Si voyager c’est découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux paysages, la découverte d’un pays passe également par le palais. Bon, mis à part lorsqu’on voyage au Royaume Uni, à moins de considérer les Fish and Chips comme de la gastronomie . Puisque la nourriture est un volet aussi significatif d’une culture, cela m’attriste énormément de voir des touristes dans les pays étrangers se ruer sur des McDo’s ou des restaurants occidentaux, de crainte de se lancer à la découverte d’un met local. Toutefois, il peut parfois s’avérer compliqué de pratiquer ce voyage culinaire en raison d’un régime alimentaire particulier, notamment le végétarianisme, ce qui est mon cas. Je passerai sous silence dans cet article ce qui touche aux intolérances au gluten, au lactose, problèmes que je n’ai pas eu à affronter durant mes voyages.
Les végétariens peuvent déjà avoir du mal à trouver quelque chose à se mettre sous la dent dans quelconque brasserie parisienne alors on peut s’imaginer qu’en voyage cela puisse ne pas être évident, surtout dans des pays réputés comme particulièrement carnassiers. En fait, au fil de mes voyages je me suis rendu compte que dans n’importe quel endroit, il est possible de rester fidèle à ses convictions et pouvoir se passer de manger de la viande ou du poisson et cela même au fin fond de la steppe mongole !
Pour ce faire, il y a juste quelques règles à garder en tête :
Règle numéro 1: demander ! Si au menu d’un restaurant vous n’apercevez rien de végétarien, demandez au serveur s’il est possible d’avoir un plat sans viande. Je vous garantie que dans n’importe quel endroit du monde vous aurez au moins droit à un bol de riz / assiette de pâtes sans un seul morceau de viande.
Règle numéro 2: cuisiner par soi même ! Si vous vous rendez compte que les restaurants proposent que très peu d’alternatives ou alors vous vous êtes lassés de manger constamment du riz / des pâtes / du pain (chose tout à fait compréhensible), alors faites les courses et cuisinez vous même ! L’idéal est bien évidemment de loger dans un appartement ou une auberge de jeunesse qui dispose d’une cuisine, mais, à vrai dire, si vous voulez juste faire des sandwichs, pas besoin d’un tel équipement. En plus, cela peut être une bonne opportunité pour se rendre au marché, qui, selon moi, est un des lieux de vie les plus intéressants à visiter pour découvrir un pays.
Règle numéro 3: contribuer aux achats / cuisine ! Si vous logez chez l’habitant et que celui-ci n’est pas habitué à cuisiner végétarien, faites vous même les courses de fruits/légumes et donnez un coup de main aux fourneaux. Cela peut être en plus l’occasion de faire découvrir à votre hôte de nouvelles saveurs et réciproquement d’en apprendre plus sur la conception des plats/mets locaux. D’autant plus que, comme nous en avons fait l’expérience en Mongolie et au Pérou, une telle activité permet de briser la glace.
Règle numéro 4: expliquer ! Vos interlocuteurs peuvent être très intrigués par votre régime sans viande ni poisson. Ce n’est pas pour autant que vous devez craindre d’être vu comme un snob excentrique ou comme un occidental faisant son difficile. Il vous suffira juste d’expliquer vos raisons (éthique, questions environnementales, questions de santé). Si la barrière de la langue est trop pesante et que vos interlocuteurs ne saisissent pas l’enjeu vous pouvez recourir à l’argument « religion » (qui est plus facile à mimer, vous pouvez me croire, expérience personnelle), en expliquant que vos croyances vous interdisent de consommer de la viande/du poisson. Cela peut être un argument parlant, dans la mesure où des interdits alimentaires se retrouvent dans de nombreuses religions, tels que l’hindouisme ou le bouddhisme (qui, plus qu’une religion est surtout une philosophie de vie)
Règle numéro 5 : ne pas faire le difficile ! Bien entendu, si la gastronomie d’un pays repose essentiellement sur de la viande /du poisson, vous allez devoir vous passer des meilleurs mets et de contenter de choses très simples. Ne refusez pas un quelconque plat végétarien que votre hôte s’est efforcé de vous préparer, même s’il s’agit d’un bol de riz aux choux tout droit sorti de la marmite où mijotait la viande.
Notre imaginaire est souvent nourri de nombreux aprioris sur la nourriture dans certains pays. Mes quelques voyages m’ont permis de définitivement les détruire. Voici quelques exemples tirés de mes propres préjugés et de mon vécu une fois sur place (attention, je risque de vous faire saliver ;) ).
Cliché numéro 1 : « La Mongolie, le pays du mouton ». Certes, le mouton est omniprésent dans la cuisine mongole: dans les raviolis, dans les beignets, dans le pot au feu... Toutefois, le pays n’est pas dépourvu de tout légume. Bien sur, le choix est très limité: il s’agit de pommes de terres, carottes, oignons et choux de toute sorte. A ma grande surprise, j’ai trouvé à Oulan-Bator, la capitale de Mongolie, l’un des meilleurs restaurants végan dans lesquels je n’ai jamais été, « Luna Blanca », qui adaptait à merveille les plats traditionnels mongols, proposant un riche choix de raviolis farcis aux choux et champignons (à la place du mouton), ainsi que de copieuses soupes et des nouilles sautées.
De plus, durant notre séjour chez des nomades, nous avions acheté au préalable quelques légumes au marché. Grâce à cela nous avons cuisiné avec la famille chez qui nous résidions ce qui a été l'occasion d'explorer une version végétarienne des plats mongols !
Cliché numéro 2 : « L’Espagne, le pays de la charcuterie ». Je n’en doute pas, la charcuterie espagnole doit être excellente au vu sa réputation, mais ce n’est pas l’essentiel de la gastronomie espagnole. Les célèbres tapas ne se limitent pas au chorizo et aux croquettes de poissons : il ne faut pas oublier les excellents fromages espagnols, la fameuse tortilla de pommes de terre ou encore le pisto andaluz, sorte de ratatouille épicée.
Cliché numéro 3 : « La Turquie, le pays du kebab ». En fait, je n’ai jamais aussi bien mangé qu’en Turquie. A vrai dire, c’est un paradis pour les végétariens. Au carrefour entre la cuisine méditerranéenne et le monde oriental, la Turquie offre aux végétariens un panel de choix, surtout au niveau de sa carte des mezzés : on y trouve le caviar d’aubergine, les feuilles de vignes farcies, le taboulé… sans oublier quelques plats traditionnels turcs tels que le gözleme, sorte de crêpe/galette farcie au fromage, aux oignons et aux épinards.
Au final, à force de voyager, je me suis rendu compte qu’il peut s’avérer bien plus compliqué de manger végétarien dans une brasserie ou boulangerie parisienne où l’on doit se battre pour un simple sandwich crudités, qu’à l’autre bout du monde, en plein milieu de la steppe ou sur les rives du Bosphore. Voyager n’implique donc pas nécessairement de devoir renier ses convictions. Bien entendu, certains diraient qu’il est dommage de ne pas goûter à toutes les spécialités locales: c’est le choix que personnellement j’ai fait, mais il existe des solutions alternatives comme le flextariannisme (un régime végétarien adaptée a ses envies, ses besoins et les circonstances du moment), le plus important étant de se sentir en accord avec soi-même et ses convictions, même en voyage !
Natalia