Un petit bout de l'Eurovélo 4, de Caen à Saint Malo/Dol de Bretagne
Juillet 2023
10 jours
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Adíu lou mounda

La musette remonte en selle.

Cette fois, direction le nooord, à la recherche d'un peu de fraicheur, après la Camargue et son soleil ardent de juillet dernier.

L'idée est de rouler en Normandie et un peu en Bretagne, d'Est en Ouest, sur environ 550 km, de l'Orne à la Rance, en suivant la trace de l'Eurovélo 4, qui va de Roscoff à Kiev.

Départ ce matin tôt pour avaler les 850 km, de Gre à Caen, point de départ du périple.

Prologue dans Caen le soir pour voir à quoi ressemble la terre des Normands, et accessoirement pour trouver pitance. Le tout accompagné d'un peu de pluie. Normal, c'est la Normandie, sinon y a tromperie sur la marchandise 😊.

Une pluie de normand en plus quoi... Peut être bien qu'elle tombe ou peut être qu'elle tombe pas.... Tu t'équipes et puis 4 minutes plus tard, plus rien. Tu te déséquipes, tu te retournes et hop, il flotte. Va falloir voir à l'usage 🤞.

Ici les pigeons ont été supplantés par les goélands, nettement plus bruyants


Musette dinatoire avec une andouillette 5A sauce moutarde réglementaire accompagnée de ses frites, étanchée avec un Malbec argentin bien charpenté.


Prologue de 10,4 km

D+ : 81 m.


A douma pour le D Day




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Pour poser le décor des 3 jours à venir, visite du Mémorial de Caen. Un superbe musée qui retrace le XXeme siècle de 1918 à la chute du mur de Berlin, avec la part belle faite au conflit mondial de 39-45. Une scénographie réaliste et juste, pour évoquer cette tourmente mondiale.

Après la visite, comptez 3 heures, on démarre par la remontée jusqu'à l'embouchure de l'Orne sur une piste cyclable fort roulante où le peloton file à vive allure.

On croise le Pegasus bridge, ou sa réplique en service sur l'Orne. Ce pont fut pris par les unités de paras anglais larguées sur Ouistreham, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Pont pris part surprise, alors que les frigolins pionçaient du sommeil du juste. Revoyez le jour le plus long, l'épisode y est retracé.

On arrive à Ouistreham où on tombe sur quelques migrants en attente de pouvoir passer par les bateaux de la Brittany ferries car il y a ici une ligne pour les blanches falaises d'Albion. Notez que je n'ai pas dit perfide Albion, étant donné que nous avons gagné le crunch dans le tournoi des 6 Nations cette année, l'honneur est sauf (I beg your pardon Robert) 😊.

S'ouvre à nous la côte de Nacre avec le secteur de Sword beach, sur laquel les Tommies, ont débarqué le 6 juin 44, à 6h30 du matin.

Une halte au mémorial du Commando Kieffer et hommage à Léon Gautier, dernier survivant du commando de fuscos, fusillés commandos, qui est parti rejoindre ses frères d'armes le 03 juillet dernier

Et là, on a pris un grain, comme les giboulées de mars mais en juillet !! La drache pendant 5 minutes ! Sauve qui peut. On enfile la cape de pluie Decath' à toute berzingue. Bon produit pour ce genre d'attaque sournoise. On remonte en selle sous le vent et la bourrasque.

Et puis le soleil revient. Tu sèches le long des belles villas cossues du bord de mer, au style normand avec colombages, enfin imitation.

On se retrouve avec des drapeaux canadiens sur les monuments commémoratifs. Pas de doute, tu es sur le secteur de Juno beach, où la colonie du Commonwealth a aussi payé son tribut.

Quelques casemates avec canon, un tank sur le bas côté. Ici le D-day est exploité à fond, lieu de mémoire ou marchand du temple.

Mais en fait le plus dur pour les alliés n'a pas été de débarquer, si je puis dire...,, mais ça était de progresser dans le pays normand vers Cherbourg pour aller prendre aux allemands le seul port en haut profonde à 100 km à la ronde et vers Saint Lô puis Falaise pour éradiquer les allemands hors de Normandie, dans la bataille des haies mais ça on en reparlera dans quelques jours.

