Carnet de voyage

A vélo sur la côte Est des Etats-Unis

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Depuis Bradenton en Floride (golfe du Mexique) d'abord vers le NE pour rejoindre la côte Atlantique (St Augustine), puis le long de l'océan vers le Nord : Géorgie, Caroline du Sud, du Nord, Virginie.
Avril 2024
45 jours
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Publié le 18 avril 2024

J'ai atterri à Miami le soir du 16 avril, et après avoir passé la nuit suivante dans un Airbnb pas loin de l'aéroport, je retourne ce matin à l'aéroport de Miami pour y prendre un bus.


Ce bus me permettra de rejoindre St Petersburg, dans la baie de Tampa, du coté du golfe du Mexique.

En effet j'ai décidé, puisque le bus me le permet, de faire une rapide 1ère étape pour visiter St Petersburg avant d'aller chercher mon velo à Bradenton un peu plus au sud.

Le chauffeur de taxi qui m'amène au terminus du bus est très amical et nous sympathisons immédiatement. Originaire du Nicaragua, il vit à Miami depuis 44 ans, et il a perdu sa femme du covid en 2022. A la fin de la course, il me dit qu'il est témoin de Jehovah et me refile cette petite brochure à lire dans le bus !

Je suis bien triste de découvrir que les mythiques bus Greyhound ont été rachetés par Flixbus !

Mon bus dessert Fort Lauderdale, Naples, Fort Myers, Venice, Sarasota et St Petersburg. Nous traversons des zones humides (c'est la Floride !) et je commence à regretter d'avoir raté les Everglades !

Photos prises du bus
La succursale Tesla à Fort Meyers

L'Interstate 275 traverse la baie par le très long Sunshine Skyway bridge, qui mène directement à St Petersburg ; ce pont est interdit aux vélos, ça tombe très bien que le bus me permette d'y aller..

Le bus me dépose sur Central avenue, à 300 m de la Chihuly collections, où je me rends directement.

J'avais beaucoup apprécié cet artiste du verre qui avait fait des installations au Botanical garden de St Louis, que j'ai eu la chance de visiter par deux fois.



Dale Chihuly, qui n'a pas perdu son oeil d'un accident du travail, ou d'une bagarre, mais lors d'un accident de voiture à Londres.

Et voilà quelques unes de ses oeuvres, que je suis très contente de revoir, même si je les trouve beaucoup plus géniales quand elles sont installées dans un jardin au milieu des plantes.

Float boat
Série vénitienne
C'est exceptionnel, dans un musée !

Après la visite, j'ai la chance d'assister à une démonstration d'un jeune artisan verrier dans un batiment d'en face.

Dans la boutique, parmi les objets à vendre, des supports de smartphone :

Le quartier sur Central avenue, est orienté "artistique".

Hommage aux suffragettes sur Central avenue

Ce soir, douche bienfaisante car j'ai rejoins ma piaule à pied, elle est un peu éloignée du centre, et il fait ... chaud !

Ma première IPA !

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Publié le 20 avril 2024

Jeudi 18 : je quitte dès 9h ma charmante petite piaule de la 26ème avenue, pour une longue marche jusqu'au musée Salvador Dali, qui se trouve au bord de l'eau et des marinas.

Il se trouve à proximité du petit aérodrome Albert Whitted ...

... et il faut aussi traverser le très luxueux campus de l'université de south Florida.

Voilà le batiment du musée Dali avec son dôme où on peut vivre une "expérience artistique multisensorielle qui enveloppe les visiteurs dans 360 degrés de lumière et de son". Moi j'ai juste pris le billet pour les collections et l'expo, qui est déjà suffisamment cher, même avec la reduc senior (27$)

Mais je regrette carrément pas. Dali et Gala ont vécu à New York pendant la 2eme guerre, puis sont retournés très souvent aux États-Unis où son talent a été reconnu très tôt. Le Musée Dalí de Saint-Pétersbourg possède la plus grande collection d'œuvres de Dalí au monde, si on excepte le musée de Figueras.

Avant de rejoindre le mouvement surréaliste, il a été d'abord influencé par les impressionistes, et d'ailleurs, il y a en ce moment une expo "Dali et les impressionnistes", en collaboration avec le musée de Boston, qui a prêté des Monet, Matisse, Renoir et Degas.

Port de Cadaques et le chemin de Portlligat

Saltimbanques et le Lobster phone

L'important, c'est la rose
Galacidalicidesoxiribunucleiacid, ouf !!

Bien surréaliste

Colloque sentimental
Atmospheric skull sodomizing a grand piano

Angelus

Oeufs sur le plat sans le plat

Vue sur la marina, et à l'extérieur, la fontaine de Jouvence et ses fourmis

Apres la visite, je marche longtemps pour trouver l'arrêt du bus 203 qui passe à 16h, et qui doit m'emmener à Bradenton.

Banyan remarquable

Au bord du Mirror lake

Une piscine pour chiens

Ce n'est pas faute d'avoir cherché, tourné, demandé, je n'ai jamais trouvé cet arrêt de bus, et je finis par commander un Uber pour aller à Bradenton chez Becky et Tom, mes hôtes Warmshower de l'an dernier, qui m'attendent.

Je retrouve chez eux mon vélo Trek et mes affaires de camping.

D'ailleurs je monte rapidement ma tente dans leur jardin, je refais la pression des pneus, et Becky et moi, partons tout de suite à vélo dans un parc voisin pour une soirée musicale (reggae). Becky était en classe avec un des musiciens.

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Publié le 21 avril 2024

Hier soir, j'ai remarqué que le frein arrière ne fonctionne pas, et Becky m'a donné les coordonnées de son bike shop, Run2ride, dans la zone commerciale de Bradenton.

Elle et Tom sont partis travailler très tôt ce matin, aussi, à mon reveil, je démonte la tente et rassemble mes affaires en essayant de les agencer aux mieux dans les 2 paires de sacoches miteuses et fatiguées que j'avais laissées ici. La répartition et la configuration idéales, je les trouverai au fur et à mesure du voyage.

Le bike shop vient juste d'ouvrir quand j'arrive et le jeune employé s'occupe de mon vélo sans attendre, pendant que j'explore le magasin, dédié au cyclisme et au running. En cherchant les pastilles d'electrolyte, je découvre qu'il existe aussi des chewing gum "coup de fouet".


On peut essayer les chaussures de running sur une vraie piste

Après avoir récupéré mon vélo réparé, je m'arrête au Goodwill voisin, une sorte d'Emmaüs immense organisé comme un vrai magasin, j'adore les Goodwill, j'y ai toujours fait de bonnes affaires. Aujourd'hui, je me trouve 2 chemisettes légères et surtout à manches longues qui me protégeront du soleil ardent sur la route.

Je prends la route vers le nord, en passant le green bridge au dessus de la Manatee river, qui à cet endroit a une largeur de 1 mile, c'est dire si le pont est long, mais il existe une voie vélo sécurisée.

A Palmetto, je prends la direction Nord Est, il fait très chaud déjà, et je multiplie les pauses, surtout pour me ravitailler en boissons fraiches.

Je retrouve avec bonheur l'ombre précieuse des beaux "live oak trees".


A part ça, le trajet est assez pénible, le trafic est important, et il n'existe pas de "petites routes".

Ce sont des golfs, des resorts, des résidences "55+ community", c'est à dire de grands domaines sécurisés et luxueux, où vivent de riches retraités, des marinas ...

Je vise pour l'étape de ce soir le camping Little Manatee state park, mais Mapsme me conduit stupidement à une résidence de golfeurs (ça doit être un raccourci), que je ne suis pas du tout autorisée à traverser. Ah, les facéties de l'IA !

Le gardien qui m'en avait refusé l'accès, me voyant si désappointée d'être obligée de faire un long détour d'au moins 8 miles, vient m'apporter une bouteille deau fraiche pendant que je refais le point gps.

Finalement je tombe sur une base de canoë sur la Manatee river, qui fait aussi camping, et je ne vais pas plus loin. L'endroit est accueillant, il n'y a pas de RV, juste des petits bus aménagés en mode baba cool, et quelques tentes. Je vais être bien, là, pour ma 1ere nuit du voyage.

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Impossible de retrouver mon chargeur US, malgré une fouille approfondie des sacoches, j'ai dû l'oublier au bike shop hier. J'en emprunte un à mon voisin de tente, qui finalement m'en fait cadeau, à mon grand soulagement.

Avant de repartir, un petit tour au départ des canoës ...

La little Manatee river

...et je quitte ce sympathique camping, toujours en direction du Nord.

Un de mes voisins est un peanuts boiler ( cacahuetes bouillies, specialité cajun)

La région est pleine de ces live oaks, j'en verrai toute la journée.

Mais les routes ne sont pas du tout plaisantes, cest le week-end, il y a beaucoup de trafic (à la reflexion, ça doit être pareil en semaine aussi !), et toute la région autour de Tampa est sillonnée d'autoroutes.

La plupart du temps ce sont des highways à 2 fois 2 voies, mais par chance, la bande de droite est réservée aux cyclistes, même si j'en ai pas vu un seul. Pas très fun, surtout qu'il y a régulièrement des intersections avec d'autres highways, rythmées par des feux interminables en plein soleil, et que les arrêts et les redémarrages répétés avec un vélo chargé demandent des efforts certains.

Entre 2 highways, j'arrive à rouler sur quelques country roads, mais la circulation y est assez intense, pas de bande cyclable et ça râle quelquefois derrière moi quand on ne peut pas me doubler. Pourtant, ce beau cycliste au milieu d'un rond point rappelle à tous "share the road" !

A la fin de cette chaude et rude journée, j'arrive enfin au Hillsborough river SP, sur la commune de Thonotosassa, je ne m'en lasse pas, qui est doté d'un camping.

Grosse déception en arrivant à l'entrée : "camping full". J'aurais dû y penser : on est samedi.

Le ranger de permanence me parle d'hôtels au village voisin, à 6 miles.

Mais il est quand même très souriant, il me propose d'entrer me rafraichir dans son bureau, d'utiliser la fontaine à eau, de me reposer et de charger mon téléphone.

Il me parle aussi du voyage qu'il a fait l'an dernier à Paris et au Mont st Michel.

Et finalement il n'a pas fallu 2 minutes avant qu'il me propose un emplacement "qu'il garde inoccupé en cas d'urgence". Ouf !

Le parc est génial, immense ( le camping est à 3 miles de l'entrée) avec des trails, des accès à la rivière, des points d'observation.... Douches au top, et sur mon emplacement une table et bancs, un point d'eau, un raccordement électrique et un petit barbecue.

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Publié le 22 avril 2024

La journée commence bien, je me réveille ce matin avec l'esprit clair et une grande envie de réorganiser mes affaires dans les sacoches. Ça me prend du temps, et je me mets en route assez tard, juste avant 10 h, mais je suis assez satisfaite du résultat.

En fait toute cette journée sera très plaisante : déjà le ciel est couvert et ça fait baisser significativement la température.

Puis j'ai eu plusieurs coups de fil et messages dans la journée de plusieurs d'entre vous, c'était super cool.

Ensuite, la circulation est beaucoup moins dense, la route plus tranquille. Je passe rapidement la ville de Zephyrhills, puis comme son nom l'indique, les hills qui vont avec.

Dans la zone commerciale de Zephyrhills, un curieux drive- in pour acheter des boissons :

Et aussi. ce smoke shop rigolo. Je crois qu'en Floride, on peut légalement acheter du cannabis (pour usage thérapeutique).

Remarquez le gros pétard sur le toit du van

A Dade city, pile à l'heure du déjeuner, je repère un Ihop, où je sais qu'on peut commander à toute heure un super breakfast sur la formule à 8,99 $ pour les + de 55 ans, avec oeufs et pancakes. Super concept ! Ça me fera mes protéines de la journée.

Dade city serait la capitale du papillon monarque.

Et 6 miles plus loin, je trouve le Withlacoochee state trail, bonne surprise que je n'attendais pas. Ce trail fait 46 miles de long (74 km) et me sera bien utile pour rejoindre Inverness, ma destination du jour.

Là, c'est enfin le bonheur de rouler sans s'interrompre, sur un chemin plat, bien asphalté (ancien chemin de fer), souvent à l'ombre, et entourée d'une végétation limite tropicale.

Cette toponymie qui me plait bien (Thonotosassa, Withlacoochee...) vient du langage Seminole, des Indiens de Floride.

Voyons un peu cette spanish moss de plus près. On en ferait bien un matelas douillet.

Et la wild life tout autour de moi.

Mais la bonne surprise et ma grande chance de la journée, c'est ma rencontre avec Cathy et James, 2 cyclistes confirmés, qui s'arrêtent pour papoter avec moi. Ils m'informent que le Fort Cooper SP où je comptais passer la nuit n'a pas de camping et ferme à 19h.

Mais ils me proposent spontanément de m'accueillir chez eux (plus exactement chez Cathy), tout contents de parler vélo et voyages.

Je ne ne fais pas prier, ils sont super sympa, et on devient très vite amis. Je les suis sur ce trail jusqu'à un pub irlandais à Floral city, où ils avaient prévu de diner.

Ils insistent pour m'inviter et ensuite on roule encore 6 miles sur ce trail pour arriver à la maison de Cathy, qui possède SEPT vélos ( +2 qui sont à des amis).


Et l'interrupteur du garage !

Pour conclure cette journée parfaite, j'ajoute que vers 22h, un orage a éclaté et la pluie tombe encore quelques heures. Je savoure ma chance de les avoir rencontrés et de dormir au sec.

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Publié le 23 avril 2024

Cathy habite au bord du trail, et James son amoureux aussi, 1 mile plus loin. Ils se sont rencontrés en janvier, précisément sur le trail et à vélo, quel destin !

Cathy et moi discutons longtemps au petit dej, et je ne pars qu'à 10h, toujours par le trail Withlacoochee, vers le nord jusqu'à Dunnelon où il se termine.

La pluie de la nuit a bien rafraichi, ça change de rouler au frais.

A peine 2 miles plus loin, le trail traverse Inverness.

Celui-ci ne cache pas ses préférences.

Toujours aussi plaisant de rouler au frais dans la nature

J'aurais bien aimé voir des alligators, mais James m'a expliqué qu'ils ne sortent pas par temps frais

Je suis sûre qu'ils sont là dessous, au pied des cypress trees

Le trail continue sur environ 20 miles, jusqu'à Dunnellon, puis, dommage, se termine au bord de la highway 484. A partir de là, la route devient de nouveau pénible , un trafic dense, des feux de circulation et aussi du vent. Plusieurs fois, je songe à changer mes plans et à m'arrêter plus tôt, mais finalement les autres options ne m'inspirent pas plus que ça.

Je sais que je retrouverai des amis au camping de Silver springs State park, mais je ne voulais pas arriver tard ... en plus les Américains se couchent tôt!

Du coup, j'arrive là-bas vers 19h30, après une journée assez harrassante de 56 miles (=90 km), .... mais j'ai bien fait de m'accrocher : Julie et John sont toujours aussi adorables, et m'accueillent avec une bière bien fraiche et très bienvenue.

Lui va avoir 82 ans, il conduit son Camper comme un chef, et il a un humour incroyable ! Ils habitent Appolo beach dans la baie de Tampa et partent au moins une semaine par mois dans les States parks des alentours, et parfois plus loin, dans ce Camper (qu'ils trouvent petit), avec leurs 2 chats, un autre véhicule + 2 vélos à l'arrière.

Je les avais rencontrés la 1ere fois que je pédalais aux États-Unis, (2015) sur le Mississippi river trail dans le Kentucky,et une 2ème fois en 2019 dans un camping de st Augustine ( Floride).

Je peux installer ma tente sur leur emplacement, et la nuit est fraiche, je ne m'y attendais pas.

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John nous prépare un southern breakfast, avec de la grit (sorte de semoule) cuisinée avec de petits piments et une sauce gravy, des oeufs brouillés et un morceau de bacon végétal.

