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Carnet de voyage

Découverte du Monténégro

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De l'impressionnant massif du Durmitor à la cité médiévale de Kotor, en passant par la riche nature du lac de Skadar, le Monténégro montre des visages bien différents !
Août 2017
8 jours
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C'est en partant de Sarajevo, après avoir passé une semaine en Bosnie-Herzégovine, que nous sommes arrivés au Monténégro. Une fois la frontière passée (via la route M18), nous remontons la vallée de la Piva et arrivons rapidement au barrage du même nom. Le lac, qui s'est formé en amont, est d'un beau bleu turquoise et s'étend sur plusieurs dizaines de kilomètres.

Arrivés à Pluzine, petite ville au bord du lac, nous faisons notre première pause monténégrine. Une bonne nouvelle : le pays utilise l'euro comme monnaie principale, ce qui est bien pratique. Et une impression qui se confirmera toute la semaine : on y croise beaucoup plus de français qu'en Bosnie.

Le Monténégro est le seul pays non-membre de l'UE et utilisant l'euro comme monnaie officielle, sans avoir signé de traité avec l'UE (contrairement à Andorre, etc.). Chose amusante, le Monténégro est candidat bien avancé à l'adhésion à l'UE, et s'ils sont acceptés, ils se retrouveront dans la zone euro, mais sans avoir adhéré au traité de Maastricht. Ils ont trouvé la faille ! 😀

Notre objectif de la journée était de rejoindre Zabljag, station dans le massif du Durmitor. De Pluzine, nous sommes repartis par la petite route P14. Là, ça se corse... On pensait avoir fait le plus dur côté route, erreur ! La P14 remonte le canyon de la Piva et là, mieux vaut ne pas avoir le vertige. La route en épingle, sans glissière, est peu large, on se croise difficilement. Sans parler des épingles en tunnels pas éclairés... On est content quand ça se termine.

Attention, route escarpée ! 
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C'est par un magnifique haut plateau que nous avons fait notre entrée dans le Durmitor. La route est étroite, on ne dépasse pas le 50 km/h, mais c'est superbe. Quelques villages avec des éleveurs de moutons et de vaches occupent la région, et quelques auberges accueillent les touristes, comme à Trsa. Les paysages ne ressemblent à rien de ce qu'on a vu jusqu'à présent, on y resterait bien quelques jours tellement c'est reposant.

Et puis surprise, au détour de la route, le fameux Durmitor apparait devant nous ! On ne savait pas si on le verrait par cette route-là, alors autant dire que nous étions plus que ravis. D'autant plus qu'il était bien éclairé par le soleil à l'ouest, coup de chance.

Le pic de Prutas dans le Durmitor, avec ses stries verticales 

Les plis de la montagne sont impressionnants, quasiment à la verticale. S'en suivent plusieurs pics tout aussi superbes, surtout au coucher du soleil. Le massif est propice à la randonnée, ce que nous avions prévu le lendemain. Voilà près de 9h (avec les nombreuses pauses photographiques) que nous sommes partis de Sarajevo, mais la beauté des paysages nous fait oublier la fatigue. On en prend plein les yeux 😀 Et le soleil couchant donne une atmosphère particulière aux lieux.

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Après l'avoir découvert en arrivant en voiture hier, nous partons explorer le massif du Durmitor en randonnée. Partant de Zabljag où nous avons dormi, nous choisissons une randonnée qui démarre au lac Noir (Crno Jezero). Elle est indiquée de niveau intermédiaire pour 6 heures environ. À notre arrivée tôt le matin, le ciel est dégagé et ce lac Noir est superbe !

Le lac Noir 

Le guide parlait d'un "petit raidillon" vite passé. La bonne blague ! On a fait 3h30 de montée continue jusqu'à notre objectif, la grotte de glace de Ledenica. Après un début en forêt assez raide, les passages dans les pierriers nous ont bien cassé les jambes, et la partie finale relevait plus de l'escalade que de la randonnée.

Arrivés en haut, nous profitons de la vue pour pique-niquer, devant l'entrée de la grotte de glace. En cette fin août il n'y a pas beaucoup de glace mais la température y est très fraîche, moins de 10 degrés, ça fait du bien ! La cavité fait plus de 15 mètres de haut quand même, et la vue en haut est superbe.

La descente semble plus rapide mais prendra presque 3 heures aussi. On se retrouve plutôt dans de belles vallées, avec pas mal d'éboulis glissants sur les flancs de montagne. Il y a beaucoup de grottes en fait en observant bien. On revient à la fin par le même chemin forestier.

