Carnet de voyage

Les enfants de Mada

17 étapes
58 commentaires
7
A toi lecteur(ice), si tu veux découvrir et partager avec moi mon aventure de 3 mois, comme bénévole auprès des enfants du village d'Ampahantany, c'est par ici ! ;)
Mars 2017
12 semaines
Partager ce carnet de voyage
1

Me voici à 4 jours du grand départ et il serait malhonnête de ma part d'affirmer que je ne stresse pas. C'est un mélange curieux d'excitation immense et de petites angoisses quotidiennes. Mais revenons d'abord au tout début et au thème de ce premier article : pourquoi ce voyage ?

Cela fait plusieurs années maintenant, tout au long de mes études, que je me disais que j'aimerais bien partir faire une mission humanitaire. Alors oui oui, je sais bien, "l'humanitaire" c'est la grande mode du moment. Écotourisme, volontourisme et j'en passe, tous les moyens et prétextes sont bons pour mettre les voiles et s'évader sur notre jolie planète et en profiter pour se donner bonne conscience. Non, moi je l'affirme, mon envie est différente et bien plus complexe.

Je ne vais pas vous mentir, je le fais d'abord pour un motif totalement égoïste qui est le suivant : le besoin sincère et profond de me RE-TROU-VER ! Cela signifie très clairement dans mon esprit de partir seule, de partir loin de notre société de consommation (qui pollue la terre mais aussi notre petite cervelle) et enfin de partir très loin de mon quotidien qui m'engluait depuis quelques temps et qui ne me convient plus. Pour cela, il suffisait de prendre mon sac à dos et de partir n'importe où, ou presque. Mais ça ne me suffisait pas. J'ai voulu bousculer mon confort et mes convictions en cherchant un projet plus extrême, plus dur. Un endroit d'où j'allais revenir bouleversée. Et puis, je ne saurais expliquer pourquoi, il y avait cette envie de transmettre, de passer du temps avec des enfants afin de renouer avec une forme d'innocence passée.

C'est seulement à ce moment là, qu'est apparue l'idée d'une mission bénévole. Là aussi, il a fallu se méfier car il y a bénévole et bénévole ... Partir un mois en payant 3 000 euros à une association pour être logée et nourrie, non merci, très peu pour moi ! Et encore faut-il savoir où notre argent va réellement !? Un conseil pour celles et ceux qui souhaitent partir, portez une attention toute particulière à la transparence financière de votre association !

C'est alors que j'ai découvert l'association Madam'Iza via le site internet francebenevolat.org. L’association a été fondée en 2006 et agit pour l'accès aux droits des populations rurales à Madagascar, les plus démunies dans les régions les plus enclavées.

Madagascar est l'un des pays les plus pauvres au monde (5ème au rang des 25 pays les plus pauvres me semble t-il). Corrompu et affaibli par une situation politique instable depuis 2009, ses perspectives d'amélioration sont des plus entravées, avec une population fortement illettrée. Dans les villages, souvent enclavés et donc peu approvisionnés, l’extrême difficulté de vie est flagrante, et appelle la plupart des touristes à exprimer, à travers leur comportement, la charité ou la pitié.

Depuis 2009, l'association développe un vaste programme dans un village malgache, Ampahantany, en faveur de la Santé, de l'Éducation, de l'Économie et de l'Entraide sociale. Et voici comment mon projet est né : après avoir longuement échangée avec la fondatrice de cette association, Isabelle Langlais, je n'ai plus eu l'ombre d'un doute : il fallait que je parte dans le village d'Ampahantany !

Je m'envole ainsi 3 mois dans le cadre d'une mission éducative et pédagogique afin d'assister le professeur de l'école de ce village et afin de mettre en place des cours d'alphabétisation pour les adultes. A Madagascar, 70% de la population est illettrée, c'est énorme !

Voilà, je pense que vous savez tout quant à mon envie, mon besoin pressant d'embarquer dans cette expérience un peu dingue !

J'espère pouvoir apporter ma pierre, aussi petite soit-elle, à l'édifice de ce village. Cependant je crois surtout, de façon pragmatique, que ce sont les malgaches qui vont m'apporter le plus. Moi je ne serai que de passage, une bénévole parmi tant d'autres, alors qu'eux, sans le savoir, risquent de changer ma vision de la vie à tout jamais ! Et rien que pour cela, j'ai haaaaaate d'y être ! 😀


2

Ça y est, nous y sommes ! Premiers regards à l'aéroport entre moi et les 3 autres bénévoles. On enregistre nos bagages, notre surplus de dons, on passe la douane et nous voici réunis autour d'un dernier repas riche en calories (au Mac do^^) pour faire connaissance :

- Flavien, 21 ans. Il a une licence en management des établissements touristiques et il vient de travailler un an et demi dans un casino en Alsace. Il participe à cette aventure pour découvrir une nouvelle culture, casser son quotidien et apporter ses compétences. Sa mission à Madagascar constituera à former 3 jeunes du village au tourisme pour qu'ils puissent devenir guides et gérer l'accueil des futurs touristes au village.

- Alizee, 24 ans et super amie à moi depuis 4 ans. Elle a un MBA en management de l'environnement et travaillait depuis 3 ans comme responsable environnement dans l'industrie en Rhones-Alpes. Lorsque je lui ai parlé de mon projet cet hiver et qu'elle a su que son CDD ne serait pas renouvelé, elle a sauté sur l'occasion pour qu'on puisse vivre ce séjour ensemble ! Elle souhaite mettre sa pierre à l'édifice d'un projet de développement concret et humain.

- Enfin, Erwan, 22 ans, étudiant en sociologie en région parisienne. Il a besoin de faire le point et de trouver une détermination pour ses projets associatifs en France. Il vient ici pour développer la coopérative du village et pour créer une grande bananeraie.

A nous 4 nous formons le groupe ALEFA. Nom trouvé par Isabelle (fondatrice de l'association) pour nous désigner tous les 4 plus facilement. A pour Association, L pour Laura, E pour Erwan, F pour Flavien et A pour Alizée. L'ensemble signifiant "C'est parti", "allons-y" en malgache. :) Après quelques derniers appels et SMS à nos proches, l'avion décole et nous voici parti pour 2 jours de voyage : 10h de vol jusque l'île de la réunion, 5h d'escale, 2h de vol jusque Tamatave puis une nuit "d'hôtel" et encore 6h de pirogue le lendemain. Une expédition à part entière ! Nous partons vers l'inconnu, chacun avec nos questions, nos doutes, nos espérances, nos certitudes et nos objectifs individuels. Nous ne serons pas déçu...

Avant d'en écrire davantage, il me faut vous expliquer l'organisation de l'association :

Madam'Iza c'est en fait le nom de l'association française, celle qui s'occupe notamment de lever les fonds pour le village d'Ampahantany. Mais ici, il existe l'association Mada ´gasy Tsara (MGT) qui est la partie opérationnelle du projet. Ce sont des bénévoles malgaches qui oeuvrent pour le développement du village en mettant en place 4 pôles :

- le Falaf ´Auberge : c'est là où nous dormirons. C'est à 100m du village. Il s'agit d'un espace avec 5 cases de couchage, un espace sanitaire et un espace cuisine/salle à manger. Il permet d'accueillir les bénévoles et bientot les personnes souhaitant faire du tourisme éco-responsable. 3 jeunes malgaches (Dorlis, Jeannot et Bosco) s'occupent quotidiennement de faire tourner le Falaf. Ils sont rémunérés par l'association.

- une coopérative agricole : pour développer l'agriculture responsable et autonome avec l'utilisation de principes permaculturels. Elle a pour objectif de favoriser le développement économique du village.

- un dispensaire de santé : Fara, une jeune infirmière malgache, est formée et rémunérée par l'association et travaille quotidiennement pour la santé des habitants.

- l'éducation bien entendu ! Un collège a été ouvert en 2014 et une toute nouvelle école primaire vient d'être construite. L'association se charge de rémunérer les enseignants.

MGT est dirigé ici par Christophe, un malgache et Madam'Iza à pour leader Isabelle ! Les deux travaillent main dans la main dans une logique de partage interculturel. Isabelle passe sa vie entre la France et Madagascar. Elle vient trois fois par an pendant plusieurs mois et elle sera avec nous jusque début mai.

Revenons-en à notre voyage. A Tamatave, le choc est immédiat, brut et sans appel, et ce, dès la sortie de l'aéroport. La chaleur est humide, étouffante. Nous ne sommes pas très loin de l'équateur, où le soleil est le plus proche de la terre et donc le plus chaud.

Fabrice, le comptable de l'association malgache, Jeannot et Dorlis nous attendent à l'aéroport et nous font de grands sourires. Puis un taxi van nous récupère et nous amène à l'hôtel près du centre ville. Tamatave ne nous a pas laissé un très bon souvenir. C'est vraiment très pauvre et salubre. Les gens sont sur le bord de la route, pieds nus, avec des vêtements sales et troués. Les enfants mendient. C'est dur à regarder et à admettre... Le premier soir nous sommes fatigués et secoués par nos premières impressions. Premier petit coup de blues pour Alizee et moi. Après une lutte entre les deux garçons et un cafard géant, nous finissons par nous endormir très vite.

Le lendemain nous prenons deux Tuk-tuks pour nous rendre dans la zone portuaire de Tamatave où nous attend Nola et sa pirogue. Pour ceux et celles qui n'ont jamais eu l'occasion de rouler en Tuk-tuk, c'est vraiment à faire ! Fou-rire assuré! Surtout lorsqu'il n'y a pas de code de la route à respecter ^^

Nous sommes parti pour 6h de bateau (sorte de grande pirogue en métal et avec un toit) et ce moment est juste inoubliable ! Nous traversons des paysages à couper le souffle. J'ai l'impression d'être dans un reportage de "RDV en terre inconnue" en Amazonie ! On observe des villages le long des berges, des femmes qui font leur linge dans le canal, des enfants qui jouent nus dans l'eau, des hommes qui construisent des radeaux en bambous... C'est inimaginable, complètement dingue et exceptionnel !

On s'arrête déjeuner dans un petit village au bord de l'eau et tous les enfants accourent pour nous regarder. Alizee leur offre alors quelques stylos qu'elle a ramené mais c'est tres vite la cohut autour d'elle. Nous apprenons après qu'il ne faut pas donner de cadeaux partout où l'on va et surtout pas en arrivant, plutôt comme remerciement en repartant. Nous le saurons pour la suite.

Lorsque nous finissons par arriver a Ampahantany, se sont les sourires et les bras grands ouverts d'Isabelle et Christophe qui nous attendent sur la rive au coucher du soleil. L'émotion est palpable. Nous sommes ENFIN là! Le paysage est à couper le souffle. J'ai l'impression de débarquer dans un petit paradis. Le village est perché sur une colline et on devine quelques habitations à travers les arbres. Isabelle nous fait grimper au Falaf Auberge et nous accueille autour d'un thé à la citronnelle. Le Falaf est un endroit magnifique avec une vue grandiose sur l'immense canal. Digne d'une vraie carte postale, ce sera notre "fenêtre" durant trois mois. Isabelle nous donne ensuite quelques explications et détails pratiques. Ici nous sommes des "Vaza", cela signifie l'étranger en malgache. Au village la plupart des gens vivent avec moins d'un euro par jour. Ils vivent par 6 dans une case. La notion de vie et de mort est bien différente de la notre. 5 enfants sont décédés du paludisme cet hiver. La semaine dernière une femme attendait une césarienne qu'elle n'a pas pu avoir ici. La femme et le bébé sont morts. C'est violent !

Isabelle nous prévient : "Ici vous allez vous voir comme pour la toute première fois dans un miroir. Et ce que vous allez y voir ne va peut être pas vous plaire." Nous avons compris au bout du 3eme jour ce qu'elle voulait dire par là. Ici pas de miroir pour se regarder le matin mais on se découvre à travers le regard des autres. Un reflet bien plus signifiant !