J''avais pas prévu ça, mais ce matin je me sens déjà prête à faire un break (j'en suis qu'à mon 5eme jour), car je suis tentée par la visite des Silver springs et la balade en bateau que Julie et John ont faite hier.

Eux quittent le camping aujourd'hui pour un autre où je les rejoindrai peut-être, et leur emplacement est disponible.


Notez le pare soleil confectionné par Julie !

On arrange l'affaire avec le ranger, et ils repartent de leur côté vers St Augustine, tandis que je me dirige, vélo à vide, vers l'entrée du parc.


L'attelage de Julie et John

En chemin , je repère un Aldi où j'achète mon pique-nique, ici c'est pas considéré comme un discount, mais presque une épicerie de luxe.

Aldi est mon ami

Silver springs est un ensemble de sources artésiennes qui alimentent la Silver river, constituant la plus grande source artésienne du monde, avec un débit quotidien de 500 millions de gallons (1 gallon = 3,8 litres) par jour.

La température de l'eau est de 72 degrés toute l'année.

C'est aussi la plus ancienne attraction touristique commerciale de Floride, popularisée par ses excursions en glass bottom boats.

Après le pique nique, j'embarque sur le chief Yahalochee, à fond transparent donc, pour un tour de 30 minutes sur la Silver river, incroyablement claire.

Les photos ne reflètent pas vraiment la realité, mais en plus des différents poissons et tortues, on peut voir ces résurgences qui diffusent des bulles en continu. Il en apparaît tout le temps !

Mon 1er alligator !

Un cormoran

Le 2eme ! Celui-ci est un bébé.

A la descente du bateau, je me promène dans le parc, toujours émerveillée par la végétation.

Dans les années 1830, Osceola, chef guerrier Seminole s'était opposé au déplacement forcé des Indiens vers l'Ouest. Lors des négociations du traité de Fort King, lui et ses compagnons avaient campé le long de la Silver river. Osceola a lacéré le traité avec son couteau et est retourné à Fort King pour tuer l'agent général des Indiens Wiley Thompson, ce qui a déclenché la Seconde Guerre Séminole, l'une des plus longues guerres américaines, de 1835 à 1842. A la fin de la guerre, les 200 à 300 Séminoles restants ont déménagé dans le sud de la Floride. À ce jour, ils n’ont pas signé de traité formel.

On peut aussi trouver dans ce parc des singes Rhésus emmenés là comme attraction au 19eme siècle. Il en resterait encore 300.

Pour finir, ce site a été beaucoup utilisé comme décor de tournages pour plus de 20 films, dont 6 Tarzan, un James Bond (Moonracker), the Creature from the black lagoon (l'etrange creature du lac noir), la série Sea hunt, et même des épisodes de Flipper !

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Publié le 26 avril 2024

Voilà mon emplacement, qui semble immense après le départ de Julie et John.

Aujourd'hui, je roule en direction de st Augustine, que je prévois d'atteindre en 2 petites journées.

Fort Mc Coy est le 1er village sur ma route, qui pour une fois est très tranquille, et le trafic très faible.

Beaucoup d'élevages de chevaux, un peu de bétail aussi. Et quelques soutiens de notre ami Donald.

Journée calme, donc, pédalage facile, pas de vent, pas trop de soleil, et pour déjeuner un parc vers Orange springs.

Salade de macaronis, petites tomates et hoummous, du peperjack, pomme et Peanut butter crunchy

Un peu trop calme, d'ailleurs, je n'ai vu personne de la journée. Heureusement que j'ai reçu quelques messages d'amour.

Quelques distractions sur le chemin...

Les boites aux lettres ne valent pas celles de la côte Est de l'an dernier.

Par chance, 10 miles avant la fin de l'étape, je tombe à l'intersection avec la 310 sur un diner typique, le Hog wild country coffee, devant lequel est garée la voiture du sheriff.

Je ne vais pas manquer ça, même si c'est un peu tôt pour moi (16h30), alors je me mets à l'heure américaine et c'est parti pour une Blue moon avec des sticks de zucchinis (beignets de courgettes).

Finalement, tout cela m'a mise en retard et quand j'arrive au Rodman campground, les barrières sont baissées, le bureau des Rangers est fermé, et le numéro de téléphone ne répond pas.

Je tente ma chance en me rendant directement aux emplacements de camping 2 miles plus loin.

Là, je trouve le campground host, qui me laisse m'installer en me demandant de partir très tôt demain, ni vu ni connu.

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Publié le 26 avril 2024

Le challenge du jour, c'est donc de partir très tôt ce matin, alors je mets l'alarme à 6h. Le jour se lève à 6h30, et je suis assez efficace, car à 7h10, je suis déjà sur la route. Il fait même frisquet :12°, mais on atteindra 26° dans la journée.

Tout commence très bien, ca roule impeccablement jusqu'à Palatka qui est seulement à 10 miles.

Je m'arrête plusieurs fois pour prendre en photos différents styles de maisons.


A l'entrée de Palatka

A Palatka, un grand pont gardé de part et d'autre par de fiers militaires en bronze traverse la St John river.

Il comprend une voie protégée pour les piétons/cyclistes, mais il y a pas mal de débris dessus.

D'ailleurs, à la sortie du pont, j'ai la sensation de rouler à plat, et oui, c'est bien une crevaison, et à l'arrière. Heureusement que j'avais pris de l'avance sur ma journée.

Josh, qui tient un bureau de vente d'abris et de garages juste à côté, me vient en aide : il colle un mot sur sa boutique, charge mon vélo avec ses bras musclés et tatoués (toutes les sacoches sont encore dessus) à l'arrière de son pick up et m'emmène dans 2 bike shops des environs. Le 1er est pour les motorcycles, et le 2eme est tenu par un très vieil homme, qui ne veut plus faire de réparations.

Donc retour à la boutique de Josh, qui m'installe un ventilateur pour me soutenir pendant que je tente de remplacer la chambre moi même. Ça me prend du temps, mais j'y arrive, même si ma petite pompe ne donne pas une pression suffisante dans le pneu.

Je me remets en route, avec un peu moins d'entrain, car j'ai peur d'une nouvelle crevaison, maintenant je vois des bouts de verre partout devant ma roue !

J'ai encore une cinquantaine de km à faire pour St Augustine. J'avais pris cette route en 2019, c'était la fin du voyage (au départ de San Diego), et je retrouve le joli trail qui évite la 207, trop fréquentée et sans ombre.

Je revois avec plaisir les beaux batiments de type colonial espagnol de St Augustine.

Le lightner museum, le Flagler College

Fondée par les Espagnols le 18 septembre 1565, st Augustine est aussi le plus ancien établissement d'origine européenne resté continuellement occupé sur le territoire continental des États-Unis.

On passe encore un grand pont à bascule qui franchit la rivière Matanzas.

De l'autre côté je finis par trouver un bike shop pour refaire la pression des pneus et acheter une nouvelle chambre à air.

Puis je rejoins Julie et John au camping d'Anastasia SP, où ils m'invitent à poser ma tente sur leur emplacement, puis à diner.

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Publié le 27 avril 2024

Une fois couchée dans la tente, j'entends des grattements qui semblent provenir de l'endroit où est posé mon vélo. Je mets un peu trop de temps à réagir, et quand je surmonte ma flemme d'aller voir, je constate que ces bruits suspects viennent d'un perfide racoon (raton laveur) qui s'est servi dans mes provisions. Il a carrément troué la sacoche, emporté mon paquet de tortillas et bien entamé un sachet de flocons d'avoine !

Ça m'apprendra à laisser sur le vélo des sacoches avec de la nourriture. Déjà qu'elles sont à moitié cassées et décousues... !

Aujourdhui, j'ai une petite journée puisque je suis attendue à Jacksonville (36 miles) chez John et Carol, mes hôtes fidèles qui avaient gardé mon précédent vélo en 2019/2020, et des affaires de camping jusqu'à l'année dernière. Cette fois-ci je ne leur demande pas de stockage, c'est une visite amicale.

Je repasse par Saint Augustine, sa fire station, et son phare.

Le monument à Ponce de León qui découvrit la Floride en 1513 en accostant non loin d'ici.

Et un hommage aux fantassins de la liberté qui ont participé aux marches pour les droits civiques dans les années 60.

L'ancien marché aux esclaves

La cathédrale basilique, la plus ancienne église de Floride (1565)

Et juste devant, le monument de la Constitution

Au coeur de la ville, la st Georges street, encore une rue de la soif, mais qui est encore assoupie, à cette heure matinale.

Vestiges du Castillo san Marcos

Ce pont traverse la Tomatolo river pour atteindre le bord de l'océan sur la A1A.


Vilano beach, Ponte Vedra beach, Jacksonville beach ... Au moins, je roule du bon côté de la route : j'ai l'océan à ma droite. Mais, on ne voit pas grand chose : le bord de mer est presque totalement fermé par les grandes demeures et les accès à la mer sont très limités. J'arrive quand même à m'en approcher, et il n'y a pas foule.

Cette portion entre St Augustine et Jacksonville, je l'avais faite l'année dernière, dans l'autre sens au tout début du voyage, mais c'était la tempête, pluie et vent fort ! Cette fois ci, je suis plus attentive au paysage.

Je m'arrête pour un café dans une station service (la seule d'ailleurs sur ce trajet) où l'an dernier j'avais déjà fait une pause, sur les recommandations de Mike. Et c'est incroyable : le gars m'a reconnue ! Small world, isn't it ?

Je retrouve quelques unes des boites aux lettres du genre qui m'avaient bien plu l'an dernier.

Cette portion de la A1A est plutôt tranquille, et fait partie du Florida greenway, la voie cyclable à droite est bien roulante.

Green house on the greenway

Encore un peu de plage avant de quitter la A1A pour bifurquer vers Jacksonville.


Je m'arrête au supermarché Publix pour choisir du vin à apporter à mes amis.

Pas de vins français, mais on leur a donné des noms français. Pas sûr que tout le monde comprenne le sens.

Super accueil chez mes amis, j'ai presque l'impression d'être à la maison.

Mike a aussi invité pour diner Michelle et JoAnn, qui m'avaient aussi hébergée déjà en 2019, puis elles m'avaient recueillie l'année suivante quand j'étais revenue en urgence de Cuba, le temps d'organiser mon rapatriement. Entretemps, elles se sont mariées, l'année dernière sur la plage, on regarde les photos.

Mike nous a préparé un super repas de saumon et asperges grillés au Bbq, avec une sauce aux pignons et olives, le tout est délicieux, je lui ai piqué la recette.

Le lendemain, encore un day off, je sais, j'abuse, mais c'est proposé si gentiment! J'en profite pour faire une vraie lessive, réparer la chambre à air, protéger la sacoche trouée, définir la route des prochains jours et les possibilités d'hébergement, et aussi rendre visite au voisin de Mike qui vient de s'acheter un super vélo de route électrique.

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Publié le 30 avril 2024

Je quitte mes amis tôt ce matin dimanche (ils vont à la messe) et dès 7h45, je suis sur la route direction l'océan, et c'est super, ça ne circule pas beaucoup !

Voici la carte qui represente la section suivante de mon voyage, de st Augustine à Savannah.

Et cette carte de la zone où je circule aujourd'hui illustre combien il y a de l'eau partout ici : des rivières côtières, des canaux, des îles, des ponts et des ferries.

Depuis le pont au dessus de l'Intercoastal waterway.

Jacksonville beach, Neptune beach, Atlantic beach...

L'hôtel Margaritaville me fait penser à la chanson de Jimmy Buffett, qui est mort il y a 6 mois.

J'emprunte le plus souvent la 1st street, qui est parallèle à l'océan mais mieux protégée du vent.

Après la courte (10 mn) traversée de la St John river en ferry, je tombe sur ce très intéressant marker qui rappelle le débarquement le 1er mai 1562 des Huguenots français près d'ici (pour échapper aux persécutions religieuses) et leur vie de colons jusqu'en 1565, apres avoir fondé la Caroline en 1564.

Jai trouvé un lien wikipedia qui donne des précisions sur ces faits qu'on ne connait pas : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fort_Caroline

Le Boucaneer trail, très agréable à rouler, longe la côte et permet d'éviter la A1A, qui n'est pas très fréquentée quand même ce dimanche matin.

Petite pause avec les barres de céréales que m'ont offert Michelle et JoAnn.

Je recontre à plusieurs reprises 2 filles à vélo de route, qui me conseillent de faire un tour à Cumberland Island, on peut y aller en ferry depuis St Mary. Du coup, je commence à changer mes plans pour demain.

Je leur parle de l'Eurovelo 6, ça les intéresse vraiment beaucoup, qui sait, elles viendront peut-être un jour !

Je oasse un autre grand pont qui amène sur Amelia Island ; au nord de cette ile se trouve Fernandina beach, mon étape du jour.

Voitures de pêcheurs sur la plage depuis le pont

Un petit bout de France avec ce food truck de crêpes et gaufres, tenu ... par un anglais.

Pour moi ce sera crêpe aux épinards, champignons, fromage puis une gaufre caramélisée.


J'arrive à Fernandina beach assez tôt mais je me perds un peu pour trouver l'entrée du State park immense (mon gps m'a envoyée directement sur le camping mais cette entrée là est fermée et il faut passer par le bureau des rangers 5 miles plus loin, c'était trop facile !

Le camping est encore full, mais finalement il y a encore de la place pour une tente.

Après mon installation, il est encore tôt, alors je ressors pour voir la vieille ville, dont on m'a beaucoup parlé. Je n'y vois pas grand chose de spécial, à part quelques jolies maisons....

Surtout que ce quartier est tout proche du site de West Rock (usine de fabrication de papiers et d'emballages) qui fait beaucoup de fumée et de bruit, ça casse un peu la magie.

Heureusement un peu plus loin, il y a le Historic district, pas très animé (c'est dimanche soir), mais je peux passer un moment dans un resto mexicain, étancher ma soif et ma faim avec des nachos à la salsa + guacamole et des veggie tacos.

La poste de Fernandina beach

Retour au camping, en traversant cet immense State park, et en faisant un crochet pour voir l'océan.

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Publié le 30 avril 2024

Depuis le camping, il me faut contourner toute cette zone de rivières et marécages : je redescends vers le sud puis je prends vers l'ouest un bout de la route 200 que je quitte heureusement à Yulee pour remonter vers le nord par la 17 plus calme.

Depuis le pont routier, j'aperçois la voie ferrée parallèle qui traverse aussi la riviere st Marys, mais avec un pont tournant, c'est la 1ère fois que j'en vois un pour les trains !

Sur le pont routier, c'est moins rigolo et la voie "vélo" est comme d'habitude pleine de débris de toutes sortes.

La St Marys river sert de limite entre la Floride et la Géorgie.

Ce n'est pas mon vélo mais celui d'un autre voyageur à vélo, le 1er rencontré depuis mon départ. Il est Suisse et il est parti de Key West. ...et je suis également la 1ere voyageuse qu'il rencontre !

Sur la route, je m'arrête au visitor center pour obtenir une carte de la Géorgie et faire le plein de docs sur les villes et les itinéraires de la côte.

Depuis que je roule ce matin, j'ai eu le temps de prendre la décision de suivre les conseils des 2 cyclos d'hier et de faire un détour pour aller visiter Cumberland Island. Je quitte donc la highway 17 pour prendre la 40 qui va à St Marys d'où partent les ferries.

Mais il n'y a que 2 départs de ferry par jour, et c'est trop tard pour aujourd'hui donc je programme de rester 2 nuits sur place pour y aller demain.


Quand je dis "sur place", c'est pas tout à fait ça : le camping le plus proche est à 10 miles du départ du ferry (16 km). Un moment j'avais envisagé un petit BandB, mais tout est hors de prix à St Marys.

Sur la route qui mène au camping de Crooked river SP, on passe devant la base sous-marine navale de Kings bay.

Ici, c'est l''USS Bankroft sail à moitié enterrè.