Autant dire qu'on était bien fatigués le soir. Nous avons passé une seconde nuit à Zabljag, avant de repartir le lendemain en transition vers la côte.

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Après une matinée repos pour se remettre de la randonnée, on reprend la route vers la capitale du Monténégro, Podgorica, en passant par deux grandes vallées.

La première est celle de la Tara, la même rivière qu'on longeait plus en aval avant de quitter la Bosnie. Sur cette section, la rivière a creusé un véritable canyon, le plus profond d'Europe avec 1300 mètres ! A titre de comparaison, les gorges du Verdon font 700 mètres. On retrouve l'eau d'une grande clarté où les amateurs de rafting s'y donnent à cœur joie. On y a juste trempé les pieds lors d'une pause, mais pas très longtemps, elle est très froide en fait 😀

Le canyon de la Tara

Nous avons remonté la vallée de la Tara jusqu'à Mokjovac, après s'être arrêté à de nombreux points de vue pour observer la Tara en amont du canyon, où elle se trouve être dans une vallée bien plus large. Mokjovac ne présente pas un grand intérêt touristique, si ce n'est observer la vie monténégrine (loin des afflux touristiques de la côte) lors du déjeuner sur une terrasse de la place principale.

Après Mokjovac, nous nous sommes arrêtés au lac de Biogradsko, sur un plateau de la rive droite de la Tara. Les montagnes autour sont jolies mais le lac est très bas en cette fin août. Cela confirme notre sentiment depuis le début de notre voyage en Bosnie puis Monténégro : ces régions sont sûrement plus sympas à faire à la fin du printemps, en juin par exemple. Les températures sont moins élevées et les lacs et chutes doivent avoir plus d'eau !

Le lac de Biogradsko 

Continuant notre route vers Podgorica, nous changeons de vallée pour se retrouver dans celle de la Moraca. On s'arrête d'abord à un petit monastère orthodoxe sur les hauteurs de la vallée, qui porte le même nom que la rivière, Moraca. Le cadre et la vue sont très jolis.

Monastère de Moraca 

La rivière Moraca a creusé un véritable canyon, tout aussi impressionnant que celui de la Tara, même s'il n'atteint que 1000 mètres. Contrairement à la Tara qui rejoint indirectement la mer Noire, la Moraca se jette sur la côte adriatique via le lac de Skadar. Ça tombe bien, c'est là où on va ! La route ne finit pas de tournicoter et même si le temps s'est couvert, c'est superbe.

Canyon de la Moraca 

Bien qu'il s'agisse de la capitale, nous ne resterons qu'une nuit à Podgorica. Elle présente peu d'intérêt pour les touristes, et en plus des orages ont éclaté à notre arrivée, ce qui nous motivent peu pour sortir explorer le centre...

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Après avoir quitté la capitale sous la pluie, nous arrivons au lac de Skadar en profitant de quelques rayons de soleil matinaux. Nous faisons une première pause à Virpazar, où nous prenons un café sur la place du village près d'un petit port très mignon, avant d'aller visiter le petit fort parfaitement restauré. Les importantes pluies de la nuit précédente ont "lavé" le ciel de toutes ses poussières (très visibles au Durmitor) et les photos s'en trouvent encore plus nettes 😀

Sur les hauteurs, la vue sur le lac est magnifique. Nous décidons de prolonger sur la route au sud du lac pour profiter d'autres points de vue, comme celui sur un des monastères au beau milieu du lac, sur un petit îlot.

Demi-tour ! Il est temps d'explorer la partie nord où la rivière et les marécages forment de belles boucles entre les monts vallonnés. Sur le bord de la route, nous nous arrêtons intrigués par un panneau promettant un superbe panorama. Au bout du chemin, nous sommes accueillis chaleureusement par un viticulteur qui nous propose une dégustation de vins avant de nous emmener prendre quelques photos. Nous lui prenons une bouteille de vin rouge (cépage Vranac) puis allons voir si ce n'était pas le plus gros attrape-touristes de la région 😀

Bien nous en a pris ! Au bout de son terrain, le petit chemin nous amène à un superbe point de vue. La rivière décrit une majestueuse boucle autour de la colline. Les marécages en herbe mais aussi couverts de nénuphars sont d'un vert intense.

Les bras du lac Skadar 

Nous reprenons notre route sinueuse en nous arrêtant plus loin observer une autre anse, plus connue celle-là car elle est en couverture de notre guide papier 😀 Nous continuons jusqu'à Karuc, petit village de pêcheurs, puis nous rebroussons chemin. Les paysages sont magnifiques mais nous avons encore beaucoup de route et ces petites routes sont fatigantes.