Nous arrivons dans un contexte particulier car dans 3 jours le village fête l'inauguration de la nouvelle école primaire. Ici c'est un événement absolument exceptionnel puisque le recteur de l'académie et le ministre de la culture vont être présents. Du jamais vu ! Tout le village participe activement à la préparation de ce grand jour. Le Falaf auberge sera donc rempli pendant quelques jours et c'est pourquoi nous devons partager une case tous les 4 pour le moment. Nos missions respectives ne commenceront pas avant une semaine également car il faudra aider un peu partout jusqu'à l'inauguration. Cela nous convient très bien.

La "fenêtre" de notre petit paradis

1000 articles ne seraient probablement pas suffisant pour décrire ce que nous vivons ici. Les mots me manquent chaque jour et ceux que je finis par trouver me semblent si pauvres pour exprimer ce que je ressens... Nous sommes tous les 4 d'accord pour dire qu'ici le mot INCROYABLE prend tout son sens. C'est IN-CROY-ABLE ! Pas croyable tant qu'on ne l'a pas vécu.

Le premier soir nous mangeons tous ensemble avec l'équipe locale de MGT et Isabelle. Là encore il faut assimiler beaucoup d'informations et nous sommes à fleur de peau. On se regarde avec des yeux de merlan frit !

Notre case et la "salle commune" 

Arrivés dans notre case avec 2 lits superposés, on déballe quelques affaires pour dormir, on borde nos lits avec les moustiquaires et là, horreur, nous découvrons une énorme araignée sur le plafond ! Panique dans la case ! Que dis-je, ce n'est pas une araignée mais un monstre ! Elle a la taille d'une mygale (l'équivalent d'une petite main) mais en moins velue. Nous n'étions pas préparé à cela et la fatigue se faisant ressentir depuis deux jours, nous rentrons littéralement dans une peur euphorique ! Cries, fous rires, tremblements, en une heure nous passons par toutes les émotions sur la terrasse pour trouver une solution. Mais rien à faire, on ne peut pas l'atteindre et aucun d'entre nous ne se sent capable de toute facon. On décide donc de courir nous coucher sous nos moustiquaires mais vous imaginez bien que je n'ai pas réussie à trouver le sommeil avant quelques heures...

Les trois mois s'annoncent forts en émotions et je réalise alors, seule sous mon duvet, à quel point j'ai été dingue de partir sans aucune préparation mentale. Mes larmes coulent, silencieuses, il faut que ça sorte... Demain est un autre jour. Il va me falloir un courage immense pour tenir. 48h a peine et deja tant de découvertes. L'émotion nous submerge déjà. Nous sommes 4 inconnus (ou presque) et pourtant nous sommes deja liés par une solidarité très forte. Nous commençons à comprendre l'ampleur de ce qui nous attend. Flavien, a juste titre, affirme "Dès le premier jour c'est une leçon de vie. Que sera le dernier ? Une leçon d'humanité peut être...".

3

J'ai tenue à écrire cet article car il me semble primordial de saisir cet aspect de Madagascar pour mieux comprendre ce que nous vivons ici.

En à peine quelques jours, nous avons tous les 4 dû apprendre un certain nombre d'usages pour mieux appréhender la culture, les coutumes et les réactions malgaches.

Il faut bien intégrer une chose : lorsque nous avons une logique, les malgaches en ont une complètement à l'opposée. Lorsque le Vaza pense A, il n'est pas rare que le malgache pense Z. Simple exemple : nous ouvrons nos serrures en tournant à droite, ici, c'est par la gauche. Et tout est comme ça !

Mais le plus important ici, c'est la complexité de chaque projet et la lenteur de sa mise en place. Comme le disent les malgaches, ici c'est "Mora-Mora", ce qui signifie "doucement doucement". S'il n'y avait que cela... Malheureusement il faut également faire avec la corruption présente à chaque strat de la société et c'est vraiment frustrant.

Certaines personnes, à tous les niveaux d'ailleurs, tentent de freiner les projets de l'association et pour Christophe et Isabelle cest évidement très dur. Il faut une énergie folle pour rester motivé et pour continuer à y croire. La plupart d'entre nous aurait déjà baissé les bras. Meme après 10 ans, certain villageois pensent encore que Madame Isabelle "colonise" les terres du village dans son propre intérêt. L'association a déjà été accusée de détournement de fonds par des personnes malfaisantes et Isabelle s'était alors fait arreter par la police locale (un très mauvais souvenir pour elle). Malheureusement le nom meme de l'association "Madam'Iza" porte à confusion depuis le depart. Beaucoup ne font toujours pas la distinction entre l'association et elle.

Isabelle compare très souvent le développement ici à une énorme pelote : lorsque tu commences à vouloir tirer sur un fil pour la démêler, tu ne tombes que sur des noeuds. Alors tu finis par remettre en place ton fil et par remettre ton projet à plus tard.

L'inauguration de l'école primaire à confirmée cette complexité ambiante. Je ne peux pas rentrer dans les details mais j'aimerai raconter une anecdote : La tradition veut qu'un zébu soit sacrifié pour les événements importants car c'est un animal sacré à Madagascar. Ainsi l'association a acheté un zébu pour l'inauguration. Deja la il y a eu des manipulations de documents pour essayer d'accuser l'association de "voleur de zébu". Heureusement cette affaire a été réglée rapidement. Puis, l'homme qui est en charge des zébus du village voulait utiliser toutes sortes de pratiques ancestrales pour "préparer" le zébu (grigris etc...) et l'association a refusé. Le jour du sacrifice, ce meme homme a insisté pour faire le rituel à sa "facon". Une fois de plus, l'association a refusé car elle ne souhaite pas être assimilée à ce genre de pratiques. L'homme a alors crié au scandale à travers tout le village afin de retourner les gens contre l'association.

L'association a du prendre la situation très au sérieux et elle a pris la décision de donner et de revendre les zébus restants.

Mais les enjeux ne sont pas que régionaux. Le pays entier est corrompu. Il y a quelques années , les bénévoles français s'étaient regroupés pour envoyer un container entier de dons au village. Meme Air France avait accepté de leur affréter un avion spécialement. Le container est bien arrivé à Madagascar mais une fois à la douane, le contrôle a pris plus de temps que prévu. L'association a dûe payer des frais d'entreposage pendant plusieurs mois. Sans aucune raison valable. Cela a duré une année entière pour au final apprendre que le Container était vide. Je vous laisse tirer votre propre conclusion...

Mais pourquoi ?

L'évolution de la population, par définition, effraie souvent les plus riches et les plus influents car ils ont beaucoup à perdre. Le développement passe par l'éducation car l'éducation éléve l'esprit des gens et leur compréhension sur les enjeux économiques et politiques de leur pays. Petit à petit, ils prennent le recul nécessaire et apprennent à analyser leur environnement. Et un peuple qui sait réfléchir est un peuple qui inquiète !

Sous-couvert de croyances et de vieilles traditions, certain en jouent pour manipuler et freiner tous les projets de développement.

Enfin un autre élément à prendre en compte ici c'est le non-dit. Il est culturel. Il est donc difficile de mesurer les impacts et les résultats réels. Il n'y a pas de conflits directs mais on sent souvent des tensions sous-jacentes. Les personnes vont vous dire oui mais penser non intérieurement.

Après l'inauguration, les bénévoles et Isabelle n'avons eu que des compliments et des retours positifs. Pourtant, dès le lendemain, Christophe à recu beaucoup de reproches, de tous les côtés, et il a vraiment été blessé. Meme l'intégrité de l'association a été remise en cause. Il a dû faire face à des propos extrêmement durs et violents. Il a meme craint pour la sécurité de son équipe et hésité à tous nous rapatrier sur Tamatave le temps de calmer le jeu. Inutile de vous decrire notre tête lorsque nous avons appris ça... (Enfin, mieux vaut en rire qu'en pleurer).

Vous l'aurez donc compris, on avance uniquement petit pas par petit pas. Il faut une persévérance quotidienne incroyable pour développer la qualité et les conditions de vie ici. Mais comme le dit si bien l'adage "c'est avec des petits ruisseaux qu'on fait les grandes rivières", et au final, n'en déplaise, ON AVANCE !!


4

L'inauguration de la nouvelle école primaire a été un événement exceptionnel et complètement hors du temps pour tous les malgaches du village. Cela faisait un an que les 2 associations préparaient ce grand jour mais c'est la dernière semaine que tout s'est fait !

Déblayer les allées, monter les chapiteaux, tailler la pelouse à coup de ciseaux, finir les peintures, installer les barrières etc... Toute une organisation de dernière minute pour au final avoir des changements de programme qui se rajoutent chaque jour. C'est ça le rythme malgache ! ^^

Les enjeux d'un tel événement sont conséquents puisque c'est la toute première fois que des autorités se déplacent pour venir voir le village d'Ampahantany. Nous attendons le recteur de l'académie, le ministre de l'éducation nationale malgache et tout son cabinet, le maire, le chef du village etc... C'est du jamais vu pour tous les habitants et la pression commence à grimper.

Jour J, tout est opérationnel mais le temps n'est pas avec nous, il pleut comme vache qui pisse. Le ministre arrive en bateau sous la pluie mais les danses traditionnelles remettent en joie la population.

Ce jour là, Alizee est photographe officielle pour l'association et court partout pour saisir les plus beaux clichés des autorités ! Elle est trempée mais super motivée !

Erwan, Flavien et moi nous asseyons avec la population sous les chapiteaux le temps de la ceremonie puis nous filons préparer l'apéritif français organisé pour le ministre.

Les enfants chantent, les discours s'enchaînent et les hymnes de nos deux pays retentissent près de la nouvelle école ! L'hymne malgache est extrêmement touchante car chantée en canon. Sur nos visages, des gouttes de pluie mais egalement quelques larmes d'émotions et des frissons nous traversent le corps. Nous réalisons que nous vivons un moment historique pour le village !

Le ministre fait son discours et annonce alors la grande nouvelle : désormais tous les professeurs d'Ampahantany seront officiellement titularisés par le gouvernement malgache ! C'est une reconnaissance énorme pour les professeurs et enseignants qui s'exclament de joie et de fierté !

Pour l'association cela signifie qu'elle n'aura plus à payer les professeurs puisqu'ils le seront par l'état. Elle pourra donc réinvestir cet argent dans de nouveaux projets. C'est une grande récompense. Isabelle, Christophe et toute l'équipe MGT sont ravies.

C'est un petit pas pour le ministre mais un grand pas pour l'association !

Le ministre inaugure alors l’école en coupant le ruban pendant que nous courrons organiser l'apéro : pâté de campagne, olives, cornichons et saucissons sont à l'honneur et lorsque le buffet commence tous les malgaches se jettent littéralement dessus. C'est très drôle à regarder et à la fois touchant. 45 minutes de préparation et en 5 minutes il n'y a plus rien... je pense pouvoir affirmer qu'ils ont aimé ! ^^

Puis, à notre grande surprise, le ministre passe côté cuisine et vient à notre rencontre. Nous lui expliquons alors le motif de notre présence et nos missions respectives et il nous félicite pour notre courage ! Nous prenons chacun une photo avec lui. C'est un moment unique ! Dites moi combien de ministres français prendraient ce temps ? Bien-sûr ce n'est pas comparable. 😉

Après l'apéritif arrive bien-sûr l'heure du déjeuner. Ce sera crudités en entrée puis zébu (sacrifié pour l'occasion), riz et petits légumes. Le ministre se dépêche de manger car il a d'autres impératifs dans l'après midi.

Avant de repartir il confie à Isabelle être agréablement surpris par ce village qu'il ne connaissait pas et apprécier le travail et le dévouement de l'association. Le recteur de l'académie quant à lui félicite l'association et promet de mettre en place des partenariats entre l'éducation nationale et l'association afin que l'association serve de modèle ! Affaire à suivre mais tout le monde semble enchanté et c'est donc mission réussie pour MGT et Madam'Iza ! 😀

5

Jour 14 :

A ce stade du voyage je ne saurai dire si je vais bien ou non, si je prends du plaisir ou pas. Tout est si flou.

