Nous nous réveillons bien reposés après nos 10 kilomètres de marche de la veille. Nous descendons prendre notre petit déjeuner. Le buffet est bien garni et très appétissant, notamment les madeleines, un vrai régal !
Petit déjeuner de l‘Ibis Munis du plan de la ville mis à disposition à l’hôtel, nous partons à pied rejoindre le point le plus proche du circuit pédestre qui va nous faire découvrir le riche patrimoine de Troyes.
Troyes est une ville très ancienne. Son site fut occupé bien sûr depuis la Préhistoire, mais les premières traces remontent à une tribu gauloise, les « Tricasses » qui acceptèrent l’occupation romaine, Troyes s’appelle alors Augustobona. La ville s’est agrandie au fil du temps, les Comptes de Champagne y construisirent un château-fort au XI°s sur les fondations d’un amphithéâtre gallo-romain. La prospérité de Troyes vient notamment des foires de Champagne instaurées par le Comte Thibaut II au XII°s, qui virent la ville se transformer avec de nouvelles rues et quartiers, que nous pouvons encore voir aujourd’hui. Mais c’est surtout la période des XVI-XVII et XVIII°s, qui fut très florissante pour la ville de Troyes, qui devient la cinquième ville du Royaume de France grâce au commerce florissant, aux industries textiles, tanneries, papeteries et imprimeries, et ce malgré l’incendie du 24 mai 1524 qui détruisit un tiers de la ville. Troyes devient également célèbre dans le domaine des arts (architecture, sculptures et vitraux). Son ascension se poursuit au XIX°s, grâce à la révolution industrielle, devenant la capitale de la bonneterie et de la maille.
Voilà pour ce bref résumé de la riche histoire de cette ville. Nous entrons dans la ville par Le Petit Louvre. Adossée au premier rempart de l’antique cité, près de la porte sud, cette ancienne maison de chanoines date du XIIIe s. L’hôtel du Petit Louvre fut occupé par d’illustres personnages, dont Jeanne d’Arc en 1429. Aux XVIII° et XIX°s, la famille Bourliet de la Prairie y installe un grand relais de poste : les diligences qui passent par le portail de la rue Linard-Gonthier rallient alors Paris en une seule et dernière étape, de vingt-quatre à trente heures.
Hôtel du Petit Louvre La Cathédrale
La première cathédrale fut édifiée au V°s par l’évêque saint Loup. Presque totalement détruite en 890 quand les Normands incendient Troyes, elle ne fut reconstruite qu’à la fin du X°s, après une longue période de troubles, dans le style roman. Mais un nouvel incendie ravage une grande partie de la cité en 1188 et cette deuxième cathédrale est gravement endommagée. Elle fut reconstruite encore plus grande, dans le style gothique cette fois, à partir de 1198. La longue construction (près de 400 ans) fut interrompue par la Guerre de Cent Ans (1337-1453). A l’extérieur, nous pouvons voir aujourd’hui une cathédrale grandiose certes, mais avec une seule Tour. Il s’agit de la Tour Saint Pierre (1634). La Tour Saint Paul ne sera jamais élevée en raison d’une crise de la foi et d’un manque de financement. De 114 m de long et 28,50 m d’élévation, c’est l’une des plus célèbres de France pour son élégance, la qualité de ses sculptures, de ses œuvres peintes, de ses tapisseries et tout particulièrement de ses vitraux classés (1 500 m2 = l’équivalent de deux terrains de handball). Elle recèle un autre joyau : son trésor, un coffret byzantin en ivoire pourpré datant du XI°s. Cet objet faisait partie du butin rapporté de Constantinople par les croisés en 1204. Outre une très belle collection d’émaux médiévaux, le trésor recèle une autre pépite : la châsse de saint Bernard qui abrite les reliques (son crâne et un fémur) du père spirituel des templiers. Des pèlerins se pressent de toute l’Europe pour venir prier et se recueillir devant les ossements du fondateur de l’abbaye de Clairvaux. C’est dans cette cathédrale qu’est juré en 1420 le «Honteux Traité de Troyes» qui donne la couronne de France à Henri V d’Angleterre. Le 10 juillet 1429, dans ce même lieu, Jeanne d’Arc obtient l’allégeance de la ville au jeune Charles VII pour « bouter les Anglais hors de France », comme le signale une plaque au bas de la tour. De cette même tour s’est envolé en 1536 Denis Bolori, horloger troyen d’origine italienne qui avait mis au point des ailes articulées grâce auxquelles il s’est maintenu dans les airs plusieurs minutes, avant de s’écraser à 1 km vers l’est, à Saint-Parres-aux-Tertres. Un pionnier méconnu de l’aéronautique !
