de ces objets comme la tente ou le nécessaire de cuisine, ce qui nous amène à un total de 8 à 9 kg par personne à porter, sans compter l’eau et la nourriture qui viendront s’ajouter à la liste et alourdir le sac. Nous ne sommes pas mécontents du résultat car nous étions habitués à bien plus lourd avec notre ancien matériel. Cette liste est un savant mélange entre le matériel que nous avions déjà et qui n’était pas trop lourd et un long travail de comparaison entre les différents produits, leur poids et leur prix. Nous arrivons au bout de nos achats même si la liste va certainement encore s’allonger au gré des idées et des conditions annoncées.

24
mars
24
mars

Première étape franchie avec succès!

Après 24h de voyage, nous voici arrivés à San Diego où il nous reste quelques derniers préparatifs à organiser avant le départ à pied de lundi: trouver des contenants pour nous envoyer du matériel tout au long du chemin, acheter de la nourriture, des fournitures supplémentaires (chargeurs d'appareils électroniques compatibles avec les prises américaines, bouteille de gaz, briquet), répartir tout ça dans nos sacs et nos colis et passer à la poste pour envoyer nos ravitaillements vers une de nos prochaines étapes.

Malgré le peu de sommeil des derniers jours nous avons pu régler tout ça assez rapidement et profiter de l'après-midi pour nous balader au bord de l'océan Pacifique. Nous allons donc pouvoir nous reposer demain pour partir en pleine forme lundi!

Un aperçu en quelques images du début de notre voyage:

Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir manger?!
Mission "tout faire rentrer dans les sacs"
Au bureau de poste
Les rues de San Diego
27
mars

Avant un petit résumé des deux derniers jours voici le lien du site sur lequel vous pourrez suivre notre position: https://share.garmin.com/GKHJA

Nous avons opté dimanche pour la navette des Trail Angels pour nous rendre à Campo, lieu de départ du PCT. Un peu chère, mais cela nous a permis de nous mettre dans l'ambiance plus rapidement en rencontrant dès le départ de san Diego d'autres randonneurs et en ayant une visite gratuite de la région par notre chauffeur, Skywalker, pleine d'anecdotes à raconter. Les premiers randonneurs rencontrés sont deux Françaises, Clara et Hélène, qui ont décidé de voyager le moins possible en avion et ont démarré leur voyage fin janvier avec une transatlantique en voilier au départ de Brest. Les autres personnes rencontrées dans la navette sont toutes américaines.

Après un détour au "Vieux Campeur" local, Skywalker nous a emmenés voir le monument qui marque le départ du PCT, juste à la frontière mexicaine.

Fait insolite: la frontière est matérialisée par un grand mur fait de barreaux à travers lesquels on peut passer un pied pour faire un pas sur le sol mexicain.

Frontière mexicaine

Incroyable d'y être après toutes ces années à s'imaginer devant! Puis direction le camping, à quelques centaines de mètres de là, pour une soirée organisée par des Trail Angels pleins d'attention: plat de pâtes, conseils avisés, morceaux de guitare, feu de camp et petit déjeuner copieux. De quoi commencer le PCT revigorés!

Au camping

Après une première nuit dans la tente à goûter aux plaisirs des bruits nocturnes mexico-californiens (chouettes, hiboux, grenouilles, hélicoptères de patrouille, vent du Pacifique), nous voilà fin prêts !

Lundi 27 mars 2023, 8h52, nous faisons nos premiers pas sur le PCT.

Top départ à 2650 miles du Canada

Là où nous pensions trouver chaleur et aridité, nous trouvons vent frais et de nombreux cours d'eau bien fournis. Les tempêtes des dernières semaines ont du bon, inutile de trop porter d'eau. Le chemin serpente au milieu des plantes qui poussent dans le sable. Nous croisons des cactus, des fleurs colorées qui sortent tout juste, des rivières dorées et des blocs de granit à foison.

24,4 km pour aujourd'hui sur un chemin relativement plat. Premier bivouac du PCT en bord de rivière avec d'autres randonneurs.

La semaine dernière était la semaine des dernières fois avant longtemps: derniers repas en famille, dernier verre entre amis, dernière nuit dans notre lit, dernier coup de déo... cette semaine est la semaine des premières fois !

29
mars

Jour 2:

Km: 26,9 (km cumulés: 51,3)

Dénivelé: 1506m

Le deuxième jour se passe comme le premier. Le chemin est roulant. Le PCT a été à l'origine tracé pour les cavaliers, il y a donc peu de gros dénivelés et peu de passages techniques. Nous avançons à un bon rythme tout en faisant attention à ne pas faire trop de kilomètres les premiers jours: nous devons ménager notre monture ! Cela nous laisse tout le loisir d'observer la nature autour de nous.

La descente vers le Lake Morena

Nous sommes surpris de ne croiser aucun serpent à sonnette, pourtant nombreux habituellement dans les parties désertiques du PCT. Il fait sans doute encore trop froid pour eux.

Nous observons des lézards, des écureuils, un colibri, des faucons, des quiscales, des pics (woodpeckers), des traces de gros mammifères et des crottes... pumas? coyotes? lynx? chiens?

Côté paysages nous sommes aussi servis. Il paraît que les paysages du sud de la Californie sont les plus variés du PCT. Après les cactus et le granite, les petits arbustes et les monolithes de gneiss. Puis nous trouvons de nombreux chênes criblés par les pics qui en font leurs caches de réserves pour l'hiver.

Des caches de glands

On aurait presque l'impression de traverser un village de Hobbits!

Jour 3:

Km: 17,7 (km cumulés: 69)

Dénivelé: 962m

Au jour 3, nous croisons nos premiers résineux, au détour d'un virage: des pins aux pommes géantes et des sortes de thuyas.

La météo n'est pas de notre côté en cet après-midi de jour 3: une tempête s'annonce et la neige n'est pas loin. En témoignent la température et les quelques névés croisés sur le chemin.

La tempête arrive

Nous descendons vers le village de Mount Laguna vers 12h en pensant planter la tente au camping. Mais la saison n'a pas commencée et il est fermé. 1er lodge croisé: complet. 2ème hébergement: location pour 2 nuits uniquement. 3ème hébergement: complet. Finalement, nous camperons dans les toilettes communes d'un centre de location de tiny houses. C'est chauffé et on peut y prendre une douche. Tout ce dont nous rêvons après 4 jours dehors et sans eau chaude!

Notre hébergement du soir

Cette recherche de logement nous aura permis de visiter un peu le village en passant par un magasin bien typique à la déco particulière: un puma empaillé coupé en deux, et un restaurant à la déco particulière: des ours, un loup et des élans empaillés.

Après s'être installés dans les toilettes et pris une petite douche nous sommes partis, livres en main, pour passer une soirée tranquille au café du coin, apparemment tenu par des Français. Nous y trouverons finalement la plupart des randonneurs déjà rencontrés: Clara, Hélène, Mushroom, Scott, Tim et Webster et y mangerons un burger avant de payer la note auprès du patron (dont la cousine habite à côté de chez nous, à Saint Jean de Sixt) et de poursuivre la soirée dans le restaurant aux animaux empaillés, rebaptisé le "saloon" par Mushroom. Le nom était bien trouvé: nous y avons trouvé un piano désaccordé, comme dans tout saloon qui se respecte, sur lequel Scott et Hélène ont joué, pour notre plus grand plaisir!

De quoi passer une bonne soirée avant la nuit dans les toilettes!

30
mars

Km: 0

Pause forcée aujourd'hui. On annonce des chutes de neige toute la journée. Rien qui puisse nous empêcher d'avancer, mais la perspective de planter la tente dans la neige sans pouvoir se réchauffer et faire sécher les affaires nous pousse à faire un zéro.

Journée lecture, jeux de société avec Éric, le patron du café, Clara, Hélène et Scott, coups de main en échange de repas offerts, aquarelle... De quoi bien remplir la journée en attendant le retour du soleil demain. Voilà qui promet de beaux paysages avec un désert enneigé sous un ciel que nous espèrons dégagé!

1
avr

Jour 5:

Km: 34,4 (cumulés: 103,4)

Dénivelé: 1053m

Après une journée zéro à Mount Laguna chez Eric et Laurence, nous voilà repartis de bon matin avec Clara et Hélène dans une neige froide et légère. Nous nous félicitons d'avoir choisi de rester un jour au chaud: la forêt est magnifique aujourd'hui avec les rayons du soleil sur les pins givrés! Nous ressortons finalement de la forêt et marchons jusqu'à un point de vue qui nous fait presque verser une petite larme: plus bas, fini la neige, le désert s'étend sous nos pieds. Incroyable ! Au loin, on aperçoit le mont San Jacinto, le premier qui nous donnera du fil à retordre à cause de son fort enneigement cette année et au pied duquel nous nous sommes envoyés piolets et crampons.

Scott nous rattrape et nous continuons notre chemin dans une neige de plus en plus molle. Je suis contente d'avoir investi dans des chaussettes imperméables car le chemin devient une vraie pataugeoire ! En bord de chemin nous reconnaissons quelques traces: renards, petits rongeurs, petits lapins, petits oiseaux et cailles sauvages.

La forme est là, nous marchons 34,4 km aujourd'hui, laissant notre "tramily" (trail-family) derrière nous. Nous les recroiserons peut-être plus tard, qui sait?

Jour 6:

Km: 31,2 (cumulés: 134,6)

Dénivelé: 1205m

Il n'a pas fait chaud cette nuit, et pour cause: au réveil, la toile de tente et les arceaux sont givrés. Nous décidons à 5h45 de nous lever, de ranger les affaires le plus vite possible et de déjeuner plus loin, aux premiers rayons du soleil.

Difficile de décrire la journée d'aujourd'hui en quelques mots tant elle a été variée! La première section empruntée est plus sèche que ce que nous avons rencontré hier, mais nous rencontrons encore la route d'animaux tels que des petits lapins qui détalent à notre arrivée.

Une route carrossable traverse la vallée. Nous nous demandions hier à quoi elle pouvait bien servir. Il s'agit apparemment d'une ancienne voie qui menait vers les mines au temps de la ruée vers l'or.

Nous poursuivons notre descente au milieu des yuccas, cactus et pieds d'agave. Certains arbustes en fleurs attirent toutes les abeilles du coin, ça bourdonne à notre passage !

Nous marchons aujourd'hui pour la 1ère fois depuis le début du trek en t-shirt. Il fait chaud et la chaleur révèle les odeurs des végétaux. On en prend plein les narines!

Arrivés en-bas de la montagne, nous poursuivons avec une longue traversée dans une plaine, parsemée de petites fleurs et de petits bosquets de différentes plantes.

La prochaine et dernière section de la journée est sans doute la plus belle. Après une jolie surprise sous un pont (un trail-angel a déposé bouteilles d'eau et boissons fraîches pour les randonneurs) nous entamons notre dernière montée au milieu de cactus de toutes sortes et d'arbustes étranges. Nous avons l'impression de marcher au fond de la mer!

Après 31,2 km, nous plantons la tente au soleil et patientons jusqu'à demain pour de nouveaux paysages.

Ps: Nous ne répondons pas forcément aux messages et commentaires pour ne pas passer trop de temps sur le téléphone, mais chacune de vos nouvelles nous fait le plus grand plaisir, alors s'il vous plaît continuez! 😀

2
avr

Km: 30 (cumulés: 164,6)

Dénivelé positif: 1202m

La nuit a été beaucoup plus chaude et c'est la lumière du soleil qui nous réveille ce matin. C'est dimanche, nous décidons de prendre notre temps et partons à 7h50 pour notre nouvelle journée de marche. Peu de choses à raconter pour aujourd'hui. Les paysages sont toujours grandioses, les fleurs sortent et parfument le chemin, mais le trail est plus monotone. Nous faisons un détour pour aller chercher de l'eau déposée dans une cache par les trail-angels. Cette section est très aride et il n'y a pas de point d'eau sur une quarantaine de kilomètres.

Après avoir passé la barre des 100 miles de marche, nous arrivons en fin d'après-midi sur un replat destiné au bivouac et décidons de poursuivre notre chemin pour trouver un endroit plus tranquille. Plus loin, pas de terrain plat. Nous faisons demi-tour vers l'emplacement que nous venons de traverser. Un trail-angel s'y est installé avec une glacière remplie de boissons fraîches.

De quoi bien terminer la journée!

4
avr

Jour 8:

Km: 31,4 (cumulés: 196)

Dénivelé positif: 1667m

Nous entamons notre deuxième semaine sur le PCT après une nuit au son du chant des grenouilles. De grosses rafales de vent sont annoncées. Elles sont bien là et sont accompagnées d'un petit crachin qui mouille bien. Nous traversons de grandes prairies et apercevons des vaches au loin. Encore un changement d'ambiance! Nous arrivons peu après notre départ au rocher "Eagle Rock" où une pause photos s'impose. La suite se passe à l'abri de grands chênes ou à travers des prairies fleuries.

Dans deux jours, nous ferons une halte en ville pour nous ravitailler. Les sacs sont de plus en plus légers à mesure que nous mangeons nos réserves et nous prévoyons de faire 36 km jusqu'à un emplacement où l'on peut planter la tente. Malheureusement, nous nous rendons compte qu'il y a beaucoup de monde devant nous et peu de places aux prochains spots de bivouac. Nous nous arrêtons donc plus tôt, au bord d'une rivière, et nous installons vite pour nous mettre à l'abri du vent. Nous avons marché avec le bonnet et les gants toute la journée alors qu'il fait habituellement jusqu'à 35°C à cette période!

Jour 9:

Km: 31,1 (cumulés: 227,1)

Dénivelé positif: 1163m

Nous n'avons pas très bien dormi cette nuit. Nous n'avons pas de thermomètre avec nous, mais l'eau de nos gourdes gelée est un bon indicateur: il a fait de nouveau froid ! Nous plions la tente et partons à la rencontre des premiers rayons du soleil pour déjeuner. La randonnée se poursuit tranquillement à travers les manzanitas (jolis petits arbustes croisés régulièrement depuis le début du PCT), les cactus, les blocs de granite est quelques pins. Au loin, nous apercevons le mont San Jacinto qui se fait de plus en plus proche!

Nous ne peinons pas à trouver de l'eau. L'hiver rigoureux fait revivre des ruisseaux qui n'existaient même plus sur les cartes!

En discutant avec d'autres randonneurs nous nous rendons compte que nous marchons vite: ils ont commencé le PCT le 23 mars. Nous avons 4 jours d'avance sur eux. Pas étonnant que nous ne croisions jamais les mêmes personnes! Il faut dire que nous avons une bonne raison d'avancer: la ville nous attend avec ses restaurants, ses douches et ses machines à laver. Tout ça, c'est pour l'étape de demain, alors nous carburons !

5
avr

Km: 17,9 (cumulés: 245)

Encore une nuit à la fraîche. Nous partons à 6h dans le but de prendre notre petit déjeuner à 18 km d'ici, au Paradise Valley Café. Nous rencontrons deux cailles sauvages sur le chemin dont nous remontons la trace un petit moment. Elles ont dû se faire une jolie petite balade sur le chemin au lever du jour!

Une petite halte le temps de réserver une chambre pour la prochaine nuit dans le village d'Idyllwild et nous repartons à l'assaut des pancakes! Malheureusement, nous arrivons trop tard pour le petit déjeuner et devons nous rabattre sur les burgers.

Nous vivons quelques jolis évènements aujourd'hui dont voici un résumé:

- Nous discutons au restaurant avec deux randonneurs qui nous parlent de Luc et Lucie, deux Québécois qui passent la nuit à Idyllwild aussi. Nous les rencontrons ensuite par hasard en faisant nos courses.

- Nous avons récupéré un tapis de sol égaré par un randonneur sur le chemin hier et l'avons ramené aujourd'hui au restaurant en pensant que son propriétaire y passerait sûrement. Il y est effectivement et nous pouvons le lui rendre en main propre.

- Nous cherchons à nous renseigner sur un endroit stratégique pour faire du stop vers Idyllwild. Le trail-angel rencontré dimanche entre au même moment dans le restaurant et nous dit qu'il a encore deux places dans son pick-up pour nous emmener.

Un petit tour avec Santa

- Nous avons la chance de rencontrer le maire d'Idyllwild "Mayor Max" et sa sœur, première adjointe, et de prendre une photo avec eux.

Le maire et sa première adjointe...on est bien aux États-Unis!

- En allant au restaurant le soir, nous tombons sur Mushroom et Tim qui avaient affronté la tempête de neige la semaine dernière alors que nous passions du bon temps chez Eric et Laurence. Nous dînons donc avec eux.

De retour dans notre chambre il nous faut maintenant prévoir les prochains jours. Le PCT sur le Mont San Jacinto est toujours fermé à cause de la neige. Certains randonneurs décident de sauter l'étape et de revenir plus tard boucler cette portion. D'autre veulent le tenter quand même. Nous optons pour une variante plus longue, sans doute moins intéressante, mais moins dangereuse.

7
avr

Jour 11:

Km: 15,3 (km cumulés: 260,3)

Dénivelé positif: 1026m

Après une bonne nuit au chaud et une matinée passée à organiser la suite du trek, nous passons à la poste récupérer piolets et crampons.

Nous nous rendons ensuite de nouveau au Paradise Valley Café avec Jeff, un gars du coin qui nous prend en stop. Et c'est propres comme des sous neufs, mais chargés comme des mules que nous repartons sur le PCT, peu après midi, avant de poser la tente sur un plateau avec vue sur le désert.

Jour 12:

Km: 32,3 (km cumulés: 292,6)

Dénivelé positif: 1548m

Magnifique levé de soleil sur le désert ce matin. Nous ne le savons pas encore mais il faut en profiter car nous entamons ce que nous appellerons plus tard la "journée de la lose".

Le chemin pour le mont San Jacinto rouvre aujourd'hui. Nous décidons d'aller jusqu'à la jonction avec la variante que nous avions prévu d'emprunter et d'aviser sur place.

Il y a eu énormément de feux de forêt ici ces 40 dernières années. Nous évoluons au milieu d'arbustes qui poussent entre d'autres arbustes calcinés. Les arbres qui résistent le mieux aux feux sont les pins, les cèdres et les douglas. Nous respirons à plein poumons leurs parfums.

C'est après que les choses se corsent. La neige est dure et nous évoluons facilement dessus, mais nous perdons le chemin et devons nous battre avec les arbustes pour arriver à avancer. La dernière traversée pour arriver à la jonction est assez exposée et la neige devient molle. Nous sortons les piolets. Arrivés à la jonction, nous prenons le temps d'analyser la situation et restons à regret sur notre plan A: nous redescendons par la variante avec un pincement au cœur. Nous pensons à Tim, Mushroom et Webster qui, eux, avaient bien planifié leur traversée avec 10 jours de ravitaillement et un calcul précis des kilomètres pour marcher essentiellement de nuit sur une neige dure. Nous, les montagnards, battons en retraite. "Lose" n°1.

Gros dénivelé négatif, dans le sable, beaucoup d'arbres en travers du chemin, escalade. "Lose" n°2.

Arrivés en bas, nous devons maintenant effectuer les 18 km qui nous séparent d'Idyllwild où nous passerons la nuit. Hors de question de faire du stop, nous voulons les faire à pied. Nous cherchons une alternative à la voie rapide que nous n'avons pas envie de longer. S'en suit 3h de marche sur des chemins parfois privés, des routes fermées à cause des inondations, des routes creusées parfois jusqu'à 2 m de profondeur par les pluies et que nous ne pouvons pas contourner. Nous arrivons difficilement à Idyllwild, mes ampoules me font boiter et je marche très lentement. "Lose" n°3.

Nous essayons de rejoindre le camping, nous nous trompons de route et nous arrêtons en ville pour manger une glace et nous remonter le moral. Nous repartons pour le camping, le ranger à l'entrée nous annonce qu'il est complet. "Lose" n°4.

Demi-tour, réflexion. Nous nous apprêtons à sortir le téléphone pour voir où nous pourrions dormir... une voiture s'arrête devant nous. Deux femmes. "Vous cherchez un endroit pour dormir? Nous avons un gîte libre si vous voulez!" Après quelques voyages en itinérance, je sais bien qu'une journée de la lose se finit toujours en beauté. Nous montons donc dans la voiture d'Angela et Deb.

Petite maison rien que pour nous, salle de bain, draps propres, dégustation de vins californiens et planche d'apéritif, rencontre avec les voisins et pour couronner le tout, Clara et Hélène, les Françaises avec qui nous échangeons toujours quelques nouvelles, nous apprennent que Tim, Webster et Mushroom n'ont finalement pas fait la traversée du San Jacinto et ont pris le même chemin que nous.

Nous voilà rassurés et requinqués pour rattaquer la marche demain!

9
avr

Jour 13:

Km: 27,5 (km cumulés: 320,1)

Dénivelé positif: 1158m

Ce matin, c'est John, le voisin, qui nous ramène en voiture vers la route qui nous permettra de retrouver le PCT. Sur la route, nous croisons des randonneurs rencontrés à la jonction entre le chemin pour le mont San Jacinto et la variante que nous avons prise. Ils ont démarré le PCT début mars, n'ont pas pu faire cette section à ce moment-là à cause de la neige, et sont revenus ici après 500 miles de rando pour faire cette section sautée. Si nous les voyons sur cette route, c'est qu'il n'ont pas réussi la traversée. Nous sommes heureux d'avoir pris la bonne décision au bon moment et de ne pas avoir perdu trop de temps là-haut.

Le retour sur le PCT nous prend la matinée. La route est enneigée. Nous nous enfonçons parfois mais au moins les pieds restent au frais et nos ampoules ne s'en portent que mieux!

Une fois le PCT rejoint, nous entamons la descente vers le prochain désert. Nous rencontrons beaucoup d'écureuils terrestres et de lézards de toutes sortes.

Il fait chaud ce soir. Pas de collants ni de polaires dans les sacs de couchage. Pourvu que ça dure!

Jour 14:

Km: 30,8 (km cumulés: 350,9)

Dénivelé positif: 1276m

Très bonne nuit grâce aux températures plus clémentes. Nous poursuivons la descente entamée hier au milieu des blocs de roche, lézards et nombreuses fleurs. Il y en a de toutes les couleurs! Si l'homme était intervenu dans ces rocailles il n'aurait sans doute pas fait mieux.

Nous atteignons le point le plus bas en altitude de la section californienne du PCT (400 m). Nous rencontrons un lézard en tenue de camouflage et notre premier serpent!

Vous le voyez?!

Quel contraste avec le village de montagne d'Idyllwild! Ici nous trouvons une grande vallée sablonneuse traversée par d'immenses trains de marchandises et couverte d'éoliennes.

Nous remontons progressivement dans les hauteurs. Première grosse grimpée du périple et en plein soleil. Nous retrouvons des cailles sauvages et des paysages plus verts qui nous rappellent la maison. Les fleurs sont toujours aussi magnifiques!

Nous finissons la journée par une petite toilette et lessive dans la rivière. Nous en avions grand besoin après cette journée estivale!

11
avr

Jour 15:

Km: 30,1 (km cumulés: 381)

Dénivelé positif: 2347 m

La journée commence par une épreuve: celle de la traversée de rivière. Celle-là est assez petite, mais nous sentons bien qu'il en faudrait peu pour basculer et tomber à l'eau! La randonnée d'aujourd'hui consiste à remonter un canyon. Nous traversons plusieurs fois sa rivière histoire de garder les pieds au frais et montons progressivement jusqu'à retrouver résineux et neige. Nous poussons péniblement jusqu'à 30 km et trouvons un endroit plat, au milieu d'arbres calcinés, pour planter la tente. Les paris sont ouverts: combien de dénivelé aujourd'hui? Nous parions tous les deux 1700 m. Verdict: 2347 m. Pas étonnant que nous soyons contents de voir arriver la fin de la journée!

Jour 16:

Km: 27,6 (km cumulés: 408,6)

Dénivelé positif: 1517 m

Nous avons bien repris de l'altitude hier et la nuit a été froide.

Nous retrouvons le chemin au petit matin et entendons un chaton miauler un peu plus haut. Mieux vaut ne pas s'en approcher, nous ne savons pas de quelle espèce il s'agit et la mère n'est sans doute pas très loin! Nous rencontrons de nouveaux animaux aujourd'hui, des tamias (Tic et Tac) que nous voyons courir un peu partout.

Nous pensions en avoir fini avec la neige, mais elle est bel et bien encore là. La journée ne sera que looooongues traversées, la plupart du temps dans la neige, dans laquelle nous nous enfonçons, perdons le chemin et glissons.

En fin d'après-midi, de désespoir, je lance un: "Ils sont où les trail-angels?! C'est maintenant qu'on aurait besoin d'eux!"

Et là que voilà?! Quelques mètres plus loin, une glacière remplie de bidons d'eau claire et de friandises. Il suffisait de demander!

Requinqués, nous poursuivons notre descente avant de planter la tente dans la forêt.

12
avr

Jour 17:

Km: 19,7 (km cumulés: 428,3)

Dénivelé positif: 678 m

Encore une nuit à grelotter. Nous partons à 6h10 et grignotons quelques cacahuètes en route. Mission du jour: atteindre la ville de Big Bear avant midi, faire une lessive, manger au restaurant, se ravitailler pour une nouvelle semaine de marche et repartir sur le chemin avant la nuit. Le trail est relativement plat et nous effectuons les 16 km qui nous conduisent à la route assez rapidement. Nous sommes pris en stop par John qui se rend à Big bear pour son jour de congé.

Big Bear est un village au bord d'un lac, mais en cet hiver enneigé, ce sont ses pistes de ski qui attirent encore du monde. Un brin de toilette dans les toilettes publiques, une petite lessive, et nous voilà en route pour le restaurant. Quel bien cela fait de bien manger! Nous n'avons pas de balance, mais nous avons déjà perdu quelques kilos, c'est sûr!

Un petit tour chez le glacier pour le dessert et nous allons vers la station essence demander aux clients s'ils vont en direction du supermarché. Première personne abordée: bingo! Nous montons et en route pour le ravitaillement! La suite est plus compliquée. Nous devons trouver un endroit stratégique pour faire du stop jusqu'au PCT qui est en dehors de la ville. Pas besoin de chercher longtemps, une voiture s'arrête à notre hauteur et nous propose de nous y emmener. Jessica, trail-angel, transportait déjà un randonneur et allait en chercher d'autres au bord du chemin.