Après avoir niflé du vent de 3/4 sud ouest pendant 30 km, arrivée au Scottish and Canadians camping de Graye sur mer. Super accueil au bord de la Manche, qui est quand même froide. Pas de baignade contrairement au peloton courageux.

Guitoune et popote ce soir.

Musette méridienne poussive. Heureusement que le Haut médoc ce soir a sauvé le bilan organoleptique de la journée.


Adishatz lou mounda, a douma pour la narration des exploits de Guillaume the conqueror et autres


41,77 km

D+ 165 m




Mémorial de Caen
Mémorial de Caen
Caen
Caen
L'Orne à la sortie de Caen
L'Orne à la sortie de Caen
Pegasus bridge
Pegasus bridge
Ouistreham beach
Ouistreham beach
Ouistreham
Ouistreham
Mémorial Kieffer
Mémorial Kieffer
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Flic, floc, flic, floc. La musique de la pluie sur la toile de tente au réveil... 7h00 et 12 °c. C'est bien de visiter la Normandie en novembre....

Petit dej dans la guitoune. La journée s'annonce humide et fraîche. Pliage de tente mouillée, pantalon et cape de pluie. Direction Gold beach, le 3ème secteur de débarquement des sujets de sa majesté le roi Georges V.

Il y a une vraie commémoration dans les lieux de mémoire traversés. Beaucoup de couronnes de coquelicots en papier, symbole du souvenir des combattants de l'Union jack et de l'Empire, tombés sur les théâtres des deux conflits meurtriers du XX ème siècle.

On longe la côte vers l'ouest jusqu'au British Normandy Memorial. Monument sobre qui invite à prendre l'ampleur du tribut des Tommies sur la terre normande. Le monument domine Gold beach et embrasse la vue jusqu'à Saint Côme de Fresné et Arromanches où nous retrouvons le port Mulberry, composés des vestiges des barges et des passerelles, ayant permis de faire accoster et décharger la logistique militaire car pour ceux qui ne suivent pas, le seul port à 100 km à la ronde est Cherbourg, situé tout au nord de la presqu'île du Cotentin, alors encore aux mains des allemands en ce mois de juin 1944. 15 jours après le D-day, tempête et mauvais temps l'ont endommagés mais sans le détruire contrairement au port Mulberry d'Omaha beach, dont il ne subsiste rien aujourd'hui.

Un double expresso pour se réchauffer à Arromanches et la Musette dans la sacoche, on file plein sud pour faire un bon de 9 siècles en arrière, vers Bayeux. On file dans ce qui reste du bocage normand, bien remembré tout de même où l'on trouve de belles pieces de terres, contrairement aux petits champs bordés de haies d'il y a 80 ans.

Donnes nous Seigneur notre grain quotidien. Et nous avons été exaucés ... cape pluie et surchaussures, en urgence. Nuages noirs et drache se déversent sur nos têtes On rentre la tête et on pédale sous la flotte après Ryes. Après 5 bornes d'averses, on aperçoit la cathédrale de Bayeux.

On rentre dans la ville en suivant l'Aure, dans un écrin de verdure en pleine cité.

Sous le porche du musée de la Bayeux Pâtisserie (niveau -1 de la contrepèterie .. ), on rencontre Peter, un norvégien qui vient de Storslett, au nord du nord de la Norvège. Il finit son périple à Barneville-Carteret, à 70 km de Bayeux, sur la côte ouest du Cotentin. 5400 km en 2 mois avec pour pays traversés la Finlande jusqu'à la frontière russe au sud, la Suède, le Danemark, et les Pays-Bas et la Belgique sur l'Eurovélo 12 puis la France par l'Eurovélo 4 depuis Dunkerque.

La tapisserie de Bayeux du XI ème siècle conte les exploits de Guillaume le Conquérant sur le roi Harold avec la célèbre bataille d'Hastings en 1066. Le bout de moquette fait 70 mètres de long. Elle fait défiler 623 personnages, 994 animaux, 438 végétaux, 37 forteresses et bâtiments, 41 navires et petites embarcations, et d'innombrables objets très divers.1er mobilier classé sur la liste des Monuments historiques nationaux de 1840, elle a été inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco.

