A vélo sur la côte Nord-Est des Etats-Unis

Chicago greeters est une association de bénévoles locaux qui font découvrir leur ville sous forme de visite individuelle. Bill est mon guide ce matin, et nous avons RV au Cultural center, qui déjà est un lieu historique remarquable par son grand hall de marbre et son dôme Tiffany.

Bill me parle de Sète, où il a un ami chez qui il a passé des vacances et même de Bouzigues où il a fait du paddle.

Nous passons la matinée dans le Loop, et Bill m'explique que le style d'architecture "Ecole de Chicago" s'est développé lors de la Grande reconstruction apres le gigantesque incendie de 1871 qui a détruit une grande partie du centre ville et des quartiers limitrophes.

Les architectes d'alors ont développé une architecture typique américaine en s'éloignant des influences européennes, et en utilisant des matériaux modernes : l'acier, le ciment, le fer forgé, le verre armé.

Nous entrons dans le hall de plusieurs buildings pour découvrir de surprenants vitraux et mosaïques. En particulier le Marquette building, où dans le lobby, des bas reliefs en mosaïque illustrent l'expédition de Jacques Marquette (1674-75).

Dans le grand magasin Macy's (un genre de Galeries Lafayette), je ne m'attendais pas à voir ce plafond Tiffany et les vitraux de la galerie.

J'apprends à reconnaitre la "fenêtre de Chicago", composée d'une grande vitre fixe, encadrée de 2 plus petites à guillotine pouvant s'ouvrir.

Au Millenium Park, au bord du lac Michigan, la Crown Fountain présente en vis à vis des visages d'anonymes chicagoens. En été, un flot sort de leur bouche formant un miroir d'eau au sol.

Le pavillon Pritzker, qui accueille de grands concerts et le Cloud gate d'Anish Kapoor (surnommé The bean) où tout le monde veut prendre un selfie !

Toujours dans le Loop, nous déambulons au milieu de remarquables exemples architecturaux.

La Trump Tower

Bill me détaille les éléments du drapeau officiel de la ville de Chicago : les 2 bandes bleues symbolisent la rivière Chicago et le lac Michigan, alors que les étoiles représentent le Fort Dearborn, le grand incendie de 1871 et les expositions universelles de 1893 et de 1933.

J'ai de la chance davoir Bill comme greeter, il est très amical, s'exprime très clairement, d'ailleurs je comprends pratiquement tout ce qu'il dit ! Nous sympathisons facilement et à la fin de la visite, il m'accompagne jusqu'à la Rockery House où j'ai réservé une visite guidée à 13h.

Son grand hall a été réalisé par Franck Lloyd Wright, que je commence à connaitre, pionnier de la Prairie school et créateur du concept des maisons de type usonian.

Après cette visite, je me repose un moment au chaud à la grande Poste, derrière le Flamingo d'Alexandre Calder.

"Picasso" n'est pas loin.

Picasso n'est jamais venu à Chicago, m’avait précisé Bill, mais il a envoyé les plans de sa sculpture, et a approuvé le résultat final.

Plus tard, il aurait dit qu"elle représente la tête de son chien afghan Kabul.

Je marche ensuite vers le sud, à la recherche des murals de Wabash avenue.

Dernières photos de la journée, dont celles que m'a envoyées Bill, avec d'autres recommandations de visites pour demain.

Je rejoins Saint Louis (Missouri) en train ce dimanche 6 avril. Il y fait à peine meilleur qu'à Chicago (2°), mais ça va s'arranger. La semaine dernière une tornade a provoqué des inondations et de gros dégâts au sud de la ville, comme on a pu le constater au city Park d'Arnold.

Lundi, une journée très régressive : visite au casino River city, au bord du Mississippi ...

... puis au magasin de casquettes ...

... suivie d'une glace chez Ted Drewes, sur la route 66, une institution depuis 1929, très connue pour ses frozen custards.

Mardi, quelques balles au practice, en attendant que le terrain sèche....

J'attendais impatiemment ce vendredi 11, vernissage d'une expo au St Louis Arts museum intitulée "Roaring : art, fashion and the automobile in France 1919-1939" (art, mode et automobile en France), pour laquelle on a obtenu des free tickets.

Je ne me lasse pas de ce musée génial, gratuit et surtout très riche de merveilles.... et de l'inévitable statue équestre (semblable à celle d'Aigues Mortes), érigée lors de l'expo universelle de 1904.

L'exposition est très intéressante, associant des modèles de voitures (Bugatti, Alpha Romeo, Delahaye...), à des extraits de films, à des peintures (Matisse, Delaunay... ) et des robes de grands couturiers (Hermes, Poiret,...)

