Le chant du coq nous sort doucement de notre sommeil quelques minutes à peine avant notre réveil. Nous prenons un rapide petit déjeuner dans la salle commune et nous rendons à 6h55 précise au bureau de Nomade experience (selon le programme de l’agence). Malheureusement, juste devant l’auberge de jeunesse, un chien nous observe à côté de la carcasse d’un jeune mouton, peut-être celui que nous avons rencontré hier soir !
Initialement, nous avions prévu de suivre la voiture du guide. Mais vu l’état des routes hier, nous hésitons un peu et comme il reste de la place, nous préférons changer nos plans et monter à bord avec les 6 autres excursionnistes. Nous sommes vite rassurés sur notre choix. Ce n’est pas une route goudronnée, la conduite est dangereuse aux dires de notre chauffeur-guide Ricardo et il faut traverser plusieurs ponts de bois très étroits (il y a déjà eu des accidents mortels, même hier une camionnette avec des touristes s’est renversée). Nous allons ainsi parcourir en deux heures 90 km dans la Vallée Exploradores, dans le Parc national Laguna San Rafael.
A la sortie du village de Puerto Tranquilo, nous passons à côté du Lac Tranquilo, puis plus étrange un lac naturel mais artificiel. Il s’agit en fait d’un lac qui s’est formé suite à un éboulement il y a un an et deux mois. Ce qui explique la forêt d’arbres morts plongés dans l’eau et l’immense champ de pierres. Ricardo nous propose de nous rendre directement à l’embarcadère pour profiter d’une mer plus favorable. Nous ferons les arrêts photos au retour. En effet, sur la seule route fluviale/maritime définie pour se rendre au glacier, l’eau de mer va rencontrer l’eau du glacier, plusieurs bras s’y rencontrent et avec l’effet de la marée provoquent une « mer » plus ou moins démontée. Nous espérons tous que la météo et les évènements seront cléments avec nous.
en route vers le glacier San Rafael A l’embarcadère, nous attendons que notre capitaine, qui a fait le trajet avec nous, fasse le plein en carburant. La météo a l’air clémente : un ciel gris, mais pas de vent, parfois quelques gouttes et il fait une dizaine de degrés.
embarcadère Nous nous installons à l’intérieur du bateau. Pour ceux qui sont frustrés de ne pouvoir aller dehors, leur frustration disparaît très vite dès le début de la navigation quand les vagues frappent de plein fouet le bateau, et encore, cela va s’intensifier, allant crescendo jusqu’aux premiers signes de mal de mer des passagers.
navigation de Bahia exploradores jusqu’au glacier San Rafaël Notre guide nous donne quelques explications sur la navigation et nous sert un petit déjeuner : café / thé et un sandwich au poulet. La navigation va durer trois heures. En passant le passage de Paso Quesahuen, les vagues redoublent d’intensité et passent par dessus le bateau. Nous décollons littéralement de nos sièges et l’atterrissage est brutal. Seulement, ce n’est pas un fait isolé, ça se répète encore et encore. Nous prenons notre mal en patience car nous n’avons pas trop envie de faire demi-tour, comme ça arrive quelques fois. Après un peu plus de deux heures, nous apercevons les premiers icebergs d’un bleu azur éclatant dans ce temps grisâtre. Nous sommes tous heureux comme des enfants. Le mal de mer est un peu oublié et nous sommes encore plus impatients d’arriver au glacier. Le capitaine nous permet de sortir faire quelques photos et nous repartons vers l’un des deux plus immenses glaciers patagoniens qui s’étend sur une superficie de 4200km2.
notre premier iceberg Le bateau traverse la ceinture de glace. Ricardo nous rassure, sa coque en plastique est solide, beaucoup plus qu’un catamaran en fibre de verre. Il s’approche à un peu moins d’un kilomètre du glacier aux dimensions impressionnantes : 17km x 4km x 45m !
Le capitaine et Ricardo qui pêche des glaçons pour l’apéritif icebergs ceinture de glace glacier Nous ne savons plus où donner de la tête, tout est surprenant, magique, magnifique… Les adjectifs ne manquent pas. Après quelques photos depuis l’arrière du bateau, nous montons au dessus de la cabine. Nous sommes des privilégiés, car très peu de navires osent s’aventurer si près derrière la ceinture de glace. Par moment, nous entendons le glacier gronder. Puis soudain, une chute de glace dans le lac. Le glacier fond sous l’effet de l’eau salée qui s’y infiltre.
chutes de glace Nous apercevons un phoque qui se baigne près de la glace, puis ce sera un dauphin qui nous suivra un moment.
Nous prenons un déjeuner italien : des lasagnes, arrosées de whisky ou jus de fruit avec des glaçons de la lagune.
déjeuner Comme le temps ne s’améliore pas dans la Vallée, notre guide nous laisse davantage de temps ici pour éviter la pluie. Nous en profitons largement.
Puis vient le moment de repartir, nous rentrons à l’intérieur et le capitaine met les gaz ! Nous sommes collés à nos sièges, au moins essayons nous. Car le trajet du retour s’annonce encore plus pénible qu’à l’aller. Pour les adeptes de Zeus et Osiris (les jeux d’attraction j’entends), c’est encore pire et ça va durer deux heures ! A chacun, sa façon d’essayer de tenir le coup, regarder au loin, fermer les yeux, prendre le frais… Au final 3 malades sur 8. Pas trop mal, il est arrivé en février qu’il y ait un score de 10 sur 10.
En fin de parcours, il est possible de sortir un peu, le capitaine adopte une vitesse de croisière avant d’accoster.
Quand nous sommes de retour sur la terre ferme, nous sommes soulagés. Nos cervicales et dorsales ont été mises à rude épreuve. Mais cette navigation extrêmement houleuse sera un souvenir qui s’estompera très vite, par contre les images de ce glacier resteront à jamais dans nos mémoires. Nous pouvons remonter en voiture pour rejoindre Puerto Rio Tranquilo.
Nous nous arrêtons plusieurs fois pour admirer de jolies cascades. Elles se comptent par dizaines, voire davantage. Il y en a partout sur les flancs des montagnes. La pluie de la journée les a considérablement gonflées.
cascades gonflées par la pluie Nous passons au dessus du Rio de Exploradores. Il est d’un blanc laiteux car il provient directement du glacier.
Nous rentrons à la tombée de la nuit. Avant de prendre congé, nous réservons notre excursion pour demain matin : les chapelles de marbres sur le lac, quelques courses pour ce soir et la longue journée se termine. La pluie se met à tomber.