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À mi-parcours de notre voyage au Monténégro, nous voilà arrivés sur la côte adriatique ! L'ambiance change et on se retrouve parmi les importants flots de touristes profitant de la côte. Cela fait plaisir de voir un beau soleil et une belle mer bien qu'agitée d'ailleurs. À notre surprise, il y a du sable fin alors qu'en Croatie on n'avait vu que des galets. Notre premier arrêt est au village de Petrovac, que le guide décrit comme pittoresque et préservé du béton. Nous n'avons clairement pas la même notion du pittoresque, ou peut-être sommes-nous déformés par les 10 jours déjà passés en Bosnie-Herzégovine et dans le centre du Monténégro.

Pause déjeuner à Petrovac

Plus au sud, nous sommes descendus jusqu'à Stari Bar où nous retrouvons un cadre historique et culturel très intéressant ! Il s'agit d'une ancienne ville fortifiée du Vème siècle assez bien conservée. La ville a été sous tutelle de Venise, puis des ottomans, ce qui explique les mosquées qui s'y trouvent, ainsi que la tour de l'Horloge et un hamam. La cité était un peu loin du littoral, mais proche d'une source qui permettait d'alimenter la ville via un aqueduc.

Côté histoire, le Monténégro a longtemps refoulé les attaques ottomanes, et s'était placé sous la protection de la Serbie et indirectement de la Russie. On trouve donc très peu de mosquées et de minarets (contrairement à la Bosnie), le pays est majoritairement orthodoxe.

Les ruines de Stari Bar 
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En remontant la côte vers le sud, nous faisons d'abord un détour par la ville de Cetinje, l'ancienne capitale du temps du royaume. C'est ainsi surprenant de voir dans cette petite ville montagnarde des palais, ceux du roi Nikola ou celui d'un prince héritier du Monténégro. On y trouve aussi plusieurs belles demeures d'ambassades désormais reconverties. La ville n'a pas été bétonnée pendant l'ère communiste, ce qui la rend autrement plus charmante et intéressant que l'actuelle capitale, Podgorica.

Un des palais de Cetinje, proche du monastère, abrite une immense carte en relief du Monténégro. Les autrichiens la créèrent pour mener l'assaut lors de la guerre 14-18. On y revoit le Durmitor, la vallée de la Tara, le lac de Skadar et nos prochaines étapes aux bouches de Kotor. C'est toujours sympa de retracer son road-trip sur une immense carte en relief 😀

Arrivés à Budva, nous visitons la charmante vieille ville historique appelée Stari Grad. Cernée par des remparts, elle compte plusieurs petites églises et un dédale de ruelles. Au sein de la vieille ville se trouve encore la citadelle, avec une superbe bibliothèque, une terrasse et les remparts qui offre une vue sur la côte adriatique.

Budva n'est pas sans rappeler Dubrovnik avec les ruelles pavées et lustrées sous le pas des touristes, bien que moins imposante dans l'ensemble. Si la vieille ville est bien restaurée et préservée (exceptées les nombreuses climatisations sur les murs...), le reste de la ville est très bétonné, et assez huppé avec la grande marina et les clubs proches de la plage.

Stari Grad, à Budva 
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Aujourd'hui, on quitte la station balnéaire bondée de Budva pour retrouver un peu de calme dans la péninsule de Lustica. Cette péninsule se trouve juste au sud de l'entrée des bouches de Kotor.

La promenade commence avec la réserve ornithologique de Solila. Ce sont d'anciens marais, où la nature est protégée. Deux tours d'observation permettent de bien profiter du lieu, et d'observer la faune. Avec tout le bétonnage touristique de la côte, ça fait plaisir de voir quelques endroits préservés malgré tout.

La réserve de Solila 

Plus loin, au petit village de pêcheurs, du nom de Bjelila, on croise quelques vacanciers qui se baignent dans une eau limpide et calme. La côte fait face au détroit de Verige, fin couloir d'eau donnant accès à la baie de Kotor. Nous prenons un peu de hauteur jusqu'au village de Zabrde. De là-haut, on aperçoit la baie d'Herceg-Novi ainsi que le détroit de Kumbov.