J'arrive au camping de Crooked river SP juste 10 minutes avant la fermeture, aussi quelle idée de fermer à 17h !

En parlant de prix, les campings des State Parks sont également très chers en Floride, et ça semble pareil en Géorgie : pour 2 nuits + 1 esquimau, je paie 96 $ !

Mais alors pour ce prix-là, j'ai un emplacement immense !

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Publié le 1er mai 2024

Ce mardi matin, à 8h pile, la journée démarre avec l'hymne américain, je suppose que ça vient de la base navale voisine !

Peu après, je démarre moi aussi, en roulant donc à vide direction St Marys qui est à 10 miles du camping, pour faire l'excursion sur l'île de Cumberland. A mi chemin, je m'arrête sur le site des ruines d'une sucrerie construite en béton tabby par Jolin Houstoun McIntosh peu après 1825.

Dans sa cabane à sucre, il aurait installé le premier moulin à canne horizontal fonctionnant à l'énergie bovine.

En tous cas, le site est beau, romantique et calme, ç'aurait fait un parfait bivouac si je n'avais pas peur de me faire surprendre par les rondes de la maréchaussée.

Je fais une recherche sur le tabby qui est un type de béton qu'on fabrique en brûlant des coquilles d'huîtres pour créer de la chaux, puis en le mélangeant avec de l'eau, du sable, des cendres et des coquilles d'huîtres brisées.

A l'entrée de st Marys

J'ai du temps avant le depart du ferry de 11h45 (j'ai raté celui de 9h), alors je me ballade dans le quartier historique.


Je m'achète un pique nique pour tout à l'heure (car il n'y a aucun commerce sur l'île), et prends un café dans cet accueillant patio.

Au visitor center, j'adore la panoplie du Castor junior.

On part pour une traversée de 45 minutes. Je fais connaissance avec Liza, qui m'avait repérée, car nous longeons au même camping.

L'arrivée

Il y a 4 autres vélos, et aussi des campeurs qui apportent beaucoup de matériel dans d'énormes chariots. Il y a 3 campings sur l'île, dits "primitifs" sans douche, ni électricité et on ne peut pas y rester plus de 7 nuits.

Les chariots mis à disposition des campeurs pour apporter leur matos au camping

Il n'y a qu'une route qui traverse l'île dans le sens nord-sud et plusieurs trails mais non autorisés aux vélos.

Je me régale de rouler ici, sans aucune voiture, avec cette magnifique végétation.Cependant la route nest pas asphaltée, c'est du sable, de plus en plus mou et désequilibrant.

Serpent

Impression d'être Robinson Crusoe.

Je m'approche d'une plage immense pour toucher l'eau, que je trouve à très bonne température.

Mais la présence de nombreuses méduses sur le sable me dissuade d'une éventuelle baignade.

Jelly fishes

Je roule avec difficulté jusqu'à la mansion Plum Orchard, mais le guide me dissuade de faire la visite si je ne veux pas rater le ferry du retour.

Il me fait peur, car après le ferry de 16h45, la seule option pour rentrer est d'affréter un bateau privé, ce qui doit coûter une fortune.

Je suis déçue de ne pas pouvoir aller au bout de l'île voir la fameuse first african baptist church, construite par des esclaves émancipés après la guerre civile.

On n'a pas manqué de me faire savoir que c'est dans cette toute petite église qu'a eu lieu le mariage de JFK Jr en 1996, avec Carolyn Bessette. Du coup, je me rappelle qu'ils sont morts tous les 2 trois ans plus tard dans un accident d'avion qu'il pilotait (la malédiction des Kennedy).

Je repars aussi vite que je peux vers le sud en direction du ferry, mais j'ai quand même le temps de voir les ruines du domaine de Dungeness, qui a brulé en 1959.

Avant le départ du ferry, une ranger nous fait une intervention sur les tortues locales.

De retour sur la terre ferme, je fais un tour au vieux cimetière de st Marys, mais je ne trouve pas les tombes des Acadiens dont on m'a parlé.

Dans les cimetières américains, .on peut circuler en voiture, les voitures de golf doivent rester sur la route principale.

Journée super intéressante, surtout que j'avais pas prévu d'aller visiter l'île de Cumberland, mais alors, c'était épuisant de rouler sur la route sablonneuse.

Au camping, je discute le coup avec Liza et me couche de bonne heure.

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Publié le 1er mai 2024

Je quitte le camping vers 9h après avoir salué Liza qui reste encore une nuit ici.

Il fait déjà 26°, la journée va être très chaude, et inconfortable surtout quand je ne roulerai plus à l'ombre. Pour tenir le coup, je teste cette nouvelle potion magique aux électrolytes.

Je prends des petites back roads très agréables, au revêtement bien roulant, peu de circulation en tous cas très peu de camions (je suis pas sûre que le 1er mai soit un jour ferié ici), et il y a plein de petites maisons sympas sur le chemin.

Un school bus et un church bus.

Je me demande si c'est pour les ramassages du dimanche matin dans les campagnes.

Je trouve un trail bien agréable vers Woodbine jusqu'à White oak, avec un banc pour le pique-nique. Mais je suis attaquée par les no-see-ums (minuscules moustiques), qui sont très excités par la chaleur de la mi-journée (+ de 30°).

Repas on-the-go tout prêt: salade de thon avec des crackers pour accompagner.

Depuis le pont sur la Satilla river

Je ne rate aucune station service pour me désaltérer d'une boisson fraîche.

Dans celles du Sud, on trouve très souvent des cacahuètes bouillies. Et toujours des fontaines à soda !

Justement à cette station essence de Waverly, un autre cycliste vient me rejoindre. Mais lui il voyage sur un pauvre beach bike, avec un petit sac à dos et un seau en guise de panier avant. Je me demande s'il est homeless.

On fait un peu de route ensemble, et rapidement le ciel devient tout noir, l'orage va arriver d'un moment à l'autre.

On a juste le temps de s'abriter dans un bâtiment heureusement ouvert, au milieu de terrains de sports. Très vite, c'est le déluge, et même de la grêle!

Ça dure une bonne 1/2 heure, puis le soleil revient, et voilà le bâtiment où nous sommes. On est à Maple Ford Park.

Il est déjà presque 18h, on sera mieux de rester là cette nuit plutot que camper dans la boue, et puis il y a des toilettes, des prises électriques....

Et voici le bonus de la journée. Je ne trouve plus guère de jolies boites aux lettres à photographier, alors j'ai décidé aujourd'hui de photographier toutes les églises rencontrées sur ma route. Faut dire que ça ne manque pas, il y en a pour tout le monde : des baptistes, des méthodistes, des saints des derniers jours, ...

Ma préférée, c'est la dernière

Et il y en a d'autres off road.

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La nuit dans le pavillon du park n'a pas été reposante, c'est trop près de l'Interstate 95, qui doit passer derrière, et vraiment trop bruyant. Mais la police n'est pas passée nous déloger....

A 6 h, Michael, mon nouveau compagnon de voyage allume les lumieres et sa musique, finalement ça ne me dérange pas de démarrer la journée si tôt. Et il fait encore relativement frais, la journée sera très chaude aujourd'hui aussi.

Il possède si peu d'affaires qu'il est prêt à partir très vite, mais pas moi. Il me raconte sa vie cassée, je ne comprends pas tout, c'est un peu décousu, mais ça me semble bien illustrer comment on peut vite tomber dans la mouise, surtout dans un pays où il y a si peu de prise en charge institutionnelle. .

Et tout récemment il s'est fait braquer sa voiture avec toutes ses affaires dedans (y compris ses papiers, ses lunettes et son téléphone...). Alors il s'est acheté pour 20 bucks dans un vide-grenier ce vélo beach trop petit pour lui, et il tente maintenant de rejoindre de la famille du côté de Savannah.

Je lui file une couverture et un bidon isotherme dont je me sers pas, et on se met en route pour trouver une carte sim, que je propose de lui acheter.

Au Dollar general, il n'y a pas, il faut aller au Walmart (hypermarché) assez loin, et j'ai pas envie de faire un détour de 15 miles, alors Michael demande au conducteur d'un pick up de nous y amener, et le gars est d'accord !

Mais après avoir installé cette nouvelle carte de téléphone, il n'arrive pas à l'activer, car on lui demande un code qui doit arriver par sms sur un téléphone tiers et ça marche pas avec mon numéro. Le temps passe pendant qu'il essaie avec d'autres personnes, et il commence à faire super chaud ! Et je m'installe dans le retard comme diraient certains...

Du coup, je m'avance un peu et j'arrive au site historique de la Plantation Hofwyl-Broadfield où je fais une pause au frais pour l'attendre, sous ces arbres fantastiques.

C'était une plantation de riz. Un petit trail nous conduit vers les rizières par un chemin au départ très agréable, mais truffé de bestioles diverses qui piiiiiiquent ! Surtout des sortes de taons, en plus petits, une horreur !

La maison originale et une Thunderbird.

Je repars seule avec l'idée d'aller à la bibliothèque de la ville de Darrien. La route traverse plusieurs rivières

Le Darrien creek

Mais la bibli est fermée pour travaux, et je continue mon chemin seule, en semant Michael qui ne peut pas me suivre.

Mon chemin suit plus ou moins l'East Coast Greenway, mais j'ai pas trop confiance dans leur balisage qui n'est pas très régulier.

Puis sur le chemin où apres Darrien, il y a vraiment très peu de distractions, je m'arrête à un pauvre Convenience store, où il n'y a absolument rien de tentant sauf ce Shweppes au gingembre (on a ceux là chez nous ?), et des gaufrettes au beurre de cacahuète, mais je les savoure dans ce fauteuil à bascule, typique des porchs des maisons américaines, j'avais toujours rêvé d'en essayer un !

Notez la chaise percée à coté de mon fauteuil

La route me parait longue avant d'arriver à l'étape prévue du Belle Bluff campground.

Un vélo dans l'arbre

Au camping, le propriétaire est parti à la pêche, et c'est vrai, je m'installe sur l'emplacement suggéré par un autre campeur.

2 jours sans douche, il était temps, vu comme on transpire ici, et aussi comme on se gratte !

Le camping est tout petit, à part 2 résidents permanents avec leur bateau, il y a juste un couple en van et 2 motards en tente. C'est au bord de la rivière avec un dock pour les bateaux. Il serait super s'il n'y avait pas tous ces minuscules moustiques, les no-see-ums, qui m'ont vraiment rendue dingue ce soir, alors que je me réjouissais tant de casser la croûte sur une table au bord de l'eau !

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Ce matin, à 9h30, les autres campeurs sont partis, et toujours personne à l'accueil du camping alors que je suis prête à partir.

Il y a un lot d'enveloppes et une boite aux lettres pour payer, mais aucune explication, ni montant indiqué. Du coup, j'en ai assez d'attendre et je grivèle...

Je rejoins la route 17, et ça roule bien. L'itinéraire cette année, vers le nord, est pour le moment beaucoup plus chouette que l'an dernier quand j'allais vers le sud. Déjà à part quelques portions, le trafic est beaucoup plus calme, le revêtement très confortable, il y a très souvent une shoulder suffisamment large, et la végétation autour est vraiment extraordinaire, pourvu que ça continue !

J'apprécie vraiment de rouler le matin, j'avance bien, pas de vent, et surtout l'ombre est du bon côté pour moi.

Un stop à la 1ere station essence pour un café glacé et des cupcakes au citron : il fait déjà si chaud !

Je trouve sur ma route la "plus petite église d'Amérique ".

Je continue toujours sur la route 17, qui est vraiment tranquille, et je tombe sur un resto de fruits de mer : Captain Joe's, qui m'inspire. Je prends un shrimps Po'boy, une sorte de sandwich qu'on trouve en Louisiane, aux crevettes (en beignet!!!)

Et quand je vais régler mon repas.... on me dit que c'est déjà payé ! C'est la serveuse qui m'offre le repas, je n'en reviens pas, et sa collègue me dit qu'elle fait souvent ça pour les voyageurs. Très touchée, je continue ma route avec une petite honte de ne pas avoir payé la nuit au camping !


Je vais passer un moment à la très accueillante bibliothèque de Riceboro-Midway pour imprimer/scanner un document (20 cts !). Les libraries aux USA sont des endroits magiques : on peut y passer un moment pour se cultiver bien sûr, utiliser les ordinateurs, le wifi, mais aussi se mettre au calme, à l'abri de la chaleur, utiliser les toilettes, prendre de l'eau, recharger son téléphone... C'est un endroit bien connu des voyageurs, et aussi des homeless !

C'est vrai qu'on va voter cette année aux States !

En me rapprochant de Savannah, la circulation se densifie sur la 17, et le camping visé est encore loin.

Comme j'ai économisé la nuit de camping et le déjeuner, je me lâche, et je prends une nuit dans un motel bon marché. Je vais pouvoir passer la soirée sans me faire faire dévorer par ces maudites bestioles qui piquent au crépuscule.

Avec une salade de pâtes au surimi et une Vodoo ranger IPA (9°, la bougresse !)

Et puis j'avais oublié, il y a toujours des bibles dans les hôtels, ici !

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Publié le 5 mai 2024

Le trajet du jour, en se rapprochant de la ville de Savannah, est assez pénible, la circulation est très dense et en plus, je me trompe plusieurs fois et je fais beaucoup de miles inutiles.

Entre autres, à cause de ma gourmandise pour trouver un Waffle house (qui sert de très bon breakfasts)

Oeufs over easy, toasts, et grit + gaufre au sirop d'érable

Encore plein d'églises sur ma route, et un train de marchandises, avec des containers sur 2 niveaux.

Mon plan, c'est de m'installer pour 2 nuits dans un camping pas trop éloigné de Savannah pour y consacrer la journée de demain. Je vise le Red gate farms RV resort, mais là bas, contrairement aux infos de Ioverlander, ils n'acceptent pas les tentes. Il me reste l'option du State park de Skidaway Island, qui est encore plus eloigné de la ville, mais que m'avaient conseillé Julie et John. Du coup, je les appelle pour faire une réservation, ce que je ne fais jamais par principe, mais comme c'est le week-end ...


Au Red gate farm : mais où trouvent ils donc tous ces squelettes ?

Environ 3 miles avant le State park, je m'arrête à Pin Point Heritage Museum, Julie me l'avait recommandé, et je voulais absolument faire la visite, qui illustre la vie, le travail et l'histoire de la communauté Gullah/Geechee qui habite Pin Point.

Après la guerre de sécession, les esclaves affranchis ont pu acheter des terrains en Géorgie, et c'est l'un d'eux qui a acquis celui-ci au bord de la Moon river, où il a développé une activité de pêche des crabes et d'huitres,n qui est devenue une grosse affaire ! Il a pu y faire travailler plein d'autres anciens esclaves, et finalement ces productions sont devenues fameuses, jusque sur les tables présidentielles. Les hommes pêchaient et les femmes ouvraient les huitres et décortiquaient les crabes.

Un des hommes de cette communauté, Clarence Thomas, est devenu juge à la cour suprême.

...mais ils mettaient les huitres en conserve, quelle hérésie !

Un peu plus loin, depuis le pont sur la Skidaway river

Au bureau des rangers du State park, où on me pose la traditionnelle question : " Do you have a reservation?", pour une fois, je peux répondre fièrement que oui, et ça roule !

Par chance, il y a un Publix juste à côté où je fais quelques courses, et ce soir, c'est un festin : salade Neptune (au surimi !), un yaourt, une Key lime pie, avec un peu de Merlot de Californie, très bon, qu'on peut trouver ici en boite en carton. Certes, le quart en alu gâche un peu la fête, mais faut savoir dépasser ses préjugés.

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Publié le 7 mai 2024

Pendant mon petit dej, je mate le voisin qui fait de la muscu pendant une heure.

Un peu avant 9h, je suis prête à partir pour visiter la ville. Il me faut environ 1h15 pour y arriver, mais sans les sacoches, on s'envolerait presque !

