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Miami et la Floride illustrent le mieux ce contraste propre aux Etats-Unis, témoignant tour à tour de l'exubérance de l'American Way of Life mais également de l'incroyable patrimoine naturel du pays.
Septembre 2017
6 jours
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Dans nos perpétuelles rêveries de voyageurs s'il est bien une destination à laquelle nous n'aurions pas pensé, c'est bien Miami. On l'associait à tort à une destination "SpringBreak", loin de la nature et des grands espaces qui nous sont chers. Bref, nous n'y serions pas allés de nous même et voilà qu'un jour, à la suite d'un concours organisé par @MyAtlas et leur partenaire Local Travel Heroes nous obtenions un prix pour notre récit sur la Mongolie, nous offrant une semaine à Miami. Stupéfaction et interrogations, qu'allons-nous faire là-bas ? En préparant notre voyage nous nous sommes rendus compte des multiples opportunités qu'offre la Floride, y compris pour les amoureux des grands espaces. Le récit à suivre sera le compte rendu d'un séjour hélas trop court, à Miami et dans ses environs !

Nous avons décidé de partir courant septembre durant la saison humide qui correspond à la basse saison touristique en Floride. Nous étions logés à Miami Beach, surement le plus célèbre des quartiers de Miami et qui fait face à l'Océan, dans le très agréable Ocean Five Hotel. Le contexte était un peu particulier, sachant que nous étions à quelques jours de la tempête Irma.

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Miami Beach est une île faisant face à Miami, administrativement, c'est une ville distincte de cette dernière mais pour les commodités du récit, nous en parlerons comme un tout. Véritable vitrine de la métropole, elle est aussi un haut lieu de la fête avec ses nombreux bars et clubs sur Ocean Drive, avenue longeant la plage. Cette dernière s'étire sur des kilomètres de sable blanc et est bordée par des eaux chaudes et turquoises.

Emblématiques des lieux, les cabanes de sauveteurs se dressent sur la plage et donnent un côté rétro à l'endroit avec leurs couleurs criardes et leurs formes improbables. Elles sont en activité et renseigneront les baigneurs sur l'état de l'océan, ce qui peut être intéressant à vérifier avant la baignade pour éviter des situations "incommodantes" comme lorsque nous nous sommes retrouvés à l'eau sous un drapeau violet, alertant sur une potentielle "dangerous marine life" (comprenez requins ou méduses).

Mais Miami Beach c'est également le quartier Art Déco, mouvement artistique du début XX eme, caractérisé par la symétrie, les couleurs pastels et les motifs floraux. La principale concentration des bâtiments Art Déco se situe entre la 5th Street et la Lincoln Road, principalement sur Ocean Drive.

Pour en savoir plus sur les mouvements artistiques et sur l'évolution du Design on recommande absolument le Wolfsonian Museum sur la Washington Avenue. Le musée retrace les différents courants artistiques, l'engagement politique des peintres et des designers et expose d'insolites objets du siècle passé. D'intéressantes expositions temporaires sont régulièrement organisées.

En dehors du quartier Art Déco, Miami Beach est une sorte de brassage de styles architecturaux, exutoire à la folie des grandeurs de certains architectes. Etonnamment, l'ensemble apparaît comme plutôt cohérent et donne un certain charme au quartier.

Le soir venu, nous nous sommes vite empressés de délaisser Ocean Drive qui devient assez peu supportable tant on se fait aguicher par les serveurs et que la musique y est assourdissante. En s'éloignant par l'Espanola Way tout aussi bruyante, nous avons trouvé un petit havre de paix au café A La Folie, chaleureuse crêperie bretonne en plein coeur de Miami tenue par des expatriés ! On peut même y manger du vrai roquefort, chose inouï aux Etats-Unis, où nos fromages et leurs règles d'hygiène ne font pas bon ménage.

Miami, est une ville très cosmopolite, composée à 70% de populations immigrées ou issues de l'immigration. Ainsi se côtoient Cubains exilés, Dominicains, Haïtiens, Canadiens à la retraite, le tout formant un melting-pot de cultures. Ici, l'espagnol se pratique quasiment autant que l'anglais et le français a cours dans les communautés créoles. Cette diversité de cultures se ressent tout particulièrement dans l'offre culinaire et il est facile à Miami de manger une cuisine différente chaque soir. Notre coup de coeur revient à Tap-Tap sur la 5th Street, restaurant haïtien où l'accent créole chante tout autant que les épices dans les plats traditionnels.

Pour une pause healthy, on recommande le Juice and Java qui offre un large choix de smoothies, salades et sandwichs, le tout préparé amoureusement avec des fruits et légumes bios (ce qui fait du bien quand il est plus facile de trouver de la JunkFood que des légumes frais).