Nous vivons un moment difficile dans l'histoire de l'association puisqu' Isabelle a due partir en urgence amener Christophe à l'hôpital de Tamatave il y a 4 jours.

Suite à l'inauguration, Christophe a en effet perdu la tête et a commencé à avoir des hallucinations sérieuses... Depuis plusieurs semaines il était très stressé, il ne mangeait plus et ne dormait plus. Il nous a fait très peur en pensant que nous étions en danger, qu'il fallait rapatrier toute l'équipe, qu'on le suivait etc... Il est devenu très faible, la peau sur les os, jusqu'à craquer un soir. Nous avons eu peur qu'il fasse un AVC.

Ducoup aujourd'hui nous sommes en plein questionnement. Isabelle a pu nous appeler hier de Tamatave et d'après les médecins il s'agirait d'une décompensation cérébrale. C'est à dire que son cerveau n'a pas été assez oxygèné ces derniers jours. Le problème c'est qu'on ne sait pas si c'est irrémédiable ou non et dans tous les cas Christophe aura besoin de plusieurs mois de repos et de suivi. Pour le moment il doit rester à l'hôpital et Isabelle ne rentre pas avant 4 jours encore. Tous les membres de l'association malgache sont très tristes et nous sommes évidemment très affectés aussi. On s'inquiète pour l'avenir de l'association car c'est Christophe qui menait la barque.... Isabelle a pu avancer les frais d'hospitalisation et lui trouver une petite maison de repos mais elle ne peut pas tout payer et la famille de Christophe n'a pas les moyens de le soigner non plus. Isabelle a d'ailleurs lancé un appel aux dons en France pour aider Christophe. J'en profite si cela vous intéresse (même si c'est 5€), n'hésitez pas à me contacter et je vous transmettrai les coordonnées de l'association et d'Isabelle.

Voila, pour le moment nous sommes dans l'attente... On ne sait pas si la durée de notre séjour va etre réduit. Si Christophe en a pour plusieurs mois et qu'Isabelle repart début Mai, on ne sait pas qui pourrait être notre nouveau référant. Et tout cela joue forcément sur notre moral. Nous ressentons souvent le besoin de parler et de nous confier sur le sujet tous les 4 et c'est tout à fait normal. Notre adaptation ici est déjà tellement dure et cette histoire est une épreuve en plus !

Nous avons donc décidé de rester tous les 4 dans la meme case car l'union fait la force. Nous sommes très différents, tout le monde le remarque, mais au final tres complémentaires ! Nous avons besoin de nous appuyer les uns sur les autres pour tenir et aller jusqu'au bout. On a l'impression de se connaître depuis des années. L'amitié a été, et à due être, instantanée !

Et puis la proximité est telle que nous partageons déjà des moments très intimes : le 3eme jour nous allions déjà ensemble aux toilettes turques, assis en tailleur, on se voit en sous-vêtements, en sueur, malade, on craque, on rigole et on se confie tres profondément ! Une vraie équipe de choc :)

Physiquement c'est également très dur. En 2 semaines j'ai déjà perdue beaucoup de poids (ce qui ne me fait pas de mal au contraire) mais la perte est trop rapide et notre corps est complètement déboussolé. Alizee et moi avons eu nos règles juste avant le voyage et nous les avons eu de nouveau au bout de 10 jours ici. Je perds aussi mes cheveux, je perds mes toxines, j'ai des nausées dès que je mange depuis quelques jours et je vous passe d'autres détails particulièrement glamours.

Mais s'il n'y avait que ça... Malheureusement il y a aussi les bestioles ici qui nous rendent dingues. Je dirais même que pour le moment c'est le point noir du séjour ! Il y en a pour tous les goûts : araignées, serpents, rats, scorpions, cafards géants .... Et les moustiques n'en parlons même pas. Bref, tous les animaux les plus mignons...

Et comme le disent mes 3 camarades, je dois avoir un succès particulier auprès des bêtes ici puisque j'ai eu une araignée sur ma moustiquaire le second soir, une autre qui m'a sautée sur l'épaule au dejeuner le troisieme jour puis elle est tombée dans mon assiette et s'est mise à courrir sur toute la table, j'ai eu une grenouille trempée qui m'a sauté sur le front, j'ai failli marcher sur un serpent d'1m, une mante religieuse m'a sauté dans la bouche la semaine dernière et des rats ont pissés sur mes draps a deux reprises .... Autant vous dire que les autres en rigolent mais moi beaucoup moins ^^

Et enfin la culture, comme je vous l'écrivais déjà, est terriblement dure à saisir. Nous avons l'impression de ne pas être vraiment à notre place, de ne pas savoir par où commencer et on se demande même si notre présence est souhaitée au village ! On se rend compte que débarquer dans un pays pauvre et se donner le statut "d'humanitaire" est terriblement prétentieux et naïf...

J'ai voulue vivre cette expérience extrême alors maintenant je l'assume. Je ne veux surtout pas que vous pensiez que je me plains. Non. Simplement c'est un article qui me paraît nécessaire afin de vous montrer l'intensité de notre quotidien malgache. Et peut-être vous faire sourire un peu egalement, car de l'extérieur et de l'autre bout du monde, certaines de nos anecdotes doivent paraître bien comiques. ;)

6

Lorsque j'ai eu ma première rencontre avec le directeur du collège, M.Zozo, j'ai compris que je ne pourrai pas démarrer mes projets éducatifs de suite car les enfants partaient en vacances scolaires le vendredi suivant. J'avais donc 3 semaines de "vide". Isabelle et nous 4 avons alors eu l'idée de mettre en place un Centre culturel pour les enfants durant leur vacances. Il faut savoir qu'ici les enfants n'ont absolument aucun loisir après l'école ni le week-end.

Nous avons donc rénovés l'ancienne école primaire qui était plus ou moins en friche depuis le passage du cyclone le mois dernier. Nous avons rattaché les feuilles avec du rafia, nettoyé l'intérieur et réparé les tables et bancs abîmés. Nous avons ensuite créé des affiches afin d'informer le village du planning et nous l'avons accroché un peu partout. De toute façon ici, tout passe par le bouche à oreille. Dans l'ordre nous avons donc les CP puis les CE le matin, les CM/Collèges en début d'après-midi et enfin les adultes de 16h à 17h30 pour des échanges linguistiques.

 La salle après le passage du cyclone et notre planning

Nous nous sommes ainsi convertis tous les 4 en animateurs durant 2 semaines et c'était une chouette expérience !

Le premier matin en arrivant, 60 élèves de CP nous attendaient en rang devant le bâtiment! Quelle émotion ! Les enfants de tous les hameaux aux alentours étaient là. Certains ont marchés plus de 15 km pour venir.

Collages, coloriages, jardins japonais, mémory, atelier musique et danse, épervier, béret, chaise musicale, 123 soleil, chasse au trésor ... Tout y passe et nous vide de notre énergie ^^ Les journées passent très vite et nous sommes exténués le soir mais ce n'est que du positif !

Voir le sourire sur le visage des enfants et surtout remarquer qu'ils reviennent de jour en jour est notre plus belle récompense !

Les retombés sont vraiment positifs et nous avons eu les félicitations du directeur.

Ducoup, dans le cadre de ma mission, j'ai proposé de continuer le Centre culturel après les vacances et de mettre en place des activités le mercredi et vendredi après midi. Je sais que c'est éphémère et qu'à mon depart il n'y aura plus rien. On m'a déjà prévenu et j'en suis totalement consciente. Je prends du recul et je me dis que ce qui est pris n'est plus à prendre. Les malgaches disent souvent "c'est deja ça" et c'est exactement ce que je pense, les deux mois de plus pour les enfants et bien c'est deja ça !

De plus, c'est un projet en perspective pour l'association dans quelques années donc si les enfants ont deja un souvenir positif alors on a tout gagné ! :))

C'est donc une très belle expérience pour nous 4 et qui nous redonne la motivation pour la suite !

PS: pardonnez moi les fautes d'orthographe qu'il y a sûrement. Entre les émotions et le fait de me relire 50 fois, je n'y vois plus toujours très clair ;)

7

On entend souvent dire que le chiffre 20 est un chiffre clé (20 jours pour assimiler des changements morphologiques, 20 jours minimum de cure etc...) et je peux le confirmer ! C'est après 3 semaines que j'ai eu un vrai déclic ici. Enfin j'ai l'esprit clair pour prendre le recul nécessaire et ne plus me laisser submerger par mes émotions. C'est venu soudainement, comme un électrochoc. J'appréhende désormais plus sereinement la suite de l'aventure. J'ai compris qu'il ne fallait pas tout prendre à coeur, qu'il ne fallait pas juger trop vite ce que j'étais en mesure d'observer. Toujours prendre du recul et se forcer à penser autrement.

Tout m'a paru tellement difficile jusque là. Je menais un combat chaque jour pour repousser mes limites intérieures. C'est toujours la même question délicate, faut-il s'écouter ou au contraire éviter de trop s'écouter ? Isabelle nous parle d'un seuil de tolerance que l'on doit repousser mais également accepter et qui est propre à chacun. Mais comment réussir à rester soi-même alors que l'on découvre chaque jour une nouvelle personne en nous !?

Tout d'abord il y a eu le retour d'Isabelle qui nous a beaucoup rassuré. Christophe est toujours hospitalisé mais il est pris en main par les médecins et se repose. Sa famille est encore près de lui pour le moment. Son état semble stable. Concernant l'association, nous avons fait une grande réunion pour mettre en place un plan d'action pour les mois à venir ! Chacun doit revoir son poste et se responsabiliser en l'absence de Christophe! MGT doit être particulièrement soudée et solidaire ! Nous concernant, c'est l'infirmière et sage-femme Fara qui va devenir notre référant officiel. C'est une jeune malgache très motivée et qui parle très bien francais. Elle saura prendre les bonnes décisions pour nous et répondre à nos questions, je n'en doute pas ! Il a fallu motiver toute l'équipe et c'était une réunion très touchante humainement ! Elle nous a reboosté !

Et puis nous avons pris du recul. On ne peut pas débarquer dans un pays, une association, sous prétexte de vouloir l'aider, et se lancer la tête la première dans ses projets. Pourtant c'est un peu ce que je m'imaginais naïvement en arrivant. Il y avait l'inauguration certes, mais je pensais sincèrement pouvoir très rapidement mettre mes projets en place et d'une façon personnelle, à laquelle j'avais déjà réfléchie depuis des mois en France. Quelle erreur de débutant !

J'avais mon regard de Vaza, mes croyances, une organisation et une logique propre mais egalement mon conditionnement d'occidentale. Aujourd'hui cela me fait sourire car j'ai deja beaucoup appris mais le choc culturel a été terrible.

Pour participer au développement d'un pays, meme à une échelle infime, la connaissance et l'immersion dans sa culture est absolument primordiale ! Le travail le plus difficile est de réussir à laisser tomber, à abandonner son système de valeurs et d'accepter qu'il puisse en exister d'autres. J'ai mis 3 semaines !

J'ai eu l'impression d'ouvrir les yeux et c'est seulement maintenant que mon séjour prend tout son sens !

Les premières semaines je n'ai fais que subir. J'étais en observation constante et j'assimilai des vagues et des vagues de chocs. Choc culturel, climatique, alimentaire, émotionnel, personnel etc... Plus que des vagues, il s'agissait d'un réel raz-de-marrée.

Beaucoup d'incompréhensions, de doutes, parfois même de la déception ou de la culpabilité. L'impression d'être à côté de la plaque. Nous pensions agir positivement, nous mettions du coeur à l'ouvrage et finalement nous obtenions des silences voire des échecs.