La Cathédrale Saint Pierre Saint Paul Intérieur de la Cathédrale Saint Pierre Saint Paul Musée d’Art Moderne Nous arrivons derrière la Cathédrale et entrons dans le square des Trois Godets (du nom d’un ancien hôtel à l’enseigne des Trois-Godets ) en empruntant une petite voie pavée. Cette voie recouvre un ancien petit ruisseau « ru », qui bordait la première enceinte de la cité gallo-romaine d’Augustobona Tricassium. Au XV°s, des abattoirs (ou massacreries, tueries ou écorcheries) se sont installés le long du cours d’eau. C’est en 1836, qu’il fut recouvert lors de la construction de l’Hospice St Nicolas.
Square des Trois Godets et maison du XVII°s L’ancien « hôpital Saint-Nicolas », créé en 1157, est considéré comme étant le premier de la ville. Il accueillait les pauvres, veufs, les personnes âgées et les orphelins. A partir de la fin du XVIII°s sont également hébergés les enfants de tous les autres hôpitaux pour y apprendre un métier.
Ancien hospice Saint Nicolas Nous poursuivons le circuit vers l’église Saint-Nizier, fermée à cette période de l’année.
Saint Nizier est un évêque de Lyon très vénéré dans la région, mort en 573. En 582, l’église Saint-Maur change de nom pour devenir l’église Saint-Nizier où sont déposées les reliques.
Église Saint-Nizier (XVI°s) A côté de l’église, se trouve la « Maison du Dauphin ». C’est l’une des plus anciennes maisons de Troyes (1472). Son nom vient peut-être du fait que le propriétaire de la maison, un drapier-tisserand, aurait fait commerce avec la maison royale.
La Maison du Dauphin Nous passons devant une maison abandonnée avec un arrêté qui pique notre curiosité. C’est la Maison du Pont Ferré (construite avant 1550) au 36 rue de la Cité. C’était une manufacture de tissu. Les portraits sculptés sur les poutres représentent les propriétaires des lieux, comme il était coutume de le faire au Moyen Age. Cette maison tient son nom du droit de péage que percevait l’évêque jusqu’en 1530 sur les fers des montures qui traversaient le pont tout proche.
Maison du Pont Ferré (regardez la date de l’arrêté !)Les maisons troyennes en bois, sont très bien conservées et restaurées. Nous y découvrons de nombreux détails dans leurs poutres.
En retournant vers le centre de Troyes, nous retrouvons la Cathédrale et le Musée Saint Loup du nom de Saint Loup (383-478), évêque de Troyes, qui a sauvé la ville menacée de pillage par les hordes d’Attila, roi des Huns, en 451. L’ancienne abbaye édifiée en son honneur est détruite vers 887 par les invasions normandes, mais reconstruite en son emplacement actuel aux XVII° et XVIII°s, puis agrandie aux XIXe et XX°s. Le musée Saint-Loup est de type « encyclopédique » et abrite des collections très variées : beaux-arts (peinture, sculpture, arts décoratifs, mobilier), archéologie et histoire naturelle.