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Downtown:

Moins pimpant et tonitruant que Miami Beach, loin des apparats et autres artifices, Downtown est le quartier de vie commune et professionnelle des Miaméens, où de gigantesques tours s'élèvent en bord de mer, surplombant les îles privées des riches personnalités du pays. Un pont démesuré rejoint le quartier depuis Miami Beach, illustrant à lui seul l'aménagement urbain "à l'américaine".

Le bus 120 effectue régulièrement la liaison entre Miami Beach et Downtown pour un tarif unique commun à tous les bus de la ville, soit 2,25$. Il est nécessaire d'avoir l'appoint, la caisse automatique ne rendant pas la monnaie.

Les distances étants démesurées, il est difficile de parcourir à pied les quartiers, mais Downtown est sillonné par le MetroMover, petit train automatique aérien et gratuit. La balade permet de contempler les buildings depuis les vitres plus ou moins propres du train. Ce dernier, par moment, emprunte des voies pour le moins insolites, passant dans des immeubles qui se sont construits au dessus des voies, où croisant les autres lignes aériennes dans un inextricable labyrinthe de rails ! Il existe 3 lignes décrivant chacune une boucle d'une amplitude croissante (Inner Loop, Brickell Loop et Omni Loop).

Wynwood Art District:

Une fois à Downtown, il est intéressant de coupler la visite avec celle du Wynwood Art District, ancienne friche industrielle transformée en centre de street art. Pour s'y rendre depuis Downtown, il est possible d'emprunter l'Omni Loop, il faut alors descendre au Adrienne Arsht Center et y prendre le trolley rouge, passant sur le Biscayne Boulevard. Le Wynwood s'étend entre le 20th NW Street et la 29th Street, libre à vous de descendre du Trolley entre ces deux rues.

Wynwood offre une incroyable collection de murals que l'on s'amusera à découvrir au détour de chaque rue, cependant la concentration de fresques les plus remarquables se retrouve au niveau des Wynwood Walls (25th NW Street et 26th NW Street). D'une friche industrielle à un quartier artistique bouillonnant, les lieux se sont énormément gentrifiés et de nombreux bars qui se veulent branchés et peu sympathiques (du moins pour ceux qu'on a fréquenté) ont ouverts aux abords immédiat des Wynwood Walls. A moins d'avoir une adresse sûre, il vaut mieux s'offrir une belle balade et aller manger dans des lieux plus accueillants !

Les lieux sont un incontournable pour les amateurs de Street-Art, y sont exposés certains des artistes les plus en vogue. D'autant plus qu'avec la profusion de galeries d'art, des happenings et autres expositions sont souvent organisés, mêlant Street Art, Pop Art et autres courants !

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La Villa Vizcaya:

Depuis Downtown, il est aisé de rejoindre en métro le quartier de Coconut Grove par la ligne sud du Métro. Le quartier, essentiellement résidentiel est connu pour être le lieu de domicile supposé de Dexter Morgan dans la série éponyme mais son véritable atout est d'abriter la Villa Vizcaya. La demeure, construite début XXème par un riche entrepreneur amoureux de l'art de la Renaissance se dresse fièrement dans d'incroyables jardins. Les lieux ont vu défiler les plus hauts dignitaires politiques du monde lors d'évènements et de conférences organisés en leur sein afin d'assurer le financement et l'entretien de la villa.

Le style architectural de la demeure n'est pas sans rappeler celui de riches palais croisés lors de notre voyage à Sintra au Portugal. La villa, bordée par la mangrove, fait face à l'océan où se dresse une imposante barge en pierre qui servait de ponton d'accostage et de lieu de réception à l'époque faste des lieux. En toile de fond se dessinent les buildings de Downtown marquant un contraste anachronique entre la bâtisse et son environnement.

Si la demeure impressionne par sa somptuosité, on retiendra tout particulièrement les jardins qui s'étirent sur des hectares dans des ambiances et styles différents, le tout agrémenté de nombreux points d'eau. Ce sera l'occasion de croiser la faune locale composée d'oiseaux colorés, de libellules bariolées et de fiers geckos.

Viscaya vous occupera une matinée tout au plus, l'idéal est alors de profiter d'être dans le sud de la ville pour gagner Key Biscayne, une île aux plages de sable fin et faiblement urbanisée qu'il est possible de gagner facilement en bus et pour une somme dérisoire avec la ligne B (laquelle se prend à Brickell, au pied du métro).

La visite de Vizcaya n'est pas donnée, il vous faudra débourser 18$ pour le tarif conventionnel ou 10$ pour les étudiants possesseurs de la carte ISIC.