Savannah est la plus ancienne ville de Géorgie. Elle a été fondée en février 1733 par le général James Edward Oglethorpe et les cent vingt passagers anglais et écossais du navire Anne. En juillet de cette même année, des familles juives fuyant l'inquisition espagnole et portugaise y sont arrivées également. Puis d'importantes immigrations allemandes et irlandaises au milieu du XIXeme siècle sont arrivées, ainsi qu'une petite immigration catholique et protestante en provenance de France au début du XIXeme siècle.

James Edward Oglethorpe

On dit que c'est la première ville planifiée aux États-Unis. C'est Oglethorpe lui-même qui en dessina le plan en 1732 (un an avant son arrivée sur le site) : un plan aux rues perpendiculaires, comprenant des îlots divisés en 3 parcelles (3×3), la parcelle centrale constituant un jardin intérieur, qui deviendra un des vingt-quatre petits squares de la ville, dont vingt-deux subsistent toujours.

Pendant la guerre d'indépendance des États-Unis, la ville a été conquise par les forces britanniques en 1778, tombée sous l'influence loyaliste. Lors du siège de Savannah, en 1779, l'armée indépendantiste américaine, renforcée par des troupes françaises, a fait une tentative pour reprendre la ville, mais ses efforts ont échoué. Savannah restera occupée par les Britanniques jusqu'en 1782.

Sur le river front

J'espère que je n'aurai pas à passer ce pont demain

Monument en hommage aux 5000 "chasseurs volontaires" d'origine africaine, venus de St Domingue pour participer à la campagne de Géorgie et tenter de libérer Savannah en 1779 , sous le commandement du Français Charles Henri d'Estaing.

Je me laisse tenter par la visite du musée de la Prohibition qui montre comment un siècle de militantisme de plusieurs organisations, dont la Women’s Christian Temperance Union, l’Anti-Saloon League et de nombreuses communautés protestantes ont conduit à l'adoption du 18ème amendement qui a interdit pendant 13 ans (1920 à 1933) la fabrication, le transport, la vente, l'importation et l'exportation de boissons alcoolisées. Ces partisans de la prohibition dénonçaient l’impact de l’alcool sur les familles et la place importante des bars au sein des communautés immigrantes.

Pendant la Probihition, des milliers d’emplois ont été détruits suite à la fermeture de distilleries, des brasseries et des salons, et des produits de substitution ont vu le jour.

Les fabricants d’alcool artisanal ont proliféré, produisant parfois des alcools frelatés mortels. La Prohibition a favorisé l'expansion du crime organisé. Les gangs criminels ont noué des alliances entre eux pour établir des systèmes d’expédition et fixer les prix de l’alcool illégal. Le gangster Al Capone de Chicago en a été l’un des principaux bénéficiaires : il gagnait des dizaines de millions de dollars par an grâce à la contrebande et aux bars clandestins.

Le début de la Grande Dépression a accéléré la fin de la prohibition, car les États-Unis avaient besoin d’emplois et de recettes fiscales. Le Parti démocrate a appelé à l’abrogation de l’interdiction dans sa plate-forme de 1932, et Roosevelt, élu président, a signé la légalisation en 1933.

Nappe sur une table dune reconstitution d'un Speakeasy

Sous une petite pluie très fine, je continue à tourner dans les rues du district historique.

La 1st baptist church, en bordure de square Chippewa. A vérifier : dans la scène d’entrée du film de Robert Zemeckis Forrest Gump, on y voit une plume descendre du clocher de la First Baptist Church, où Tom Hanks, assis sur un banc, attend le bus une boîte de chocolats sur les genoux.

Je vais aussi voir le cimetière colonial.

... et la cathédrale St Jean Baptiste

La maison rouge est la Mercer House, qui sert de décor à la grande fête organisée chaque Noël par John Williams (Kevin Spacey) au début du film "Minuit dans le jardin du bien et du mal" de Clint Eastwood.

Aujourd'hui c'est dimanche 5 mai, j'ai déjà fêté aux USA le cinco de mayo, et j'espérais bien avoir l'occasion de renouveler l'expérience, mais je ne vois rien qui l'évoque ici. Il n'y a peut-être pas une grande communauté mexicaine à Savannah.

J'ai un petit espoir quand j'arrive au parc Forsyth. et que je vois de loin tous ces stands colorés. Mais déception : c'est le Doggy carnival, un rassemblement des amoureux des chiens et de leur maître, avec des stands de nourriture pour chiens et humains, des jeux et accessoires, et surtout un Doggy derby pour courronner le chien le plus rapide dans sa catégorie. Ils sont fous, ces Américains !

Mais la pluie menace et les stands sont en train d'être démontés.

Je rentre au camping, où j'ai la mauvaise surprise de trouver un trou dans ma tente. Pendant la journée, certainement un f... racoon a réussi à se faire un passage pour s'attaquer à mes provisions. La sacoche de nourriture, toujours la même, a un 2eme trou aussi !

Je suis un peu dégoûtée, mais mes gentilles voisines (dont une tient à me dire qu'elle est née au Luxembourg) me dépannent avec de l'adhésif pour colmater la déchirure.

Et il est encore temps de fêter le cinco de Mayo, la visite du musée de la Prohibition m'a donné soif !

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Publié le 7 mai 2024

Pendant la nuit, il y a encore eu une expédition ratoonesque dans mes provisions, la réparation n'a pas tenu et mes tortillas ont été à moitié grignotées. Je rafistole encore la sacoche, mais pour la tente, j'essaierai de trouver un adhésif plus approprié.

Je démarre en direction de Savannah dans un premier temps, en prenant à peu près le même chemin qu'hier.

Cette tour avec des cloches m'intrigue, je croyais que c'était associé à une des églises qui l'entourent, mais finalement ce sont plutôt des sirènes et des alarmes.

La journée est déjà très chaude et moite.

Rues de Savannah

Je n'ai pas vraiment d'itinéraire précis, j'utilise les traces "vélo" de G... map en direction de Charleston, et le GPS me fait passer par la zone portuaire qui est énooorme. J'apprends que le port de Savannah est le plus gros port à containers d'Amérique du Nord.

Donc je subis aussi la circulation de gros camions à remorque qui va avec. Et pas beaucoup d'alternatives à la highway 17, qui devient 170 quand on arrive en Caroline du Sud.

Donc trajet pas très fun, mais j'avance assez bien, c'est toujours aussi plat, et je suis poussée par un vent du sud. Heureusement la pluie prévue en début d'après-midi a du retard !

Entrepôt immense Fedex

Après avoir franchi un très long pont, j'arrive à proximité de Beaufort : pas de camping en vue, et l'orage commence à gronder, alors je cherche un Airbnb à ma portée. Y en a guère, mais le moins cher que je trouve m'accepte tout de suite.

C'est tout bon, mais ... 2 miles avant l'arrivée, je crève, et encore de l'arrière. N'ayant aucune envie de bricoler au bord de la route, sous la pluie, je pousse le vélo à plat jusque chez Bob et Cathy, ce qui n'a pas dû arranger le pneu.

Bob est très aimable et m'aide à remplacer la chambre à air. Les responsables sont encore des débris de ferraille de pneu qu'on trouve en abondance sur les bas côtés et curieusement en plus grande quantité au niveau des ponts, et il se trouve que j'en ai passé beaucoup aujourd'hui.

Le soir mes hôtes vont au restau avec des amis pour fêter l'anniversaire de Bob. Et moi je garde leur chienne Becker qui a peur de l'orage et du tonnerre. En rentrant, Bob s'est arrêté au Walmart pour chercher une chambre à air, mais il ne trouve la bonne taille.

Tonnerre et éclairs toute la soirée, je suis mieux que sous la tente !

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Publié le 9 mai 2024

Alors voici la carte des étapes à venir de la partie centrale de mon voyage.

Depuis ma chambre, on a une vue extra sur le porch de la maison de mes hôtes Airbnb et sur les espaces marécageux derrière. Cathy et Bob sont presque devenus des amis.

Et leurs amis Liz et Anthony qui occupent une autre chambre chez eux, sont aussi très concernés par mon voyage .

Avant mon départ, Bob m'emmène en voiture au bike shop de proximité pour que j'achète une chambre à air et il m'offre un phone holder, qu'il fixe au guidon. Moi qui était contre par principe, je change d'avis vite fait : le GPS sur le téléphone, directement sous les yeux, c'est tellement pratique, surtout que ma sacoche guidon ne me permet pas d'insérer dessus mes cartes (qui d'ailleurs ne sont plus à jour!).

Avant de reprendre la route, je vais visiter Beaufort (prononcer Biaufort) qu'on m'a recommandé : 2eme ville la plus ancienne de Caroline du Sud. Je fais une rapide visite, agrémentée d'un late breakfast.

Puis, je trouve le Spanish moss trail, indiqué par Bob, qui m'évite plusieurs miles de la highway 17, et qui est bien roulant, et surtout à l'ombre. Car il va faire chaud aujourd'hui : 32 °

Je passe les villages de Seabrook et Lobeco, mais quand je retrouve la 17, c'est moins sympa, la voie de droite est parfois agréable et calme, mais ça ne dure pas, il y a ces redoutables bandes de sécurité en relief sur le côté droit : il ne faut pas être distrait !

C'est pourquoi, il n'y a guère de photos aujourd'hui. Je passe Green pond et Ashpoo, où j'espérais trouver un motel, mais l'accueil est fermé et quand j'appelle, on me répond qu'il n'y a rien de dispo. Je décide donc de tenter le plan B : chercher une église un peu paumée avec un terrain accueillant. Les premières que je repère me semblent trop à découvert, mais je finis par en trouver une sur old Jacksonboro road, qui me semble parfaite. Comme il y a une fire station juste à côté, je vais juste leur demander si ça leur semble ok, mais le pompier de permanence me dit qu'il m'autorise à mettre ma tente sur leur terrain, ce qui me semble encore mieux que derrière l'église. car je peux avoir de l'eau et recharger mon téléphone.

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Publié le 9 mai 2024

C'était trop beau : en me levant ce matin, je constate que le pneu arrière est encore à plat !!!

Je suis trop dégoûtée et découragée, car si j'ai effectivement une chambre à air de rechange toute neuve, il se trouve que ma petite pompe a perdu un embout et elle est inutilisable. J'ai un peu honte de retourner voir les pompiers pour leur demander de l'aide, mais ils sont comme toujours très sympas, et l'un deux va chercher un compresseur. Je peux réparer et repartir avec un pneu arrière renforcé d'une bande de protection également achetée hier à Beaufort, et la nouvelle chambre (la précédente a fait 24 h !) bien gonflée.

Mon objectif est maintenant d'atteindre Charleston, à 27 miles, et son bike shop Trek. Comme d'habitude, ça roule bien le matin, pas trop de trafic, sauf en se rapprochant de la ville. Et j'apprécie bien de me diriger au gps grace au phone holder de Bob.

Au bike shop, je fais claquer ma carte bancaire, car, sur les conseils de mon vélociste préféré, je demande à remplacer les 2 pneus fatigués par des pneus renforcés et increvables. Je fais également agrandir le trou de valve de la jante pour pouvoir mettre des chambres à valve Schrader, je fais remplacer la pile du compteur, j'achète une nouvelle pompe, ainsi qu'une lumière flash rouge adaptable sur mon casque.

Le jeune qui s'occupe du vélo me rassure (à moitié !) en convenant du très mauvais état des routes, et des nombreuses crevaisons de ses clients. Bon plan pour la prospérité des magasins de vélo !

Il est très sympa, et m'indique qu'il y a un hostel à Charleston, où lui même a vécu un temps quand il est arrivé du Connecticut il y a quelques années. Il me propose d'utiliser l'ordi du magasin pour faire la réservation. Les lits en dortoir y sont à 37 $, alors que les prix des hôtels sont ahurissants.

Le moral remonte très vite avec un vélo fiable, et je suis ravie de rester une nuit à Charleston et de pouvoir visiter la ville.

C'est par ie trail urbain West Ashley greenway que j'atteins "Downtown Charleston", et le "Not so hostel", dans la Spring street.


Installation, douche, du coup je réalise que j'aimerais bien rester une 2eme nuit ici pour bien prendre le temps de visiter, car à vue de nez, il me semble que je suis en avance sur mes prévisions, et que j'ai bien plus de temps devant moi que je pensais. Malgré ces maudites crevaisons, je fais de bonnes journées, et j'avance vite car vous avez compris que le long de cette partie de la côte, tout est plat.

Je pars à pied faire un tour dans le quartier, jusqu'au Visitor center.Tout le monde m'a recommandé la visite de Charleston, ville historique fondée en 1670, avec son "quartier français", ses maisons antebellum pastel, le fort Sumter, etc...

Voici un premier aperçu de la ville:

Sur King street

La maison Aiken-Rhett (~1820)

Dans la rue de l'hostel

Je rentre à l'hostel avec un plat commandé au resto vietnamien voisin Bon Banh Mi, que je mange sur le porch du 1er étage.

J'ajoute que j'ai eu des nouvelles de Michael, sur son vélo beach : bien arrivé à Savannah, où il a un endroit où loger, il avait un entretien pour un boulot.

Bob et Cathy m'ont aussi contactée pour me prévenir que les jours prochains seront TRES CHAUDS.

Et le mecano du bike shop m'a souhaité sur Messenger un bon séjour à Charleston.

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La météo annonce des alertes aux orages pour aujourd'hui, alors j'ai bien fait de rester une nuit de plus dans cet hostel assez bon marché. Mais la météo ne me permet pas d'organiser mes visites selon l'itinéraire logique prévu. Je ferai comme je peux !

Ce matin, avant la pluie: la cathédrale St John the baptist

The old city jail (prison)

On me dit que ce serait dommage de ne pas aller à Fort Sumter, un fort construit en mer dans le détroit qui dessert le au port de Charleston. Il y a 3 ferries par jour pour y aller, je prends celui de 12h, la traversée dure 30 minutes.

Dès le départ, je peux repérer le Ravenel bridge que je prendrai en repartant de Charleston.Les Américains sont fortiches pour faire des ponts incroyables, mais à vélo dessus, je ne ferai pas trop la maligne !

Le fort Sumter faisait partie d'un ensemble de forts construits après la guerre de 1812 pour sécuriser la côte Est. Sa construction, en grande partie réalisée par des esclaves, commença en 1829.

A la base, il s'agissait de consolider un banc de sable à l'entrée du port de Charleston avec 70 000 tonnes de granite importées de Nouvelle-Angleterre. Mais la construction du fort n'était pas achevée le 12 avril 1861 quand eut lieu la 1ere bataille de Fort Sumter, peu de temps après la sécession de la Caroline du Sud : les confédérés (=Sudistes) ont ouvert le feu sur le fort où était installée une garnison de l'Union, le bombardant pendant 36 heures, l'obligeant à se rendre.

Mais on dit que ce sont ces premiers combats qui ont déclenché la guerre de Secession, car reprendre le fort était devenu une priorité pour les forces de l'Union : cela permettait un "blocus" de Charleston, principal port confédéré de la côte Atlantique et il y a eu plusieurs batailles pour reprendre Fort Sumter.

On est nombreux sur le ferry, et il y a tout un groupe d'Amishs, je ne peux pas m'empêcher de leur voler des photos

Le fort comportait cinq façades de briques, s'élevant à 15 m au-dessus des basses mers. Il était conçu pour héberger 650 soldats et 135 canons en 3 rangées, mais cette capacité ne fut jamais atteinte.

Il y a un petit musée avec un ranger disponible pour toute explication. On voit ici l'ensemble des forts existants sur la cote Atlantique.

Sur le ferry du retour, il ne fait pas chaud du tout, et le vent est bien frais. Je rentre à ma chambre prendre mon kway et à peine repartie, le déluge commence. Avant que je trouve un abri provisoire, je suis complètement trempée, et les rues sont inondées. Il reste l'option d'aller voir un musée, le Gibbes museum of art, pas trop grand et peu de monde... mais avec leur clim à fond et mes vêtements mouillés, j'abrège un peu la visite.