Il me vient d'ailleurs soudainement une phrase que m'a dite mon grand père peu de temps avant de nous quitter : "L'important dans la vie ce ne sont pas les échecs mais ce que tu en feras personnellement". Cette phrase prend tout son sens aujourd'hui...

3 semaines pour avoir ce déclic, pour regarder avec un regard neuf, éliminer mes certitudes, accepter l'inégalité et l'histoire, sortir de mon confort personnel. J'accepte aujourd'hui qu'en 3 mois on ne s'adaptera jamais à la culture malgache. Elle est trop éloignée de la notre, nous l'avons bien compris. Nous devons accepter qui nous sommes, des "blancs", de France et notre facon de vivre qui va avec. Isabelle après 10 ans d'expérience ici, nous apporte beaucoup de réponses et nous rassure. "Nous n'avons pas pu construire le Falaf Auberge au coeur du village et vivre avec la population car ce serait indécent". Aujourd'hui je le comprends tout à fait. Nous avons besoin de notre eau potable pour ne pas tomber malade, de notre moustiquaire et tant d'autres details qu'un malgache ne peut pas comprendre. On ne peut pas manger exclusivement du riz car notre corps n'y est pas habitué. Il nous faut un minimum de legumes et de protéines pour tenir (et croyez moi que ce n'est deja pas évident).

En revanche c'est notre devoir de bénévoles que d'accepter cette nouvelle culture et de nous y intéresser un maximum.

Nous ne choisissons pas d'être né dans le Nord ou dans le Sud de l'hémisphère, d'être riches ou pauvres, d'être né dans la bonne famille, en revanche nous décidons chacun de la personne que nous souhaitons devenir et des valeurs que nous voulons véhiculer ! S'il y a bien une leçon que je retiendrai de cette aventure c'est l'apprentissage de l'humilité et de la remise en question permanente.

8

Lors de l'inauguration de l'école d'Ampahantany, nous avons pu partager une longue discussion socio-politique avec Monsieur le DREN (directeur régional de l'éducation nationale). Nous avons réfléchi et échangé autour du concept de responsabilité partagée. Les contextes touristiques et économiques du pays évoquent certaines situations dans lesquelles nous, français et/ou touristes, jouons un rôle en collaboration avec les populations malagasy. Nous avons abordé le sujet des guides touristiques et des activités qui dénigrent le pays, les malgaches et le respect de leur personne. La population toute entière et surtout le gouvernement, acteurs d'évolution et de sensibilisation, doivent lutter ensemble contre différents phénomènes inconcevables à notre sens.

Il n'est pas rare de croiser des restaurants où les enfants malgaches sont collés aux vitres en espérant obtenir les vulgaires restes laissés dans les assiettes par les Vaza (étrangers). Les touristes agissent par pitié, sentiment de bienfaisance ou tout simplement sous l'influence de leurs émotions. En effet, bon nombre d'entre eux donnent avec plaisir la fin de leur plat, pensant faire un bonne action. Mais bon sang ce n'est pas acceptable ! Il arrive qu'au sein de certaines sorties organisées, les guides fassent exprès de servir des assiettes trop conséquentes lors du déjeuner, sachant très bien que le touriste ne la finira pas. Puis ces même guides demandent aux touristes de donner leur restes aux enfants qui attendent un peu plus loin un acte de charité. Que fait alors le touriste lambda qui vient d'arriver à Madagascar et qui ne connaît rien à la culture locale ? Eh bien il donne ! Si le guide le demande c'est que c'est normal non ?

C'est précisément ce genre de comportements qu'il faut combattre. Comment peut-on construire la dignité d'un enfant en lui donnant nos "restes" !? Ce ne sont pas des animaux ! D'ailleurs nous laissons à peine nos restes à nos animaux domestiques chez nous! Pourquoi le faire ici avec des enfants ? Isabelle se met toujours très en colère à ce sujet et elle n'a pas tort. Si vous souhaitez aider un enfant alors vous l'invitez à votre table avec vous ou vous lui payez un repas !

Car que se passe t-il au final depuis des années dans ce pays ? Les parents éduquent leurs enfants à mendier auprès des vaza. Cela créé un sentiment de dépendance malsaine. Ce n'est pas constructif pour une évolution pérenne et de notre point de vue, c'est intolérable de voir leur dignité rabaissée à ce point.

Des jeunes filles d'à peine 14 ans se voient demander de danser et de faire les belles devant les touristes. À quoi cela incite t-il à votre avis ? Les jeunes malgaches nous prennent pour des portes-monnaies et se vendent à des prix lamentables pour nous satisfaire. Même si officiellement nous ne colonisons plus Madagascar, nous les exploitons toujours. Les grandes industries viennent puiser les richesses du pays. Je ne citerai aucun nom et n'accuserai pas sans preuves tangibles mais il paraîtrait que 4 des plus grandes industries de cosmétiques françaises abusent des malgaches pour obtenir une plante très rare afin de jouir de ses vertus anti-âge. On prend tout, on ne leur apprend rien, on puise tout ce qu'on peut puiser sans mettre en place de développement durable pour les employés ni pour le pays.


Vous me direz alors que c'est facile de critiquer sans offrir de solution. Justement, pour les personnes du gouvernement que nous avons rencontrés, pour Isabelle et l'association, le DREN et les bénévoles, la solution passe par l'instruction. 70% d'illettrisme, comment voulez vous que les jeunes puissent prendre du recul, analyser, juger et changer les choses ? C'est impossible. Alors qu'en leur donnant une éducation, une vraie, en leur apprenant à comprendre le monde qui les entoure et leur propre situation, ils ne se laisseraient plus avoir ni tenter. C'est aussi ça respecter un peuple et vouloir le faire évoluer !

Heureusement certaines personnalités malgaches se battent pour le développement de Madagascar. C'est le cas de toute l'équipe du ministère de l'éducation nationale. Ces hommes prennent à bras le corps les soucis d'instruction de leur pays et s'engagent de façon exceptionnelle pour l'enseignement des jeunes malgaches. C'est avec beaucoup d’intérêt et de gentillesse que le DREN nous a reçu dans son bureau à Tamatave aujourd'hui. Le DREN fait preuve d'un investissement sincère envers l'association et le village d'Ampahantany et cela nous touche tous ! Il fait bon de se sentir encouragé par des instances gouvernementales et de pouvoir entretenir un climat de confiance réel.


Erwan et Laura (en co-écriture) 😉

De gauche à droite, Mad'moizelle Alizée, Monsieur Nolah (membre MGT), Monsieur Erwan, Monsieur le DREN, Madame Isabelle, Monsieur ...
9

Il me paraît intéressant de décrire une journée type ici, au village d'Ampahantany, afin que vous puissiez vous faire une vague idée de notre quotidien malgache.

Le réveille sonne habituellement à 7h00. Alizee et moi sommes très souvent les premières debout (les garçons sont des marmottes c'est bien connu). Nous profitons alors du calme et de la serénitude matinale pour rester un peu sur la terrasse de notre bungalow. Lecture, écriture, étirements et abdos ou encore méditation sont au programme pendant trente minutes. L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt non !? ;)

A 7h30 le petit-déjeuner est servi. Une grande théière de café et de thé accompagnent les traditionnelles mouffes. Ce sont des sortes de beignets de farine frits que nous trempons généralement dans du miel. Les jours de "fête" nous avons le droit à quelques fruits de saison ou encore un peu de Vache qui rit avec nos mouffes ^^.

Les fameuses mouffes 

Nous prenons notre temps lors du petit-déjeuner qui peu s'attarder jusqu'à 8h30. Le réveil se fait en douceur, Mora Mora! Nous profitons de la vue extraordinaire avec les couleurs des premiers rayons du soleil. Vers 8h30-9h tout le monde est prêt et nous commençons alors nos missions respectives.

Erwan part rejoindre l'équipe de la coopérative. Entre son projet de bananeraie, de papayeraie, de défrichage et de permaculture, il a largement de quoi s'occuper.

Flavien de son côté, se réunit souvent de 9h à 10h avec les trois associés du Falaf afin de faire un briefing matinal, puis il organise des petites formations sur des sujets prédéfinis de 10h à 12h : gestion d'un établissement, création et gestion d'un budget, création de documents officiels (factures, enquête de satisfaction etc...), création de treks et d'excursions etc... Un sacré programme qui lui nécessiterait plus de trois mois !

La mission d'Alizee se fera surtout à son retour en France puisqu'elle est en charge de créer le site internet pour MGT. Elle nous aide donc sur toutes les missions et fait le tour de tous les pôles pour s'immerger des différentes activités et pouvoir rédiger le site par la suite. Elle vient ainsi en renfort sur les autres missions et c'est bien pratique !

Quant à moi, c'est assez variable. Mes matinées sont plutôt flexibles. Je prépare des questionnaires, des enquêtes sous forme de sondage pour les enseignants, élèves et villageois afin de préparer la mise en place de cours de soutien et d'alphabétisation pour la rentrée 2017.

Nous déjeunons vers 12h30 avec toute l'équipe du Falaf. Jeannot, Dorlis et Bosco (les 3 associés), avec Julia notre cuisinière (surnommée Mama' Jul, qui se prononce Mama'dzoul) et sa jeune apprentie Léontine, avec Dénico (jeune salarié en formation au Falaf). Parfois s'ajoutent des touristes et Fabrice le comptable ou Gervais le président de MGT. Pendant un mois et demi nous avions aussi Isabelle. La plupart du temps il s'agit donc d'une grande tablée conviviale.

Le menu se compose ainsi :

- des crudités en entrée (achards de carottes ou de choux, concombre ou tomates).

- le riz est évidemment l'aliment de base ici. On en mange quasiment tous les jours et à tous les repas. De temps en temps nous avons des spaghettis aux legumes et gingembre ou encore des frites.

L'accompagnement varie : magnoc, courgettes ou braid, parfois des sardines, une omelette, du poisson ou du zébu. Mais les protéines se font assez rares, c'est pourquoi nous les accueillons toujours avec le sourire !

- en dessert nous avons des oranges ou des litchis.

- la boisson locale s'appelle le Ranapang. Il reste toujours du riz brûlé qui colle au fond de la marmite. Ils rajoutent alors de l'eau qu'ils font bouillir. Et voila. C'est une boisson chaude qui a le goût de riz brûlé ! C'est très particulier... Alizée l'apprécie, Erwan et Flavien en boient par nécessité et moi je ne peux pas ^^

Nous avons également la possibilité d'acheter des bouteilles d'eau minérale pour 2 000 ariary (soit environ 60 cents).

Poisson, Ranapang et riz 

Après le déjeuner chacun se repose un peu. Lecture, sieste, jeux de cartes ou de dés, peinture etc...Vers 14h tout le monde reprend ses activités. Erwan retourne à la Coop, Alizée travaille sur les futurs textes et sur l'architecture du futur site, Flavien aide les 3 associés à améliorer leur niveau de francais et pour ma part, il y a le centre culturel le mercredi et vendredi après-midi, des réunions avec les enseignants et directeurs d'écoles et j'aide Flavien à animer les seances de français.

Nous n'avons pas de planning fixe et nous nous organisons comme nous le voulons. Il arrive que certaines journées soient bien chargées et parfois nous ne travaillons sur nos missions que 1 ou 2 heures par jour. C'est très variable. L'autonomie qui nous est laissé est très appréciable et parallèlement nous devons nous adapter au rythme malgache donc nous n'avançons pas toujours comme nous l'aurions désiré.

Vers 17h tout le monde se retrouve au Falaf. C'est en général avant le diner que tout le monde se douche. Nous avons dû nous habituer au sceau d'eau froide avec une louche ! Aujourd'hui nous y sommes complètement habitué ! ;)

Ah oui pour info les toilettes sont la plupart du temps à la turque ici. Sachant que les Malgaches du village n'ont même pas de toilettes. Oui, car ici mettre ses excréments au même endroit est considéré comme très sale. Ils font donc dans la nature, un peu à l'écart de leur case et s'essuient avec des feuilles. Oui oui, nous avons probablement fait la même tête que vous ! ^^ Toute une aventure !