Après Bayeux, on remonte vers la Manche pour voir les batteries de Longues sur mer sur la côte. Au passage, on prend notre deuxième saussée de la journée.

Encore 10 km dans la campagne normande sur de petites routes calmes et on trouve le camping de la reine Mathilde, dans lequel on a réservé un pod, sorte de cabane en bois de forme ogivale très confortable et bien isolé, nous coupant un peu du froid.


Bonne journée bien fraîche, à la limite froide. Mais on va pas se plaindre Titi des 13 degrés d'écart avec Gre ...


Une musette simple et bien exécutée, un sandwich poulet mayo, crudités, oeuf.


52,36 km

D+ : 353 m


A douma la compañia




Secteur de Juno
Secteur de Juno
British Normandy Memorial
British Normandy Memorial
Plage de Saint Come de Fresné, Arromanches au fond
Plage de Saint Come de Fresné, Arromanches au fond
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Dites moi qu'on est en octobre et qu'on va aux cèpes dans le bocage ce matin .. Manque plus que la brume, des feuilles jaunes aux arbres et le petit peírot en osier pour la cueillette. Comme hier 12°c au doigt mouillé.

Pods rangé, petit dej avalé et en route pour le cimetière américain de Colleville. Comme il a plu cette nuit, le terrain est gras, voir bien grachoudas. Une trace gpx un peu trop hardie nous amène dans un chemin creux bien dégoûtant, comme le chantait Jane, la gadoue, la gadoue....

Le peloton pose une réclamation silencieuse. En gravel, ça passe mais avec le Fahrrad komandanthur, beaucoup moins bien. En plus, on est chargé. Donc, un silence désapprobateur me somme de sortir de là. Heureusement pour moi, ils ont encaillouté la suite et ça me sort de ce bourbier.

Après quelques kilomètres asphaltés, nous voilà dans l'enceinte du Normandy American Cemetery Memorial, le cimetière américain de Colleville sur mer. C'est une concession à perpétuité donnée par la France aux États-Unis Unis d'Amerique, avec quand même l'application du droit français dans son enceinte et géré par la Commission des monuments commémoratifs des batailles américaines.

On gare les vélos sur le parking. Pas moyen de mettre les sacoches en lieu sûr. On decide de les planquer dans les renouées du Japon. Hein la Nad, pour une fois que cette plante invasive sert à quelque chose ! On rentre dans le cimetière où rien ne dépasse et tout est en ordre comme si l'on avait voulu arrêter le temps pour figer les souvenirs de ces kids de l'Arkansas, de l'Illinois, du New Jersey, du Dakota du Sud, du Texas et des 45 autres États, venus se faire trouer la paillasse pour la Liberté, celle même qui guide et éclaire le peuple à l'entrée de New York.

On pénétre par le mémorial et devant nous, partout où le regard se pose, il y a ces croix blanches, quelques étoiles de David, qui marquent une sépulture d'un G.I dont le corps git 6 pieds sous terre en tere française. 9387 croix dont 370 inconnues. Juste et plus que reconnaissant que ces mecs aient fait cela et un sentiment de carnage, de barbarie, dans un silence seulement troublé par les tondeuses des jardiniers. On quitte le mémorial, avec toutes nos sacoches et un drôle de sentiment mêlé de reconnaissance et de gachis.

Direction Saint Laurent sur mer où l'on arrive sur Le secteur d'Omaha beach, au bas d'une longue descente, à la sortie d'une petite vallée s'ouvrant sur la plage, une très belle plage dont la pente très douce a permis le débarquement des hommes et du matériel après l'établissement de la tête de pont au soir du 6 juin 44. On suit la cote vers Vierville sur Mer. L'Eurovélo 4 emprunte la route de la Liberté, un chemin en cailloux blanc qui nous amène à la pointe du Hoc.

Là, une avancée de terre en forme de pointe, avec des falaises de 30 mètres surplombant la mer et sur laquelle le fell marechal Rommel, le renard du désert, nommé en 1942 par le moustachu peintre raté comme superviseur de la construction du mur de l'Atlantique, va s'empresser d'installer 7 blockhaus, dotés de canons de 155 mm qui peuvent pilonner les plages et les flots d'Omaha et Utah. Autant vous dire que c'est la fête foraine depuis le pas de tir.