Mission du jour parfaitement remplie, donc, et nous pouvons repartir d'un bon pas!

16
avr

Jour 18:

Km: 35,2 (km cumulés: 463,5)

Nous avons dormi cette nuit à côté de mines d'or encore en activité, et prospères qui plus est! Le vent a été violent toute la nuit dans la vallée. Nous nous serions crus au bord de l'autoroute tellement il était bruyant! Heureusement, nous avions trouvé un bon emplacement pour la tente, à l'abri du vent, et avons pu assez bien dormir.

À partir de Big bear, le PCT met le cap vers l'ouest pour nous emmener jusqu'à Angeles National Forest, au nord de Los Angeles avant de se réorienter vers le nord.

Notre randonnée d'aujourd'hui s'est déroulée parfois sur de gros graviers de roches multicolores, parfois sur de la terre, souvent (trop souvent!) dans la neige et toujours au milieu de conifères. Nous rencontrons quatre biches aujourd'hui et un jeune Américain, installé dans un hamac à côté de son 4X4, musique à fond, et qui nous aborde ainsi: "Haha! Je m'amuse bien, les gars arrivent en jeep sur ce chemin, vont se planter plus loin dans la neige, je les regarde un moment, et après je vais les aider à ressortir pour 20$. C'est le troisième aujourd'hui!". On trouve de tout dans les forêts californiennes!

La journée se finit sur du sable dans un vrai décor de far-west. C'est là que nous plantons la tente et allons faire trempette dans la rivière.

Jour 19:

Km: 36,9 (km cumulés: 500,2)

Nous nous réveillons dans une tente givrée ce matin. Après 30 minutes de marche, il nous faut traverser une rivière qu'il faudra retraverser plus tard. Nous parvenons à rester sur sa rive droite et économisons deux traversées. Nous n'échappons pas à la dernière mais le courant est moins fort. Ça ravigote pour la journée!

Cette rivière grossit au fur et à mesure et nous descendons le long de son canyon en la surplombant jusqu'à la fin de la journée. Grande traversée qui nous fera emprunter deux jolis ponts, voir deux serpents et passé à côté de sources d'eau chaude.

Le canyon débouche sur un grand barrage au pied duquel nous plantons la tente au chant des cigales et, nous le verrons plus tard, sous un nid de colibri!

Jour 20:

Km: 35,8 (km cumulés: 536)

Nous commençons la journée par une traversée de rivière. De quoi bien nous réveiller car l'eau arrive à mi-cuisse. Nous filons à plat, en balcon, le long de collines, avec à l'horizon des montagnes enneigées et toujours cette question: "Allons-nous devoir y grimper?".

Nous atteignons un lac et trouvons une crique déserte pour le repas de midi. Aujourd'hui, nous croisons une bonne vingtaine de randonneurs qui arrivent à contre-courant. Ce sont ceux qui ont décidé de faire un saut en voiture vers le nord et de marcher en direction du sud pour trouver de meilleures conditions en altitude.

Ce soir, nous retrouvons Mushroom que nous n'avions pas vu depuis Idyllwild et plantons notre tente à côté de la sienne.

Jour 21:

Km: 37,9 (km cumulés: 573,9)

Dénivelé positif: 1981 m

Nous partons ce matin à 5h55. Mission du jour: aller prendre le petit-déjeuner à 10 km d'ici... au Mc Donald's! Nous avons peur d'arriver avant l'ouverture et regardons les horaires dès que nous avons un peu de réseau: Il est ouvert de 5h à 23h. Nous sommes larges! Ce Mc Donald's se situe à Cajon Pass, un énorme carrefour d'autoroutes et de voies ferrées perdu au milieu des collines. La Route 66 y passe.

Quelques muffins saucisses/oeuf, pancakes, sodas et cafés plus tard, nous voilà repartis. Le chemin monte progressivement avec toujours la neige en toile de fond. Nous assistons à un ballet de vol synchronisé de corbeaux qui jouent avec le vent. Depuis hier, plusieurs randonneurs croisés nous avertissent de la présence de serpents à sonnette sur notre chemin. Nous n'en avons toujours pas vu un seul!

Nous prenons de l'altitude et retrouvons des résineux, dont un inconnu au bataillon, ainsi que quelques névés qui nous permettent de faire un brin de toilette avant d'installer la tente et d'aller nous coucher.

17
avr

Jour 22:

Km: 16,8 (km cumulés: 589,7)

Petite victoire aujourd'hui: alors que près de la moitié des randonneurs abandonnent le PCT dans les trois premières semaines, nous entamons notre quatrième semaine de marche!

La nuit a été calme. Pas de vent, pas de rivière qui coule, pas d'oiseaux qui chantent, pas de klaxons de trains au loin et pas de grand froid. Nous avons prévu aujourd'hui de faire les 17 km qui nous séparent de la prochaine route pour aller nous ravitailler au prochain village: Wrightwood. La neige sur le chemin est dure. Nous en profitons pour tester nos micro-crampons qui nous seront utiles pour le prochain sommet à gravir. Nous évoluons sur le domaine skiable de Big Pines qui a déjà terminé sa saison d'hiver.

Nous arrivons à la route où nous pensions faire du stop, mais constatons qu'elle est fermée. Il s'agit d'un col et la route n'a pas été déneigée. Nous faisons donc une partie du chemin à pied et sommes ensuite pris en stop par un jeune couple et leur fille d'environ 7 ans (qui propose spontanément de nous héberger le soir) qui nous dépose à Wrightwood où nous faisons nos courses, le plein de calories au restaurant et trouvons finalement l'hospitalité chez Anita, une trail-angel d'origine allemande.

19
avr

Jour 23:

Km: 5,8 (km cumulés: 595,5)

Anita, notre hôte, est professeure en école d'infirmières et doit partir au travail à 6h30 ce matin. Nous quittons donc sa maison assez tôt et allons prendre notre petit déjeuner chez un caviste qui fait aussi petite restauration. Nous ne sommes pas pressés aujourd'hui. Nous avons seulement prévu de rejoindre le PCT et de faire une petite marche d'approche de quelques kilomètres pour nous attaquer au Mont Baden-Powell demain, au petit matin. Cela nous laisse l'occasion de sympathiser un peu avec les locaux au café, dont David qui nous offre un joli dessin qu'il vient de réaliser dans son carnet.

Nous prenons ensuite le temps de lire ou peindre au soleil avant de repartir vers midi en stop pour nos 6 kilomètres du jour. La neige a bien fondu sur la route qui mène au col: le gros bonhomme de neige d'hier a aujourd'hui une taille de guêpe! Le brouillard monte de la vallée en même temps que nous, mais nous pouvons finalement planter la tente et profiter du soleil et de la vue encore quelques heures avant d'aller nous coucher. Réveil prévu à 4h pour une ascension du Baden-Powell sur neige dure.

Jour 24:

Km: 33,5 (km cumulés: 629)

Réveil à 4h. Nous grignotons au chaud dans la tente et chaussons les micro-crampons pour nous rendre au pied du Baden-Powell. Plusieurs randonneurs nous avaient dit hier qu'ils commenceraient l'ascension à 3h du matin. Nous voyons leurs frontales monter au loin. Arrivés au début du chemin, nous tombons sur une randonneuse qui était censée être dans le convoi de 3h. Trop peu sûre d'elle, elle a préféré redescendre mais nous dit que la trace est bonne et que cinq personnes nous devancent. Nous sortons les piolets et partons à l'assaut du sommet. Après quelques dizaines de mètres à peine nous apercevons une deuxième personne en bas de la montagne. Une troisième arrive et nous dit que sur les six partis ce matin, il n'y en a que deux qui poursuivent l'ascension. Le chemin est glacé, la trace difficile à repérer et les deux qui continuent sont armés de vrais crampons. Nous nous rendons à regret à l'évidence: le Baden-Powell, ce ne sera pas pour cette fois. Nous marchons donc sur la route pour le contourner. Celle-ci est recouverte de neige dure ce qui nous permet de rattraper assez rapidement les kilomètres "sacrifiés" hier pour cette ascension ratée.

La "route"

Nous arrivons au croisement avec le chemin qui redescend du Baden-Powell. Nous décidons de quitter la route et de retourner sur le sentier, maintenant que le sommet critique à été contourné.

Malheureusement, cela ne voulait pas dire que les difficultés étaient passées! Nous devons ressortir les piolets pour des traversées en dévers et essayons tant bien que mal de rester sur le sentier, caché par la neige. Nous sommes contents d'arriver au sommet du Mont Williamson et de manger un peu. Nous nous rendons assez vite compte que la suite n'est pas très réjouissante: le chemin est toujours enneigé, en dévers et une glissade dans ces pentes à 40 degrés pourrait faire bien mal. Nous cherchons une autre alternative pour ne pas avoir à revenir sur nos pas. Nous repérons d'anciennes traces, les suivons, glissons, prenons une autre voie, rebroussons chemin, reprenons l'itinéraire déjà tracé... Au total, trois heures pour faire cette section et retomber sur la route que l'on aurait pu suivre et traverser en trente minutes. Pas de photos de ces péripéties, mais un selfie de soulagement une fois la route retrouvée.

On est vivants!

Moralité: l'alpinisme en baskets ce n'est pas l'idéal, nous décidons de ne plus avoir de scrupules à prendre les variantes si les conditions sont compliquées et nous tirons notre chapeau aux randonneurs de la promotion 2023 qui arriveront à boucler chaque section du PCT avec le contexte de cette année.

Nous reprenons donc la route pour une petite portion et voulons ensuite reprendre le PCT: nous avons repéré un endroit sur le chemin pour bivouaquer ce soir. Nous bifurquons sur le chemin et nous rendons compte qu'il n'y a pas de traces récentes malgré les nombreux randonneurs rencontrés. Le chemin a l'air pas mal: la neige est plus dure que sur la route et il est large. Nous oublions nos résolutions et prenons le sentier (nous sommes sans doute fous... ou un peu bêtes) et y retrouvons plus loin dévers dans la neige, traversées de rivière, arbres calcinés couchés au milieu du chemin. Le PCT semble avoir été très peu emprunté ce printemps et il n'est pas du tout entretenu. Nous arrivons finalement vers 18h au campement repéré sur la carte, usés mais heureux d'être arrivés et d'avoir fait autant de kilomètres aujourd'hui malgré notre marche au ralenti. Pas de photos de ces péripéties mais un selfie de soulagement une fois le campement atteint.

On est vivants! bis
25
avr

Jour 25:

Km: 31,5 (km cumulés: 660,5)

Très bonne nuit dans un camping désert. Nous avons rarement aussi bien dormi et prenons notre temps ce matin en appréciant les premiers rayons du soleil qui arrivent sur la tente. Départ à 8h30. Nous n'allons pas faire de record de kilomètres aujourd'hui mais après la journée d'hier, nous méritons bien un peu de repos! Nous perdons en altitude au fil des kilomètres et la neige devient un lointain souvenir (que dis-je, cauchemar!)... mais pas pour longtemps: après une jolie pause de midi, les pieds dans un ruisseau, le chemin remonte et nous terminons cette journée tranquille dans les pentes enneigées et les pieds mouillés. Vivement le désert!

Jour 26:

Km: 40,5 (km cumulés: 701)

Nous partons ce matin à 6h30. Nous aimerions avancer un maximum pour avoir le temps après-demain, de sortir du chemin pour faire des courses. Nous voyons souvent des cailles courir se cacher à notre arrivée le matin!

La neige est encore là sur certaines sections et nous voyons bien que les bénévoles qui œuvrent pour le PCT ne se sont pas encore aventurés jusqu'ici: nos pieds se battent avec la neige pour ne pas glisser et tomber en bas du chemin tandis que nos bras et nos têtes luttent pour se frayer un chemin à travers les buissons qui ont bien gagné du terrain. Et nous ne comptons même plus les arbres tombés qu'il faut escalader avec nos gros sacs à dos. Mais au détour d'un virage, nous entendons une tronçonneuse: six ou sept bénévoles s'activent à déblayer un peu le chemin. Nous les remercions et l'un d'eux nous dit: "Ah vous arrivez de Wrightwood! Je vous ai vus à la Poste l'autre jour!". Nous sommes connus comme le loup blanc!

La journée se termine après les 40 km que nous nous étions fixés, au bord d'une rivière où nous pouvons faire une petite toilette en prévision de notre escale en ville demain.

Jour 27:

Km: 23,5 (km cumulés: 724,5)

Départ à 7h ce matin. Le soleil est déjà haut et ça sent bon les randonnées matinales d'été. Un peu tard pour croiser les cailles ce matin, mais le sentier est bien piétiné et nous reconnaissons leurs traces. Nous arrivons assez vite au croisement avec la route qui mène à la petite ville d'Acton. Nous sympathisons avec deux vieilles dames qui passent deux semaines dans la région pour faire des sections du PCT. Elles se sont rencontrées il y a 35 ans en bivouac dans le Yosemite.

Nous nous mettons en bord de route pour faire du stop, mais il y a peu de circulation et les quelques voitures qui passent ne s'arrêtent pas. Le trajet risque de nous prendre plus de temps que prévu! Mais nous voyons nos deux amies revenir. Elles nous disent qu'elles n'arrivent pas à traverser la rivière et qu'elles vont prendre le PCT dans l'autre direction. Mais avant, elles souhaitent nous conduire à Acton pour ne pas nous voir attendre toute la journée. Elles proposent même d'attendre que nous ayons terminé nos courses, mais nous les laissons repartir, nous voulons prendre notre temps.

À la sortie du supermarché, alors que nous organisons nos sacs avec notre ravitaillement, un homme nous demande s'il peut nous déposer quelque part. Parfait! Peu de temps perdu aujourd'hui grâce à la générosité américaine!

Nous repartons sur notre sentier. L'herbe est haute et nous marchons le long de gros rochers dans un décor de film. Certaines scènes du film Star Trek et de nombreuses scènes de westerns et de publicités ont d'ailleurs été tournées ici.

Nous arrivons en fin de journée à Agua Dulce, village où nous avons prévu de camper. Nous dormons ce soir au "Serinity's Oasis", un jardin/dépotoir tenu par Farmer John et sa femme où nous trouvons tout ce dont nous rêvons: douche et machine à laver. Nous y rencontrons Bernd et Thomas, deux Allemands qui se sont rencontrés grâce à leurs enfants: la fille de l'un est en couple avec le fils de l'autre. Bernd a déjà fait le PCT, Thomas a relevé le défi de sa fille qui ne le pensait pas capable de se lancer dans une telle aventure alors qu'il n'avait jamais dormi dans une tente!

Mushroom arrive peu après nous au camping. Nous allons manger une pizza en ville avec lui avant une bonne nuit.

Jour 28:

Km: 31,6 (km cumulés: 756,1)

Nous partons de l'Oasis après avoir profité du café offert par Farmer John et après que Bernd nous ait donné quelques conseils et montré quelques photos des fleurs du prochain désert que nous allons traverser (eux vont vers le sud et y sont déjà passés). Bernd a déjà fait cette section au mois de juin et tout était brûlé par le soleil. Nous mesurons la chance d'y passer à cette période et pendant une année très humide.

Serinity's Oasis

Nous faisons le plein d'eau douce (le village d'Agua Dulce tire son nom de son eau, tellement douce qu'elle n'a absolument aucun goût) et partons à la montée dans un décor de collines verdoyantes. Nous croisons deux serpents aujourd'hui, dont un qui a bien failli se faire écraser par Nico! Nous découvrons une cache d'eau et de "remonte moral" à l'ombre d'un arbre: boissons fraîches, barres de céréales, beignets et chocolat. Un régal!

Un couple croisé là-bas nous dit qu'il y a beaucoup plus d'eau qu'indiqué sur les cartes. Nous avions fait le stock pour tenir jusqu'à demain matin. Nous vidons chacun deux gourdes d'un litre et repartons beaucoup plus légers.

Nous plantons la tente après cette journée de marche au soleil et dans la poussière.

Les pieds de Nico après cette journée de marche

Jour 29:

Km: 30,1 (km cumulés: 786,2)

Dénivelé positif: 1621 m

Notre spot de bivouac paraissait calme, quelques bourrasques nous ont quand même réveillés régulièrement. Nous descendons de notre montagne et recroisons Mushroom qui, lui, est allé se ravitailler en ville hier soir. Les paysages que nous traversons depuis hier sont peut-être les premiers qui n'ont pas subi d'incendies ces dernières années!

Plus nous avançons vers le désert, plus il fait chaud. Un vent fort est annoncé aujourd'hui. Il nous permet de ne pas trop transpirer mais devient rapidement fatigant. En deuxième partie d'après-midi, nous marchons sur des collines ravagées par le feu et infestées de plantes appelées "poodle dogs" (caniche). Leurs graines peuvent rester dans la terre plusieurs années avant de donner une plante. Elles germent après un incendie et la plante permet de garantir la stabilité du sol après que les arbres aient brûlés. Malheureusement elles sont aussi très urticantes et peuvent provoquer des cloques qui mettent parfois plusieurs mois à guérir. Nous luttons contre le vent pour qu'il ne nous pousse pas dedans!

Nico trouve également un autre opportuniste friant des terres brûlées: une morille!

Nous trouvons un endroit pour planter la tente à l'écart des poodle dogs... le vent nous la retourne. Nous décidons de dormir à la belle étoile, à l'abri d'un tas de bois, puis plantons de nouveau la tente à la faveur d'une accalmie.

Jour 30:

Km: 35 (km cumulés: 821.2)

Dénivelé positif: 1701 m

La nuit a été longue! Le vent s'est remis a souffler assez vite et n'a plus cessé. Le plafond de la tente s'est bien souvent rapproché de nos visages et Nico me faisait office de paravent. Pendant la nuit, ça a commencé à croustiller dans nos bouches... le vent nous recouvrait progressivement de poussière de sable qui passait à travers la moustiquaire! Nous nous sommes levés tôt, avons plié méthodiquement la tente pour qu'aucun élément ne s'envole et après un petit déjeuner réconfortant, nous sommes repartis slalomer entre les poodle dogs.

Mais dès le virage suivant, l'ambiance change. Alors que nous pensions traverser des montagnes calcinées toute la journée avant d'arriver au désert, nous passons la matinée à traverser des prairies verdoyantes, tantôt peuplées de résineux de toutes sortes et de gros écureuils argentés, tantôt de chênes et de dizaines d'écureuils terrestres qui jouent ensemble et s'enfuient à notre arrivée. Magique!

Nous redescendons en début d'après-midi dans le lit d'une rivière, faisons le plein d'eau, et repartons à la montée pour faire une traversée avec vue sur des collines couvertes de lupins et de pavots de Californie, avec le désert de Mojave en arrière plan. Le tout avec la lumière de fin de journée. Féerique!

Et c'est bien heureux de cette belle journée que nous bivouaquons ce soir à la belle étoile. Aujourd'hui, nous avons dépassé les 500 miles et avons effectué plus d'un cinquième de notre voyage. Demain, fini le yoyo, nous allons connaitre le plat du désert!

27
avr

Jour 31:

Km: 44,3 (km cumulés: 865,5)

Dénivelé positif: 1518 m

Réveil à 4h ce matin, sous un ciel étoilé. Le temps d'observer quelques étoiles filantes, de déjeuner et de ranger nos affaires dans nos sacs et nous voilà partis à 5h15, prêts à user de la gomme!

Nous arrivons rapidement au "village" de Hikertown. Nous trouvions étrange qu'il n'y ait aucun commerce dans ce village sur notre carte, mais nous trouvons vite une explication quand nous y arrivons! On y trouve de tout: une banque, un cabinet médical, un café, un saloon, la maison du shérif... mais, à y regarder de plus près, il ne s'agit que d'une reconstitution de village. Chaque petite maison est en fait une cabane pour accueillir les randonneurs. Ce "village" a apparemment été créé par des trail-angels. Nous y faisons le plein d'eau, notre prochaine source sera à 28 km d'ici.

Et c'est parti pour le désert!

Nous suivons sur de longs kilomètres l'aqueduc de Los Angeles. Il s'agit d'abord d'un long tuyau, puis d'un canal souterrain recouvert de béton. Il achemine l'eau de la région vers la ville de Los Angeles depuis 1913. Cet important apport d'eau a permis le développement de la ville, mais a privé d'eau les agriculteurs des régions en amont.

Le soleil tape mais il y a toujours un petit vent frais et le chemin est relativement plat. Nous avançons à une vitesse record!

Nous arrivons à la source à 13h, après avoir parcouru 33 km!

Il y a de la vie dans ce désert! Nous croisons des lièvres, des cailles, des écureuils terrestres, un serpent, des lézards et une espèce de rongeur que nous n'avions pas encore rencontrée: des écureuils moulus de Californie. Nous longeons des champs de panneaux solaires, puis d'arbres de Josué pour finir la journée avec des éoliennes. Et toujours les fleurs qui donnent au PCT un parfum de printemps. Après une longue pause à l'ombre, nous repartons pour sortir du désert et aller à la rencontre du prochain ruisseau.

Plusieurs campeurs sont déjà installés, dont Mushroom. Nous avons réservé une chambre d'hôtel pour dans deux jours à Tehachapi. Mushroom nous fait remarquer que nous y serons dès demain. Nous avons mal calculé nos étapes. Pas de réseau, nous verrons demain comment annuler notre réservation et trouver un autre logement pour le soir.

Pour l'heure, gros festin! Pas besoin de se restreindre, nous pourrons nous ravitailler demain en ville. Nous piochons sans retenue dans les réserves de nourriture et allons nous coucher, repus.

Jour 32:

Km: 27 (km cumulés: 892,5)

Nous nous levons tôt ce matin: nous voulons effectuer les 27 km qui nous séparent de la route dans la matinée pour manger au restaurant. Nous partons aux aurores à la montée. Les montagnes autour du désert semblaient être de petites collines de loin, mais les canyons qui les séparent sont tellement profonds qu'elles en deviennent imposantes.

Nous quittons un champ d'éoliennes d'un côté pour en retrouver un autre de l'autre côté de la montagne. Un homme nous salue d'ailleurs du sommet d'une d'entre elles. Nous arrivons à 12h15 à la route pour faire du stop vers la ville de Tehachapi. Un pick-up s'arrête pour nous prendre. Deux retraitées nous proposent de nous emmener. Mais il faut d'abord organiser l'arrière du véhicule: deux chiens prennent toute la place et n'ont pas envie de partager! L'un d'eux ira finalement devant, l'autre réclamera sa dose de caresses à côté de moi.

Nous mangeons au restaurant en attendant Mushroom avec lequel nous avons prévu de dormir ce soir. Il nous retrouvera finalement au supermarché et nous irons dormir chez Jason, un trail-angel, chez qui nous rencontrons Happy Mule, un retraité américain, et Bernard, dont nous avions déjà entendu parler sur le PCT. Il a fait l'Hexatrek l'année dernière, un tout nouveau chemin de randonnée qui permet de relier les Vosges à Hendaye en passant par les Alpes et les Pyrénées. Nous passons une excellente fin de journée à discuter avec les autres randonneurs et à regarder des vidéos d'aventuriers sur l'écran géant de Jason... histoire de trouver de l'inspiration pour nos prochaines aventures!

3
mai

Jour 33:

Km: 7,5 (km cumulés: 900)

Nous nous réveillons chez Jason après une nuit sur son canapé. Tout est fait pour accueillir les randonneurs: des canapés, une moquette moelleuse pour dormir par-terre, une bonbonnière remplie de snacks, une machine à pop-corn, une autre pour faire des barbes à papa, deux frigos pleins de boissons fraîches de toutes sortes et un bar. Nous prenons notre temps ce matin, nous occupons des quelques choses à régler sur Internet et papotons avec Bernard.

A gauche: Jason et son bar; A droite: de gauche à droite: moi, John (Happy Mule), Jason, Bernard et Nico

Vers midi, Jason nous emmène à la Poste où nous avons prévu de récupérer nos colis et de nous renvoyer des affaires plus loin. Il s'agit maintenant de savoir où! Nous allons entrer aujourd'hui dans la région de la Sierra Nevada et les montagnes enneigées approchent! Pour l'instant aucun randonneur ne s'y est risqué, chacun attend que quelqu'un se lance et personne ne sait vraiment comment continuer sur le PCT.

Pour l'heure, nous envoyons nos affaires pour la neige vers notre prochaine escale: Kennedy Meadows. Sauf nos piolets que nous gardons avec nous, faute de cartons assez grands.

Nous nous dirigeons ensuite vers la boulangerie de Tehachapi: une boulangerie allemande! Nous avons l'impression de rentrer sous un chapiteau de l'Oktoberfest! Plafond en bâches, nappes à carreaux, banquettes en bois, bière, choucroute, Haribo et chocolat Milka! Nous prenons chacun un bretzel, nous lâchons sur les pâtisseries: Nussecken, Cinnamon Rolls, Cheesecakes... et avons la bonne surprise de nous faire payer une partie de notre "repas" par une cliente qui nous donne un billet de 20$!

Nous nous mettons ensuite en route et faisons du stop pour retourner sur le chemin. Nous sommes pris par Roger, un retraité un peu fou-fou qui nous dépose au mauvais endroit. Nous n'osons en pas le lui dire et le laissons repartir. Il nous a fait sauter 13 km du trail. Nous décidons de faire cette section en allant vers le sud et de contacter Jam demain matin, un vieux monsieur qui nous a donné spontanément son numéro hier au supermarché, au cas où nous aurions besoin d'un taxi. Il pourra nous redéposer là où Roger nous a laissés.

Nous nous mettons en route vers le sud et remarquons une petite route qui semble rejoindre le sentier, là où nous voulions à la base le récupérer. Une dame attend dans son pick-up au bord de cette route. Elle attend le bus scolaire, récupère ses enfants et propose de nous emmener au bon endroit. Parfait!

A gauche, Roger, à droite, le trajet en pick-up

A 16h, nous descendons de la benne de son pick-up, récupérons les bâtons de Mushroom (il les avait oubliés en bord de chemin et nous avait missionné de les récupérer) et nous remettons en route. Les 7,5 km d'aujourd'hui nous permettent tout juste de boucler le 900 premiers kilomètres de notre PCT!