Musée Saint Loup Tout au long de notre promenade, nous prenons conscience du patrimoine très riche de la ville et de la quantité de personnages illustres qui y ont séjourné, comme Napoléon Bonaparte. Au 61, rue de la Cité, se trouvait une très ancienne hostellerie du XV°s où Napoléon Bonaparte y séjourna quand il était élève à l’école militaire de Brienne (à une quarantaine de kilomètres de Troyes). Il n’en a pas gardé un bon souvenir, car le 23 avril 1805, quand il passe par Troyes pour se rendre à Rome pour se faire couronner Roi d’Italie, il en dit ceci : « J’y ai couché plusieurs fois en allant à Brienne, mais jamais je n’ai pu y fermer l’œil à cause des punaises qui infestent votre ville de bois… Il faut absolument prendre les moyens de la rebâtir en pierre. ». Outre Napoléon, sont également venus Montaigne et Voltaire !
Ancienne auberge au 61, rue de la Cité Le circuit nous fait passer à côté de la Maison d’arrêt dans le quartier des Cordeliers (du nom de l’ancien couvent des Cordeliers), où une prison fut établie au Moyen Âge dans le donjon de la Tour du château féodal (XI°s), qui s’écroula en 1525. C’est à cet endroit, appelé au Moyen Âge « carrefour des Malheureux » qu’on y lisait la sentence des condamnés. Quant au couvent franciscain (1259), il servait également de lieu de d’assemblée des bourgeois avant la construction de l’hôtel de ville (1673). Puis, il abrita la première bibliothèque ouverte au public à Troyes, l’une des plus anciennes de France, grâce au don du chanoine Jacques Hennequin (1575-1661) qui lui lègue sa bibliothèque de 3987 volumes, à condition que ceux-ci soient mis à la disposition de «tous ceux qui désireront entrer... les lundis, mercredis, vendredis de l’année». Malheureusement quantité de ces volumes ont disparus ou ont été détériorés.
Maison d’arrêt Après ce moment « sombre », nous voici devant l’ancien Hôtel Dieu éblouissant d’or ! Il fut fondé au XII°s par le comte Henri Ier le Libéral (1125-1181) et totalement reconstruit au cours du XVIII°s. C’est l’un des plus vastes de France. Les locaux sont alors distribués selon leurs fonctions : salle des hommes, salles des femmes, chapelle et apothicairerie. La grande cour d’honneur est fermée par une magnifique grille de style Louis XV exécutée en 1760 par Pierre Delphin, maître-serrurier de Paris, et classée Monument historique.
Hôtel Dieu – Apothicairerie Nous empruntons la rue du Paon, qui correspond probablement à l’emplacement de la demeure de Rachi (1040-1105). Rachi, ou rabbin Chlomo ben Itshak (Salomon fils d’Isaac), fonde à Troyes au XI°s une célèbre école talmudique. C’est le plus important commentateur de la Bible hébraïque et du Talmud (recueil de décisions et lois de la tradition juive consigné et commenté par des rabbins).
Rue du Paon Nous débouchons sur le Quai Dampierre près du théâtre de Champagne et le « Cœur de Troyes », le nouvel emblème de la cité. Cette dentelle d’inox a été conçue par un couple d’artistes aubois (Michèle et Thierry Kayo-Houël) et fabriquée dans une usine troyenne (Sotralinox).
le Cœur de Troyes canal de la Haute-Seine et les « cadenas d’amour » L’heure du déjeuner a sonné, et c’est peu dire dans cette ville aux dix églises ! Il nous faut trouver un petit restau sympa pour recharger les batteries avant de continuer notre circuit. En approchant du quartier des Halles, il y a de plus en plus de restaurants, mais aussi de plus en plus de touristes ayant la même idée que nous.
Marché des Halles Saint-Rémy L’Hôtel de ville
Coin des restaurants Nous nous installons finalement au restaurant « Tout simplement » pour y déguster la fameuse andouillette de Troyes.
