Dites moi qu'on est en octobre et qu'on va aux cèpes dans le bocage ce matin .. Manque plus que la brume, des feuilles jaunes aux arbres et le petit peírot en osier pour la cueillette. Comme hier 12°c au doigt mouillé.
Pods rangé, petit dej avalé et en route pour le cimetière américain de Colleville. Comme il a plu cette nuit, le terrain est gras, voir bien grachoudas. Une trace gpx un peu trop hardie nous amène dans un chemin creux bien dégoûtant, comme le chantait Jane, la gadoue, la gadoue....
Le peloton pose une réclamation silencieuse. En gravel, ça passe mais avec le Fahrrad komandanthur, beaucoup moins bien. En plus, on est chargé. Donc, un silence désapprobateur me somme de sortir de là. Heureusement pour moi, ils ont encaillouté la suite et ça me sort de ce bourbier.
Après quelques kilomètres asphaltés, nous voilà dans l'enceinte du Normandy American Cemetery Memorial, le cimetière américain de Colleville sur mer. C'est une concession à perpétuité donnée par la France aux États-Unis Unis d'Amerique, avec quand même l'application du droit français dans son enceinte et géré par la Commission des monuments commémoratifs des batailles américaines.
On gare les vélos sur le parking. Pas moyen de mettre les sacoches en lieu sûr. On decide de les planquer dans les renouées du Japon. Hein la Nad, pour une fois que cette plante invasive sert à quelque chose ! On rentre dans le cimetière où rien ne dépasse et tout est en ordre comme si l'on avait voulu arrêter le temps pour figer les souvenirs de ces kids de l'Arkansas, de l'Illinois, du New Jersey, du Dakota du Sud, du Texas et des 45 autres États, venus se faire trouer la paillasse pour la Liberté, celle même qui guide et éclaire le peuple à l'entrée de New York.
On pénétre par le mémorial et devant nous, partout où le regard se pose, il y a ces croix blanches, quelques étoiles de David, qui marquent une sépulture d'un G.I dont le corps git 6 pieds sous terre en tere française. 9387 croix dont 370 inconnues. Juste et plus que reconnaissant que ces mecs aient fait cela et un sentiment de carnage, de barbarie, dans un silence seulement troublé par les tondeuses des jardiniers. On quitte le mémorial, avec toutes nos sacoches et un drôle de sentiment mêlé de reconnaissance et de gachis.
Direction Saint Laurent sur mer où l'on arrive sur Le secteur d'Omaha beach, au bas d'une longue descente, à la sortie d'une petite vallée s'ouvrant sur la plage, une très belle plage dont la pente très douce a permis le débarquement des hommes et du matériel après l'établissement de la tête de pont au soir du 6 juin 44. On suit la cote vers Vierville sur Mer. L'Eurovélo 4 emprunte la route de la Liberté, un chemin en cailloux blanc qui nous amène à la pointe du Hoc.
Là, une avancée de terre en forme de pointe, avec des falaises de 30 mètres surplombant la mer et sur laquelle le fell marechal Rommel, le renard du désert, nommé en 1942 par le moustachu peintre raté comme superviseur de la construction du mur de l'Atlantique, va s'empresser d'installer 7 blockhaus, dotés de canons de 155 mm qui peuvent pilonner les plages et les flots d'Omaha et Utah. Autant vous dire que c'est la fête foraine depuis le pas de tir.
Malgré les 5 bombardements alliés successifs dans les semaines précédant le D-day, les batteries sont toujours opérationnelles. Au petit matin du 6 juin, 225 rangers appartenant au 2ème bataiillon de rangers américains, placés sous le commandement du lieutenant colonel James. E. Rudder ont pour mission d'escalader ces falaises et de réduire au silence ces camardes cracheuses de feu qui mettent en pièce hommes, chars amphibies et barges de débarquement. Accostés à plus de 3 miles de leur objectif, ils arrivent au pied des falaises et les escaladent à l'aide de grappins et d'échelles de cordes. Ils passent les barbelés, les champs de mine. Les batteries sont neutralisées mais les combats vont durer 48 heures, les allemands se sont enterrés dans le réseau souterrain des bunkers, reliés entre eux. Sans ces actes, les 1ère, 4ème et 29ème divisions d'infanterie U.S se seraient faites décimées.
On laisse ce lieu de haut faits d'armes car il est 15 heures 30 et on a encore 40 km à faire. On pousse sur les pédales, la moyenne monte, on roule sur l'Eurovélo 4, Grandchamps-Maisy, avec ses parcs à huitres (un bonheur le Fab ici) et Osmanville, Isigny sur mer et ses usines de transformation du lait en mille produits Isigny Sainte mère qui vous accueillent en entrée de ville.
On file vers les marais du parc régional des marais du Cotentin. On quite le département du Calvados pour la Manche
Direction Carentan où on croise une réplique de drakkar, œuvre d'une assos de passionnés locaux.
Arrêt intendance pour recharger la sacoche Réserve nourriture, avec quelques plaisirs supplémentaires mais non superflus. Un bon camembert au lait cru avec un Haut Médoc. Vive le circuit court, enfin presque.
On traverse Carentan pour finir dans un coin de campagne à Auvers chez Huguette qui nous accueille dans son camping à la ferme, le gîte d'Auvers. Simple mais ultra efficace un petit bonheur de tranquillité.
Musette chaude aujourd'hui pour changer. Sandwich saucisse moutarde avec cornet de frites. Tres honorable, frites pas grasses et bien cuites, saucisse artisanale, le tout arrosé d'un Perrier millésimé.
Belle journée de voyage dans la Normandie touristique du bord de mer et le long de la baie de la Vire, en face d'Utah beach
Aux portes de la Normandie des marais et du bocage
67,28 km
D+ : 316 m
A douma