Malgré les 5 bombardements alliés successifs dans les semaines précédant le D-day, les batteries sont toujours opérationnelles. Au petit matin du 6 juin, 225 rangers appartenant au 2ème bataiillon de rangers américains, placés sous le commandement du lieutenant colonel James. E. Rudder ont pour mission d'escalader ces falaises et de réduire au silence ces camardes cracheuses de feu qui mettent en pièce hommes, chars amphibies et barges de débarquement. Accostés à plus de 3 miles de leur objectif, ils arrivent au pied des falaises et les escaladent à l'aide de grappins et d'échelles de cordes. Ils passent les barbelés, les champs de mine. Les batteries sont neutralisées mais les combats vont durer 48 heures, les allemands se sont enterrés dans le réseau souterrain des bunkers, reliés entre eux. Sans ces actes, les 1ère, 4ème et 29ème divisions d'infanterie U.S se seraient faites décimées.

On laisse ce lieu de haut faits d'armes car il est 15 heures 30 et on a encore 40 km à faire. On pousse sur les pédales, la moyenne monte, on roule sur l'Eurovélo 4, Grandchamps-Maisy, avec ses parcs à huitres (un bonheur le Fab ici) et Osmanville, Isigny sur mer et ses usines de transformation du lait en mille produits Isigny Sainte mère qui vous accueillent en entrée de ville.

On file vers les marais du parc régional des marais du Cotentin. On quite le département du Calvados pour la Manche

Direction Carentan où on croise une réplique de drakkar, œuvre d'une assos de passionnés locaux.

Arrêt intendance pour recharger la sacoche Réserve nourriture, avec quelques plaisirs supplémentaires mais non superflus. Un bon camembert au lait cru avec un Haut Médoc. Vive le circuit court, enfin presque.

On traverse Carentan pour finir dans un coin de campagne à Auvers chez Huguette qui nous accueille dans son camping à la ferme, le gîte d'Auvers. Simple mais ultra efficace un petit bonheur de tranquillité.


Musette chaude aujourd'hui pour changer. Sandwich saucisse moutarde avec cornet de frites. Tres honorable, frites pas grasses et bien cuites, saucisse artisanale, le tout arrosé d'un Perrier millésimé.



Belle journée de voyage dans la Normandie touristique du bord de mer et le long de la baie de la Vire, en face d'Utah beach

Aux portes de la Normandie des marais et du bocage


67,28 km

D+ : 316 m


A douma






La gadoue de Jane
Terrain grachoudasse
Arromanches au loin
5

Réveil toujours au frais ce matin.

Pliage de tente et petit déj réglementaires, on repasse par Carentan pour prendre le chemin de halage et s'enfoncer dans le marais de la Taute. On tourne le dos à la mer et on file plein sud.

Bel écosystème modelé par la main de l'Homme avec des hérons cendrés, des aigrettes, perdrix, grenouilles, amphibiens dans les fossés et du bétail dans les parcelles entre les canaux ou sur les champs de fenaison. Des cigognes ont pris leur quartier d'été dans les pâtures et dodelinent à la recherche de mulots et insectes en tout genre.

A Saint Fromont, on sort du marais pour franchir le pont sous lequel coule la Vire que nous allons suivre toute la journée sur plus de 60 km. Ce pont fut long à tomber face à la résistance allemande. Les fantassins de la 29ème division U.S, débarqués à Omaha beach 3 jours plutôt passèrent la Vire mais ne purent aller plus loin faute de ravitaillement et de logistique. Le marais de la Taute fut le théâtre de violents combats. La Vire ne fut franchie sur des canots d'assaut que le 7 juillet, presque un mois après le D-day. Le Génie de l'Infantery americaine établit un pont provisoire et reconstruit celui endommagé par les tirs d'artillerie des deux camps.

Après Saint Fromond, on couleuvre dans la vallée de la Vire que l'on remonte à l'ombre des aulnes, noisetiers, peupliers, sur un chemin en fins graviers. Son niveau en aval est largement entamé par les ouvrages de retenues et les usages de prélèvements.