Jour 34:

Km: 36,6 (km cumulés: 936,6)

Nous partons ce matin à 5h30 après une très bonne nuit au pied des éoliennes. Il va faire chaud aujourd'hui, nous partons "à la fraîche" et faisons le plein d'eau après 7 km. Elle se fait rare et nous n'en trouverons pas avant 27 km. Nous traversons la voie ferrée juste avant l'arrivée d'un long train et partons à la montée. Pour ceux qui auraient lu "Wild" de Cheryl Strayed ou vu le film, c'est ici qu'elle a fait ses premiers pas sur le PCT.

La journée d'aujourd'hui nous apporte chaleur, retour des montagnes avec au loin le Mont Whitney, plus haut sommet des États-Unis (hors Alaska) et notre premier serpent à sonnette. Beau bébé par rapport à ceux que nous avons vus jusque-là. Il est dans l'herbe, au bord du chemin, et nous avertit de sa présence en bougeant sa queue. Il se recroqueville rapidement sur lui-même. Nous ne savons pas si c'est pour se protéger ou pour nous bondir dessus! Par prudence, nous faisons un grand détour dans la forêt au-dessus de lui.

Nous arrivons au point d'eau où d'autres randonneurs font aussi le plein et remplissons toutes nos bouteilles (la prochaine source est à 32 kilomètres). Parmi les randonneurs, un Anglais, "Caveman", est blessé et a décidé de quitter le sentier pour organiser des trail-magics, notamment pour le prochain col que nous allons traverser. Nous repartons planter la tente un peu plus loin dans une prairie.

Jour 35:

Km: 31,8 (km cumulés: 968,4)

Dénivelé positif: 1817 m

Le réveil à 4h30 est difficile pour moi ce matin. La fatigue commence à se faire sentir. Nous déjeunons et nous apercevons, en rangeant nos affaires, que quelqu'un s'était installé à côté de nous hier soir. Nous dormions déjà à 19h30, nous ne nous en étions pas rendu compte. Et, bonne surprise: il s'agit de Bernard! Nous marchons donc avec lui aujourd'hui.

Il fait chaud et nous reprenons de l'altitude. Nous faisons une longue pause à midi et repartons en direction de la prochaine source. Là-bas, nous rencontrons "Gazelle" dont nous voyons régulièrement le nom dans les registres du trail. Il s'agit d'Antoine, un Parisien qui passe ses week-ends d'hiver à Combloux, dans le chalet familial. Le monde est vraiment petit!

Nous poursuivons sur quelques kilomètres et plantons la tente près d'un ruisseau en compagnie de Bernard. Nous avons l'impression d'avoir peu avancé aujourd'hui, mais les paysages ressemblent de plus en plus à nos alpages verts et vallonnés. Le dénivelé d'aujourd'hui le prouve d'ailleurs, nous sommes bien de retour dans la montagne!

Jour 36:

Km: 32,6 (km cumulés: 1001)

Départ aux aurores avec Bernard ce matin. Nous faisons le plein d'eau pour une portion qui s'annonce aride. Le temps passe vite quand on discute! Nous passons rapidement dans une section du parc "Sequoia National Forest" puis traversons des paysages entourés de blocs de roche.

Nous arrivons à un croisement de route où nous mangeons et abandonnons Bernard: sa femme est arrivée en avion hier et doit le rejoindre ici en fin d'après-midi. Il lui a donné pour consigne de faire des courses pour pouvoir faire des "trail-magics" le long du sentier, aux endroits où il croise des routes. Nous espérons pouvoir en profiter les prochains jours!

Le paysage se fait plus désertique. Nous passons à côté de quelques vestiges de mines d'or et plantons la tente un peu plus loin.

Aujourd'hui, nous dépassons les 1000 kilomètres!

Jour 37:

Km: 33,3 (km cumulés: 1034,3)

Réveil à l'aube, comme d'habitude, pour faire un maximum de kilomètres le matin. Les après-midis passent vite, nous aimons poser le bivouac tôt après la marche pour profiter un peu de la soirée. La tente est givrée ce matin et nous marchons toute la journée en manches longues, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps!

Les paysages d'aujourd'hui sont grandioses! Tantôt de grandes plaines, tantôt la chaine de montagnes enneigées de la Haute Sierra.

Nous traversons des forêts de pins à pignons. Les pignons de pin faisaient partie intégrante du régime alimentaire des Amérindiens. Ils les réduisaient en farine dès la récolte sur les pierres qu'ils trouvaient en forêt. Il paraît que l'on peut trouver des rochers polis par le frottement des pierres sur les pignons. Nous ouvrons l'œil mais n'en apercevons pas.

La fatigue commence à s'installer, surtout chez moi. Une méchante douleur à l'avant du tibia s'est invitée hier. Il faut dire que nous n'avons pas pris un seul jour complet de pause depuis le troisième jour de notre périple, il y a de ça un peu plus d'un mois.

Nous posons la tente assez tôt. En nous installant, nous sentons une curieuse odeur de nourriture. Pourtant, personne autour de nous. Nico fait alors remarquer que nous sommes entourés de ciboulette sauvage!

Un randonneur passe sur le chemin alors que nous préparons le repas. Il s'agit à nouveau de Bernard! Nous ne pensions pas le revoir aujourd'hui, mais il était bien déterminé à boucler les 56 km qui le séparaient de la route pour rejoindre sa femme. Nous n'avons d'ailleurs pas pu profiter de ses "trail-magics": elle n'a pas pu accéder au croisement route/PCT aujourd'hui. Nous devons restreindre les portions mangées, il nous reste tout juste assez de nourriture pour tenir les trois jours qui nous séparent de Kennedy Meadows. Vivement le prochain ravitaillement!

Jour 38:

Km: 12,1 (km cumulés: 1046,4)

Une importante décision est prise ce matin à 5h: le froid s'est de nouveau installé (la tente et les paysages alentours sont tout givrés), la pluie voire la neige est annoncée demain et ma douleur au tibia est toujours présente. Nous avons un peu de réseau, nous réservons une chambre pour deux nuits dans l'un des prochains villages accessibles depuis le chemin. Nous avons grand besoin de repos! Le petit-déjeuner est copieux: nous mangeons ce qui devait nous servir de repas les deux prochains midis, bien au chaud dans nos sacs de couchage.

Rangement éclair des affaires et de la tente et nous partons effectuer les 12 km qui nous séparent du prochain col routier. La descente se fait très difficilement. Je boite et essaye de limiter la douleur en marchant sur la pointe des pieds ou en canard. Nous espérons que le repos sera bénéfique!

Peu avant l'arrivée, nous sommes doublés par Webster. Nous ne l'avions pas revue depuis le jour 3! Elle nous annonce qu'elle compte marcher pendant les prochaines 24 heures pour arriver à Kennedy Meadows avant la pluie et qu'elle rentrerait ensuite chez elle, à New-York. Elle ne souhaite pas entrer en Haute Sierra dans ces conditions. Nous sommes rejoints par Antoine qui nous propose de passer au camping: comme promis, "Caveman" est revenu avec de quoi faire un beau trail-magic. Nous profitons des fruits et biscuits et enquêtons sur les projets de chacun une fois arrivé à Kennedy Meadows. Sur les 11 présents, seulement 3 ont encore pour projet de tenter la traversée de la Haute Sierra. Pour les autres, ce sera retour à la maison ou autres destinations de voyage (Mexique ou Colombie). Webster nous quitte, et nous partons vers le col pour faire du stop vers Kernville où nous allons faire une pause.

Nous attendons longtemps, mais la première voiture qui s'arrête passe justement par Kernville qui se situe à 50 minutes de route du col où nous nous trouvons. Les paysages traversés par l'autoroute sont grandioses! Les montagnes s'enchaînent les unes après les autres jusqu'à arriver au lac Isabella où nous remarquons des arbres dans le lac, les pieds dans l'eau. Les crues sont exceptionnelles cette année! La fonte a bien commencé et les lacs et les rivières sortent de leur lit habituel. Nous devons d'ailleurs faire un grand détour pour accéder à Kernville car la route est inondée.

Nous mangeons dans un Diner avant de récupérer notre chambre et d'aller faire lessive et courses. Au programme de la soirée: grignotage et télé. Quel bien cela fait de retrouver un vrai lit et un peu de confort!

Nous devons également mettre à profit cette pause pour trouver une solution pour la suite du périple. Dans trois jours, nous allons nous retrouver confrontés à la neige et au rivières exceptionnellement violentes. Les routes d'accès aux villes étapes sont encore fermées et chaque sortie du PCT pour nous ravitailler nous ajouterait deux jours de marche. Nos sacs de couchage ne sont pas assez chauds pour bivouaquer dans la neige, il nous faudrait en racheter de nouveaux, en plus de raquettes, de crampons et de sacs à dos plus gros pour faire entrer une douzaine de jours de nourriture.

Nous avons pensé à nous faire envoyer notre matériel de ski de randonnée pour être plus rapides sur la neige mais ça ne résoudrait pas le problème des rivières en crue à traverser. Nous avons pensé à sauter la Sierra pour revenir dans l'été après avoir traversé les états d'Oregon et Washington, mais la neige est très présente là-bas aussi. Nous avons d'autres pistes: continuer le trajet à vélo par la route, louer une Harley Davidson et faire la route 66, aller à Las Vegas... Si vous avez des idées à nous suggérer nous sommes preneurs, même des plus farfelues, et attendons vos commentaires! 😉

7
mai

Jour 40:

Km: 29,2 (km cumulés: 1103)

Dénivelé positif: 1582 m

Nous avons trouvé hier, grâce à Facebook, une conductrice qui part de Kernville et passe par le col que nous souhaitons rejoindre. Elle vient nous chercher vers 9h. Nous avons le temps de nous faire un bon petit déjeuner et de bouquiner un peu.

Nena nous dépose au col vers 10h15 et nous reprenons la marche. La pause au Kern Riverfront Lodge a été salutaire. Nous nous sommes reposés, avons bien mangé et ma douleur au tibia est presque entièrement estompée à force de massages, application de froid, musculation et étirements.

Les 29 km que nous effectuons aujourd'hui nous emmènent dans la montagne. Chemin en balcon contre le rocher, pierriers et vue plongeante sur le désert. Magnifique! La région est habituée à des mois de mai secs et à 30°C. Cette année, les rivières débordent et les pins que l'on aperçoit en altitude sont givrés.

Nous croisons beaucoup de monde aujourd'hui. Nous n'avons pas été les seuls à avoir fait une pause. Beaucoup se sont dirigés de l'autre côté du col. Nous retrouvons Bernard qui s'arrête avant nous. Nous bivouaquons un peu plus loin dans la forêt, à l'abri du vent et du gel après avoir dépassé les 25% du trail!

Jour 41:

Km: 37,9 (km cumulés: 1113,5)

L'emplacement de bivouac était bien choisi, nous n'avons pas eu froid et avons très bien dormi. Nous commençons la journée par de la montée. Le ciel est couvert, les nuages montent en même temps que nous et laissent du givre sur les pins. A midi, alors que nous pique-niquons au bord d'une route, une voiture s'arrête. C'est Pascale, la femme de Bernard! Nous profitons (enfin!) de ses trail-magics: Coca, donuts, biscuits... jusqu'à ce que Bernard arrive lui aussi. Ils vont passer la nuit au camping juste à côté. Nous leur disons "à demain" et repartons à la montée.

Un vent glacial souffle cet après-midi. La moindre accalmie couplée d'un rayon de soleil est un pur bonheur!

Nous bivouaquons dans la vallée, au bord du ruisseau. Il nous restera 14 km à effectuer demain matin pour rejoindre Kennedy Meadows et décider de la suite de notre aventure.

Jour 42:

Km: 14 (km cumulés: 1127,5)

14 km nous séparent de Kennedy Meadows. Le chemin longe la branche sud de la rivière Kern qui a tendance à sortir de son lit et à inonder le sentier. Nous devons parfois grimper dans les rochers pour ne pas avoir à marcher dans l'eau.

Cette matinée de marche a un goût amer: nous arrivons à Kennedy Meadows sans avoir de plan fixe pour la suite. Nous pensons rejoindre un autre trail: l'Oregon Coast Trail pour traverser l'Oregon en longeant les côtes, rejoindre le PCT à la frontière Oregon/Washington, monter jusqu'au Canada et revenir cet été faire la section Sierra. Nous voyons un pêcheur dans la rivière... et si nous faisions plutôt un trip pêche dans les rivières de la région? Nous arrivons à Kennedy Meadows pleins de questionnements, comme la majorité des randonneurs.

Kennedy Meadows n'est même pas un village. C'est une petite communauté d'une trentaine d'habitants qui propose une épicerie, un restaurant et un magasin de sport. On peut également y camper gratuitement. Pourtant, de toutes les "villes" étapes, c'est la seule dont nous avions entendu parler avant de partir. L'arrêt le plus attendu de tout le PCT parce qu'il représente la porte d'entrée dans la haute Sierra. Malheureusement, cette porte est difficile à pousser cette année avec toute la neige tombée!

Nous arrivons à l'épicerie où l'on nous accueille à coups d'applaudissements. C'est la tradition pour les randonneurs qui arrivent ici! Nous passons la journée à manger en terrasse et à applaudir les randonneurs qui arrivent. Bernard passe aussi la "ligne d'arrivée".

Nous partons pour le restaurant Grumpy Bear's retreat où nous campons et mangeons. A côté, Yogi, une randonneuse très connue pour avoir écrit un guide sur le PCT, tient un magasin de sport. Nous allons y faire un tour. Elle, est d'avis qu'il faut tenter sa chance dans la Sierra et voir les conditions. Nous allons nous laisser la nuit pour réfléchir.

11
mai

Jour 43:

Km: 0 (km cumulés: 1127,5)

Nico se réveille ce matin avec une idée: nous pourrions marcher quelques jours dans les Sierras et redescendre à la première ville étape, Lone Pine. Cela représenterait 3 à 4 jours de marche dans la neige + un jour pour quitter le sentier et rejoindre Lone Pine (la route d'accès est encore fermée). Cela nous permettrait de nous "tester" dans la neige pour éventuellement tenter ensuite notre chance en Californie du nord où il reste encore de la neige. Le terrain a l'air assez praticable sur la carte. Nous en parlons à Bernard, il serait partant pour venir avec nous.

Voici donc la version n°2 du projet:

- PCT vers le nord jusqu'à Lone Pine

- esquive des Sierras

- poursuite du PCT en Californie du nord puis traversée de l'Oregon et Washington jusqu'au Canada

- retour sur nos pas cet été pour faire la section Sierras avec moins de neige et plus de lacs et de rivières à admirer

- retour à la maison à partir de l'aéroport de San Francisco au lieu de Seattle (pas plus mal!)

Nous partons déjeuner au restaurant. Au menu: beignets de pommes de terre, œufs brouillés, saucisse et énorme pancake! La journée commence bien!

Nous retournons ensuite chez Yogi. Nico veut se racheter un sac de couchage plus chaud et il nous faut une Bear Canister pour entrer dans les Sierras.

La journée se passe tranquillement jusqu'au soir où nous retournons au restaurant manger burger et milkshakes. Nous commandons également une pizza à emporter pour notre petit déjeuner de demain. Nous allons avoir besoin d'énergie: nous allons entrer en Haute Sierra!

Jour 44:

Km: 30 (km cumulés: 1157,5)

Nous déjeunons rapidement au camping ce matin. Bernard et embêté, il n'arrive pas à faire rentrer toute la nourriture dans sa bear canister (nous non plus d'ailleurs) et n'a pas assez de place pour tout son matériel. Un vrai jeu de Tetris!

Nous avons de la chance, Pascale nous rejoindra à Lone Pine et nous pouvons lui laisser quelques affaires dont nous n'aurons pas besoin les prochains jours. Onze randonneurs prévoient de partir demain pour la traversée complète avec une première étape longue de 10 jours. Nous nous demandons bien comment ils feront entrer toutes leurs affaires dans leurs sacs!

Pascale nous conduit au chemin et c'est parti!

Nous devons traverser deux rivières en début de journée. Heureusement, à l'aide de ponts. Il y a beaucoup d'eau! Nous ne tardons pas à trouver la neige mais nous avons de la chance, il fait froid et nous ne nous enfonçons pas beaucoup. A part le bruit de nos pas dans la neige, silence complet. Ca y est, nous sommes les seuls à quitter Kennedy Meadows aujourd'hui, nous avons les grands espaces américains rien que pour nous! Nous apercevons un coyote au loin.

Nous finissons la journée dans la forêt, après 30 km de marche. 10 de plus que le minimum que nous nous étions fixés. Il fait froid, des flocons tombent. Nous mangeons rapidement et allons nous mettre au chaud dans la tente.

Jour 45:

Km: 23,1 (km cumulés: 1180,6)

Départs vers 6h ce matin pour nous garantir un peu de neige dure. 23 personnes sont parties quatre jours avant nous. Nous pensions suivre leurs traces, mais la neige a dû bien fondre, nous avons du mal à les trouver.

Les paysages que nous traversons sont magnifiques et nous les avons de nouveau pour nous seuls toute la journée. Nous évoluons entre 2750 m est 3250 m d'altitude aujourd'hui. La quantité de neige sous nos pieds est assez impressionnante et doit parfois atteindre les deux mètres.

L'altitude a du bon comme du moins bon: la neige fond peu et nous ne nous enfonçons pas de la journée, mais nous sommes aussi plus rapidement fatigués. Enfin, pas tous, Nico gambade devant, tandis que Bernard et moi traînons la patte derrière.

Nous atteignons un point de vue avec panorama sur la vallée désertique en contrebas. Nous bivouaquons ce soir à 3250 m d'altitude, à l'abri du vent. Toutes les rivières sont enfouies, mais nous ne manquons pas d'eau grâce à nos réchauds avec lesquels nous faisons fondre de la neige. Dommage que notre GPS ne nous indique le dénivelé plus qu'une fois sur dix, nous avons dû bien grimper aujourd'hui!

Jour 46:

Km: 16 + 18,2 km hors PCT (km cumulés: 1196,6)

Nous partons ce matin devant un magnifique lever de soleil.

Nous comptons aller jusqu'au Mulkey Pass où nous voulons quitter le sentier, descendre jusqu'à la route d'accès, bivouaquer dans ce secteur et descendre demain la route, encore fermée, jusqu'à Lone Pine (30 km). Nous arrivons au col et quittons le PCT. Nous descendons dans la forêt avant de traverser une zone humide, bien sûr recouverte par la neige.

Nous nous installons pour manger. Il est 13h, nous repartons sur la route encore bien enneigée et, en coupant quelques lacets, nous nous rendons compte que nous serons bien assez vite au ranch où Pascale s'est proposée de nous récupérer. La route est en effet fermée à partir de ce point et pour cause: la neige est encore là et de gros éboulements ont complètement bouché la route.

On aperçoit Bernard en tout petit en haut à gauche

Nous réservons vite une chambre pour les deux prochaines nuits et retrouvons Pascale après une journée où nous aurons connu neige et désert en passant de 3250 m à 1140 m d'altitude.

Et maintenant, il est temps de nous organiser pour la suite!

15
mai

Jour 47:

Km: 0

Nous nous réveillons après une bonne nuit à l'hôtel. Nous nous étions fixé pour objectif de ne louer une chambre d'hôtel qu'une fois par mois pour ne pas dépasser le budget, mais les campings étant loin des commerces nous nous sommes laissés tenter. Et il faut bien dire que ça fait du bien d'avoir un toit au-dessus de la tête de temps en temps!

Après un bon petit déjeuner dans la chambre, nous partons faire une petite lessive. Un homme joue de la guitare devant la laverie automatique. Grande lessive aujourd'hui: nous enfilons nos ponchos de pluie pour laver tous nos vêtements et sortons nos livres pour passer le temps. Nous sommes tirés de notre lecture par des rires: Bernard et Pascale viennent eux aussi faire leur lessive. Ils tiennent à nous prendre en photo!

Une fois rhabillés, nous faisons du stop pour aller dans le village d'à côté, Independence, où nos colis nous attendent. Nous sommes pris par Cheryl qui habite à Tehachapi et se rend chez sa sœur pour son anniversaire. Elle nous explique que l'immense lac que nous voyions hier dans le désert en contrebas depuis la montagne était habituellement complètement vide! Les habitants de la vallée revoient en ce moment, grâce aux fortes précipitations de cet hiver, des fleurs qu'ils n'avaient pas vues fleurir depuis 30 ans!

Au retour, nous faisons la route avec un couple qui nous demande si nous avons parfois froid ou faim sur le PCT. Nous répondons que nous avons faim en permanence! Voici une belle illustration: alors que nous pensions ne faire qu'un petit casse-croûte ce midi étant donné le petit-déjeuner copieux que nous avions mangé, nous nous arrêtons dans un café prendre donuts et smoothies puis repartons vers le MacDo pour des nuggets, frites et cafés avant d'être enfin rassasiés! À la dernière pesée à Tehachapi il y a quelques semaines, Nico avait perdu 5 à 6 kg et moi 2 à 3 kg. Le miroir confirme, les os commencent à être saillants...nous faisons peine à voir!

Nous visitons un peu Lone Pine et l'après-midi, nous partons avec Bernard et Pascale voir un ancien camp de concentration japonais. Un pan de l'histoire américaine que nous ne connaissions pas: après l'attaque de Pearl Harbor, le gouvernement américain avait décidé d'enfermer tous les Américains d'origine japonaise dans des camps. 10 000 personnes ont été enfermées dans ce camp de 1942 à 1944.

Nous allons ensuite nous promener au milieu de rochers amoncelés au milieu de la vallée, atterris ici par on ne sait quel miracle. De nombreux westerns ont été tournés dans ce magnifique décor. Un petit détour pour photographier le mont Whitney et nous disons au revoir à Bernard et Pascale. Bernard repart demain à la montée pour rejoindre les Sierras.

Nous regagnons l'hôtel, je m'occupe du blog tandis que Nico sort photographier Lone Pine de nuit. Demain, nous ferons du stop pour rejoindre Chester en Californie du nord, à 600 km d'ici. Là-bas, la plus longue section enneigée à traverser fait 208 km. En Sierra, nous aurions dû marcher 760 km dans la neige sans interruption et avec des routes de ravitaillement fermées!

Jour 48:

Km: 0

Nous nous réveillons vers 6h après une deuxième très bonne nuit à Lone Pine. Nous allumons le téléphone et voyons un message de Bernard: il nous annonce qu'il redescend. Il est parti à 3h du matin sur la route que nous avions redescendue jeudi. Il a mis 1h30 pour arriver au 2ème lacet et, n'étant pas certain de trouver du monde avec qui marcher plus haut, il a préféré redescendre. Il compte monter en Californie du nord comme nous et propose de nous y emmener. Nous nous retrouvons au petit-déjeuner et, le temps de rassembler nos affaires, nous voilà partis en road-trip avec Bernard et Pascale!

Nous remontons la vallée avec à gauche la chaine des Sierras qui nous rappelle la maison avec ses pics, ses aiguilles et sa neige, à droite des montagnes désertiques.

Nous faisons une escale dans le Nevada pour faire les courses et le plein de la voiture. La Californie est connue pour ses prix exorbitants et ses taxes. Le plein de nourriture ici nous revient à 20$ moins cher que d'habitude!

Nous arrivons assez tard, 19h30, vers Chester sans savoir où nous allons dormir. Nous voulons camper avec Nico, mais tous les campings semblent fermés. Bernard aimerait dormir dans un vrai lit, il est bien fatigué. Finalement, nous passons à côté d'un motel qui a des chambres libres. Nous prenons une chambre avec deux grands lits et faisons un gros casse-croûte en terrasse tous ensemble.

Alors que nous mangeons, nous entendons toquer à la porte. Bernard se lève, et reviens tout sourire en criant "trail magic!". Une femme rencontrée 1h plutôt à l'épicerie nous a offert un paquet de chips, deux paquets de cookies et des chocolats!

Nous allons nous coucher, finalement heureux de notre décision de quitter les Sierras. Nous avons vu sur la route que les forêts se faisaient plus denses ici. Nous avons hâte de découvrir ces nouveaux paysages demain!

Jour 49:

Km: 29,2 (km cumulés: 1225,8)

Petit déjeuner rapide dans notre chambre de motel. Pascale est encore là une semaine pour nous garder quelques affaires, mais nous ne savons pas vraiment vers quoi nous nous engageons et de quoi nous aurons besoin. Nous gardons le piolet et optons pour prendre deux paires de baskets chacun: une pour la terre et une pour la neige. Tant pis pour le poids! Pascale nous emmène jusqu'à l'accès au chemin.

Les forêts de Californie du nord semblaient bien fournies, la première que nous traversons est surtout complètement brûlée! Nous ne tardons pas à retrouver la neige.

La nature est ici plus sauvage que dans le sud. Un groupe est certainement passé avant nous, mais il y a quelques jours déjà: il n'y a pas vraiment de traces et le PCT se transforme en course d'orientation.

À midi, nous avons une bonne surprise: Pascale est montée nous rejoindre à pied et nous a amené des pâtisseries et autres gourmandises. Un régal!

Nous repartons sur le sentier et croisons en tout neuf biches! Malheureusement, le combo forêt calcinée/neige est assez dangereux et Nico en fait les frais: les racines et souches brûlées laissent des trous parfois profonds dans la terre et la neige les recouvre. Nico met le pied dedans et se tord le genou. Il repart en boitant. Nous croisons les doigts pour que ça aille mieux demain!

Alors que nous remontons un ruisseau pour atteindre un lac, un bruit attire notre attention de l'autre côté de la rivière. Je repère un arbre qui semble venir de tomber et Nico s'écrie "un ours!". Il est bel et bien là! Il nous regarde, nous tourne le dos et s'éloigne tranquillement. Ça y est! L'hibernation est terminée et curieusement l'hiver semble lui avoir profité: c'est un beau bébé!

Nous continuons tout heureux de cette rencontre jusqu'à tomber sur un lac chaud: des sources d'eau chaude s'y déversent et donnent à l'endroit une odeur de soufre. Le sol est chaud et les couleurs sont incroyables!

Nous finissons la journée sur la propriété d'un ranch. Tout est encore fermé, vu la quantité de neige qui reste. Un pick-up garé sous un toit en a fait les frais. Son propriétaire va être content de le retrouver dans cet état!

Ce ranch est un petit coin de paradis. Il y a des canards, une multitude d'oiseaux de différentes espèces, des crottes d'ours, des zones humides et, vu l'odeur de soufre, certainement des sources d'eau chaude.