Il arrive que nous prenions l'apéritif. Bières ou soda avec quelques cacahuètes. Ce n'est pas tous les soirs mais 2-3 fois par semaine environ. C'est toujours un moment de partage très agréable avec le reste de l'équipe.

Puis nous dînons tôt, vers 19h. Même genre de menu. Alizee et moi nous couchons généralement vers 20h30 puis nous lisons encore un peu. Les garçons se couchent vers 22h30 mais cela varie beaucoup aussi. Nous sommes HS le soir. Le moindre déplacement ici est un véritable effort physique : aller à la Coop, monter au centre culturel, aller recharger nos appareils au relai santé, remonter au Falaf ... cumulé à la chaleur évidemment !

Ce sont donc des journées bien chargées que nous cumulons de jour en jour. Un rythme auquel nous nous habituons mais qui n'était pas évident dès le départ. Au final, avec tous les aléas, nous ne connaissons pas de vraie journée type ici ! 😉

Notre paradis !!!! 
10

La coopérative est un des pôles économique les plus important pour l'avenir et l'autofinancement des emplois de certains membres actifs de l'association.

Le projet existe depuis quelques années mais l'activité a pris du temps à se mettre en place et l'essentiel est encore à développer. À mon arrivée sur le territoire malgache, les employés et futurs patrons de la coopérative avaient déjà étendu leur travail sur plusieurs chantiers: la culture maraîchère, l'aviculture et là lombriculture. Ma mission de bénévolat avait pour objectif d'augmenter et d'améliorer la capacité de production de la coopérative et de soutenir son développement de manière autonome, en particulier autour de l'élaboration d'une culture fruitière à travers une bananeraie et une grande pépinière.

La difficulté principale de cette mission consiste à proposer un projet pédagogique alliant sensibilisation à l'environnement et instruction. Pour se faire, un long travail de préparation à été effectué en amont. Pour cela nous avons suivi un programme structuré afin de mener à bien ce qui s'avérera être un projet pilote, tant au niveau de la direction et des équipes pédagogiques que pour les élèves. En effet, les enfants du village n'ont jamais pratiqué d'activités éducatives pendant leur temps scolaire. A la suite de plusieurs réunions entre les membres MGT et les différentes hiérarchies de l'école primaire et du collège d'Ampahantany nous avons réussi à valider ce projet !

Après validation puis création d'un emploi du temps pour les élèves, Laura et moi-même avons reçu près de 200 écoliers sur une semaine, au sein de la coopérative .

Je suis agréablement surpris et ému de la discipline et de l'intérêt qu'ont porté les différents acteurs à notre ambition. Tout s'est déroulé au delà de mes espérances : ce sont 120 manguiers, 10 orangers et 4 cannes à sucres qui ont rejoint la pépinière ainsi que 52 bananiers !

Les élèves ont adoré cette première sortie scolaire et les professeurs ont également reconnu l'intérêt pédagogique de cette mission. Chacun d'entre eux a réalisé l'impact que cela pourra avoir sur l'environnement et sur les mentalités des jeunes villageois. Une réelle prise de conscience !

Je tiens à remercier l'ensemble des élèves motivé et intéressé par les explications de Tonio (futur gérant des cultures maraîchères), Fidel, Martial et Dedesse (les 3 employés de la Coop), l'équipe pédagogique incluant les professeurs et la direction scolaire (monsieur Zozo et monsieur Daniel).

Un travail d'équipe !  
11

Jeannot, Dorlis et Bosco sont nés avec à peine un mois d'écart. Et ici on ne fête pas son anniversaire. Nous avons donc décidé tous les quatres d'organiser une soirée surprise pour fêter les 3 anniversaires en même temps. L'idée était de leur faire un repas typiquement français pour leur faire découvrir de nouvelles saveurs.

Nos idées de menu fusaient dans tous les sens, toutes plus alléchantes les unes que les autres mais nous avons vite été freiné dans notre imagination. Ici, impossible de trouver certains aliments et d'autres, importés, ne sont vendu qu'à Tamatave en supermarché et coûtent les yeux de la tête ! Au final nous avons donc opté pour :

- Des toasts de pâté de campagne pour l'apéritif

- Un taboulé fait maison en entrée

- Un magret de canard avec une sauce miel/orange et des pommes de terres sautées à l'ail (je précise que c'était mon idée, vous comprendrez après pourquoi...).

- Une salade de fruit (pas très typique je l'accorde^^ mais notre idée de base est tombée à l'eau à la dernière minute).

Nous avons profité d'un déplacement d'Isabelle sur Tamatave pour l'accompagner et faire les courses sur place. Le deal était de ne pas dépenser plus de 10€ par personne, soit 40€ au total. Pour organiser un repas pour 11 personnes... Sacré défi !

Vint alors la question du fameux magret. Ou acheter un magret à Tamatave ? Excellente question. Les malgaches me regardèrent avec incompréhension. "Pour faire magret, on achète canard !". Tout le monde s'est bien moqué de moi mais bizarrement ça m'a fait beaucoup moins rire! Ah bah oui, quelle tarte, nous ne sommes pas en France Laura, on achète pas du canard sous vide au supermarché. On va au marché local choisir son canard et on le ramène à Ampahantany. Quelle évidence ! ...

Flavien est ainsi parti faire les courses au marché avec Dorlis et Bosco et ils ont choisi un bon gros canard plein de plumes. De notre côté, Erwan, Alizée et moi sommes allés au supermarché pour acheter tous les autres ingrédients. Nous voulions acheter un peu de fromage pour leur faire goûter mais nous nous sommes vite ravisé. 8€ le petit bout de fromage ou le camembert... Ça ne rentrait clairement pas dans notre budget. Pareil pour le chocolat. Pareil pour le beurre. Pareil pour l'huile d'olive. Pareil pour la moitié de notre liste de base ... Nous avons donc réadapté chaque idée et au final nous nous en sommes sorti pour 7€ chacun (pour ici c'est déjà une somme très conséquente).

Flavien a également eu une super idée qui était d'acheter un livre d'or à la bibliothèque pour l'offrir en cadeau aux trois garçons de notre part à tous ! C'est un clin d'œil significatif pour la future réussite du Falaf Auberge. :)

Nous avons ensuite repris le bateau de Nolah (6h) pour rentrer au village avec notre ami duffyduck. nous sommes d'ailleurs à peu près surs qu'il a eu le mal de mer.

Le lendemain c'était programme cuisine ! Alizée s'est chargée de la salade de fruits tandis que je me suis attelée au taboulé le matin. Vers 15h, Julia revient en cuisine et nous annonce qu'on va s'occuper du canard. Et soudainement j'ai réalisé...comme un électrochoc. Nous n'avions pas fait qu'acheter un canard, maintenant il fallait le tuer de nos propres mains !! J'ai eu un haut le cœur. Quelle idée d'avoir voulue faire un magret... J'ai vraiment regretté car j'étais loin de réaliser tout ce que cela impliquait. Quelle naïveté ! Et puis j'ai finis par croiser les yeux du canard. Panique à bord ! Impossible, strictement impossible de le tuer moi-même.

J'ai eu terriblement honte !

Alors Dénico, le jeune malgache, a pris l'initiative de le faire pour nous. Il a attrapé le canard et s'est éloigné de quelques mètres un couteau à la main. Je vous épargne la suite mais la tradition malgache veut que le sacrifice d'un animal soit particulièrement lent. J'ai pourtant demandé à ce que l'on assomme le canard avant. Ils ont refusé. J'ai demandé dans ce cas qu'on le tue d'un coup sec. Refusé également. Non, les malgaches entaillent la gorge de l'animal à coup de "coupe coupe" puis l'animal se vide un peu, et ils recoupent, l'animal se vide encore et c'est comme ça pendant d'interminables secondes durant lesquelles l'animal est encore à moitié vivant et se vide lentement de son sang (Bon, finalement je ne vous ai pas épargné les détails).

J'ai eu tellement honte que je me suis efforcée de regarder quelques secondes et même si cela paraît ridicule je me suis effondrée en larmes. Toute mon ignorance, ma lâcheté et mon dégoût m'ont submergé et il fallait que ça sorte d'une façon ou d'une autre.

J'ai pris conscience de tellement de choses à ce moment précis : Conscience de la vie d'un animal. Réellement. Conscience que l'on est éduqué, petit européen, a n'aller quasiment qu'au supermarché où il n'y a plus qu'à choisir son bout de viande. Sans connaître l'animal qu'il y a eu derrière, sans savoir le processus d'abattage qu'il y a eu, et surtout, nous mangeons cette viande, une fois dans notre assiette, sans meme avoir une pensée pour l'animal ! Nous achetons et consommons des animaux comme une évidence !

Pour ceux qui se poserait la question, cette expérience ne m'a pas rendue végétarienne pour autant. J'aime trop la viande et le poisson pour cela et je l'assume entièrement. En revanche, il me semble que je ne consommerai plus de la meme façon. Ne serais-ce que psychologiquement. J'ai désormais un respect infini pour l'animal que je mange et je le remercie, même si cela paraît ridicule, avant de commencer mon repas. De plus, je m'intéresse beaucoup plus au processus. Je souhaite commencer à diminuer mes achats de viande en grande surface, sous-vide, sans savoir toujours d'où elle provient et dans quelles conditions elle a été abattue. Je favoriserai les fermes et les bouchers locaux où je pourrai poser toutes mes questions !

Voila donc pour la parenthèse ;)

Une fois tué, nouvelle étape, il fallait déplumer le canard. Julia nous a alors montré comment faire. Elle prend une grande bassine dans laquelle elle met de l'eau bouillante et y trempe le canard. Cela permet de le cuire légèrement et les plumes s'arrachent alors toutes seules. Mais c'est très long et elle se brûlait les doigts. Ça fumait dans toute la cuisine et l'odeur ambiante retournait l'estomac. Toute la préparation que cela demande alors que nous le mangeons en 5 minutes, c'est à peine croyable !

Puis Julia a vidé et découpé le canard. Là encore il fallait trouver le magret, enfin les 2 magrets! Tout le monde raffole du magret mais personne ne nous apprend où se situe le magret d'un canard. J'avais quand même une vague idée, heureusement, et Isabelle m'a confirmée l'emplacement des morceaux. C'est Alizée qui a eu la lourde tâche de découper finement les deux magrets. Mais nos 2 magrets étaient si minuscules... Nous avons donc décidé de cuire le reste du canard en le faisant mijoter à la bière. Et chacun aurait juste une mini tranche de magret, histoire de goûter.

Vers 18h, nous avons installé les tables, le buffet apéritif, gonflé des ballons et réaménagé un peu la salle de façon plus festive.

La surprise à fonctionnée : les garçons ont eu l'air très contents et touchés par l'attention. Le repas à fait fureur (merci petit canard) et leur cadeau leur a beaucoup plu.

Notre festin 

Nous avons même composé une petite chanson sur l'air de "Champs Élysée" pour leur anniversaire. Quel beau moment !

De g. à d. : Bosco, Dorlis et Jeannot + leur cadeau !  

La soirée fut, je crois, la meilleure que j'ai passée jusqu'ici à Madagascar. Nous avons bien mangé, bien bu (Flavien a ouvert la bouteille de vin blanc, un Riesling Vieilles Vignes 2015, qu'il avait ramené de France, miam!), bien rigolé, et suite au dîner nous avons fait des jeux vraiment drôles (jeux du balais, jeux des mollets et j'en passe) et nous avons dansé jusqu'à minuit.

Une soirée qui restera gravée comme un beau souvenir de mon séjour ici ;)

12

Partir sans savoir, partir sans connaître, juste quelques idées préconçues qui ne font qu'alimenter mon ignorance sur la notion de découverte. Découvrir un pays, une région, une ville, un village, un peuple, une auberge, mais découvrir n'est pas vivre. Là est le but de notre démarche : vivre "comme eux". Mais qu'est ce que cela signifie vraiment ? Trouver des réponses ou bien juste se poser les bonnes questions ? Dans tous les cas j'aurai appris.