Déjà, pour rester dans l'ambiance, une vue du port de Charles Town, l'ancien nom de la ville, donné en l'honneur du roi Charles II d'Angleterre.

Et là, le bombardement de Fort Sumter par William Haiken Walker

Portrait d'une certaine Henriette Charlotte Chastaigner, et "Cagnes sur mer" (1928-29) par William H Johnson.

April (robe verte)-1920, par Childe Hassam et Girl of Toledo 1912 par Robert Henri

Utagawa Hiroshige (1797- 1858)

Rain in Charleston, 1952 de Thomas Francioli,

Church street, Charleston 1944, de Karl Zerbe


Let's work together 1953 de Charles Wilbert White

Corene 1995 par Jonathan Green

The white house, King Street 1945, par George Schreiber

Le city market est sur le point de fermer.

Une bonne douche chaude, et je retourne au Bon Banh mi pour un bowl très bon et une IPA brassée en South Carolina.

La météo demain sera encore assez mauvaise, et il me reste encore des choses à voir ici : je me décide pour une journée de plus à l'hostel.

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A vélo dans les rues de Charleston en direction du Waterfront.

Le port de Charleston est le 6eme des Etats Unis en termes de valeur de marchandises.

Dès 1682, Charles Towne fut déclaré port d'entrée de la colonie de Caroline, et jusqu'au début de la guerre civile américaine,le port exportait du riz, de l'indigo, du coton et du tabac (+ du bois, des fourrures et peaux d'animaux), et "importait", c'est terrible à dire, des esclaves principalement africains jusqu'à la fin des années 1700. Suite à la guerre de Sécession, en ruine et rempli de mines et d'épaves de navires coulés, il s'est re-developpé grâce à la création de plusieurs bases militaires majeures au début du XXe siècle.

Aujourd'hui il gère 6 terminaux dont un de croisière.

Des pélicans

A Battery park, une étrange cérémonie, avec dépôt de gerbe, regroupant quelques familles endimanchées et des hommes en costume m'intrigue.

Renseignements pris, on me dit qu'aujourd'hui (10 mai), c'est le Confederate memorial day, jour ferié officiel dans certains Etats du Sud, pour honorer ceux qui sont morts en se battant pour les Etats confédérés durant la guerre de Sécession.

Effectivement, les monuments présents ici concernent les Sudistes, et c'est assez surprenant, à l'heure de la cancel culture, et un peu dérangeant aussi de les voir dans un espace public.

Voici le quartier de Rainbow Row, nom d'une série de treize maisons historiques de couleur pastel, sur East Bay street. Avec du soleil, ce serait plus joli, mais il pluviote ce matin.

La fameuse fontaine ananas (Pineapple fountain) qui mériterait aussi un rayon de soleil.

Dans le quartier Français

Et là je découvre encore quelques traces des Huguenots français. Il y a une petite église huguenote au coin des rues Queen et Church.


La dame de l'accueil me raconte son histoire : en avril 1680, le navire Richmond arriva à Charleston avec à son bord 45 protestants français (huguenots). D'autres réfugiés suivirent et, en 1687, une église fut construite à cet endroit même.

En 1700, environ quatre cent cinquante huguenots s'étaient installés dans le Low Country.

L'église d'origine a été détruite en 1796 pour éviter la propagation d'un incendie qui avait déjà brûlé une grande partie des environs. Le remplacement du bâtiment d'origine a été achevé en 1800, puis démantelé en 1844 pour faire place à l'actuel édifice néo-gothique, conçu par Edward Brickell White et consacré en 1845. Pendant la guerre de Sécession, elle a encore été endommagée par des obus lors du long bombardement du centre-ville et par la suite presque démolie lors du gros tremblement de terre de 1886.

On retrouve bien des noms d'origine française sur les plaques des murs latéraux. .

La dame de l'accueil porte une très jolie croix huguenote qui malheureusement n'est pas visible sur la photo. Elle me donne un papier sur l'origine de la croix. Une fois par an se tient un office en français dans cette église (ou plutôt temple ?)

Juste à côté il y a l'église anglicane st Philip au très haut clocher, et je crois que je ne suis jamais entrée dans une église anglicane, allons y.

Et maintenant, voici le musée postal, je n'ai pas pu résister!

Il est dans le bâtiment du bureau de poste principal (qui est le plus ancien de Caroline du sud encore en activité).

Le bureau actuel en fonctionnement, avec ses nombreuses boites postales (c'est une pratique très courante aux US de se faire adresser son courrier au Bureau de Poste)

Et le tout petit musée (et gratuit !) illustre les activités d'un bureau de poste au 18 et 19eme siècle.

Pour une raison que je n'ai pas bien compris, le bureau de poste communique avec un bureau de police, et je constate qu'il y a toujours les avis de recherche de malfaiteurs "Wanted". Si vous voulez gagner 25000$ ...

A Whashington square, de nouveau une cérémonie étrange : cette fois-ci, c'est à l'appel du Washington light Infantry, toujours pour le Confederate Memorial day. Plusieurs discours et dépôt de gerbe.

Un participant me donne "l'invitation".

Il me reste du temps, alors je vais visiter le Charleston museum.

Devant le musée, le sous marin HL Hunley (des États confédérés) qui fut le premier sous-marin de combat à couler un navire de guerre (le USS Housatonic) le 14 février 1864. Mais Hunley n'a pas survécu à l'attaque et a coulé. Son épave a été finalement localisée en 1995, sortie de l'eau en 2000 et est exposée aujourd'hui.

Devant le musée, le

Dans le musée, des salles sur l'histoire de la ville, les activités des habitants. Des armes, des uniformes, Balance pour peser le coton, métier à tisser,

La galerie d'histoire naturelle avec un crocodile géant, ...

Un squelette d,'Eremotherium

... et des ratons laveurs, mes potes ! Ils ont l'air adorables comme ça !

Juste en face du musée, la maison Joseph Manigault, "antebellum" construite en 1803

Retour à l'hostel, la 1ere fois que je reste 3 nuits de suite au même endroit. Rangement des sacoches et diner au Bon banh mi où j'ai pris mes habitudes, c'est vraiment très bon et j'ai droit à "Welcome back !"

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Publié le 13 mai 2024

Un dernier regard sur les belles maisons de la Spring street de mon hostel ...

... puis sur l'ancienne manufacture de cigares, maintenant réhabilitée en bureaux, restaurants, salons...

C'est ici qu'a eu lieu une grève très longue du 22 octobre 1945 au 1er avril de l'année suivante, et pendant laquelle l'hymne des droits civiques «We shall overcome»  a été interprété pour la première fois.

Et il faut bien attaquer le fameux Ravenel bridge qui traverse la rivière Cooper. Au passage, Ravenel est le nom d'une famille connue en Caroline du Sud, de planteurs, botanistes, hommes politiques. Et ils descendent ... de huguenots français !

Ce pont a été terminé en 2005, il fait 4000 m de long. Mais tout s'est passé bien mieux que je pensais, car il y a un passage séparé pour les piétons et cyclistes, et il n'y a pas de vent. Je me fais doubler par des groupes assez nombreux de cyclistes "routes" dont pas mal de filles.

De l'autre côté, on arrive à Mount Pleasant, et mon itinéraire me fait traverser de tranquilles et riches quartiers, avant de retrouver la highway 17 qui est beaucoup plus calme maintenant, en tous cas pas de camions, à cause du week-end peut-être?

Je passe Woodville, Awendaw, il y a peu de distractions sur cette route droite et roulante.

Sympa comme tout ce vélomoteur bricolé avec génie, devant l'entrée du Dollar general.

A Tibwin, cette structure est appelee "rice trunk", et si j'ai bien compris, servait à l'irrigation des champs en utilisant le flux des marées dont la pression activait l'ouverture ou la fermeture des portes latérales de ce réservoir.

Belles recontres en fin d'étape : à la station essence, les 2 bikers de la photo (que j'ai pris au moment de leur départ), Tom et Steve, viennent discuter avec moi de mon voyage, puis ils racontent le leur : après avoir traversé la Floride, ils se rendent ce soir à Myrtle Beach où a lieu une grande concentration de motos,, et après remontent dans le New Hampshire. Steve est pompier et a vécu 3 ans en Italie. Nous évoquons l'importance des missions des pompiers et comme ils sont toujours présents pour nous assister et secourir en cas de difficulté. Je lui dis mes expériences et lui aussi a éprouvé la grande solidarité de ses collègues, et cela "dans tous les pays".

Et avant de repartir, il me fait un cadeau : une batterie externe-chargeur, déjà chargée et bien plus puissante que la mienne, qui m'enlevera le souci de ne pas pouvoir charger mon téléphone chaque soir.

Je fais un petit détour par McClellanville histoire de m'échapper un peu de la 17 où le trafic s'intensifie de plus en plus. De retour sur la highway, je m'arrête à un autre Dollar general pour un peu de ravitaillement. Et une 2eme rencontre me touche beaucoup : le caissier réalise que je suis à vélo, et du coup s'intéresse avec beaucoup d'enthousiasme à mon voyage, et voilà un selfie avec mon nouvel ami Scott !

Pas beaucoup de choix pour l'étape du soir. J'ai repéré sur Ioverlander un "primitive campground" avant le pont sur la Santee river. Mais pour y arriver, il faut prendre une rough road, d'au moins 3 miles, très sableuse. Heureusement le camping existe vraiment, il est tout petit, mais il reste encore des emplacements, c'est gratuit, j'ai une table +bancs, mais pas de sanitaires. ....et des moustiques en pagaille !

Bien sûr, pas de prise électrique pour recharger, alors c'est l'occasion d'essayer mon nouveau cadeau : la batterie externe de Steve est super efficace !

Et une dernière rencontre sympa pour clôturer cette journée plutôt agréable : ma voisine, couverte des pieds à la tête portant même une capuche, vient discuter, me propose un sandwich, et me dit qu'elleva dormir dans sa voiture, et qu'elle est venue ici pour tenter de voir une aurore boréale.

Moi, j'aimerais bien, mais avec tous ces moustiques, je me réfugie dans la tente avant de devenir dingue.

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Je quitte le camping primitif par cette mauvaise route ensablée.

J'ai dormi dans le delta de la Santee river, d'où la présence de tous ces moustiques.

Et voilà un peu d'infos sur la faune avicole, que je suis incapable de reconnaitre.

je retrouve vite la 17 avec ses rumble strips, ces bandes plus que rugueuses (qui délimitent la voie, et qui laissent souvent trop peu de passage aux vélos) et ses ponts nombreux toujours plein de débris.

Une usine de papier apres avoir traversé la Santee river nord

Mais parfois, le GPS m'envoie sur des petites routes alternatives. Aujourdhui, c'est le Mothers day. C'est la factrice qui va être contente.

Un peu de ravitaillement au supermarché et au rayon des fromages, on trouve du bon camembert pasteurisé français à 12 $, c'est abuser. Je sais pas qui achète ça.

A Pawleys Island, je me rapproche de la mer, et j'aime bien cette petite église sur pilotis.

Les accès plage sont peu nombreux.

Je me rapproche de Myrtle beach et ça devient très urbanisé, style ville balnéaire immense avec une plage de 100 km de long (il parait), villas, locations et residences de vacances, hotels, terrains de golf, grande roue, restaurants, magasins de souvenirs...

C'est le week-end, il y a plein de bikers, mais alors plein, tous en Harley.

Pas le meilleur plan pour trouver un coin tranquille pour dormir ce soir.

Sans trop d'espoir, je m'arrête au Huntington beach State park, mais comme je m'y attendais, il n'y a aucun emplacement disponible.

Par chance, je peux rouler sur ce petit chemin cyclable qui évite la 17 en serpentant dans le sous bois.

A la fin du sentier, on se retrouve dans Murells Inlet, et je croise un cycliste "route" qui s'arrête pour papoter. Il vient juste de terminer le southern tier San Diego-San Augustine, que j'avais fait en 2019. Il m'explique que c'est la Bike week qui commence, un grand rallye moto annuel entre North Myrtle beach et Georgetown...et que j'ai peu de chance de trouver une chambre d'hôtel.

C'est là que le petit miracle se produit : une dame sort de sa maison et s'approche de nous, s'intègre à la conversation et moins de 2 minutes plus tard je suis invitée à planter ma tente dans son backyard et à prendre une douche chaude !


Ann vit ici avec son mari Beau depuis près de 30 ans, dans cette belle et grande maison sur un très grand terrain avec un ponton donnant sur les marais ou les étangs, je ne sais pas trop comment nomner ces zones qui communiquent avec l'océan tout proche.

Ils m'accueillent avec une grande générosité et beaucoup d'intérêt pour mon voyage. Je n'aurais pas pu rêver d'hôtes aussi formidables. Ils m'amènent en voiture au Huntington SP où on peut voir des têtes de jeunes alligators à la surface de l'eau, on va aussi jusqu'à la plage.

Il y a de nombreux restaurants en bord des marinas et bien sûr plein de bikers.

Nous prenons des crevettes et des hushpuppies (boulettes de farine de maïs frites) à emporter, et avant de rentrer les manger chez eux, on passe devant les stands et animations de la Bike week qui ce soir fait le plein.

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Pas de moustiques cette nuit dans le jardin de Ann et Beau !

Le matin, nous continuons à discuter, on regarde mon itinéraire à venir, les campings. Elle me montre sa collection de coquillages et m'en fait choisir 2, joliment polis.

Pour le petit déjeuner, elle me fait découvrir la chaîne "Cracker Barell" où nous prenons un très bon breakfast comme je les aime, avec oeufs over easy, toasts et pancakes.

Un peu plus tard, elle m'enverra ces photos prises au moment de mon départ tardif.

Les stands de la Bike week sont plus calmes ce matin.

Au revoir Murells Inlet. Merci pour l'hospitalité de Ann et Beau !

Je continue sur une variante business de la 17, qui longe au plus près la côte et qui dessert les hotels, resorts et attractions balnéaires, comme ce mini golf avec une cascade à l'eau bleue (ils sont fous, ces américains!).

Je continue à croiser plein de motards, ce rallye se tient tout le long de la côte sur des dizaines de kms, c'est exactement mon itinéraire.

Du coup, pas de campings pour moi (que pour les RV) et heureusement je trouve un hôtel pas trop cher (mais quand même) sur North Myrtle beach.

Le soir, balade à pied dans les environs, et je tombe sur un "Trump superstore", où on peut trouver tous les gadgets incroyables et éléments de propagande de notre ami.

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Publié le 16 mai 2024

La météo annoncée est vraiment mauvaise, et je pense encore avoir un peu d'avance sur ma progression. Alors si je reste à l'abri à mon hôtel encore 1 jour ou 2, ça n'est pas très gênant.

Ça me permet de faire une vraie lessive, de mettre l'ordre dans mes sacoches, de faire mes courriers et coups de fil en retard, de travailler l'itinéraire et les hébergements à venir, et aussi de faire un tour dans les environs, et à la plage entre 2 sévères averses.

Le Hollywood Wax museum est un musée de cire où on peut voir les répliques de célébrités américaines du cinéma, de la télévision et de la musique. Je visite pas, mais je ne vais pas rater King kong escaladant l'Empire state building.


La curiosité me conduit ausi à entrer au PGA tour superstore, un magasin géant dédié au golf. J'ai oublié de dire que Myrtle beach (et ses environs) est la capitale du golf autoproclamée, il y a des tas de terrains de golf partout !

Ici, ces peluches sont en fait des protections de clubs de golf !

Et puis, pendant que j'y suis à trainer ma paresse aujourd'hui, pourquoi ne pas aller me sustanter dans un de ces "all you can eat" ? On me conseille le Geant crab, c'est une formule buffet avec un choix incroyable de crevettes, écrevisses, moules, plats à base de crabe, et surtout une orgie de crab legs, très goûteuses, même si je ne maîtrise pas la technique du décorticage. Sans parler du buffet de desserts.