On rencontre la seule grande ville de la journée, Saint Lô, préfecture de la Manche qui a payé un lourd tribut sous les bombes alliées et qui fut détruite dans sa majeure partie, lui vallant le surnom de capitale des ruines, comme en témoigne encore l'église Sainte Marie.


On reprend le cours de la Vire dont le débit en amont, est plus conséquent, permettant, au niveau de Condé sur Vire, la pratique des randos de canoës, rendant la rivière ludique et exploitée.

On arrive à Pont Farcy après une bonne journée de pédales bien remplie. Aujourd'hui, c'est agréable à l'ombre des 27°c du jour. Enfin, des températures estivales 😊.


Très belle journée nature sur la totalité du parcours. Ça change des 3 jours précédents sur la côte.

Demain également nous serons au coeur du Cotentin avec le prix Henri Desgranges, après la vallée de la Souleuvre.


Musette artisanale avec du bon produit Jean Haget et quelques légumes de saison en croque sel.


80,64 km

D+ 277




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On y croyait dur comme fer à l'arrivée de l'été en allant se coucher, avec une nuit claire et étoilée ... Ben non, la nique carabosse ! Réveil sous le zéph froid et les nuages gris. A croire que l'Office du Tourisme de la vallée de la Souleuvre les a collés là-haut pendant la nuit pour justifier de la réputation climatique de la Normandie ... 🤬. Ceci dit on garde notre 15°c matinal et nos 21° c poussifs du jour au regard de 38°, 40°c dans le Sud-Est et à Gre.

Bon, aujourd'hui prix Henri Desgranges à la côte 302 mais surtout des 💥💣💥 de montagnes russes avec des culards de première catégorie avec gros pourcentages sur plusieurs centaines de mètres. Même pas le temps du réveil musculaire que le premier pétard est allumé. Le temps de retrouver un ryhtme cardiaque décent, on plonge littéralement dans une descente où les pourcentages doivent se situer entre 13 et 15% . De vrais montagnes russes 🎢. Et en suivant, ça nous en remet une derrière les oreilles. Le peloton est au supplice. Faut gérer les montées et le rythme casse pattes. D'autant que le vent ne faiblit pas et que nous sommes caressés par des averses intermittentes. Et bien sûr, dès qu'on enfile les capes de pluie.... ça s'arrête. Après 15 km de ce régime là, soit 1/4 de la distance du jour, on a fait plus de la moitié du dénivelé positif de l'étape.

On arrive au viaduc de la Souleuvre, sur le site d'une ancienne voie de chemin de fer réaménagée et transformée en base de loisirs où l'on peut pratiquer le saut à l'élastique, la tyrolienne bi-place, la luge sur rail, l'accrobranche, le tout offrant une restauration au fond du vallon. Un bon spot pour tout la famille.

On regarde les pecs se jeter d'en haut, attachés par les pieds à un élastique géante. Bien sûr, l'Eurovélo 4 passe en bas du Viaduc et remonte sur l'autre versant. Donc, nous aussi ...

Quelques kilometres plus loin, on fait un stop à la Graverie pour une musette outdoor. Après déjeuner, café au seul bar du village, le Paris Mutuel Urbain. On s'est glissé au chaud et on a regardé la passion pour les courses des 3 habitués et du patron. Il ne manquait plus que feu Omar Sharif, le prince du turf....

Sous le vent et au frais, on enfile la piste cyclable jusqu'à Viré. Ravito pour ce soir et demain midi. Toujours du superflu local ... surtout à Viré...😋.

L'Eurovélo 4 emprunte l'ancienne voie de chemin de fer Viré - Mortain - Fougères, inaugurée en 1887. Elle fut construite par Fulgence Bienvenüe, connu notamment pour avoir construit en deux ans, pour l'Exposition Universelle de 1900, dans le sous-sol de la capitale, un train souterrain appelé Métropolitain et plus connu sous la contraction Métro. Et oui, Montparnasse - Bienvenüe, lignes 4-6-12-13, c'est aussi Fulgence, ingénieur des Ponts et Chaussées et polytechnicien de son état, dans le paradigme du XIX ème, qui pensait que la technique pouvait apporter le progrès à l'espèce humaine. Paradigme qui sous tend également actuellement la croissance dite verte voulue au plus haut poste de l'Etat. La technique va-t-elle nous sauver ? Je ramasse les copies sans 4 heures

En tour cas, merci Fulgence pour ces 9 km de montée à 2 % qui viennent nous finir doucement mais sûrement.