Key Biscayne:

L'entrée du parc de Key Biscayne se fait par un péage obligatoire pour les voitures et où les piétons doivent s'acquitter d'une taxe de 2$ (impérativement garder le ticket qui pourra vous être demandé). Si vous êtes motorisés, il suffit de continuer sur la route en voiture, sinon, pour les piétons, une très agréable balade est possible via un "sentier nature".

Ce sentier, très bien renseigné, permet une randonnée d'environ 3/4 d'heure jusqu'à la plage en passant par de beaux chemins verdoyants où la faune sauvage règne en maître. Sur ce petit sentier, les lézards de toutes les couleurs fileront dans vos pieds à votre approche, alors que vous regarderez d'un oeil inquiet les araignées gigantesques suspendues au dessus de vos têtes tandis que les aigrettes vous accompagneront d'un pas confiant et nonchalant.

A la fin de cette petite randonnée, on débouche sur un parking, à côté duquel on trouve de nombreux emplacements pour déjeuner (des grills sont en libre-service) et le Lighthouse Cafe, assez bon marché, proposant une cuisine simple et roborative, principalement issue des produits de la mer. Après un petit encas, deux possibilités s'offrent au promeneur, aller flâner sur la plage paradisiaque de Key Biscayne, largement moins courue que Miami Beach, ou aller voir le phare, emblème de l'île.

Le phare, construit en 1825 se dresse au bout d'une allée bordée de palmiers et il est possible de le visiter gratuitement, à condition de ne pas craindre le vertige et la promiscuité. A son sommet, on jouit d'un incroyable panorama sur le bleu de l'océan et sur Miami qui se dessine au loin.

Key Biscayne permet de donner un avant-goût tout à fait appréciable de la richesse de la faune et de la flore locale. Mais il est une destination encore plus envoutante pour s'y confronter et ne pas y passer serait un véritable sacrilège: Les Everglades.

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Attraction emblématique de la région, les Everglades sont également un refuge inestimable pour les amateurs de nature et de photographie animale ! Ce célébrissime parc national s'étend dans le sud de la région et offre une diversité d'écosystèmes impressionnante entre mangrove, marécages et pinèdes.

Chaque écosystème a une faune qui lui est propre et si on associe les Everglades aux alligators, les lieux abritent une biodiversité incroyable, ainsi est-il possible de croiser des panthères de Floride, des crocodiles d'Amérique, des oiseaux rares, des lamantins et des tortues, sans compter les milliers d'insectes chatoyants qui s'y ébrouent durant saison humide ! Notons qu'il y a des périodes plus favorables que d'autres à l'observation de la faune, nous y étions en période humide, ce qui est le moins propice pour apercevoir des animaux (quand bien même, on en a croisé un grand nombre, ce qui laisse présager les incroyables opportunités qu'offre la région à la saison sèche).

La voiture est le moyen le plus simple pour se rendre sur les lieux, même s'il est possible de réserver un tour via des agences spécialisées, on déconseillera l'expérience. Les tours sont très chers et peu respectueux de la faune et de la flore, proposant une sortie en aéroglisseur de 20 minutes avant d'appâter les alligators afin de forcer la rencontre.

Aux Etas-Unis, la voiture est reine, vous trouverez donc de nombreuses agences de location un peu partout. Nous sommes passés par Alamo qui nous est apparue comme la solution la moins onéreuse pour les jeunes conducteurs que nous sommes (la taxe pour les moins de 25 ans oscille entre 25$ et 100$). Nous nous en sommes sortis pour 110$ la journée de location en incluant le plein, le GPS et les assurances.

Les Everglades comptent trois sites principaux, Shark Valley, Royal Palm et Flamingo, disposant chacun d'une entrée propre. Notre choix s'est porté sur Royal Palm qui a le mérite d'offrir une traversée de nombreux écosystèmes, à travers plusieurs sentiers disséminés le long de la route. Si Shark Valley est le lieu le plus réputé pour apercevoir à coup sûr des alligators, les autres sont plus diversifiés en terme de faune et de paysages.

L'entrée dans le Parc des Everglades coûte 20$ par véhicule et est valable une semaine pour l'ensemble des sites susmentionnés. Vous trouverez toutes les informations nécessaire sur le site officiel.

Nous n'avons pas parcouru tous les entiers de Royal Palm faute de temps mais voici ceux qu'on a exploré par ordre de survenance sur la route à partir du centre des visiteurs.

Carte touristique des Rangers du parc. 

Anhinga Trail :

Parcours aménagé sur des caillebotis en bois, d'un peu plus d'un kilomètre, il surplombe le marais donnant la possibilité d'apercevoir plusieurs espèces, notamment l'oiseau qui prête son nom au sentier, l'Anhinga que nous n'avons malheureusement pas pu apercevoir.