Après la visite, un concert de jazz tranquille commence au hall des sculptures, où Hollie, qui m'avait hébergée en 2019 quand elle habitait dans l'Arizona, vient nous rejoindre.

Les retrouvailles sont très sympas, et nous décidons de nous retrouver le lendemain matin au Farmers market de Tower Grove.

J'ai prévu de rejoindre Virginia Beach sur la côte Est le 25 avril, donc je compte démarrer à vélo 2/3 jours après, pas tout de suite, donc.

Mais par chance mon autre vélo, celui ramené du Pérou l'an dernier, est stocké ici-même chez mes amis, et il n'y a juste qu'à regonfler ses pneus.

Une première sortie dimanche pour le tester sur le Grant's trail, une voie verte que je prends à Kirkwood pour rejoindre une autre voie verte, la River Des Peres greenway, puis le quartier de Dutchtown : une petite vingtaine de kms, pratiquement tout en site propre et plat, au revêtement impeccable, sur d'anciennes voies de chemin de fer.

Ce jour-là, il fait exceptionnellement chaud (25°).

On traverse des zones boisés, où les dégâts de la tornade sont encore bien visibles, et aussi on longe des terrains de base ball...

Ça fait vraiment du bien de retrouver ce vélo toujours aussi confortable et qui avait été révisé avant son stockage.

Je suis donc prête pour une plus grande sortie ce lundi avec ma super copine Mary, qui a pris un jour de congé et me propose un aller-retour sur le Katy Trail, une autre ancienne voie ferrée aménagée sur 240 miles qui longe la Missouri river, bien boueuse après toutes ces grosses pluies.

En 2016, j'avais d'ailleurs commencé mon voyage sur ce même Katy trail, vers l'Ouest jusqu'en Californie. De nombreux souvenirs remontent...

Je suis tellement contente de retrouver Mary, son énergie et sa bonne humeur.

Elle me confie que les sorties à vélo lui sont devenues indispensables, c'est son refuge personnel pour surmonter le chaos politique, endure the craziness et oublier les mauvaises nouvelles qu'elle ne veut plus écouter.

Les anciennes gares sont aménagées pour des pauses vélo, avec des bancs, des WC, des infos, parfois des bars, resto ou hostels, mais aujourd'hui lundi, tout est fermé.

Une journée parfaite, pas trop chaude, avec un peu de vent, mais les taillis le long du trail offrent une bonne protection.

Après la sortie, un tour à la 4 Hands brewery s'impose pour une rafraichissante Octohaze IPA, autour d'un bon brazero, car le vent fraîchit nettement en fin de journée

Un vol assez rapide (2 heures) pour arriver à Washington, mais il faut avancer la montre d'une heure. Il y fait plus chaud qu'à St Louis.

Trajet en métro sur la blue line, puis en bus pour arriver dans le quartier Adams Morgan, où se trouve mon hostel, le Washington international student center. J'ai du mal à le trouver d'ailleurs car son entrée est très confidentielle, partagée avec un Cannabis club.

L'hostel est également affilié au réseau HI, mais il est beaucoup plus petit que celui de Chicago, plus modeste et disons vétuste, mais j'apprécie d'avoir trouvé cette solution pas chère (environ 35 €/nuit, ce qui est peanuts pour Washington) et c'est bien situé dans un quartier animé et coloré, avec plein de bars et de restos.

Pour le moment je suis satisfaite d'être seule dans mon dortoir de 6. Je vais y rester 4 nuits, et je ne vais pas m'ennuyer à Washington, j'ai prévu plein de visites, dont une déjà aujourd'hui.

J'y vais à pied, pour une première approche de la ville.

Sur la Swann Street

j'ai déjà mon entrée à la Phillips Collection pour 17h. Le 3eme jeudi du mois, c'est gratuit (ça tombe bien), et c'est nocturne, mais il fallait réserver ! Il y a déjà une grande queue pour l'exposition "Timeless Mucha : the magic on line", mais je vais d'abord voir les autres salles, moins fréquentées : Van Gogh, Joan Mitchell, Hooper, ... et bien d'autres inconnus pour moi :

Et puis l'expo "Mucha intemporel", très intéressante, première étape d'une tournée nord-américaine initiée par le petit-fils de Mucha, et qui illustre bien l'influence de Mucha sur les artistes d'aujourd'hui : mangakas japonais, artistes psychédéliques des années 1960 et 1970, et dessinateurs de BD américains et britanniques.