Et arrive le prix Henri Desgranges qui récompense le coureur ayant passé le´point le plus haut du périple. Côte 302 mètres. Faut pas exagérer non plus, ça reste la Normandie quand même ! Pour ceux que ça intéresse et ils sont pas nombreux ..., le signal d'Ecouves avec 413 mètres est le point le plus haut de la Normandie. A quand une arrivée au sommet du Tour, classée en hors catégorie ? 🤔.

Plongée vers Sourdeval où nous attend un vrai palace. Un Pod 4 ⭐️. Surtout quand tu as oublié ce que tu as réservé ...


Douche chaude, plumard confortable, électroménager à disposition, réfrigérateur, le grand luxe quoi ! Et pour le moral, andouille de Vire, camembert au lait cru de chez Bertand Père et fils dans l'Orne, grosse assiette de pâtes sauce tomates/parmesan, car demain + de 75 km pour rallier le Mont Saint Michel. Et avec un Médoc pour faire passer le tout 😊. Après cette belle journée, y avait besoin 🥵.


Depuis le départ, pas mal de voyageurs à vélo croisés. Par contre, dans l'autre sens. C'est pour ça qu'on a le vent d'Ouest/Sud-Ouest dans le tarin ....? 🤔🤭.


Musette artisanale comme hier. Ça fait la maille et des économies, le surplus va dans le jaja 😊.


63 km

D+ : 776 m


A douma la compañia





Viadus de la Couleuvre ( -2 en contrepèterie..)
Des pecs !!!
Prix Henri Desgranges, côte 302 m
7

Brume au réveil et un ciel si bas qu'un canal s'est perdu. Difficile de s'extirper de la douceur du duvet. Départ tardif après avoir profité de ce pod très confortable de Sourdeval.

On reprend l'ancienne voie ferrée de Fulgence, l'homme du Métro, transformée en 2006 en piste cyclable en gravier cendré, qui couleuvre sous les frondaisons pour atteindre Mortain.

On glisse vers Saint Hilaire du Harcoüet. Depuis hier, on croise des champs en pleine moisson avec l'odeur du chaume et de la poussière de blé, des odeurs d'enfance dans la campagne de juillet.

Quelques kilomètres avant la baie, on sort de la forêt pour trouver des prairies d'estuaire. Le paysage change, des moutons apparaissent, on est près de l'embouchure de la Sélune, à Pontaubault.

Au détour de la piste, il apparaît, loin encore, mais posé sur l'horizon, le bout de cailloux millénaire, du haut duquel l'archange Saint Michel embrasse la vue de Cancale à Granville. On longe les prés salés par le sentier pédestre, bien roulant pour nos bourriques chargées, jusqu'à retrouver la piste cyclable qui descend à Pontorson. Halte à la biscuiterie Saint Michel où on fait main basse sur quelques douceurs, permettant de refaire notre glycémie, après cette journée déjà bien remplie.

Crochet au Petit Villeneuve (hein Ben, ça ne s'invente pas) pour nous poser.

Après la crêperie du Couesnon, on retourne au Mont voir les illuminations qui ne sont en fait qu'à l'intérieur de l'abbaye.

Belle ambiance crépusculaire à 23h15 sur le Mont. Retour à la frontale, bien cramés de cette longue journée de pédalage.


Tendidos plus fournis en ce qui concernent les sacocheux. L'attraction du Mont Saint Michel sans doute.


101,7 km

D+ 332 m



A douma

8

Aujourd'hui, jour de repos, pas de sacoches à boucler. Au programme, visite guidée au Mont Saint Michel.

Musette sur le pont barrage du Couesnon, en admirant le site. On s'approche tranquillement en utilisant la navette mais on peut y aller en vélo et garer les biclous contre le granit des remparts du XVème siècle.

On pénétre par la rue principale dans le Mont Saint Michel.

Ce site est un des 4 grands lieux de pèlerinage de l'occident chrétien du Moyen-Age avec Jérusalem, Saint Jacques de Compostelle et Rome.

