Nous accostons au port de Mormugao un peu avant 8 heures. Le jour commence tout juste à se lever. Le port est triste à voir : des bâtiments en état de décrépitude avancé, des navires en train de rouiller un peu plus loin. Le terminal de croisière fait peine à voir, alors que de plus en plus de navires de croisière arrivent ici, aidant à l’essor touristique de la région. Nous apercevons aussi une croix et la coupole d’un temple hindou. En Inde, plusieurs religions cohabitent, l’hindousime à 90 %, l’Islam à 14 % et le catholicisme à 2,4 %. Cette répartition n’est pas la même dans l’État de Goa, occupé pendant très longtemps par les Portugais (sans compter la venue de l’Apôtre Saint Thomas en 52 après JC). L’Hindouisme est toujours prépondérant avec 65 %, le catholicisme passe en seconde position avec 26,7 % et l’Islam représente 6,8 %.
Port de Mormugao C’est notre première escale en Inde. Nous devons donc présenter nos passeport et e-visa au contrôle de l’immigration. Ça ne prend pas plus de 10 minutes, juste le temps de vérifier que les papiers sont en ordre. Nous pouvons alors rejoindre notre bus qui date d’un autre temps avec notre guide francophone et le guide officiel local qui parle anglais.
Le tour va nous emmener dans l’ancienne Goa, désertée depuis une épidémie de paludisme au XV°s. C’est une ville fantôme avec de magnifiques bâtiments et monuments religieux. Les Portugais ont grandement contribué à sa croissance commerciale. Pour nous y rendre, il faut compter une heure et demie environ. Notre guide nous raconte un peu l’histoire de Goa, le plus petit état fédéral de l’Inde qui en compte 29, mais aussi le plus réputé pour ses plages de sable blanc et fin, que ce soit par les Indiens qui viennent y passer les vacances ou par les Européens. Quant à nous, dans notre vieux bus climatisé (nous sommes obligés de mettre une petite laine !), nous découvrons un paysage très arboré, quantité de petits monuments religieux. Mais ce qui frappe tout de suite, c’est la saleté des routes. Elles sont toutes jonchées de déchets de toute sorte, des emballages, des bouteilles, des papiers, des objets étonnants comme des cuvettes de toilettes ! Alors que dans les petites cours des maisons, la terrasse est balayée et propre, bien que tout soit de couleur marron comme la terre. D’ailleurs, les voitures qui restent trop longtemps garées se retrouvent ensevelies sous une couche de terre cachant totalement leur couleur d’origine.
(Désolée pour la qualité des photos, les vitres du bus étaient très sales)
religion éducation : jeter les déchets dans les poubelles ! commerces Autre chose étonnante et typique, nous croisons des vaches qui déambulent le long des routes et des voitures, dans les rues et au milieu des étals. Ce sont des vaches sauvages, tout comme les taureaux et chiens que nous voyons. En Inde, la vache est sacrée, elle est considérée comme un Dieu. Les Indiens leur donnent à manger. Mais à Goa, bien que les habitants s’en occupent, il n’est pas rare qu’elles finissent dans l’assiette du déjeuner ou du dîner.
Nous quittons la ville portuaire et traversons la grande rivière pour nous rendre à Goa du Nord. Un nouveau pont est en construction, ce qui explique les déviations et embouteillages.
Pont sur la rivière L’architecture des maisons rappelle la période de colonisation portugaise. Mais à côté de ces bâtisses, il y a aussi des habitations très sommaires faites de tôles et de toiles.
plage de sable blanc A Goa, il y a plusieurs îles. Un grand pont permet de traverser, mais il est payant pour les voitures. Les autochtones empruntent plus volontiers le ferry gratuit pour eux. Dans cette baie, des navires Casino sont ancrés pour que les touristes puissent aller y jouer. Ils sont tolérés, c’est une exception, car en Inde, les Casinos sont normalement interdits.
Casinos flottants pont et ferry Nous faisons une halte dans une boutique de souvenirs pour une bio-pause. L’attente est tellement longue que le commerçant ne fera pas ses affaires. Notre guide nous prévient à tout hasard que si nous voulons acheter quelque chose, il faut bien marchander et faire baisser le prix d’au moins la moitié.
Nous arrivons enfin à l’ancienne Goa. Nous commençons la visite de la Basilique du Bom Jésus (nom portugais), construite au XVI° par les Jésuites. Nous y trouvons le mausolée de Saint François Xavier, le fondateur des Jésuites. Sa dépouille est exposée au public tous les dix ans. Nous avons une vingtaine de minutes pour en faire le tour.
