Distance parcourue ce jour : 47,17 km
Nous nous levons vers 8h00, une bande nuageuse couvre l'horizon du côté de Sète et au petit matin un marché s'est installé sur le parking.
Après les traditionnelles opérations matinales, nous enfourchons nos vélos, rejoignons le canal prêts à entamer notre ultime étape. A environ 3,5 km de là, au Sud de Vias, le canal croise le Libron, un fleuve côtier qui se jette en Méditerranée.
Les ouvrages du Libron
Nous sommes surpris d'y découvrir une structure complexe, unique en son genre dont nous mettrons un bon moment à en comprendre l'intérêt et le fonctionnement. Tout d'abord, il faut intégrer que le canal et ce fleuve sont à peu près au même niveau rendant impossible la construction d'un pont-canal comme cela se fait habituellement et ensuite que ce dernier en général d'un très faible débit, se transforme en périodes de fonte des neiges et de fortes pluies (épisodes méditerranéens) en un torrent impétueux, charriant alluvions et débris de toutes sortes dans le canal. Ce n'est pas l'idéal !
Jusqu'en 1855, en cas de crue, la solution adoptée pour éviter ce problème avait été de faire glisser à flot entre les deux berges du canal, une barge en forme de U ( ouverte sur les 2 côtés et fermée à chaque extrémité) épousant exactement ses formes, de façon à ce que les eaux du Libron la traverse de part et d'autre sans se répandre dans le canal. Procédé relativement efficace mais cette solution avait un défaut... celui d'interrompre la navigation pendant la crue.
A partir de 1855 une solution est trouvée à cet handicap. A l'approche du canal, le cours du Libron a été séparé en deux bras égaux, chacun traversant le canal par un corps d'ouvrage identique, composé de 3 couloirs en arcade, perpendiculaires au canal et fermés à chaque extrémité par des portes coulissantes (ou vannes). A l'intérieur de ces couloirs, de chaque côté du canal sont rangés, suspendus à des chariots mobiles sur rail, des demi caissons métalliques (bâches) en forme de U ( idée de la barge améliorée !) . Entre ces deux ouvrages existe un bassin de station intermédiaire de 30,50 m de long. En temps normal ces portes coulissantes sont ouvertes, le faible débit du Libron passe par des canalisations souterraines et le trafic des péniches est assuré.
En période de crue, la péniche pénètre dans l'un des deux corps d'ouvrage dont les portes coulissantes (ou vannes) ont été fermées, puis dans le bassin de station intermédiaire. Préalablement dans le second bras, les bâches avaient été sortis des emplacements où elles étaient stockées (grâce aux chariots sur rail auxquels elles étaient suspendues) et assemblées au milieu du canal, formant ainsi un lit artificiel au Libron, et les portes coulissantes avaient été ouvertes permettant aux eaux en crue de s'écouler normalement, pendant l'opération, sur le premier ouvrage
Deuxième phase de l'opération, une fois la péniche dans le bassin intermédiaire, les bâches du corps d'ouvrage qu'elle vient de traverser sont mises en place (la péniche est donc isolée comme dans une écluse où les portes sont fermées ), le lit artificiel est formé derrière elle, les portes coulissantes (ou vannes) sont ouvertes et les eaux en crue passent maintenant par les deux corps d'ouvrage, jusqu'à ce que les portes coulissantes du corps d'ouvrage numéro 2 soient fermées, les bâches remises à leur place, ouvrant ainsi la voie à la péniche qui peut ainsi continuer sa navigation sur le canal....Ai je été assez clair ? J'ai essayé de faire court, mais ce n'est pas évident !
Après un bel arrêt à cet endroit, nous continuons en direction d'Agde....
dont la traversée, n'est pas très facile en raison des sens uniques qui nous écartent de notre route et de l'absence de panneaux indicateurs. Mais notre positionnement en temps réel sur le trajet préalablement tracé à l'aide de l'application Openrunner nous permet de retrouver rapidement notre route.
Agde
Depuis notre départ de Portiragnes-Plage , au fur et à mesure que nous progressons, nous éprouvons tous les deux le même sentiment.... le canal déjà bien défiguré par la perte de ses platanes, perd encore un peu plus de sa majesté en raison de son environnement négligé , souvent en friche, comme par exemple à la sortie d'Agde, aux abords de cette guinguette abandonnée. En contrebas du chemin de halage, des cabanes à l'aspect de constructions de bidonvilles, posées sur des terrains jonchés d'immondices de toutes sortes. Le long des berges, de nombreux bateaux, qui vu leur état doivent vraisemblablement être là depuis très longtemps, voir abandonnés et certains surement squattés, d'autres en fâcheuse posture, à moité coulés. Tout cela nous donne une impression de zone.
A environ 3 km de l'étang de Thau, le canal longe la réserve nationale du Bagnas d'une superficie de 561 hectares (créée en 1983 et zone Natura 2000) , formée d'une mosaïque de milieux lagunaires, propices à l'accueil annuel d'une grande diversité de faune (plus de 250 espèces d'oiseaux en période de reproduction, en hiver ou en migration) et de flore.
Nous arrivons au pont de Maïre (construit en 1897 en remplacement du pont d'origine ne convenant plus au trafic et à la charge), le dernier pont, en bordure de l'étang de Thau, ou le canal pénètre avant de terminer sa course à la pointe des Onglous (photos prises du pont).
Nous le traversons afin de longer le canal par l'autre rive, du côté de Marseillan. Dans le lointain, sur notre droite, de l'autre côté de l'étang de Thau, nous apercevons le but ultime de notre périple, Sète et le mont Saint Clair. Nous n'y sommes pas encore arrivés !
Cela y est, nous sommes à la pointe des Onglous, l'entrée ( ou la sortie, selon !) du canal du Midi dans l'étang de Thau, marquée par son phare du même nom....Nous l'avons donc parcouru de bout en bout ce canal, (du moins quasiment de bout en bout !) depuis l'écluse de Castets-en-Dorthe sur la Garonne.
Nous prenons la direction de Marseillan pour déjeuner à la Tavola (à déconseiller, service très long et j'avais terminé mon plat principal, lorsque Chantal a reçu le sien !).
Nous reprenons notre ultime fraction d'étape vers Sète. Nous retournons au pont de Maïre afin de prendre la piste cyclable qui nous amènera jusqu'au bout...
Nous longeons pendant presque 12 km l'interminable plage de Sète, avant de nous arrêter au bar "Le Cube" sur la promenade du Lido
Puis nous reprenons nos vélos....
Nous sommes pratiquement à l'entrée de Sète, dont nous allons devoir contourner la moitié du mont Saint Clair afin de rejoindre " Le Grand Hôtel ", quai Maréchal De Lattre de Tassigny, le long du canal de Sète. Mais nous arrivons à l'heure de pointe en plein embouteillage et nous nous heurtons à de nombreux sens interdits que nous prenons malgré tout, parfois sur la chaussée, parfois sur les trottoirs, à vélo ou à pied ! Cela a l'air difficile de circuler dans cette ville.
Enfin, nous sommes arrivés, nous garons nos vélos sous le porche de l'hôtel pour les décharger et les conduisons au garage situé un peu plus loin dans la rue. Nous montons dans notre chambre dont la fenêtre donne directement sur le Grand Canal, prenons une bonne douche, nous reposons un peu avant d'aller dîner en ville.
Nous dînons en terrasse au restaurant "La Boca", rue piétonne Frédéric Mistral, pas très loin de l'hôtel
Encore une bonne journée de passée, demain nous prenons le train en direction de Bordeaux
Distance cumulée parcourue : 575 km