Nous voici enfin dans la capitale, Sarajevo ! Cette ville a une histoire tellement riche et complexe que nous avons passé la matinée avec un guide pour la visiter et mieux la comprendre.
La ville est surnommée la Jérusalem européenne car on y trouve quatre confessions parmi les 500 000 habitants. Les bosniaques (70%, musulmans), les bosno-serbes (18%, orthodoxes), les bosno-croates (10%, catholiques) et les autres dont une minorité juive. À noter que je fais un raccourci entre ethnies et confessions, en pratique la réalité est plus complexe que cela. Tout au long de son histoire, de par les occupations slaves, ottomanes et austro-hongroises, la ville a donc souvent été au carrefour de l'Orient et de l'Occident.
On associe souvent Sarajevo à la première guerre mondiale : en effet, c'est sur un pont de la ville que fut assassiné l'héritier de l'empire austro-hongrois, Francois-Ferdinand, par un nationaliste serbe. De là, tout s'est enchaîné en quelques mois par le jeu des alliances, et la première guerre mondiale éclata.
De la visite, nous retenons que la plupart des conflits, que la ville a subits, furent souvent d'origine politique, et non pas religieuse. Les Bosniens se considèrent avant tout comme des slaves (premier royaume de la région avant les ottomans), la question religieuse étant surtout personnelle et privée. La ville est même, sous plein d'aspects à travers les siècles, un modèle de multi-culturalisme et d'ouverture.
Par exemple, les juifs sont arrivés à Sarajevo au XVIème siècle, chassés d'Espagne et du Portugal. L'empereur ottoman les a accueillis, leur refusant uniquement la création d'un quartier juif, afin qu'ils s'intègrent. En remerciement, leur synagogue est exceptionnellement orientée vers Constantinople au lieu de Jérusalem. Les juifs ont représenté jusqu'à 25% de la population avant la seconde guerre mondiale. On remarque qu'il n'y a aucun policier qui surveille la synagogue, et ça se passe bien...
Autre exemple, celui du magnifique hôtel de ville, devenu désormais musée. De style mauresque, on pourrait penser qu'il date de l'époque ottomane. En fait, il a été construit pendant l'occupation austro-hongroise par un architecte tchèque pour qu'il s'intègre bien dans le quartier ottoman de la vieille ville. Détruit pendant la guerre de Yougoslavie, il a été totalement reconstruit !
Les caravansérails (une quarantaine à l'époque, dont un seul subsiste aujourd'hui dans la vieille ville) sont aussi le symbole de cette ouverture. Ces lieux étaient des sortes d'hôtels pour les marchands. La ville étant à la croisée entre orient et occident, tant les marchands de Venise que ceux de Perse pouvaient s'y retrouver. Finalement, l'époque était déjà internationalisée et globalisée 😀
Les musulmans sont aussi assez ouverts, le pays ne connaissant guère d’extrémisme. Ils forment eux-mêmes leurs imams dans la Madrassa Husrevbegova qui en est à sa 480ème promotion annuelle ! Ils évitent ainsi les influences d'autres pays islamiques aux intentions pas toujours claires. La mosquée Husrevbegoca, à côté, est la plus grande de la ville, qui en compte une centaine en tout.
Il est assez agréable de se promener dans la vieille et nouvelle ville avec tantôt l'impression d'être en Orient avec les appels des muezzins, tantôt celle d'être en Europe. C'est réellement dépaysant. Sur la grande place, j'ai repris en photos les anciens en train de jouer aux échecs, ça n'a pas changé depuis ma visite il y a 10 ans 😀
L'après-midi, nous avons visité le musée d'histoire de la Bosnie-Herzégovine, surtout consacré à la guerre de 92-95. Le bâtiment est dans un état de délabrement, encore criblé d'impacts de balles (il se trouve le long de la sniper alley). Mais c'est une visite très intéressante pour comprendre l'horreur du siège de la ville pendant près de 4 ans... Des photos avant et après la reconstruction montrent l'effort qui a été fait depuis la guerre. Partout dans la ville, des plaques au sol commémorent les obus tombés avec des pétales de roses, symbolisant le sang perdu...
On termine la journée au bar d'un hôtel au 9ème étage avec une superbe vue sur la ville ! Que ce soit hier soir ou ce soir, même en semaine les terrasses sont pleines et les locaux sortent beaucoup. La ville est très animée et vivante, bien loin de l'image qu'on peut s'en faire.