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Entrepreneur depuis une dizaine d'années, voyageur régulier, amateur de photo :)
Carnet de voyage

Découverte de Séoul et Tokyo

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Deux fois par an, l'accélérateur 50 Partners emmène une quinzaine d'entrepreneurs et business angels à la découverte d'écosystèmes startups dans le monde. Fin 2015, nous étions à Séoul et Tokyo !
Novembre 2015
8 jours
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Notre voyage d'étude avait pour objectif de découvrir et comprendre les écosystèmes de start-up, entrepreneurs et investisseurs en Corée et au Japon. Notre voyage comportait deux jours à Séoul suivi de deux jours à Tokyo, mais j'en ai profité pour ajouter deux jours de tourisme avant et après les jours business pour visiter les deux villes.

Urbanisation et trafic dense : bienvenue à Séoul !

C'est ainsi que nous sommes arrivés à Séoul un vendredi en fin de journée. Nous logeons dans un AirBnB très accueillant dans le quartier d'Insadong, bien situé pour aller se rendre sur les sites touristiques. La première sortie est l'occasion découvrir deux particularités de la ville : les grillades et fritures sont omniprésentes dans la rue, tout comme les salles de baseball, souvent en haut des toits d'immeubles !

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Samedi, nous partons découvrir la ville un peu au hasard, depuis les quartiers d'Insadong et Myeongdong notamment. Séoul mélange sans sourciller grandes artères commerciales, gratte-ciel, traditions et temples historiques. Le tout dans un urbanisme intensif pas toujours des plus réussis et qui trahit la croissance très rapide du pays ces dernières décennies.

Notre chemin se poursuit sur un grand marché. C'est confirmé : les coréens raffolent des grillades en tout genre ! Difficile en revanche de mettre un nom sur tout ce que les stands proposent. La rue donne un bon aperçu de ce que la cuisine coréenne peut offrir.

En fin de journée, nous nous rendons au Séoul Lantern Festival qui a lieu chaque année en novembre. Le quartier nouveau de Cheonggyecheon accueille ce festival qui retrace des aspects de l'histoire de Séoul ou de la Corée, à l'aide de lanternes géantes du plus bel effet le long de la rivière Cheonggye.

Malgré une forte affluence, nous sommes surpris par la fluidité de la file d'attente et la discipline des coréens pour respecter le sens de parcours. En bon français, on ne put s'empêcher de réfléchir aux alternatives pour aller plus vite ! Finalement, une bonne heure suffit pour parcourir l'ensemble. À ne pas manquer donc si vous êtes de passage à Séoul en novembre.

Les plus jeunes peuvent déposer sur l'eau une lanterne, qui suivra le cours de la rivière ensuite

Dimanche, après un bon déjeuner traditionnel, nous commençons l'après-midi par le nouveau Museum of Modern and Contemporary Art de Séoul. L'occasion notamment de découvrir la grande installation "bit.all pulse" de l'artiste Julius Popp. Analysant en temps réels les fils d'information du monde entier, cette installation affiche les mots les plus fréquents de toutes langues à travers quatre cascades d'eau. Symbole de la masse d'information éphémère dont nous sommes inondés, de quoi faire réfléchir notre groupe d'entrepreneurs dans les nouvelles technologies !


La journée se termine avec la visite du palais royal de Gyongbokgung. Datant du XIVe siècle, plusieurs fois détruit puis reconstruit, ce palais est accessible depuis une grande porte de Gwanghwamun, surveillée par des gardes en costume traditionnels, assurant une relève régulière. Le palais se présente comme une succession de portes, grandes cours et pavillons, au sein d'un grand parc. L'architecture des bâtiments en bois et le travail de peintures sont particulièrement remarquables !

Le palais royal de Gyongbokgung
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L'économie numérique sud-coréenne est un peu à l'image de Séoul : un ensemble très moderne avec quelques reliques ! Le meilleur exemple étant celui de Naver qui occupe 80% du marché de la recherche avec près de 1,5 Mds de dollars de revenus par an, laissant à Google les miettes.