S'immerger dans une nouvelle culture, loin de notre quotidien, loin de notre confort et de notre environnement rassurant mais si proche de l'Homme. Nos valeurs, nos croyances, nos qualités, nos défauts sont conditionnés dans le monde dans lequel nous croyons vivre. Voyager et vivre autrement ne permet que de remettre en question tout ce que l'on croit. En réalité, nous nous découvrons nous-mêmes dans un cadre de vie qui ne nous est pas habituel. Se découvrir, se sourire, se soutenir font la richesse de l'expérience.

Pour comprendre le tourisme à Madagascar, inutile d'avoir fait un BTS Tourisme, pourtant c’est en partie grâce à ce diplôme que je suis ici. Par là, laissons la théorie et passons à la pratique ! Il est difficile de cerner un pays, de comprendre son fonctionnement sans y avoir mit les pieds. En effet, pour arriver à un développement économique grâce au secteur du tourisme, il faut étudier et comprendre le territoire et cela ne se fait que sur du moyen et long terme. Voici précisément la première embûche : expliquer aux malgaches le long terme alors que leur culture privilégie le court terme voire l’instantanéité… Tout un programme !

Bref, mon projet est là, je le veux, je le tiens et je veux y croire, pour moi, pour eux, pour nous.

Je suis venu ici pour comprendre le tourisme et notamment le tourisme solidaire et durable. Dans le cadre de ma mission il faut tout d’abord faire un petit point sur le diagnostic territorial du pays. Madagascar, un des pays les plus pauvres au monde mais un des plus riches. Une antiphrase, pas que, c’est surtout une réalité ! Le salaire minimum est équivalent à environ 40 euros par mois. 50 % des habitants n'ont pas accès à l'eau potable. Concernant Ampahantany, le niveau scolaire moyen est le CE1 (adultes et enfants). Des chiffres qui en disent long… Mais d'autre part, Mada, est la 4ème plus grande île du monde avec près de 587 000km² de superficie et 4800km de côtes. Mada, c’est aussi un pays riche, riche par sa nature et par les Hommes : la culture vivante, la faune et la flore sont les atouts de l’île qui favorisent le développement du tourisme.

Les acteurs du tourisme social et solidaire sont des touristes et des voyagistes qui participent à des projets socio-économiques locaux, en vue d’un développement durable, c'est-à-dire, la capacité à répondre aux besoins des générations présentes, sans compromettre les ressources des générations futures. Au Falaf’, chaque touriste reverse une petite contribution obligatoire (équivalente à une taxe de séjour) aux actions sociales telles que la santé et l’éducation à Ampahantany.

Revenons à nos zébus ! Lors de mon arrivée au village et au sein de la structure d’accueil (le Falaf’Auberge), je n’ai pas su par où commencer. Beaucoup de questionnements, d’interrogations et d’angoisses face à l’énormité de mon engagement. Heureusement j’ai facilement pu assimiler les réponses qui m’ont été données pour préparer mes objectifs. Pour démarrer, il m’a fallu faire connaissance avec les 3 associés, même si la communication était quelques fois agrémentée d’aléas car le langage constitue de toute évidence un frein à l’échange oral. Mais ici, je l’ai vite compris, nous parlons par le regard, par des sourires et même par des poignées de mains. C’est grâce à cela, qu’ensemble, nous avons construit un dialogue interculturel.

J'ai tout d'abord rencontré Dorlis et Jeannot, qui sont venus nous chercher à l'aéroport. Je savais que j'allais travailler avec ces 2 timides mais la convivialité s'est très vite installée et aujourd'hui nous partageons de très bons moments tels que les treks et les briefings du lundi matin. Puis j'ai fais connaissance avec Bosco, le responsable de la restauration, qui m'a également fait découvrir l'organisation des achats de marchandises à Madagascar. Comme par exemple le fait de faire le marché à Tamatave, avec de nombreux kilos à porter et de nombreux allers-retours jusqu'au bateau pour y déposer les courses. Une expérience inoubliable, remplie de péripéties !

Avec Dorlis, le gérant du secteur hôtelier, au début c'était plus difficile de communiquer, de part son extrême timidité et son petit niveau de français. Mais à présent, je constate qu'il à su prendre ses responsabilités et qu’il a gagné en maturité. D'ailleurs, son vocabulaire en français s'est bien enrichi car il a fait preuve d'une véritable volonté d'apprendre.

Enfin, Jeannot, le responsable du personnel, très réservé au début aussi, a également prit confiance en lui et nous communiquons très bien ensemble. Je pense d'ailleurs, qu'il à trouvé le bon moyen de parler aux vahazas car il est de plus en plus pédagogique dans sa façon de nous expliquer les choses.

Pour l’instant je me concentre donc sur ma mission, celle de former ces 3 jeunes qui devront mettre en place des techniques afin d’améliorer la qualité des services proposés par le Falaf’Auberge. La limite que je me fixe est de ne rien imposer, juste de proposer et d'échanger avec eux afin de conserver l’authenticité des lieux. Je suis conscient que mes connaissances et mes compétences ne sont parfois pas adaptées à cette culture. C’est pourquoi, j’ai compris tout l’intérêt de favoriser un climat de confiance avec l’équipe.

Enfin, je sais que je repartirai dans tous les cas très satisfait de l’avancée de ce beau projet et des efforts de chacun qui nous permettent de constater les premiers résultats positifs qui ne sont d’ailleurs, que le début d’une longue série !

Longue vie au Falaf’ !

13

Rappelez-vous mon tout premier article : les enfants étaient ma principale motivation pour venir à Madagascar (d'où le nom du blog). Il me semble ainsi cohérent de leur consacrer un article. Et ici, enfant se dit zazakely (prononcé zazakel)!

Ces bouts de choux me font passer par tout un tas d'émotions : la curiosité, la joie, la tendresse, la fierté mais également la colère, la peur, l'incompréhension, la tristesse ... Je pèse mes mots lorsque j'affirme que se sont eux qui m'ont le plus apporté de tout mon sejour. Incontestablement.

La prise de conscience de leurs conditions de vie est un choc à tous les niveaux. Tout d'abord au niveau médical et social.

Chaque semaine au centre culturel, je regarde discrètement si je ne vois pas des enfants en grave sous-nutrition. Les symptômes sont assez faciles à repérer : maigreur extrême des jambes et des bras, ventre gonflé, les yeux légèrement globuleux et les cheveux qui comment à devenir "roux". Dans ce cas il faut les amener en urgence à l'hôpital. L'association a plusieurs fois emmener des enfants dans ce cas à Tamatave. Parfois il etait encore temps, parfois il etait déjà trop tard...

Ici, les parents attendent un mois avant de donner un prénom à leur bébé ... Et avant l'âge de 8 ans, un enfant malgache n'est pas considéré comme un individu à part entière. Il y a trop de risque de perdre l'enfant avant cet âge la, on attend donc de savoir s'il est assez "solide".

Dans le sud de l'île même, la tradition voulait qu'en cas de naissance de jumeaux/jumelles, seulement l'un des deux soit gardé. L'autre se faisait piétiner à mort par un zébu ! Heureusement l'état intervient de plus en plus et cette tradition tend à disparaître. La plupart des enfants n'ont qu'un seul vrai repas par jour et connaissent déjà un rythme de vie très fatiguant. Le métro, boulot, dodo occidental peut tout à fait être retranscrit à la malgache : marche, école, marche, aide à la maison, repas, dodo. Et on recommence le lendemain ! A Ampahantany, il y a environ 45 collégiens et 120 primaires. Il n'est pas rare d'avoir des enfants de 15 ans en CE1 ou CM. Le chemin de l'école m'a justement vivement touché. Beaucoup d'enfants vivent dans les hameaux autour d'Ampahantany et font le déplacement chaque jour uniquement pour venir à l'école. Certains marchent 5 km aller-retour, d'autres 10km. Et je peux vous assurer que ce n'est pas du tout plat, ni des routes goudronnées. Ils passent des collines, des marécages, des planches en bois sur l'eau, des petits courants etc... Les plus jeunes ont généralement 6-7 ans. Ils marchent ainsi entre 1h et 4h par jour pour venir à l'école. C'est incroyable ! Une belle leçon pour tous les petits francais qui ne réalisent pas la chance qu'ils ont d'aller à l'école ou qui râlent a l'idée d'avoir 30min de bus scolaire ;)

Leur créativité m'a surprise aussi. Si vous imaginiez un seul instant tout ce qu'ils sont capables de construire avec des détritus du village ou des choses ramassées dans la nature ! Quelle ingénieusité !

Et le plaisir qu'ils ont à la simple idée de faire du coloriage. Une feuille et un crayon de couleur et ils sont heureux!

Comme tous les enfants, ils sont parfois fatiguants ! ^^

Ils crient, se disputent, se battent et nous avons du hausser le ton ! Évidemment quand je les gronde en francais, la moitié explose de rire (merci l'autorité ...^^). Ou lorsque certains tendent encore la main vers nous en attendant de l'argent ou un cadeau, cela me fend le coeur. Je me dis qu'après deja 9 semaines passés ensemble, après tout ces moments de partage, un lien crée, même infime, ils nous prennent encore pour de simples Vazahas... C'est décevant mais je ne peux pas leur en vouloir. Ici ce n'est pas de la méchanceté, simplement qu'ils tentent toujours de prendre ce qu'il y a à prendre. Et malheureusement la responsabilité des parents y joue pour beaucoup...

J'avais mal pour eux au début, je refusais cette réalité trop dure, l'injustice qu'ils ne puissent pas avoir une vie plus décente. Pourquoi suis-je né en France et eux ici ? Y a t-il quelqu'un là-haut qui décide de tout cela ? Pourquoi ce décalage, cet écart béant entre nos vies ?

Puis j'ai appris à accepter. Me rendre à l'évidence. Cela m'a demandé beaucoup de temps et de réflexion. J'ai accepté que probablement même le plus courageux et le plus ambitieux d'entre eux n'aurait pas un tiers de mes conditions de vie plus tard, un tiers de mes biens matériaux, un tiers des soins et services dont je bénéficie en France. Pas un tiers de ma chance.

Mais il est certain en revanche que leur courage et leur volonté de vivre dépassent dix mille fois la mienne. Leur entraide, leur solidarité également ! Combien d'enfants a t-on vu partager en dix leur orange ou leur petit gâteau parce qu'ils ont TOUS faim, s'aider à se relever quand ils tombent, s'attendre sur les chemins, s'aider à réparer un objet ou un jouet, porter les petits frères et sœurs, même des autres. C'est beau, tout simplement beau. Je peux vous dire que ça remet les idées en place...

Les plus belles bouilles du monde  

Qu'y a t-il à rajouter ? Leur joie de vivre contagieuse, leur immenses sourires, leurs petits gestes anodins mais qui m'ont prouvé, au fil des semaines, qu'ils m'appréciaient, leur chansons et leur danses, leur curiosité et leur humour, lorsqu'ils viennent attraper ma main quand je traverse le village... Tout cela m'a donné une force et une énergie incommensurable !

Les enfants m'appellent dès qu'ils me voient arriver de loin "Lola, Lola !" ! ^^ Et j'ai eu la plus belle des reconnaissances lorsque certains parents et professeurs m'ont dit que les enfants m'adoraient et que nos actions faisaient beaucoup de bien au village ! J'en ai été émue aux larmes.

Je finirai cet article par une citation de Swami Prâjnanpad qui m'a ouvert les yeux : "Nous sommes libérés par ce que nous acceptons, mais nous sommes prisonniers de ce que nous refusons."

Merci pour tout, les enfants !

14

La santé à Madagascar pourrait faire l’objet d’un livre entier. Mais nous essayerons de nous contenter d’un article.

