Ce matin, nous partons pour le lac Redba, à 35km au nord-est de Dakar, surnommé le lac rose en raison de la couleur de l'eau qui peut varier du bleu au mauve, en passant par toutes les couleurs de rose et rouge. Cette couleur étonnante s'explique par la forte densité de sel (380g/l, taux dix fois supérieur à celui de la mer) et à la présence d'algues microscopiques qui fabriquent un pigment rouge pour mieux résister à la forte concentration de sel. La couleur change en fonction du soleil et du vent. Par chance, la journée est très ensoleillée et le vent souffle fort.
Nous mettons un certain temps avant d'y arriver selon les aléas de la route. Nous traversons différents villages. Nous avons l'impression que chaque jour est un jour de marché, il y a des étals partout le long de la route.A l'extérieur du village, quantité d'ordures jonchent le sol. Les ânes, les chèvres et les Zébus viennent y faire le tri. Les ordures d'aujourd'hui ne sont plus biodégradables mais les habitudes n'ont pas encore changé, ce qui n'est plus utilisable est jeté dehors de la maison.
Nous croisons une voie de chemin de fer, notre guide Abdou nous explique qu'il y a peu d'infrastructure ferroviaire, mais que le Président actuel investit beaucoup pour que Dakar soit reliée à d'autres grandes villes du Sénégal pour faciliter les déplacements des Sénégalais.
La région au nord-est de Dakar est très fertile, l'eau est présente à à peine 1 ou 2 mètres de profondeur. Il y a de nombreux puits sur les parcelles verdoyantes. Mais la terre n'est pas exploitée comme elle le pourrait.
Arrivés au lac Redba, nous sommes accueillis par un guide local qui nous explique la récolte du sel effectuée exclusivement par des hommes qui s'enduisent la peau de beurre de karité avant de louer une pirogue pour aller dans le lac. Les sauniers s'immergent jusqu'à la taille, la profondeur du lac étant de 1,5m d'eau et 1,5m de croûte de sel. Avec une pique, ils cassent la croûte de sel qu'ils ramassent dans un tamis avec une pelle, pour le remonter dans la pirogue à fond plat, qui peut contenir une tonne de sel. Ce sont les femmes qui déchargent le sel et le fond sécher en tas avec leurs initiales dessus. Le lac est public et chacun peut venir récolter du sel à condition qu'il n'y ait pas de vol et de violence et de respecter la récolte de chacun. Une fois séché, les femmes peuvent le vendre en premier, puis c'est au tour des hommes.
Après ces quelques explications, nous pouvons faire quelques achats de tableaux de sable artisanaux sans être bousculés.
Nous grimpons ensuite dans un 4x4 qui roule on ne sait par quel miracle. Nous partons ainsi sur la bande de sable qui sépare aujourd'hui le lac de la mer, là même où les voitures du Paris-Dakar passaient. Notre chauffeur s'en donne à cœur joie dans les dunes, et le paysage vaut le coup d’œil. Nous nous arrêtons un instant pour un bain de pied.
Il est maintenant l'heure d'aller se restaurer dans un restaurant au bord du lac tenu par une Française, le Bonaba Café. Nous prenons un jus de Bissap, les pieds dans le sable et les coquillages, moment agréable à faire connaissance avec les autres touristes. Puis nous passons à table sous une grande paillotte pour un déjeuner succulent ; œuf au miel ou feta de chèvre, poulet mariné au miel ou poisson sur une feuille de banane et un morceau de gâteau très léger au fruit. Tous les légumes sont cultivés dans le potager entre les dunes et certifiés bio.
Nous repartons maintenant pour le plus grand centre de pêche artisanale du Sénégal, Kayar avec près de 800 pirogues sur 2,5km de plage. Ici aussi, c'est le guide local qui vient nous donner des informations sur le port et la pêche. La mer est très poissonneuse en cette saison et fait travailler les 30000 habitants de Kayar mais aussi 20000 autres qui viennent des campagnes environnantes. Depuis que les étrangers, notamment les Chinois, n'ont plus de licence de pêche, il y a davantage de poissons pour les Sénagalais qui peuvent en vivre. Les petites pirogues sont utilisées pour la pêche à la ligne qui s 'effectue de jour, et les plus grandes pour la pêche au filet la nuit. Kayar est jumelé avec Lorient et les pêcheurs aiment à s'appeler les Bretons noirs. Mais dans leurs pirogues, ils mettent des grigris pour les protéger de la mer.
Notre excursion est terminée, nous reprenons la route jusqu'à l'hôtel. Nous devons emprunter une piste de déviation car la route est en réfection, ce qui cause des bouchons. Notre guide a ainsi plus de temps pour nous conter des histoires comme celle-ci :
Savez-vous pourquoi les chèvres déguerpissent quand elles voient une voiture ?
Cela est dû à un voyage, il y a bien longtemps. Une chèvre, un chien, un mouton et un veau prirent un taxi pour un long voyage. Arrivés presque à destination, la chèvre n'ayant pas d'argent préféra sauter du taxi. Le mouton et le veau payèrent leur course et reçurent leur monnaie. Le chien fit de même mais n'eut pas droit à sa monnaie. Aujourd'hui, quand une chèvre voit une voiture, elle file car elle ne veut pas payer son dû. Le chien aboie pour avoir sa monnaie.
Après cette journée incluant de nombreux transport, nous allons nous baigner à la piscine. Air : 35°C, Eau : 30°C.