L’église Saint Urbain fut construite à l’emplacement de la maison d’un savetier troyen en 1261, père de Jacques Pantaléon (né en 1185), plus connu sous le nom de Pape Urbain IV. C’est lui qui décida de la construction de l’église à cet endroit, où il voulait être inhumé, mais il reposa dans la cathédrale Saint-Laurent de Pérouse de 1264 à 1935, où les restes d’Urbain IV furent transférés dans l’église. Pour la petite histoire, il y eut quelques soucis sur le chantier de l’église, et ceux-ci provoqués par les sœurs de l’abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains, mécontentes de voir une nouvelle église se construire sur leur juridiction. Elles iront jusqu’à rosser les ouvriers et saccager le chantier ! Consacrée en 1389, la collégiale Saint-Urbain reste inachevée jusqu’en 1905. Et ce n’est qu’en 1964, qu’elle est consacrée basilique. Cette basilique magnifique est appelée « le Parthénon de la Champagne », c’est un chef-d’œuvre de l’art gothique par ses superbes proportions, ses dentelles de pierre et ses immenses verrières. Les vitraux datent de 1270 environ (restaurés en 1992 par les ateliers troyens Le Vitrail).
Basilique Saint-Urbain Les gargouilles de la basilique Saint-Urbain Au croisement de la rue Champeaux et le rue Paillot de Montabert dans le quartier Saint Jean, une tour attire notre regard. Cette jolie maison à pans de bois est en 1964 la première maison rénovée dans le centre historique de Troyes. Elle fait figure de symbole pour tous les amoureux de la ville : elle devait être rasée et seul un long combat mené par les défenseurs du patrimoine historique local permit de la sauver. Elle doit son nom de « Maison du Boulanger » à la profession de son premier propriétaire. La « Tour de l’orfèvre » quant à elle, vient des orfèvres installés dans ce quartier aux XVI° et XVII°s. L’un d’eux, François Roize, fait construire la maison à l’angle opposé de la place entre 1578 et 1618. L’espace est si convoité à cet endroit qu’il fait placer son escalier en encorbellement, dans une tourelle aux étages et au toit conique recouverts d’ardoises losangées, soutenue par deux cariatides et un atlante.
La Maison du Boulanger et la Tour de l’orfèvre Derrière une grille, nous apercevons une belle bâtisse qui détonne un peu entre les maisons à colombages de bois. Il s’agit de l’hôtel Juvénal des Ursins, de style Renaissance, ayant appartenu depuis le début du XV°s à une grande famille troyenne de drapiers et de magistrats, les Jouvenel, anoblis sous le nom de Juvénal des Ursins. Parmi les seize enfants de la famille, Jean, archevêque de Reims, participe à la révision du procès de Jeanne d’Arc, et Guillaume (1401-1472), est chancelier des rois de France Charles VII puis Louis XI ; Jacques est le commanditaire d’un célèbre manuscrit richement illustré de miniatures : le Mare historiarum de Giovanni Colonna (conservé à la Bibliothèque Nationale de France). L’hôtel est reconstruit en pierres blanches après le grand incendie de 1524.
L’Hôtel Juvénal-des-Ursins Nous empruntons des ruelles très étroites ou plutôt des ruettes, où les rayons du soleil n’arrivent pas à passer et arrivons par la ruelle des chats au jardin Juvénal des Ursins. La visite est libre. Cette rue est ainsi nommée parce que, dit-on, les chats peuvent sauter d’un toit ou d’un grenier à l’autre tant les maisons sont à deux doigts de se toucher. Des étais les empêchent d’ailleurs de basculer complètement l’une vers l’autre.
Jardin Juvénal des Ursins La ruelle des Chats débouche sur l’hôtel de Marisy en pierre depuis le grand incendie de 1524. Il appartenait à Claude de Marisy, Maire de la ville de 1522 à 1528.
