Ville jumelle de Fès et ancienne capitale du Royaume du Maroc, Meknès fait partie des villes impériales du pays tout en étant la moins touristique de ces dernières. Pourtant la ville a énormément à offrir, que ce soit ses quartiers historiques inscrits au Patrimoine mondial de l'UNESCO, la gentillesse de ses habitants ou la tranquillité de sa médina.
La ville ancienne est délimitée par d'impressionnants remparts et on y pénètre par d'imposantes portes richement décorées, la plus célèbre étant sans doute la Bab Mansour, faisant la jonction entre la partie impériale de la ville et la médina.
Dans la médina vous trouverez une ancienne école coranique, la Médersa Bou Inania, certes moins majestueuse que celle de Marrakech mais qui vaut toutefois qu'on s'y attarde, ne serait-ce que pour ses murs décorés de minutieux arabesques.
Les souks de Meknès sont très "reposants" en ce qu'ils sont dénués de rabatteurs, faux guides et autres aguicheurs que vous pouvez croiser à Fès ou Marrakech. Ils en viennent même à être plus authentiques que certains souks touristiques en ce qu'ils sont exempts de tout artifices, ici, vous ne verrez pas ou peu de vendeurs de tapis, de lampes, d'épices, mais des vendeurs de biens de premières nécessités et d'habillement (djellabas, claquettes Nike et sacs de contrefaçon...) , le tout destiné aux marocains !
Vous trouverez près de la la place El Hedim l'ancienne demeure du grand vizir, transformée désormais en musée, le musée Dar-Jamaï que nous vous conseillons de visiter ne serait-ce que pour son agréable patio et la reproduction de la salle de réception du vizir.
A notre grand désespoir, de nombreux monuments étaient fermés lors de notre visite, notamment le mausolée de Moulay-Ismaïl, fleuron architectural et touristique de la ville, l'un des deux uniques édifices religieux se visitant au Maroc.
Un peu excentrés par rapport à la médina se trouvent le palais royal, le grand plan d'eau et les gigantesques greniers de Moulay-Ismaïl. A l'intérieur de ces derniers nous avons particulièrement appréciés les anciennes écuries qui aujourd'hui ne sont plus "que" des arcades à ciel ouvert et à la symétrie parfaite offrant de belles opportunités au photographe.
Point culturel et religieux:
C'est au cours de notre séjour à Meknès qu'a débuté le ramadan, annoncé par de bruyants feux d'artifices et par la liesse générale ! Une date approximative est toujours annoncée mais le ramadan commençant en fonction de la lune on ne sait qu'au moment de son observation quand celui-ci commence. Le calendrier lunaire musulman comptant une dizaine de jours en moins que notre calendrier, le Ramadan se déplace progressivement dans le temps.
Le jeûne doit être observé par tous les musulmans en âge (la puberté en somme) et est strictement respecté dans les pays musulmans, du moins en public, sous peine de prison. Celui commence avec le premier appel à la prière aux alentours de 5 heures du matin pour finir en fin de journée au coucher du soleil. Les musulmans célèbrent alors le Ftour désignant la rupture du jeûne, celui-ci est particulier au Maroc et se compose d'une soupe de tomates et de pois chiches appelée Harira, de pâtisseries au miel et au sésame ainsi que de dattes. Les marocains passent ensuite la majeure partie de la nuit à dîner par intermittence, ce qui se révèle assez fatiguant, expliquant les horaires quelques peu chamboulés en début de matinée et au moment du Ftour.
Après de nombreuses discussions avec des marocains, il apparait que pour eux, au delà de l'aspect religieux, le ramadan est une période festive, de solidarité et de partage, durant laquelle riches et pauvres sont ramenés au même niveau, dans un strict rapport d'égalité, par la faim et la soif. De solidarité car c'est une période, où si le manque peut attiser les tensions durant la journée, quand vient l'heure du Ftour, le partage est le maître mot. Ainsi nous avons vu, à de nombreuses reprises, de marocains s'asseoir ensemble et partager leur premier repas, mais également des scènes bien plus touchantes, où des marocains portaient aux plus démunis vivant à même la rue, de quoi rompre le jeûne et se sustenter par la même occasion. Les relations apparaissent plus vraies durant cette période et malgré les difficultés que cela a pu poser en terme de nourriture et d'ouverture de certains lieux et restaurants nous ne regrettons absolument pas d'avoir voyagé à cette période.
En dehors de Meknès:
La ville de Meknès est également un bon point de départ pour sillonner la région, forte d'un patrimoine historique et culturel important ! Les deux "attractions" touristiques de la région sont les ruines romaines de Volubilis et la ville sainte de Moulay-Idriss. C'est sur cette dernière que nous nous sommes penchés, laquelle est facilement accessible. Moulay-Idriss est une ville sainte vers laquelle se tournent les fidèles ne pouvant rallier la Mecque par manque de moyens ou de temps. C'est en son sein qu'est enterré Idriss Ier, qui convertit le pays à l'islam au VIII siècle.
Si la ville, perchée sur le flan abrupte d'un monticule rocheux, ne paye pas de mine en arrivant le charme opère quand on s'engage dans les calmes ruelles de sa médina. Une première étape consiste à admirer le minaret rond de la mosquée de la ville, le seul du Maroc (tous les autres minarets sont de forme rectangulaire).
L'étape suivante consiste à rejoindre une des deux "terrasses" donnant ces vues emblématiques de la ville. Nous avons bien essayé d'y accéder par nos propres moyens mais les ruelles de la médina sont, plus que partout ailleurs, un véritable labyrinthe, il est donc conseillé de se laisser guider par un local (souvent par les enfants) en échange d'un petit Bakchich (pourboire) de 5-6 dirhams. Arrivé au sommet, on prend le temps d'admirer la ville, élégamment posée sur son pic et ceinte de végétation.
En redescendant de votre promontoire, la dernière étape consiste à s'arrêter à l'entrée du mausolée de Moulay-Idriss , lequel est interdit aux non-musulmans mais dont on aperçoit la cour depuis la rue. Nous ne nous sommes pas plus attardés dans la ville car la chaleur était accablante et que premier jour du ramadan oblige, tous les commerces étaient fermés ! Le même bus qu'à l'aller vous ramènera à Meknès, coût de l'expédition 20 dirhams et d'agréables paysages en tête qui eux, n'ont pas de prix !