Bangalore n'est pas devenu la capitale des startups indiennes par hasard. Comme nous l'a expliqué le fond Aarin Capital, la ville a toujours accueilli un grand nombre d'industries publiques, notamment dans le secteur militaire. Naturellement, les industriels privés ont suivi, comme Bosh, attirés par les professionnels de la ville. Dans les années 90, la ville a prospéré grâce au développement IT offshore en proposant des ingénieurs à coût réduit aux sociétés occidentales (comme la Société Générale, très présente à Bangalore). Enfin, les entrepreneurs qui ont fait fortune dans l'IT ont commencé à financer les jeunes startups. Voilà comment un écosystème se construit, au fil du temps, brique par brique...
Un autre fond de capital risque, Kalaari Capital, nous en dit plus sur cet écosystème. Étonnamment, les startups ne manquent pas de financement en Inde, mais plus de compétences et d'expériences d'entrepreneuriat. On compte environ 7000 startups en Inde, dont 1% environ sont financées par du capital risque. À la différence de la France, ou d'Israël par exemple, le marché intérieur est tellement énorme qu'il y a matière à faire de très grands business sans s'internationaliser. C'est peut-être pour cela qu'on ne connait pas beaucoup de startups indiennes à l'étranger.
Flipkart, la pépite indienne
Ce sont deux anciens ingénieurs d'Amazon qui ont fondé Flipkart. Ils ont commencé par vendre des livres sur Internet en 2007, comme Amazon. Ils sont aujourd'hui leader en Inde, bien devant leur ancien employeur !
On pourrait penser qu'il ne s'agit que d'un copycat, mais un des investisseurs chez Accel Partners (présent à Bangalore) nous explique que c'est plus subtil que cela. Vu le manque d'infrastructures en Inde (paiement, logistique, etc.), Flipkart a non seulement dû copier (et adapter) Amazon, mais aussi Paypal et DHL !
Un sacré challenge donc, qu'ils ont plutôt réussi : l'entreprise emploie désormais 33 000 personnes (dont 20 000 en logistique) et compte plus de 10 millions de clients actifs.
Admission Table pour accéder à l'université
Dans un pays avec des très grandes disparités sociales et un quart de la population qui a moins de 25 ans, l'éducation occupe une place très importante, car c'est le meilleur moyen de s'élever dans la société.
Admission Table est une startup qui s'appuie sur WhatsApp pour proposer un service de mise en relation entre les étudiants et les grandes universités. Tout le monde gagne ainsi du temps en pouvant discuter en ligne avec des conseillers d'orientation, plutôt que de se rendre dans des salons par exemple.
Find Me A Shoe, un cas d'école
Find Me A Shoe est une autre startup rencontrée à Bangalore. La concept : une application pour prendre en photo votre pied, en construire un modèle 3D et le faire correspondre avec le modèle des chaussures que vous souhaitez commander. Vous êtes sûr d'avoir la bonne taille.
C'est intéressant car nous avons déjà vu une startup similaire lors d'un startup-trip à Tel Aviv il y a 3 ans. Si les économies diffèrent d'un pays à l'autre, les idées de startup sont quand même très globalisées.
Mais surtout, malgré une promesse très forte (réduire les coûts d'envoi jusqu'à 60%), il semblerait qu'aucune de ces startups n'ait vraiment émergée. Peut-être car le bénéfice est surtout pour l'e-commercant, alors que la contrainte pèse sur le client : pourquoi perdre 5 minutes avec une app quand on peut renvoyer gratuitement les tailles qui ne conviennent pas
Des p'tits trous, des ptit's trous...
Non, l'Inde a bien passé le cap de la poinçonneuse, mais quand même, il reste une tradition forte du registre papier et du tampon assez incroyable. Partout où nous sommes allés, il faut sans cesse signer des registres, avoir son petit tampon, etc.
On atteint le comble chez Oracle (leader mondial des logiciels de bases de données, je rappelle), où on trouve à l'accueil... un grand registre papier, que tout le monde doit signer ! Et qui sera soigneusement conservé, archivé, oublié 😀 Les habitudes culturelles sont persistantes...