Hôtel de Marisy L’entrée de l’église sainte Madeleine se trouve dans la rue de la Madeleine entre les maisons à colombages à côté d’un petit jardin, le Jardin des Innocents, implanté sur un ancien cimetière du XII°s. Il s’agit certainement de la plus ancienne église de Troyes. Son édification remonterait à 1120, mais elle est reconstruite vers 1200 dans le style gothique qui vient d’apparaître en France. En partie rénovée dans le gothique flamboyant vers 1500 et en style Renaissance vers 1525, elle cumule harmonieusement différents styles au fil des ans. Mais ce qui est le plus remarquable, c’est le jubé de pierre, une tribune en pierre entre la nef et le chœur pour porter une chorale et/ou des officiants s’adressant aux fidèles (seuls quelques édifices religieux en France ont conservé un jubé). L’Histoire raconte qu’il a été créé par Jean Gailde, évincé dans le projet de la Cathédrale de Troyes et qui s’est alors surpassé pour créer la dentelle de pierre que l'on peut découvrir aujourd’hui.
l’ancien cimetière situé à droite de l’entrée (aujourd’hui Jardin des Innocents Église Sainte Madeleine Au XI°s, Troyes abrite une communauté juive prestigieuse qui voit naître une figure emblématique du judaïsme : Salomon fils d’Isaac, Rachi, célèbre rabbin troyen du XIe siècle, commentateur par excellence des textes sacrés du judaïsme. Alors que le français est une variante du champenois ancien et une langue encore balbutiante, Rachi traduit les termes difficiles ou techniques de l’hébreu biblique en langue d’oïl (ancien français du Moyen Âge). Rachi fonde en 1070 à Troyes une célèbre école talmudique, où l’on étudie les textes sacrés du judaïsme. Ses commentaires font encore autorité de nos jours.
Synagogue et Maison de Rachi Nous entrons dans le Quartier Saint-Jean. C’est dans ce quartier que se tiennent plusieurs fois par an, dès le XII°s, les célèbres Foires de Champagne, assurant un grand essor à la cité. Les négociants viennent de toute l’Europe. Des produits drapiers de toutes sortes y sont vendus : laine, soieries et teintures. Les tailleurs de pierre et les tricheurs (poseurs de torchis), les charpentiers et les menuisiers échangent leurs techniques. On trouve des bois précieux, des fourrures ou des animaux vivants, du parchemin (supplanté à partir du XIVe s. par le papier, fabriqué à base de chiffons).
Quartier Saint-Jean Nous arrivons sur une place, la Place Jean Jaurès, riche en évènements. En effet, cette place a servi à exécuter les condamnations. Il y avait deux piloris au XVI°s pour « exposer » les délinquants face au public et pour les criminels, une potence pour les pendre. A la Révolution française, elle fut remplacée par une guillotine pour rendre les exécutions capitales moins cruelles !
Place Jean Jaurès Église Saint Nicolas (1678) Rue de Turenne, nous passons à côté d’un bâtiment de style Renaissance, l'hôtel des Chapelaines. Il date d‘après le grand incendie de 1524 quand Nicolas Largentier reconstruit l’hôtel de Clairvaux des moines cisterciens. Il lui donne le nom de son château de Chapelaines (dans la Marne). D’illustres hôtes y ont logé, dont Louis XIII en 1629, l’empereur d’Autriche François II, le tsar Alexandre en 1814.
Hôtel de Chapelaines L’hôtel de Vauluisant est l’un des rares édifices en pierre de la ville de Troyes du milieu du XVI°s. Il tire son nom d’une maison refuge qui se tenait à son emplacement et qui appartenait à l’abbaye cistercienne de Vauluisant, dans le département de l’Yonne. Il présente une riche façade typique de l’architecture Renaissance. La ville l’a acquis en 1932 pour y faire un musée : le musée d’Art Champenois et le musée de la Bonneterie.
Hôtel du Vauluisant L’église Saint-Pantaléon fut construite en bois en 1189 pour honorer le martyr Pantaléon (selon la légende, on lui a cloué les mains sur la tête à Rome en 304). Peu avant l’incendie, elle fut reconstruite en pierre, ce qui ne la protègera pas des flammes. Sa construction reprit et se termina en 1740.