Jour 50:

Km: 29,6 (km cumulés: 1255,4)

Très bonne nuit à la belle étoile, aucun ours n'est venu nous rendre visite. Nous déjeunons sur la terrasse du ranch et Bernard repère un drôle d'oiseau au loin: c'est une grue, elle est immense!

Nous nous mettons en route. Nico boite encore mais il s'avèrera un peu plus loin que son genou va mieux. Ouf!

Puis arrive ce que nous redoutons le plus sur le PCT: une rivière à traverser. En temps normal elle devrait se traverser aisément, mais à notre arrivée elle est bordée de murs de neige d'environ deux mètres! Trois arbres sont tombés et pourraient nous servir de ponts. Le premier ne repose pas sur la neige en face, il manque une vingtaine de centimètres et nous avons peur qu'il lâche si nous marchons dessus. Le deuxième débouche sur un mur de neige assez haut, le troisième sur un mur de neige encore plus haut. Bernard traverse le deuxième et essaie de tailler des marches au piolet. Peu concluant. Nous décidons de redescendre la rivière à la recherche d'un meilleur endroit pour traverser, nous n'en trouvons pas. Finalement, nous remontons et décidons de traverser les pieds dans l'eau, là où la rivière est la plus calme. Nous repartons rapidement pour ne pas trop nous refroidir. Il est 8h du matin et nous allons avoir les pieds dans la neige toute la journée.

Soudain, Nico repère une drôle de trace dans la pente. Ils pense qu'un ours s'est laissé glisser dans la neige. Nous avançons et constatons qu'en bas du toboggan, des traces d'ours s'éloignent! Nous les suivons un moment.

Nous longeons plusieurs lacs recouverts de neige et pique-niquons sur le toit d'une cabane de rangers. L'épaisseur de neige sur le toit nous donne une petite idée de celle que nous avons sous les pieds.

Nous poursuivons sur du plat mais l'eau stagne sous la neige et nous devons choisir notre itinéraire pour ne pas nous mouiller davantage les pieds. C'est une vrai pataugeoire!

Enfin, nous retrouvons la terre ferme en fin d'après-midi. Quatre biches traversent devant nous, d'autres s'enfuient quand nous installons le bivouac. Le printemps s'installe!

22
mai

Jour 51:

Km: 45,5 (km cumulés: 1300,9)

Bonnes nouvelles: Nico ne boite plus, ma périostite s'est envolée, Bernard, qui était bien fatigué hier, pète la forme, et nous ne croiserons pas un centimètre carré de neige aujourd'hui!

Pascale est là pour nous faire le ravitaillement à chaque croisement de routes. On se croirait sur un trail! Nous avons même droit aux spaghettis pour le repas de midi!

Le Lassen National Park que nous traversons est un parc volcanique et ça se voit. Le paysage est fait de roche volcanique et nous avons la chance de faire un peu de spéléologie après un petit détour: la lave des volcans alentours, en coulant, a durci et s'est transformée en roche en surface. Lorsque toute la lave a fini de couler elle a laissé place à des tunnels que nous pouvons explorer.

A midi, nous calculons que Pascale pourrait venir nous chercher ce soir, dans 22 km. Nous relevons le défi: nous partons légers en lui laissant un maximum d'affaires et cinq heures, une petite baignade et deux serpents à sonnette plus loin, nous redescendons en voiture pour une nuit en bungalow après un bon repas préparé par Pascale. De quoi nous requinquer!

Aujourd'hui, nous avons croisé le premier registre de la Californie du nord. Chaque randonneur peut écrire son nom et la date à laquelle il est passé. Un randonneur est passé trois jours avant nous, nous sommes le deuxième groupe à passer cette année!

Jour 52:

Km: 29,6 (km cumulés: 1330,5)

Nous avons une demi-heure de route pour rejoindre le PCT, mais nous sommes tellement efficaces que nous démarrons la marche à 6h15, comme chaque matin. Nous allons encore croiser Pascale aujourd'hui, nous pouvons de nouveau partir légers!

Les moustiques sont affamés et nous marchons avec les coupe-vent pour nous protéger un peu.

Premier ravitaillement au croisement d'une route avec de la citronnade bien fraîche!

Tous les arbustes sont en fleurs et le contraste avec la roche volcanique et les montagnes et volcans enneigés en arrière plan offre un joli décor à notre balade du jour.


Nous nous arrêtons au bord d'un lac à midi où Pascale nous a rejoints. Beaucoup de pêcheurs et d'oiseaux profitent des nombreux poissons que le lac héberge.

Une petite sieste, et c'est reparti! Nous n'avons pas prévu beaucoup de kilomètres cet après-midi, nous voulons aller faire des courses pour les prochains jours dans la ville de Burney.

Pascale nous dépose au supermarché et elle repart avec Bernard chercher un hôtel. Après avoir fait entrer avec peine toutes nos affaires dans nos sacs et mangé chacun un pot de glace, nous tendons le pouce pour nous faire ramener sur le sentier. Une dame, Lou-Ann, s'arrête et nous propose de faire un crochet par son motel où elle tient un registre avec les signatures des randonneurs de passage. Nous sommes les premiers de 2023 à signer! Elle nous donne un petit drapeau à piquer sur une carte du monde. Cela lui permet de voir d'où viennent les randonneurs qui signent le registre.

Elle nous redépose au sentier et nous trouvons un endroit dans la forêt où planter la tente, à l'abri des moustiques.

Jour 53:

Km: 35,6 (km cumulés: 1366,1)

Nous partons avant 6h ce matin: dans 12 km nous allons voir une cascade et Nico aimerait prendre des photos avec la lumière du matin. Le chemin est assez plat pour y arriver et nous atteignons notre but avant 9h. Nous descendons au pied de la cascade. L'eau des Burney Falls provient de la rivière au-dessus mais aussi de sources souterraines et l'on peut voir l'eau sortir des rochers. Plusieurs photographes sont là pour prendre des photos de ce joli spectacle.

Nous devons retrouver Bernard et Pascale ici. Ils ont dormi en ville. Ils arrivent, visitent à leur tour, et nous repartons avec Bernard. En fin d'après-midi nous retrouvons, sans grand enthousiasme, la neige. Les derniers kilomètres sont durs après cette longue journée où nous avons commencé à goûter aux températures d'été!

Après 35 km, Nico inspecte la forêt et nous trouve un emplacement au sec pour passer la nuit.

Jour 54:

Km: 20,3 (km cumulés: 1386,4)

Dur dur le réveil ce matin pour moi! Les journées rallongent, nous nous couchons de plus en plus tard, mais nous levons toujours aussi tôt. Et il faut dire que la perspective d'une journée à marcher dans la neige n'a rien de très motivant!

Nous reprenons nos zigzags et nos détours causés par l'absence de traces dans la neige molle et faisons des pauses à répétition par manque d'énergie. La neige aura peut-être bientôt raison de notre motivation et de notre moral!

Nous décidons de nous arrêter vers 15h30 dans un endroit au sec pour nous reposer et espérons quitter la neige demain soir.

Quelques points ont quand-même égayé notre journée: nous avons vu plusieurs traces d'ours, des traces de ratons laveurs et avons reçu des photos et vidéos de la famille qui nous ont bien requinqués! 🙂

Jour 55:

Km: 27,1 (km cumulés: 1413,5)

Nous nous levons à cinq heure et ouf: la forme est de nouveau au rendez-vous! C'était juste un petit coup de fatigue.

Nous observons plusieurs vols inhabituels aujourd'hui: le vol d'une colonie d'oies en pleine migration vers le nord, le vol d'un pygargue à tête blanche (le premier que j'ai la chance d'observer, Nico a déjà eu l'occasion d'en voir en Alaska et au Canada), le vol d'un colibri qui est venu stationné à un mètre de nos visages alors que nous mangions et, malheureusement, le vol de Bernard en hélicoptère. Alors que nous déjeunions, nous avons entendu Bernard nous appeler depuis sa tente. C'est vrai que nous étions surpris de ne pas l'avoir encore vu, il est plus matinal que nous d'habitude. Il a passé une très mauvaise nuit et se sent très faible. Il appelle les secours. Nous l'aidons à rassembler ses affaires et attendons avec lui.

Départ à 8h sur le sentier après l'avoir regardé s'envoler. Nico, roi de l'orientation, analyse la carte et essaie de nous trouver des raccourcis ou des routes, plus larges et plus faciles à suivre qu'un petit sentier sous la neige. Nous croisons beaucoup de traces d'ours aujourd'hui, également de cerfs et une de puma assez fraîche, à quelques dizaines de mètres de notre campement! Nous faisons un détour par la montagne du Grizzly Peak pour éviter la traversée dans la pente que le PCT nous aurait fait prendre. Ça fait du bien de faire un sommet après deux mois de chemin en traversée! La vue est belle et nous constatons qu'il y a de vilains nuages plus au sud, ou nous aurions dû être en temps normal. Nous sommes finalement bien au soleil!

Nous replongeons ensuite dans la forêt, longeons un ruisseau, le traversons et trouvons, par chance, un endroit sans neige où planter la tente. Nous ne mettons pas de réveil pour demain: c'est dimanche, ce sera grasse mat'!

Jour 56:

Km: 34,1 (km cumulés: 1447,6)

Réveil à 6h40 ce matin. Cela faisait bien longtemps que nous n'avions pas dormi aussi tard! Nous plions bagage et partons pour une avant-dernière journée de marche avant la ville.

Nous traversons encore quelques névés, mais la neige disparaît rapidement. Ouf! Nous voilà en revanche confrontés à un autre problème: les arbres et les branches tombés sur le chemin. Nous avons repéré hier les traces d'un piolet enfoncé régulièrement dans la neige, mais à part son propriétaire, nous sommes les premiers à emprunter le chemin cette année et il n'a pas encore été entretenu.

Tout bourgeonne à cette altitude! Les arbres comme les bois des cerfs que nous rencontrons. Nous croisons également une biche et deux jeunes cerfs qui viennent à notre rencontre, peu farouches, et un serpent à sonnette.

Nous réfléchissons à la suite du voyage. Demain, nous arriverons en ville et nous avons effectué la quasi totalité des sections non enneigées du PCT. Tout le reste est sous la neige! Si nous décidons de continuer sur le PCT, nous n'arriverons de toute façon pas à boucler tous les kilomètres avant fin août: la neige nous freinerait trop pour que nous arrivions à faires nos 30 km quotidiens. De plus, nous sommes ici plus pour profiter des paysages, de la faune et de la flore que pour l'expérience sportive. Or, avec la neige, nous passons la journée le nez sur le téléphone pour parvenir à nous diriger dans tout ce blanc et également sur nos pieds pour ne pas glisser ou tomber dans un trou. Il est difficile de profiter de la nature dans ces conditions! Le PCT perd pour nous une grande partie de son intérêt. Et aujourd'hui, les arbres à escalader, les branches à repousser et les moucherons et moustiques qui tournent continuellement autour de nos têtes mettent nos nerfs à rude épreuve.

Ce soir nous bivouaquons au bord d'une rivière dans laquelle nous pouvons enfin faire une toilette bien méritée. Demain, il nous faudra réfléchir à la version de 3 de notre voyage!

Jour 57:

Km: 26 (km cumulés: 1473,6)

Départ tôt ce matin. Ce soir, nous sommes hébergés chez Mike, un trail-angel chez qui Bernard va dormir aussi. Il est sorti de l'hôpital, va bien et compte se reposer un peu avant de repartir sur le PCT.

Comme hier, la journée est une longue traversée en forêt où nous rencontrons des cervidés et quelques crottes d'ours.

Nous arrivons au village de Castella où nous rencontrons Dick, un vieux monsieur qui s'était arrêté pour photographier la rivière qu'il n'avait jamais vue aussi haute. Il voyage tous les ans en France et propose de nous conduire au magasin où nous avons prévu de faire quelques courses. Nous attendons ensuite Mike qui vient nous chercher avec Bernard et Stryker, son chien.

Mike a une grande propriété dans la ville de Weed. Il a une magnifique maison et est un vrai cordon bleu! Il nous prépare des spaghettis à la bolognaise maison, un vrai régal! Il a commencé lui aussi le PCT ce printemps mais à dû arrêter à cause de grosses ampoules. Il avait préparé tous ses repas lyophilisés lui-même en amont: curry de poulet, chili...!

Nous passons une très bonne soirée et allons nous coucher avec l'idée de faire du stop demain pour nous rendre sur la côte pacifique et entamer une nouvelle randonnée en attendant que la neige fonde un peu sur le PCT: l'Oregon Coast Trail.

Venez! On vous emmène voir l'océan!

26
mai

Jour 58:

Nous sommes vraiment accueillis comme des rois chez Mike! Ce matin, il nous prépare des sandwichs œufs/bacon pour notre petit-déjeuner. Il nous dépose ensuite en fin de matinée sur une aire d'autoroute.

Le petit-déjeuner de Mike, sa maison et la vue depuis sa maison sur le Mont Shasta

Nous disons au revoir à Bernard qui va repartir sur le PCT et commençons notre recherche de véhicules susceptibles de nous emmener dans l'Oregon pour ensuite filer sur la côte ouest.

Nous faisons la connaissance de Will qui nous dépose plus au nord après 1h30 de route. La suite s'avère plus compliquée: nous devons changer d'autoroute et l'endroit où nous sommes ne s'y prête pas vraiment. Nous faisons une pancarte "west coast" mais rencontrons peu de succès. Un ranger arrive et nous demande de ranger notre pancarte: nous sommes dans un parc protégé, le démarchage est illégal. Si nous voulons continuer à faire du stop, il nous faut traverser l'autoroute pour quitter le parc. Nous trouvons finalement un couple qui peut nous déposer dans la prochaine ville. Ce sera plus simple de changer de cap là-bas.

Nous mettons près de 2h pour traverser la ville à pied et trouvons finalement Winter dans une station essence qui nous avance d'une bonne demi-heure vers l'ouest. Puis un jeune Kazakhstanais qui nous dépose plus loin après 10 minutes de route. Fait insolite: il a travaillé une saison d'hiver à Courchevel et parle un peu français!

Puis nous sommes pris par Corbin qui part à la rencontre d'une amie qui lui ramène son fils à mi-chemin entre leurs deux maisons. L'amie en question s'appelle Jacqueline, est québécoise, et habite en Californie, sur la côte. Nous changeons de voiture pour celle de Jacqueline qui nous dépose sur la route, dans le camping Jedediah Smith qui se situe au milieu d'une forêt de séquoias. Nous trouvons un emplacement de tente dans l'obscurité et nous couchons en ayant hâte du réveil et de la découverte de ces immenses arbres!

Jour 59:

Km: 14,1 (km cumulés sur l'OCT: 14,1)

Nous nous réveillons ce matin au camping et partons à la découverte des alentours. Le camping est implanté dans le parc régional des séquoias et est au bord de la rivière Smith, l'une des rivières les plus pures des États-Unis. Nous avons repéré une randonnée que nous aimerions faire dans le parc. Malheureusement il nous faut traverser la rivière et le pont n'est pas encore installé pour l'été. Nous partons finalement nous promener au milieu des séquoias.

Puis nous décidons de nous remettre en bord de route pour trouver quelqu'un qui pourra nous emmener sur la côte, à 30 km d'ici. Il y a beaucoup de circulation mais personne ne s'arrête malgré nos "coucous" et nos grands sourires. Au bout de 30 minutes, nous décidons de faire une pause et de manger. Nous n'avons plus que des lyophilisés. Nous sortons le réchaud, mangeons et faisons une sieste pour reprendre des forces et de la motivation. Nous nous replaçons en bord de route pour faire du stop, mais une fois de plus, longue attente infructueuse. Il y a un café à 10 minutes à pieds. Nous décidons de nous y rendre: si nous ne trouvons personne pour nous emmener sur la côte, il y a une navette qui passe par le café et se rend où nous voulons aller en fin d'après-midi.

Finalement, nous prenons un deuxième repas de midi au café en nous demandant comment nous avons réussi à parcourir 300 km en stop en moins d'une journée hier et qu'il est aujourd'hui impossible de décoller pour faire les 30 km restant!

En sortant du café, nous allons nous poster à la station essence d'en face. Nous allons demander aux gens s'ils vont vers l'ouest. Une jeune fille nous dit que c'est sur sa route mais qu'elle ne prend pas d'auto-stoppeurs. Finalement, nous la voyons revenir 5 minutes plus tard: elle a changé d'avis et va nous emmener à destination, même si cela lui fait faire un détour. Elle a 17 ans et nous avons l'honneur d'être ses premiers auto-stoppeurs!

Nous arrivons dans l'Oregon et faisons nos premiers pas sur l'OCT, au bord de l'océan!

Nous plantons la tente au camping ce soir et mangeons sur la plage, au coucher du soleil.

L'OCT a pour l'instant des airs de vacances avec cette nuit en camping et ces beaux paysages!

Cette première section s'est déroulée en totalité sur la route. Nous croisons les doigts pour que la suite soie plus intéressante. Le PCT nous manque déjà!

Jour 60:

Km: 22,6 (km cumulés sur l'OCT: 36,7)

C'est reparti ce matin pour un OCT le long de la voie rapide. Les sections sur route sont inintéressantes et périlleuses au vu de la vitesse des voitures qui nous croisent, mais nous passons le temps en inventant des jeux et en chantant.

Quand nous ne sommes pas en bord de route, nous traversons la forêt qui se trouve entre la route et l'océan. La forêt est beaucoup plus dense ici que celles que nous avons traversées sur le PCT. Le ciel est parfois tellement caché par la végétation qu'une lampe frontale ne serait pas de trop! Beaucoup de résineux couverts de mousse, des ronces et des fougères qui donnent à la forêt des allures de jungle.

Nous croisons aussi quelques points de vue sur le Pacifique et quelques prairies jonchées d'iris et de lupins. Le PCT nous avait habitués à de petites montées progressives, ici nous reprenons goût au vraies grimpées qui font chauffer les fessiers!

En fin de journée, nous plantons la tente en forêt, histoire de ne pas perdre les bonnes habitudes!

Jour 61:

Km: 27,1 (km cumulés sur l'OCT: 63,8)

Nous repartons ce matin sous un ciel couvert. Encore beaucoup de kilomètres en bord de route aujourd'hui. Nous croisons fort les doigts pour que la neige fonde vite et que nous puissions retrouver le chemin pour lequel nous sommes venus.

Demain, nous prendrons une navette pour monter plus au nord, là où le chemin s'éloigne un peu de la voie rapide et devient plus sauvage.

28
mai

Jour 62:

Km: 11,6 (km cumulés sur l'OCT: 75,4)

Après une longue première partie de matinée dans la forêt, nous poursuivons la randonnée sur la plage. Parmi les quelques traces matinales, beaucoup sont des traces de cervidés qui vont jusqu'à l'océan. Ils viennent certainement chercher un peu de sel.

Nous retrouvons la route et marchons jusqu'à la ville de Gold Beach où nous prenons un petit-déjeuner et faisons quelques courses avant de prendre la navette jusqu'au prochain village: Port Orford.

Corbin, la maman qui nous avait pris en stop il y a quelques jours, nous avait dessiné un plan pour accéder à un terrain qui lui appartient et sur lequel nous pourrions planter notre tente. Mais une bonne douche ne nous ferait pas de mal! Nous trouvons un motel avec vue sur l'océan et profitons de l'après-midi pour nous reposer et programmer un peu la suite du voyage.

Nous calculons qu'en restant environ deux semaines sur l'OCT la neige aura un peu fondu dans l'état de Washington. Nous pourrions retrouver le PCT là-bas et faire cette section rapidement, ce qui nous laisserait le temps de faire quelques sections du PCT dans l'Oregon et de retourner ensuite dans les Sierras...nous n'avons pas abandonné l'idée de photographier un ours!

Jour 63:

Km: 15,2 (km cumulés sur l'OCT: 90,6)

Nous prenons notre temps ce matin. Nous avons prévu de dormir ce soir dans un camping à quelques kilomètres d'ici. Nous occupons notre matinée à regarder Tom et Jerry et Bob l'éponge...ça en dit long sur notre motivation!

Nous partons vers 11h pour une section qui se veut plus agréable que le début de l'OCT car nous ne longerons plus la voie rapide. Mais il faut croire que nous n'avons pas le pied marin. Marcher toute une journée sur la plage avec un vent de face à 40 km/h, du sable qui nous fouette le visage et les jambes et du Gérald de Palmas dans la tête en boucle ("Marcher dans le sable" oblige) ce n'est décidément pas notre truc, malgré des paysages superbes.

Nous maudissons cette satanée neige et sommes très incertains sur la suite de notre voyage.

Nous allons donc mettre le blog sur pause une ou deux semaines le temps de trouver de l'inspiration pour remplir nos journées et vous ferons un résumé de nos aventures avant de retourner sur le PCT et de reprendre nos comptes-rendus quotidiens.

D'ici là, portez-vous bien! 🙂

2
juin

Vu que nous ne passons plus nos journées à marcher, nous avons un peu de temps pour vous parler de ce qui nous occupe l'esprit une grande partie du temps sur le PCT: la nourriture!

Nous avions entendu parler de la fringale continue du randonneur avant de nous lancer sur les sentiers et étions surpris de ne pas la ressentir les deux premières semaines. Mais une fois nos réserves de graisse épuisées nous nous sommes vite transformés en estomacs sur pattes (quoique nous l'étions déjà un peu en temps normal ^^). Toutes nos conversations tournaient autour de ça: "Tu te souviens de cette soirée de Noël?... Ah oui! J'avais fait une tourte au magret de canard!"

"Tu te souviens de cette soirée d'anniversaire?... Ah oui! J'avais fait des brochettes pastèque/féta/basilic!"

A chaque bosquet de sauge sauvage, chacun y allait de son menu: pour Nico, un gigot d'agneau à la sauge, pour moi, des gnocchis maison avec une sauce beurre/sauge...

Bref, la nourriture est devenue une véritable obsession. Mais que mangeons-nous sur le PCT?

Comme il nous faut tout porter, nous devons nous restreindre un peu et prendre des choses faciles à caser dans un sac et faciles à préparer. Notre réchaud n'est pas fait pour cuisiner, on ne peux que faire bouillir de l'eau avec.

Nos repas se composent généralement de flocons d'avoine au petit déjeuner, tortillas avec fromage ou saucisson ou thon à midi, lyophilisés le soir avec soit des pâtes, soit du riz, soit de la purée + des petits snacks sucrés et quelques fruits pour les premiers jours après le ravitaillement (les fruits pèsent lourd, s'écrasent facilement et prennent de la place, nous n'en mangeons pas beaucoup).

Notre meilleure alliée pour faire le plein de protéines et d'énergie: la cacahuète! Beurre de cacahuète, cacahuètes salées, m&ms, crackers au beurre de cacahuète...on en mange à toutes les sauces et on ne s'en est pas encore lassés!

Voilà un exemple de ravitaillement pour une petite semaine sur le PCT, le tout à faire rentrer dans la bear-canister:

Nous qui mangeons habituellement essentiellement bio, fuyons les supermarchés trop grands et fatigants et achetons un maximum en vrac et local, nous sommes bien loin de nos habitudes! Nous courons ici vers les grandes chaînes de supermarchés pour avoir le plus de choix possible, sélectionnons les produits les plus caloriques et descendons chacun un pot de glace à la sortie des courses (pour Nico: la "Netflix and chilll'd" de Ben & Jerry's, un savant mélange de glace au beurre de cacahuète, morceaux de brownie et bretzels!).

Niveau déchets et plastique, on peut dire que les Américains en sont les rois! Depuis notre arrivée fin mars, nous avons dû boire deux fois dans des verres en verre. Tout est fait ici pour que le client puisse consommer rapidement. Les cafés sont servis quasi systématiquement dans des gobelets en carton avec couvercle en plastique pour que l'on puisse partir avec. Et il n'est pas rare d'être servis dans des boîtes en carton au restaurant ou en pâtisserie. Même le dernier trail-angel qui a cuisiné pour nous et fait mijoté de bons petits plats nous a servi dans des assiettes en carton et servi du vin dans des verres en plastique. Impensable pour nous Français!

Autre fait qui nous a beaucoup surpris: les prix au restaurant! Pour une pizza à 15$ commandée, la note finale s'élève bien souvent à 20$ une fois les taxes californiennes et les pourboires quasi obligatoires (minimum 15% du prix de base) ajoutés.

Mais nous sommes rarement déçus de la nourriture et les portions américaines répondent bien à nos besoins caloriques! Et lorsque l'on commande une boisson ici, le serveur revient systématiquement remplir à nouveau notre verre, sans frais supplémentaires.

Voici un petit florilège de photos de nourriture pour illustrer cet article.

Bon appétit!

8
juin

Nous voilà arrivés à Warrenton, dernière ville côtière de l'Oregon avant la frontière avec l'état de Washington. L'occasion pour nous de vous faire un petit résumé de ce que nous avons découvert ces derniers jours!

Nous sommes finalement restés sur l'Oregon Coast Trail et avons choisi nos étapes en fonction des choses à voir, des cases que nous voulions cocher sur notre liste d'envies et des suggestions faites par les élèves de Céline 😉

Au final, sur les 680 km de l'OCT, nous aurons marché 218 km et effectué le reste en stop ou en navette.

Voici un petit aperçu en images.

Durant cette semaine et demie nous avons...

... mangé du poisson avec nos amies Clara et Hélène qui ont arrêté le PCT à Kennedy Meadows, ont poursuivi leur voyage en van et font maintenant un autre trail sur l'île de Vancouver.

.

... joué au solitaire avec les moyens du bord et fait du land art sur la plage

... squatté des cabanes en bois flotté.

... profité de la marée basse pour découvrir des trésors.

... observé d'immenses arbres, en forêt comme sur la plage, dont un épicéa vieux de plus de 500 ans qui a connu l'époque de Christophe Colomb et a dû en voir des choses depuis!

... marché sur la plage.

... marché sur la route.

... découvert des dunes de sable.

... pris le petit-déjeuner dans un café avec de vraies tasses (!!!), des crêpes et des gaufres accompagnées de poulet pané, de sauce poule-au-pot, de sirop d'érable et de crème noix de coco... curieux mélange!

... vu des phoques et des lions de mer.

... observé une baleine au loin.