J'essaie pas mal de choses inattendues, entre autres des huitres "Rockefeller" (aux épinards), des huitres frites, et aussi la fontaine à chocolat sur une brochette de guimauve ! Totale décadence...

Un tour à la plage à 1/2 mile de l'hôtel, où la marée a abandonné des méduses sur le sable. Celle-ci a chaussé des lunettes qui lui vont très bien.

Dommage, c'est pas encore aujourd'hui que je vais me baigner dans l'océan, les coups de tonnerre violents m"effraient, et j'ai bien raison, car la nième averse de la journee balance violemment d'énormes gouttes d'eau. Finalement je trouve un tout petit créneau pour faire quelques brasses dans la piscine de l'hôtel.

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Jeudi matin, la pluie a enfin cessé et je repars tout en continuant à croiser plein de belles bécanes et de bikers pendant encore des dizaines de miles.

Je roule sur Ocean boulevard aussi longtemps que je peux pour éviter la 17.

La ville suivante sur ma route est Little river, son casino et son blue crab festival qui a lieu ce prochain week-end. C'est très bon, le crabe, mais quand je pense au carnage que ça représente, ces orgies de crab legs !

Pas grand chose de notable sur cette étape un peu ennuyeuse, sauf qu'entre Little River et Calabash, je suis maintenant en Caroline du Nord.

La devise de la Caroline du Nord : Esse quam videri (être plutôt que paraitre)

Calabash, capitale des fruits de mer. Remarquez toutes les coquilles d'huîtres sous le panneau.

Et ici un camping pour animaux de compagnie. Go Fripouille !

Après une nuit à South port, un ferry me conduit à Fort Fisher en 45 minutes environ.

Une fois débarquée, je m'approche des ruines de la Battery Buchanan, érigée pour renforcer le fameux fort Fisher, qui se trouvait à 1,5 mile de là, appelé le "Gilbraltar de la Confédération", et qui a servi à protéger le port de Wilmington. Il ne reste pratiquement plus rien de la battery de Buchanan, tout est redevenu sauvage.

Un gros serpent dans les dunes sur le site.

Le site de Fort Fisher comprend un musée qui malheureusement est en travaux.

Je trouve par hasard cette piste cyclable qui serpente agréablement sur cette bande de terre isolée entre l'océan et le fleuve Cape Fear et qui me conduit au monument Fort Fisher.


On passe Kure beach, Carolina beach,...

...et après un pont, je prends la river road, qui au début est très calme et roulante, mais ça se gâte en se rapprochant de Wilmington. C'est là qu'habite mon hôte Warmshower de ce soir. Je ne mattendais pas à une si grande ville, et à la circulation qui va avec !

Don avait accepté immédiatement la demande d'hébergement que j'avais tentée en attendant le ferry ce matin pour le soir même. J'ai vraiment du bol d'avoir un hébergement, car la pluie est annoncée, pas de camping, et les hôtels comme toujours très chers !

il habite une très chouette maison au bord d'un parc, et en plus j'ai un accueil aux petits oignons : il m'emène diner au resto mexicain, me propose d'utiliser lave-linge et sèche-linge. Retraité de l'équivalent de nos "Eaux et forêts", il roule beaucoup, a fait le "Southern tier" en 2017, et 7 fois le Ragbrai (Register's Annual Great Bicycle Ride Across Iowa), une rando à vélo mythique d'une semaine dans l'Iowa dont on m'a souvent parlé, et à laquelle j'adorerai participer un jour. L'an dernier en 2023, c'était le 50ème anniversaire de cet évènement, et il y avait 60000 participants.

Don a fait une video de son 1er Ragbrai, que nous regardons apres le dîner, ça m'inspire vraiment.

Pour plus de précisions sur le Ragbrai : https://en.m.wikipedia.org/wiki/RAGBRAI

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Publié le 20 mai 2024

La météo annonçait de la pluie toute la journée ce samedi, mais bonne surprise ce matin, on a un répit, il faut en profiter. Don et son fils Bryan m'accompagnent sur 15 miles. On plaisante sur le fait que c'est moi qui porte tous les bagages !

J'aime bien la protection solaire que Bryan porte sur son casque.

Voici maintenant l'itinéraire que je vais suivre les prochains jours. On peut voir ici que j'ai le choix entre 2 options : par l'intérieur, ou alors par la route de l"Outer banks", avec les nombreux ponts et ferries qui relient les îles du Pamlico sound.

Bien sûr, c'est la seconde option qui m'intéresse. Et je terminerai à Norfolk, d'où je prendrai mon vol de retour.

Pas de pluie, mais il fait très lourd. Je fais une premiere pause à ces stands où j'espère trouver une boisson fraiche.

Je retrouve évidemment la highway 17, difficile de l'éviter : également appelée Coastal Highway, c'est une route nord-sud qui longe la côte atlantique sur une grande partie de sa longueur. Même si de temps en temps, il y a des alternatives plus tranquilles, on finit toujours par retomber dessus.

Je passe Hampstead, Woodside, et là, je requitte la 17 pour rejoindre le littoral, en empruntant encore un très grand pont qui m'emmène à Surf city.

L'unique route longe la plage, où il y a de nombreux accès publics. Le "family campground" me fait de l'œil.

Il est encore tôt mais l'occasion de me poser près de la plage ne se présente pas si souvent. Là je pourrai laisser le vélo en sécurité, et mes affaires dans la tente, et je pourrai enfin me baigner dans l'océan !

Ce camping, près de la route, avec ses alignements de camping cars ne fait pas rêver. Et pourtant, jen garderai un très bon souvenir. D'abord, c'est la 1ere fois qu'on me fait un rabais parce que je suis à vélo, puis il donne directement sur la plage, et enfin tout le monde est très amical, peut être à cause de la promiscuité des emplacements.


Sur la plage je cherche vainement les surfeurs de Surf city, mais il n'y a que des pêcheurs !

Mon 1er bain de mer officiel. Beaucoup de vagues, on ne peut pas vraiment nager, mais la température est parfaite!

Quand je retourne au camping pour prendre ma douche, mes 2 voisines qui sont venues passer le week-end ici m'invitent à dîner.

Une grosse mais courte averse interrompt le repas, on va s'abriter dans leur camper. Tout cela sèche très vite, mais on annonce des orages pour cette nuit.

Et n'oubliez pas d'écouter Surf city par Jan and Dean (1963)

https://youtu.be/nFeUEfpN_yc?si=VY04Kj6JwMWG1F1_

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Publié le 21 mai 2024

Un dernier coup d'œil à la plage ce matin. Le temps a changé avec les pluies d'hier, il fait même frais, genre 22°, parfait pour pédaler.

Ma tente , un peu perdue au miñieu des autres campeurs

Et ici, c'est l'accueil du camping. On est dimanche de Pentecôte, et believe it or not, il va y avoir un worship, un culte, juste là, sous le porche de l'accueil, les sièges sont déjà installés.

Je suis invitée à y assister, mais la route m'appelle !

Et puis, c'est dimanche, je vais m'offrir un sunday breakfast à la House of breakfast : oeufs benedict, pochés avec tomate, avocat et fromage.

Depuis un des innombrables ponts

Ma carte routière d'Adventure cycling association m'invite à continuer la route jusqu'à Jacksonville (il y avait un Jacksonville en Floride, mais là, cest un autre Jacksonville) mais Google maps me propose un raccourci que je trouve plus intéressant. Mauvaise pioche ! Jaurais dû m'en douter en voyant tous ces drapeaux sur le bord de la route depuis 2 miles.

Ce sont des flags of remembrance. ( drapeaux du souvenir)

Après un autre pont, il y a un poste de contrôle, et je comprends qu'il s'agit du camp Lejeune, une base militaire de Marine, très vaste et bien sûr la route qui la traverse n'est pas du tout autorisée.

Demi-tour, et ça me permet de remarquer ce petit cimetière de Sneads ferry.

Je prends donc la route pour Jacksonville. Á une station essence, où je m'arrête pour une pause café, je rencontre 2 autres cyclovoyageurs. Enfin ! On n'est pas nombreux sur cet itinéraire, et ça fait vraiment plaisir d'en rencontrer. Eux roulent dans le sens Nord-sud, de Washington DC jusqu'à St Augustine.

On échange quelques tuyaux de campings avant de se séparer.

Je rejoins la highway 17, toujours aussi encombrée, puis heureusement un détour par des routes plus calmes, et même de belles pistes cyclables me conduit jusqu'à Jacksonville, où faute d'autre option, je trouve un motel bon marché pour la nuit.

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Journée couverte, et assez venteuse, je l'aurai de face sur une bonne partie de l'étape. Heureusement l'itinéraire passe par de petites rues tranquilles pour quitter Jacksonville, et ensuite la plupart du temps, ce sera des routes secondaires, pas toujours en bon état mais calmes et plaisantes. Un peu monotones peut-être.

Les boites aux lettres sont très sages ici, finie la fantaisie des BAL de Floride qui m'avait tant distrait l'année dernière.

Alors je choisis de porter aujourd'hui mon attention sur les habitations le long de mon chemin. Les maisons, ici, ce n'est pas uniquement cela :

Il y a aussi pas mal de maisons abandonnées (Michael rencontré il y a 3 semaines me disait y dormir régulièrement), ou plus ou moins négligées.

Je m'arrête à ce country store sympa pour une pause déjeuner. J'y achète aussi des roasted peanuts, spécialité du sud.

Et je continue à documenter les diverses habitations.

Le propriétaire affiche ici clairement ses convictions.

Swansboro

Et toujours le classique "2 fauteuils sous le porche d'entrée "

A Cape Carteret, un circuit de vitesse, le Carteret county speedway. La prochaine course aura lieu ce dimanche 26mai, à l'occasion du Memorial day.

Je passe aussi Bogue, puis de petites routes tranquilles. Je vise de passer la nuit à l'Oyster point campground, qui est encore assez loin.

Le dernier 1/4 d'heure me semble interminable, il est tard, et j'espère juste qu'il restera un emplacement pour moi. J'avais repéré que les emplacements sont attribués selon le principe FCFS (first come first served) : 1er arrivé, 1er servi !

Il est presque 19h30 quand j'y arrive, après 62 miles, le dernier mile sur une dirty road en graviers pas très confortable.

Mais c'est bon, il y a plein de place, et je dois dire que c'est un des plus chouettes campings où j'ai dormi.

C'est un tout petit camping "primitif", sans électricité ni douche, mais il y a un robinet deau et une toilette sèche.

Très calme, et depuis mon emplacement un sentier mène directement au plan d'eau à 100m à peine.

Et j'avais prévu le ravitaillement !

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Publié le 22 mai 2024

Voilà le joli point de vue sur ce que j'ai pris pour un plan d'eau, mais qui est fait est l'embouchure de la Newport river, au bout du sentier depuis mon emplacement.Pas trop moyen de se baigner, mais je me réserve pour les plages des outer banks.

A part les moustiques, c'était un très bon bivouac.

Depuis un des ponts au dessus de la Newport river

Je me trompe encore plusieurs fois sur mon itinéraire du jour, en tout j'aurais bien pédalé 15 miles inutiles !

Le vent contribue à me ralentir également.

On passe Otway, Smyrna, Willston, Davis, Stacy....

Paysages de marécages, qui me font souvent penser à la Camargue, mais aussi des forêts et un peu de culture de maïs.

Je ne suis pas loin de la porte d'entrée des Outer banks.

Je continue à repérer les maisons un peu tordues.

Et puis d'autres styles

De longues lignes droites, que le vent de face me fait paraitre interminables.


Puis en fin de journée j'hésite entre 2 options de campings repérés sur mon topo. Le 2ème se juste au départ du ferry que je prendrai demain, mais je me dis que si jamais ils n'acceptent pas les tentes, je serai obligée de revenir en arrière. Donc, je vais d'abord au 1er, nommé Cedar creek campground and Marina, déjà signalé sur la route par des affiches montrant piscine et vacanciers rigolards.

Cependant la réalité est vraiment différente : victime d'inondations trop fréquentes, la direction a décidé de vendre, et c'est fermé !

Quelques personnes sous le porche de l'accueil (des voisins?) me disent que je peux poser ma tente sans problème, et que les toilettes sont opérationnelles. Donc je m"installe, il y a des douches chaudes, de l'électricité pour recharger mon téléphone, la (presque) pleine lune, et personne pour me casser les pieds, donc bon petit spot, même si c'est un peu bizarre de se retrouver là toute seule.



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Publié le 23 mai 2024

Hier soir, j'ai la visite de Rossy (?) avec sa petite chienne, qui arrête sa voiture au niveau de ma tente pour papoter. Elle n'habite pas très loin et voulait savoir combien on m'a demandé pour passer la nuit. En réalité, on m'avait juste dit que je pouvais sans obligation mettre dans une boite le montant que je paye habituellement. Elle est intéressée car elle aimerait accueillir des campeurs sur son terrain. Je l'encourage, surtout s'il n'y a plus de camping officiel !

Ce grand pont sur le Thorofare pour arriver à Cedar Island sera la seule "difficulté" du parcours du jour et maintenant je n'ai plus qu'à rouler jusqu'à l'embarcadère du ferry.

On se rapproche de la plage.

Je suis rattrapée par Kelly, un cyclo que j'avais déjà rencontré hier à la station essence. J'avais bien compris qu'il ne roulait pas en touriste comme moi mais je n'avais pas encore vu son vélo !

J'en ai vu des vélos bien chargés, mais là je suis vraiment bluffée, et imaginez même qu'il porte aussi la cage de sa chatte Eva !

J'ai pu prendre son velo en photo, mais Kelly ne veut absolument pas qu'on le photographie

Il cherche un peu de compagnie, et moi je pense que je ne vais pas m'ennuyer aujourd'hui avec un pareil phénomène. Je lui pose plein de questions sur son mode de vie pendant qu'on attend le ferry (3 départs par jour, et on vient de rater celui de 10h) et pendant la traversée (23 miles, 2h 1/4).

Il me demande de lui enlever une tique qui s'est fixée dans son dos, j'avais jamais vu de tiques en action. Voilà ce que c'est que dormir dans les bois, car Kelly déteste les campings.

Sur le ferry, pas de bar, mais il me promet une bière à l'arrivée à Ocracoke, où il est déjà passé il y a 6 ans.

A la sortie de la ville, on s'arrête donc à une brasserie qu'il connait déjà. Il me dit " laisse moi faire" et va parlementer avec les patrons, c'est là que je finis par comprendre, j'avais pas encore osé demander comment il fonctionne sans revenus fixes.

Son boulot, c'est laveur de carreaux (d'où le seau et la grande raclette accrochés au vélo), et il vit comme ça en proposant ses services aux commerçants sur sa route contre quelques dollars.

Là il vient de négocier les vitres de la brasserie contre 20 $ et 4 bières. Bonne maison...

Donc ce sera 2 tournées d'IPA, et moi je commande un fish and chips à partager pour ne pas être en reste.

Ce n'est pas fini, on va ensuite à un autre petit resto où il obtient de la même manière une petite pizza et une autre bière (pour lui, moi j'ai mon compte).

Après ça, je ne vais pas aller loin ce soir. Kelly m'accompagne jusqu'au camping du National park service, 4 miles plus loin, où je m'installe à côté d'un couple de cyclistes québécois mais lui même a repéré un petit coin isolé qu'il préfère de loin au camping.

Pas sûr qu'on se revoit, mais encore une rencontre incroyable, que je ne risque pas d'oublier.

Petite info sur Ocracoke avant d'oublier : c'est ici qu'est mort le pirate anglais Barbe-noire, Blackbeard, de son vrai nom Edouard Teach, des mains d'un certain Robert Maynard, mais oui, en 1718.


Kelly me dit que le trésor de Barbe-noire serait enterré pas loin sur une des iles des Outer banks.

La vie légendaire de Barbe-Noire a inspiré plusieurs romans, BD, jeux vidéos et films comme La flibustière des Antilles (1951, de J Tourneur), Barbenoire le pirate  (1952, R Walsh), Le fantôme de Barbe-Noire (1968, Bill Walsh).