De retour dans mon quartier, encore plus animé la nuit, je dine dans un resto brésilien tranquille, attirée par le son d'un petit orchestre de jazz.

Aujourd'hui 2 autres musées au programme.

Le 1er, c'est le National Postal museum, difficile de m'en empêcher ! Il fait également partie de la Smithsonian Institution, donc immense et cossu ... et aussi gratuit !

Rien à voir avec celui du boulevard de Vaugirard.

Une section intéressante sur l'histoire des timbres

Une fausse batterie de "sacs 7" : en fait un jeu pour les visiteurs juniors qui doivent lancer les paquets dans les sacs sans fausse direction.

Benjamin Franklin (1706-1790) : je découvre qu'il était aussi Maître Général des Postes d'Amérique du Nord de 1755 à 1774 (sous la couronne britannique)

En sortant, pour compléter, une boite aux lettres contemporaine

Le musée postal est juste à côté d'Union station, la gare des trains, qui aussi un sacré monument avec un hall très luxueux, du marbre partout.

Ensuite il est temps de reconstituer mes forces avant d'attaquer la 2eme visite de musée.

Un des serveurs,qui m'a entendu parler français au téléphone, vient discuter : il est arrivé ici du Sénégal il y a 2 ans, après que la France lui ait refusé un visa étudiant ! Il m'explique que l'intégration n'a pas été trop difficile, ayant des connaissances sur place. Mais il a renoncé à ses études et cumule avec un 2eme boulot à temps partiel pour l'armée.

Une petite marche en passant par un mémorial aux victimes de l'holodomor (famine en Ukraine sous Staline), un autre aux victimes du communisme, puis le quartier chinois, qui semble assez petit.

L'après midi est consacré au Reynolds center, encore un musée fabuleux, je vais y passer beaucoup de temps

Une grande section est consacrée aux portraits et je sélectionne ceux des native americans, dans l'ordre : Tenskwatawa, Sagoyewatha, Sitting Bull, Chief Joseph, Sequoyah qui a travaillé sur l'écriture du language Cherokee, Micanopy et Osceola.

Et voilà Davy Crokett (1786-1836)

Et des portraits de présidents :

Enfin, cette bonne journée se termine au Kennedy center of performance arts, où j'ai reservé ce soir pour un concert de musique écossaise (encore un truc gratuit, c'est la fête!).

Et joyeuses Pâques !

Avant de quitter l'hostel pour prendre un train pour Baltimore, je discute au petit dej avec un Beninois, en mission cette semaine auprès du FMI pour une sorte d'ONG dont il est le fondateur. Il s'appelle Lagrange de son prénom, et sa femme a fait ses études à Montpellier. Mais il ne connait pas la chanson de ZZTop !

A peine 40 mn de train, la gare de Baltimore est plus petite, mais du même style que celle de Washington.

Ne connaissant pas encore le système des bus locaux, je marche presqu'une heure jusqu'à mon Airbnb, c'est plus au sud vers le port, pas loin des universités dans le quartier de Pigtown (!!!).

Je vais y rester 3 nuits, alors un peu de ravitaillement s'impose.

Le lendemain, je persiste avec la marche à pied jusqu'au Fort McHenry, qui sera ma 1ère visite, mais il fait bien chaud ! Heureusement je vais découvrir au retour le système des circulators (réseau de 4 lignes de bus gratuits) de la Charm city (le surnom de Baltimore). Ces bus permettent, si on n'est pas trop pressé (et pas trop regardant sur les drôles de phénomènes qui l'utilisent), de se déplacer dans les quartiers principaux, ça évite aussi de télécharger une appli ou d'avoir l'appoint pour utiliser les autres bus réguliers.

Donc en route pour Fort McHenry, construit en 1798 sur une des péninsules qui encadrent le port de la ville.

En ce moment, les fleurs de ces arbres (help, Françoise ! des prunus ?) tombent en faisant un joli tapis rose sur le trottoir.

Avant d'arriver au fort, on traverse une grande zone industrielle. On fait du sucre depuis 100 ans à Baltimore !

Le fort est construit en forme pentagonale. Il a joué un rôle important pendant la guerre d'indépendance, en défendant avec succès le port de Baltimore d'une attaque navale britannique dans la baie de Chesapeake les 13 et 14 septembre 1814.

Mais la célébrité du site est due à une autre raison, largement développée ici : au matin du 14 septembre, un grand drapeau americain a été hissé au sommet du fort pour annoncer la victoire. En le voyant émerger au dessus des brumes après une journée et une nuit d'intenses bombardements, le poète Francis Fort Key a eu l'inspiration d'écrire le poème "Defense of Fort Henry".