... découvert l'histoire des tribus amérindiennes de la région, déplacées de force de leurs terres au profit des Européens fraîchement arrivés et qui ont bien souvent succombé aux mauvais traitements infligés et à la malnutrition.

Une journée faite de hauts et de bas que nous retiendrons:

Départ au petit matin de notre camping après avoir constaté que notre batterie externe nous avait été dérobée pendant la nuit. Nous devons faire un arrêt non prévu dans la ville de Florence pour en racheter une. Un homme en pick-up s'arrête pour nous demander ce que nous faisons dans la région et semble penser que nous sommes dans le besoin. Inquiet pour nous, il nous tend un billet de 100$!

Une navette part d'où nous sommes dans 30 minutes et se rend à Florence. Nous décidons de tenter le stop, mais de ne monter dans la voiture que si la personne se rend directement Florence. Si nous ne trouvons pas, nous prendrons la navette. Une voiture s'arrête assez vite, le conducteur nous confirme qu'il va à Florence, nous montons. Il s'avère finalement que Juan est mexicain et qu'il ne parle pas un mot d'anglais. Il ne va pas à Florence et nous dépose dans le prochain village. Heureusement, nous arrivons à récupérer la navette.

Nous faisons nos courses et nous replaçons en bord de route pour faire du stop. En vain. Nous attendons une heure et malgré la forte circulation, nous constatons que le stop ne marche pas dans l'Oregon.

Nous traversons la route pour demander aux personnes qui sortent du supermarché si elles vont comme nous vers le nord. Sans succès. Une femme nous demande si nous voulons un café pour nous donner du courage et elle revient plus tard pour nous donner le numéro de téléphone des taxis de Florence et de quoi payer le trajet... c'est jackpot aujourd'hui!

Nous appelons les taxis... pas de réponse.

Finalement, nous n'avons plus vraiment le choix, nous décidons de faire le trajet jusqu'au prochain camping à pied...et nous rendons compte que c'est ce que nous avions, à la base, prévu de faire. Nous avons perdu deux heures de notre journée, mais regonflé notre maigre budget!

Les projets pour la suite:

Nous allons remonter la Columbia River qui prend sa source au Canada, se jette dans le Pacifique et marque la frontière entre Oregon et Washington, avant de retrouver le PCT. Sur le trajet, nous allons passer deux jours à Portland, plus grande ville de l'Oregon, nous promener dans les gorges de la Columbia River et nous installer dans le jardin de la maison de vacances de Mark, un cycliste rencontré dans un camping, qui nous a proposé de planter la tente chez lui le temps que la neige fonde. Sa maison se situe à Hood River, au pied du PCT.

Et si, pour une fois, tout se déroule comme sur les plans, nous retournerons sur le PCT dès le week-end prochain! Il fait frais sur les côtes, mais chaud dans les terres. Les premiers incendies se déclarent malheureusement en Californie, mais les courbes affichent une fonte de la neige expresse, et ça c'est une bonne nouvelle!

Nous gardons espoir!

15
juin

Voilà un petit résumé de la dernière semaine.

Nous avons rejoint le village de Warrenton en bus et sommes restés deux jours au camping, juste à côté du point de départ nord de l'OCT. Une petite balade sur la plage nous a permis de boucler les derniers kilomètres du trail. Au retour, nous observons une bonne quinzaine de wapitis en bord de route!

La Columbia River se jette dans le Pacifique à Warrenton, mais passe avant cela dans la ville de Portland, notre prochaine étape. Nous y passons deux jours et avons la chance d'être surclassés à l'auberge de jeunesse: nous avions réservé deux lits en dortoir, mais l'un semble occupé...pour se faire pardonner, notre hôtesse d'accueil nous propose une chambre rien que pour nous deux pour le même prix! Nous n'avons pas dit non!

Portland est une jolie ville, très verte, avec de grands immeubles mais aussi de belles petites maisons. Nous nous baladons dans de jolis parcs et profitons de la cuisine de l'auberge pour cuisiner un peu.

Le jour suivant, nous prenons la navette pour aller un peu plus loin dans les terres, toujours le long de la Columbia River, pour nous balader autour de la cascade "Multnomah", site très touristique.

Nous avions prévu de bivouaquer dans le coin et de nous rendre dans la ville de Hood River le lendemain, finalement nous prenons la navette pour Hood River l'après-midi même.

Nous avons l'adresse de Mark qui nous a proposé de planter la tente dans le jardin de sa maison de vacances et nous y rendons. En arrivant sur place, nous constatons que la maison est occupée et que le jardin est rempli de mobilier.

Nous prenons une chambre d'hôtel et décidons de précipiter les choses: les graphiques de hauteur de neige ont été mis à jour aujourd'hui et la neige fond rapidement...c'est décidé, nous retournons sur le PCT demain!!!

Pêle-mêle, un résumé en images de ces quelques jours:

Jour 79:

Km: 11,6 (km cumulés: 1485,2)

Dénivelé positif: 546 m

Nous devons nous rendre ce matin dans le village de Government Camp pour récupérer nos colis et retrouver le PCT. Nico repère deux personnes sur le parking de l'hôtel qui entrent dans leur voiture. Par chance, ils vont vers le sud comme nous et peuvent nous emmener sur quelques kilomètres. Nous sommes ensuite pris par le directeur de la station de ski voisine de Government Camp qui nous propose de faire un détour et de nous amener à destination. Parfait!

A la poste, nous récupérons chacun une nouvelle paire de chaussures dans notre colis. Nous en avions bien besoin!

Et une petite section en stop plus tard, nous voilà de retour sur le PCT!!! Nous sommes heureux comme si nous retrouvions la maison et sommes pleins d'énergie pour la suite. Pourvu que ça dure!

Jour 80:

Km: 27,7 (km cumulés: 1512,9)

Dénivelé positif: 1920 m

La nuit a été très fraîche. Nous n'avons plus l'habitude de ces températures!

Nous ne partons pas trop tôt ce matin, nous souhaitons faire un détour par le Timberline Lodge, hôtel qui a servi de décor pour le film "Shining" de Stanley Kubrick. Sur le chemin nous découvrons le volcan Mount Hood qui est aussi une station de ski.

Le chemin continue dans la forêt, en partie dans la neige, mais elle reste dure et nous nous perdons peu. Nous retrouvons enfin ce pour quoi nous sommes venus aux États-Unis: des montagnes, des forêts, des cascades, de la roche, des volcans, des animaux (une biche et une marmotte ce jour)... tout ça en une seule journée!

Nous arrêtons de marcher à 19h et nous préparons à une nouvelle nuit à grelotter. Demain nous nous lèverons tôt, décidés à faire un maximum de kilomètres du PCT avant le retour à la maison fin août.

Jour 81:

Km: 37,6 (km cumulés: 1550,5)

Dénivelé positif: 1956 m

Le temps s'annonce froid et nuageux aujourd'hui. Nous partons dans la brume et nous éloignons progressivement du Mont Hood.

Le soleil perce vers midi et nous aurons finalement une météo clémente pour notre plus grand bonheur! Nous mangeons au soleil, admirons de nombreux papillons, et avons la chance d'apercevoir au loin deux des prochains volcans que nous allons longer: le Mont Adams et le Mont Saint Helens, connu pour sa puissante éruption explosive en 1980.

Nous décidons de prendre une variante qui doit nous mener vers une cascade que nous avions repérée et que nous aimerions voir. Après avoir mené une rude bataille contre les arbres morts tombés sur le chemin, nous ne rencontrons pas seulement une cascade, mais toute une farandole! Ces gorges sont incroyables!

Nous bivouaquons au bord de la rivière, après une toilette revigorante et une soirée en t-shirts (nous ne sommes plus qu'à 400m d'altitude).

24
juin

Jour 82:

Km: 19,5 (km cumulés: 1569,5)

Dénivelé positif: 985 m

Ce matin, nous terminons la descente des gorges qui nous mèneront vers la ville de Cascade Locks.

En arrivant en ville, nous croisons le pont des dieux (Bridge of the Gods) déjà aperçu en bus quand nous nous sommes rendus à Hood River depuis Portland il y a quatre jours. Ce pont mythique traverse la Columbia River et marque la sortie de l'Oregon ainsi que le début des 800 derniers kilomètres avant le Canada à travers l'état de Washington.

Nous sommes pris en stop rapidement. Nous voulons nous rendre à nouveau à Hood River pour faire les courses, une lessive et charger au maximum les batteries de nos appareils électroniques. Nous partons sur le PCT pour huit jours: la route d'accès au prochain village semble fermée et nous avons une étape de 240km avant le prochain ravitaillement.

En milieu d'après-midi, nous traversons le Bridge of the Gods. Pas dans les conditions que nous avions longtemps imaginées, malheureusement, car une fois le Canada atteint, il nous faudra redescendre plus au sud pour essayer de compléter les sections sautées.

Arrivés de l'autre côté du pont nous sommes un peu déboussolés. En lisant les panneaux nous pourrions nous croire en Haute-Savoie ou au Canada. Mais non! Nous sommes bien à Washington! 😉

Après quelques kilomètres nous plantons la tente proche d'un lac et nous endormons avec la hâte de découvrir ce nouvel état!

Jour 83:

Km: 40,1 (km cumulés: 1609,6)

Dénivelé positif: 2830 m

Nous passons la journée dans la forêt. Nous croisons deux points de vue, mais malheureusement le ciel est bouché et nous n'apercevons pas grand chose du paysage. Nous prenons progressivement de l'altitude à mesure que nous nous éloignons de la Columbia River et les températures baissent considérablement.

Le chemin est très monotone, il n'y a pas grand chose à regarder en l'air. Nous observons les plantes qui nous entourent et retrouvons des noisetiers, des épilobes, des fraises des bois, des sorbiers et des marguerites, comme à la maison! Et nous observons bien sûr de nouvelles fleurs et un champ rempli d'oignons sauvages!

En fin d'après-midi, nous accédons à un dernier point de vue avec, cette fois-ci, un ciel un peu plus dégagé, histoire de bien finir la journée et de contempler ce qui rend Washington si vert: des forêts à perte de vue.

Nous descendons ensuite un peu plus bas en altitude pour bivouaquer sous des températures un peu plus clémentes.

Jour 84:

Km: 29,5 (km cumulés: 1639,1)

Dénivelé positif: 1914 m

Ce matin, nous sommes réveillés par la pluie. La journée se déroule comme la précédente: de la forêt et encore de la forêt. Quelques salamandres sur le chemin et quelques wapitis aperçus cassent la monotonie et viennent égayer cette journée très froide.

En fin de journée, nous choisissons un endroit assez bas en altitude pour gagner quelques degrés pour la nuit.

La météo des prochains jours s'annonce compliquée. Nous espérons que le moral tiendra bon!

Jour 85:

Km: 31,7 (km cumulés: 1670,8)

Dénivelé positif: 1453 m

Première épreuve de la journée: remettre les chaussures mouillées! Nous faisons un petit point météo avant de nous mettre en route. Nous n'aurons à priori pas de pluie avant 16h. Bonne nouvelle!

Nous avons bivouaqué à 950m d'altitude et trouvons les premiers névés 200m plus haut. Nous aurons finalement les pieds dans la neige toute la journée.

Le ciel fait mentir les prévisions météo et nous envoie de la pluie dès le matin. Pluie qui se transforme rapidement en neige! Nous sommes de nouveau trempés.

Grâce à la neige fraîchement tombée nous observons les traces des animaux passés juste avant nous. Des traces de cervidés...puis des traces d'ours! Il a dû passer quelques minutes voire quelques secondes avant nous! Nous sifflotons et parlons fort pour l'avertir de notre présence. Les traces quittent rapidement le chemin. Nous l'avons sans doute fait fuir.

Le chemin n'est pas visible, nous voilà donc contraints, comme en Californie, de nous guider avec le téléphone.

Nous atteignons un lac nommé "Green lake" qui aurait plutôt une tête à s'appeler "lac blanc": il est recouvert de neige! Quelques dizaines de mètres plus loin nous tombons sur un autre lac qui, lui, aurait une tête à s'appeler "lac vert". Nous regardons la carte pour trouver son nom...il ne s'appelle pas, c'est en fait notre chemin qui est complètement inondé!

31km plus tard, nous sommes rincés dans tous les sens du terme et conscients qu'il nous faut nous mettre rapidement au sec et à l'abri si nous ne voulons pas risquer l'hypothermie. Nous refaisons un point météo: ça ne s'annonce pas beaucoup mieux demain et les jours suivants. Nous décidons d'effectuer demain les six heures de marche qui nous séparent du prochain village pour aller y trouver un peu de chaleur et attendre le retour du beau temps. Nous prenons de l'avance et marchons encore une heure pour atteindre un camping, encore fermé, et pique-niquons abrités sous l'avant-toit des toilettes. Une double couche de vêtements et c'est parti pour une bonne nuit de sommeil!

Jour 86:

Malgré le froid et l'humidité, nous avons très bien dormi. La descente sur la route forestière jusqu'à Trout Lake, le prochain village, est longue!

Après quatre heures de marche nous arrivons à faire du stop à l'arrière d'un pick-up. Nous avions publié une annonce sur Facebook pour trouver un logement pour la nuit, mais n'avons pas encore reçu de réponse positive.

Arrivés à Trout Lake nous passons par l'épicerie du village, prenons de quoi grignoter et nous installons sur un banc en attendant de trouver un endroit où dormir ce soir. Finalement, un vieux monsieur nous aborde et nous dit qu'il pourrait nous ramener en voiture au PCT quand nous voudrons y retourner et la patronne de l'épicerie nous dit qu'elle aurait une chambre pour nous dans son arrière boutique. Plus besoin de chercher!

Nous prenons notre repas du soir sur une table de pique-nique dans le village, en compagnie de deux biches peu farouches et décidons de repartir sur le PCT dès le lendemain car la météo s'annonce finalement plutôt favorable.

Jour 87:

Km: 22,8 (km cumulés: 1693,6)

Dénivelé positif: 771 m

Au réveil, il fait grand beau! Nous décidons de reprendre la marche plus tôt que prévu et appelons Pat, le vieux monsieur d'hier, pour savoir s'il est disponible pour nous remonter vers le sentier. Il arrivera même à contourner la neige avec son 4X4 et à nous déposer exactement là où nous avions quitté le PCT, ce qui nous fait gagner un temps considérable!

La devanture de l'épicerie et Pat et son pick-up

Nico a un œil de lynx et repère un coyote sur la route tandis que je discute avec Pat, puis un ours dans la forêt alors que nous avons repris le chemin.

Petite anecdote: nous traversons dans ce secteur de grands champs de grands myrtilliers (huckelberries) dont la cueillette est exclusivement réservée aux Amérindiens.

Nous pique-niquons au bord d'un lac, avec vue cette fois-ci!

Nous retrouvons un peu de neige dans l'après-midi, des averses et beaucoup de moustiques!

Nous avons la chance dans l'après-midi d'avoir une belle vue sur le Mont Adams, deuxième volcan de la chaîne des Cascades que nous longeons. Sa dernière éruption est estimée entre 1000 en 2000 ans en arrière. Il est probablement encore actif aujourd'hui car au début du XXème siècle, le magma en surface a fait fondre et glisser la neige sur tout un pan de la montagne.

Jour 88:

Km: 31,9 (km cumulés: 1725,5)

Dénivelé positif: 1393 m

Alors que nous déjeunons ce matin, nous découvrons, en nous retournant, qu'une biche prend elle aussi son petit-déjeuner, juste dans notre dos! Nico y voit le signe d'une belle journée qui s'annonce. Et il a raison!

Petite montée progressive au milieu des arbres ce matin jusqu'à atteindre le dernier étage de forêt. Les sapins sont brûlés ici ce qui nous permet d'avoir du soleil, un peu de chaleur, peu de neige et une magnifique vue sur les volcans du Mont Saint Helens, du Mont Adams puis du Mont Rainier.

Nous pique-niquons le midi au bord d'un lac et posons la tente assez tôt: un orage s'annonce!

Jour 89:

Km: 37,2 (km cumulés: 1762,7)

Dénivelé positif: 1706 m

Petit coup d'œil dans le rétroviseur en partant ce matin pour découvrir la face du Mont Adams que nous n'avons pas pu voir hier à cause des nuages.

Nous traversons encore beaucoup de forêt aujourd'hui et chaque pause se transforme en guerre contre les moustiques!

En fin d'après-midi, la vue se dégage et nous apercevons le Mont Adams dans une ambiance orageuse, comme Nico les aime!

L'orage arrive justement. Nous faisons une pause sous les sapins et en profitons pour faire un goûter et une petite sieste.

Nous repartons après l'averse et décidons d'aller bivouaquer plus loin que ce que nous avions prévu, derrière le col de Cispus. Nous devons pour cela emprunter le chemin en traversée dans la neige, mais elle est assez molle et s'y prête parfaitement. Sous nos pieds s'étend une magnifique vallée. Elle se situe dans la réserve indienne de Yakama Nation que nous avons traversée aujourd'hui. Au-dessus de nos têtes, de magnifiques rochers. Des marmottes s'enfuient à notre arrivée.

Nous retrouvons ici ce que nous avons dans nos GR alpins et qui nous manque un peu sur le PCT: des cols à passer avec de nouveaux paysages à découvrir de l'autre côté.

Nous plantons la tente de l'autre côté du col pour un bivouac qui restera certainement parmi les plus beaux de notre randonnée!

Jour 90:

Km: 24 (km cumulés: 1786,7)

Dénivelé positif: 1641 m

Nous ne nous pressons pas ce matin: nous savons que des traversées enneigées et exposées nous attendent et nous avons laissé nos micro-crampons dans un colis. Il nous faut attendre que la neige fonde un peu pour ne pas risquer de glisser.

Après quelques minutes de marche nous arrivons sur un plateau au paysage incroyable!

Nous arrivons au point le plus haut de notre randonnée du jour et la traversée enneigée s'annonce très compliquée. Il n'y a pas une trace, personne ne semble s'y être encore aventuré. Nous décidons de prendre une variante qui semble moins exposée. Nous rejoignons ensuite le PCT, mais la neige nous bloque pour de bon. Nous décidons de faire demi-tour sur quelques centaines de mètres et de tirer enfin avantage de cette neige: nous allons descendre droit dans la pente dans la vallée et remonter ensuite pour reprendre le PCT plus loin.

Nous mangeons au bord de la rivière en imaginant être les premiers à s'aventurer dans cette vallée sauvage. Sur la montagne en face de nous, des traces d'animaux qui traversent les pentes verticales. Nous aimerions bien avoir leur agilité!

Après le pique-nique nous reprenons la route et découvrons un ancien feu de camp et un chemin plutôt bien tracé...nous sommes loin d'être les premiers à être venus ici! Ce chemin nous mène directement au PCT en passant par une magnifique clairière!

Nous décidons dans l'après-midi de prendre une variante qui passe par un lac. Finalement, ce lac est tellement beau que nous décidons d'y rester pour la nuit. L'occasion de prendre un bain glacé et de faire une petite lessive, le tout sans moustiques. Parfait!

28
juin

Jour 91:

Km: 31,3 (km cumulés: 1817)

Dénivelé positif: 1339 m

Réveil frais au bord du lac ce matin. L'herbe a gelée autour de nous! Nous rejoignons le PCT et poursuivons sur un chemin en balcon dans la montagne. Nous marchons dans de petits cailloux de roches volcaniques de différentes couleurs. Les paysages sont magnifiques! Nous enchaînons sur une descente dans la forêt avant d'arriver à la station de ski de White Pass où nous nous arrêtons pour nous ravitailler.

Nous sommes les premiers randonneurs de l'année à signer dans le registre de la station!

Nous poursuivons notre marche dans la forêt et croisons la route d'une multitude de petits lacs. Nous croisons deux troupeaux de wapitis. Il y a de la vie dans cette forêt!

Le terrain est assez plat et malgré nos 4,5 heures de pause à White Pass nous arrivons à marcher une trentaine de kilomètres aujourd'hui.

Nous posons la tente au bord d'une rivière avec vue sur une grande prairie. Nous espérons y voir des animaux au petit matin.

Jour 92:

Km: 33,5 (km cumulés: 1850,5)

Dénivelé positif: 2234 m

Nous ouvrons la tente discrètement ce matin et avons la chance d'observer deux wapitis dans la prairie, à quelques mètres de notre tente.

Le terrain est très vallonné aujourd'hui, entre montagnes et forêts. Nous recevons notre orage quotidien dans l'après-midi. Au milieu de la forêt, une odeur dont nous n'avons plus l'habitude, celle de la lessive, vient nous titiller les narines. Une minute plus tard, nous croisons trois randonneurs. Nous commençons à avoir l'odorat fin!

Nous avons peu d'énergie et peinons à avancer. Nous nous arrêtons tôt, mais quand le GPS nous indique le dénivelé d'aujourd'hui nous comprenons mieux notre fatigue!

Jour 93:

Km: 42,8 (km cumulés: 1859,8)

Dénivelé positif: 2188 m

Après un magnifique lever de soleil, nous reprenons le chemin et allons de vallée en vallée en passant d'un côté puis de l'autre de la crête de la montagne. Certaines vallées sont très vertes et on sent que la neige est partie depuis longtemps. Ça fait plaisir!

Nous ne croisons pas un seul névé et le dénivelé est moins costaud qu'hier. A midi, nous avons déjà marché 22 km.

Changement d'ambiance en deuxième partie de journée: nous traversons des forêts d'arbres calcinés et tombés à terre. Nous croisons sur la route une cabane où nous espérions trouver quelques trail-magics... mais il n'y a malheureusement plus rien.

Quelques kilomètres plus loin, nous plantons la tente pour une nouvelle nuit dans la nature.

Jour 94:

Km: 40,5 (km cumulés: 1900,3)

Dénivelé positif: 2104 m

Encore un magnifique lever de soleil ce matin. Les bivouacs dans Washington sont sans conteste les plus beaux du PCT pour l'instant!

Nous marchons dans la forêt toute la journée avec quelques points de vue sur le Mont Rainier, plus haut volcan de la chaîne des Cascades, que nous contournons maintenant depuis cinq jours. Malheureusement, il a décidé de se cacher derrière les nuages aujourd'hui. Le terrain est encore très vallonné avec des pentes très raides dont nous n'avons plus l'habitude!

Nous croisons dans la journée deux randonneurs... et un bobcat (sorte de lynx, plus roux et plus trapu que les nôtres)! Les moustiques qui nous avaient laissés tranquilles ces deux derniers jours sont malheureusement de retour ce soir.

Deux randonneurs passent à côté de notre campement en fin de journée. Ils font le PCT! Comme nous, ils sont restés bloqués aux portes de la Sierra et font maintenant le PCT en allant vers le sud.

5
juil

Jour 95:

Km: 28,5 (km cumulés: 1928,8)

Dénivelé positif: 2102 m

Nous avons mis sonner le réveil 30 minutes plus tôt que d'habitude ce matin pour un départ à 6h. Nous avons dû allonger nos dernières étapes, nous avons mal géré notre ravitaillement et il nous manque un jour de nourriture pour les étapes que nous nous étions fixées à la base.

Nous arrivons dans la station de ski de Snoqualmie Pass à midi après 21 kilomètres de marche. Quelque-chose nous frappe: certains télésièges n'ont pas de garde-corps! Et ceux qui en ont n'ont pas de repose-skis. Nous avions été surpris à la station du Mont Hood de voir que les skieurs ne baissaient pas systématiquement le garde-corps... apparemment c'est optionnel aux États-Unis!

La station ne possède pas de supermarché et nous faisons le tour des différents magasins pour voir ce que chacun propose pour notre ravitaillement.

Nous prenons le temps de manger chacun une grosse part de pizza dans un magasin, puis repartons finalement pour un paquet de chips et une pizza entière pour deux (et ce n'est pas de la petite pizza!). Ce sera pizza aux fruits rouges! Original, mais pas mauvais!

Nous allons ensuite dans un deuxième magasin pour acheter notre pot de glace traditionnel, puis dans un troisième pour prendre un café et acheter des fruits.

Nous repartons de Snoqualmie bien chargés pour une grosse montée. La pause de cet après-midi nous a fait du bien et nous arrivons rapidement à notre bivouac.

Nous sommes proches de la ville et il y a beaucoup de randonneurs sur les chemins. Ça fait plaisir de voir un peu de vie! Nous rencontrons d'ailleurs notre premier vrai SoBo (il fait le PCT complet du nord au sud).

Nous installons la tente et, incroyable mais vrai, nous n'avons pas faim! Nous grignotons rapidement et allons nous coucher pour reprendre des forces pour les quatre jours à venir.

Jour 96:

Km: 28,1 (km cumulés: 1956,9)

Réveil tranquille ce matin. Nous avons prévu de faire une petite journée et ne sommes pas pressés.

Les paysages traversés sont très montagneux et nous en prenons plein les yeux! Nico, très inspiré, a l'appareil photo en main toute la journée.

L'été s'installe: sur le chemin, nous remarquons quelques touffes de laine de "mountain goats" (chèvres des montagnes Rocheuses) qui perdent leur manteau d'hiver pour supporter les chaleurs estivales. Nous levons les yeux entre deux traversées de pierriers ou de névés pour essayer d'en repérer dans les pentes, mais n'en voyons pas une seule. Quelques névés, d'ailleurs, nous demandent un peu de concentration car une glissade nous ferait tomber directement en bas de la montagne. Nous sortons une fois les piolets pour un passage délicat.

Nous avons été habitués à la solitude ces dernières semaines et voilà que nous croisons tout au long de la journée, un convoi de randonneurs! Très pratique car nous pouvons échanger sur les conditions du chemin et nous faire une idée de la suite. Ces randonneurs se sont auto-proclamés "SnowBo", un mélange de NoBo, SoBo et snow... ce qui résume bien la difficulté de cette année: les NoBo sont contraints de se transformer en SoBo à cause de la neige.

Nous faisons une bonne pause de midi au bord d'un lac avec petite sieste et repartons pour un après-midi, toujours au milieu de beaux paysages.

Jour 97:

Km: 38,3 (km cumulés: 1995,2)

La journée d'aujourd'hui est beaucoup plus calme que celle d'hier. Nous passons la journée dans la forêt et croisons cinq randonneurs contre une trentaine hier! La journée est ensoleillée, mais un vent frais nous permet de ne pas souffrir de la chaleur. Nous souffrons par contre de nombreuses piqûres de moustiques!