Et encore Le Trésor de Barbe-Noire (2006), Blackbeard : Terror at Sea (2006), et enfin Pirates des Caraïbes :  La Malédiction du Black Pearl et La Fontaine de jouvence.

Ayant bien travaillé le sujet, j'ajouterai que Barbe-Noire est également un personnage de la bande dessinée Le Vieux Nick et Barbe-Noire créée par Marcel Remacle et publiée dans Spirou.

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Publié le 25 mai 2024

Je retourne faire un tour à Ocracoke, qu'on a traversé un peu rapidement hier.

Ici un tout petit cimetière anglais où sont enterrés les corps de 4 marins. Le chalutier naval anglais HMT Bedforshire, doté d'un équipage britannique et canadien, assistait la marine américaine pendant la seconde guerre mondiale dans ses patrouilles anti-sous-marines dans les Outer banks, mais il a été coulé par le sous-marin allemand U-558 le 11 mai 1942 au large de l'île d'Ocracoke. Tous les membres de l'équipage sont morts, on n'a retrouvé que ces 4 là, et l'épave n'a été retrouvée qu'en 1980.


Les graduates de l'année, l'enseigne d'un seafood restaurant et le petit aérodrome d'Ocracoke.

Au Pony pen

Descendant de chevaux espagnols domestiques, ces Banker ponys tiraient les charrettes des colons, et participaient aux sauvetages avec les gardes côtes américaine. Depuis la construction de la highway en 1959, les chevaux ne pouvaient plus rester en liberté et ont été rassemblés ici pour les protéger de la circulation.

On roule sur une très étroite bande de terre, l'océan à droite, et les eaux de la baie de Pamlico à gauche. Pour éviter que la route ne soit inondée, d'énormes sacs de sable sont empilés tout le long.

Au bout de l'île d'Ocracoke, un autre ferry conduit sur l'île d'Hatteras. Petite traversée de 40 minutes. On arrive au cap Hatteras, où il y a un petit musée gratuit, consacré aux naufrages et aux épaves (plus de 2000) qui ont donné aux Outer banks le nom de "cimetière de l'océan Atlantique ".

Les hauts-fonds mouvants, les courants volatiles et les violentes tempêtes font des Outer Banks l'un des endroits les plus dangereux au monde pour les navigateurs, tentés de s'en rapprocher pour profiter des courants du Gulf Stream et du Labrador.

Ajoutons à cela que la piraterie et les actes de guerre le long des Outer Banks sont responsables de très nombreux naufrages. Rien qu'au cours des deux guerres mondiales, les sous-marins allemands y auraient coulé des milliers de navires.

Et voici une des fameuses machines Enigma, machine de chiffrement électromécanique, employée par l'armée allemande pour chiffrer les communications radio. Cette version, celle de la marine allemande. s'appelait Enigma M3 (avec trois chiffres modifiables rotor. Chaque rotor contenait vingt-six contacts - un pour chaque lettre de l'alphabet. Avec cette configuration on obtenait 17 576 positions d'encodage possibles pour une seule lettre. Malgré la complexité de la formule, les renseignements britanniques ont réussi à la décrypter.

En janvier 1942, la marine allemande passa à l'Enigma M4, qui introduit un quatrième rotor et un nouveau livre de signaux. Pendant dix mois, les Britanniques n'ont pas pu décoder les communications navales allemandes, ce qui a fragilisé les navires et les défenses alliés ignorant des manoeuvres des sous-marins, tandis que les Allemands déployaient leurs forces dans les eaux américaines.

Notre lentille de Fresnel

Après la pause au musée, j'avance sans hâte vers le proche camping, à Frisco.

Ce camping est géré par le National park service. Depuis le Covid, il faut réserver et payer (en plus avec des frais de réservation !) en ligne, ce que je ne fais jamais par principe. D'ailleurs, j'ai un mal fou à régulariser ma réservation, surtout sans wifi, et je finis par lâcher l'affaire en espérant que personne ne viendra réclamer l'emplacement où je suis installée.

Ceci dit, camping très chouette dans les dunes, semi primitif (douches froides, pas d'électricité), et un petit sentier mène en 5 minutes de marche à l'océan, où bien sûr je ne manque pas de me baigner.

Et toujours ces 4×4 sur les plages !!!!

Comme je ne paie pas le camping, je ressors manger un morceau. Là c'est un dinner avec musique live, menu spécial et dégustation de 5 différents vins, plutôt bons, mais je m'arrête au bout du 3eme verre.


Kelly, le cycliste à l'incroyable chargement, m'avait dit de ne pas rater le lever de la pleine lune ce soir, qu'elle serait grosse et orange comme une citrouille.

Dommage, la photo ne restitue pas la magie.

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Publié le 26 mai 2024

Quelques miles après avoir quitté le camping, je m'arrête déjà pour aller voir le phare du cap Hatteras. Mais pas de bol pour la photo, il est en travaux !

Cependant il y a un petit musée sur place et je ne regrette pas le détour, car j'apprends que ce phare, construit en 1870, dont la base a fini par être menacée par l'érosion du littoral, a été carrément déplacé en un seul morceau un demi-mile (800 m) plus loin. Le musée raconte comment cela a été rendu possible.

Ici, encore un rappel sur la lentille de Fresnel et son inventeur français. Le phare avait une fréquence de 7,5 secondes.

Il était initialement construit à 1500 pieds (460 m) du littoral, et la mer sous l'effet des vagues, des courants des mouvements de bancs de sable a tellement avancé qu'il n'y avait plus que 120 pieds (36 m) de distance en 1999.

Il a fallu un peu plus de 3 semaines pour déplacer mètre par mètre le phare dans son ensemble, coupé à sa base, sur ces sortes de supports à chenilles.

Je complète la déco de mon vélo avec un nouveau sticker.

Les accès plage sont indiqués au bord de la route en signalant ceux qui sont adaptes aux 4×4.

A Avon, il me semble bien que ça devait être un cinema.

J'ai la chance de me trouver dans ce village quand une averse éclate, et je peux m'abriter au supermarché. La terre sableuse absorbe assez vite ces grosses quantités d'eau.

Je m'arrête assez tôt dans un camping assez modeste, le moins cher que j'ai trouvé, et recommandé par les 2 cyclistes rencontrés il y a quelques jours, mais c'est quand même hors de prix (50 $ la nuit).

Il est situé à gauche de la route, côté Pamlico sound, et j'ai compris que c'est là qu'on pratique pêche, surf, kite, paddle, kayak, mais il n'y a pas trop de fond. Et pas de vent non plus, ce qui ne me dérange pas !

Le côté mer est familial et pour la baignade.

Je suis très bien accueillie, et après vérification de la meteo, je décide de rester une deuxième nuit.

Côté Palmico sound

Je vais chercher un peu de ravitaillement au camping concurrent juste en face, le KOA, qui lui est à 145 $ la nuit (du coup, je m'estime heureuse...) pour un emplacement tente (pelouse, gravier, électricité, ombrage, piscine, restaurant, animation, accès direct plage....).et je vais pique niquer dans le mien, au calme et face au coucher du soleil.

Le lendemain est assez tranquille, je ne prends le vélo que pour aller faire des courses à 2 kms.

Bien sûr plage, avec moins de vagues que la fois précédente, et légèrement plus fraiche.

Et la sécurité patrouille aussi en 4×4, surf sur le toit !

Ma collation patriotique pour le Memorial day.

De retour à ma tente, j'ai 2 nouveaux voisins, père et fils qui viennent du Québec (16 h de voiture) passer une semaine ici pour surtout faire du kite surf.

Tout près de nous, un oiseau (mais quel est donc cet oiseau, Françoise ?) a fait son nid directement au sol, avec 2 œufs dedans. Ça fait une attraction pour les gamins du camping et surtout on va le baliser pour ne pas l'écraser.

A propo de patriotisme, les Américains sont vraiment incroyables, au moins 1 camping-car sur 2 arbore le drapeau national, et ici ce sont des guirlandes le représentant.

Le 2eme drapeau, avec les thin blue lines représente le soutien aux forces de police

Coucher de soleil légèrement embrumé sur le Pamlico sound.

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Publié le 28 mai 2024

Je quitte ce dimanche matin le Family campground, non sans avoir dit au revoir au pluvier kildir (merci Gilles !) qui monte la garde auprès de son nid en essayant d'éloigner les curieux.

Je continue toujours sur l'unique (pour le moment) route des Outerbanks, la highway 12, vers le nord. Et déjà un pont impressionnant, le Jug Handle long de 3,9 km, pour relier Pea Island. Ce pont, tout récent (2022) contourne une partie de l'île et remplace une portion de la highway 12 qui était trop souvent emportée par les eaux ou recouverte par le sable, isolant les habitants.

La suppression de l'ancienne route et des sacs de sable qui la bordaient a aussi été un choix "écolo" pour protéger et restaurer l'habitat naturel des tortues et oiseaux nicheurs.

La 2eme est une photo aérienne d'Internet

On m'avait dit d'être très prudente, car il y aura beaucoup de circulation ce week-end du Memorial day, mais pour l'instant je ne me plains pas. Et puis la bande de droite est suffisamment large et en bon état.

Un peu plus loin, on voit clairement que le sable gagne inexorablement sur la route, formant de jolis dessins dans la dune.

Et de larges portions de plage sont fermées pour protéger les nidifications.

Un peu plus loin, encore un énorme pont enjambe l'Oregon Inlet, un passage entre l'océan et le Pamlico sound. Celui-ci est également récent (2019), il est encore plus long que le précédent : 2,8 mi, soit 4,5 km, et surtout plus haut, car il y a une navigation importante dans ce détroit.

Ici le phare de Bodie Island

Nags head est aussi une ville balnéaire, pas vraiment différente des précédentes.

Depuis Nags head, vu que j'ai du temps devant moi, je vais m'éloigner de mon parcours pour aller sur l'île de Roanoke, vers l'ouest cette fois, où se trouve le site historique de Fort Raleigh.

Un petit musée raconte l'installation des premières colonies anglaises dans le Nouveau Monde de 1584 à 1590 et l'histoire mystérieuse de the lost colony :

La colonie de Roanoke fut le tout premier établissement anglais en Amérique, financé et organisé par Sir Walter Raleigh pour le compte d'Élisabeth 1ère d'Angleterre dans les années 1580.

Après 2 premières expéditions pour coloniser cette région baptisée Virginie (en hommage à Élisabeth 1ere d'Angleterre, the Virgin queen, car elle ne s'est jamais mariée), trois navires sont partis d'Angleterre en mai 1587 y pour fonder une colonie de peuplement avec 110 colons, surtout des fermiers et des artisans, y compris 18 femmes. La fille de White, chef de l'expédition et gouverneur de la future colonie, donna naissance à Virginia Dare, premier enfant anglais né sur le sol des futurs États-Unis, le 18 août 1587.

White retourna en Angleterre en septembre 1587 pour convaincre les autorités d'envoyer de nouveaux colons et surtout du matériel. Mais à son retour 3 ans plus tard – car, par suite de l'attaque de l'Invincible Armada sur les côtes anglaises, tous les bateaux étaient réquisitionnés –, cette colonie avait disparu sans laisser de traces, restant pour toujours la colonie perdue de Roanoke, qui a inspiré de nombreux films ou séries (comme la tempête du siècle de Stephen King)

Des recherches archéologiques et génétiques, toujours en cours, tentent de connaître le sort de cette colonie perdue, et plusieurs hypothèses sont émises : cause naturelle (ouragan, maladies, famine), attaques (des Indiens ou des Espagnols), départ volontaire pour une autre destination ?

Pendant l'été la pièce the lost colony est jouée tous les soirs ici dans un théâtre en plein air.



3 siècles plus tard, cette ile sera le site de l'installation d'un autre type de colonie : la colonie des affranchis (the Freedmen's colony) :



Un an après le début de la guerre de Sécession, l'île de Roanoke est prise par les forces de l'Union et la nouvelle se répand dans toute la Caroline du Nord que les esclaves pouvaient trouver un « refuge sûr » sur l'île. A la fin 1862, plus d'un millier d'esclaves en fuite, d'hommes, femmes et enfants affranchis, y trouvèrent refuge, puis y construisirent des églises et créèrent la première école gratuite pour les enfants noirs, rejoints par des enseignants missionnaires du Nord.

Après avoir appris toutes ces choses, je commence à réfléchir à un lieu pour mon campement du soir.

Aucun camping à proximité qui accepte les tentes, très peu d'hôtels (chers !), j'imagine d'abord rester là et m'installer sur le site de Fort Raleigh en bout de la péninsule, qui sera désert après la fermeture.

Cette petite plage me parait d'abord idéale jusqu'à ce que je me fasse attaquer par une demi-douzaine de grosses mouches qui piquent comme des taons.


Je cherche encore des possibilités dans les bois, avec mes amis les écureuils pas farouches, puis finalement je ne le sens pas, c'est trop loin de tout.

Je repars vers la petite ville de Manteo, prospecte sans conviction à proximité des églises, de la bibliothèque ... jusqu'à ce que je demande carrément à la fire station si on m'autorise à monter ma tente derrière leur batiment.

Le chef ne me dit pas un non catégorique, mais pense que c'est pas une bonne idée, que je passerais une mauvaise nuit, car ce sera très bruyant à chaque sortie d'intervention. Un des pompiers me suggère d'aller demander à l'église baptiste, car il y a un service du dimanche soir.

Et là, bingo ! Je suis super bien accueillie par les paroissiens, particulièrement par Pam. Le responsable me donne sa carte et un " laisser passer" qui m'autorise à rester cette nuit sur le terrain de jeux (au cas où la police me tracasse), et je suis invitée à me joindre à l'office de 18h30. "Pas besoin de te changer" me dit Pam, qui m'a gardée une place à côté d'elle.

Et pendant l'office, sur sa proposition, le pasteur convie toute l'assemblée à prier pour moi, et pour que je continue mon voyage en toute sécurité.

Tout le monde est adorable, après l'office, j'ai 7 ou 8 dames autour de moi qui m'interrogent sur mon voyage. Et cherry on the cake, on me laisse le temps d'utiliser la douche avant la fermeture des portes.

Je n'en reviens pas de cette gentillesse et générosité qui arrivent juste au bon moment !

Je passe donc une nuit en toute sécurité sur le terrain de jeux dépendant de l'église baptiste de Manteo.

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Publié le 30 mai 2024

Depuis Manteo, je repars donc en direction de Nags head, d'où j'avais quitté la route des Outerbanks.

On est lundi, jour férié pour les Américains, qui prolongent leur week-end du Memorial day

Au supermarché Food Lion, c'est aussi le thème du jour!

Et voici le rayon des huitres en conserve. A tenter un jour...

Et j'arrive bientot á Kill devil hills, au nom rigolo, qui est très fière d'abriter le site historique des 1ers vols motorisés et contrôlés par les frères Wright en 1903.

Dailleurs "First in flight" (premier dans les airs) est la devise inscrite sur les plaques minéralogiques de Caroline du Nord. J'en profite pour signaler que dans les Etats traversés cette année (Floride, Géorgie et les 2 Caroline) les voitures ne portent pas de plaque d'immatriculation à l'avant.

Au musée du Wright monument, j'en apprends un peu plus sur eux. J'avais eu l'occasion de voir à la télé l'extrait du film des 4 essais réussis par Wilbur et Orville Wright, mais je ne pensais pas venir sur place un jour.

Et il se trouve que les 2 frères étaient à l'origine fabriquants de vélo à Dayton dans l'Ohio.

En 1899, ils construisent un petit planeur de type cellulaire biplan à haubans, muni, pour la première fois, d'un contrôle du gauchissement de la voilure. En 1900, ils réalisent un planeur de (5,30 mètres d'envergure), capable de porter un pilote, avec une gouverne de tangage à l'avant. Puis dautres essais avec augmentation de l'envergure à 9,75 m et installation d'une gouverne de direction à l'arrière, pour contrôler la trajectoire.