Tout commençe, selon la légende, par l'apparition en rêve à 3 reprises, de l'archange Michel à Aubert, évêque d'Avranches en 708. Il lui intime l'ordre de construire une église sur le rocher de Tombe, emplacement qu'il occupe encore aujourd'hui. En 709, Aubert a fait le job et consacre une petite église en l'honneur du chasseur de dragon et peseur des âmes afin de décider qui va au paradis ou en enfer ..rien que ça !

Au tournant de l'an mille, en 966, le comte de Normandie, Richard Ier, donne aux moines bénédictins la possibilité de s'installer sur le Mont et de construire une abbaye romane. Elle le sera avec les pierres de granit de l'île de Chausey, donation également aux moines. île connue de tous aujourd'hui sous le nom de Chausey aux moines ...

L'histoire du Mont est lancée. Par dessus, on y rajoute une ou deux reliques de l'archange saint Michel. Si, si des vraies estampillées reliques du Moyen-âge, plus celle d'Aubert avec son crâne troué par l'empreinte du doigt de l'archange, histoire de lui dire qu'il n'a pas rêvé. Deux siècles plus tard, au XIIème, l'abbaye est prospère, reconnue comme haut lieu de pèlerinage, pour sa grande bibliothèque et son rayonnement dans toute l'occident médiéval.

Elle prend son caractère fortifié avec la guerre de Cent ans comme déjà évoqué. Prison sous la Révolution et le Premier Empire, elle ne retrouve sa communauté de moines qu'en 1969 et le site est classé en 1976 au patrimoine mondial de l'UNESCO.

On est donc à l'entrée de ce lieu millénaire. Il y a beaucoup plus de monde que le soir précédent à 23h15. Toutefois, ce n'est pas la cohue générale, l'affluence est supportable dans la commune, redevenue une île depuis les travaux achevés en 2015. En effet, une passerelle sur pilotis y a été construite pour atteindre le pied du Mont, le parking des 2,5 millions de visiteurs annuels se fait maintenant dans les terres, alimentant le Mont par un flux de navettes gratuites, à pied, ou en vélo. Mais surtout, le désensablement de la baie a été rendu possible par le barrage hydoélecrique barrant le Couesnon à son embouchure. Deux fois par jour, six heures après la pleine mer, alors que celle-ci s’est retirée au loin, les portes du barrage sont ouvertes pour libérer le volume d’eau emmagasiné et provoquer, par effet de chasse, le renvoi des sédiments qui s’étaient accumulés à proximité du Mont et menaçaient de l’ensabler.

On bifurque vite à droite, afin d'éviter la rue principale menant à l'entrée de l'abbaye, par des escaliers qui accèdent au chemin de ronde sur les remparts. Il a été construit au XVème, lors de la guerre de Cent ans afin de se prémunir d'une attaque des Anglois, stationnés durant 30 ans sur l'île de Tomblaine en face du mont.

Avec la visite, on découvre les cryptes du Xème, construites sous l'église de l'abbaye et on accéde au niveau des arcs-boutants, à une vue époustouflante, située entre ciel et terre.

On termine la visite avec les autres salles, assessibles en simple visite payante.

On quitte le Mont et sa skyline reconnaissable avec sa flèche élancée, construite au XIX ème par l'architecte Édouard Corroyer, disciple de Viollet le Duc, architecte des Monuments historiques qui fit construire celles de feu Notre Dame de Paris.

On se glisse dans la campagne pour aller voir l'ossuaire allemand du mont d'Huisnes sur mer, situé à quelques kilomètres du Mont.

Après le British Memorial sur les hauteurs de Juno, the Normandy American cemetery and memorial de Colleville sur mer, on boucle la boucle avec d'Huisnes et ses 11956 soldats allemands qui y reposent.

Demain on passe en Bretagne.


Musette locale avec andouille de Vire, camembert au lait cru et pour dessert, financiers de la biscuiterie de Mont Saint Michel. Circuit court, circuit court 😊.


Temps frais, nuageux le matin, ensoleillé l'après-midi. Vent de sud-ouest persistant.