Lorsqu’on aborde le thème de la santé, tout est affligeant. Les conditions de vie (qui y sont pour beaucoup), le matériel médical, la formation du personnel qualifié, l’hygiène et le sérieux des établissements et enfin, les frais absolument fous de prise en charge, de soins ou d’hospitalisation.

1. Tout d’abord les conditions de vie : Entre la réalité sanitaire du pays, les coutumes, les croyances et les codes culturels, certaines règles de propreté, qui semblent pourtant être le b.a-ba pour nous, ne sont absolument pas respectées. Sur l'île, seulement un tiers de la population à accès à un point d'eau potable. Les autres, se lavent, font la vaisselle, la lessive, boivent et cuisinent avec de l’eau non potable. Ici, à Ampahantany, tout provient du canal. C’est donc très particulier de boire son thé le matin et de se dire que les gens se sont baigné, nettoyé et plus dans cette même eau…

2. Une pénurie de personnel qualifié : Avec 1 médecin pour 6250 habitants, certains endroits reclus de Madagascar n’ont aucun accès à la médecine. S’ils sont malades, pas de médicaments, s’ils se blessent, pas de quoi nettoyer ni cicatriser… Et lorsque les femmes de la brousse sont enceintes, elles accouchent bien souvent seules avec l’aide des femmes du village.

3. Des frais exorbitants : Peu de malgaches ont les moyens pour se soigner réellement. En effet, ici à l’hôpital, chaque « action » est payante. Le diagnostic par un médecin, puis le prix de la seringue, le produit à mettre dedans, l’injection, le pansement etc… Il arrive parfois, si la personne ou l’enfant a des complications en pleine opération, que la famille ne puisse pas suivre financièrement et alors pas besoin de vous faire un schéma…

Il y a quelques temps, une femme d’Ampahantany a eu besoin d’une césarienne et elle a donc du se rendre à l’hôpital de Tamatave. Lorsque les médecins lui ont annoncé le prix de l’opération, elle est repartie. Elle a perdue son bébé...Ici c’est comme ça...

4. La médecine est également traditionnelle et en brousse, il arrive encore que les villageois préfèrent se soigner entre eux au lieu d’aller au relais santé que l’association a mis en place gratuitement. Ainsi, une femme enceinte a refusée d’être accouchée par la sage-femme de l’association et elle s’est faite accoucher par les femmes du village. Elle a fait une hémorragie interne que personne n’a pu voir (évidemment) et elle est morte quelques jours plus tard.

5. J’aimerai aussi aborder la notion d’urgence qui n’est absolument pas connue ici. Les personnes en brousse comme ici, attendent beaucoup trop longtemps avant de guérir leurs blessures. Ils attendent l’infection pour s’en préoccuper. Ce n’est pas infecté, alors ce n’est pas grave… Un enfant en malnutrition, on attend la dernière minute (souvent déjà trop tard) pour consulter. Et c’est malheureusement comme ça pour tout.

Le handicap et les maladies psychiques ne sont également pas considérés. Lorsque Christophe a fait sa décompensation cérébrale, il a fallu le convaincre lui-même qu’il n’était pas fou. Isabelle a dû faire comprendre à sa famille également que c’était à prendre très aux sérieux.

L'espérance de vie à Madagascar est de 65 ans. Dans les villages comme Ampahantany, c'est plutôt 55 ans, et dans certains coins reculés de la brousse, cela tourne davantage autour de 40 ans.


Nous même avons fait l'expérience de petites et de grandes mésaventures :

- De nombreuses fois, nous avons eu des douleurs au ventre, et des problèmes intestinaux. Diarrhées et constipations partagent malheureusement l’expérience avec nous.

- Les moustiques sont un véritable fléau à Mada, particulièrement a cause du paludisme. Les médecins disent que « la moustiquaire est au paludisme ce que le préservatif est au sida », c’est pour vous dire ! Alors, dormez couverts !

Nous avons le luxe de pouvoir nous protéger grâce à nos médicaments et au traitement anti-paludisme. Mais, ici, le seul remède, est de se claquer la peau à chaque fois qu'un moustique se pose sur le corps. Résultat, de nombreux cas de paludisme sont avérés ici chaque jour. De manière générale, même pour nous, ce traitement n’est absolument pas bon. C’est en fait un médicament qui touche les hormones et qui est très puissant, il dérègle tout. Ce traitement provoque nausées, vertiges, plaques, allergies, troubles intestinaux etc… c’est pourquoi beaucoup de vazahas rejettent le traitement anti-paludisme ! Il ne s’agit donc pas d’une vraie solution.

- Les puces de sable. Nous en avions entendu parler quelques fois mais à aucun moment, nous n’avions imaginé l'ampleur des dégâts que peut provoquer cette minuscule bestiole. Nous l’avons vite compris lorsque nous avons observé les pieds des malgaches et particulièrement ceux des enfants. Leurs doigts de pieds sont détruits par ces "parasy". Pour la petite anecdote, Flavien en a attrapé une et ne s’est pas vraiment préoccupé de ce petit point noir sous son doigt de pied. Mais au bout de quelques semaines, en voyant le trou sous son pied, il a décidé de consulter l'infirmière du village. Elle lui a retiré, non sans douleur, mais il gardera un petit trou sous son orteil en souvenir de Mada !

Le relai santé du village 

Le départ d’Alizée :

Notre camarade a commencée à avoir des crampes intestinales très douloureuses et des nausées il y a trois semaines, en pleine nuit. L’infirmière Fara a tout d’abord crue à une gastro intestinale. Mais les médicaments n’ont rien changé. Après deux jours, Alizée souffrait de plus en plus. Ses crises de crampes devenaient presque incessantes. Sa fièvre est grimpée jusqu’à quasiment 40 et elle a perdue connaissance deux fois. De plus, après la deuxième nuit dans cet état, elle a eu une irruption cutanée impressionnante de plaques sur le ventre et le dos.

Nous avons donc décidé d’appeler son assurance en France pour savoir ce qu’il fallait faire, si elle pouvait voir un médecin très rapidement sur Tamatave. Un peu plus de 24h plus tard, soit déjà après 4 jours, Alizée a été conduite en bateau jusqu’à Tamatave et accueillie à l’espace médical de Tamatave (établissement noté 3/3 d’après l’assurance). Les 3 médecins qui l’ont ausculté ont décidé de la garder une nuit sous perfusion et de faire des examens. Nous l’avons tous les 3 accompagné pour rester près d’elle et être soudé (ALEFA jusqu’au bout !). Je dormais près d’elle à l’hôpital et les garçons étaient à l’hôtel.

Au final, après deux jours d’attente à l’hôpital, Alizée a reçu le diagnostic : typhoïde !

Impossible, puisque nous avons tous été obligatoirement vacciné contre la typhoïde avant notre départ !!! Et pourtant si, les médecins nous annoncent que ce vaccin ne fonctionne qu’à 60%... Le choc !

Après deux nuits encore, les médecins malgaches et ceux de l’assurance en France se mettent d’accord : Alizée doit se faire rapatrier sur La Réunion afin d’avoir des tests complémentaires mais également car il ne serait pas raisonnable qu’elle retourne en brousse dans ces conditions.

Voilà, fin de l’aventure pour Alizée ! BAM ! La décision est très dure à accepter pour tous les 4.

Puis tout va très vite, elle sort de l’hôpital, obtient l’autorisation de récupérer ses affaires à Ampahantany (ouf!) et de faire ses douloureux aurevoirs. C’est terrible de la voir partir et de se dire que dans trois semaines, c’est notre tour ! Deux jours plus tard, elle est dans l’avion…

Alizée et l'espace médical de Tamatave 

Nous avons eu des nouvelles trois jours plus tard. Alizée s’est refaite hospitalisée en urgence à l’hôpital de Saint Denis et en plus de la typhoïde, les médecins lui ont annoncé qu’elle avait un parasite, l’Anguibulose, qui se promène dans tout son corps. Bref, un truc bien dégueulasse. Elle a donc été mise sous quarantaine et traité contre ce « vers ».

Durs aurevoirs... 

Nous ne sommes maintenant plus que trois et nous avons, collectivement, pris la décision de quitter Madagascar une semaine avant la date prévue, afin de rejoindre Alizée à La Réunion et de finir le voyage ensemble, en beauté !

Nous avons commencé l’aventure à 4, nous voulons la terminer à 4 !

L’association nous a apporté son soutien dans cette décision et nous ferons évidemment en sorte de terminer nos missions avant de partir ! C’est donc avec une immense tristesse que nous avons vu Alizée partir, mais nous savons aujourd’hui que nous allons la rejoindre et cela nous met du baume au cœur.

Quant à la santé, vous l’aurez compris, on ne rigole pas avec ça à Madagascar. Nous en avons malheureusement vécu l’expérience. Pour nous vazahas, la moindre infection, la moindre contamination et hop, retour à la case départ ! Tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Les malgaches l’ont peut-être compris et c’est sûrement la raison pour laquelle ils vivent tout intensément.

15

Vous qui êtes chez vous et ne voyagez la plupart du temps qu’avec des moyens de locomotions confortables, difficile d’imaginer tout ce qui va être expliqué dans cet article. En France, c’est si facile de prendre sa voiture pour aller faire les courses, d’attendre le bus pour aller à l’école , de réserver un taxi pour se rendre à l’aéroport puis de prendre l’avion pour voyager, ou encore, de prendre son vélo ou son scooter pour se balader … Oubliez tout cela et voyez un peu comment font les malgaches.

Pour aller faire des courses à Madagascar, c’est toute une péripétie, surtout en brousse. Deux options s’offrent à eux :

1ère option : Il faut prendre ses jambes et marcher de nombreux kilomètres. C’est le cas lorsqu’on veut manger du poisson. Il faut alors se rendre au village des pêcheurs qui se trouve à 7 kilomètres. 14 km aller-retour (pour l’avoir déjà fait tous les 4, il s’agit de 40 minutes à travers la brousse, puis 5 minutes où il faut traverser une petite embouchure avec de l’eau jusqu’à la taille, puis 45 minutes à longer une plage immense, puis il faut encore emprunter une pirogue pendant 5 minutes pour traverser le canal et arriver enfin au village des pêcheurs).

Ouai.... Pas facile de crapahuter pendant 5 heures...  

2ème option : Une fois par mois, quelqu’un de la famille se rend sur Tamatave pour faire le « plein » de courses. En général, l’allée se fait par un trek de 17 km puis 1h30 de taxi brousse et le retour (avec les courses) se fait en bateau brousse (compter environ 9-10h de bateau). Là encore, toutes les familles ne peuvent pas se le permettre car le bateau brousse coûte de l’argent.

Une fois par semaine passe le train. Pour la petite histoire, le train n’est pas très cher mais ne prévoyez aucun rendez-vous important dans la journée car on ne sait pas quand il part et encore moins quand il arrive. Le retard ici, ca n’existe pas, c’est juste la libre interprétation de chacun du fait d’attendre plus longtemps que prévu (Mora Mora^^). Lorsque Flavien a pris le train, ce dernier a eu 4 heures de retard. Alors nos 15-20 minutes de retard à la SNCF, pfiou quelle rigolade !

Le bus, appelé Taxi brousse, est également une franche partie de plaisir… Il passe uniquement dans le village de Savalène (après 17 km de trek à pied). Il faut tout simplement attendre sur le bord de la route… on ne sait jamais quand il arrive et quelle est sa destination. Pour vous donner une idée plus concrète : imaginez un mini van qui peut accueillir jusqu’à 15 personnes, qui transporte des poules, des caisses de fruits, de légumes, des meubles sur son toit et qui ne transporte évidemment pas 15 personnes, mais plutôt entre 25 et 30…. Les malgaches adorent jouer au Tétris ! Alors messieurs, la prochaine fois quand vous partirez en vacances avec les montagnes de bagages de madame, faites lui confiance, ça peut rentrer ! ;)

Concernant le code de la route, que dire si ce n’est qu’il est très très TRES approximatif. Il y a beaucoup d’accidents car peu de personnes respectent les limitations de vitesse (lorsqu’il y en a…). Oubliez le réflexe de la ceinture de sécurité et accrochez-vous bien, ça secoue !