Basilique du Bom Jésus Nous traversons la rue pour visiter la Cathédrale Sé consacrée à Sainte Catherine (1631). Une partie a été convertie en musée, nous n’avons pas le temps de nous y arrêter, nous nous contentons de la partie cathédrale, qui a perdu une tour lors d’un orage. Pour avoir le droit d’y entrer, il faut que les épaules et les genoux soient couverts.
Cathédrale Sé écoliers Nous remontons dans le bus. Nous apprécions la clim maintenant, car notre promenade au soleil nous a bien réchauffés. Il fait 34° à l’ombre, quelques degrés de plus au soleil. Nous continuons notre découverte de Goa jusqu’au temple hindou Shri Nageshi du XVIII° consacré au culte de Shiva. Dans la religion hindouiste, il y a trois divinités, Brahma pour la création, Vishu pour la préservation et Shiva pour la destruction et la régénération. Au pied du temple, des dames vendent des fleurs pour offrir à Shiva. Il nous faut nous déchausser, mais mieux vaut avoir des chaussettes car le sol est brûlant. Pour entrer dans le temple, il faut avoir les épaules et les genoux couverts, et il est interdit de prendre des photos. Après avoir patienté une dizaine de minutes à l’extérieur, nous pouvons y entrer. Des hommes torse nu versent de l’eau sur les mains des fidèles qui doivent se purifier pour prier. Ils leur remettent également de petites fleurs pour le Dieu, moyennant une offrande financière.
Pour retourner jusqu’au bus, nous empruntons une ruelle bordée de commerces de souvenirs. Une vache nous accompagne juste à côté de nous. Quand elle fait mine de tourner à gauche, je la laisse volontiers passer craignant pour mes pieds !
A l’étape suivante, nous nous retrouvons dans une plantation d’épices. Nous traversons un pont de bois (attention, il manque quelques planches). Nous jetons un œil dans l’eau au cas où il y aurait un petit crocodile à l’affût. Ces derniers ont été introduits par les Portugais au XVI°s.
A l’entrée sur le site, une jeune fille nous jette des fleurs. Pour nous souhaiter la bienvenue.
Une guide du site nous explique avec notre guide francophone les différentes épices cultivées et leur utilisation.
noix de cajou (partie supérieure, la « poire » qui, elle, sert à fabriquer l’alcool) noix de muscade bergamotes pomelos salés piments tabac vanille importée du Mexique caféier clou de girofle le jardin fleurs A la fin de notre visite, la guide du site nous verse une louche d’eau fraîche dans le dos pour nous rafraîchir avant le repas.
Notre guide nous avait rassurés en nous disant que les plats étaient préparés pour les touristes européens et qu’ils n’étaient de ce fait pas très épicés. Ce n’est pas vraiment ce que nos papilles ont ressenti alors que nous avions fait attention à ne pas prendre de plats avec épices et privilégié le riz et un peu de viande et de légumes. Même les lèvres nous brûlent. Néanmoins, c’était bon.
Nous pouvons repartir, le tour est terminé. Le trajet du retour va prendre une heure vingt pour rejoindre le navire, un peu avant 16 heures.
Nous montons à bord juste à l’heure pour le goûter, il va nous aider à nous faire passer le goût des épices.
Ensuite, nous allons assister à la conférence de Pablo sur l’Inde. Il nous fait un petit topo sur l’Inde et sur les villes de Goa et Bombay/Mumbai, puis nous parle de Gandhi qui a marqué l’Inde et le monde par sa façon de penser et sa recherche de la Vérité et la Non-Violence. Le 2 octobre est un jour férié en Inde en mémoire au jour de naissance de Gandhi, et c’est aussi la journée internationale de la non violence des Nations Unies.
Il commence par « Namaste », en signe de Bienvenue. Puis nous explique les couleurs du drapeau adopté le 24 juillet 1947. Le orange (les Hindous), le vert (les musulmans) et au centre le blanc (les autres communautés religieuses et la couleur de Gandhi) avec la roue. La capitale de l’Inde est New Delhi, l’Inde est une république fédérale de 29 états, indépendante depuis le 15 août 1947. Goa a eu plus de mal à faire partir les Portugais, elle est resté une colonie portugaise jusqu’en 1961. Le système de castes qui n’a plus de valeur juridique persiste toutefois dans les régions rurales. Dans l’ordre : les Brahmanes (caste sacerdotale), les Kshatryia (les militaires et dirigeants), les Vaishya (les fermiers), les Shudra (les artisans et ouvriers manuels) et pour finir les Haijan (les Intouchables, appelés Fils de Dieu par Gandhi). En une demi-heure, nous avons reçu beaucoup d’informations. Je me contenterai de celles-ci.
La soirée se termine par un spectacle « Casino » avec les chanteurs et danseurs du Costa Victoria.