25,3 km

D÷ 32 m


A douma



Cripte des gros piliers
Arcs boutants
9

Tiens, le vent est frais et il a plu. Une certaine normalité climatique s'est installée. On laisse le Petit Villeuneuve et on reprend l'Eurovélo 4 qui remonte vers le Mont. Cligno à gauche pour franchir le Couesnon par une passerelle et nous voilà en Bretagne.

On se juche sur la piste cendrée au sommet de la digue de la duchesse Anne pour traverser les polders à l'ouest du Mont, jusqu'à la chapelle Sainte Anne du XIème.

On suit la côte au plus près pour arriver au fond de la baie dans la zone ostréicole. Le Mont Saint Michel reste en point de mire tout au long de la journée jusqu'à la pointe du Grouin, mais s'éloigne insensiblement à chaque tour de pédales vers le fond de la baie.

Un petit tour dans les terres pour suivre l'Eurovélo 4 qui évite la D155 et Cancale arrive. On reste sur le haut car désireux d'éviter les coups de cul à la remontée du bord de mer cancalais.

On descend quand même pour voir la mer au Port Marie. J'aurais bien fait la Musette au bistrot de Cancale chez Hugo, le fils d'Olivier Roellinger, celui là même qui a fermé volontairement son établissement et rendu ses 3 macarons au Michelin, en 2008.

On remonte pour se diriger vers la Pointe du Grouin, paysage proche de la représentation tel qu'on peut se faire du littoral breton.

Saint Malo n'est plus très loin. On s'arrête à la superbe anse Du Guesclin.

On aborde Saint Malo par les longues plages qui nous mènent ves la cité malouine, visitée en soirée.


Musette normande des jours précédents en terre bretonne.


71,5 km

D+ 314 m


Dernière étape demain pour clore ce périple de la Musette,


A douma



La frontière normando-bretonne
Polders
Sur la digue de la duchesse Anne
La chapelle Sainte Anne
Ligne de moulin sur le littoral avant Cherrieux
Pointe du Grouin au loin
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Bon ben là, pas moyen d'y couper. Averses continues, grains, petit crachin, vent. La Bretagne nous a fait voir un large panel de ces possibilités sur les 40 premiers kilometres d'une étape qui en a compté 51 km. Une belle journée de soleil breton 🤩.

Passage par la cité malouinne avec précaution car les pavés sont mouillés et c'est loin d'être lisse. Comment font ils pour faire Paris - Roubaix à fond de train ???

Départ malouin par les navettes Corsaires pour aller en face à Dinard. Y a pas beaucoup de logements sociaux par là bas ....

On récupère la V3 qui descend sur Saint Méen puis l'Eurovélo 4.

Alternance veste ou cape de pluie. Par contre, chaussures et chaussettes à essorer.

On traverse la Rance sur le Pont Saint Hubert et on file dans la campagne.

Petit coup d'œil au menhir à Champs-Dolent et arrivée à la gare de Dol de Bretagne pour prendre un TER qui nous ramène à Caen, point de départ du périple.


565 km de chemins ou de pistes cendrées pour l'essentiel. Cette portion de l'EV4 est accessible et roulante. Seule l'étape de la vallée de la Souleuvre avec ces gros raidars peut représenter une journée difficile.

2972 m de dénivelé dont 1/3 du D+ sur les 2 étapes de l'intérieur de la Normandie.

Les campings de Graye sur mer, Etréham, Auvert, Pont Farcy et Sourdeval font très bien l'affaire. Le reste à revoir ...


Temps frais pour la saison et humide comme le veut la réputation régionale.

Pour les camemberts, le choix s'est porté sur ceux au lait cru, bien sûr. Quant à l'andouille de Vire ou de Guéméné, je laisse le choix à chacun de se faire sa propre opinion. Cidre, Poiré, Jus de pommes et de poire locaux, on aurait tort de s'en priver.


Merci de m'avoir lu jusqu'au bout, 🙏.


Adishatz mounda,


La Musette



Brises lames sur la plage de Saint Malo
La cité malouinne
Dinard sous les averses
Musette à l'Aquarium, 1 macaron Michelin ? Ben non
Pont Chateaubriand sur la Rance
Pont Saint Hubert
Menhir de Champs-Dolent (9,60 m de haut)