Il y a souvent des contrôles et des barrages de gendarmes aux abords d’une ville. Montrer ses papiers ? Non, c’est bien plus simple. Il suffit de glisser un petit billet et hop, le chemin s’ouvre comme par enchantement ! (Corruption quand tu nous tiens…)

Bref, le point positif de l’histoire est que ça ne coûte pas cher ! 10 000 Ar pour 5h de trajet, soit 2,50€. Il faut simplement préciser que 5h de trajet en taxi brousse sur une nationale correspondent à environ 70km seulement.


Une fois sur Tamatave, il y a plus de choix :

1- Les taxis sont fortement conseillés pour les déplacements du soir, mais n’imaginez pas avoir une belle Mercedez ou une BMW, loin de là, il s’agit plus d’un vieux taco avec des portières qui ne s’ouvrent plus et un moteur qui se démarre avec le file rouge et le file bleu … toujours sans ceinture, pour davantage de confort et de sécurité bien sûr ! ;)

2- Pour la journée, en centre ville, vous avez deux possibilités. La première est une devinette : qu’est ce qui a 3 roues, qui fait du bruit et qui est jaune ? Le tuk-tuk ! Petit engin à moteur avec un chauffeur. Il faut savoir négocier et avoir les organes bien accrochés ! Il faut compter 1 000 Ar la course, soit environ 30 centimes.

3- Le deuxième, le pousse-pousse, est un concept plus écologique mais beaucoup moins respectable de l’homme. Le principe : un homme pédale en tirant la charrette avec 2 personnes (voire 3) assises dedans … Le prix de la course varie en fonction de la distance à parcourir et en fonction de l’humeur de votre chauffeur.


Le Pousse-Pousse et le Tuk-Tuk 

Pour finir, inutile de préciser que très peu de malgaches ont une voiture et qu’encore moins peuvent se permettre de payer un billet d’avion. Rien que pour cela, nous sommes considérés comme étant riches chez eux. En brousse, comme à Ampahantany, beaucoup se servent encore de la pirogue en bois pour se déplacer ou transporter des marchandises de villages en villages. C’est incroyable à voir, on se croirait dans « Un indien dans la ville » ou au beau milieu de l’Amazonie. Nous avons testé la pirogue et c’est un souvenir inoubliable. Il ne faut surtout pas bouger pour ne pas faire retourner la pirogue et tous les passagers avec !

La pirogue 

Les transports en communs malgaches sont donc une vraie aventure à eux seuls. Nous n’avons pas toujours été très rassurés mais c’est une expérience à faire, une fois dans sa vie.

En conclusion, pour se déplacer à Madagascar, il faut avoir de bonnes jambes ou le cœur bien accroché ;)


Flavien et Laura

16

Nous vivons nos derniers instants à Ampahantany ... Et nous sommes partagés entre plusieurs émotions. Une fois de plus.

- Tristes de devoir partir, de laisser ces personnes à qui nous nous sommes tellement attachés, ce lieu extraordinaire et ces paysages devenus si familiers.

- Frustrés de ne pas savoir si nous reviendrons un jour. Si oui, quand ...

- Excités de reprendre l'avion, de rejoindre Alizée à La Réunion et de passer une dernière semaine tous ensemble. Finir en beauté !

- Angoissés et contents à la fois de retourner en France. Atterrir à Paris Charles de gaules, revoir toute cette foule de gens qui courent à droite à gauche, nous réadapter à la société, au rythme. Bref, là encore une expérience nouvelle qui risque de durer quelques jours !

- Et bien-sûr tellement heureux de retrouver nos proches !

Les deux dernières semaines, sans Alizée, sont passées à une allure folle. Derniers treks, derniers points sur nos missions, derniers échanges avec les enfants... Tout est allé très vite.

On a envie de faire encore dix milles choses, de se balader dans chaque recoin du village, et en même temps on a envie de se poser, de profiter du Falaf et de la vue époustouflante, prendre un maximum de photos, dessiner, ouvrir les bras et ne plus jamais les refermer…

Vendredi, deux jours avant notre départ, nous avons décidé d'organiser une sorte de "kermesse" pour les enfants. L'idée était de faire quelques stands où les enfants pouvaient jouer et gagner des petits lots (crayons de couleurs, coloriage, élastiques pour cheveux, ballons etc...). Nous avons pensé que c'était plus sympa de leur offrir nos dons sous cette forme d'activité plutôt que de leur donner directement au milieu du village et qu'ils se jettent tous sur nous en réclamant "cadeau, cadeau!", la main tendue.

Nous avons ainsi organisé 4 activités/stands : un chamboule tout, un jeu de cible au sol, un stand de memory et un autre de dominos. Chaque enfant devait avoir fait les 4 activités pour remporter son lot à la fin.

Préparation des lots et installation du Chamboule-tout  

Cet après-midi fut une réussite au-delà de mes espérances. Les enfants ont adorés les activités. J'avais préparé 60 lots et ils étaient 65 à nous attendre dehors ! Panique à bord : Flavien a dû courir à l’épicerie du village pour racheter quelques bricoles à offrir.

Après deux heures d’activités, nous avons fait un goûter géant pour les remercier et nous leur avons distribué les petits lots. Puis nous avons conclue l'après-midi par une super photo avec tous les enfants. Et alors ils se sont tous mis à applaudir pour nous remercier ... Quelle émotion ! Je n'ai pas pu contenir mes larmes... c’était plus fort que moi, j’ai craquée. J'ai compris à ce moment que je leur disais aurevoir et qu'ils allaient tous terriblement me manquer... Quelle belle récompense de les voir tous réuni et souriant. Jamais je n’oublierai ce moment intense de ma vie !

MERCI !!!! 

Puis vient le moment que l'on repousse chaque jour un peu plus : faire sa valise. On rassemble toutes nos affaires ça et la éparpillées et on se demande comment tout va rentrer !? Je me suis littéralement mise en colère contre moi-même, m'insultant de tous les noms pendant 45 minutes en voyant la place que prenait tous mes souvenirs et cadeaux... Quelle idée de vouloir en ramener autant ! ^^ Ducoup il a fallu faire un choix et se débarrasser de quelques affaires et vêtements. Ça fera des dons en plus, et toc ! ;)

Le samedi soir c’était notre diner de veluma (d'aurevoir), soirée organisée pour chaque départ de bénévole : toute l'équipe du Falaf et de l'association était présente. Mama Djul' nous a fait du canard. La symbolique était très forte pour moi ;)... Les malgaches agissent toujours en toute discrétion mais savent vous surprendre et vous faire plaisir ! Cette dernière soirée était extraordinaire. Nous avons offert l’apéritif à tous, nous avons dansé, chanté, ri et offert nos cadeaux à tous les membres de l’association.

3 mois qui finissent en beauté !

17

Me voilà rentrée depuis 8 jours… Et c’est la dernière fois que vous me lisez (du moins sur ce blog :p). Je ne sais pas par où commencer. Demain, après-demain et après après-demain je me dirai encore que j’ai oublié des mots, que mon texte n’est pas assez complet ni assez représentatif de ce que je ressens.

C’est avec les larmes que j’écris ce dernier article mais je vais essayer de ne pas faire dans le dramatique (veuillez me pardonner si c’est le cas).

La Réunion nous a fait du bien, nous a permis de revenir moins brutalement à la réalité. C’était une parfaite transition.

Mais ça y est, il paraît que chaque bonne chose a une fin et ALEFA a dû se séparer et se dire aurevoir à l’aéroport. Après 3 mois passés non-stop ensemble, c’était un peu difficile. Irréel en fait. Erwan et Flavien sont désormais comme des cousins pour moi et les liens d’amitié avec Alizée se sont évidemment renforcés. Nous sommes une grande famille, liée par cette expérience de dingue, pour pas mal d’années je pense. ;)

Ma tête et mon cœur sont emplies d’images, de visages, de souvenirs et je ne crois pas que cela pourra s’effacer un jour, ni même se ternir.

Aujourd’hui j’ai repris ma vie, mon quotidien, mes habitudes. Avec joie et plaisir, mais avec un recul immense. C’est si difficile d’expliquer cette expérience. Ce n'est que du positif ! Mes proches savent que je ne peux pas tout raconter alors ils me posent des questions auxquelles je réponds avec plaisir.

Je pense que mes 3 camarades seront d’accord pour dire que certaines questions ou remarques des gens autour de nous, nous font rire ou nous semblent complètement ridicules. « Alors, comment c’était Mada ? », « Tu n’as pas été terrorisée ? », « Tu penses les revoir ? », « Pas trop dur de revenir ? » etc…

Euh, par où commencer, comment résumer 3 mois aussi bouleversants ? Non, je n’ai pas été terrorisée. Si je pense les revoir !? J’aimerai oui…. mais quand ? Ce n’est pas dur de revenir, c’est dur de réaliser et de ne pas pouvoir vous expliquer… Evidemment ces personnes n’y peuvent rien. Elles se sont inquiétées, elles sont curieuses, elles sont bienveillantes. Comment leur en vouloir ?

Je ne me sens pas différente, mais disons que je suis un peu déphasée par moment. Comme une actrice qui regarderait la scène qu’elle vient de jouer de l’extérieur. Sensation étrange. Je ne suis pas encore vraiment rentrée et je ne suis pas encore vraiment partie d’Ampahantany. Le serais-je un jour ?

« Penses-tu être une meilleure personne ? » Non. Je ne reviens pas en me sentant meilleure. Je suis la même qu’avant. On ne se sent pas incroyable sous prétexte qu’on a fait une mission « humanitaire » (même si je n’aime plus ce mot et préfère employer le terme de bénévolat). Au contraire, je crois qu’on se sent si petit, si minuscule face aux grands défis de ce monde. On fait juste de notre mieux.

En revanche, je reviens bien plus riche.

Je reviens avec un regard neuf et plus vif.

Je reviens avec un cœur gros comme l’univers, avec une force et une sensibilité exacerbée.

Je reviens avec un amour indescriptible pour ce pays.

Je reviens… pour mieux repartir. ;)

Je suis désormais en accord avec moi-même, avec mes convictions, je suis plus tolérante, j’ai appris à observer avant de parler, à accepter l’autre comme un frère et j’ai compris que notre vérité occidentale n’est pas universelle.

J’ai été poussée dans mes plus extrêmes retranchements et je ne m’en sens que plus vivante aujourd’hui.


J’aimerai terminer par un texte qui m'a profondément marqué durant mon séjour :


Si je veux réussir

A accompagner un être vers un but précis

Je dois le chercher là où il est

Et commencer là, juste là.


Celui qui ne sait faire cela se trompe sur lui-même

Quand il pense pouvoir aider les autres.


Pour aider un être,

Je dois certainement comprendre plus que lui

Mais d'abord comprendre ce qu'il comprend.


Si je n'y parviens pas

Il ne sert à rien

Que je sois plus capable que lui.


Si je désire avant tout montrer

Ce que je sais,

C'est parce que je suis orgueilleux

Et cherche à être admiré par l'autre

Plutôt que l'aider.


Tout soutien commence par l'humilité

Devant celui que je veux accompagner,

Et c'est pourquoi je dois comprendre

Qu'aider

N'est pas vouloir maîtriser

Mais vouloir servir.


Si je n'y arrive pas,

Je ne puis aider l'autre.


Soren Kierkgaard, philosophe danois du XIXème siècle


Madagascar est un pays extraordinaire avec une population qui a le cœur sur la main.

Ces gens n’ont rien, mais ils ont tout !

M.E.R.C.I


TSARA NY FIAINANA


3 mois résumés en 17 minutes !