Et ce poème, mis en musique plus tard sur une mélodie existante "To Anacreon in Heaven" (une chanson à boire d'un club de musiciens britannique en hommage au poète grec Anacreon) est devenu The star-spangled banner, l'hymne national américain depuis 1931.

Ceci est expliqué en long et en large sur tout le site, ainsi qu'au visitor center, avec des panneaux ludiques pour les enfants qui ne se lassent pas de presser le bouton pour lancer l'hymne. Inutile de dire que je l'ai eu en tête toute la journée !

Retour sur le Inner Harbor en partie à pied, en partie avec le Banner Circulator.

Il y a de vieux navires, un sous-marin, une famille amish, et aussi des bateaux de pirates à louer.

Je continue jusquau quartier de Fells point, très joli avec ses rues pavées et ses maisons en briques.

Je ne peux pas finir la journée sans goûter la spécialité du Maryland : le crab cake, avec du coleslaw, et c'est plutôt bon.

En quittant le museum of art, je n'ai pas beaucoup à marcher pour aller Guilford street pour admirer les Painted Ladies, des maisons colorées comme à SF.

Puis le Purple circulator pour rejoindre un dernier musée pour la route, puisque je repars demain, le Visionary art museum, un petit bijou d'art brut, ou plutôt de self-taught and intuitive artistry.

Dès l'entrée, on est frappé par cette joyeuse combinaison artistique de couleurs, de sciences, d'humour, de philosophie... qui tient du facteur Cheval ou de la Cathédrale de Linard.

Les salles sont presque vides, et curieusement pas d'enfants !

Miroirs déformants

Et voilà, Baltimore c'est fini. Il va bientôt falloir pédaler

Coucher tôt et réveil tôt , je suis prête à repartir vers 9h30, avec quelques douleurs un peu partout.

Retour sur les routes étonnamment calmes, quand on évite la highway 13.

Le vent est moins fort aujourdhui, ou alors c'est que je ne l'ai pas de face. Il vient de l'est.

La route me semble plus facile aujourd'hui, c'est toujours aussi plat, et j'ai prévu plus court (52 miles, qui m'ont semblés infiniment plus faciles qu'hier)

Pas mal de cultures aussi : céréales et beaucoup de pommes de terre.

Les fermes sont toutes de très grosses exploitations.

A Parksley, je trouve ce petit musée du chemin de fer (dédicace spéciale pour Eric) :

Finies les successions de boîtes aux lettres originales comme sur le littoral de Floride, sauf ces 2 là :

J'arrive assez tôt au camping repéré, Trails end, mais y a comme un problème : il faut être "membre", c'est un "resort" immense divisé en plusieurs parties, avec de vraies maisons, des RV, des "campers", mais sûrement pas un camping à tentes ! Et la jeune femme de l'accueil ne peut rien pour moi, sauf me remplir mon bidon, merci à elle !

Je rebrousse chemin, étudie un moment la possibilité de m'installer derrière l'église baptiste de Horntown (possible), puis je vais me garer sur le parking de la poste pour chercher l'inspiration sur G... maps.

C'est là que ... un pickup vient s'arrêter à côté de moi, la passagère me dit : "on dirait que vous êtes en train de chercher quelque chose, peut-être un endroit pour la nuit". Ils m'avaient donc repérée un peu plus tôt. Et comme ils possèdent un lot dans le fameux camping de Trails end, ils m'invitent spontanément à les suivre pour poser ma tente sur leur terrain. Penny et Dale sont mes anges gardiens du jour, et je ne suis presque pas surprise, tant ce genre d'invitation juste au moment critique m'est souvent arrivé, c'est le bon dieu des voyageurs.

Je repasse donc à l'accueil du camping, où la jeune femme enregitre juste mon passeport et me donne un pass invité.

Le resort est immense, plein de rues, et par chance l'emplacement de Dale et Penny est au bord de l'eau juste à côté d'un sanitaire ( je ne me voyais pas leur demander en plus d'utiliser leur salle de bain !).

Habitant non loin de là, dans le Delaware, ils ont acheté ce terrain il y a quelques temps, y ont installé leur camper et un cabanon, vont faire quelques travaux d'amélioration, et ils vont y emménager définitivement cet été.

Pour ce soir, j'ai un mélange quinoa/haricots et des morceaux de mangue.

Et même si le terrain est légèrement en pente, je m'estime vraiment chanceuse et je dors très bien !