Saint-Pantaléon Et nous voici dans une rue très commerçante dans le quartier de Vauluisant. Historiquement, c’est dans ce quartier que les riches bourgeois étaient installés, le plus près possible des places animées des Foires de Champagne.
Quartier de Vauluisant L’hôtel de Mauroy tient son nom d’un riche marchand troyen qui reconstruisit le bâtiment incendié en 1556, pour y fonder l’Hôpital et le Collège de la Trinité pour les orphelins (sur le modèle des enfants de la Trinité à Paris) afin de leur apprendre un métier. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui encore, la rue porte le nom de « rue de la Trinité ». Le bâtiment sera tour à tour occupé par un passementier, une troupe de théâtre, un constructeur de métiers à bas, l’administration de l’armée, un magasin de stockage de filature, un internat, un collège ecclésiastique, un journal diocésain et une imprimerie. Au XVIII siècle, la Maison accueillera même en son sein les premiers métiers à tricoter de la bonneterie troyenne. Aujourd’hui, c’est un musée qui présente une collection unique au monde de 12 000 outils de façonnage à main des XVII, XVIII et XIX siècles.
Hôtel de Mauroy (XVI°s) hôtel Duchâtel Berthelin La rue Général Saussier s’est appelée rue du Temple durant sept siècles, jusqu’en 1906, car l’Ordre du Temple y avait installé vers 1186 sa commanderie de Troyes. Les Templiers sont des chevaliers se donnant mission de protéger les pélerins en « terre sainte » (c’est-à-dire en Palestine et partout où les « Infidèles » dominent des chrétiens) et de financer le rachat de prisonniers ou la construction de navires, d’hôpitaux et de forts pour les Croisés. Fondé en 1119 par Hugues de Payns (village situé à 15 km de Troyes) aidé de saint Bernard de Clairvaux, l’Ordre est très présent dans la région. Les comtes de Champagne jouent aussi un rôle important dans les Croisades. La puissance financière du Temple suscite néanmoins jalousies et soupçons, conduisant à son abolition au XIVe s. L’hôtel brûle dans l’incendie de Troyes en 1524. Il est reconstruit en 1639, dans le pur style Louis XIII, à base de pierre et de brique, par Noël Bruslard, marquis de Sillery, nouveau maître de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Jérusalem (aujourd’hui Ordre de Malte). Il abrite depuis 1953 une école des Sœurs oblates de Saint François de Sales
Ancien hôtel du Commandeur Au IX°s, il y avait ici l’église Saint-Jean-l’Évangéliste, où Louis le Bègue y aurait été sacré roi de France par le pape Jean VII. Détruite vers 889-892 par les pillards normands, elle est sans doute reconstruite en bois comme la plupart des édifices de cette époque. Mais les foires de Champagne qui font la fortune de la ville permettent encore de la relever et elle prend le nom de Saint Jean au Marché. Aux XIII° et XIVe°s, l’église est totalement reconstruite, cette fois en pierre. En juin 1420, Saint Jean au Marché abrite le mariage du roi d’Angleterre Henri V avec Catherine de France, fille de Charles VI et d’Isabeau de Bavière. Ce mariage fait suite au « Honteux Traité de Troyes » : juré à la cathédrale de Troyes quelques semaines plus tôt, il prévoit que le royaume de France reviendra à Henri V à la mort de Charles VI. On y célébra le 17 avril 1620 le baptême de Marguerite Bourgeoys jeune femme troyenne, qui quitta tout, sa ville, son pays, sa famille, ses attaches et part pour Ville-Marie, en Nouvelle France (Canada), en 1653.
Église Saint-Jean-au-Marché Voilà, nous avons terminé le circuit (environ 12 km), nous repartons vers l’hôtel alors que les derniers rayons du soleil effleurent les façades des maisons.
Ce soir, nous allons dîner au restaurant voisin, l’Hippopotamus.