Et de quelle manière : avec un produit digne du Yahoo! des années 90 ! Les résultats de Naver sont composés de pages statiques, rédigées par des humains ayant sélectionné les contenus pertinents du Web coréens. Vous voulez annoncer sur un mot-clé ? Les enchères sont ouvertes de 8h à 9h puis les résultats figés pour la journée, et vous payez au Coût par Heure ! Inutile aussi d'avoir votre propre blog indépendant, puisqu'il faut payer pour être référencé. Heureusement, Naver propose sa plate-forme de blog, c'est bien pensé.

Paradoxalement, c'est une des forces de la Corée du Sud qui explique en partie la situation. Au début des années 2000, la Corée est en avance sur le haut débit et une large partie du Web coréen se construit en Flash, ce que Google ne peut indexer. Naver prend alors de l'avance en recrutant une armée de référenceurs manuels. Ajoutez à cela une bonne dose de patriotisme économique, et voilà le résultat !

Au delà de son portail façon Yahoo!, Naver est à l'origine de l'appli de messagerie Line (plus de 200M d'utilisateurs !)

On retrouve en Corée du Sud le même mouvement qui incite les gouvernements à fortement aider les start-ups, ici avec le Tech Incubator Program for Startup. Un entrepreneur nous confiera qu'il est relativement facile d'obtenir jusqu'à 800 000€ de prêts de l'état pour une startup. J'ai d'ailleurs découvert un joli terme : les "grantrepeneurs", c'est à dire les entrepreneurs qui courent après les aides d'état...

Si la culture de l'emploi à vie dans un grand groupe (comme Samsung ou LG) est très présente, on trouve tout de même une belle scène startup. Je retiens notamment le service Between, qui permet d'organiser ses discussions, photos et agendas au sein d'un couple. Bien aidée avec ses illustrations attachantes, l'appli est un succès : plus de 2M d'utilisateurs actifs mensuels déjà. À tel point que proposer à une conquête d'installer Between est un vrai engagement. Tout comme la désinstaller n'est pas une décision à prendre à la légère...

Les bureaux de Between affichent des code de conduite bien pensés, illustrés par les mascottes de l'appli

De ces deux jours, je suis reparti avec le sentiment que la Corée du Sud vaut la peine d'être sérieusement considérée lors d'une internationalisation. Nous avions fait une version coréenne de Howrse à l'époque, gérée depuis Paris avec des campagnes Google. Cela me semble clair désormais qu'une aide locale est indispensable pour comprendre et travailler avec les acteurs locaux comme Naver. À la clé, potentiellement 40M d'utilisateurs hyper connectés !

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En matière culinaire, bien que très enthousiaste en arrivant, je suis reparti plus partagé.

La cuisine coréenne offre un grand florilège de légumes qui nous sont assez inconnus en France. Ce fut tant un plaisir pour les yeux qu'un jeu de découverte des goûts. Peu voire pas assaisonnés, ces légumes se mangeaient malheureusement souvent sous forme de Kimchi (marinade très épicée, comme avec le chou rouge), ou accompagnés avec des plats principaux assez relevés.

Plat à partager, barbecue, soupe de poule farci, assortiment de légumes : il y en a pour tous les goûts !

Les repas business qui suivirent furent plus souvent aux restaurants de barbecue coréen. Rien à redire sur la viande et la convivialité de la table, mais c'est un repas très riche, pas évident à digérer quand on est déjà fragilisé par les épices !

Un expatrié français nous expliquera qu'il est fréquent d'inviter un contact professionnel au restaurant de viande, perçu comme plus haut de gamme. Alors que je lui faisais part de mon envie d'un bon bibimbap (plus authentique que celui en kit servi par Korean Air à l'aller!), il m'expliquait qu'il s'agissait plus du déjeuner rapide du midi.

Je fus malgré tout comblé lors du dernier déjeuner dans un restaurant de Gangnam qui nous servit un magnifique bibimbap et bien d'autres mets d'une grande finesse.

Bibimbap signifie littéralement "mélanger du riz", souvent avec du boeuf, des légumes et des oeufs, le tout dans un creuset chaud.

Au final j'ai apprécié la cuisine coréenne mais je pense qu'il me fallait un temps d'adaptation. J'avoue que je n'étais pas mécontent mardi soir de prendre l'avion pour Tokyo, anticipant déjà le poisson cru qui nous attendait !