Ils construisent dans leur atelier leur moteur, avec les hélices. Avec leur premier appareil nommé Flyer, ils effectuent leur premier vol motorisé ici à Kitty Hawk, en Caroline du Nord, le 17 décembre 1903.

Sur une petite colline on monte au Wright monument, d'où on a une vue dégagée sur l'air de l'envol du 17 décembre 1903.

C'est de cet endroit précisément qu'a été le point de départ des 4 vols et on peut voir les 4 marques de leur point d'arrivée.

Ici les entrepôts où ils venaient travailler chaque année en 1901, 1902 et 1903, de la fin de l'été jusqu'en automne, et leur campement.

Ils avaient trouvé cet endroit ici à Kitty Hawk en Caroline du Nord, qui correspondait exactement à ce qu'il recherchaient : venteux, sablonneux, dégagé et surtout discret.

Après cette visite, il est déjà un peu tard, et la question cruciale de mon hébergement se pose de nouveau ce soir, d'autant plus qu'il y a déjà eu une averse, et qu'il s'en prépare une autre. De toutes façons, il n'y a pas de camping, c'est sûr, et pas de motel sauf un que j'ai repéré un peu plus loin, qu'on ne peut pas réserver sur internet, peut-être même qu'il n'existe plus !

A l'emplacement du Sea oats motel, se trouve un magasin de tobacco, cbd, liquors, près duquel se tiennent 3 gars qui boivent des bières sous un abri. Je leur demande pour le motel, et ils répondent qu'il existe bien, mais que ce sont des chambres louées à l'année, pas pour les gens de passage comme moi.

Je dis que je voudrais demander l'autorisation de mettre ma tente sous cet abri oùnous nous tenons. C'est là que le petit miracle du jour intervient : l'un des 3 est en fait le patron du magasin de tabac et il me propose de dormir dans son camper (=camping car) derrière son magasin. Il envoie un des 2 autres l'ouvrir et brancher la clim. Et j'ai vraiment encore une fois de la chance, car ... il se met à tomber des cordes pendant une heure, on reçoit tous des alertes tornado par sms sur nos téléphones.

J'offre une tournée de bières pour faire marcher la boutique de mon bienfaiteur en attendant la fin de l'alerte. Un des 3 parle de l'époque où il traversait les Etats Unis en stop, et on se fait la même remarque que Françoise dans son dernier commentaire : dans les situations difficiles, il se présente toujours une solution, parfois pas celle qu'on attendait, qui nous sort de là. Certainement le bon génie des voyageurs.

Et voici mon hébergement grand luxe de ce soir : il y a même une douche et des wc fonctionnels, un grand lit, de l'électricité pour charger, une télé....

Il repleut encore pendant la nuit.

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Publié le 1er juin 2024

Bien que j'ai ralenti significativement mon allure, je suis toujours en avance sur mon planning : mon vol est le 2 juin de Norfolk, et j'en suis seulement à une bonne journée de route. Je me demandais comment utiliser ces 5 jours de rab avec comme critères : éviter les routes à fort trafic, trouver de vrais campings à l'étape du soir, et combiner les hébergements proposés par les hôtes warmshower qui sont ok pour garder mon vélo apres mon départ.

ll y a des jours où on se réveille avec les idées particulièrement claires, et c'est le cas ce matin.

Je décide donc de ne plus suivre l'itinéraire de mon topo, et d'aller directement à Virginia beach, où habitent les 2 warmshowers.

Et en cherchant un trajet, je découvre qu'il existe encore un ferry qui va sur une autre péninsule et de là la route pour Virginia beach me parait bien tranquille.

Je contacte les warmshowers, et tout se goupille pas mal du tout.

Du coup, après avoir planifié 3 dernières petites journées de vélo pour arriver à VB jeudi, je vais prendre un café chez Harvey, le propriétaire du smoke shop qui m'a si gentiment hébergé dans son camper, et lui dire au revoir.

Sans doute à cause des gros orages d'hier soir, le temps a changé : il y a pas mal de vent, de face le plus souvent, évidemment et il fait plutot frais. Je continue cette route assez tranquille, par les villages de Aydlett, Coinjock, Barco, Maple...



La petite poste de Aydlett

Toujours de l'eau partout. D'ailleurs en regardant une carte, on peut remarquer l'Intercoastal Waterway, qui est une voie intérieure tout à fait naviguable de 3 000 milles (4 800 km) s'étendant depuis le Massachussetts le long de la côte atlantique vers le sud jusqu'à la pointe sud de la Floride, et ça continue même côté Golfe du Mexique. Certaines sections sont constituées de criques naturelles, de rivières d'eau salée, de baies et de détroits, d'autres sont des canaux  artificiels. Kelly le cycliste au vélo si chargé m'avait dit avoir fait New York- Miami en kayak par cette voie.

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Mon camping du jour se trouve à Bells Island, au bord de l'eau, seulement 30 $, c'est plutot bon marché par rapport aux autres campings privés précédents. .

Camping simple et plutot sympa, très calme, douche en plein air. J'avais racheté un spray anti moustiques, mais finalement le vent les a éloignés, je ne m'en suis pas servi.

Le lendemain matin, je me permets de trainer et je discute un moment avec Ernie qui tond la pelouse du camping. Lui aussi fait du kayak et me parle également de l'Intercoastal waterway

Il revient pour m'apporter un sac avec 3 petites bouteilles deau, des barres de céréales, une pomme. L'état de grâce continue...

J'ai juste 5 ou 6 miles pour rejoindre l'embarcadère du ferry qui relie Currytuck à Knotts Island en 40 minutes. Il y en a 5 par jour, et je suis surprise d'être presque seule à faire la traversée. C'est une dame qui organise les entrées/sorties du ferry, et elle m'explique que cette liaison est importante, car elle permet aux enfants de Knotts Island d'être scolarisés aux écoles et collèges de Currytuck. En effet, de ce côté-là de l'île, on est encore en Caroline du Nord, mais tout proche de la limite avec l'Etat de Virginie. Or les enfants de Caroline et Nord ne peuvent pas être scolarisés en Virginie. Alors matin et soir, le ferry est plein de cars scolaires.

Ici une ferme avec des Alpagas.

Au petit supermarché de Knotts Island, du fromage en tube ! On en rêvait...

Pas de panneau pour indiquer qu'on arrive en Virginie. Je suppose qu'on y est, là !

Et sur ma route, je m'étais réservé la visite d'un dernier musée, celui de l'aviation militaire. Il abrite l'une des plus grandes collections au monde d'avions militaires, plus de 50 modèles des 2 guerres mondiales.

On y trouve des avions de l'armée de l'air américaine, mais aussi de Grande-Bretagne, de Russie et d'autres pays. Un autre hangar est consacré aux avions de la marine américaine.

Le flying tiger et aussi un des Wright flyers

Je suis presque la seule dans le musée en cette fin d'après midi. Des volunteers sans doute anciens militaires, assurent l'accueil, et comme je fais la visite en tenue de vélo et le casque à la main, ce sont eux qui me posent des questions, et ils ont l'air si contents d'avoir la visite d'une Française.

Apres cela, je rejoins mon dernier camping, celui de North Bay shore, 51 $. Un emplacement agréable près de l'eau. Très cal me, il y a pas mal de campers mais sans occupants.

Beaucoup de vent le soir => pas de moustiques

En début de nuit, une bonne pluie m'enlève l'espoir d'une tente sèche demain matin. Comme ce sera la dernière fois que je la démonte et la plie, il faudra prendre le temps d'enlever toute trace d'humidité avant de la stocker.

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Publié le 2 juin 2024

Effectivement, il y avait besoin de faire sécher la tente et tout le reste, mais il y a du soleil. Dans l'ensemble j'ai eu beaucoup de bol avec la météo, car même s'il a plu quelquefois, et très violemment, je suis toujours passée à travers, et je n'ai jamais roulé sous la pluie.

Grand luxe, je ne suis pas pressée. et pendant que ça sèche j'utilise les lave-linge et sèche-linge du camping, histoire de ne pas ennuyer mes hôtes avec une lessive.

A propos de mes hôtes de ce soir, ils m'attendent à partir de 17h, alors j'ai le temps de faire un détour par le REI, j'avais repéré qu'il y en avait un à VB, à moins de 20 miles depuis le camping. REI est une sorte de superstore du outdoor, un peu plus haut de gamme que nos Decathlon. Je vais regarder le rayon des sacoches vélo : les miennes, avant et arrière, sont vraiment fatiguées, décousues et trouées (avec des réparations au scotch suite aux rapines des racoons). La prochaine fois, il me faudra au moins en remplacer une paire. Je ne trouve pas celles que je voulais, mais j'achète une petite cartouche de gaz pour remplacer celle qui m'a lâchée hier soir juste quand je n'en avais plus besoin, lucky girl ! Et je trouve aussi un sac de compression pour mon sac de couchage.

Au REI, un rayon rando pour chiens, go Fripouille !


Maintenant je me dirige donc vers Virginia Beach proprement dite, au bord de l'océan. Mon GPS me fait passer le Lesner bridge, où je reconnais avoir mis pied à terre pour la 1ere fois, mais le vent est vraiment costaud cet après midi. Ça me permet de remarquer cet ouvrage juste au milieu représentant 10 canoës en aluminium grandeur nature, aux motifs de dentelle en filigrane, clin d'œil à l'art décoratif des premiers colons. On peut imaginer des rayons du soleil en équilibre au sommet d'une grande arche.

Vues depuis le pont

Ensuite le gps me fait traverser un grand bois, le 1st landing State Park, un bike trail à l'ombre sur plusieurs miles. Les 4 derniers ne sont pas asphaltés, et encore boueux depuis les pluies de la nuit. Dommage pour le vélo qui était plutôt propre jusqu'à présent.

J'arrive facilement chez John et Ashley qui habitent tout près de l'arrivée du trail, cette belle et grande maison, en haut d'une petite colline, et là il faut vraiment que je descende de vélo pour les derniers mètres, mais il m'avait prévenue.

Son garage est impressionnant : 14 vélos! Et un kayak, qu'il a construit lui-même, des planches de surf, de paddle, sans compter l'outillage ! Du coup, un vélo de plus ou de moins ...

Ma chambre est indépendante de leur habitation et donne directement sur le garage, avec salle de bain et tout ce qu'il faut, je pouvais pas rêver mieux !

Alors le lendemain matin, je me mets au boulot pour nettoyer le vélo, John me laisse plein d'outils et de produits dégraissants, et ensuite je l'accroche au mur du garage.

Et je trie aussi mes affaires pour pouvoir laisser ici tout ce que je n'ai pas besoin de ramener (tente et matériel de couchage, sacoches, réchaud...)

Ensuite, je peux aller explorer les environs, à pied cette fois, et la plage est à 300 mètres. Elle est très large, la température est parfaite, les vagues puissantes, et le courant assez fort.

Apres le bain, je continue à marcher sur le front de mer, où on peut voir un hommage aux Naked warriors, sortes d'hommes grenouilles des Navy SEALs (force spéciale de l'US Navy, acronyme de Sea, Air and Land), qui avaient des fonctions de reconnaissance des plages, de repérage des obstacles et ont permis de guider de nombreuses operations de débarquement.

Egalement un hommage aux forces de police et à Neptune. En septembre se tient sur le front de mer de VB le Neptune Festival, un gros évènement avec concerts et surtout un concours de sculptures sur sable.

Mais aujourd'hui, le festival, c'est Jackalope, une sorte de mini Fise avec compétitions de skate board, free style, beach volley...


Sur le front de mer, il y a aussi ce curieux hôtel, le Cavalier, construit en 1927, à l'époque où Virginia Beach devenait une station balnéaire à la mode.

Il est presque 21h quand je rentre chez mes hôtes (qui ne sont pas là), après une très bonne pizza dans un resto italien. Je fais un essai d'agencement de mes affaires dans mon sac de voyage, et je m'endors vite, comme si j'avais roulé toute la journée.

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Publié le 3 juin 2024

Samedi matin, je quitte la maison d'Ashley et John, j'ai toute confiance d'y avoir laissé mon vélo, et bien sûr, je n'ai aucune idée de la date à laquelle je reviendrai.

Des "militants" viennent planter des pancartes pour la candidate républicaine sortante représentante au Congrès.

Je dois retrouver dans l'après-midi mon 2eme hôte Warmshower, qui habite aussi VB, à 7 miles de là. Entre les 2, il y a le 1st landing State Park, et j'ai repéré au niveau du Cap Henry un phare qui pourrait bien être un objectif de ballade. J'ai du temps, mais je suis à pied et avec un sac de voyage.

Je ne m'attendais pas à ce que ce soit un terrain militaire : au poste de contrôle, on doit laisser son véhicule et sa pièce d'identité, on est fouillé comme à l'aéroport et on doit prendre une navette jusqu'au phare, où on nous indique le périmètre autorisé, et surtout ce qu'on n'a pas le droit de faire.

L'inscription au pied de la croix dit : "Ici, à Cap Henry ont débarqué le 26 avril 1607 les premiers colons anglais, qui à partir du 13 mai ont fondé à Jamestown la première colonie anglaise permanente en Amérique.



Cette statue, cadeau de la France, représente l'Amiral François Joseph Paul de Grasse contemplant les eaux où il attaqua la flotte britannique le 5 septembre 1781.

La "bataille des caps" a été l’un des facteurs décisifs qui ont assuré l’indépendance des États-Unis vis-à-vis de la Grande-Bretagne.


Et ici on peut voir les positions des flottes francaises et anglaises dans la bataille des caps.


Pour revenir au phare, en fait il y en a 2, l'ancien (de 1792) et le nouveau (1890), et dès la fin du 19eme l'endroit est devenu un lieu de villégiature, avec des villas, hotels, un casino et était desservi par le train depuis Norfolk.


En 1916, l'US army est venue s'y installer, a construit des installations militaires qui ont servi à défendre l'entrée de la baie de Chesapeake pendant la 1ere guerre mondiale.

L'ensemble du site est immense, et les militaires et leur famille peuvent profiter d'une très belle plage qui leur est réservée.

Il y a aussi une chapelle ste Thérèse ...

...une poste, une station service/supermarché et tous les services utiles dans une caserne.

Mon 2eme hote warmshower, qui s'appelle aussi John, vient me récupérer à la sortie de la base militaire. Le soir, on fête la fin de mon voyage dans un petit restau de fruits de mer, et on termine par une petite bière sur la plage au coucher du soleil.

il se trouve que John a aussi hébergé, il y a environ une semaine, Michael, le cyclo Suisse que j'avais rencontré au début de mon voyage, devant le panneau indiquant la State line entre Floride et Géorgie. Small world ! Malheureusement John m'apprend qu'il s'est fait heurter par une voiture un peu avant d'arriver à VB. Pas trop de dommage pour lui, mais pour son vélo oui. Il a pu faire jouer son assurance pour s'en racheter un et continuer sa route vers New York. Je ne sais pas si à sa place j'aurais eu le coeur à poursuivre.

John arrive dans un mois à Barcelone avec son vélo tout neuf, et va rouler le long de l'Eurovelo 8 (véloroute de la Méditerranée) jusqu'en Italie, en combinant d'assister à un passage du Tour de France et à 2 matches de foot des JO à Nice et Marseille. Il est prévu que je l'accueille à mon tour quand il passera par Montpellier.

Dimanche matin John m'accompagne à l'aéroport de Norfolk.

Ce qui m'attend : Norkolk-Boston, Boston-New York, New York- Roissy (tout ça en low cost, je crains un peu et j'ai raison car j'ai dû acheter _au prix fort_ l'enregistrement sur place de mon bagage à main, sur ces 3 vols, impossible à faire en ligne) et Roissy TGV- Montpellier. On y est presque.

Un grand MERCI à tous de m'avoir accompagnée sur ce voyage riche de rencontres, de nouveaux amis, d'Histoire, de plages, de ponts, de rivières, fleuves et marécages, de moustiques, d'écureuils et de ratons laveurs.