A défaut d'admirer l'oiseau rare, nous y avons vu notre premier alligator, paisiblement dissimulé dans la végétation aquatique, ainsi que de très nombreuses aigrettes posant nonchalamment devant l'objectif. L'humidité des lieux attirant de nombreux insectes dont de gigantesques criquets et des belles libellules bariolées. Malgré l'humidité, nous n'avons pas (trop) eu à faire aux moustiques qui sont pourtant réputés hanter les lieux. A défaut nous étions accablés par la chaleur humide qui règne sur les lieux et qui a tôt fait de vous tremper.

Gumbo Limbo:

A deux pas de l'Anhinga Trail se trouve l'entrée d'un sentier tout à fait différent, à travers une végétation luxuriante. Celui-ci est bien plus axé sur la flore que sur la faune, bien qu'il y ait de petits plans d'eau où il est possible d'apercevoir de nombreuses tortues ainsi que de grands oiseaux sombres que nous n'avons pas pu identifier ! Ici aussi, la balade n'est pas éprouvante et il faut compter 20-30 minutes pour arpenter le sentier en comptant quelques petits détours par les points d'eau susmentionnés.

Pa-Hay-Okee Overlook:

Le nom de ce promontoire peut se traduire par "les eaux verdoyantes" en référence au plantes aquatiques qui prolifèrent sur ces landes submergées. A ce stade de la visite du parc, on est face au paysage dominant des Everglades que l'on retrouve jusqu'à Shark Valley.

Encore une fois la balade est ici assez rapide, le parking débouche sur un sentier fait de caillebotis serpentant dans une forêt de cyprès et prenant progressivement de l'altitude jusqu'à déboucher sur une grande plateforme qui surplombe ce paysage. Le lieu est propice à l'observation de la faune, on peut-même (apparemment) y voir les fameuses panthères de Floride.

Les Everglades face aux défis de notre temps:

En dépit de leur statut de parc national depuis 1947, de leur inscription au patrimoine mondial de l'Unesco et de leur classement comme zone humide de grande importance, les Everglades sont plus que jamais menacés. L'urbanisation très rapide de la région et le développement des terres agricoles ont grignoté pendant longtemps les zones du parc. Aujourd'hui, de multiples pollutions guettent le parc, dont celles issues de l'agriculture et du tourisme, alors que le parc ne se remet que doucement de la dernière marée noire laquelle avait profondément affectée les écosystèmes locaux. D'autant plus que face à la recrudescence des phénomènes climatiques qui affectent la région, les zones humides jouent un rôle essentiel pour absorber le trop plein d'eau et d'humidité. Malheureusement, ces zones sont également assez sensibles à la violence des phénomènes, ainsi, Katrina surtout et Irma dans une moindre mesure, ont gravement touché la zone des Everglades.

Bien plus qu'un acte de loisir, visiter les Everglades à une époque cruciale comme la nôtre où le gouvernement américain actuel envisageait il y a peu de couper les subventions aux parcs nationaux, devient un acte quasiment politique. Une visite consciente et respectueuse des enjeux que connait le parc, permettrait de faire valoir l'importance qu'ils revêtent pour l'Homme et la nature.

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C'est sous les cieux chargés de la Floride pré-Irma que nous quittions le pays, alors que les premiers ordres d'évacuations tombaient. Si nous étions rassurés de pouvoir quitter le pays sans encombres, notre départ laissait un goût amer en bouche, celui de l'inachevé. Nous venions de passer une semaine à mille lieux de tout ce qu'on aurait pu imaginer avant notre départ et riche en expériences mais ce n'était pas assez. Dépassés par l'immensité du territoire nous avons dû faire des choix et nous contenter de peu comparé à ce que la région a à offrir, ce qui pourtant, était déjà énorme. Ainsi aurions-nous voulu, comme une sorte de pèlerinage, nous rendre à Key West, où Ernest Hemingway, qui compte parmi nos auteurs favoris, avait l'habitude de s'encanailler. Goûter à la douceur de vivre de cette bourgade bourgeoise bercée par le Gulf Stream. Comment ne pas rêver également d'une virée en hydravion à l'archipel des Dry Tortugas et profiter de la solitude conférée par le cloisonnement océanique. Ou dans un tout autre registre, d'aller se frotter plus longuement à la riche biodiversité des Everglades en tentant l'aventure en kayak dans les chenaux de la mangrove.

La Floride a éveillé en nous des envies à mille lieux les unes des autres qu'il a été difficile de toutes satisfaire. Mais ce voyage, fut d'une inattendue intensité et marqua nos premiers pas sur le sol américain, il nous permit notamment de nous défaire de certains aprioris (et d'en confirmer certains) et constitua une formidable opportunité.