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Arrivés tard le mardi soir à Tokyo, nous rencontrons mercredi matin un acteur incontournable : SoftBank. Présent dans les télécommunications (accès internet, mobile, portail Yahoo Japan, etc.), SoftBank est aussi connu pour avoir racheté la startup française Aldebaran Robotics, à l'origine du robot Nao.

Pourquoi aller chercher en France une technologie dont on pourrait penser les japonais experts en la matière ? Aldebaran a su apporter à Nao ce qui manquait aux intelligences artificielles froides voire inquiétantes : il perçoit des émotions et crée un sentiment d'attachement avec l'utilisateur. Ce qui rassure et démocratise ainsi ces robots.

Au Japon, Pepper conseille les clients dans les boutiques Nescafé ! On le trouve dans certains Carrefour en France aussi.
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Lors du déjeuner nous rencontrons Gengo qui officie sur le marché du crowdsourcing de traduction. Initialement concentré sur les traductions d'avis de restaurant ou hôtels (avec des clients comme TripAdvisor), Gengo s'intègre désormais dans les outils SaaS de traduction communautaire, en se voyant confié via une API les 20% habituellement restant que la communauté du client n'a pas traduit. Avec un coût au mot débutant à 0,03$ et un temps de traduction de quelques heures par des professionnels indépendants dans 37 langues, Gengo connait un beau succès !

Je troquerai volontiers le midi mon sandwich jambon-beurre contre cette box repas japonaise découverte chez Gengo
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Soyons honnêtes, le suite des visites m'a déçu. La qualité des présentations, la pertinence des projets et la maturité des startups n'étaient pas convaincantes. Même lors de sessions de pitchs organisées par des incubateurs, supposés faire une sélection. Un projet de bouchon de pêche connecté nous aura d'ailleurs entrainé dans bien des fous rires...

Malgré l'image d'innovation que nous avons du Japon, on est loin de la maturité de l'écosystème startup parisien que nous connaissons. Une visite privée au showroom professionnel de Sony nous bluffera en revanche par la qualité des technologies. Comme en Corée du Sud, il semblerait que l'innovation technologique soit plutôt dans les grands groupes qui font encore rêver les jeunes ingénieurs, au détriment des startups.

Nous terminons donc ces deux jours business sur un sentiment mitigé, en se disant qu'on n'est pas si mauvais en France !

Tokyo ne manque pas d'accélérateurs et espaces de coworking. Pour les bons projets en revanche...
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En quelques jours, Tokyo ne manque pas de surprendre. Dans les rues de Tokyo, deux choses frappent rapidement : la ville est très propre, et il n'y a aucune poubelle publique. Pour les parisiens que nous sommes, c'est un mystère... Nous constatons aussi beaucoup d'emplois précaires, comme ces sexagénaires chargés de surveiller les sorties de parkings souterrains pour protéger les piétons.

Puis, ce sont les détails insolites qui attirent l'attention. Quelques exemples :

  • certaines zones de travaux routiers ont des plots Hello Kitty. Vous imaginez des plots Asterix et Obelix sur nos routes ?
  • les hôtels disposent de casiers verrouillés à parapluie
  • certaines salles de réunion ont des galets au sol sous les tables, plutôt agréable à l'usage !
  • les vélos peuvent être rangés automatiquement dans des garages souterrains...

En matière d'insolite, nous serons servis aussi en arpentant la rue Takeshita. Cette rue est célèbre pour accueillir les boutiques de Gothic Lolita, ces tenues prisées par les adolescentes japonaises.

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Le marché au poisson de Tokyo est un incontournable ! Il faut se lever tôt pour assister aux enchères débutant à 5h30, et limitées à 120 places (un guide est conseillé). La soirée de la veille aura eu raison de ma motivation à me lever si tôt, mais pour autant il est possible de venir librement au marché sous les halles et dans le quartier adjacent. La visite vaut le détour !

Ambiance des grands marchés : ruelles bondées, négociations, dégustations pour appâter le client, etc...

Le marché est aussi l'occasion de découvrir à nouveau de nombreuses espèces de poissons et crustacés (et comment ils sont préparés) mais aussi de fruits et légumes. Beaucoup de japonais y mangent aussi sur place, profitant des produits frais.