Jour 98:

Km: 37,1 (km cumulés: 2032,3)

Nous avons passé la nuit au sommet d'un col et nous réveillons ce matin à la fraîche!

La journée d'aujourd'hui est très vallonnée avec des montées raides et des descentes, pas beaucoup plus plates. Nous croisons de nombreux lacs et de nombreuses rivières aux eaux limpides et traversons de superbes pierriers de roche granitique. Les paysages, toujours aussi montagneux, sont incroyables!

Nous posons la tente ce soir au bord d'un lac où nous faisons une toilette expresse: les moustiques ont faim ici!

Les randonneurs arrivent un à un dans la soirée. Ils viennent du nord et ont dû passer la journée dans notre prochaine ville étape, celle où nous arriverons demain.

Cela nous donne un avant-goût des prochaines semaines: des sentiers très fréquentés et des places de bivouacs restreintes.

Jour 99:

Km: 10,9 (km cumulés: 2043,2)

Dénivelé positif: 473 m

Petite grasse matinée ce matin: la station dans laquelle nous nous rendons aujourd'hui est à 7km et nous voulons prendre notre petit-déjeuner au café qui n'ouvre qu'à 9h30.

Nous prenons donc le petit-déjeuner à Stevens Pass où nous avons la joie de trouver une "hiker box". La première depuis que nous avons quitté la Californie. Nous y trouvons de quoi faire trois repas du soir. Parfait!

Il n'y a pas vraiment de commerces et nous avons prévu de faire nos courses de ravitaillement à 40 minutes de route d'ici, dans un supermarché de la ville de Leavenworth. Cette ville a une drôle de particularité: son architecture et son organisation sont totalement inspirées des villages bavarois. Nous avons hâte de voir ça! Nous avons aussi prévu de nous envoyer un colis de nourriture au prochain village qui sera aussi notre dernier ravitaillement avant la frontière canadienne!

Nous sommes rapidement pris en stop par "Birdbox" qui a fait le PCT en 2019 et sa compagne, chanteuse d'opéra. Nous ne voyons pas passer les 40 minutes de route avec eux!

Nous faisons nos courses pour deux semaines et faisons le plein de fer en mangeant des boîtes de conserve de lentilles et de haricots, le plein de vitamines en engloutissant une pastèque à deux, et le plein de calories avec nos pots de glace Ben & Jerry's.

Un petit tour à la Poste pour nous envoyer nos vivres au prochain ravitaillement et nous débarrasser (enfin!) de nos piolets et de nos chaussures de neige et nous partons visiter ce drôle de village. On se croirait vraiment revenus en Europe! Zone piétonne, centre-ville et architecture, tout a été pensé et conçu pour que nous nous croyions dans les montagnes bavaroises!

Nous testons les bretzels (pas très concluant) et faisons du stop pour revenir à Stevens Pass.

Salvador, un jeune Mexicain qui rentre du travail, nous dit qu'il a un peu de temps et nous propose de nous sortir de la ville et de nous emmener à la prochaine station essence où nous pourrons plus facilement être pris en stop. Il nous explique que les habitants de Leavenworth, inquiets de voir la population de la commune décroître, ont décidé, à priori dans les années 60, de redynamiser les commerces en choisissant un thème pour leur ville. Le thème choisi fut la Bavière et le tourisme y bat son plein depuis lors. Nous faisons ensuite la route avec Patrick, un jeune qui se reconnaît dans Nico: travaux du bâtiment l'été et déneigement l'hiver!

Nous repassons par la terrasse du café de ce matin pour finir de charger nos appareils, mais la charge est tellement lente que nous perdons patience et repartons avant la tombée de la nuit avec 50% de batterie. Nous essaierons d'utiliser le téléphone le moins possible ces six prochains jours.

Après 4km pour sortir de la civilisation, nous plantons la tente en forêt, au bord d'une rivière.

Jour 100:

Km: 36,1 (km cumulés: 2079,3)

Encore une journée en grande partie dans la forêt. De bonnes montées, de bonnes descentes... il va falloir s'y habituer car le terrain sera vallonné jusqu'à la frontière canadienne!

Nous nous battons avec les moustiques dans des paysages qui nous rappellent la maison.

Alors que nous nous éloignons progressivement du Mont Rainier, nous nous rapprochons d'un nouveau sommet: le Glacier Peak. Pendant notre ascension dans la forêt, nous rencontrons un Américain qui randonne vers le sud et qui a fait le Tour du Mont Blanc le même été que nous!

Nous arrivons à notre spot de bivouac avant 18h pour une petite baignade dans la rivière. Nous allons essayer de garder le même rythme les prochains jours pour profiter de nos soirées et arriver à Stehekin dimanche matin pour une journée détente et surtout une douche et une lessive après trois semaines à accumuler la crasse. Nous avons hâte d'y être!

Jour 101:

Km: 33,8 (km cumulés: 2113,1)

Dénivelé positif: 2078m

Départ à 6h ce matin. Nous continuons à enchaîner les montées et les descentes avec quelques passages de cols qui nous offrent des panoramas sur des chaînes de montagnes à perte de vue! On se croirait en plein cœur du Tyrol ou des Alpes de l'Allgäu, en Bavière. Quelques endroits nous rappellent aussi la maison: la Barre des Écrins au loin, la traversée sous les Aiguilles Croches, la descente aux Chapieux depuis le Col du Bonhomme... c'est assez troublant! Nous apercevons aujourd'hui pour la dernière fois le Mont Rainier que l'on pourrait prendre pour un nuage tant il est haut et éloigné.

A la fin de la journée nous sommes bien fatigués! Nous nous arrêtons plus tôt que prévu et nous préparons pour la journée de demain en faisant des étirements, trop souvent oubliés en fin de journée. Beaucoup de dénivelé s'annonce et les randonneurs croisés nous parlent des nombreux arbres tombés en travers du chemin. Deux randonneuses se sont amusées à les compter: 450! Il va falloir s'armer de courage!

Petite victoire qui arrive plus tard que prévu: nous avons parcouru aujourd'hui la moitié de la distance totale du PCT!

9
juil

Jour 102:

Km: 33,6 (km cumulés: 2146,7)

En partant ce matin, nous nous attendons à vivre LA journée éprouvante! Nous commençons par une montée et une traversée de rivière les pieds dans l'eau, de bon matin.

Ça grimpe, mais nous nous attendions à pire. Nous avons la vue sur les montagnes une bonne partie de la journée et sur les nombreux glaciers de Washington. Environ la moitié des glaciers des États-Unis (hors Alaska) se trouvent d'ailleurs dans l'état de Washington!

Nous traversons des pentes d'herbe haute et de fleurs des champs qui nous font réaliser que ça y'est: l'été est bien installé !Plus haut en altitude, des champs de bruyère.

Nous pique-niquons au bord du lac Mica, encore partiellement gelé.

Nous commençons l'après-midi par une grosse descente, puis de nouveau une grosse montée dans les broussailles qui nous cachent le chemin, en plein soleil. Les jambes ont vraiment du mal à suivre pour ma part!

Nous arrivons enfin en-haut, en même temps que l'orage. Petite pause pour observer son évolution, finalement il restera sur les montagnes juste en face. Nous observons d'ailleurs un départ de fumée dans la forêt, sans doute là où la foudre a tapé. Nous n'avons pas de réseau et ne pouvons pas faire grand chose. Espérons que ça ne prenne pas!

Une nouvelle belle traversée dans les pierriers, au milieu des marmottes, nous attend. Nous arrivons à notre bivouac peu avant 19h, complètement moulus! Et... la place est déjà prise... par une biche! Elle nous laissera finalement nous installer sur l'emplacement qui s'avèrera être le plus animé depuis le début du PCT! Nous recevons, à peine entrés dans notre tente, la visite de deux sortes de coqs, prêts à se battre à 3 mètres de nous, puis celle d'un cerf qui, attiré par la gourde de Nico, s'est mis à en mordiller le bouchon et nous a bien fait rire en se mettant dans de drôles de positions. Finalement, c'est toute la famille qui nous aura rendu visite tout au long de la nuit! Heureusement que les deux prochaines journées s'annoncent plus "cools", nous allons manquer de sommeil!

Jour 103:

Km: 27,7 (km cumulés: 2174,4)

Nuit animée, réveil compliqué! Nous entamons la journée avec les jambes déjà bien lourdes et peu de motivation. Nous descendons dans les herbes mouillées par la pluie d'hier et le brouillard de ce matin.

Nous arrivons dans la forêt qui a donné tant de fil à retordre aux randonneurs croisés. Il fait lourd et l'air, très humide, nous donne l'impression d'être en Amazonie! Les arbres, des Douglas, des pruches du Canada et des ifs du Pacifique, sont pour la plupart très vieux et leurs troncs peuvent atteindre 3,6 m de diamètre! Impressionnant quand ils sont debout... encore plus quand ils sont couchés en travers du chemin et qu'il faut les escalader!

Finalement, nous sortons assez rapidement de cette forêt sans gros "ras-le-bol": nous avons vécu bien pire en Californie!

Par contre la fatigue est toujours bien là et nous multiplions les pauses pour grignoter, ce qui ne nous aide pas à garder le rythme. Heureusement, nous avons prévu une petite étape et après une dernière montée en forêt nous plantons la tente à 16h30 pour un goûter, une toilette dans la rivière et une soirée tranquille pour recharger les batteries en vue des 30 km qui nous attendent demain.

Jour 104:

Km: 29,7 (km cumulés: 2204,1)

C'est parti pour une "petite" journée avec beaucoup de descente. Nous sortons un peu de la forêt le matin pour traverser des pierriers et admirer la vue sur les montagnes et la vallée. Nous nous arrêtons manger au bord d'une rivière et faisons une petite sieste avant de nous remettre en route pour les 15 km restants. Plus nous descendons, plus il fait chaud! Pas facile d'avancer!

Dans l'après-midi, nous croisons la route de Dana, une randonneuse que nous avions rencontrée au camping d'Agua Dulce au jour 27! Après avoir tenté sa chance dans les Sierras, elle en est ressortie à cause du mal des montagnes et a recommencé le PCT vers le sud au 1er juillet.

Nous plantons la tente sur le dernier spot de bivouac avant le croisement de route qui marquera la fin de ces six jours en pleine nature sauvage, sans réseau et sans croiser un seul chemin carrossable. Demain, nous prendrons la navette à 9h. Elle nous emmènera à Stehekin où nous allons pouvoir nous reposer et surtout... nous laver! Les deux derniers jours nous ont parus interminables malgré le peu de kilomètres. Nous avons vraiment besoin de recharger les batteries!

Nous avons vu plusieurs crottes d'ours sur le chemin tout au long de la journée. Nous nous attendons à avoir de la visite cette nuit!

Jour 105:

Km: 6,7 (km cumulés: 2210,8)

La visite ne s'est pas faite attendre hier soir! Nous avions pris toutes les précautions: repas à plus de 30 m du campement pour éviter les odeurs de nourriture autour de la tente et, alors que nous nous brossons les dents, j'aperçois un ours juste derrière notre tente, qui nous observe! Vision assez irréelle pour nous Européens, mais après m'être frotté les yeux une ou deux fois, j'ai pu le filmer en train de repartir tranquillement tandis que Nico frappait des mains pour le faire fuir.

Ce matin, la Bear Canister a quelques traces de boue et le sac accroché en hauteur hier soir est par terre. Mais rien n'a été emporté. Nous prenons notre petit-déjeuner et nous mettons en route pour les 7 km qui nous séparent de l'arrêt de bus.

Nous y arrivons 1h avant l'arrivée du bus qui se situe à côté de la cabane d'un ranger. Nous remplissons un rapport d'observation d'ours. Le ranger semble habitué, il en a vu un, pas plus tard que 30 minutes avant notre arrivée! Alors que nous patientons, un deuxième vient traverser le pont juste en face de nous! Nous sommes vraiment cernés!

Le bus arrive et fait une pause quelques kilomètres plus loin dans une boulangerie!!! Il y a énormément de choix, nos estomacs sont aux anges!

Nous arrivons à Stehekin, un petit coin de paradis où nous resterions bien au moins tout le reste de notre vie! L'accès se fait à pied par les montagnes ou en bateau par le lac.

Nous plantons la tente au camping, prenons une douche, faisons la lessive et nous posons sur la terrasse du restaurant pour profiter de la wifi: il n'y a pas de réseau ici! Nous devons organiser la suite: les trajets pour reprendre le PCT plus au sud et les permis pour les parcs que nous allons traverser.

Nous mangeons au restaurant une poutine, histoire de goûter un peu au Canada, et allons nous coucher en espérant être de nouveau pleins d'énergie demain pour repartir!

13
juil

Jour 106:

Km: 18,3 (km cumulés: 2229,1)

Dénivelé positif: 950 m

Nous devons attendre que la Poste ouvre ce matin pour récupérer notre ravitaillement et nous remettre en route. Une fois nos sacs remplis, il nous reste encore un peu de temps avant le départ de la navette pour le retour sur sentier. Nous en profitons pour refaire le tour de Stehekin, de son magasin d'artisanat local et de son office de tourisme, tenu par les rangers.

Nous reprenons le bus qui fait à nouveau une halte à la boulangerie (😋) et nous voilà de nouveau sur le PCT pour notre dernière ligne droite jusqu'au Canada!

Il fait frais et le chemin monte progressivement. Une remise en jambes plutôt agréable!

Nous bivouaquons ce soir avec un couple de Hollandais et un jeune du Kentucky. Ils se sont pris une bonne averse et sont trempés! Ce n'est pas la première fois que nous rencontrons des randonneurs trempés jusqu'aux os alors que nous n'avons reçu que quelques gouttes!

Un petit clin d'œil aux élèves de l'école de Pers-Jussy qui ont suivi notre aventure avec leur maîtresse Céline: nous avons bien reçu vos petits messages qui nous ont fait chaud au cœur! Nous espérons que les photos des ours vous plaisent et nous vous souhaitons de bonnes vacances!

Jour 107:

Km: 41,6 (km cumulés: 2270,7)

Dénivelé positif: 1600 m

Nous rencontrons ce matin, peu après notre départ, deux randonneurs qui viennent de tomber sur un ours, 20 secondes avant de nous croiser. L'ours s'est bien sûr enfui. Dommage, nous aurions bien aimé en voir encore un avant de quitter Washington!

Nous croisons la voie rapide au niveau du col de Rainy Pass et démarrons notre ascension vers le col de Cutthroat. Nous voulons y être pour midi.

En montant en forêt, nous croisons ce qui doit être la femelle de la sorte de coq de bruyère que nous avons vue l'autre jour. Elle est avec ses poussins et se met en travers du chemin pour les protéger et nous empêcher d'avancer.

Nous sortons assez vite de la verdure pour retrouver les montagnes. Elles sont faites de roches très friables couleur sable qui nous rappellent la Californie.

La fin de journée se déroule de nouveau en forêt où les différentes baies commencent à être mûres. Bientôt la cueillette!

Nous bivouaquons au bord d'une rivière. Dans deux jours, le Canada!

Jour 108:

Km: 38,1 (km cumulés: 2308,8)

Dénivelé positif: 1607 m

Nous remontons ce matin le canyon de la rivière au bord de laquelle nous avons dormi. Nous sommes dans le brouillard. Nous croisons une biche et de nouveaux rongeurs que nous n'avions pas encore croisés. Il y a une forte odeur de bouc sur ce sentier, mais la brume ne nous permet pas de voir s'il y a des "mountain goats" autour de nous.

Nous arrivons sur la crête. De l'autre côté, pas de brouillard. Les sommets commencent également à se dégager du côté d'où nous venons.

Nous atteignons le col de Harts Pass où nous pique-niquons. Il y a une route d'accès ici qui servait autrefois pour les mines d'or, d'argent et d'autres métaux. Elle dessert aujourd'hui un camping et une station de rangers.

Nous nous remettons en route alors que le ciel s'assombrit sérieusement et évitons une nouvelle fois un bel orage. Le chemin est roulant et agréable.

Nous bivouaquons avec quatre autres randonneurs. L'un d'entre eux se rend comme nous à la frontière demain pour commencer son PCT en "SoBo", les trois autres ont déjà atteint le Canada depuis la route de Harts Pass et reviennent sur leurs pas pour poursuivre ensuite en direction du sud. C'est ce que nous allons devoir faire aussi: la frontière a été fermée au moment du Covid et vient de rouvrir, mais nous n'avons pas eu assez de temps pour faire la demande d'entrée sur le territoire canadien.

Jour 109:

Km: 31 (+10,2) (km cumulés: 2339,8)

Ce sont des écureuils bagarreurs qui nous réveillent avec leurs cris ce matin!

Et c'est parti pour notre dernière ligne droite avec un passage par le deuxième point le plus haut de la section de Washington (2169m). La météo est de notre côté, les températures aussi. Les derniers kilomètres nous font redescendre dans la forêt, puis dans les broussailles. Nous devons de nouveau passer par-dessus les arbres tombés à terre. La frontière se mérite!

Après 31 kilomètres, nous y sommes!!! Les conditions météorologiques de cette année ne nous auront pas permis d'atteindre cette frontière comme nous l'aurions souhaité. Nous sommes encore loin des 4273 km du PCT avec tous les détours que nous avons dû faire! Mais nous avons eu de la chance sur un point: Washington a eu un hiver plutôt sec par rapport à d'habitude, ce qui nous a permis de faire, assez tôt dans l'été, cette section habituellement praticable à partir de mi-juillet . Nous serions certainement rentrés à la maison depuis plusieurs semaines si nous n'avions pas eu cette option.

Nous restons un petit moment devant le monument du terminus qui clôture cette section Washington que nous aurons parcourue en entier, mais vous réservons les photos pour notre dernier jour sur le sentier: elles auraient dû être les dernières de notre périple.

Washington aura en tout cas tenu ses promesses: des paysages montagneux à couper le souffle, du sauvage et du challenge avec ses importants dénivelés.

La route la plus proche est à 12 km de la frontière, côté Canada. Malheureusement pour nous, celle côté États-Unis est à 49 km, à Harts Pass. Nous faisons demi-tour et marchons encore 10 km en direction du sud avant de nous installer au bord d'un lac pour la nuit.

17
juil

Jour 110:

Km: 38,4

Nous avons bien l'intention de retrouver la civilisation ce soir. Il nous faut donc carburer pour arriver assez tôt au col pour espérer trouver des randonneurs qui pourraient nous redescendre vers la prochaine ville.

Arrivés au col, nous faisons un détour par la hiker-box disponible ici et c'est le jackpot! Nous récupérons de la nourriture pour quelques jours et nous avançons vers le parking qui fait aussi office de camping. Nous allons y faire du stop. Nous avons la bonne surprise d'être accueillis par une campeuse qui s'intéresse à notre voyage et nous propose de l'eau et de la nourriture. Tout ce dont nous avions besoin!

Nous sommes rapidement pris en stop par deux jeunes filles et leur père qui nous déposent un peu plus bas dans la vallée, puis par un père et sa fille qui nous emmènent directement à Mazama, le village dans lequel nous avons prévu de dormir. Ils nous déposent à la seule épicerie du village où l'on peut acheter du bio, du vrac et du pain frais. Incroyable de trouver ce genre de magasin aux États-Unis! Nous ne faisons que quelques courses, nous savons que la hiker-box est bien fournie là où nous allons!

Nous arrivons à l'auberge spéciale PCT-hikers "The Lion's Den" tenue par "Lion" et "Raven" où nous retrouvons Sabrina, une Québécoise croisée deux jours plus tôt sur le PCT. Nous pouvons planter la tente dans le jardin et profiter de la cuisine, de la machine à laver, de la douche à la décoration plus que de circonstance et d'un repas du soir gracieusement offert.

Nous rencontrons un retraité New-Yorkais qui tente le PCT pour la quatrième fois: en 2019 il n'a pas pu traverser les Sierras à cause de la neige, en 2021 il a contracté la maladie de lyme en arrivant à Kennedy Meadows, en 2022 il a contracté le Covid à Kennedy Meadows également et cette année...trop de neige! Il ne se laisse pas abattre et repart de la frontière canadienne en espérant rejoindre Kennedy Meadows dans de meilleures conditions que celles rencontrées ce printemps.

Nous passons le reste de la soirée autour d'un feu de camp et faisons notre programme pour demain: nous allons devoir trouver une solution pour retourner à Government Camp, là où nous avions repris la marche sur le PCT, pour cette fois-ci randonner vers le sud!

Jour 111:

Dès le réveil, nous commençons à plier nos affaires. Nous avons prévu de faire du stop jusqu'à Seattle où nous pourrons trouver des bus qui nous amèneront à bon port. Nous prenons notre petit-déjeuner...et décidons finalement de prendre un jour de pause ici. On y est bien! Nous passons la journée à faire un puzzle et faisons un petit tour en ville à vélo. Au dîner, Lion nous prépare un excellent repas, partagé avec quatre autres randonneurs. Ribs, ailes de poulet et diverses salades. Puis nous nous couchons pour une bonne nuit sous les étoiles!

Jour 112:

Nous partons de Lion's Den ce matin pour aller faire du stop. "Tree", un autre randonneur, a prévu de faire du stop pour Seattle également et nous rejoint au bord de la route. Nous arrivons à faire un premier trajet jusqu'au col Rainy où nous sommes passés à pied il y a quelques jours. Le stop à partir du col est plus compliqué, mais nous trouvons finalement un chauffeur qui nous emmènera tous les trois directement à Seattle.

Après plus de quatre heures de route, nous arrivons enfin à bon port et prenons une chambre de motel avec Tree. Le bus pour demain est réservé, nous reprenons la marche demain soir!

Jour 113:

Km: 13,9 (km cumulés: 2353,7)

Dénivelé positif: 340 m

Nous partons tôt le matin pour rejoindre notre arrêt de car en transports en commun. Dommage, nous n'aurons pas l'occasion de visiter Seattle cette fois-ci!

Nous quittons Tree après quatre heures de route jusqu'à Portland. Nous prenons le temps de nous arrêter au kiosque de la gare pour prendre hot-dogs et corndogs: nous avions regretté de ne pas les avoirs goûtés la dernière fois que nous sommes venus ici. Nous avons ensuite encore deux bus à prendre avant d'arriver à Government Camp.

Petit passage à la Poste pour récupérer quelques colis et nous voilà repartis sur le trail, après quelques minutes supplémentaires de stop. Et quelle n'est pas notre surprise en arrivant sur le parking de départ?! Nous y retrouvons une Américaine et une Allemande rencontrées plusieurs fois en Californie! Nous les avons vues pour la dernière fois à Kennedy Meadows! Elles nous expliquent qu'elles ont repris le chemin en Californie du Nord, comme nous, environ une semaine après nous (elles ont vus nos noms dans les registres que nous avons signés sur notre passage) et ont fait une pause d'une semaine sur la côte après la section qui nous a également fait sortir du PCT pour l'OCT. Elles sont ensuite revenus au même endroit et marchent vers le nord depuis lors.

Nous arrivons à marcher environ 14 km en cette fin de journée en faisant un détour par un lac bien particulier: l'eau y est très claire et laisse transparaître un profond cratère (12m). Impressionnant!

Nous bivouaquons au bord du prochain lac en savourant l'étrange sensation de marcher maintenant vers le sud.

23
juil

Jour 114:

Km: 44,9 (km cumulés: 2398,6)

Dénivelé positif: 1282 m

Réveil brumeux au bord du lac. La randonnée du jour se passe au frais dans la forêt où nous pouvons picorer quelques huckelberries en chemin. Quelques trouées nous permettent d'apercevoir un nouveau volcan de la chaîne des Cascades: le mont Jefferson. Nous traversons aujourd'hui la réserve indienne de Warm Springs et sommes à mi-chemin entre l'équateur et le pôle nord.

Nous ne tardons pas à voir à nouveau une tête connue: celle d'un Tchèque arrivé en même temps que nous à Kennedy Meadows ce printemps. Plus loin, un Allemand rencontré à Kennedy Meadows, puis un Belge rencontré à Wrightwood au jour 23. Il a tenté d'entrer dans la Sierra avec son groupe, mais ils en sont ressortis 40 miles plus loin. Sur les 16 randonneurs de son groupe, il n'en reste que 5. Les autres sont rentrés chez eux, dégoûtés par la neige. Plus loin, nous revoyons justement un autre Belge de son groupe.

Une autre belle rencontre ce jour: celle avec une chouette qui plonge à 6 m de nous pour attraper une souris et se pose ensuite sur une branche non loin de nous!

Jour 115:

Km: 37,5 (km cumulés: 2436,1)

Dénivelé positif: 1200 m

Peu après notre départ de ce matin, nous croisons... Antoine (le randonneur qui a un chalet de famille à Combloux)! Après avoir passé 3 semaines en Colombie il a repris le PCT en Californie du nord. Il avait entendu dire que nous nous étions ennuyés sur l'Oregon Coast Trail, il ne sait plus par qui. C'est incroyable de se dire que l'on connaît autant de monde sur ce mince sentier long de 4200 et quelques mètres!

Antoine

Nous prenons le temps de faire une petite pause au bord du lac Olallie (huckelberry en amérindien) pour prendre un café avec vue sur le Mont Jefferson! Et repartons sur le chemin avec du Carlos dans la tête (Olallie Olallie oh...Olallie Olallie ah...)!

Le décors est ensuite très désertique à cause des feux de forêt de l'année dernière. Nous montons jusqu'à 2100m d'altitude et retrouvons quelques névés et lacs partiellement enneigés. Au loin, le Mont Hood, le Mont Adams et le Mont Saint Helens nous rappellent les paysages d'il y a un mois.

Pendant notre dernière descente, nous croisons de nouveau une randonneuse rencontrée en Californie. Ses amis l'avaient prévenue qu'elle nous croiserait sûrement en chemin.

Nous bivouaquons ce soir sous des noisetiers, au bord d'une rivière. Nous soulevons beaucoup de poussière et de cendres sur ces sentiers...une toilette s'impose!

Jour 116:

Km: 37 (km cumulés: 2473,1)

Dénivelé positif: 1427 m

Nous avons eu très chaud cette nuit. Le sol rejette encore de la chaleur sous notre tente au réveil! Nous continuons à remonter le temps en croisant ce matin Turtle Wolf, parti le même jour que nous de la frontière mexicaine. Il est sorti du PCT trois semaines, une fois arrivé à Kennedy Meadows, pour passer un peu de temps chez lui, dans le Tennessee, en attendant que la neige fonde et avant de repartir depuis la Californie du nord. Quelques minutes plus tard, nous tombons sur Martin, un Québécois rencontré au jour 31 lors d'un bivouac!