La route redescend ensuite jusqu'au charmant port de Rose. Il est vraiment au bout de la péninsule, il faut être motivé pour y aller mais on est bien récompensés. Nous nous arrêtons déjeuner en front de mer. Depuis que nous sommes de retour sur la côte, on mange du poisson ou des fruits de mer à chaque repas quasiment. Grillés, en salade ou en risotto, selon l'humeur du jour 😀

Le petit port de Rose

L'après-midi, on se pose dans la baie d'Arza. Tout au bout, se trouve un ancien fort du même nom, d'où on peut observer le fort de Mamula. Encore plus loin, la forteresse de Prevlaka à la pointe de la Croatie, contrôle les terres au nord de l'entrée des fjords de Kotor. La crique d'Arza est idéale pour aller se baigner dans l'eau très claire de l'adriatique car il y a de nombreuses petites plages (de galets, certes) peu fréquentées, avec une belle vue sur l'entrée des bouches de Kotor.

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Après une nuit dans la vieille ville de Kotor, nous partons au petit matin explorer cette citadelle très bien conservée. On recommande d'ailleurs de faire la visite le plus tôt possible, quand les ruelles sont encore calmes et paisibles. Dès la fin de matinée, les paquebots de croisière débarquent un grand nombre de passagers et la ville se remplit à vitesse folle.

Cette ville fortifiée est riche en architecture et rappelle en cela Dubrovnik. Sa particularité est d'être située tout au fond des fjords de la région, qui sont en forme d'enclume d'ailleurs. Comme Budva, la cité a énormément souffert d'un tremblement de terre en 1979, et fut largement reconstruite. Le Musée Maritime permet de comprendre l'histoire de la cité à travers l'histoire de ses marins, racontée avec de nombreuses maquettes de bateaux et des vases et mobiliers rapportés au fil des expéditions.

Nous grimpons ensuite sur les remparts qui mènent jusqu'au fort qui protégeait la ville, en haut de la montagne. La vue est superbe sur la baie. En redescendant, il y a déjà beaucoup trop de monde à notre goût, et il est temps pour nous de reprendre la route.

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Nous nous arrêtons le midi à Perast, un petit village charmant avec ses beaux hôtels particuliers, appelés ici palais.😀 Leur spécificité : ils ont chacun un petit port juste devant, des petites embarcations y sont amarrées et les touristes y sont allongés sur leur serviette. Nous grimpons aussi en haut du clocher. L'escalier ne nous met pas trop en confiance mais la vue est splendide de la haut. Le village est très agréable : pas de voiture et beaucoup moins de monde !

Après un déjeuner face au détroit, qui permet de rejoindre la mer, nous nous sommes posés sur un petit quai pour nous baigner : comme il y a peu de plage, on se baigne n'importe où ! Après deux semaines de road trip intense dans les Balkans, ces derniers jours on profite des baignades 😀

Baignade dans les bouches de Kotor 

Notre voyage se termine à Herceg-Novi, à l'entrée des bouches de Kotor, et aussi en face de Rose, le petit port de la péninsule de Lustica. Nous logeons dans l'ancienne gare de la ville, qui se trouve avoir été rénovée et décorée par le cinéaste yougoslave Emir Kusturica.

Le lendemain, nous montons à la vieille ville fortifiée avec ses deux bastions. L'un deux sert d'ailleurs pour des spectacles, avec une vue magnifique sur la baie. L'ambiance du Stari Grad (vieille ville) d'Herceg Novi est résolument plus authentique et donc moins touristique, que les autres cités, que nous avons eu l'occasion de visiter ces derniers jours. De la haut, on profite d'une belle vue sur la baie.

Une autre bonne façon de découvrir les bouches de Kotor est de les parcourir en kayak de mer ! C'est parti pour un bon moment à l'assaut des vagues, qui sont assez grosses ici d'ailleurs. Il faut dire qu'on est juste en face de l'embouchure, donc évidemment, beaucoup moins protégés, qu'hier à Perast. Nous avons longé la côte rocheuse et redécouvert à nouveau la vieille ville sur les hauteurs, mais vue depuis la mer. S'en suit une dernière bonne baignade dans les eaux claires et turquoises de l'adriatique 😀

Dernière baignade dans les bouches de Kotor 
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Ainsi s'achève notre semaine au Monténégro et notre périple dans les Balkans. Depuis Herceg-Novi, nous avons rejoint Dubrovnik en Croatie, où nous avons rendu notre voiture et pris l'avion pour Paris.

Le Monténégro présente des visages bien différents sur un petit territoire. Si les baignades des derniers jours furent bienvenues, je dois dire que j'ai préféré l'intérieur du pays. Moins touristiques et plus authentiques, la région du lac de Skadar et surtout le massif du Durmitor furent vraiment dépaysants. Bien sûr, les bouches de Kotor sont magnifiques et immanquables, mais on aurait tort de rester sur la côte, sans découvrir les autres merveilles du pays.