En hiver, le train ouvre sur la complexité et les contrastes de la Russie. Etape à Ekaterinbourg.
Février 2015
2 semaines
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Je commence par visiter une cathédrale de granite flambé, mausolée tout neuf. Je frissonne en y découvrant l’emplacement de la cave de la maison Ipatiev, où l’on assassina le Tsar, la Tsarine et leurs enfants. Il semble que la fusillade ait duré de longues minutes, les tueurs ayant du mal à achever les femmes. Les balles ricochaient sur les pierres précieuses cachées dans les corsets. J’allume sept bougies et je sors.

Il fait toujours très froid et mon bonnet de ski ne me protège plus. A ce point, je ne crains plus le ridicule. Au premier étal rencontré sur le marché, je m’achète une chapka en fourrure. N’étant pas connaisseur, je choisis la moins chère faite de mauvais lapin, loup, voire chien ou chat, allez savoir ! Je mets des semelles en laine dans mes bottes, hésitant même à acquérir des « valenki », les bottes de feutre. Magnifique comme peut l’être un français équipé à la russe, j’ai une pensée émue pour les soldats de l’armée napoléonienne, autrement plus éprouvés.

En route maintenant pour l'ancienne Sverdlov, Ganina Yama, à 17 km de Ekaterinbourg. C'est la mine où furent découverts les restes de la famille Romanov. La forêt est ravissante aux alentours, ensoleillée et pleine d’écureuils. L’ombre des sapins et bouleaux se détache sur la neige immaculée loin des villes.

Les popes orthodoxes en soutane noire me rappellent bien vite le sens premier de ce lieu.



Toute la famille de Nicolas II (Maria, Tatiana, Anastasia, Olga, Alekseï, Nicolas et Alexandra) a été canonisée par l’Eglise orthodoxe.



Je distingue entre les arbres sept chapelles en bois. A l’entrée du sanctuaire, on demande aux femmes de se mettre en jupe et j’en vois avec amusement deux qui enfilent, par-dessus leurs combinaisons de ski, les jupes taille unique mises à leur disposition. Elles doivent aussi se couvrir la tête. Lorsqu’on m’indique le nombre de pèlerins en été, je me félicite de mon choix de l'hiver.

Les bulbes des chapelles brillent au soleil. J'entre dans chacune. Dans celle de Tatiana, un cantique chanté a capella m’émeut profondément. Curieuse réaction pour quelqu’un qui n’est pas religieux, sans être parfaitement athée non plus, semble-t-il… (à suivre)