Martin

Dans l'après-midi, nous croisons Scott avec qui nous avions marché au tout début du trail!

Il nous faut bien calculer nos réserves d'eau. Nous croisons quelques lacs, mais il fait tellement chaud qu'il faut prévoir un bon stock. Nous croisons d'ailleurs un couple de Britanniques qui fait également le plein et nous parle d'un camp pour jeunes qui accueille aussi les randonneurs et propose douche et lessive gratuites. Parfait pour notre pause de demain: nous avons grand besoin d'une douche!

Nous finissons la journée par un "9km haies" à travers les arbres couchés, puis par une magnifique vue sur la montagne "Three Fingered Jack" et quelques Mountain Goats (enfin!) qui paissent en contrebas.

Jour 117:

Km: 14,6 (km cumulés: 2487,7)

Après 7 km de marche jusqu'à la route, nous sommes pris en stop et nous rendons dans la ville de Bend: Nico à besoin de se racheter des chaussures. Nous prenons un café en terrasse en attendant que les magasins ouvrent.

Une fois Nico rechaussé pour les prochains mille kilomètres, nous partons faire les courses pour les 12 prochains jours. Il n'y a pas de supermarché sur le chemin qui nous mènera à Ashland, notre dernière étape dans l'Oregon et nous n'avons pas le courage de nous préparer des colis à nous envoyer dans les quelques restaurants que nous allons croiser.

En début d'après-midi, nous faisons une sieste dans un parc avant de prendre la route avec un trail-angel qui nous dépose là où nous sommes sortis du chemin ce matin.

Nous effectuons les 9 km qui nous séparent du camp pour jeunes et profitons d'un trail-magic: des boissons fraîches dans une glacière posée au bord du chemin. Bonne surprise!

Nous profitons du camp pour nous laver, faire une lessive, recharger l'électronique et manger avant de repartir vers 21h sous une belle lumière et poser la tente en bord de chemin, à la lueur de nos frontales.

Jour 118:

Km: 36,4 (km cumulés: 2524,1)

Dénivelé positif: 1370 m

Nous partons tôt ce matin. Les paysages sont grandioses: nous traversons des coulées de lave vieilles de 1000 à 2000 ans avec la vue sur les volcans (Mont Jefferson, Mont Hood au loin et trois petites nouvelles: les Three Sisters). Très beau mais la roche volcanique, ce n'est pas l'idéal pour les semelles toutes neuves de Nico qui s'usent déjà à vitesse grand V! 😆

Il fait frais et nous ne voyons pas la journée passer! Nous traversons de jolies rivières et passons à côté de la cascade "Obsidian Falls". "Obsidian" (obsidienne en français), c'est aussi le nom de la roche volcanique sur laquelle nous marchons en fin de journée. Cette roche, qui ressemble à du verre fumé, attirait autrefois les Amérindiens qui venaient en ramasser pour faire les pointes de leurs flèches.

La rencontre du jour: Georgia, une jeune Néo-zélandaise partie le même jour que nous de la frontière mexicaine!

Jour 119:

Km: 39,1 (km cumulés: 2563,1)

Dénivelé positif: 1095 m

Un léger voile nous cache le paysage ce matin et il est accompagné d'une odeur de fumée. La forêt brûle quelque part, mais où?

Un randonneur nous dit que la fumée viendrait du sud. Il est de Californie du sud et est habitué aux feux. Il nous rassure en nous disant qu'il n'y a rien d'inquiétant.

Nous longeons à nouveau une coulée de lave, perdue au milieu d'une grande prairie. Nous rencontrons biches, cerfs et deux grues.

Sur le chemin, trois bénévoles s'affairent à dégager le sentier des arbres tombés. Nous sommes dans un parc national, la tronçonneuse est interdite, ils scient tout au passe-partout!

Petit bivouac en bord de lac qui nous permet un plongeon et une petite toilette. La fumée s'installe à nouveau en soirée, donnant au coucher de soleil une couleur rouge feu.

1
août

Jour 120:

Km: 41,7 (km cumulés: 2604,8)

Dénivelé positif: 1200 m

Nous avons été incommodés toute la nuit par une odeur de fumée, et ce matin, ça sent toujours la "boueurne" (cheminée ou fumoir en patois de chez nous), comme dirait Nico! 😆 Nous avons également le brouillard ambiant qui va avec.

Après quelques kilomètres, nous arrivons à avoir un peu de réseau et constatons qu'il y a des feux à l'est, des feux à l'ouest, mais pas sur le PCT. C'est le vent qui s'amuse à nous enfumer suivant la direction qu'il prend.

Nous longeons de nombreux lacs et étangs aujourd'hui et marchons avec les coupe-vents pour nous protéger des moustiques. Heureusement qu'il fait frais!

Dans l'après-midi, nous traversons pendant une bonne heure un paysage complètement brûlé qui témoigne de la violence des incendies de l'année dernière. Les rochers ont tellement chauffés qu'ils ont éclaté en surface. C'est justement à ce moment-là que le vent nous amène à nouveau de la fumée, histoire de nous plonger dans l'ambiance!

Nous croisons une bonne dizaine de randonneurs au compte-gouttes qui nous avertissent qu'un "trail-magic" nous attend quelques kilomètres plus loin: chips, sodas, pastèque, bananes et surtout...hot-dogs! Pile pour l'heure du goûter, c'est parfait! Nous pressons le pas pour finalement arriver devant deux trail-angels en train de ranger leur stand. Tous les hot-dogs ont été mangés et nos estomacs se contenteront de chips et de pastèque.

Nous faisons le plein d'eau dans le magnifique lac voisin et repartons pour atteindre facilement les 40 km. Les chemins de l'Oregon sont plutôt plats et il fait frais. Parfait pour avancer!

Nous bivouaquons toujours en compagnie des moustiques ce soir. Nous espérons en être bientôt débarrassés!

Depuis hier, notre compte à rebours est lancé! Dans un mois, nous viendrons de clôturer nos cinq mois de randonnée et nous dirigerons vers San Francisco pour quatre jours de détente bien mérités avant un retour à la maison!!!

Jour 121:

Km: 34,2 (km cumulés: 2639)

Dénivelé positif: 1108 m

Nous décidons ce matin de gagner du temps en sautant le petit-déjeuner. Nous casserons la croûte en chemin dans la matinée. Nous sommes efficaces et atteignons notre objectif de la demi-journée à 11h45. 26 km sans fumée ce matin.

L'objectif en question s'appelle Shelter Cove et il s'agit d'une station de vacances avec camping, au bord du lac Odell, où nous avons prévu de manger une pizza et jeter un oeil à la "hiker box" pour nous ravitailler un peu. Malheureusement, il n'y a plus de pizza quand nous y arrivons (nous avons peu de chance avec la nourriture en ce moment!), mais la hiker-box est plutôt bien fournie.

Nous faisons une bonne pause au bord du lac, observons les pêcheurs qui nettoient leur récolte du jour à côté de nous (des truites) et en profitons pour nous rincer les pieds avant de repartir.

Chaque soir, nous essayons de nous éloigner le plus possible des points d'eau pour éviter les moustiques, mais c'est peine perdue! Ce soir encore, nous mangeons avec les moustiquaires sur nos têtes et des gants pour nous protéger des piqûres.

Jour 122:

Km: 37 (km cumulés: 2676)

Dénivelé positif: 1309 m

Nous continuons notre progression vers le sud dans la forêt. Nous faisons notre pause de midi au bord de l'immense et magique "Summit Lake" dont les truites, telles des dauphins, sautent hors de l'eau pour gober les mouches!

Comme chaque jour, nous croisons quelques têtes connues et avons la visite de "chipmunks" pendant nos pauses casse-croûte! Ils sont moins intimidants que les ours, mais ils viendraient volontiers nous piquer notre goûter eux aussi!

Après une longue descente en forêt nous sommes bien fatigués. Nous décidons de nous arrêter assez tôt, au bord d'un chemin carrossable où des trail-angels ont laissé des bidons d'eau. Demain, nous partons pour 35 km sans point d'eau. Cette cache nous permettra de partir avec le plein!

Retour de la fumée ce soir.

Jour 123:

Km: 38,8 (km cumulés: 2714,8)

Dénivelé positif: 1563 m

Une montée progressive nous amène aujourd'hui au point le plus haut en altitude de la section Oregon/Washington du PCT, soit 2308 m.

Nous redescendons ensuite pour atteindre le seul point d'eau de la journée: une rivière ponctuée de petites cascades, au pied du Mont Thielsen. Une pause pour rempli les bouteilles, mais aussi pour admirer le paysage, s'impose! Quel plaisir de voir un peu de montagnes!

Il est encore tôt. Nous décidons d'entamer la prochaine montée qui nous attend. Nous arrivons sur une crête pour un bivouac de choix avec vue à 360 degrés sur le Mont Thielsen, le lac Diamond et la forêt.

Peu de moustiques ce soir, nous décidons de dormir à la belle étoile.

Demain, nous atteindrons un des lieux les plus touristiques d'Oregon: Crater Lake. Nous avons hâte de découvrir ce mythique lac!

Jour 124:

Km: 46,7 (km cumulés: 2761,5)

Dénivelé positif: 1542 m

Nous sommes réveillés à 4h30 par un groupe de randonneurs matinaux. Nous partons pour une grosse journée de marche, mais le peu de dénivelé nous permet d'avancer vite. Un randonneur a perdu un paquet de bretzels sur le chemin. C'est le petit remontant qui nous permettra de tenir jusqu'à 13h pour que nous puissions prendre notre repas de midi devant, sans doute, la plus belle vue de tout l'Oregon: celle sur le Crater Lake.

Le lac de Crater Lake s'est formé après l'explosion du volcan Mont Mazama il y a 7700 ans. Il est alimenté uniquement par l'eau de pluie et la fonte des neiges. Sa profondeur le rend particulièrement unique: avec ses 594 m de profondeur, il est le lac le plus profond des États-Unis et le lac volcanique le plus profond au monde!

La variante que nous prenons nous permet de passer au plus près du cratère en en faisant en partie le tour (le tracé du PCT reste normalement très éloigné du lac, mais ç'aurait été dommage de ne pas faire le détour!).

Nous atteignons le village de Rim Village pile pour le goûter. Un hot-dog et deux glaces plus tard, nous repartons pour les derniers kilomètres qui nous séparent du prochain camping (le bivouac est interdit dans le parc de Crater Lake). Des randonneurs nous ont en plus dit qu'il était gratuit pour les PCT-hikers. Une bonne douche, une pizza et nous voilà dans notre tente pour une nuit dans la civilisation.

Dans un mois tout pile, nous serons de retour à la maison!

Jour 125:

Km: 36,7 (km cumulés: 381)

Dénivelé positif: 1177 m

Nous n'avons pas eu le temps de recharger nos appareils électroniques hier soir et restons un peu plus longtemps au camping ce matin pour repartir avec des batteries pleines. Cela nous permet de prendre le temps de déjeuner et de prendre un bon café à l'épicerie du camping. Nous avons également droit à une belle surprise: au moment où nous nous décidons à décoller, une famille vient nous proposer ses restes de repas d'hier. Deux parts de pizza, des nouilles, de la salade, du taboulé et les trois quarts d'une tarte aux mûres! Nous faisons un deuxième petit-déjeuner et repartons avec également notre repas de midi! Parfait!

Nous reprenons le chemin qui serpente à nouveau au milieu de forêts brûlées aujourd'hui. Et sur la route, nous croisons un randonneur qui semble nous connaître. Après quelques secondes, nous le reconnaissons: il s'agit de Peter, un Allemand rencontré au jour 16! Nous l'avions rattrapé dans une pente enneigée et lui avions proposé de rester un peu avec lui dans ces sections pentues, il n'avait pas vraiment l'air à l'aise. Quatre mois plus tard, nous le retrouvons avec de la barbe, quelques kilos en moins et les jambes affûtées, toujours en direction du nord. Il fait partie des rares courageux à avoir traversé la Sierra! Incroyable! Expérience difficile mais certainement tellement gratifiante! Il doit maintenant se dépêcher pour espérer atteindre la frontière canadienne avant de devoir retourner en Europe. Nous sommes tellement contents de le revoir après tout ce qu'il a parcouru!

En fin de journée, nous bivouaquons au bord d'un cours d'eau après 36,7 km de marche.

Jour 126:

Km: 41,8 (km cumulés: 2840)

Dénivelé positif: 1143 m

Le chemin part tout de suite à la montée ce matin et nous ne tardons pas à avoir une belle vue sur les montagnes environnantes. La plus proche: le Mont Mc Loughling, un volcan endormi, et au loin, le Mont Shasta, vers lequel nous marchions pendant notre courte section en Californie du nord. La Californie n'est plus très loin!!!

Ce sera finalement la seule vue que nous aurons de la journée. Le reste se passera en forêt. Dur dur pour la motivation!

Une fois la tente posée, nous faisons un gros repas pour nous redonner force et moral. Demain sera notre avant-dernier jour complet de marche dans l'Oregon. Nous allons nous arrêter dans la ville d'Ashland avant de repartir en bus vers le sud pour tenter notre chance dans la Sierra Nevada, maintenant qu'il y a moins de neige!

Jour 127:

Km: 41,2 (km cumulés: 2881,2)

Dénivelé positif: 1000 m

Réveil difficile. La fatigue d'hier plus la perspective de devoir marcher plus de 40 kilomètres aujourd'hui ne nous encouragent pas à nous lever.

Finalement, la journée passe vite. Nous traversons ce matin des pierriers, rencontrons de nombreux cervidés dont un faon, cueillons des huckelberries pour faire le plein de vitamines et croisons Marion, une Française rencontrée juste avant la Sierra. Elle aussi, comme Peter, à réussi à traverser la section que nous avons sautée! Nous avons suivi attentivement ses aventures grâce aux réseaux sociaux et savions que nous la croiserions dans les prochains jours. Elle doit elle aussi accélérer le pas pour passer la frontière canadienne avant l'expiration de son visa américain.

Nous posons la tente après 41 km.

Jour 128:

Km: 43,3 (km cumulés: 2924,5)

Dénivelé positif: 1638 m

La nuit a été courte: la lumière de la pleine lune nous a empêchés de dormir et quelques randonneurs ont voulu justement profiter de cette lumière pour marcher de nuit en papotant bruyamment à leur passage vers notre tente.

La journée s'annonce fatigante, mais une fois de plus, elle sera pleine de distractions! Nous rencontrons de nombreux animaux sur le chemin ainsi que de belles fleurs.

Encore des têtes connues croisées aujourd'hui: celles de deux Américains qui eux aussi sortent de la Sierra. Ça tombe bien, Antoine, croisé il y a deux semaines, nous avait demandé de leur passer un message si nous les croisions!

Nous continuons à nous rapprocher du Mont Shasta et retrouvons lentement les odeurs, l'aridité, les oiseaux (geais bleus) et les arbres (chênes) de la Californie découverts ce printemps. Le panorama est incroyablement varié avec des collines de conifères au premier plan, des plaines désertiques au second et le volcan enneigé Shasta en arrière-plan.

Nous bivouaquons à quelques kilomètres de la route d'accès pour la ville d'Ashland. Nous avons effectué aujourd'hui la dernière grosse journée de marche de notre aventure!

5
août

Jour 129:

Km: 3,4 (km cumulés: 2927,9)

Dénivelé positif: 91

Nous effectuons les quelques kilomètres qui nous séparent de l'hôtel "Callahan Lodge" où nous espérons trouver une voiture qui pourra nous emmener à Ashland. Nous croisons sur le chemin une chouette qui s'envole devant nous. Ses ailes sont immenses!

Nous rêvons d'un café, mais quand nous apprenons que pour 5 dollars chacun nous pouvons accéder au buffet du petit-déjeuner nous nous permettons une pause plus longue au lodge. Bagels, céréales, gaufres...le rêve!

Un homme vient s'intéresser à nous et nous dit qu'il nous attend sur le parking le temps que l'on finisse notre repas: il peut nous amener à Ashland!

Il nous dépose au supermarché où nous profitons encore des prix plutôt bas de l'Oregon pour faire le plein pour les 12 prochains jours de randonnée. Demain, nous allons essayer de prendre la route pour retourner dans la Sierra!

Ce qui n'est d'ailleurs pas une mince affaire: 900 km de route en transports en commun aux États-Unis, pas simple! Nous tombons sur une annonce Facebook d'une personne qui fait justement le trajet dont nous avons besoin. Malheureusement, elle part trop tôt pour nous. Il nous faut d'abord récupérer des colis. Nous nous débrouillerons avec les cars!

Nous nous rendons ensuite à la poste pour récupérer nos deux colis. Après une longue recherche dans les coulisses, l'employé ne revient qu'avec un seul de nos deux colis. La semaine dernière, déjà, nous n'avons pas pu récupérer le colis qui contenait nos chaussures pour la neige et nos piolets. Cette fois-ci, c'est le colis avec une paire de baskets neuves pour moi et le guide papier de la Sierra qui manque à l'appel. Rageant.

Nous faisons un arrêt à la bibliothèque pour imprimer nos permis pour la Sierra (nos permis PCT ne sont plus valables) et pour faire une réclamation en ligne sur le site de la poste.

A peine sortis, nous retrouvons Adam chez qui nous allons loger ce soir. Nous arrivons chez lui en début d'après-midi et pouvons en profiter pour nous reposer un peu. Adam nous accueille dans un bâtiment qui appartenait auparavant à l'Eglise et qu'il essaie de transformer en centre culturel et artistique. Deux peintres et sculpteurs y ont installé leurs ateliers et un groupe de musique vient y répéter régulièrement. Nous avons la chance de partager le repas du soir avec lui et sa fille après être allés au jardin en cueillir les ingrédients. Burgers d'agneau avec tomates du jardin, haricots du jardin au pesto du jardin également et betteraves du jardin accompagnés d'un champagne de pomme produit par le voisin...ça fait plaisir de bien manger!

Jour 130:

Dur de changer d'environnement. La nuit n'a pas été aussi bonne que nous l'espérions et la prochaine s'annonce courte également: nous n'avons pas réussi à trouver de personnes qui pourraient nous avancer dans notre trajet et nous réservons donc trois cars: un pour Sacramento, un deuxième pour Mojave et un troisième pour Lone Pine, là où nous étions sortis du PCT ce printemps.

Adam nous conduit à la poste ce matin. Qui sait, notre colis est peut-être finalement arrivé?! L'employée part le chercher... mais revient bredouille. Nico, resté dans l'entrée du bâtiment arrive à jeter un œil au stock de colis à travers la fente d'une boîte aux lettres. Il aperçoit notre carton!!! Il arrive à guider L'employée qui finalement peut nous le remettre! Nous sommes bien soulagés, mais un peu agacés: la date écrite sur le carton indique qu'il était déjà là hier et nous aurions bien remis quelques affaires dans notre autre colis déjà parti pour notre dernière étape. Tant pis, nous allons devoir déposer ces objets dans une hiker-box, nous ne pouvons pas nous permettre d'alourdir encore nos sacs. Mais j'ai pu récupérer une paire de chaussures neuves ce qui est un grand soulagement: je me voyais déjà partir à l'assaut des montagnes de la Haute Sierra avec une paire qui commence à trouer.

Nous profitons du reste de la matinée pour flâner dans les rues d'Ashland, petite ville universitaire où l'on se sent bien! Puis nous prenons le bus pour Medford, d'où nous allons partir en car de nuit pour retourner à Lone Pine. Un agent de sécurité nous conseille d'aller nous installer dans la bibliothèque juste en face de l'arrêt pour patienter (notre car arrive à 17h50). Nous y trouvons des fauteuils, la climatisation, de l'eau fraîche et des magazines pour patienter. Parfait! Parfait jusqu'à un certain point... nous recevons un mail nous indiquant que notre car a 6 heures de retard. Ce qui nous fait louper les deux correspondances qui nous auraient permis d'arriver à Lone Pine le 4 août, date pour laquelle nous avons réservé une chambre d'hôtel, non remboursable bien sûr. Il nous faut trouver une autre solution et un autre endroit pour patienter: la bibliothèque va fermer et l'agent de sécurité nous déconseille fortement de rester dans ce quartier, très mal fréquenté, surtout la nuit. Nous trouvons finalement un parc assez calme et réservons un car qui nous emmènera de Sacramento à Reno dans le Nevada plutôt que Mojave, d'où nous prendrons une autre navette si nous arrivons à temps. Sinon, nous ferons du stop.

Le car arrive finalement vers minuit et nous pouvons nous installer pour une fin de nuit sur la route.

Jour 131:

Nous arrivons à Sacramento à 7h et nous installons dans la gare en attendant notre car pour Reno qui devrait arriver à 9h35. A 7h12, un mail nous informe que le car à destination de Mojave que nous avions prévu de prendre au départ est lui aussi en retard et qu'il partira à 7h30 au lieu de 5h45. Finalement nous prenons le car pour Mojave. Il arrivera trop tard pour prendre la navette à destination de Lone Pine, mais nous serons à moins de deux heures de notre destination finale. Nous essaierons de faire du stop.

Nous aurons besoin de trois voitures pour arriver devant notre hôtel, à 18h30, soulagés d'être enfin arrivés et de pouvoir profiter du lit dont nous rêvions depuis plusieurs semaines! Le trajet nous aura fait revivre en accéléré les kilomètres parcourus ce printemps, en commençant par Tehachapi que nous traversons en car, puis Walker Pass au loin et enfin Lone Pine après avoir retrouvé le désert et ses magnifiques paysages que nous avions beaucoup aimés.

L'aventure ne se déroule pas du tout comme nous l'avions imaginé. Chaque lieu était destiné à n'être visité qu'une seule fois, mais c'est finalement plutôt agréable de retrouver des endroits connus où nous avons déjà des semblants d'habitudes. Lone Pine, Hood River, Portland, des endroits où nous nous sentons chez nous!

Nous faisons quelques courses pour nos deux prochains repas et nous écroulons de fatigue après ces dernières nuits chaotiques.

Jour 132:

Enfin une bonne nuit et ce malgré la chaleur! Et nous allons avoir besoin d'énergie pour les trois semaines à venir! Le trail sur lequel nous allons nous engager demain s'appelle le "John Muir Trail" (JMT). Il suit en grande majorité le même tracé que le PCT dans les montagnes de la Haute Sierra, mais s'achève dans la vallée de Yosemite, que nous n'aurions pas pu voir avec notre permis PCT. Il est considéré comme un des plus beaux treks au monde! Au programme, de nombreux cols à plus de 3000 m d'altitude et le Mont Whitney, plus haut sommet des États-Unis, hors Alaska.

Nous passons une matinée tranquille à finir la lecture de nos livres pour nous délester encore de quelques grammes. Nous partons ensuite acheter un peu de matériel, manger et aller au centre tenu par les rangers pour avoir les dernières informations sur les conditions du trail. Au final, les rangers en savent moins que nous avec tout ce que nous avons pu glaner sur les réseaux.

Bonne nouvelle du jour: notre colis a été retrouvé! Nous allons pouvoir récupérer piolets et chaussures à la fin du trek. Heureusement que la neige a bien fondu et que nous n'en aurons pas besoin ici!

Nous faisons ensuite du stop pour monter au camping de Horseshoe Meadows (qui était encore sous la neige quand nous sommes passés ce printemps) pour y dormir afin de nous acclimater à l'altitude. Une petite balade avant d'aller se coucher nous dévoile le plateau sur lequel nous avons pris notre dernier repas de midi avant de descendre sur Lone Pine ce printemps. Incroyable comme les paysages ont changés!

Nous nous endormons donc à 3065 m d'altitude pour nous préparer à vivre notre rêve de Sierra éveillés. Nous avons prévu 18 jours pour le JMT soit une vingtaine de kilomètres par jour. Ainsi, nous aurons le temps de profiter des paysages, de prendre un jour de pause ou de faire quelques variantes!

14
août

Jour 133:

Km: 38,4 (km cumulés: 2966,3)

Dénivelé positif: 2324 m

Encore une nuit beaucoup trop courte. La lune et les voisins de tente bruyants auront eu raison de notre sommeil!

C'est donc bien fatigués, mais heureux d'être enfin ici, que nous nous lançons sur le John Muir Trail! Nous redécouvrons les paysages sans neige, bien que l'herbe ait gelée pendant la nuit. Nous évoluons dans le sable gris dans lequel poussent des pins "à queue de renard" (fox-tail pines) dont les troncs sont dorés par le soleil. Dès le matin nous rencontrons la faune locale avec un énorme lièvre croisé sur le chemin et des marmottes qui elles, en revanche, sont beaucoup plus petites que celles rencontrées à Washington et ressemblent davantage aux nôtres. Nous longeons quelques lacs avant d'entamer la montée jusqu'au col "New Army" (3748 m) derrière lequel un chemin nous mènera jusqu'au PCT/JMT où nous pourrons commencer notre traversée de la Haute Sierra!

La neige est encore là par endroits et nous finissons l'ascension en escaladant quelques blocs de granite pour éviter la corniche qui borde le sommet du col.

A 10h et après une ascension réussie, nous prenons notre petit-déjeuner avec la vue magique sur les murailles de roches granitiques que nous surplombons à présent.

Et maintenant, direction le JMT! Nous sommes seuls sur cette section et ne croisons la route que de quelques biches.

Nous retrouvons le sentier en milieu d'après-midi et nous mêlons aux autres randonneurs. Nous traversons trois rivières pour lesquelles nous quittons les chaussures et enfilons les sandales.

En fin d'après-midi, nous plantons la tente à quelques kilomètres du Mont Whitney. Nous allons laisser notre bivouac en place demain pour partir tôt à l'assaut du plus haut sommet des États-Unis!

Jour 134:

Km: 24,1 (km cumulés: 2990,4)

Dénivelé positif: 1792 m

Nous nous levons à 4h ce matin pour notre mission du jour: le Mont Whitney! C'est incroyable d'être enfin sur cette partie du PCT qui est, de loin, la plus mythique! Nous commençons de nuit avec la journée d'hier dans les jambes et la fatigue accumulée. Finalement, l'énergie repointe le bout de son nez en même temps que le soleil se lève et nous pouvons profiter de la lumière du levant alors que nous avançons.