La visite nous ayant ouvert l'appétit, et bien qu'il ne soit que 10h du matin, on ne résiste pas à se mettre à table. Bien que, nous nous retrouvions dans une salle typiquement japonaise, à manger agenouillés au sol, plutôt déroutant au début ! Malgré ça, je craque pour un bon chirashi. Manger des sushis à base de poisson frais, ça change tout ! Surtout quand ils sont très bien préparés en terme de découpe.

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Avec plus de 13M d'habitants, ce qui frappe rapidement c'est la densité urbaine, et la capacité de la ville à s'étendre aussi en hauteur. Il ne s'agit pas là seulement d'habitation : il est très fréquent d'avoir des restaurants au 10e ou 15e étage d'une tour de 30. Rapidement il faut intégrer cette dimension quand on cherche une adresse !

Malgré la densité urbaine, on ne se sent pas à l'étroit en tant que piéton, comme on peut l'être à Paris parfois.

Symbole de la concentration urbaine, mais aussi de la place accordée au piéton, le carrefour de Shibuya est une expérience en soi. Au milieu de grandes tours couvertes de publicité façon Times Square, les feux des avenues arrivant sur le carrefour passent tous ensemble au rouge, pour laisser les piétons traverser dans n'importe quel sens. Aux heures de pointe, c'est assez amusant de voir la place se remplir et se vider.

Shibuya est un des quartiers les plus animés la nuit.

Dans un autre style, Tokyo mêle beaux parcs, palais traditionnels, temples historiques et gratte-ciel plus hauts les uns que les autres. Le quartier d'Asakusa est l'un d'eux, avec le temple Senso-ji et de nombreux commerces autour de la cuisine et artisanat d'art, idéal pour les cadeaux souvenirs ! À Chiyoda, le palais impérial de Tokyo et le parc de Kitanomaru offrent une belle oasis au milieu des grands buildings.

L'autre façon de réaliser à quel point cette ville est grande et fortement peuplée, c'est de monter en haut de la Tokyo Tower. On pourrait penser à première vue qu'il s'agit d'une simple réplique de la tour Eiffel, mais elle culmine en fait à 333m, soit 7m de plus que notre emblème national.

Cette tour offre une vue imprenable sur tout le port de Tokyo, et donne le vertige tant la ville s'étend à perte de vue dans toutes les directions. Par beau temps il est possible d'apercevoir le mont Fuji qui se trouve pourtant à 100km.

La ville de Tokyo s'étend à perte de vue... Au loin, on aperçoit le mont Fuji.
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Notre dernière soirée à Tokyo commencera par un apéritif au Park Hyatt. À 235m de haut, au 52e étage, le bar du Park Hyatt surplombe les autres gratte-ciel. L'ambiance qui se dégage du bar fut immortalisée dans le film Lost In Translation de Sofia Coppola, avec Bill Murray et Scarlett Johansson.

N'ayant pas vu le film, j'ai profité des 11h d'avion au retour pour le regarder, et on se reconnait facilement dans les anecdotes du film, tant cette ville ne ressemble à aucune autre !

Le bar du Park Hyatt est à voir absolument surtout le soir, la vue vaut bien le prix des boissons !


Après Berlin, Tel Aviv, Londres, New York ou encore Sao Paulo, ce start-up trip ne fut pas des moins dépaysants ! Dix jours intenses et fatigants, mais heureusement je suis adepte des micro-siestes !

Professionnellement parlant, l'écosystème de Séoul m'a semblé plus pertinent que celui de Tokyo, dont j'avais peut-être trop d'attente. La Corée du Sud est un pays à considérer sérieusement pour internationaliser de futurs business.

Du point de vue touristique en revanche, Tokyo est une ville incroyable. L'ambiance et l'animation de la ville, la vie en hauteur, la cuisine japonaise et toutes ses facettes insolites font que je m'y projette plus facilement.

Je garderai un excellent souvenir du voyage et une meilleure compréhension de ces deux économies numériques. Et le sentiment que l'écosystème start-up de Paris en surclasse bien d'autres !

La troupe 50 Partners, en mode professionnel... et en mode touriste ! 😀