Nous longeons quelques lacs au bord desquels de nombreux randonneurs ont élu camp de base. Les immenses parois rocheuses qui les bordent rapetissent à mesure que nous montons. Le souffle se fait aussi plus court sous l'effet de l'altitude.

Les derniers mètres se font dans les "sun cups", de la neige sculptée par le soleil.

A 9h, nous sommes au sommet (4421 m) et profitons d'une vue imprenable sur les Sierras. Nous discutons avec un Français qui a fait l'ascension avec un ami franco-americain. Ils s'appellent Nicolas et Nicholas. Le record de "Nicos" au sommet du Whitney a sans doute été battu aujourd'hui!

Nous prenons notre temps et profitons un moment de la joie d'être sur le toit des États-Unis avant de redescendre.

Une fois arrivés au pied de la montagne, Nico veut faire un détour vers un lac encore à moitié recouvert par la neige. Pour ma part, j'ai plutôt envie et besoin d'une bonne sieste. Nous nous séparons le temps d'une heure, pour la première fois depuis le 23 mars! Drôle de sensation!

Nous nous rejoignons pour reprendre le chemin vers notre bivouac et rencontrons sur la route... Bernard! Lui aussi est monté jusqu'au Canada et est revenu en Californie pour boucler la Sierra. Il tente l'ascension du Whitney en cette fin d'après-midi. De notre côté, ce sera petite sieste dans la tente à l'abri des moustiques en attendant l'heure du repas.

Jour 135:

Km: 25,3 (km cumulés: 3015,7)

Dénivelé positif: 1370 m

Un nouveau point haut à atteindre aujourd'hui: celui du col Forester, à 3999 m. Il est le col qui effraie le plus les PCT-hikers car la neige y reste souvent longtemps et c'est surtout pour son ascension qu'il faut en général prévoir crampons et piolet sur le PCT.

Nous commençons la journée dans la forêt de pins et traversons deux rivières ce matin avant de prendre le repas de midi à l'ombre des arbres.

Une fois les ventres remplis, nous nous élançons vers le col! Nous ne tardons pas à retrouver la neige et les lacs gelés mais la montée finale se fait dans les blocs de granite qui, eux, ont assez pris le soleil et sont secs. Le passage délicat est sec lui aussi et c'est sans encombres que nous arrivons au sommet! En passant ce col, nous quittons le parc national Sequoia et entrons dans le parc de King's Canyon.

Le Forester: 2ème col en partant de la droite

Nous prenons le temps au sommet, admirons les pics, les lacs et les paysages rocailleux et entamons la descente dans les "sun cups".

Nous installons la tente à 16h au bord de la rivière, à 3600 m d'altitude. Nous avons fini de lire nos livres en vitesse à Lone Pine pour nous décharger, mais maintenant que nous devons apprendre à ralentir, nous en aurions bien l'utilité. A 18h30, nous sommes déjà prêts à aller nous coucher! Nous remplissons cette fin de journée avec une petite balade après le repas et quelques étirements.

Nico se relève pendant la nuit pour prendre quelques photos du ciel étoilé. Pas de pollution lumineuse où nous sommes. Je vous laisse admirer le résultat!

Jour 136:

Km: 23,6 (km cumulés: 3039,3)

Dénivelé positif: 1100 m

Réveil à nouveau difficile ce matin, mais nous sortons de la tente pour voir le soleil se lever dans ce paysage désertique.

Nous reprenons la marche et retrouvons des arbres à peine 200m plus bas, à 3400 m d'altitude! Nous descendons la vallée, traversons des couloirs d'avalanche et constatons les dégâts de cet hiver. Les arbres sont décapités à environ trois mètres du sol ce qui montre bien la quantité de neige tombée cet hiver!

Le col qui va nous occuper aujourd'hui s'appelle Glen Pass (3644 m). Il s'avère finalement plus technique que le Forester et nous devons escalader, à la montée comme à la descente, pour éviter les névés. Hier et avant-hier, nous étions surpris de trouver des libellules à plus de 4000 m d'altitude. Aujourd'hui, ce sont les cigales qui chantent à 3600 m!

Une fois redescendus de l'autre côté, nous faisons une petite sieste au bord du "Rae Lake", la tête à l'ombre de petits pins. Difficile de quitter ce décor féerique!

Nous traversons quelques champs d'oignons sauvages et élisons domicile pour la nuit au bord du lac "Arrowhead Lake" où nous retrouvons les moustiques.

Jour 137:

Km: 27,2 (km cumulés: 3066,5)

Dénivelé positif: 1816 m

Petite grasse matinée ce matin et départ à 7h20. Nous redescendons une vallée bien chamboulée par les avalanches et ce sont des troncs d'arbres que nous escaladons aujourd'hui. Quelques traversées de rivières (six en tout) nous font enlever les chaussures. Enfin, un peu moins pour moi qui glisse sur un tronc d'arbre en traversant et décide de franchir les prochains cours d'eau baskets aux pieds, maintenant qu'elles sont mouillées.

S'ensuit une loooooongue montée jusqu'au prochain col: le Pinchot Pass (3696 m), le long de la rivière qui coule en partie sur des dalles de granite et forme des vagues. Nous croisons quelques randonneurs et il n'est pas difficile de deviner s'ils sont "PCT-istes" ou "JMT-istes": les PCT-istes ont des vêtements bien plus sales, déchirés et des sacs généralement bien moins chargés!

Le ciel se couvre pour le reste de la montée et nous arrivons au sommet en milieu d'après-midi sous une belle lumière qui met en valeur les différentes couleurs des roches.

Nous longeons plusieurs lacs à la descente et installons la tente dans la forêt pour la nuit.

Jour 138:

Km: 26,6 (km cumulés: 3093,1)

Dénivelé positif: 1371 m

Nous avons reçu un orage inattendu cette nuit et notre tente prend l'eau! Heureusement que la pluie ne dure jamais bien longtemps ici!

Nous partons pour une montée vers un nouveau col ce matin: le Mather Pass (3686 m). La montée est progressive avec quelques traversées de rivières pour lesquelles nous retirons les chaussures.

Un randonneur nous rattrape: Bernard! Nous continuons l'ascension avec lui et prenons un petit casse-croûte au sommet.

Après une descente dans la neige, nous pique-niquons au-dessus des lacs Palisade. La section que nous traversons ensuite est la dernière du JMT à avoir été tracée, en 1930. Des blocs de granite ont été placés tout au long de la descente pour former un escalier.

Encore des rivières dans des couloirs d'avalanche à traverser cet après-midi. Ce qui est d'ailleurs assez pratique: nous pouvons marcher sur les troncs déposés au-dessus des rivières par la neige de cet hiver. Nous observons de nombreuses fleurs et oignons sauvages. La pluie revient en fin d'après-midi et nous sortons les ponchos.

Nous plantons la tente vers 17h, après avoir laissé Bernard, et nous mettons à l'abri en attendant une accalmie. Elle ne tarde pas et nous pouvons manger dehors, au bord de la confluence de deux énormes rivières et sous des pins gigantesques.

Jour 139:

Km: 25,5 (km cumulés: 3118,6)

Dénivelé positif: 1900 m

Nous n'avons pas eu d'orage pour cette nuit passée en dessous des 3000 m. La "basse" altitude nous permet de retrouver d'autres animaux que des serpents et des marmottes: nous rencontrons des biches à foison en remontant le canyon ce matin! Encore un peu d'escalade sur les troncs d'arbres cassés ou déracinés par l'avalanche et qui nous bloquent le chemin (voir photo ci-dessous).

Nous sommes obligés de sortir du JMT ce matin. La neige a détruit un pont quelques dizaines de kilomètres plus loin et il n'y a pas d'autre moyen de traverser la rivière. Nous devons donc faire un détour par deux cols: le Bishop Pass et le Piute Pass.

Nous montons le long d'une rivière qui coule sur des dalles et au milieu des petits manzanitas et d'immenses genévriers, qui sont ici de véritables arbres!

Nous arrivons sur un plateau où nous trouvons des lacs entourés de belles montagnes. La neige nous fait faire des détours, mais ce Bishop Pass sera finalement une des plus belles sections du JMT, voire du PCT!

Nous arrivons au sommet du col et redescendons dans la vallée avec, sous nos yeux, de nombreux lacs en terrasses. Magnifique!

Une fois arrivés au parking, nous ne peinons pas à trouver un couple de personnes âgées qui se proposent de nous emmener au départ du chemin pour le Piute Pass, à 30 minutes de route d'ici.

Nous nous installons au camping disponible là-bas et réservons la montée vers le col pour demain.

Jour 140:

Km: 27,7 (km cumulés: 3146,3)

Dénivelé positif: 1108 m

Nous prenons notre temps ce matin et nous levons à 6h20. Je sors de la tente pour aller aux toilettes et croise Bernard sur le chemin! Il est descendu hier dans la ville de Bishop où Pascale, sa femme, et son fils l'attendaient, et pour passer une bonne nuit dans un lit. L'occasion pour moi de revoir Pascale et de discuter un peu!

La montée au Piute Pass se fait sous la pluie. Nous redescendons ensuite dans une plaine humide, puis dans un canyon. La descente nous prend tout le reste de la journée et nous sommes bien contents qu'il n'y ait plus rien à monter pour aujourd'hui car la fatigue commence à être bien installée! Mettre un pied devant l'autre demande une énergie folle et quelques pauses sont les bienvenues!

Nous traversons encore de nombreux ruisseaux qui se jettent dans la Piute Creek que nous admirons à la fin de notre journée. Elle est magnifique avec son eau turquoise et les immenses arbres qui la surplombent!

Nous retrouvons enfin le chemin du JMT/PCT, faisons le plein d'eau et posons notre bivouac un peu plus loin.

Jour 141:

Km: 26,9 (km cumulés: 3173,2)

Dénivelé positif: 1430 m

Notre objectif de la matinée s'appelle le "Muir Trail Ranch". On y trouvera des prises pour recharger nos batteries presque à plat et beaucoup de randonneurs s'y font envoyer des colis de ravitaillement. Et qui dit colis, dit hiker-box bien remplie! Nous voulons y jeter un œil. Qui sait, nous arriverons peut-être à faire quelques économies sur notre prochain ravitaillement et à sauver un peu de nourriture avant qu'elle ne périme et finisse à la poubelle!

Très peu de dénivelé ce matin, mais nous sommes au ralenti et ce, malgré nos presque dix heures de sommeil quotidiennes. Nous sentons bien que le sucre sera notre meilleur allié si nous voulons tenir le coup jusqu'au 23 août, notre dernier jour de marche!

Nous arrivons au ranch et y trouvons trois seaux remplis de nourriture! De quoi faire le plein pour au moins quatre jours et nous faire un énorme casse-croûte! Sur la dizaine de randonneurs croisés au ranch, il n'y a que nous qui semblons intéressés par ces seaux! Encore une différence entre les PCT-istes et les JMT-istes: les PCT-istes sont affamés et ont aussi un budget plus serré pour tenir sur cinq à six mois de rando!

Nous repartons avec chacun un sac de 16 kilos sur le dos et le ventre plein. Et Dieu sait que le sucre, ou du moins la nourriture, est efficace! Nous nous envolons jusqu'au sommet du prochain col, le Selden Pass (3326 m), et voyons défiler les kilomètres sans fournir trop d'efforts. Pendant la montée, les mouches viennent se joindre aux moustiques pour nous rendre fous! Les truites, quant à elles, sont plutôt contentes de ce trafic aérien chargé et gobent à tout va!

Nous arrivons au sommet à 14h et prenons vite un petit en-cas avant l'arrivée de la grêle, puis de la pluie.

Quelques traversées de rivières avec l'eau à mi-cuisses pendant notre descente.

Nous plantons la tente au bord de la rivière et mangeons coréen ce soir: nous avons récupéré quelques nouilles coréennes dans la hiker-box ce matin.

Demain, nous nous dirigerons vers le centre de vacances "Vermilion Valley Resort" au bord du lac Thomas Edison où nous avons prévu de faire une petite pause pour nous reposer un peu.

22
août

Jour 142:

Km: 15,9 (km cumulés: 3189,1)

Dénivelé positif: 733 m

Nous partons ce matin en espérant arriver à VVR avant midi. Le chemin est plus long que prévu, mais nous arrivons tout pile pour prendre le repas de midi, burger/frites, dont nous avons grand besoin! L'accueil est sympathique et nous avons droit à une boisson offerte quand nous arrivons.

Nous plantons la tente et jetons un œil à la hiker-box... il y a à manger pour au moins un mois! Nous n'allons pas pouvoir tout prendre (avec grand regret!) et sélectionnons les aliments dont nous n'avons pas l'habitude ou que nous n'avons jamais achetés car très chers. Nous allons nous régaler, gratuitement, pour ces derniers jours de marche!

C'est complètement repus et enfin propres après une bonne douche et une lessive que nous nous couchons ce soir!

Jour 143:

Km: 3,3 (km cumulés: 3192,4)

Dénivelé positif: 206 m

Comme toutes les nuits en camping, celle-ci a été courte! Entre les aboiements des chiens, les ronflements des uns et la toux des autres, difficile de trouver le sommeil! Nous rêvons d'un dernier petit-déjeuner à base de pancakes avant de partir des États-Unis et nous décidons de le prendre ici! Au menu: deux gros pancakes avec du beurre et du sirop d'érable, des saucisses, des œufs brouillés et des pommes de terre sautées. Le tout arrosé de café à volonté, comme très souvent dans les restaurants américains. Mais au lieu d'aller se ravitailler dans un thermos comme d'habitude, le café est tenu au chaud dans une carafe, posée sur le poêle allumé!

Nous partons ensuite pour une balade digestive à la recherche d'un peu de réseau pour publier le précédent article. Trop fatiguée, je retourne faire une sieste et Nico continue la quête tout seul.

Vers midi, un nouveau petit tour dans la hiker-box nous permet de trouver notre repas et les derniers aliments qui nous manquaient pour nos prochains pique-niques!

Nous plions nos affaires et attendons ensuite 16h, à l'abri des quelques averses orageuses, heure à laquelle nous prendrons le ferry qui nous ramènera au sentier, de l'autre côté du lac Thomas Edison.

Après une belle traversée pendant laquelle nous observons quelques balbuzards en train de chasser, nous faisons une petite heure de marche et plantons la tente sous la pluie.

Jour 144:

Km: 20,7 (km cumulés: 3213,1)

Dénivelé positif: 1861 m

Un orage a encore bercé cette nouvelle nuit sur le trail. Nico commence a avoir bien mal au dos et a dû se lever pendant la nuit pour marcher et s'étirer un peu. Nous avons vraiment hâte d'arriver et de retrouver un peu de confort!

Nous montons aujourd'hui au Silver Pass (3285 m). Nous prenons notre repas au sommet et faisons une bonne sieste pour ne pas avancer trop vite.

Nous redescendons ensuite le long de plusieurs lacs et bivouaquons, fatigués, au bord d'un d'entre eux: le joli Lake Virginia.

Jour 145:

Km: 36,9 (km cumulés: 3250)

Dénivelé positif: 1566 m

Nous avons du mal à sortir de la tente ce matin, les fermetures ont gelé! Une bonne couche de givre recouvre la toile du dessus! Nous espérons avoir du soleil ce midi pour faire sécher tout ça.

Le dénivelé d'aujourd'hui se fera en grande partie à la descente. Bonne nouvelle! Il fait grand beau et nous pensons en avoir fini avec les averses orageuses maintenant que les températures se sont bien rafraîchies. Cependant, nous déchantons rapidement: un groupe de randonneuses nous demande ce que nous comptons faire au vu de la météo annoncée. Nous apprenons qu'un ouragan provenant du Mexique nous amène une jolie tempête dimanche et lundi (nous sommes vendredi). Nous faisons un point météo grâce à notre GPS pendant le repas de midi (que nous prenons plutôt à 10h30 tellement nous sommes à court d'énergie), 16 mm de pluie annoncés dimanche, 26 mm lundi. Nous allons nous faire rincer!

Nous continuons à descendre vers le centre de vacances de Red's Meadow au milieu des sorbiers en fleurs, des groseilliers très chargés et des groseilles à maquereau qui ressemblent ici à des cactus!

Nous faisons un gros goûter au centre. Un randonneur nous demande ce que nous comptons faire. Il vient, comme nous, d'apprendre la nouvelle de la tempête tropicale qui s'annonce. Les chaînes nationales prévoient une tempête historique pour l'Inyo National Forest, le parc où nous nous trouvons. Nous comptions faire un détour par les cascades de Rainbow Falls, non loin du centre, mais décidons de prendre de l'avance en cette fin de journée. Il nous reste un col à passer, nous aimerions l'atteindre demain avant que le temps ne se gâte. Nous ne devrions avoir que quelques résidus de l'ouragan, mais plus nous serons au nord et bas en altitude, moins nous devrions être impactés. Nous aimerions bien nous épargner une grosse douche froide!

Nous faisons quand même un petit détour par une autre curiosité géologique: le Devil's Postpile. Il s'agit de colonnes de roche volcanique de forme hexagonale, formées pendant la dernière ère glacière.

Le goûter nous a redonné de l'énergie et nous montons rapidement jusqu'au lac Gladys où nous avons prévu de bivouaquer. Nous sommes accueillis par la pluie, mais l'averse ne dure pas longtemps et nous pouvons nous installer sereinement. Nous sommes pile à la limite du nuage de pluie qui est bien noir et donne à cette fin de journée des airs d'apocalypse!

Nous montons un peu sur les hauteurs d'un rocher après le repas pour profiter du somptueux coucher de soleil. Plus bas, nous apercevons le PCT que nous avons quitté aujourd'hui et que nous retrouverons demain. Le JMT prend en effet une petite variante sur quelques kilomètres.

Jour 146:

Km: 27,9 (km cumulés: 3277,9)

Dénivelé positif: 1549 m

Nous avons mis sonner le réveil à 5h ce matin. Cela faisait longtemps que ça ne nous était pas arrivé, mais nous avons un col à passer au plus vite! Nous hésitons à effectuer aujourd'hui les quarante et quelques kilomètres qui nous séparent de la prochaine route pour nous mettre à l'abri ce soir. Mais cela nous ferait prendre beaucoup d'avance sur notre programme.

Finalement il fait grand beau ce matin et nous prenons le temps d'admirer les nombreux lacs que nous croisons aujourd'hui avec les montagnes qui nous semblent plus enneigées que celles des derniers jours. Plus nous allons vers le nord, plus la neige s'accroche aux sommets!

Nous rejoignons le tracé du PCT au niveau du magnifique Thousand Islands Lake (le lac aux mille îles).

Nous essuyons finalement notre première averse à 11h mais, comme d'habitude, elle ne dure pas très longtemps. Nous arrivons au Donohue Pass (3375 m) vers 15h et y faisons un goûter au milieu des marmottes en surveillant les nuages gris qui se rapprochent petit à petit. Nous entrons enfin dans le parc de Yosemite, notre toute dernière étape!

Nous finissons la journée de marche avec une descente dans un canyon et plantons la tente en prenant soin de trouver un endroit assez protégé en vue de la tempête qui s'annonce. Nous prenons notre repas à 17h30 et entrons dans la tente à 18h. A 18h01, nous recevons nos premières gouttes de pluie. Le vent est assez fort mais s'arrête rapidement. Nous espérons arriver à dormir un peu cette nuit!

Jour 147:

Km: 21 (km cumulés: 3298.9)

Dénivelé positif: 132 m

Nous avons été réveillés par plusieurs averses pendant la nuit, mais pas que! Une goutte d'eau sur ma joue m'a tirée de mon sommeil vers 2h du matin. Nous prenons l'eau! Je protège mon sac de couchage avec mon poncho de pluie et nous passons finalement une bonne fin de nuit. Au matin, les averses ont cessé et le vent a séché la toile de tente. Parfait!

Nous partons rapidement avant que la pluie ne revienne et descendons le long de la paisible Tuolumne River où nous rencontrons quelques biches et faons.

Finalement, la pluie attendra notre arrivée au lieu touristique de Tuolumne Meadow où nous avons prévu de nous abriter la prochaine nuit, pendant la tempête. Nous y trouvons Mustard, une Québécoise rencontrée avant notre arrivée à Kennedy Meadows ce printemps, et Dankmar, un Allemand rencontré chez Anita à Wrightwood. Ils marchent ensemble depuis quelques mois maintenant et s'apprêtent à finir le PCT par la Sierra eux aussi, mais en allant vers le sud!

Nous partons ensuite en direction des toilettes du camping, fermé cette année, pour installer notre bivouac du soir, à l'abri. Malheureusement le bâtiment est barricadé, car en travaux, et en bord de route. Il nous faut trouver une autre solution pour ne pas avoir à subir la pluie de ce soir dans notre tente. Nous poursuivons sur le JMT en direction de l'office de tourisme en passant par les "soda springs", une source dont l'eau sort pétillante! Un parcours pédagogique nous permet d'en apprendre un peu plus sur John Muir: arrivé à Tuolumne Meadow au milieu du XIXème siècle en tant que berger, il est tombé amoureux de la région, a parcouru une grande partie de la Sierra Nevada et a créé le Sierra Club, une organisation de protection de l'environnement. Il a largement contribué à la sauvegarde de la vallée de Yosemite et à la création des parcs nationaux aux États-Unis.

Nous arrivons au Visitor Center, il est fermé lui aussi pour rénovation. En revanche, les toilettes situées à côté, fermées elles aussi, ont un bon avant-toit qui sera parfait pour nous abriter cette nuit! Nous sympathisons avec d'autres randonneurs qui attendent leur bus à l'abri, faisons quelques jeux pour passer le temps et nous installons discrètement à la tombée de la nuit (nous n'avons pas le droit de bivouaquer à moins de 4 miles de Tuolumne Meadow).

Jour 148:

Km: 24,9 (km cumulés: 3323,8)

Dénivelé positif: 1337 m

Nous avons passé une bonne nuit à l'abri et sommes contents de notre manœuvre: il a bien plu cette nuit! Nous prenons notre temps ce matin. La météo annonçait hier 31 mm de pluie pour la journée d'aujourd'hui, ce matin elle n'en annonce plus que 8, mais avec des averses toute la journée jusqu'à 22h. Nous n'avons prévu qu'une bonne vingtaine de kilomètres jusqu'au prochain bivouac, autant rester encore un peu à l'abri.

Nous partons vers 9h et les ponchos ne nous servent finalement pas de la journée car nous recevons seulement quelques gouttes.

Nous accédons à notre dernier point haut sur le JMT avant de redescendre dans de grandes vallées le long de paisibles ruisseaux. En fin de journée, nous posons enfin les yeux sur ce qui fait la beauté du parc de Yosemite: ses dômes de granite!

Nous plantons la tente pour la dernière fois sur le chemin et nous endormons avec notre projet de demain en tête: l'ascension du Half Dome.

Jour 149:

Km: 16,8 (km cumulés: 3340,6)

Dénivelé positif: 868 m

Nous partons à 6h30 ce matin. Après une première étape à la montée, nous arrivons au pied du sommet convoité et apprenons que notre permis JMT n'est pas valide ici. Tant pis, nous ne ferons pas le sommet et serons plus vite dans la vallée! Les paysages sont tout de même superbes depuis ici et nous prenons le temps d'admirer.

Nous commençons la descente au moment où la vague de randonneurs à la journée commence à arriver. Cette toute dernière étape est épuisante! Nous avons bien tiré sur la ficelle ces cinq derniers mois et sentons qu'il aurait été compliqué de faire plus de kilomètres (surtout moi!)! Après ces nombreuses semaines en pleine nature il est aussi fatigant de croiser autant de monde et de respirer toutes ces odeurs de lessive, crème et parfum qui nous écœurent!

Sur le chemin, nous passons par les chutes Nevada, observons quelques arbres qui semblent avoir la rage de vivre tellement le sol sur lequel ils poussent semble hostile et le sentier nous offre de magnifiques points de vue!

En fin de matinée, nous arrivons enfin, heureux d'avoir terminé par cette section magique de la Haute Sierra, heureux d'avoir terminé tout court!

Ces cinq mois auront été intenses, nous auront paru longs et trop courts à la fois et nous auront permis de vivre l'expérience magique de l'immersion dans l'immense nature sauvage des États-Unis.

Il est temps pour nous de prendre un peu de repos! Nous allons passer deux nuits en camping dans la vallée de Yosemite avant de plier définitivement la tente qui aura été notre maison depuis le 26 mars! Quatre jours à San Francisco nous attendent ensuite avant le retour en France. Nous allons enfin pouvoir dormir dans un lit et manger à notre faim pour reprendre des forces!


En bonus, quelques photos de Yosemite Village et de San Francisco!

23
août

Ainsi s'achève notre aventure dans le Far-west! Nos visas nous permettraient de rester encore un mois et de boucler le chemin, mais la rentrée approche et il nous faut retourner à nos obligations... et il faut dire que nous avons hâte de retrouver la maison!

Cette randonnée aura été bien différente de ce que nous avions pu imaginer pendant toutes ces années où nous en rêvions, mais maintenant que nous sommes arrivés au bout nous sommes heureux des décisions que nous avons pu prendre à chaque étape. En croisant les retours d'expérience de tous ceux que nous avons pu revoir, nous avons pu constater que nous avons sans doute eu les meilleures conditions possibles pour chaque section effectuées, avec les conditions assez extrêmes de cette année. Nous avons pu voir ce qui nous semble être l'essentiel du PCT et avons fait d'une pierre trois coups en parcourant également l'OCT et le JMT!

Au final, il nous manquera exactement 999 km sur les 4273 km du PCT, mais en ajoutant l'OCT et les quelques variantes prises, nous aurons marché en tout 3639,6 km, ce qui n'est pas si mal, vu tout le temps passé dans les transports pour éviter la neige!

Nous espérons vous avoir fait voyager ces cinq derniers mois et tenons à vous remercier pour tous les messages et commentaires que vous nous avez envoyés! C'est en partie grâce à ces petites attentions que nous avons eu l'envie et la force de continuer. Un grand merci!

Et, chose promise chose due, voici la photo de notre arrivée à la frontière canadienne!

3
sept

Une petite vidéo rien que pour vous afin de clôturer notre blog par un résumé en images de nos cinq mois d'aventure!